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 [Q] La saveur des siens | Solo

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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1697
◈ YinYanisé(e) le : 09/11/2016
Kitoe
Mar 25 Aoû 2020, 12:07

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Objectif : Pour lancer son business et en voir l'accueil à travers le monde, Kitoe et son Reflet confectionnent des gâteaux et les envoient un peu partout dans le monde. Kitoe en profite aussi pour se venger de certaines personnes.

WARNING : ce rp contient des organes du corps humain, de la torture, du cannibalisme et du vomi, donc si vous n'êtes pas à l'aise avec ça, je ne vous conseille pas la lecture de ce rp ^^

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Kitoe & Toki& Adrian
La saveur des siens
L’avantage de la prise de la Terre Blanche était qu’elle était récente. Le peuple Démon avait perdu un territoire entier, des milliers de compatriotes venus s’ajouter au précédent génocide, ainsi que des milliers d’esclaves. Ils avaient perdu les Anges. C’était là que l’avantage prenait son sens : puisque c’était récent, ils en avaient encore un peu en stock, sur d’autres territoires.

-Celui-là.

Le marchand sourit, amusé par l’assurance de cette petite femme qui ne payait pas de mine. Vu ses vêtements et sa prestance incertaine, il ne se faisait pas d’illusions : elle n’avait aucune idée du prix de l’esclave qu’elle venait de désigner.

-Vous êtes sûre ? Il coûte cher. Une belle bête domptée par mes soins et l’Œil sait que ça m’a pris du temps. Pas une cicatrice, rien. Il est aussi propre que s’il venait d’être né.

Elle le dévisagea. Bien sûr qu’elle savait qu’il était cher. Il était propre, grand, fort et en bonne santé. Dans un autre contexte, Toki était certaine qu’il aurait plu à Ellie, mais aujourd’hui, ce n’était pas cette personnalité qu’elle arborait. Ce n’était pas pour rien qu’elle choisissait cet homme. Kitoe comptait travailler dessus. Il lui fallait une bête qui tienne la route, pas un maigrichon qui mourrait à cause d’une pichenette dans le ventre. Et surtout, elle n’avait franchement pas que ça à foutre que d’arnaquer cet abruti de marchand. Si elle achetait cet esclave, c’était qu’elle en avait les moyens. Les choses étaient claires : tout devait être fait proprement. Toki ouvrit grand sa bourse pour que le marchand en constate le contenu.

-Vous avez pas le même en roux ?

Elle était prête à payer plus cher pour ça. En fait, le prix importait peu ; la marchandise primait plus que tout. Il rit.

-Et les yeux violets ? Nan. Tu prends quand-même ou tu dégages ?

Toki regarda par-dessus son épaule. Elle n’était pas la seule à faire ses emplettes aujourd’hui. Il y avait beaucoup de monde derrière elle, des gens entre lesquels elle s’était faufilée pour être la première arrivée et la première servie.

-Je prends.

L’homme empocha l’argent et lui amena l’esclave. Elle prit la laisse qu’il lui tendait et examina le visage fermé de l’Ange. Il était parfaitement propre. C’était bien. Tous les exploitants ne prenaient pas le temps de laver leurs produits.

-Salut.

Sans surprise, l’Ange ne lui répondit pas. Toki le tira avec lui pour s’éloigner de la foule. Comme elle ne lui laissait que très peu de corde, il devait se baisser pour la suivre.

-Tu peux parler si tu veux. Même si c’est pour m’insulter moi et cet univers tout entier. Après quelques secondes de silence, elle tourna la tête vers lui et réalisa qu’elle tirait trop. Désolée. Elle relâcha la pression pour qu’il se redresse. Vraiment, il n’y a aucun problème. Tu veux dire quelque chose ?

Il ne la regardait même pas, se contentant de voir où il mettait les pieds. Les rues étaient pourtant aménagées ici. Ce qu’il faisait ne servait à rien. Ne lui restait-il pas une once de révolte et de résistance, un soupçon de vie et d’humanité dans son âme ? S’il savait l’opportunité qu’elle lui offrait, le bien que ça lui ferait… Son comportement impactait grandement ce qu’elles comptaient faire de lui plus tard. C’était scientifique. Il fallait qu’elle arrive à le détendre un peu.

-Tu t’appelles comment ? Tu veux des bonbons ?

Elle en sortit quelques-uns de sa sacoche et les lui présenta, sa main à quelques centimètres de son visage.

-… Adrian… Non merci… Il s’éclaircit la voix. Il n’était pas très sûr. Pourquoi vous voulez que je parle ? A quoi vais-je vous servir ?

Sa réponse la rassura. Elle avait craint qu’il ne se referme complètement sur lui-même, prétendant se préparer au sort qu’on lui réservait. Elle haussa les épaules et mit une sucette dans sa bouche.

-Considère-toi comme à l’auberge. Tu n’auras rien à faire.

-Vous allez me torturer ?

Il savait que beaucoup de ses acolytes n’étaient que des souffre-douleurs. Faire du mal à son antagoniste était le passe-temps préféré des Démons, c’était bien connu. Toki eut un rictus.

-Nan. Tu seras plus utile que ça. On n’aurait pas payé autant juste pour ça, n’importe quel péquenaud aurait suffi. Toi, tu es spécial. On va bien s’occuper de toi.

-On ? Vous… vous avez un bordel ?

Elle secoua la tête.

-Rien à voir.

Toki avait un peu menti : il allait souffrir. Mais pas tout de suite et pas comme il l’entendait. Ce n’était pas de la torture à proprement parler.


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Kitoe
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Kitoe
Mar 25 Aoû 2020, 17:37

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Kitoe & Toki& Adrian
La saveur des siens
-Ils l’avaient pas en roux ?

-Nan.

Kitoe fit une moue puis plaça une main sous le menton du nouveau venu. Bon. Tant pis. Il n’était pas trop mal autrement, ça ferait l’affaire.

-Tu t’appelles comment ?

-Adrian.

-Salut Adrian. Moi c’est Kitoe. Et elle c’est Toki. Ça va ?

Il répondit à peine. En fait, il ne savait pas trop quoi dire. En étant enchainé et assis par terre dans un endroit partiellement miteux et entouré de deux entités dont la nature était diamétralement opposée à la sienne, techniquement, il pouvait aller mieux. Cette Toki avait voulu le rassurer, mais en fait, plus le temps avançait, plus il était inquiet. Il avait vu l’apparence de cette deuxième femme, Kitoe, avant qu’elle prenne une forme plus rassurante : une silhouette squelettique et sale, au teint cadavérique, aux articulations craquant au moindre mouvement, au regard vide d’humanité qui n’inspirait que la terreur. Maintenant, il était face à deux sœurs jumelles qu’il ne parvenait à distinguer l’une de l’autre que par leur loquacité. La première commandait, c’était évident. L’autre se contentait de faire et d’observer.

-Qu’est-ce qui ne va pas ?

-Je euh… rien. Ça va.

Il commençait à avoir peur. Elle le regardait en souriant, dévoilant des dents pointues qui ne désiraient que déchirer sa chair encore vive.

-Bon sang, ton ancien maître t’a vraiment bien maté, ou alors… qu’est-ce que tu étais avant ?

Elle s’assit à côté de lui, comme si elle était sa pote. En face d’eux, Toki observait tout. Des quatre personnalités, Kitoe était la plus complexe, celle qui pouvait être la plus calme de toute et l’instant d’après, plus en colère encore que Kraa. Le Reflet peinait à saisir cette ambivalence et les circonstances qui la poussaient à passer d’une humeur à une autre.

-Je voulais être un soldat. Avoua finalement de détenu.

-Oh, merde, c’est comme ça que tu t’es fait attraper ? S’étonna Kitoe, qui nettoyait ses ongles sales. Il acquiesça. Ce sont des choses qui arrivent. Hm… Je vais chercher à boire et à manger, je reviens. Oh, et ne fais pas attention à Toki, c’est juste moi qu’elle regarde.

Les yeux grands ouverts, le Reflet enregistrait les moindres faits et gestes de son modèle, la façon dont elle prenait les verres et les assiettes où étaient disposés de petits muffins pour les apporter à leur invité. Kitoe s’empara d’un gâteau.

-Tiens, mange. C’est moi qui l’ai fait, tu me diras ce que t’en penses. Il n’y a pas de poison dedans.


Elle lui donna une petite tape sur l’épaule comme elle l’aurait fait à un chien. Il n’avait pas faim du tout, mais il sentait qu’il n’avait pas le choix. Il mangea.

-Alors ?

Il déglutit avec difficulté.

-C’est… c’est bon.

-Vraiment ?

-Oui, c’est juste… c’est un peu trop sucré ?

-Trop sucré ? Hmm… et la fraise ? C’est bien ?

-Oui, c’est bien je crois... C’est juste très sucré.

-D’accord. Hm, c’est intéressant. Elle ancra ses yeux dans les siens. Dis, j’ai une proposition à te faire. Ça te dirait de goûter ce que je cuisine ? Ça sera tout ce que je te demande. Rien d’autre.

Il fronça les sourcils. Il ne comprenait pas pourquoi elles l’avaient acheté aussi cher si c’était seulement pour lui faire goûter des gâteaux. Kitoe lui serra la main. Il frissonna.


*


-Vous voulez que je cède au péché ?

Il ne savait pas depuis combien de temps il était là – les horaires des Démones, car il semblait y en avoir plus que deux, n’avaient aucun sens – mais c’était suffisant pour l’avoir complètement dégoûté des gâteaux qu’on lui proposait à longueur de journée. Kitoe avait suivi ses conseils concernant les dosages, multipliant ainsi les essais qu’il avait testé un à un. Son régime alimentaire avait drastiquement changé et son corps hurlait à la saturation.

-Ce n’est pas l’intention première. Ça serait amusant, mais je pense que ça prendrait trop de temps.

Elle avait raison, une part de plus et il vomirait toutes ses tripes. Jamais plus il ne pourrait manger ces choses, il était prêt à se laisser mourir de faim pour cesser. La simple odeur de gâteau sortant du four l’écœurait au point de divaguer. Il n’en pouvait plus. Soudain, il réalisa quelque chose.

-Comment ça, trop de temps ?

-Tu as bien mangé ?

-Oui mais…

Le souffle coupé. L’adrénaline monta avant même qu’il ne découvre que sa main gauche gisait par terre. Kitoe tenait fermement une machette. Adrian ne l’avait pas vue. Il hurla, ce qui ne fit qu’agrandir le sourire, bientôt euphorique, de la Vile, ce qui ne fit qu’accentuer le supplice alors qu’elle continuait de le découper à chacune de ses articulations, jusqu’à ce que la douleur n’atteigne finalement sa gorge.


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Kitoe
Mar 25 Aoû 2020, 23:33

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Kitoe & Toki& Adrian
La saveur des siens
-C’était pas forcément bête de le faire céder au péché.

Toki avait pris l’apparence d’Ellie par souci de confort. Elle n’aimait pas se tromper de réaction face à l’originelle. Kitoe tira d’un coup sec sur un tendon pour le faire céder. Les mains pleines de sang et de graisse, elle commença le hachage grossier du jarret droit d’Adrian.

-Ouais, c’est vrai. Mais j’avais la flemme d’attendre et je me suis dit que ça serait pas plus impactant.

Toki croisa les bras, attendant un développement.

-Inciter un Ange à la déchéance, c’est vraiment pas cool, on est bien d’accord. Par contre, ça veut dire que quelque part, c’est un Déchu que j’ai tué, non ? Or, ce mec n’aime pas les Déchus. Y’en a que pour lui et les Anges. On pourra dire qu’il connaitra sa race jusqu’au bout de la langue, haha.

S’il tombait dans le piège, il n’en aurait aucune idée et deviendrait un horrible cannibale sans même s’en apercevoir, accompagné d’une portée très symbolique dont elle seule aurait connaissance. S’il découvrait la vérité… eh bien il le découvrirait et sa réaction la ferait rire. Dans tous les cas, elle était gagnante.

-Poêle.

-Tu me parles autrement, putain. Marmonna Ellie en lui ramenant l’ustensile.

-Si t’es pas contente, tu dégages Ellie, Toki. Mais emmène pas Lia non plus. Je veux pas de cette débile dans mes pattes. C’est important.

Kitoe fit glisser la viande hachée jusque dans la poêle avant de la mettre sur le feu. Elle en mangea quelques bouts crus puis passa sa langue sur ses lèvres. Elle rit. Ça allait être bon. Malgré le stress des dernières minutes de vie de l’Ange, qui avait détérioré la texture, le goût était là. Ces quelques jours d’engraissement n’avaient pas été vains.

-T’as mis le sang avec les fruits rouges ?

-Ouais.

Elle examina les tartelettes dont la garniture rouge vif était recouverte par quelques grains de sucre. L’acidité des fruits recouvrirait le goût du sang, qui n’était présent qu’en petite dose. Satisfaite, elle les mit au four tandis qu’elle sortait les cupcakes, préparés juste avant.

Kitoe avait eu des centaines d’idées pour utiliser chaque partie du corps de ses victimes. Cependant, ce n’étaient encore que des projets. Aujourd’hui, elle avait préféré se pencher sur ce qu’elle maîtrisait le mieux : la transformation du sang et des muscles. Les restes serviraient à alimenter sa boucherie le temps qu’elle s’essaie à de nouvelles recettes. Elle envisageait déjà d’engraisser bien plus longtemps ses victimes afin de faire un bon foie gras, mais aussi de se pencher sur les tripes, la cervelle, la moelle osseuse, la langue et la graisse – pour faire frire. Elle songeait par ailleurs à vendre la peau en tant que cuir – voire même en tant que papier d’après ce qu’elle avait entendu – ainsi que les cheveux, car les perruques se vendaient cher et la souffrance précédent la mort donnait au poil un éclat très recherché.

-La viande est cuite.

Kitoe tapa dans ses mains, surexcitée.

-Parfait ! Mets ça vite dans la pâte et on enfourne !


*


Pour la dixième fois, Kitoe contemplait son panier avec satisfaction. Il était digne d’une petite grand-mère donnant de quoi se nourrir à ses enfants, adultes, mais ses enfants quand même. Un tissu rouge à carreaux recouvrait le fond du panier, dans lequel étaient disposés les différentes pâtisseries : à gauche, les petits cakes salés à la viande – angélique – au fromage et au persil étaient disposés en pyramide ; à droite, les cupcakes à la fraise et les tartelettes au fruit rouges – tous assaisonnés d’un peu de sang d’emplumé – étaient rangés en deux colonnes. Kitoe avait même pris le soin de mettre un petit nœud en ruban sur l’anse. Il était parfait, à l’exception d’une chose.

-Ohhhh je peux manger ?

-Ta gueule, Lia. Ellie, passe-moi de quoi écrire.

-On n’a rien.

-Comment ça, on n’a rien ? Il faut mettre une carte sur ce panier !

-On n’écrit jamais en même temps.

-Hm…

-C’est bon, je vais en acheter… Soupira Ellie, blasée.

Quand ce fut fait, Kitoe s’installa à la table. C’était étrange de reprendre la plume après autant de temps. Le nez collé à la feuille, elle commença :

« Neah Katzuta,

Félicitation ! C’est avec un grand honneur de nous vous avons choisi pour être l’un de nos premiers goûteurs. En quoi cela consiste ? Simplement goûter les différents gâteaux de notre panier. Nous serions ravis d’avoir votre retour sur nos premières confections afin de nous améliorer et de vous offrir le meilleur de la pâtisserie, sucrée comme salée. Bon appétit !


Le Goût de l’Idéal


PS : la description du panier est au dos de la carte ! »


Le Goût de l’Idéal ? Ça lui venait tout juste. Ça sonnait bien, un truc pas trop maléfique qui se fondait dans la masse. Une référence qui l’amusait à son nom de famille qu’elle n’aimait pas.

La lettre était écrite en Naciaze. Kitoe s’était grandement appliquée, effectuant des lettres élégantes qui n’avaient rien à voir avec son écriture habituelle. Cela lui avait pris beaucoup de temps, mais au moins, elle n’avait pas fait de rature. Fière d’elle, elle déposa le mot dans le panier et fit expédier le colis.


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Kitoe
Mer 26 Aoû 2020, 18:57

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Kitoe & Toki& Esopius Léonidas Judas Valorio D'Eustache et sa maman, Hortensia Narcissa Cunégonde Valoria D'Eustache
La saveur des siens
Ils n’avaient pas eu de consigne particulière. Le choix était laissé à leur libre arbitre. Ils devaient seulement se débrouiller pour rentrer avec leur proie et Toki en vie.

-Tu fais ce qu’on te dit, c’est compris ?

Ça faisait trois fois qu’il répétait cette phrase depuis qu’ils étaient partis. De son côté, le Reflet ne ratait jamais une occasion de montrer son agacement.

-J’ai déjà fait ça. J’aurais pu me débrouiller sans toi.

-C’est ce qu’on dit, oui. Kitoe m’a bien embauchée, pourtant. Répondit Daryl avec un sourire en coin.

« Espèce de folle. » Il le pensait très fort. Si ça n’avait tenu qu’à lui, il aurait laissé cette tarée ruiner l’assaut ou s’y faire tuer, mais il avait un contrat. Il n’avait pas un grand respect pour cette autre illuminée de Kitoe. Cependant, cette dernière lui proposait un beau pactole s’il accomplissait correctement sa mission, alors il faisait sa part du boulot.

Nomenta Corum était un endroit désagréable. Aucun des deux chasseurs ne l’appréciait. Néanmoins, c’était l’endroit le plus facile d’accès pour se procurer ce qu’ils cherchaient tout en minimisant les risques – la notion de danger étant toute relative, bien évidemment. Le duo avait trouvé une butte où se cacher, à quelques mètres à peine d’une route. Était-elle fréquentée, importante, stratégique ? A Nomenta Corum, territoire que l’on qualifiera de miteux, c’était difficile à dire. Toujours était-il que c’était une route, suffisamment éloignée d’Amestris ou de n’importe quel hameau pour pouvoir faire un raid en paix. Restait à savoir si on y passerait.


*


Alors qu’il venait tout juste de partir, Esopius Léonidas Judas Valorio D’Eustache avait déjà hâte de rentrer chez lui. Blasé, il regardait les paysages de Nomenta défiler lentement, au rythme de la voiture que les chevaux peinaient à tracter. C’était long et il ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il n’était même pas au dixième de ce voyage qui promettait d’être des plus moroses.

-Vous devriez reprendre votre leçon plutôt que de rêvasser, Esopius chéri.

Il retînt un soupir qui aurait été révélateur de son agacement. Il détestait sa mère, Hortensia Narcissa Cunégonde Valoria D’Eustache – car oui, chez les Valori D’Eustache, on accordait en genre et en nombre – qui ne cessait de s’occuper de tout et de se mêler de ce qui ne la regardait pas. Il savait aussi que s’il n’obéissait pas, elle ferait un scandale pendant plus d’une semaine en le sermonnant à chaque fois qu’elle en aurait l’occasion. C’était toujours comme ça, et malgré ce comportement désagréable qui insupportait autant son mari, Felipe Emilien Valério Valorio D’Eustache, que les domestiques, on ne disait jamais rien. Ce mutisme avait le dont d’irriter le fils. S’il avait eu plus de courage et l’esprit rebelle, Esopius aurait plus d’une fois tenté de remettre sa génitrice à sa place, à grands coups de poing sur la table et de haussements de voix. Seulement voilà, Esopius n’avait rien d’un rebelle et encore moins d’un courageux. Dans le domaine militaire, mafieux, ou encore chez les Réprouvés pour ne citer qu’eux, on pouvait le qualifier de sombre merde. Chez les Sorciers, c’était un jeune homme moyen, studieux et sans problèmes que sa mère avait arbitrairement décidé d’envoyer en dehors de la capitale pour lui faire réaliser la chance qu’il avait de vivre dans une maison au sec et à l’abri d’une nature morbide. Puisqu’il n’aimait pas quitter sa zone de confort pour se confronter aux dangers de la vie extérieure, le voyage n’avait pas enchanté Esopius. Mais puisqu’il n’aimait pas non plus se confronter à Hortensia, il n’avait rien dit. Il ne fit pas plus de commentaire lorsqu’il ouvrit son manuel sur la flore de la région.


*


Toki grogna. Elle en avait marre de se curer les ongles. Maintenant, ils étaient propres et elle s’ennuyait.

-Je te le dis, on n’aurait pas dû se mettre là, personne va jam-…

La main qui se plaqua contre sa bouche fut semblable à une claque, puis à une ventouse qui l’empêcha de respirer.

-La ferme.

Deux chevaux. Une voiture remplie d’un tas de valises qui faisaient un boucan pas possible quand l’une des roues passait sur une crevasse. Un cocher peu intéressé par son travail et très certainement quelques bourgeois péteux à l’intérieur.

-Tu reste là, j’y vais.

Daryl se releva, quittant sa cachette pour se placer en plein milieu de la route. Il n’avait absolument pas pensé à son texte.

-Halte là ! Les chevaux s’arrêtèrent, le Démon longea les bêtes pour s’adresser au conducteur. Contrôle d’identité, j’ai besoin de vos papiers. Vous transportez des gens ? De la marchandise ?

-C’est quoi c’est hist-… Erf !

La gorge tranchée, le corps inanimé du cocher s’étendit sur le banc. Toki s’élança à l’intérieur de la voiture.

-Salut.

-Juste ciel, que se passe-t-il ? Qui êtes-vous ?

Indignée par ce soudain arrêt et l’arrivée de ces inconnus crasseux, Hortensia s’était réfugiée à l’autre bout de sa banquette. Toki n’en tînt pas rigueur. Elle ne s’intéressait qu’à leurs visages.

-Le garçon est très bien.

Daryl hocha la tête et égorgea la Sorcière.

Esopius blêmit, manuel toujours ouvert à la page cent-soixante-quatorze, incapable de quitter des yeux la rivière de sang qui dévalait la poitrine de sa mère. Il ne comprenait pas. Elle qui chérissait tant cette tenue, pourquoi la laissait-elle se gorger de ce liquide pourpre ? Ca ne partait pas toujours au lavage…

-Maman… ?

Il ne l’avait jamais appelée comme ça mais c’était venu naturellement. Il considéra les deux Démons sans comprendre avant qu’un sac en toile ne soit posé sur sa tête. Il se sentit tiré hors de la voiture, puis porté sur une épaule comme un vulgaire sac à patates. Il ne trouva rien de mieux à faire que de vomir.


955 mots



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Kitoe
Mer 26 Aoû 2020, 21:57

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Kitoe & Toki& Esopius Léonidas Judas Valorio D'Eustache
La saveur des siens
-Ramenez-moi chez moi, espèces de folles ! Vous savez ce que vous êtes ? Des sauvages, comme ce qu’on dit sur vous dans les livres !

-Arrête de nous insulter espèce de méchant, HIIIIIII !

-Toki, j’ai dit dans le calme !

Lia ne se tût pas pour autant. Elle voulait casser les oreilles à ce Sorcier puant, juste pour avoir le dernier mot. Les mains liées dans le dos, il ne pouvait même pas se boucher les oreilles et c’était tant mieux ! Elle n’avait jamais vu un prisonnier aussi insolent que celui-là. Elle avait envie de lui donner des coups de pied. Elle n’avait pas peur de lui et de son ton acerbe tout pourri qui n’allait même pas avec son visage. Lia le détestait tellement qu’elle voulait le tuer sur le champ, mais Kitoe lui avait dit de ne pas trop le casser parce qu’il était parfait : aussi con, aussi orgueilleux, aussi faible et aussi moche que l’heureux destinataire. Même un peu roux – à croire qu’elle avait un réel problème avec cette communauté. Ce Sorcier était né pour finir ici.

-Tu fais pitié en plus. T’as vomi sur ta tête, beeerrrrkk. T’as vomiiii sur ta tête ! T’as vomiiii sur ta tête !

Elle tira la langue et lui cracha dessus. Esopius gémit.

-Est-ce que vous savez au moins qui je suis ? Je… je vais le dire à mon père, vous n’imaginez même pas ce qu’il est capable de vous faire ! Vous allez avoir de très gros ennuis !

C’était faux. Son père était comptable et n’avait aucun pouvoir ni aucune influence susceptible de changer son destin. C’était un esprit faible qui ne se contentait que de faire son travail et qui pensait encore que son fils et son épouse continuaient leur stage d’observation à travers Nomenta Corum. En somme, Esopius avait très peu de chances de s’en sortir. Néanmoins, le jeune homme continuait d’espérer. Sa vie avait tourné au cauchemar si brutalement qu’il ne réalisait toujours pas ce qu’il était en train de vivre. Pourtant, la réalité se trouvait juste en face de lui : là où le corps de sa mère gisait, sans vie, et autour duquel Lia effectuait une petite danse avec ses amis imaginaires.

-Ton papa il est pas là ! Ton papa il est pas là ! Il ne te retrouvera pas ! Tu es faaaiit comme un rat ! Chanta-t-elle.

-Laissez-moi partir ! Hurla-t-il, à court d’arguments. Je… je… je ne vous serai d’aucune utilité, vous savez, je ne sais rien faire ! Je ne suis qu’un étudiant qui ne sait toujours pas ce qu’il va faire de sa vie ! Ou si, justement, je pourrais vous rendre un service en échange de ma liberté, non ? Je peux m’infiltrer à Amestris pour vous, si c’est ce que vous voulez. Je connais beaucoup de gens.

Après avoir rassemblé les différents outils de dissection sur la table, elle se tourna vers le Sorcier, les mains sur les hanches.

-Arrêtes de gigoter comme ça. Tu es déjà en train de nous rendre service, euh… comment tu t’appelles ?

-Esopius Léonidas Judas Valorio D’Eustache ! Ma famille est très reconnue, vous savez, alors vous feriez mieux de me relâcher tout de suite ! Dès qu’ils se rendront compte de ma disparition et de celle de ma mère, ils…

-Au prochain mot qui sort de ta bouche sans mon autorisation, les Aetheri je te promets que je te coupe la langue. L’attirail d’objets tranchants alignés derrière elle était la preuve qu’elle en était capable. C’est quoi ton prénom dans tout ça ? J’ai rien compris.

-Esopius Léonidas Judas.

-Hm. Ces Sorciers n’avaient vraiment que ça à foutre que d’avoir des noms à rallonge. A partir de maintenant tu vas t’appeler Léo. Toki, tu m’aides ?

Esopius crut divaguer en voyant l’enfant prendre l’apparence de celle qui l’avait capturé. Elle l’effrayait presque plus que l’autre, sous son apparence démoniaque. Ensemble, les deux femmes portèrent le corps d’Hortensia jusqu’à la table. C’était l’idée du Reflet de la ramener elle aussi. Kitoe avait immédiatement adhéré. Elles déshabillèrent le corps. Esopius détourna les yeux, dégoûté. Il essayait de ne pas pleurer, mais ses nerfs allaient lâcher d’une minute à l’autre. Il ne savait pas quoi faire ni quoi dire, et en plus, il était nul en magie. Tout ce qu’il voulait, c’était retourner dans le passé, voir sa mère en vie et prendre un bon bain bien chaud, car il se sentait dégueulasse. Il était moite, crasseux, avec l’odeur de son propre vomi dans le nez. Il pouvait aussi sentir l’atmosphère acre de l’endroit où il avait atterri. C’était humide, froid. Le jeune homme tremblait de tous ses membres. Son corps, endolori par la détresse, était incapable de se réchauffer. Il avait l’impression de pouvoir mourir à tout moment et cela le terrifiait.

Plus loin, Kitoe se frottait les mains pour attester du travail bien fait.

-Parfait ! Maintenant, on va broyer tout ça !

Esopius éclata en sanglots.


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Kitoe
Jeu 27 Aoû 2020, 11:11

Warning : ce message est un peu plus hardcore que les autres, surtout si vous n'aimez pas tout ce qui est le vomi

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Kitoe & Toki& Esopius Léonidas Judas Valorio D'Eustache
La saveur des siens
Assis dans la voiture, Esopius regardait les rues d’Amestris. Il avait l’impression de ne pas y avoir mis les pieds depuis une éternité alors même qu’il était parti la veille. Revoir l’architecture de la ville lui inspirait un profond apaisement. Il avait envie de dire « Enfin ». Enfin, il était de retour. Son absence l’avait éprouvé, il ne se souvenait même plus pourquoi. Bientôt, la voiture s’arrêta et le cocher lui ouvrit la porte. Dehors, ses parents l’attendaient. Ils le saluèrent poliment. Emu, Esopius s’approcha de sa mère pour la serrer dans ses bras. Ce n’était pas conventionnel. Il s’en fichait. Il voulait juste la serrer fort et qu’elle l’enlace lui aussi. Contre elle, il était au chaud. Il était protégé. Il redevenait enfant. Elle lui avait manqué.

-Hé. Tu te réveilles, oui ou quoi ?

Le retour à la réalité fut violent. Froid. Sale. Humide. Puant. Esopius voulut se rendormir pour fuir ce qui l’attendait, mais il était déjà impossible de faire machine arrière. Lia l’avait réveillé, lui tapotant l’épaule à l’aide d’un objet qu’il ne reconnut pas.

-C’est bon ? T’es debout ?

-Quel jour on est ?

Sa voix était cassée. Il avait attrapé froid.

-Le jour que faut que tu te réveilles. C’est l’heure du petit déjeuner ! Ding ding ding ding diiiinnng !

Elle frappa l’objet non identifié par terre. Le tintement métallique lui fit tirer une grimace. Cette enfant était vraiment bruyante.

-Qu’est-ce que vous allez faire de moi ?

-Ouvre la bouche.

L’enfant passa sa main libre sous la mâchoire du Sorcier et le força à lever la tête. Ses doigts pressèrent ses joues pour ouvrir sa bouche. D’un geste rapide et sans considération, elle enfonça l’objet dans sa gorge. Esopius avala de travers, toussa et régurgita – du vide – en même temps. La petite le força à rester droit. Il comprit alors de quoi il s’agissait. Son rythme cardiaque s’accéléra.

-Toki ! Dépêche-toi !

-J’aarriiiiiive !

Une deuxième enfant, en tout point similaire à la première fit son apparition dans la pièce. Elle ménageait toutes ses forces pour porter le grand seau jusqu’à eux. Il entendit le clapotis qu’une masse épaisse et visqueuse. Il vit la couleur rouge du contenu. Il paniqua. Qu’est-ce que c’était ?

-Oooooh vas-y, vite ! J’ai trop hâte ! Fit la première en gloussant.

Tout sourire, la deuxième remplit une louche et versa son contenu dans l’entonnoir. Ce fut avec dégoût qu’Esopius put sentir la substance couler dans le tube de l’entonnoir pour finir sa route directement dans son estomac. La technique l’empêchait d’avoir à supporter le goût de la mixture, mais savoir qu’il avalait tout ce sang et ces chairs découpées et crues suffisaient à lui donner la gerbe. Surtout que…

-Alors, elle a bon goût ta maman ?

Son abdomen se contracta tout seul, mais il ne parvînt à rien. Ces deux folles continuaient de remplir son estomac. Il hurla. Il ne contrôlait déjà plus ses larmes. Il suffoquait.

-On y a tout mis : sang, chair, organes… on a même réussi à découper les os ! Comme ça, pas de gaspillage ! Tu as ta maman tout entière pour toi tout seul.

Cette fois, ce fut trop. Il vomit. Le jet partit à une hauteur fulgurante que les deux gamines suivirent avec un certain respect pour la performance. Elles s’écartèrent pour laisser retomber le liquide, mélange de bile et d’Hortensia, qui avait commencé à coaguler.

-Il va falloir faire un effort, Léo.

La voix de l’originale s’était aggravée. Kitoe avait remplacé Lia. Le Reflet, qui contemplait la jolie trace laissée au plafond, ré-enfonça correctement l’entonnoir dans le gosier du Sorcier pour le remplir de nouveau.

-On n’arrêtera pas tant que tu ne seras pas plein.

Mais il régurgitait déjà. Kitoe retira l’entonnoir pour plaquer sa main contre sa bouche. Il boufferait son vomi s’il le fallait. Elle remettrait l’entonnoir autant de fois qu’il faudrait, même si cela impliquait qu’il termine la gorge et l’œsophage en sang.


*


Au rythme de trois repas par jour et au vu des conditions de conservation qui menaçaient de compromettre le résultat final, l’engraissement d’Esopius n’avait duré que cinq jours. Cela n’avait pas permis d’écouler toute la chair humaine, loin de là. En fait, Esopius avait perdu du poids et s’était déshydraté. Il avait pâli et sa digestion était devenue catastrophique. Cela n’avait rien de surprenant. Kitoe l’avait prévu. Elle ne l’avait pas autant chéri que l’Ange et c’était volontaire. Pourquoi ? Parce que… parce que. Alors oui, son prochain destinataire goûterait la viande d’un homme malade. Ça faisait partie des expériences. Sentirait-il la graisse humaine et le soupçon de cervelle qu’elle avait incorporé à son cake au poivron ? Ou bien le goût du foie broyé, dans ses muffins à la banane ? Ou dans ceux au chocolat ? Elle le saurait bien assez tôt. Contente de son nouveau panier, à la décoration jaune-orangée et au format similaire au premier, elle déposa la carte qu’elle venait d’écrire :

« A Lysium Fortas-Petraliphas,

Bravo ! C’est avec grand plaisir de nous vous avons choisi pour goûter les différents gâteaux de notre panier. Nous serions ravis d’avoir votre retour sur nos confections afin de nous améliorer et de vous offrir le meilleur de la pâtisserie, sucrée comme salée. N’hésitez pas à les partager avec vos amis et bon appétit !


Le Goût de l’Idéal


PS : la description du panier est au dos de la carte ! »



830 mots sans la lettre



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Kitoe
Ven 28 Aoû 2020, 18:41

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Kitoe & Toki& Achille Stache (HAHA vous savez pas à quoi il ressemble !)
La saveur des siens
-Il y a des gens dont tu voudrais te venger, Toki ?

Le Reflet s’arrêta et considéra son modèle comme si c’était la question la plus stupide qu’elle n’avait jamais posé.

-Je connais moins de personnes que toi et si je les connais, tu les connais aussi.

-Je te parle de gens que Kidalle la pédale connaissait, débile.

-C’était une autre vie.

Dans l’optique de clore la discussion, Toki reprit le brossage du sol, là où le sang s’était incrusté si profondément qu’il était impossible de l’éliminer complètement. C’était vrai. En recopiant la personnalité de la Démone, elle n’avait gardé que son nom. Elle avait dû apprendre la quasi-totalité du reste. En somme, sans avoir connu l’évolution de l’ancienne Déchue, c’était comme si elle avait cherché à copier une toute autre personne. L’Ange était morte, effacée, enterrée dans les profondeurs de l’univers, là où personne ne la retrouverait jamais. Elle n’avait pas l’intention de ressasser un passé qui n’était plus le sien.

-Rhooo y’a personne qui te vient à l’esprit ? Quelqu’un de marquant, un type qui t’agacerait aujourd’hui, n’importe…

Tout à coup, ses yeux s’illuminèrent et elle tapa dans ses mains.

-Je sais.

Toki leva un sourcil.

-Je sais et toi, tu vas me dire tout ce que tu sais sur lui.


*


C’était à la fois la marchandise la plus simple et la plus difficile qu’elle avait eu à trouver jusqu’ici. Simple, parce qu’une fois qu’on avait mis la main dessus, c’était comme si tout le reste du travail était terminé. Difficile, parce qu’il fallait pouvoir mettre la main dessus. Cela leur avait valu des jours de recherche et quelques échanges épistolaires avec des idiots finis. Elles étaient allées loin, très loin, pour pas grand-chose. Toki, sous la personnalité d’Ellie, trouvait cela particulièrement con et inutile. C’était pourtant elle qui se tenait face à l’énorme bâtiment où on lui avait donné rendez-vous. La pierre blanche lui donnait un peu mal aux yeux, ce qui la poussait à conclure que les Terres du Lac Bleu étaient un endroit désagréable. Les mains jointes, elle attendait. Le silence était imposant et plusieurs fois, elle se demanda ce qu’elle foutait là.

-Bonjour, vous devez être Ellie, c’est ça ?

La concernée quitta son éternel air blasé pour étirer ses lèvres en un sourire. C’était pas trop tôt. Elle hocha la tête. Elle était crispée. Cette femme toute voilée la rendait aussi mal à l’aise que l’entièreté de l’édifice, qui était la définition beaucoup trop bénéfique du terme « havre de paix ».

-Parfait, j’espère que vous avez fait bonne route. Entrez, ne restez pas ici !

La religieuse l’emmena dans un couloir. A travers les fenêtres, le Reflet pouvait voir les jardins, verdoyants, entretenus, parfaits. Plusieurs femmes, toutes habillées et voilées de la même façon que la première, s’attelaient au désherbage de petites allées pavées.

-Nous vous attendions ! C’est toujours un événement d’accueillir les futurs parents ! Cet endroit est formidable, c’est vrai, mais les enfants sont toujours mieux dans une vraie famille qu’ici, vous ne trouvez pas ? Au fait, vous voulez voir les enfants ?

De nouveau, elle hocha la tête. Evidemment qu’elle voulait voir les mioches. Elle n’était pas venue dans un orphelinat pour tailler les buissons avec ces dégénérées drapées comme des matelas.

-Venez par là. C’est la porte en face. Ils dorment, nous venons tout juste de leur donner le biberon. Au fait, vous n’avez pas d’autre enfant, c’est bien ça ?

La religieuse ouvrit la porte, dévoilant une vingtaine de lits rangés les uns à côté des autres, trois fois plus petits que des paillasses ordinaires. Chacun d’entre eux était occupé par une petite masse enveloppée dans un drap.

-Si, nous avons une fille. Elle a… une douzaine d’années.

Ellie s’avança pour observer les bébés. Moche. Hideux. Chauve. Bouboule. Baveux. Elle retint une mine de dégoût. Une chose était sûre : elle ne voudrait jamais d’enfant.

-Oh, je vois. Elle réclamait pour un petit frère ou une petite sœur ? Les enfants sont amusants à cet âge-là. Elle n’imaginait pas à quel point Lia était insupportable. J’imagine d’ailleurs que votre mari n’a pas pu venir ? C’est dommage, d’habitude les futurs parents viennent ensemble pour remplir les documents d’adoption.

-Oui, il est très occupé ces derniers temps.

-Que fait-il dans la vie ?

Qu’est-ce qu’elle était chiante avec ses questions. Kitoe était une idiote. Elles n’avaient pas prévu qu'on leur demanderait ça.

-Il est… pâtissier. Il est en train de faire un gâteau là maintenant. Pour un mariage. Il y a beaucoup de mariages en ce moment. C’est dingue. Les gens se marient.

-Euh… oui, enfin… C’est bien, c’est que les couples sont heureux.

Ellie gardait les yeux rivés sur les petits pour ne donner aucune chance à la nonne de discerner ses mensonges. Arrivée à la moitié de la pièce, elle se pencha plus particulièrement sur un enfant.

-Il est mignon, n’est-ce pas ? Le petit bout de chou dormait à poings fermés. Celui-ci, nous l’avons trouvé à notre porte. Il s’appelle Achille. Sa mère avait laissé un mot. La pauvre n’était pas apte à s’en occuper. Un petit Achille… quel est votre nom de famille, déjà ?

-Hm ? Kitoe était une idiote. Euh, Stache. Achille Stache.

-Stache ? Je ne me souviens pas avoir lu ce nom dans votre lettre.

-Ah. Merde. Merde ! Qu’est-ce qu’elle avait mis Kitoe déjà ? Si elle avait su, elle se serait plus intéressée à ces bouts de papier. Ce n’était pas mon nom de famille par hasard ? Idael.

Ellie n’avait pas de nom de famille et elle ne voulait sûrement pas être prise pour une Idael. Seulement, elle ne voyait pas ce que Kitoe aurait pu mentionner d’autre dans ses lettres avec l’orphelinat. Si c’était ça qu’elle avait écrit, elle allait la trucider. Le visage de la nonne se détendit. C’était bien ça. Ellie allait la trucider en rentrant.

-Léo Stache, c’est mon mari. C’était surtout les deux seules syllabes qu’elle avait compris dans le prénom de cet idiot de Sorcier. J’ai encore l’habitude de donner le mien. Je peux le porter ?

-Oh, euh oui, bien sûr, prenez-le. Mais faites attention à ne pas le réveiller.

Mal à l’aise, Ellie prit le bébé. Comment ça se tenait ? Elle n’en savait rien. A tous les coups, ça risquait de tomber et de se briser en mille morceaux.

-Vous devriez plutôt le prendre comme ç-…

-Oh, et vous, fermez-la un peu. Kraa, ramène-toi.

-Je vous demande pardon ?

-Kraa !

Ellie serra le bébé contre sa poitrine puis laissa sa place. Aussitôt, le corps s’allongea, puis s’obscurcit. Prise de terreur, la religieuse poussa un cri qui réveilla tous les bambins. D’un coup de patte, Kraa balaya la Magicienne. Dehors, d’autres sœurs accouraient déjà. La Démone fonça dans le tas. Certaines furent écrasée, d’autres volèrent de part et d’autre des allées. Toutes les règles étaient bonnes pour sortir de ce trou. Une fois à l’extérieur, le bête difforme prit la fuite, l’enfant braillant de terreur au creux de son coude.


1175 mots



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Kitoe
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Kitoe
Ven 28 Aoû 2020, 23:23

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Kitoe & Toki& Achille Stache
La saveur des siens
En entendant le verrou de la porte s’ouvrir accompagné d’un bruit incessant et inhabituel, Kitoe remonta de la cave pour venir voir ce qu’il se passait. Dès qu’elle l’aperçut, Ellie lui refourgua le bébé puant et chouineur qu’elle avait dû se taper tout au long de son voyage retour. La jeune femme avait des poches sous les yeux comme Kitoe ne lui en avait jamais vues.

-Eloigne ce truc de moi. Je peux plus le voir.

-Qu’est-ce que tu lui as fait pour qu’il chiale comme ça ? Tu l’as pas changé ? Tu lui as donné quoi à manger ?

Ellie effectua une série de gestes incompréhensibles. Ce n’était vraiment pas son genre de faire des choses insensées. Effectivement, elle était à bout de nerfs et à bout de forces. Kitoe balança doucement ses bras pour bercer le bébé. Cela n’eut aucun effet sur ses pleurs.

-Tout ! Rien ! Je sais pas ! Elle laissa retomber ses bras et s’avachit sur le vieux fauteuil qui n’était absolument pas dans le salon. Quoi que je fasse, il gueule. C’est une boite à bruit cette merde. Faut le nourrir toutes les minutes et le changer toutes les cinq secondes, parfois il chiale juste pour chialer. J’arrive pas à croire que c’est pas un Démon. Mais puisque t’as l’air de t’y connaitre, fais-le, toi, Kitoe Idael. Tu vas défaire ses langes et tout le quartier va penser que le Bhūta Rāja est passé chercher du pain. A moins que tu saches mieux faire, hein, Idael, et que par la magie des Anges, son cul va soudainement sentir la fleur.

-C’est quoi ton problème ?

Le mioche lui donnait déjà mal à la tête que son Reflet l’agressait sans raison. Très belle soirée en perspective.

-Oh, je sais pas, peut-être que tu m’as malencontreusement appelée Ellie Idael dans tes lettres sans même me prévenir.

-Aaaaah, alors juste pour ça, t’as décidé de me manquer de respect ? Ha ! Les convictions d’Ellie frôlaient parfois le ridicule. Les gens aiment bien les noms de famille. T’avais qu’à les lire et changer si t’étais pas contente, je t’ai jamais retenue.

-Pourquoi t’as pas pris autre chose ? J’veux pas être liée à ta famille de merdeux !

-Parce que ça sonne angélique ! Tu voulais qu’on t’appelle Azmog tant qu’on y est ? Ou que j’écrive « bonjour, je suis la fille d’Aria Taiji, je suis gentille » ? Tu crois que la bonne sœur aurait répondu à ça ? Nan, elle se serait dit que c’est soit un canular, soit deux meufs pas nettes qui tentent de kidnapper un bébé pour le foutre dans un putain de gâteau. Sans ce nom de famille, on aurait pas le gamin à l’heure qu’il est.

-Y’a pas que trois noms de famille dans le monde, t’aurais pu en prendre un autre.

-Oui, d’accord, si tu veux. On s’en fout, d’accord ? Maintenant tu fermes ta gueule ou j’appelle Kraa.

Elles pouvaient toutes les deux l’appeler mais en termes de force, l’originale était bien supérieure. Grognon, Ellie se tût, s’enfonça dans son siège et ferma les yeux.

Pendant ce temps Kitoe soulevait le gamin pour le placer à la hauteur de ses yeux. Il était assez lourd. Il devait avoir l’âge d’avancer à quatre pattes, mais pas encore celui de tenir en équilibre. Il était potelé et une épaisse touffe de cheveux blonds entourait son visage joufflu. La Démone sourit, plus par amusement que par réelle tendresse. Un paquet d’années en arrière, à l’époque où elle était encore blonde, pleine d’innocence, et donc détestable, ça aurait été le cas. La petite fille modèle sans ambition qu’elle avait été, avait voulu devenir mère. Elle s’était ruée auprès de tous les jeunes parents qu’elle connaissait pour apprendre les bases des soins et de l’éducation. Elle en avait gardé, des gosses. A Avalon aussi. Elle en avait changé des langes, bordé des lits, géré des crises… C’était il y a une éternité. Aujourd’hui, Kitoe était devenue un monstre. Pourtant, elle se surprenait à voir ressurgir de vieux réflexes.

-Prends-en de la graine, Toki, à la fin tu vas devoir savoir t’occuper de ce bébé aussi bien que moi.

-J’t’emmerde et pour la dernière fois, dégage ce bébé d’ici. Y’en a qui essayent de dormir. Et par l’Œil, fait disparaitre sa couche, je la sens d’ici.

-J’y travaille. Hm. J’ai acheté du lait. Quand t’auras fini ta sieste, t’iras chercher quelqu’un. Peu importe.

Elle prit son silence pour un oui. Elle savait qu’elle avait entendu. La Démone remit son attention à l’enfant, dévoilant en même temps un sourire carnassier.

-Et toi, on te change et hop, à la cave ! Va falloir que je trouve une chaine à ta taille ou tu vas courir partout…

L’annonce n’eut aucun effet sur Achille, qui continua de hurler jusqu’à plus d’air, pour recommencer juste après.


811 mots



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Kitoe
Sam 29 Aoû 2020, 18:50

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Kitoe & Toki& Achille Stache
La saveur des siens
Kitoe avait longtemps quitté la surveillance du petit. Elle avait fait chauffer du lait puis s’était laissé aller à la rêverie. Sa casserole avait failli cramer et elle l’avait retirée du feu à temps. Elle avait ensuite versé son contenu bouillant dans un biberon, acheté exprès pour Achille, s’était brûlé les doigts, l’avait mis dans le l’eau fraîche et avait attendu qu’il refroidisse. Elle avait dix fois eu le temps d’aller jeter un œil au bébé, mais aussi surprenant que cela puisse paraître, elle l’avait oublié. Ce ne fut donc qu’une fois que le liquide fut à une température convenable qu’elle redescendit dans la cave. Elle y découvrit Toki, assise en tailleur, à jouer avec Achille. Qu’elle ne l’eût pas entendue revenir de sa chasse ne l’étonna pas. En revanche, que ce soit Ellie qui ait de plein gré entamé une telle activité avec lui était contre-nature. Par terre, le petit était concentré. Parfois, il gazouillait en réaction à une feinte de l’ainée.

-Vous jouez à quoi ?

-Attrape-chaîne. Pendant que lui reste allongé comme un gros lard, je prends une chaine et je la fais gigoter au-dessus de lui en lui faisant croire qu’il est capable de l’attraper. C’est profondément chiant et désolant. Mais au moins il ferme sa gueule.

-Et le quelqu’un que je t’ai demandé de ramener ?

-Il est là, répondit-elle en pointant une direction sans même prendre la peine de regarder.

-Salut, moi c’est Conrad, et toi ?

Kitoe analysa l’individu qui se tenait devant elle : un homme brun, un peu maigrichon et sapé comme une poubelle avec sa tenue large et noire, ses chaussures datant de l’ère précédente et son long manteau verdâtre. Il était sale, avait un pansement sur le nez, des yeux mi-clos dont elle ne parvenait pas à discerner la couleur et un sourire bête derrière lequel elle devinait quelques dents manquantes. Il lui tendait une main abîmée aux ongles noircis. Il voulait sûrement qu’elle la lui serre, mais elle préféra le laisser dans sa solitude. Ce n’était pas par dégoût, mais plutôt parce qu’elle avait décidé qu’elle ne l’appréciait pas.

-T’as ramené un clochard bourré ?

-Ouais.

Elle rit. Conrad aussi, mais il ne sut pas pourquoi. Elle se demanda ce qui aurait le plus de répercussions sur le bébé – et dans quel sens – entre les termes « clochard » et « bourré ».

-Tu crois que le bébé va…

-Y’a un mec qui élève bien ses vaches à la bière au bord de la mer et il vend sa viande super cher. Je cite : « ça lui donne un goût iodé ».

Dans son état de fatigue – et dans la vie tout court – elle avait surtout eu la flemme d’aller chercher trop loin. Ellie avait trouvé l’homme par terre, à dormir sur un carton dans un ruelle sombre à une centaine de mètres de chez elles. Elle lui avait tendu la main en lui disant qu’elle avait du travail pour lui. Il avait été si heureux qu’il lui avait fait un câlin. Elle avait désiré mourir.

-On n’a pas la mer, tu veux rajouter du sel en plus ?

-Nan, je te dis juste que l’alcool qui coule dans ses veines, ça fera pas trop de mal au bébé. J’espère même qu’un type aussi content va pouvoir compenser avec ce chialeur. Dans tous les cas, le plan reste le même.

-C’est quoi le plan ?

Conrad avait très envie de travailler. Kitoe se tourna vers lui et lui rendit un sourire aimable.

-Le plan, c’est que j’aurais besoin que tu prennes la bassine juste là, sous la table. Tu la mets devant toi. Parfait ! Et maintenant, tu te penches et tu bouges plus.

Lorsqu’il se fut placé correctement – non pas sans deux fou-rires inexpliqués – la Démone l’égorgea. Elle attrapa ses cheveux d’une main ferme pour le tenir tandis qu’il se vidait de son sang. Le liquide se déversait froidement dans la bassine. Toki vînt l’aider à le mettre sur la table pour récupérer un maximum du fluide vital. Avec le filet qui s’échappait de sa gorge, l’originale termina de remplir le biberon, puis secoua pour homogénéiser.

-Achille, à la soupe !

Le petit avait recommencé à pleurer car plus personne ne s’occupait de lui. L’arrivée de la Vile et la vue du biberon plein lui firent un effet formidable. Kitoe fut presque attendrie.

-Tu crois que c’est comme ça qu’on fabrique les Vampires ? Demanda-t-elle une fois que le bout de chou, bien installé sur ses genoux, eut commencé son repas.

-J’en sais rien. Arrête de parler.

-Il devait avoir la dalle. C’est limite si son lait est pas rose et il boit quand-même. Va falloir l’affamer à chaque fois jusqu’à ce qu’il s’habitue.

-Fais ce que tu veux mais si je l’entends encore pleurer, je te jure je l’abats avant l’heure.

La remarque la fit rire. Si elle disait vrai, le petit ne tiendrait pas la journée.

-Tu ferais mieux de dégager le temps de sa présence alors. Je te rappellerai quand il sera plus là.

Ellie fit une moue agacée. Son corps rétrécit et elle laissa la place à Lia, qui, comme par miracle, partit jouer à l’étage sans faire de bruit.


868 mots



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Kitoe
Dim 30 Aoû 2020, 11:43

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Kitoe & Toki& Achille Stache
La saveur des siens
-Il a bien grossi, nan ?

-Ouais.

Les deux femmes étaient penchées au-dessus d’Achille, évaluant la réussite de cette nouvelle période d’engraissement. A vrai dire, toutes deux étaient si surprises par le résultat qu’elles n’osaient pas l’admettre. C’était assez inhabituel.

-Hmm…

Ses yeux suspicieux glissèrent du gros bébé jusqu’à son Reflet. Cette dernière l’imita. Moment de flottement.

-Quoi ?

Nouveau moment de flottement.

-Tu l’as pris où ce bébé ?

-A l’orphelinat Sainte Geneviève, comme prévu.

Flottement. Réflexion. Interrogation.

-Donc si je comprend bien, c’est un gosse de Magicien ?

Ellie acquiesça. Puisqu’elle n’avait plus entendu de pleurs, elle avait décidé de refaire surface ces derniers jours. En effet, le garçon s’était accoutumé à son nouvel environnement. Il en était venu avec faire des nuits complètes et, pour le bien de la mission, ses désirs étaient devenus des ordres. Réalisant ce que l’originale insinuait, elle entrouvrit la bouche pour prendre un air choqué.

-Tu doutes de moi ?

-Tu aurais bien pu t’éclipser pendant quelques jours, voler le premier bébé que tu trouves dans la rue et rentrer en faisant mine d’être fatiguée. Tu ramènes bien des clochards pour le nourrir.

-Tu crois vraiment que j’ai que ça à foutre que de mal faire mon boulot ?

-T’es une Démone. Les Démons peuvent très mal faire leur boulot. Je peux mal le faire.

-Arrête de toujours me comparer à toi. J’ai fait mon putain de travail, point. Regarde, il a une tête de Magicien, je trouve.

Kitoe réfléchit.

-C’est vrai.

C’était un très bon argument. Un bébé Démon devait avoir une tête affreuse et se transformer en monstre incontrôlable de temps en temps. Jusqu’à preuve du contrôle, rien n’avait explosé dans cette maison depuis qu’il vivait ici.

-Et puis, je ne comprends pas. T’es sûre que t’es une Démone ? Ton rôle est de pervertir les gens et une fois que tu sembles y arriver, tu ne veux plus que ça se réalise ? Ah bah oui, tu viens de le dire : t’aime bien mal faire ton boulot.

Et toc.

-Ouais, bon, ça va. Mais quand-même. Est-ce qu’on peut vraiment dire que je l’ai perverti ?

Qu’est-ce qu’elle était conne quand elle voulait. Comment pouvait-elle autant douter ? Ridicule.

-Du lait au sang et de la purée à l’humain, Kitoe.

Quand elle disait humain, cela ne se limitait pas qu’à la chair.

-Oui mais il y a toujours eu du lait ou du brocoli dedans.

-Nan Kitoe. Il kiffe, c’est tout.

Ne pouvant pas vraiment forcer le gamin à manger directement de la chair fraiche, sous peine de l’étouffer, elles avaient dû camoufler la viande en l’associant à d’autres aliments. En menant leur enquête et leurs expériences, elles avaient appris deux choses : Achille vouait un culte aux brocolis et quand Achille aimait quelque chose, il bouffait pour quatre bébés. A force d’accompagner ses plats de viande ou d’assaisonner sa boisson de sang, le petit s’y était habitué, si bien que c’était finalement ça qu’il réclamait à présent. A moins que ce ne fut l’alcool dans le corps de ceux qu’il ingérait – car il avait aussi un faible pour les soulards – et qu’il ne fut devenu alcoolique à son jeune âge. Dans tous les cas, sans le vouloir directement et sans que le garçon n’en prenne conscience, celui-ci était devenu un gigantesque ventre et un cannibale. Elles avaient créé un monstre.

-On l’adopte ?

-Nan.

L’étincelle de joie mourut. Kitoe fit la moue, déçue. Elle aurait été une mère exemplaire. Toki resta de marbre. Un marbre glacé.

-Pas celui-ci, rectifia-t-elle, on a une commande à terminer.

-Ah, tu vois que tu l’aimes bien !

-La ferme.

Les deux femmes considérèrent Achille en silence. Nu comme un vers, celui-ci regardait ses deux nouvelles mères en retour. Il babillait doucement, heureux d’être aussi bien nourri et logé. Il était allongé sur une planche de bois avec plein d’objets brillants tout autour de lui. Ses yeux furent attirés par celui qu’on éleva au-dessus de sa tête. C’était si beau !

-Achille Stache, tu fus notre meilleur prisonnier. Ne nous déçois pas.

Tchac !


*


L’expérience avait été extrêmement enrichissante. Le peu de muscle et l’excès de graisse les avaient incitées à chercher des solutions innovantes et rentables. Elles avaient donc misé sur la friture pour écouler tout ce stock. Mais que faire frire lorsque le taux de viande était aussi minable ?

-Gâteau aux noix et au cartilage fris, pour rajouter du croquant. Annonça Kitoe avec un accent bourgeois. Y’en a aussi dans le crumble aux pommes.

Oui, la cuisson avait transformé la texture du cartilage, qui, découpé finement, ressemblait à des morceaux de biscotte. Avec toutes les précautions du monde, la Vile déposa les gâteaux dans le côté droit du panier. Celui-ci avait une décoration jaune.

-Et sandwichs « poulet » curry. Le pain est fait maison, il sort du four !

Un pain était d’autant plus exceptionnel qu’il était la seule chose saine dans ce panier. A gauche, elle déposa soigneusement les quatre sandwichs triangulaires en biais. Il ne restait plus qu’à faire la carte.

« A Nefraïm Lemingway,

Félicitations ! C’est avec un immense plaisir de nous vous avons choisi pour goûter les sandwichs et gâteaux de ce panier confectionné avec amour par nos soins. Nous serions ravis de connaitre votre avis afin de nous améliorer et de vous offrir le meilleur de la pâtisserie, sucrée comme salée. N’hésitez pas à les partager avec vos amis et bon appétit !


Le Goût de l’Idéal


PS : la description du panier est au dos de la carte ! »



845 mots sans la lettre



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Kitoe
Dim 30 Aoû 2020, 22:30

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Kitoe & Toki& Manaa
La saveur des siens
-Bon, Toki, comme ça s’était très bien passé, on va faire comme la dernière fois : tu fais ce que je te dis et tu poses pas de questions. Ça te va ?

Elle lui lança un regard mauvais. La route était suffisamment chiante comme ça, c’était pas pour que ce connard de Daryl revienne à la charge avec son égo surdimensionné de mec bien foutu.

-Hm.

-J’ai pas entendu.

-Nan.

Il ralentit le pas. Elle continua de marcher comme si de rien n’était. S’il était vexé, il n’avait qu’à rester là, ça lui ferait des vacances. Elle ne se retournerait pas. Elle préférait largement faire le boulot sans lui. C’était pas comme si elle avait besoin de son aide, après tout. Furieux, le Démon la rattrapa, la prit par l’épaule et la plaqua par terre.

-Aïe, putain, qu’est-ce que tu fous ! Lâche-moi !

Sa joue était écrasée contre le chemin terreux et humide. Il lui faisait mal.

-Je te lâcherai seulement quand tu me promettras de m’obéir au doigt et à l’œil.

Pour toute réponse, Toki tenta de dégainer son glaive. Daryl passa une dague sous sa gorge pour l’en dissuader.

-T’as pas le droit de me tuer.

-Je peux très bien le faire, ne pas récupérer l’argent et rentrer tranquillement chez moi. J’en n’ai rien à foutre. C’est pas les clients qui manquent.

-Je te promets que si tu fais ça, je vais venir te copier et te pourrir la vie. T’es juste là pour pas que je meure à la base. Cela ne le convainquit pas. Laisse-moi commencer. Si ça foire, tu pourras faire ce que tu veux. Toujours pas. T’auras une prime.

Le silence lui parut interminable. Sa position était très inconfortable.

-D’accord.

A son avis, elle ne tiendrait pas cinq minutes. Sans un mot de plus il se releva et reprit la route. Toki lâcha un juron, s’épousseta et le suivit.

Le duo fit une halte dans une petite taverne. C’était le soir et le ciel finissait de s’assombrir sur les côtes de Maübee. L’établissement n’était pas plein, mais accueillant. Les clients souriaient autant que les employés, derrière le comptoir.

-Deux bières, indiqua Daryl, et c’est elle qui paye.

Quand le barman revînt avec leurs boissons, Toki déposa une bourse entière de pièces dans sa main.

-Tournée générale. C’est toujours moi qui paye.

Le Déchu prit l’argent et répéta à haute voix. L’annonce fut accueillie par une vive acclamation et des verres levés. Cela requinqua tout le monde. Les deux chasseurs s’installèrent au comptoir et burent en silence tandis que les autres clients profitaient de leur mousse gratuite.

-C’est comme ça que tu comptes t’y prendre ? Demanda finalement Daryl. Dépenser du fric en espérant amadouer les gens ? Faut forcer le destin, un peu, ma vieille.

Elle le défia du regard tandis que sa main allait chercher d’autres pièces dans son sac.

-Je t’ai dit de me laisser faire. Deuxième tournée générale.

Nouveaux cris de joie. On commença à chanter pour la générosité de la femme. Son accompagnateur plissa les yeux.

-Tu sors d’où tout cet argent ?

-D’un arbre.

Elle but. Ça sonnait comme si elle se foutait de sa gueule, mais c’était totalement vrai.

-Hé, toi, madame !

Un bras passa par-dessus son épaule, puis bientôt, un visage apparut dans son champ de vision. C’était une jeune femme. Elle avait un joli teint hâlé et des cheveux cuivrés.

-Toi, t’es une fille bien ! Santé !

Elle trinqua avec son verre et en versa à côté, sur le comptoir et les vêtements du Reflet. Visiblement, elle était déjà soûle. Toki sourit.

-Allez viens ! Viens danser avec moi ! Je suis contente ! Youhouuuu !

Elle tira la Démone par le bras pour lui faire quitter son tabouret. Cette dernière eut tout juste le temps de prendre son sac avec elle et lança un regard noir à Daryl. Que ce connard ne la vole pas, ça serait bien. La Déchue l’emmena au centre de la pièce, prit ses deux mains et dansa. Les clients se mirent à chanter de plus belle et à taper dans leurs mains.

-Tu t’appelles comment ? Cria l’inconnue pour couvrir les voix.

-Toki.

-Haha ! On dirait un nom de chat ! Toki fit comme si elle n’avait pas entendu. Moi c’est Manaa !

Et c’est ainsi que Manaa raconta toute sa vie à une parfaite inconnue. Elle lui parla de son péché, la Gourmandise, et de sa difficulté à le dompter, de ses parents et de l’absence récurrente de sa mère Luxurieuse, des copains qu’elle avait eus et de sa récente prise de conscience qui lui faisait penser qu’elle avait un faible pour les femmes, son besoin de s’échapper et de voyager pour apprendre à se connaître elle-même. Toki et elle burent deux autres bières. Elles discutèrent longtemps. La taverne se vida doucement, puis Manaa déclara qu’elle avait faim. Toki sortit des gâteaux de sa besace et les offrit à la Déchue, qui la prit véritablement pour une sainte. Elles mangèrent ensemble, puis elles restèrent là. Assises l’une face à l’autre, la tête posée sur leurs avant-bras croisés, elles s’échangèrent des mots, des remarques et des regards. Il n’y avait pas grand-chose, mais ça ne faisait rien. Elles étaient juste… bien.

-Tu sais quoi Toki ? Je crois que t’es la meilleure personne que j’ai jamais rencontrée.

Le Reflet sourit. C’était un peu tôt pour le dire.


902 mots



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Kitoe
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Kitoe
Lun 31 Aoû 2020, 22:55

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Kitoe & Toki& Manaa
La saveur des siens
Daryl s’ennuyait tellement qu’il avait fini par sortir pour pisser puis fumer. Il avait rempli plusieurs fois d’affilée son brûle-gueule, répondu vaguement et envoyé chier les gens qui avaient voulu lui adresser la parole. Ensuite, la soif l’avait appelé à l’intérieur pour prendre une dernière pinte, puis sa patience s’était épuisée.

-C’est bon, t’as fini ?

Toki leva les yeux. Ils étaient vitreux.

-Ouuaais.

La voir dans cet état lui donna envie de lui cracher dessus et de l’abandonner. Néanmoins, il dut reconnaitre qu’elle parvint à décoller son cul de sa chaise sans trop de difficultés.

-Tu t’en vas ? Déjà ?

Les yeux de Manaa, eux, ressemblaient plus à ceux d’un chaton apeuré.

-Ouais. Mais tu peux venir avec nous. Viens avec nous ! Y’a de la place pour tout le monde à la maison.

Daryl dut aussi reconnaitre que même bourrée, elle ne perdait pas le nord.

-T’es sûûûre ? Je veux pas déranger.

-Non, tu déranges pas, ça nous fait plaisir. Trancha l’homme. Allez, venez.

Il les prit chacune par le bras et les emmena jusqu’à la sortie.

-ATTENDS !

Manaa s’arracha de son étreinte et prit Toki avec elle. Dans ce même élan, elle la plaqua contre le mur de la taverne et l’embrassa. Le Reflet ne sut comment réagir. Manaa posa ses mains sur ses hanches puis les remonta jusqu’à ses seins.

-Putain de merde, j’ai dit : on y va !

De là, Toki ne se souvint plus exactement.


*


Quand Manaa se réveilla, elle jura qu’un troupeau de bicornes l’avait piétinée. Le problème, ce n’était pas seulement la gueule de bois qui faisait battre un tambour dans son crâne, c’était aussi sa position particulièrement inconfortable sur un sol dur et froid qui lui donnait l’impression d’avoir été brisée à chacune de ses articulations. Ses gémissements réveillèrent Toki, qui, la veille, avait voulu dormir ici également. Très mauvaise idée.

-Toki ?... On est où ?

Cette dernière ne répondit pas, car elle était trop mal. Elle était réveillée, embrumée, mais désirait plus que tout se rendormir. C’était la première fois qu’elle buvait autant. Kitoe n’était pas une grande consommatrice d’alcool.

-Toki ? Ça va ?

Elle chuchotait. A quatre pattes, Manaa voulut s’approcher quand un tintement métallique vrilla ses tympans. Elle posa son front sur le sol, le temps que la douleur passe. Durant ces quelques dizaines de secondes elle regarda le monde à l’envers. Ses cuisses, ses vêtements… ses mains…

-Toki ? Pourquoi j’ai des chaines ?

Un nouveau bruit métallique retentit, plus grave, qui fut aussitôt suivi d’un grincement sonore. Manaa se boucha les oreilles. C’était insupportable. Une petite personne descendit les escaliers de la cave en chantant. Elle était pieds nus, elle l’entendait.

-[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]… Oh ! T’es réveillée ! Coucou ! Kitoe m’a demandé de venir te donner de l’eau.

Elle lui tendit une gourde pleine dont la Déchue s’empara aussitôt. Cette dernière en descendit le contenu, s’essuya la bouche puis s’attarda sur la gamine. Elle était habillée en robe de princesse. En fait, c’était le portrait craché de Toki, mais en… dix ans.

-T’es qui ? Et c’est qui Kitoe ? Sa voix était cassée à cause du froid et de tout ce qu’elle avait crié hier soir.

-Moi, c’est Lia ! J’ai douze ans ! S’exclama-t-elle fièrement. Manaa lui fit signe de parler moins fort. Et Kitoe ? Bah c’eeesssst… Elle regarda par-dessus son épaule. C’est comme Toki, mais en vrai.

En vrai ?

-C’est ta sœur ?

-Hein ? Ma sœur ? Beerrrrkk ! Qu’est-ce que tu racontes ?

Apparemment, c’était la pire insulte qu’elle aurait jamais pu sortir. Quant à parler moins fort, cela ne devait pas faire partie des compétences de la petite.

-Je… peu importe... Dis, Lia, tu aurais moyen de me détacher ?

-Hein ? Pour quoi faire ?

-Eh bien pour… sortir d’ici parce que ça me fait flipper et rentrer chez moi. aller faire pipi. J’ai vraiment très envie…

Ce qui était vrai, Manaa avait vraiment très envie. Elle était à deux doigts de se pisser dessus. Lia croisa les bras.

-Kitoe m’a dit que je devais libérer les prisonniers sous aucun prétexte.

-Mais Kitoe n’est pas là. Elle voulut prendre la main de l’enfant mais celle-ci recula. Manaa surveillait aussi Toki, toujours dans les vapes, du coin de l’œil. Elle se reconcentra sur la petite fille et souffla. Si tu fais ça, je t’en serais si reconnaissante que je pourrais t’offrir de belles robes comme celle-là, des bonbons, et plein d’autres cadeaux.

Elle priait pour que le Souffle du Nephilim fasse effet. Lia hésita. Les bonbons, elle pouvait en avoir plein quand elle voulait. En revanche, des robes…

-Kitoe, elle a envie de pisser. Gémit Toki. Aide-la et fous nous la paix, la petite parle trop fort.

-Je suis pas petite, d’abord !

-Kitoe…

Etalée par terre, Toki referma ses yeux. La petite s’était figée. Manaa ne comprit pas. Elle voulut appeler son amie de soirée, qui manifestement, n’était pas tellement une amie.

-Perds pas ton temps avec elle. Elle t’aidera pas non-plus et elle doit se remettre de sa cuite.

Elle se tourna vers la gamine, qui avait changé de voix… et qui n’était plus une petite fille. Cette fois-ci, c’était vraiment Toki, en un peu plus effrayante. Elle en déduit qu’il s’agissait de Kitoe. Ou était passée Lia ? Elle n’avait pas pu monter les escaliers sans qu’elle ne la voie. Pareil pour cette femme.

-Qu’est-ce que vous me voulez ?

Kitoe s’accroupit, approcha son visage du sien, passa une main dans ses cheveux. Elle ne touchait jamais ses victimes comme ça. Sinon, c’était qu’elles lui plaisaient. La Démone se pinça les lèvres. Dans d’autres circonstances, elles auraient été de grandes amies. Si Toki était ressortie ainsi de cette soirée, ce n’était pas pour rien.

-Toi.

-Alors qu’est-ce que vous attendez ? Allez-y, je ne dirai rien, mais libérez-moi ensuite.

Sa remarque la surprit. Elle rit.

-Je crois qu’on n’est pas sur la même longueur d’onde.

-Alors dites-moi ce que vous voulez de moi.

-Ce serait trop compromettant.

-Dites-moi ce que je dois faire. Je le ferai, même si c’est dangereux.

-T’es de la Gourmandise, c’est bien ça ?

-Oui…

-Je reviens.

Lorsqu’elle redescendit, ce fut avec un plateau rempli de gâteaux dans les mains.

-Je pense que tu n’auras pas trop de mal à manger tout ça.

A côté du plateau, elle déposa un seau vide.

-Et j’allais presque oublier ton pot de chambre. Bon appétit !

Lorsqu’elle fut de nouveau seule – vu l’état de Toki, c’était comme si celle-ci avait cessé d’exister – Manaa se recroquevilla dans un coin, analysant la situation. Elle étudia la pièce, examina les chaines qui maintenaient ses poignets, égraina la liste de ses pouvoirs. Sans succès. Rongée par le stress, elle s’empara du premier gâteau.


1167 mots



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Kitoe
Mer 02 Sep 2020, 21:33

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Kitoe & Toki& Manaa
La saveur des siens
-Le meilleur, c’est lui.

Manaa secoua vivement la tête. Elle était sur le point de crier au scandale et à la plaisanterie tant Kitoe avait faux. Non, celui-ci n’était clairement pas le meilleur et ne pas s’en rendre compte était une faute de goût pure et simple.

-Rien ne surpasse la tarte à la rhubarbe et au coing, renchérit-t-elle en désirant ladite pâtisserie du doigt, les recettes de grand-mères resteront les meilleures quoi qu’on en dise. Tu devrais le savoir.

-Même face au fondant au chocolat ?

-Oui.

-Face au coulant au chocolat ? Avec un peu de caramel dessus.

-Oui.

-Face au fraisier ?

-Oui

-Face à la tarte au citron meringuée ?

-Hm… Oui.

Kitoe soupira. Difficile à croire qu’on pouvait tomber amoureux d’une simple tarte à la rhubarbe lorsque l’on pouvait faire des choses beaucoup plus sophistiquées et gourmandes. Elle ne s’avouait pas vaincue pour autant.

-Donc toutes les tartes à la rhubabe et au coing de ta grand-mère surpassent tous mes gâteaux ?

Ses gâteaux, c’était ceux qu’elle avait cités plus tôt et qui était en cet instant présentés par terre, devant Manaa. La Déchue se mordit les lèvres. Ses yeux allèrent d’un dessert à l’autre pour les jauger.

Ces derniers jours, les deux femmes avaient beaucoup échangé sur leurs vies respectives, tandis que Toki était partie en chasse pour leurs prochaines livraisons. La Démone avait raconté sa vie à Avalon, et les raisons de sa réincarnation. Pour cette seconde chose, et pour préserver la Déchue, elle avait légèrement modifié les faits, se contentant de dire qu’elle avait commis des meurtres atroces çà et là avant de se faire tuer elle-même et sans jamais mentionner les vices de son régime alimentaire. Manaa lui avait parlé des premières manifestations de son péché et de la manière dont elle le vivait. Elle avait demandé à sa geôlière ce que ça faisait de tuer, ce à quoi la Vile avait répondu en souriant : pas grand-chose. Pas grand-chose de mauvais, en tout cas. De là en était ressorti un bourgeon d’amitié.

-Non, finit-elle par répondre, parce qu’il faut de la diversité. Autrement, au mieux on se lasse, au pire on se rend malade. Ça m’est arrivée trop de fois, je crois que j’ai retenu la leçon.

Kitoe hocha la tête pour indiquer qu’elle comprenait. Manaa blottit sa tasse de chocolat chaud entre ses mains.

-N’empêche, je ne sais toujours pas ce que tu comptes faire de moi.

Elle relançait souvent la question, dans l’espoir qu’elle lui cède ne serait-ce que quelques bribes d’informations un jour.

-C’est vrai.

-Tu ne veux toujours rien me dire à ce propos ?

-Non.

-Ne me dit pas que c’est parce que tu cherches une amie ?

Après tout, elle voyait toujours Kitoe seule avec sa copie. La Démone souffla du nez. Quelle drôle d’idée. Si elle voulait se faire des amis, elle avait mille autres moyens à sa disposition pour le faire. Elle ne se considérait pas comme trop faible ou ridicule pour devoir forcer les gens à l’apprécier. Elle préférait le naturel.

-Si ça peut t’intéresser… Je veux communiquer avec une amie. Et tu me seras très utile pour ça.

-Et c’est en me faisant manger que ça va fonctionner ? Je vais prendre cinquante kilos à force.

Elle en avait déjà pris beaucoup trop…

-Oui. C’est l’étape la plus importante de la préparation, en fait.

Son affirmation laissa la Déchue perplexe. Kitoe pointa sa tempe avec son index pour lui faire signe de réfléchir, puis quitta la pièce. Quand on acceptait d’imaginer le pire, ce n’était pas si compliqué à comprendre.


*


-Joyyeeux aaaanniiiiiversaire ! Joyyeeux anniiiiversaire ! Joyyeeux AAAAnniiiiiversaaaaire Manaaaaa ! Joyyeeux aaaanniiiiverrrrrsaiiiiiire !

Lia déposa le gâteau décoré d’une multitude de bougies colorées devant la prisonnière.

-Ce n’est pas mon anniversaire. C’était la semaine avant que Toki me capture.

-Ah. Dit Lia. Mais… mais le temps passe vite ! Ça fait un an que t’es là, bravo !

Bien sûr, c’était absolument faux et toutes deux le savaient. Manaa comptait les jours – ou plutôt ce qu’elle estimait l’être, puisqu’elle ne sortait plus – et elle n’avait même pas dépassé cent. Si Kitoe et ses copines pensaient qu’elle était devenue leur amie, elles se mettaient le doigt dans l’œil. Elle avait beau bien s’entendre avec elle, elle ne le pourrait jamais. Sa condition de prisonnière l’en empêchait. Elle avait toujours besoin de s’enfuir.

-Que se passe-t-il ? Demanda Manaa.

-Hein ? Rien. On voulait juste fêter ton anniversaire ! Youpi !

-Je ne suis pas stupide, Lia. Et puis je pensais que j’étais ton amie, et tu me cache des choses ?

A la façon dont Lia se tordait les doigts, elle comprit que la situation devenait embarrassante, comme si elle avait espéré qu’elle ne pose aucune question.

-C’est juste parce que t’es ma copine, parce qu’en vrai, j’ai pas le droit de dire, c’est un secret. Si je te dis, tu me promets de rien dire ?

-Oui, bien sûr, je ne dirai rien.

-Promis juré craché pour de vrai ?

-Promis juré craché pour de vrai. Elle cracha.

-Si tu promets jure et crache, tu souffles les bougies.

Manaa s’exécuta. Elle espérait qu’après, la gamine en aurait fini avec ses promesses. Avec les enfants, ce jeu pouvait durer des heures.

-Très bien, murmura Lia, je vais te dire à l’oreille alors.


892 mots



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Kitoe
Jeu 03 Sep 2020, 01:11

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Kitoe & Toki& Manaa
La saveur des siens
La Déchue tendit le cou, impatiente. Elle avait peur aussi, mais essayait de ne pas le montrer. Il fallait qu’elle sache. Peut-être qu’elle serait horrifiée, mais elle préférait ça à cette ignorance qu’on lui faisait passer pour douce. L’enfant approcha ses lèvres de son oreille.

-On t’a choisie pour faire des gâteaux.

Manaa fronça les sourcils. Elle n’était pas sûre de comprendre. Faire des gâteaux et puis quoi ? Qu’elle les goûte ? Voir s’ils convenaient aux Déchus de sa nature ? C’était idiot, ils mangeaient tout ce qu’on pouvait leur donner. Il aurait fallu essayer avec un Ange. A moins qu’elles ne souhaitassent les éloigner de toute repentance et de contrôle de soi avec une recette si exquise que nul ne pourrait y résister ? C’était absurde, Manaa n’était toujours pas celle qu’il fallait. Se seraient-elles trompées ?

-Je ne comprends pas ce que ça a à voir avec moi.

-T’es bête ou quoi ? S’écria la petite, les poings sur les hanches. Réfléchis, qu’est-ce que t’as fait depuis que t’es là ?

-…

-…

L’éducation de Manaa lui avait appris que les réponses les plus connes étaient souvent les meilleures.

-Vous m’avez fait manger vos gâteaux et on discute.

-Et pourquoi on te fait manger autant de gâteaux ?

-C’est bien ça qui me pose problème. Vous voulez que je les goûte ? C’est ridicule, vous m’empiffrez.

-Ouais. Précisément.

Son ton avait changé, mais pas son physique. Lia faisait soudainement très peur. Manaa n’osa pas continuer. Était-elle en train de dire qu’on l’avait… engraissée ? Pourquoi ? C’était toujours absurde. Sa réflexion refusait d’aller plus loin. C’était trop bête, trop… inhumain. Kitoe s’avança pour poser une main, devenue squelettique, sur son épaule. La Déchue n’osa pas quitter ses yeux reptiliens. Elle devinait son sourire et ça suffisait. Elle ne l’avait jamais vue sous sa forme démoniaque. Elle ne voulait pas savoir ce que c’était.

-Je t’ai dit que j’étais boulangère. Mais je crois que j’ai oublié de te dire que je tenais aussi une boucherie…

Effroi. Horreur. Terreur. Devait-elle pleurer ? Devait-elle réaliser ? Elle ne le voulait toujours pas. Impossible. De toute manière, on ne lui en laissa pas le temps. Manaa hoqueta soudainement. Elle avait mal au ventre. Elle y passa la main. Un obstacle, un liquide, une douleur toujours plus intense et un goût de sang dans la bouche. Kitoe retira son couteau pour le planter un peu plus haut. Les deux femmes se défiaient du regard, l’une vacillante et dont la panique se lisait clairement sur son visage, l’autre affichant un sourire cruel qui dévoilait ses dents pointues. Elle replanta encore sa lame. Elle allait doucement. Elle se délectait de chacun des soubresauts de sa victime lorsqu’elle enfonçait l’arme dans sa chair.

-Mince. Il y a quelque chose que j’ai toujours voulu voir.

Elle la libéra. Elle devait faire vite. Manaa n’en avait plus pour longtemps. A genoux, recroquevillée, elle se concentrait sur la vie qui lui restait. Ses mains étaient couvertes de sang. Elle commençait à voir flou.

-Je me suis toujours demandé comment j’étais morte, de l’extérieur. Précisa-t-elle en prenant une chaise. Manaa ?

Elle avait des vertiges et une atroce envie de vomir. Alors c’était comme ça qu’elle mourait ? Elle n’aurait jamais parié là-dessus. C’était pitoyable. Si elle avait su, elle aurait…

-Manaa ?

Elle leva les yeux. Ils étaient mi-clos. Elle vit la silhouette de sa tortionnaire brandir quelque chose. C’était marron, c’était tout ce qu’elle pouvait dire. La chose s’abattit sur elle, sur sa tempe. Le choc. Puis plus rien.
Kitoe observait le corps de Manaa, étalé sur le côté. Alors c’était comme ça qu’elle était morte ? A genoux, par terre, les mains pleines du sang de ses amis, les yeux encore ouverts parce qu’elle n’avait pas vu le coup venir ? On avait vu plus glorieux. Kitoe reprit son souffle. Cette mise à mort était assez… libératrice. C’était ce qu’avait dû ressentir Zack en la tuant. Du soulagement. Une colère assouvie.

-KITOE !

En haut, on claqua la porte. C’était Toki. La Démone sortit une clef de sa poche et libéra le cadavre de ses chaines. Elle le prit par un pied et le traina jusqu’à la table où la carcasse serait travaillée. Une large trainée rouge la suivit. La porte de la cave s’ouvrit avec fracas.

-Kitoe, qu’est-ce que tu fous putain !

Une petite fille apparut dans l’escalier. Elle pleurait, paralysée, incapable de faire autre chose que descendre parce qu’on l’y avait forcée. En haut, on entendait les bruits caractéristiques d’une bataille.

-Koridwenn ! La voix féminine était déchirée par la rage.

-Vas te mettre là-bas. Dit Kitoe sur un ton autoritaire en pointant du doigt l’endroit où était précédemment attachée Manaa. Fais-le.

Ou elle lui ferait mal. Le coin en question était occupé par une flaque de sang. L’enfant s’y déplaça doucement en sanglotant moins fort, comme si cela tromperait qui que ce soit. Elle serrait un doudou entre ses bras, si fort qu’elle menaçait d’en déformer les coutures. Ses yeux étaient incapables de se détacher du cadavre qu’ils avaient découvert.

-Tu restes là. Tu bouges pas.

Ou ça se passerait très très mal. La Démone remonta les marches deux à deux.

-Toki, putain !

Cette dernière était par terre, à lutter contre une femme qui tentait visiblement de la frapper. Son front était déjà ouvert et sa lèvre fendue. Vite, Kitoe attrapa le poignet de la femme et la tira vers elle. Celle-ci bascula en avant, son menton heurtant violemment le sol. La Démone termina le travail en la poussant dans les escaliers.

-MAAAAAMAAAAAANNNNNNN !

Kitoe grimaça. Cette gamine criait vraiment aigu.



940 mots



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Kitoe
Dim 06 Sep 2020, 00:24

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Kitoe & Toki& Fann et Koridwenn
La saveur des siens
Kitoe avait changé d’avis : elle était finalement partie pour deux commandes au lieu d’une. Celles-ci étaient particulières car elles ne témoignaient pas de son désir de vengeance. Il ne s’agissait là que de pur amusement, d’un signal de son existence et de tout ce qu'elle était capable de faire – et donc d’un partage pour ceux qui la considéraient comme une sainte.

-Vous êtes des monstres !

La Démone se mit à sourire, insensible à la haine de son prochain, tandis qu’elle séparait la chair et les tissus adipeux du reste de la carcasse. Cette Ygdraë parlait beaucoup pour dire la même chose à longueur de temps. Elle se demandait si elle était toujours comme ça, s’il s’agissait d’une séquelle de sa chute dans les escaliers – qui l’avait assommée pour plusieurs heures – ou si cela témoignait du début de sa sénilité. En tous les cas, n’importe quelle boîte à musique aurait été plus intéressante que le venin que crachait cette femme. Il fallait dire qu’à force de séquestrer des gens dans sa cave, Kitoe en avait vu des chieurs, mais le fait que celle-ci fut accompagnée d’une enfant la rendait pire que n’importe qui. Enchainée, l’Elfe cachait les yeux innocents de sa fille, qui s’était blottie contre elle, son doudou toujours dans les bras.

-Laissez ma fille partir. Vous pouvez me garder moi, mais laissez ma fille.

Kitoe regarda par-dessus son épaule. Sérieusement ? C’était quand-même terrible de prendre tout ce qu’on disait soi-même au premier degré. Une vie sans humour devait être d’une tristesse à couper le souffle. Malheureusement, ça n’était pas propre aux Elfes. C’était un syndrome répandu. Et en plus, il allait falloir le leur expliquer. Elle reprit sa découpe.

-Si je fais ça, on perd tout l’intérêt de la situation.

-Alors c’est ça, ça vous fait rire ? Vous trouvez ça si délectable que de détruire la vie d’un enfant ? D’une famille ? De l’empêcher d’avoir un avenir, tout ça pour satisfaire une lubie qui est loin d’être saine ? Tout ça vous amuse ?

-Oui.

La réponse fut si franche et aberrante que la mère en resta la bouche entrouverte. Cette expression la rendait d’autant plus détestable. Elle ressemblait à l’une de ces femmes qui, adolescentes, avaient été de véritables pestes superficielles ne connaissant que le confort offert par leurs parents plutôt riches.

-Qu’est-ce qu’on vous a fait pour mériter ça ? Qu’est-ce qui vous amuse ?

-Vous ? Rien. Je ne vous en veux pas à vous particulièrement. Ni à plus personne maintenant, d’ailleurs. Vous étiez au mauvais endroit au mauvais moment. La souffrance des autres est un défouloir incroyable, vous savez. Piéger les gens donne une sensation encore plus jouissive. Maintenant, si vous le voulez bien, je ne répondrai que si vous me présentez votre diplôme de psychiatre.

-Vous savez que je peux toujours me libérer.

Il lui suffisait d’invoquer la Nature pour qu’elle reprenne ses droits et ronge ses liens. Elle pouvait elle-même se transformer en plante et se glisser hors de cet endroit. Si elle avait été assez rapide, Fann l’aurait fait sans aucune hésitation.

-Et vous, vous savez que vous avez une fille ?

Il n’y avait rien de mieux que de poser une menace sur les gosses pour faire ployer les parents. Fann serra sa fille un peu plus fort.

-Je ne vous laisserai pas faire.

-Vous me paraitrez plus convaincante le jour où vous ne finirez pas assommée dans les escaliers.

Et ce jour n’arriverait probablement jamais, puisque cela impliquait de sortir un jour de cette pièce.


*


« Chère Kyra Lemingway/Kjell Oesman,

Désolée, je dois encore m’habituer à ton autre nom. Dans tous les cas, j’espère que tu vas bien et que tu avances toujours sur l’ouverture de ton établissement. Moi, ça va super ! J’ai beaucoup travaillé sur mes recettes dernièrement et c’est pourquoi je t’envoie quelques-uns de mes gâteaux ! J’espère qu’ils te plairont car je les ai faits avec tout mon amour ! Autrement, je serais contente d’avoir ton retour pour pouvoir m’améliorer. N’hésite pas non plus à m’en demander d’autres, je t’en ferais avec grand plaisir !

Au plaisir de te revoir très bientôt.

Bon appétit !


Kitoe


PS : la description du panier est au dos de la carte ! »


A gauche, dans le panier à la décoration bleu clair, se trouvait une quiche au jambon dit « de Manaa » - prétendument une région des Enfers où la viande était préparée selon des traditions ancestrales au secret bien gardé. De l’autre côté, Kitoe avait préparé un fondant au chocolat confectionné avec la graisse de la prisonnière, ainsi que des cookies, qui cachaient le même vice.

A côté, il y avait un panier rouge avec la lettre suivante :

« A Zack,

Félicitations ! C’est avec un immense plaisir de nous vous avons choisi pour goûter les différents gâteaux de ce panier confectionné avec amour par nos soins. Nous serions ravis de connaitre votre avis afin de nous améliorer et de vous offrir le meilleur de la pâtisserie, sucrée comme salée. Bon appétit !


Le Goût de l’Idéal


PS : la description du panier est au dos de la carte ! »


Il comportait un pâté en croûte, une tarte au citron meringuée à laquelle elle avait encore incorporé de la graisse, et une tarte à la rhubarbe et aux fraises, pour dissimuler la couleur du sang.

Les deux paniers avaient reçu une petite attention supplémentaire : ils étaient aussi remplis de bonbons en tout genre que Kitoe avait transformé par magie à partir de la chair de la Déchue. Elle espérait que cela leur rappellerait le bon vieux temps à tous les deux.



871 mots sans la lettre de Zack



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[Q] La saveur des siens | Solo

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