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 [Q] - À la croisée des rêves | Aliénor

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 3806
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Sam 25 Avr 2020, 23:13



On the dance floor by Vera Velichko (artstation.com)

À la croisée des rêves

En duo avec Aliénor


Partenaire : Aliénor.
Intrigue/Objectif : Après un rêve étrange, Aliénor et Priam se retrouvent au bal du Cygne Bleu. Et le reste je sais pas parce que les rps sont trop imprévisibles voilà, zut à la fin.
RP précédents : Les Portes IIAsperge, courgette, aubergine et concombreLe bal du Cygne Bleu.


D’une nature plutôt tranquille, Priam ne pouvait pas s’empêcher de bouger quand il entendait le son des ciseaux derrière lui. Habituellement, il nouait ses cheveux et tranchait les pointes lui-même, sans se soucier que les longueurs fussent égales. La dernière fois que quelqu’un les lui avait coupés, il avait une douzaine d’années. Habituellement, son père se chargeait de le faire, à lui et à sa sœur, mais cette fois-ci, sa mère s’était attelée à la tâche. Elle lui avait coupé l’oreille : depuis, une petite cicatrice courait sur le haut de celle-ci. Après cet événement, non seulement il avait laissé pousser sa chevelure, mais en plus, il avait développé une aversion profonde à l’idée que quelqu’un pût la couper à sa place. Pourquoi avoir demandé à Kagami, dans ce cas ? Il voulait les tailler un peu parce qu’ils étaient beaucoup trop longs. Lorsqu’il travaillait, que ce fût avec les bêtes ou pour des traductions, ils devenaient gênants, tombant sans cesse devant son visage. Ensuite, et de manière très secondaire, parce que ressembler éternellement à un épouvantail n’était plus envisageable. Nalim le regardait en grinçant des dents. Ceux qui le connaissaient le regardaient en grinçant des dents. Malheureusement pour ses lubies capillaires, ils commençaient à être nombreux.

L’Ange tapota la surface de l’eau du plat de la main, puis fit jouer ses doigts dessus. « Oui, je suis sûr. » répondit-il, avec l’impatience de celui qui craint pour ses oreilles – ou tout autre chose qui pourrait un peu trop dépasser. « Tu te loupes pas, hein, parce que ce soir, y’a ce foutu bal d’ardyr. » Nalim avait insisté. Lourdement. Priam avait grogné. Méchamment. Il avait perdu le combat. Il comprenait bien, pourtant, qu’il lui fallait être capable de se fondre au sein de n’importe quel milieu social s’il voulait être capable de faire un peu de diplomatie. Surtout les cercles aisés, finalement – ceux qu’il n’avait pas l’habitude de côtoyer. S’il écartait sa mauvaise foi, il pouvait même reconnaître qu’il aimait bien danser. Il y avait quelque chose, dans les mouvements et les échanges qui se créaient, de doux, d’endiablé et de sensuel. Depuis le bal des Douze Cycles Lunaires, et à l’époque où ils se parlaient encore, Anthéa et Ulrich lui avaient appris cet art que les Magiciens maîtrisaient si bien. Néanmoins, les réunions publiques comme celles-ci, où il était question de tenue et d’étiquette, provoquaient toujours chez lui une urticaire spirituelle. « Plutôt comme ça. » indiqua-t-il quand elle lui demanda quelle longueur il désirait, sans perdre le fil de ses pensées. Aux réceptions, on ne pouvait pas péter, roter, boire comme un trou, hurler des chansons paillardes, s’affaler à même le sol, faire des blagues douteuses très fort et très souvent. Il fallait entretenir une certaine distance, transfigurer l’intimité pour qu’elle parût moins crue, respecter une série de codes ennuyants. C’était un génocide de libertés et d’honnêtetés ; or, il chérissait les deux. Parfois, même, on croisait des personnes que l’on n’avait pas du tout envie de voir, et il fallait alors feindre la bonne humeur. Le mensonge ne lui seyait guère. Il regarda son Orine passer devant lui et ferma vivement les yeux à l’approche des ciseaux. Un coup mal placé et il aurait pu perdre un œil. Il ne fallait pas y penser.

A l’exclamation enthousiaste de la jeune femme, il rouvrit les yeux. Il eut à peine le temps de loucher sur son nez qu’il reçut un seau d’eau en pleine figure. La bouche ouverte dans une expression à la fois surprise et outrée, le fils de Réprouvés passa ses doigts sur ses paupières pour en chasser les gouttes. Il planta son regard sur la brune et annonça, sans pouvoir masquer la taquinerie qui encombrait sa voix : « Je me vengerai. »



Lorsqu’il avait découvert à quel point elle avait raccourci sa chevelure, il avait pâli. Mais j’avais dit un peu ! Y’a plus rien ! Kagami, t’as tout coupé ! s’était-il exclamé avec effarement. Bien sûr, un désastre capillaire n’en était jamais un dès lors qu’il était possible de changer d’apparence. Toutefois, il ne s’était pas assez exercé pour parvenir à tenir sur le très long terme. Son aspect finissait immanquablement par tressauter ou se défaire. Il était donc resté devant le miroir, à cligner des yeux comme s’il cherchait à s’accoutumer à une lumière brûlante. Il avait saisi quelques mèches entre ses doigts et constaté à quel point il ne restait plus rien de sa longue tignasse brune. Il avait inspiré profondément, relativisé, réfléchi, relativisé à nouveau, et finalement déclaré que ce n’était pas grave, que cela lui donnait un autre style, qu’il se fondrait en effet mieux dans les masses angéliques et magiciennes, et que si jamais il ne s’y faisait pas, ça repousserait. Il n’avait pas envie que Kagamiko culpabilisât pour si peu. Ce n’était pas très important. Juste des cheveux – mais quand même, sifflait une petite voix entre deux de ses neurones. Sans se voir, la sensation demeurait étrange. Il se sentait plus léger et sentait la brise chatouiller sa nuque. Il avait parfois le réflexe de replacer des mèches derrière ses oreilles alors que ce n’était plus vraiment utile. Il passa sa main dedans, pour les ébouriffer, pour les connaître, pour les apprivoiser. Par gêne, aussi, puisqu’il se tenait désormais au centre des festivités, Kagamiko à son bras.

Toutefois, un sentiment de soulagement serpentait entre ses ventricules. Il n’avait cessé de penser à l’étiquette stricte des Mages Blancs, et découvrait avec étonnement que le bal du Cygne Bleu, en plein air, répondait à bien moins de codes. Nalim le lui avait dit, mais il avait croisé les bras en songeant que c’était une façon de le rassurer et de le convaincre. Il s’était trompé. Les femmes n’étaient pas coincées entre corsets, crinolines étouffantes et chaussures douloureuses. Les hommes portaient des costumes plus relâchés, si bien qu’avec sa chemise blanche et son pantalon bleu marine, il ne faisait absolument pas tache. Par-dessus, il portait une veste bleu sombre piquée de boutons argentés. Il avait même pensé à cirer ses chaussures, ce qui était assez exceptionnel pour être souligné. Si ses parents l’avaient vu accoutré de la sorte, ils auraient eu un fou rire. Avec un pincement au cœur, il supposa que cela n’arriverait probablement jamais.

Ses iris dorés coururent sur les lumières suspendues çà et là, puis cherchèrent des visages familiers. Une voix tinta, qui lui rappela diffusément un souvenir. Interloqué, l’Ailé pivota. Les traits de son visage se détendirent sous l’effet de la surprise. Aliénor. Derrière elle, à quelques pas, il y avait le Nylmord, le Sirigon et ce sorcier qui la suivait mieux que son ombre. Il reporta presque immédiatement son attention sur la jeune femme. Il se souvenait bien de son timbre, parce qu’il l’avait entendu durant la nuit. Ses prunelles tombèrent sur ses lèvres et un frisson coula dans son cou. Le goût du rêve revint inopinément dans sa bouche. Cela lui avait semblé tellement réel que… « Bonsoir, Aliénor. » répondit-il. En s’occupant de ses animaux, il s’était dit qu’elle vivait peut-être en territoire sorcier, désormais, ou en tout cas, qu’elle ne pouvait plus sortir autant que les jeunes gens de son âge. Ce n’était pas ce que lui avait indiqué son rêve, mais ce n’était, après tout, qu’un rêve. Kagami lui fit signe qu’elle les laissait et s’éloigna. Il la suivit du regard quelques instants avant d’observer à nouveau la Magicienne. Elle avait changé, depuis leur première rencontre. « Je ne m’attendais pas à te- vous voir ici. » L’avantage, néanmoins, était que désormais, il parlait couramment le langage commun. Parfois, certains lui faisaient remarquer qu’il lui restait des traces d’accent de Lumnaar’Yuvon, mais c’était apparemment assez discret pour qu’on ne l’interrogeât pas trop. A l’idée qu’ils allaient avoir une conversation hautement plus sensée que la précédente, un sourire fleurit sur ses lèvres. « Je sais ce que veut dire jouer à saute-mouton et gober une pomme avant le mariage, maintenant. » Il n’avait pas envie de la mettre mal à l’aise, au contraire. Il préférait détendre l’atmosphère et formuler ce à quoi elle devait certainement penser, elle aussi. « Vous danseriez ? » s’enquit-il en glissant un regard vers l’orchestre. « Évitez juste de me demander un bisou. Il paraît que votre garde du corps n’est pas très friand de ce type de rapprochements… J’aimerais bien qu’il ne m’embroche pas au bout d’une pique. » Il essayait, aussi, de ne pas repenser à ce songe. Plus ses yeux croisaient les siens, plus il était troublé. Il avait l’impression de tout savoir ; ses manies, son quotidien, ses joies, ses peines, ses peurs, ses espoirs, ses secrets… tout. C’était comme un vertige.



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Aliénor Vaughan
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Aliénor Vaughan
Jeu 07 Mai 2020, 21:14



À la croisée des rêves




La Magicienne regarda un instant la cavalière de l’Ange. Elle sentit une boule d’elle ne savait quoi s’installer dans le creux de son ventre. Peut-être était-elle un peu jalouse, ce qui lui semblait bien idiot. Était-ce son Orine ? Non. Impossible. C’était impossible qu’elle ait vu en rêve quelqu’un qu’elle n’avait jamais croisé jusqu’ici. N’est-ce pas ? Son songe venait la hanter de bien des manières, actuellement. Elle les revoyait tous les deux sur cette nape, à pique-niquer. Elle n’avait même pas besoin de se concentrer pour sentir de nouveau ses doigts courir sur elle. Aliénor se pinça la lèvre et jeta un coup d’œil derrière son épaule, comme pour s’assurer que Lhéasse fût bien parti. Elle ne souhaitait pas qu’il la prenne rougissante, près de Priam. Il se ferait des idées, là où – elle en était convaincue – il n’y avait pas à s’en faire. Le Sorcier lisait trop facilement en elle. Aussi, elle n’avait d’autres choix que de refouler ses pensées aussi souvent qu’elle le pouvait. « Moi non plus. » murmura-t-elle. « Je pensais que vous étiez reparti à Lumnaar’Yuvon. » Elle l’avait dit avec un peu trop d’aisance. Ce n’était pas un mot que les Mages employaient couramment. Seuls les plus érudits articulaient les termes Zul’Dov. Les autres parlaient de Bouton d’Or. Sa phrase en elle-même lui sembla fausse. C’était comme si elle l’avait toujours su, grâce à ce songe qui lui avait révélé qu’il n’avait plus remis les pieds dans sa campagne natale depuis qu’ils s’étaient croisés.

« Ah euh… Oui… Oui. » répondit-elle, encore troublée par ses pensées. Elle resta quelques secondes à le regarder avant de comprendre véritablement ce qu’il lui avait dit, le trait d’humour et tout ce qui allait avec. Son visage se décomposa devant sa propre bêtise avant qu’elle ne se mît à rire. « Veuillez m’excuser, j’ai la tête un peu ailleurs. » Elle replaça l’une de ses mèches de cheveux derrière son oreille avant d’accepter sa proposition. « Un bisou ? Non jamais je n’ose… » commença-t-elle, avant de se rendre compte qu’il plaisantait. Elle plaça sa main sur le côté gauche de son visage, comme pour se cacher. « Pardon. » Elle devait reprendre du poil de la bête sinon, il allait la trouver cruche. Elle retira ses doigts et le regarda, en prenant un air un peu pincé de noble femme. C’était trop marqué pour qu’il pût la croire sérieuse. « C’est que… Je suis tellement peu habituée à vous entendre parler normalement que je ne cesse de me demander si vous avez conscience ou non de ce que vous dites. » Elle leva un peu le menton pour prendre un air princier. « Je ne voudrais pas vous abuser sans m’en rendre compte, Duc Belegad. » Finalement, son petit jeu l’amusait bien. « Allons-y et montrez-moi vos talents de danseur. Ils sont renommés à travers le Monde, de ce que j'ai ouï-dire. » Elle se plaça à côté de lui, posa sa main au creux de son bras et le guida jusqu’à l’un des kiosques qui servait de piste de bal.

Une fois sur place, elle prit position en face de lui. Elle sourit, bien décidé à continuer son petit manège. C’était bien plus évident qu’avoir à lui faire face pour ce qu’ils étaient véritablement. Elle voyait en cet exercice un moyen de détourner le problème, à savoir ce rêve qui ne voulait pas la lâcher et qui lui faisait désirer qu'il plaçât ses mains sur elle d’une manière peu appropriée. Elle se souvenait des mots qu’elle lui avait prononcé, ce « Je t’aime » assuré auquel il avait répondu. Il lui avait parlé d’enfants et… Non non, ne pas y penser. « Mon cher Duc Belegad, que pensez-vous de cette charmante soirée ? » Elle retint difficilement un rire. « J’ai vu que vous étiez accompagné de votre femme, plus tôt. J’espère que la Marquise se porte pour le mieux et qu’elle ne vous a pas abandonné à regret. Je ne voudrais pas éveiller dans son cœur quelques jalousies. » C’était un moyen comme un autre d’aborder l’un des soucis : cette brunette qui était à son bras, plus tôt. Et s’il s’agissait réellement de son Orine, Kagamiko ? Et si ce rêve… ? Non. Chut. La Magicienne baissa un instant les yeux sur sa robe. Elle était assortie au pantalon de l’Ange. Une rose blanche y était épinglée. Elle espérait qu’il ne trouvât pas son décolleté indécent, même si cette peur était hautement injustifiée. Sans tenir compte du rêve, il ne semblait pas être homme à se soucier de la pudeur. Dans tous les cas, objectivement parlant, sa robe n’était pas réellement échancrée, juste un peu arrondie au niveau de sa gorge. « Hum… Voyons… » Elle positionna l’une de ses mains sur son épaule et enlaça leurs doigts. Le toucher lui faisait un drôle d’effet. Elle se rappela cette Réprouvée, avec qui il… « Saviez-vous que ma sœur prétend avoir eu des rapports avec le Prince de Caelum, durant la saison des neiges ? » Si elle avait commencé sa phrase sur le même ton que précédemment, pour s’évader de la situation présente, cela n’eut pas l’effet escompté. Elle écarquilla soudainement les yeux. Et si ? Et si cet homme, le blond, qu’elle avait vu en rêve… et… Ses cils s’agitèrent. Non, c’était impossible. Elle détourna le regard, n’osant plus regarder Priam en face.

879 mots



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Priam et Laëth
Sam 09 Mai 2020, 11:50



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À la croisée des rêves

En duo avec Aliénor



En dépit de son désamour farouche pour les Magiciens, Aliénor dégageait quelque chose qui l’attendrissait. Peut-être parce qu’il l’avait connue avant toutes ces histoires ? Parce qu’elle se retrouvait si liée aux Sorciers qu’il ne pouvait qu’éprouver de la compassion à son égard ? Parce qu’elle était tout autant victime de rumeurs que sa famille ? C’était possible. Ou peut-être était-ce dû à ce sentiment de compréhension intense et inattendu qui cueillait son esprit à chaque fois qu’il songeait à elle depuis son réveil ? C’était étrange et improbable. Se tenir si près d’elle lui rappelait des souvenirs qui n’en étaient pas ; le trouble agitait ses prunelles, quoiqu’il fît de son mieux pour le cacher. Il sourit à sa pointe d’humour et se laissa entraîner jusqu’à l’un des kiosques. Les lumières discrètes qui entouraient la petite construction se reflétaient dans les yeux de la jeune femme. Tandis qu’il lançait un regard vers un pan de ciel étoilé, il songea qu’il n’aurait qu’à se concentrer sur la danse pour ne pas trop repenser à cet épisode nocturne. « Duc Belegad, hein… » répéta-t-il, sans savoir s’il devait juste être dubitatif ou s’il pouvait aussi s’en amuser. Il s’imaginait bien évoluer parmi les nobles, tiens. Il y aurait eu de quoi embêter deux ou trois esprits bien étriqués. « Bon, je vais essayer de ne pas vous décevoir, dans ce cas. » Les mouvements gracieux et aériens ne pouvaient pas encore se vanter d’être devenus des réflexes. Pour s’être entraîné, il les maîtrisait, cependant, il ne les déroulait pas avec virtuosité. « Ne criez pas trop fort si je vous marche sur les pieds, s’il vous plaît, ça nuirait à ma superbe réputation. » Il posa une main sur sa taille. L’étoffe de sa robe était différente de celle qu’elle portait dans le songe. Elle était plus épaisse, plus encombrante. Il lui vint l’idée fugace de l’en débarrasser, mais la chassa. Si cela n’avait tenu qu’à lui, personne ne chercherait à s’empêtrer sous tant de couches de vêtements.

Le jeu de rôles qu’elle avait instauré l’avait sans nul doute pris au dépourvu. Néanmoins, il se souvenait du temps où sa sœur et lui s’inventaient des identités et des histoires pour nourrir leurs aventures à travers les champs de Lumnaar’Yuvon. C’était le même principe. Pour donner le change, il suffisait d’aller puiser là où l’enfant dormait. « Moins désagréable que ce que je croyais. » répondit-il sans détour. « Et pour la Marquise, ne vous faites pas de souci, elle n’est pas de nature jalouse. » Cela demeurait assez difficile d’imaginer Kagami en marquise. Il ne pouvait s’empêcher de la revoir sur les toilettes, un gâteau à la main et des miettes éparpillées autour de la bouche, en train de lui raconter ses dernières péripéties culinaires. « Elle aime bien s’éclipser, de temps à autre. » Surtout quand il y avait des femmes dans les parages. Il n’avait rien demandé, mais la brune paraissait s’éreinter à lui trouver quelqu’un. Ça le faisait grogner, ce qui ne changeait pas beaucoup de ses habitudes. « C’est Kagamiko. Mon Orine. » précisa-t-il. « Je crois qu’elle voulait rejoindre quelqu’un, de toute façon. » Elle lui avait un peu parlé d’Ahes. Aux yeux de Priam, il était très clair que l’Ange nourrissait des sentiments à l’égard de la jeune femme. Il ne pouvait pas en dire autant d’elle. Une Orine pouvait-elle aimer comme tous les autres êtres ? Lui n’y voyait aucun inconvénient, mais il se questionnait, parfois, sur l’essence de leur lien et les entraves qu’il posait sur elle. Pour changer de sujet, il enchaîna, sans se départir d’un sourire en coin : « Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que vous parlez très bien le Zul’Dov. » Il avait été si surpris qu’elle employât le nom réprouvé de Bouton d’Or qu’il ne l’avait pas oublié. Lumnaar’Yuvon. Malgré son sourire, un pincement avait piqué son cœur à cette pensée. Il était vrai que la dernière fois qu’elle l’avait vu, il avait affirmé n’être que de passage. « Je suppose que si vous avez un doute sur ce que je vous dis, vous pourrez me demander de répéter dans ma langue. » la taquina-t-il.

Leurs doigts entrelacés, il entama les premiers pas de danse. Se concentrer là-dessus. Rester concentré. Pourtant, la question d’Aliénor le ramena à ce qu’il voulait éviter. Sa sœur. Isabeau ? Celle qui était enceinte d’un peu plus de trois mois ? Celle qu’il avait vue dans ce rêve ? C’était comme leur valse, finalement. Ils tournaient en rond, inlassablement attirés par leur point de départ. La gêne qu’elle manifesta le perturba. « Qu’est-ce qu’il se passe ? On dirait que vous venez de voir un fantôme. » Il esquissa un sourire qui se voulait espiègle. « Vous vous inquiétez pour votre sœur ? Elle doit juste fabuler. Isiode Yüerell est sur Orhmior, et y était déjà cet hiver. » En revanche… Une lueur passa dans les yeux de l’Ange. Il y avait bien eu un sosie du Prince de Caelum sur les terres magiciennes, quand la neige recouvrait encore le paysage. Il l’avait vu de très près. Il n’avait aucune idée de ce qu’il avait fait pendant que Za était chez lui. Et si…? Il serra les dents. S’il avait été plus proche de la Fille au Chapeau, il aurait pu lui dire frontalement qu’il avait rêvé d’elle, et peut-être qu’elle aurait pu lui confirmer ce qu’il croyait savoir – il repensa brièvement à son entrevue avec le Monarque Démoniaque. Après tout, certains faisaient des songes prémonitoires. Pourquoi ne pourrait-il pas exister d’autres formes de rêves lucides ? Toutefois, compte tenu du contenu onirique, de leur relation réelle et de ce qu’il savait des us et coutumes magiciens, il préféra ne rien dire. Peut-être pourrait-il désépaissir ce mystère par des questions détournées ? « Vous m’aviez dit que si vous couchiez avec un homme, vous deviez l’épouser, d’ailleurs, non ? » Il était possible qu’il n’eût rien compris, mais il lui semblait se rappeler qu’elle avait dit quelque chose comme ça, à propos de ses mains sur ses cuisses ou du baiser. « Elle veut épouser Yüerell ? » Un sourire amusé étira les lèvres de Priam, tandis qu’au fond de lui, il connaissait déjà la réponse – il l’avait vécue.



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Aliénor Vaughan
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Aliénor Vaughan
Dim 17 Mai 2020, 12:15



À la croisée des rêves



Le trouble d’Aliénor ne faisait que s’intensifier, de seconde en seconde. C’était impossible. Elle avait dû entendre parler de Kagamiko autrement, même inconsciemment. Ses sœurs n’arrêtaient jamais de relayer mille et une rumeurs. L’arrivée d’une Orine aux Jardins n’était très certainement pas passée inaperçue. L’Ange à qui elle était liée devenait de plus en plus connu, ce qui, fatalement, le plaçait au cœur des racontars. Beaucoup des filles du Conte Vaughan étaient presque en âge de se marier. Les conversations allaient donc bon train sur les hommes célibataires, Magiciens ou non. Isabeault avait même un journal recensant tous les bons partis. Elle y passait un nombre d’heures considérable, en comparant chaque homme en fonction de leur réputation, titre nobiliaire, fortune, physique. Les qualités qu’elle recherchait n’étaient guère très profondes. La Magicienne était d’une superficialité affligeante. « Geh. Io ray sil Zul’Dov. » Oui, je demanderai en Zul’Dov répondit la Fille au Chapeau, en se surprenant elle-même, après une réflexion sur totalement autre chose. Son accent n’était pas si horrible ; il avait la saveur de quelqu’un qui avait écouté une langue toute sa vie sans jamais la prononcer pour de vrai. C’était exactement ça. Le Rêve lui avait fait expérimenter une existence entière dans la peau de l’Ange et, même si elle avait parlé en étant lui, ils n’avaient pas le même physique. « Je… Hum… J’ai appris un peu après vous avoir rencontré. J’étais curieuse. » mentit-elle, se sentant forcée de justifier ses connaissances.

« Oui… Il est sur Orhmior. » murmura-t-elle, en daignant poser de nouveau les yeux sur Priam. « Elle fabule. Elle fait toujours ça. » conclut-elle en se forçant à sourire, avant que l’Ange ne relance la conversation. La musique changea à ce moment-là. Il s’agissait à présent d’exécuter des pas sur le côté, de lier la main droite de la femme à la main gauche de l’homme et de tourner autour de ce point de convergence avant de briser le contact et de faire de même avec les mains opposées. Parfois, les danseurs revenaient l’un en face de l’autre, rapprochaient leurs deux corps et les éloignaient. C’était un jeu d’ambivalence. Un pas en avant, un autre en arrière : je me donne, je me soustrais. Aliénor se perdit un instant dans l’exécution – trouvant que les rapprochements les… rapprochaient trop, justement – avant d’enfin répondre, non sans avoir légèrement rougi. Ce n’était pas tant pour Isabeault. Dans son rêve, Priam et elle avaient été bien au-delà d’un simple baiser. « Oui c’est mieux. C’est ainsi que les choses doivent se passer si l’on en croit la tradition. Certains Mages Blancs ne la respectent pas mais, dans la noblesse, il est de coutume de ne pas se laisser courtiser par tout le monde. C’est très mal vu par la plupart des familles. » Parfait. Si elle lui faisait un cours sur les bonnes manières, elle n’aurait plus à penser au reste. « Certains sont plus libertins mais leur réputation est très mauvaise. Ce sont des gens peu fréquentables. » Aliénor aperçut le Baron Paiberym au milieu de la foule. Il tombait parfaitement pour illustrer ses dires. « Le Baron Kaahl Paiberym, par exemple, n’a jamais consommé parce qu’il n’est pas marié. C’est ce que l’on raconte et c’est sans doute la raison pour laquelle il a décidé d’adopter récemment. Alors qu’Ignatius Worth a une réputation affreuse, comme ma sœur. Les deux ne cessent de courir les jupons pour l’un et les meilleurs partis pour l’autre. C’est scandaleux. Alors oui, j’imagine qu’elle compte l’épouser, Isiode Yüerell. Sauf que je suis certaine que ce n’est pas le Prince de Caelum qui était avec elle cette nuit-là. Je ne connais pas l’homme personnellement mais beaucoup le disent froid. Et il y a eu cette horrible histoire, comme quoi il aurait assassiné des malades sans la moindre émotion… Je… Je ne crois pas qu’un tel homme s’intéresserait à Isabeault, surtout que, comme vous l’avez dit, il n’était pas présent au moment des faits. » La Comtesse fit un signe de la tête en direction du Baron, agrémenté d’un sourire, n’ayant pas envie qu’il pensât qu’elle pût le critiquer derrière son dos. Pourtant, quelque chose en elle lui semblait étrange, à cause de Priam, justement, et de ce rêve. Dans ce dernier, les sentiments de l’Ange à son égard – et donc les siens à ce moment-là – étaient négatifs. Elle avait néanmoins bien du mal à s’aligner sur son point de vue, étant une Magicienne et ayant toujours vu l’Honorable comme un homme bienveillant. Cela créa une ambivalence chez elle et elle se promit d'essayer de ne plus parler de l'Ange de Volatys à partir de maintenant.

« Vous hum… Vous avez revu des proches depuis votre installation aux Jardins de Jhēn ? » Comme cette femme blonde et le Démon qui ressemblait à Isiode Yüerell, par exemple. Le terrain devenait de plus en plus glissant. Elle en avait conscience. Plus elle poserait des questions, plus elle risquait d'obtenir des réponses qui la mettraient mal à l'aise.

819 mots



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Priam et Laëth
Lun 18 Mai 2020, 16:27


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À la croisée des rêves

En duo avec Aliénor



Sous les griffes d’un frisson, son dos se raidit. Le Zul’Dov était une langue rarement apprise. Aux yeux des autres peuples, elle manquait d’élégance. Ses tonalités sèches et ses accents durs lui conféraient une aura barbare qui répugnait la plupart des gens. Tout donnait à penser que les Réprouvés la gardaient jalousement. A Lumnaar’Yuvon, du moins, entendre un étranger imiter les vocables adorés provoquait grincements de dents et grognements intimidants. Et pourtant, le néophyte qui n’aurait pas parlé la langue eût été considéré avec bien plus d’animosité. C’était leur paradoxe. Les iris de Priam scrutèrent le visage d’Aliénor. Il avait envie de lire ses pensées, juste un instant, juste pour être sûr. Il n’arrivait pas à la croire. Il savait qu’elle n’avait jamais appris sa langue maternelle. Il voyait qu’elle mentait. Son attitude transpirait de gêne. Quand bien même elle aurait commencé à l’apprendre, il lui paraissait surprenant qu’elle maîtrisât cet idiome aussi bien. À moins que… La raideur gagna ses mains, qui se crispèrent légèrement autour du corps de la jeune femme. « C’est tout à votre honneur. » finit-il par réussir à lâcher.

Visiblement, les fabulations sont de famille, ne put-il s’empêcher de songer. Toutefois, il ne dit rien, et se contenta de l’écouter. Sans s’y être intéressé, il avait déjà cru comprendre ce qu’elle lui expliquait. Néanmoins, cela lui paraissait toujours aussi étrange – étrange, et en même temps, il le concevait d’une façon tristement claire, depuis ce rêve. Pour les Réprouvés, le sexe, l’amour et le mariage se révélaient être trois choses différentes. Tandis qu’il songeait fugacement à plusieurs conversations qu’il avait eues avec ses pairs à ce sujet, un nom résonna entre les lèvres de la Magicienne, un nom qui lui déplut. Il serra les dents et se retourna. Il était là. Il portait un enfant et une jeune femme restait près de lui. Le fils de Réprouvés fronça les sourcils, sans même chercher à cacher la répulsion qu’il lui inspirait. Il n’avait pas songé qu’il pourrait le croiser ici ; et pourtant, quoi de plus logique ? Il le savait, il l’avait vu : parmi son peuple, cet homme était respecté et apprécié – admiré, même, depuis son exploit en tant qu’Ange de Volatys. Pourquoi aurait-il manqué une mondanité ? Comme Aliénor poursuivait sa leçon illustrée, il fit l’effort de reporter son attention sur elle.

Lorsqu’elle évoqua le Boucher, il tressaillit. En apprenant la nouvelle, il avait été ravi que sa sœur ne fût pas partie pour Orhmior. Si elle était tombée malade, et que cet homme l’avait achevée sans la moindre empathie… Si elle l’avait côtoyé, lui qui prenait la vie sans atermoiements… Il ne savait que peu de choses du soldat Yüerell, mais la réputation qu’il endossait ces derniers temps ne le mettait guère en valeur. La fille Vaughan avait raison. Quand bien même il n’aurait pas été en explorations, il n’aurait pas pu s’être perdu dans l’étreinte de sa sœur – d’autant plus qu’il aurait fallu qu’il l’aimât. Et si ça n’était pas lui… Le signe de tête d’Aliénor le fit se retourner à nouveau. Forcément, il était toujours là. Il se demanda qui était la jeune fille à son bras, si elle détournait ses passions qui s’agitaient à l’égard de Laëth. Elle avait l’air plutôt quelconque et ils ne semblaient pas particulièrement proches, mais tous les espoirs étaient permis. Agacé de tant s’attarder sur un homme qui n’aurait rien mérité d’autre que son poing dans la figure, l’enfant de Bipolaires pivota pour faire face à sa cavalière.

« Oui. » Il la détailla, avant de poursuivre : « Une amie et son… je ne sais pas trop quoi. » Il avait fait un effort pour ne pas grogner la fin de la phrase, mais son ton lui donnait tout de même l’air de quelqu’un de bougon. Il grimaça. Devait-il lui dire qu’il ressemblait à Yüerell ? Il en avait envie, et d’un autre côté… « Ils sont partis pour Gona’Halv. Je ne pense pas que je les reverrai bientôt. Comme tous les autres, d’ailleurs. Je ne suis retourné qu’une fois à Lumnaar’Yuvon. Mais rapidement. » Il s’arrêta. « En fait, je suis reparti aussitôt. » Sa phrase se termina dans un souffle. « Une fois que vous avez déserté, vous n’êtes plus le bienvenu. » précisa-t-il. Elle n’avait pas tort : les explications instauraient assez de distance pour que même les douleurs les plus profondes parussent dérisoires. L’amertume persistait, cependant, et militait pour répandre son venin. « Une histoire de convenances, comme les coutumes magiciennes eu égard au mariage. Même si je les pense moins rigides que les nôtres. J’ai rencontré le Comte Worth, et il ne m’a pas semblé que contrevenir à l’usage lui ait coûté beaucoup d’opportunités. » Il sourit, du même sourire que les diplomates savaient servir sans y croire. « Et tenez, regardez le Baron Paiberym. » Le regard de l’Aile Blanche glissa jusqu’à celui-ci, pour mieux revenir aux yeux bleus d’Aliénor. « Il paraît qu’il a engrossé ma sœur, après tout. Quelles conséquences, pour lui ? Votre peuple le tient en aussi haute estime qu’avant toute cette histoire. » Bref silence. « Enfin, la conclusion, c’est que certains s’en absolvent sans trop de souci. » Il haussa les épaules. Il n’avait pas pu se contenir, pas face au parallèle établi entre ces deux injustices. Elles n’avaient pas à être comparées, parce qu’elles n’avaient rien de commun. Les Réprouvés n’avaient rien de Magiciens ; quitter une terre n’équivalait pas à aimer un corps ; surtout, les faits n’étaient pas des rumeurs. Il ne l’ignorait pas, mais à cet instant, il s’en moquait éperdument. Tout lui pesait. Ses rêves avortés, les rumeurs éhontées, les mensonges prononcés, les faux-semblants acceptés. Ou peut-être que c’était ce songe, ou le trouble de la brune qui reflétait le sien et l’alimentait toujours plus. Ses prunelles s’étrécirent, sa main se resserra sur la Mage Blanche, et d’une voix plus ferme, il l’interpella : « Aliénor. » Lorsqu’il fut certain d’avoir toute son attention, il lança : « Qui vous a appris à parler Zul’Dov ? » Il aurait voulu lui dire qu’il savait qu’elle n’avait jamais appris cette langue, mais la possibilité qu’elle perdît complètement la face l’en avait dissuadé. Il dansait toujours.

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Aliénor Vaughan
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Aliénor Vaughan
Mer 27 Mai 2020, 20:45



À la croisée des rêves



Aliénor se pinça les lèvres lorsqu’il lui annonça qu’il s’agissait d’une amie et de « son » quelque chose. C’était un homme, un homme qu’il n’aimait pas. Elle l’avait vu. Aussi, elle sentit son corps subir quelques assauts de la panique qu’elle commençait à ressentir. Et si tout ceci avait été vrai ? Et s’il ne s’agissait pas du tout d’un rêve ? Si. Si c’était un rêve, sinon Lhéasse l’aurait tué. Le Sorcier n’était pas présent dans ce dernier. À moins qu’il ne s’agît d’un endroit comme Omi’Ake ? Ou, mieux, comme les Portes ? Inaccessible pour ceux qui n’étaient pas choisis par la lumière ? L’étrange phénomène était en cours d’étude aux Palais de Coelya. Des universitaires étaient en train de se pencher sur la question, de parcourir les livres d’Histoire afin de trouver un précédent et de recenser les fameux Élus pour tenter de trouver un point commun entre eux. Son père lui en avait parlé. Pour le moment, le sujet restait flou et les rumeurs le concernant étaient aussi nombreuses qu’absurdes. « Ah oui je vois… Mais d’un côté peut-être que ce n’est pas plus mal. » souffla la Magicienne à mi-voix. Après tout, cette femme avait abusé de lui. Il n’avait pas l’air de lui en vouloir, actuellement, mais… Elle ne comprenait pas comment il pouvait encore la qualifier d’amie. Elle lui avait volé sa première fois. Il ne l’aimait pas d’amour. Les choses auraient pu très mal tourner. D'un autre côté, il avait vécu bien pire à Avalon. « Oui… » dit-elle, ne sachant comment se positionner au juste. « Mais votre sœur n’est pas enceinte, n’est-ce pas ? » Bien sûr que non, parce que c’était impensable qu’il en fût autrement. « Surtout en ce moment… Les grossesses sont plus difficiles. Même s’ils l’avaient fait, ça aurait été un miracle qu’elle le fût. Des couples mettent des mois voire des années avant de réussir à avoir un enfant alors… Et puis, elle est à Iyora, non ? C’est donc impossible. » Elle ne savait qu’en penser. Ça lui semblait inconvenant de parler de ça, d’autant plus que ça lui faisait penser à leur propre situation et à ce rêve. « J’espère que je n’aurai pas ce genre de problèmes de conception. J’aimerais avoir beaucoup d’enfants. » Le seul souci c’est qu’elle ne les désirait pas de Lord. Elle n’avait aucune envie de coucher avec lui, même s’il était loin d’être hideux. Simplement… Il s’agissait de l’Empereur Noir et elle n’avait aucune affinité avec lui, elle en était convaincue.

« Hum ? » demanda-t-elle, en ancrant ses yeux dans ceux de l’Ange. Elle avait un mauvais pressentiment. La question ne tarda pas à tomber. Quitte à choisir, elle aurait préféré continuer sur les rumeurs et les grossesses. « Ah c’est… quelqu’un. » laissa-t-elle entendre, totalement à court d’idées. Son cou portait les stigmates d’une certaine tension. « Je euh… » Elle déglutit et préféra descendre son regard pour ne plus avoir à supporter la couleur noisette et le potentiel jugement de celui de l’homme. Elle n’aimait pas mentir de façon effrontée. Elle racontait souvent des histoires mais elle s’en voulait rapidement lorsqu’elle ne le faisait pas par taquinerie. À présent, elle ne savait plus réellement quoi faire. « C’est que… » Comment lui parler de ça ? D’un autre côté, ce n’était qu’un rêve, un peu étrange, certes, mais un rêve. Que risquait-elle à le lui avouer ? Elle n’avait qu’à omettre la partie qui les concernait, tous les deux. Peut-être était-ce sa magie ? Peut-être développait-elle certains pouvoirs qui lui permettaient de voir le passé ? Elle n’en savait rien. « Écoutez… Personne ne m’a appris, en réalité. Simplement, je ne sais pas comment vous dire ça sans que vous me preniez pour une folle ou pour une harceleuse. J’ai euh… » Elle s’interrompit. « Ne vous moquez pas, s’il vous plaît. » lui dit-elle, comme si elle craignait des mots blessants venant de sa bouche ou, pire, qu’il se détournât d’elle. « J’ai fait un rêve étrange et, dedans, c’était comme si je vivais votre vie. Je n’ai rien compris. Je ne sais pas comment ça se fait, ni si ce que j’ai vu est vrai. Simplement… c’est comme ça que j’ai appris le Zul’Dov. Ça semblait si véridique… les champs d’or et votre sœur… Les disputes de vos parents, le travail, et cette femme dans la rivière… Enfin je… Je n’avais pas très envie de voir ça mais… » Et si c’était vrai ? C’était comme avoir violé son intimité. « Je… Je suis sûre que tout ceci est faux de toute façon. C’est simplement ma magie qui doit faire des siennes et le fruit de mon imagination. » Le déni était bien plus rassurant. « Ne vous inquiétez pas… » Elle releva les yeux vers lui, un peu embêtée. Le reste, le pique-nique, les sources, elle allait le garder pour elle.

810 mots



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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Jeu 02 Juil 2020, 08:57



On the dance floor by Vera Velichko (artstation.com)

À la croisée des rêves

En duo avec Aliénor



« Non, elle ne l’est pas. Heureusement. » D’abord pour elle-même, qui espérait mener une carrière militaire florissante, ensuite parce que la famille Belegad n’était sans doute pas prête à accueillir des Magiciens en son sein. Des Anges, des Démons, pourquoi pas ? Ils pouvaient s’en accommoder. Mais que des Mages Blancs sortissent des entrailles de l’une des leurs ? Parce qu’elle le restait, malgré sa traîtrise. C’eût été un autre affront à ceux qui l’avait élevée. Et en même temps… Les yeux de Priam s’arrimèrent à ceux d’Aliénor. Il l’avait désirée si fort, dans ce rêve. Là encore, elle ne le laissait pas indifférent. À Lumnaar’Yuvon, il aurait sans doute tenté de la faire reculer vers la rambarde du kiosque afin qu’elle leur servît d’appui pour échanger des baisers passionnés. Peut-être seraient-ils allés plus loin ? Au creux des méandres oniriques, ils avaient fait l’amour. Ce souvenir sans consistance réelle l’aurait peut-être inspiré. « Vous devriez vous y mettre rapidement, dans ce cas. » souffla-t-il, comme un écho à cette nuit partagée par leurs âmes. Il disait cela alors qu’il ne lui souhaitait pas d’enfanter une vingtaine de Sorciers. Pourtant, il semblait qu’il ne pût en être autrement. D’après les murmures des chimères, son garde du corps attitré veillait à ce que nul n’approchât Aliénor dans le but de la courtiser. Bien qu’il n’eût aucun geste déplacé ou aucune phrase de trop, Priam risquait probablement sa vie ce soir. Les Sorciers cachaient à peine les monstres qui les gangrénaient. Il soupira doucement.

Le besoin de savoir ne le quittait pas. Lorsqu’elle entama une réponse, il était solidement accroché à ses lèvres, prêt à tout, prêt à entendre ses doutes confirmés. Plus elle hésitait, plus une idée de la vérité se frayait un chemin entre les synapses du brun. « Je ne me moquerai pas. Promis. » affirma-t-il. Son cœur battait plus rapidement que la musique qui les emportait. Il craignait que, trop troublés, ils ne s’arrêtassent brutalement. Il n’avait pas envie d’attirer l’attention sur eux. L’Ange déglutit. Ses doigts se resserrèrent autour de la jeune femme dès qu’elle avoua avoir fait un rêve. Il ne l’interrompit pas ; il la laissa exprimer pleinement ce qu’elle avait expérimenté, ce qu’ils avaient expérimenté. Comme elle mentionnait Za, il détourna le regard. Elle n’avait pas seulement vu la scène de la rivière. Elle avait vécu cette nuit d’hiver durant laquelle il s’était uni à elle. Elle avait vécu Avalon avec Pétasse. Elle avait vécu d’autres moments qui n’avaient pas vocation à être sus. Des moments d’intimité ou des secrets. Les plaisirs solitaires, les fantasmes, les rêves inavouables. Asriel, l’Agbara, Ahena. Surtout, le fils de Réprouvés découvrait que les songes n’étaient pas toujours ce qu’ils semblaient être. Plus que des escapades nocturnes, ils s’apparentaient désormais, dans son esprit, à des mondes parallèles où la réalité se tord. De qui étaient-ils le domaine ? Qui y régnait, et dans quel but ? « Je ne m’inquiète pas. » souffla-t-il. Si le trouble remuait ses prunelles comme le vent crée les vagues sur l’océan, aucune colère, aucune angoisse, n’y perçait. Il était déstabilisé par le vertige qui l’engloutissait. Une lueur d’appréhension voguait tranquillement. Rien de plus. Il luttait contre le gouffre qui les attirait.

L’Ailé les guida doucement vers l’extérieur de la piste. Il en avait oublié cet horrible Baron, plus loin. Il s’arrêta, sans pour autant lâcher les avant-bras de la Magicienne. D’un mouvement, elle aurait pu se dégager. « Je ne crois pas qu’il s’agissait de votre magie, Aliénor. » La musique continuait sa danse sans eux. « C’était quelque chose qui nous dépassait. » Il avoua : « J’ai fait le même rêve. » Avec toutes les implications que cela comportait. Ils avaient fait l’amour. Il était même amoureux d’elle. Qu’en penser ? L’incertitude conférait à ses traits un aspect plus sévère. « Du moins, je crois. Dites-moi si je me trompe : vous avez vingt-et-une sœurs. Bleuette, Abéliane, Clérice, Francette, Pâquerette, Ludicia, Isaure, Charlette, Isabeault, Calypso, Wiliburge, Douce, Ambroisine, Alba, Carmen, Péronnelle, Fantine, Reine, Cunégonde, Hermine et Séphora. Wiliburge a un chat, Némésis, un gros chat gris, qui aime bien se promener dans votre jardin. Ludicia joue du violon, mais elle a souvent l’air distraite. Abéliane est une petite fille blonde dont on dit qu’elle est très belle. Vous ne supportez pas Isabeault – d’ailleurs, je pense que c’est Erek qui a couché avec elle. Et je crois bien que je pourrais répondre à toutes les questions que vous pourriez me poser sur votre famille, ou n’importe quoi d’autre… » Il avait gardé ses yeux rivés sur elle. « Ne soyez pas gênée. Je ne vous juge pas. J’ai connu pire. » Un sourire perturbé courut sur ses lèvres. « Vous avez d’ailleurs sans doute vu pire que ce que j’ai pu voir moi-même. Je n’ai ni la vie ni les habitudes d’un Magicien. » Avait-il honte, lui ? Sans doute. Pour quelques éléments, du moins. Il n’était pas moins humain qu’elle. Plus débridé du fait de son éducation réprouvée, oui ; mais lorsqu’il mettait son vécu en perspective avec les mœurs de la jeune femme, certains souvenirs lui semblaient bien crus. « Je suis désolé si certaines scènes vous ont choquée, je… » Il s’interrompit et baissa la tête, les sourcils froncés. « C’est très bizarre. » Il ignorait quoi dire, et s’il l’avait su, il aurait été bien en peine de le formuler.

Lorsqu’il se redressa, son regard rencontra la silhouette de Lhéasse, quelques mètres plus loin. Il se renfrogna. « Je crois que quelqu’un vous attend. » Il laissa ses mains glisser jusqu’aux siennes, puis les lâcha et s’écarta. « J’aurais aimé qu’on puisse en discuter plus amplement, mais il me semble que votre garde du corps ne le verrait pas d’un bon œil. » Comme il s’approchait, il lui jeta une œillade, avant de revenir à Aliénor. « Ne dites rien, s’il vous plaît. » Pour Asriel, pour Ahena, pour l’Agbara. Le reste de son existence avait peu d’importance. « Je n’en parlerai pas non plus. » De Zane, de son rêve étrange, de Lord, de tout. L’Aile Blanche se détourna et descendit les premières marches du kiosque, avant de s’arrêter pour pivoter à nouveau vers elle. « Bon courage. Essayez quand même de profiter de votre soirée. » Cette fois-ci, il partit vraiment. Derrière lui, un sillage de questionnements, perclus d’un trouble trop grand.

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Aliénor Vaughan
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Aliénor Vaughan
Mer 14 Oct 2020, 16:49



À la croisée des rêves



La réalité sembla se dérober, petit à petit. L’esprit d’Aliénor se troubla, comme l’eau dans une flaque après le passage d’un enfant bien trop turbulent. Elle ne voulait pas croire qu’il en fût de même pour lui. Ça remettait beaucoup de choses en question et… « Oh. » Un instant, elle crut avoir violé les termes de son contrat de mariage. Elle devait rester vierge et… Non, ce n’était qu’un rêve. Et, en plus de ça, elle n’était pas sûre que ça se sentît réellement. Elle ne connaissait pas bien la différence. Est-ce que ça saignait toujours ? Ça lui faisait peur. Certaines avaient mal. C’est ce que lui avait dit Isabeault, que la première fois était semblable à une aiguille qui transperce le doigt. Même si elle se disait que sa sœur en rajoutait exprès, elle ne pouvait s’empêcher de frémir. La blonde lui avait d’ailleurs signalé que les Sorciers étaient violents et qu’elle le sentirait passer, qu’elle ne pourrait sans doute plus marcher pendant des jours, en plus d’avoir un monstre dans le ventre qui ferait d’elle une Mage Noire. Pourtant, dans ce rêve, l’acte avait été agréable et… « Je… » La peau de ses joues avait sans doute viré au vermeil. « C’est assez… » Elle n’arrivait pas à déterminer sa position quant à cette conversation. Perdue dans un flot incalculable de questions, elle se demanda s’il avait simplement vécu sa vie ou s’il avait, lui-aussi, rêvé de ce pique-nique et de ce bain si particuliers. Peut-être qu’elle était la seule dans ce cas là. Il l’avait vue nue… Elle rougit davantage. Et en train de faire pipi. Et en train de faire caca. Et vomir quand elle avait été malade. Et… Et il avait vu lorsque sa robe avait été tâchée par ses règles en présence de Harald. Les disputes avec ses sœurs, les discussions puériles avec ses amis… Elle émit une petite plainte d’impuissance. Malgré ce qu’il lui disait et ses essais pour la rassurer, ça ne fonctionnait que très moyennement. Certes, en y repensant, peut-être était-elle choquée par certaines scènes de sa vie, que celles-ci se fussent déroulée à Lumnaar’Yuvon ou ailleurs, mais… « Hum… » Elle ne savait ni quoi dire, ni quoi faire.

Pour une fois, elle fut presque heureuse de voir Lhéasse. Oui. Non. Elle n’était pas certaine. Elle aurait aimé rester avec Priam davantage mais, d’un autre côté, la facilité de la fuite lui tendait bien trop les bras. Avec un peu de chance, ils ne se recroiseraient qu’en des occasions mondaines dans lesquelles ils n’auraient pas la possibilité d’évoquer de nouveau le sujet. « Ah oui… Lhéasse il n’est pas très… » Allait-elle finir une phrase un jour ? « Je ne… Je ne dirai rien. » susurra-t-elle. « Promis. » décida-t-elle de rajouter. « Et ne dîtes rien non plus. Surtout pas à ma tante que j’ai mangé ses biscuits. Elle me tuerait. » C’était l’une de ses grandes hontes. Dans son enfance, elle avait chipé un bocal destiné à sa cousine. C’était un cadeau d’anniversaire. Sa mère avait été furieuse et Aliénor n’avait jamais osé avouer son forfait à quiconque. Il y avait des choses plus graves et dures dans sa vie mais elle préférait ne pas les aborder. « Vous aussi… » Elle l’avait murmuré. Elle se demandait où est-ce qu’il allait se rendre à présent. Rentrer chez lui ? Rejoindre son Orine ? Retrouver d’autres connaissances ?

Lorsque Lhéasse la rejoignit, il la fixa un instant, en silence. « Vous êtes encore rouge. » finit-il par laisser entendre. « Ce n’est pas ce que vous croyez. » répondit-elle, en fronçant les sourcils. Il sourit, goguenard. « Ah oui ? » « Oui ! » « Je vois. » commenta-t-il, en lui tendant son bras. Elle le prit. « Vous le trouvez séduisant, n’est-ce pas ? » demanda-t-il. « C’est votre droit. Votre mari ne peut pas être le seul homme qui vous plaise. » « Mon mari ne me plait pas ! » s’insurgea-t-elle. Il s’humecta les lèvres et arrêta son mouvement. Il avait commencé à marcher. « Vous êtes aussi capricieuse qu’une enfant, Aliénor. Niklaus est loin d’être laid. Vous auriez pu tomber sur bien pire alors ne vous comportez pas comme une gamine pourrie gâtée. Il est Roi. Il vous apportera bien plus que n’importe quel freluquet que vous pourriez croiser ici. » « Mais je ne l’aime pas ! » Il attrapa son poignet et le serra de façon à lui faire comprendre qu’elle dépassait les bornes. « Mesurez vos propos ! » Le menton de la Magicienne se mit à trembler. Elle détestait lorsqu’il lui parlait sur ce ton.

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