Intrigue : Hanako arrive à Myngrimu et attend le début de l'épreuve de la Coupe des Nations Vampirique.
RP Précédent : Dhrysh dù nandh ve dia fuin

« C’est par là. » indiqua le vampire en indiquant une ruelle devant lui. Les quatre voyageurs commencèrent à suivre le guide, qui se stoppa en comprenant que les Ygdraë avaient l’intention de venir avec lui. « La fille vient seule. » trancha-t-il. Son ton était sans appel. Il ne leur laissait pas le choix : leurs chemins se séparaient ici. Hanako inspira profondément avant de se tourner vers ses compagnons. Elle les regarda à tour de rôle, se mordant la lèvre inférieure. Elle ne savait pas quoi dire. Elle qui d’habitude se révélait suffisamment bavarde pour entretenir seule une conversation s’il le fallait n’avait plus aucune envie de parler. C’était à peine si elle avait prononcé le moindre mot depuis qu’ils avaient quitté le navire. Maintenant qu’ils devaient se dire au revoir, elle aurait aimé trouver les mots, avoir une illumination et pouvoir les laisser avec des paroles rassurantes. Mais non. Rien ne lui venait. Elle avait l’étrange impression que son esprit s’était vidé, remplacé par un bruit blanc en arrière-plan, l’empêchant de trop réfléchir, comme pour l’anesthésier en vue des épreuves qu’elle allait devoir affronter dans peu de temps. Sa gorge était nouée. « Euh… » L’Orine pressa ses lèvres l’une contre l’autre. « Eh bien… Au revoir… Et à bientôt, je crois. » C’était tout ce qu’elle avait été capable de trouver. Sans s’embarrasser davantage, Lotheg s’avança et prit la jeune fille entre ses bras, dans une étreinte réconfortante. « Fais bien attention à toi, là-bas. Surtout, ne fais pas d’imprudence. Et souviens toi : le plus important, c’est que tu reste en vie. Que tu termines l’épreuve en un seul morceau. D’accord ? » L’Ygdraë s’était éloigné afin de saisir le visage de la blonde entre ses mains. L’air un peu perdue, la Sœrei trouva cependant la force d’esquisser un maigre sourire et d’acquiescer lentement. « C’est ce que veut Ezechyel. » rappela la guerrière. A l’entente de ce nom, Hanako sembla retrouver un peu ses esprits, sortant du brouillard de ses pensées. « Oui. » confirma-t-elle avec un peu plus de prestance que précédemment. Un dernier sourire échangé, puis la blonde se tourna vers les deux garçons. Calaventë se contenta d’un signe de tête auquel répondit Hanako par mimétisme. Aiwë s’empara de ses mains, qu’il serra affectueusement. « Dès que tout ça sera terminé, nous te ramenons à Melohorë. » promis le mage. « Merci… » murmura l’Orine. L’idée que ses gardiens ne la forcent pas à rester sur ce terrain hostile une seconde de plus que ce qui était strictement nécessaire avait quelque chose de rassurant. « A bientôt. » répéta la concurrente. « A très vite, oui. » prédit le combattant.

Hanako pivota pour se retourner vers le Vampire. « Je suis prête. » informa-t-elle tout en essayant de laisser transparaître une confiance en elle qui était presque inexistante. Sa réplique arracha un rictus à l’homme qui se remit en marche. L’Orine le suivit docilement. Elle ne le quitta pas des yeux une seconde, comme si elle craignait qu’il puisse faire volte-face et bondisse sur elle pour la transformer en goûter. Elle devait se montrer vigilante. Même si personne n’avait donné de top-départ, l’épreuve commençait dès maintenant, pour elle. Il fallait qu’elle se concentre pour récupérer le maximum d’informations possibles. Puisqu’elle ne savait toujours pas à quoi s’attendre, il devenait crucial qu’elle commence à récolter des informations. « En quoi consiste l'épreuve ? Et quand est-ce qu'elle commencera, exactement ? » Elle n'eut que le silence pour réponse. « Où est ce que vous m’emmenez ? » demanda-t-elle au buveur de sang. Mais… en était-il vraiment un ? Les Enfants de la nuit craignaient le Soleil, comme pouvait le laisser sous-entendre leur surnom. Pourtant, le jour n’était pas encore terminé. Il était encore le milieu d’après-midi, malgré la météo très nuageuse. Peut-être était-ce ceci, justement, qui justifiait sa capacité à se déplacer hors de la nuit ? La météo couverte lui permettait-elle de sortir à l’heure qu’il désirait sans se soucier des rayons de l’Astre rayonnant ? Ou bien avait-il réussi à développer des résistances particulières ? Un artéfact magique, peut-être ? S’il n’était pas un Vampire, alors pourquoi la guider jusqu’au lieu de l’épreuve ? Elle n’arrivait pas à deviner. « Vous êtes un Vampire ? » Pas de réponse. « Où est ce que vous m’emmenez ? » redemanda-t-elle. L’homme s’arrêta brusquement et se retourna. La blonde l’imita, sentant son rythme cardiaque s’accélérer à cause de la peur. « Tu poses beaucoup de questions. Des questions auxquelles je ne peux pas répondre. Sauf une : voici ta destination. » L’homme indiqua un bâtiment fait de pierre, qui devait sans doute être une auberge. L’attrapant par le bras, il la dirigea à l’intérieur et lui fit monter plusieurs escaliers, l’amenant jusqu’à une porte. Il la fit entrer dans la chambre puis lui accorda un regard. A la lueur carnassière qui brilla dans son regard, Hanako en déduisit qu’il s’agissait bel et bien d’un Vampire. Ca ou d’un fou. « Attends qu’on vienne te chercher ici. »

---

La blonde s'immobilisa enfin, après plusieurs longues minutes à avoir fait les cent pas, tournant en rond tel un animal en cage. La comparaison n'avait peut-être jamais été si judicieuse. En territoire Vampire, elle ne représentait guère plus qu'une bête, que du bétail. Peut-être était-ce justement ce pour quoi ils la prenaient ? Depuis que l'Orine avait été isolée, elle avait passé beaucoup de temps à cogiter sur ce qu'on pourrait lui demander. Chacune de ses hypothèses revenaient au même point : quelqu'un serait tué pour nourrir ce peuple barbare aux besoins cruels. Que ce soit suite à une chasse, un combat à mort, ou une exécution publique pure et simple. Réfléchir à tout cela refaisait remonter ses angoisses. Les au revoir qu'elle avait échangé avec ses protecteurs lui avaient donné un peu de courage, mais toutes ces réflexions l'étiolaient à nouveau. Elle se ressentait devenir enfant. Elle n'avait qu'une envie : bondir sur le lit de sa chambrée et se rouler en boule sous la couette. Elle aurait aimé que sa mère soit là, et lui chante une berceuse en passant la main dans ses longs cheveux ondulés, comme lorsqu'elle était enfant. Hanako soupira. Elle ne devait pas s'effondrer. Pas encore. Pas avant d'avoir tout essayé pour remporter la victoire. Elle savait que, si par malheur, elle se laissait aller, elle n'aurait plus la force de se ressaisir. Inspirant profondément, elle se tapota vigoureusement les joues, comme pour se remettre les idées en place.

L'Orine se retourna vers la porte. Elle avait essayé de l'ouvrir pour jeter un coup d’œil à l'extérieur mais avait constaté qu'on l'avait enfermé à clé. Elle avait donc fait ce qu'on lui avait ordonné de faire : elle avait patienté. Chaque minute devenait de plus en plus insupportable, cela dit. Il s’était écoulé plusieurs heures, depuis son arrivée, et personne n’avait pris contact avec elle. A un moment, elle avait craint qu’on l’eu oublié ici : elle en avait ressenti un mélange d’indignation et d’espoir fou. Mais non. Si elle était attentive, elle parvenait à entendre des gens, dans le couloir, marcher et parler. Ils ne s’exprimaient pas dans le langage commun. Sand doute du Zarakh. Cela signifiait qu’ils étaient encore là et que, malgré ses espérances, on ne l’avait pas oublié dans son coin. Mais qu’en était-il du repas ? La nuit était presque complètement tombée, à en croire la lumière qui filtrait par la lucarne de sa chambre. Hanako avait dû allumer la bougie de la table de chevet pour pouvoir y voir clair. Pourtant, on ne lui avait toujours rien apporté à manger. Les Buveurs de Sang avaient-ils oubliés que le commun des mortels avait des besoins bien différents des leurs, en ce qui concernait l’alimentation ? Non. Comme précédemment, les infants ne laisseraient sans doute rien au hasard. Ce qui signifiait qu’il était normal de ne pas les nourrir. La Sœrei pesta intérieurement contre ces parasites. Elle ne comprenait pas à quoi cela pouvait leur servir, hormis à les mettre de très mauvaise humeur juste avant le début de l’épreuve.

Hanako soupira. Il ne servait à rien de s’énerver. Elle ne savait pas quand est ce que l’on viendrait la chercher. Elle ferait mieux de reprendre des forces avant le commencement du cauchemar. Si elle n’était pas capable de les obtenir en mangeant, alors la seule chose qu’il lui restait à faire était de dormir autant que possible. La blonde se glissa donc entre les draps et posa sa tête sur l’oreiller. Comme on pouvait s’y attendre, son esprit fourmillait d’idées qui l’empêchèrent de sombrer dans les bras de Harabella – quoi qu’elle serait sans doute encore allée dans le domaine d’Elzédor. Son ventre vide n’aidait en rien, mais elle se reposa jusqu’au dernier instant.  Enfin, la porte s’ouvrit. « Il est l’heure. »

---

La fraicheur de la nuit fit frissonner la concurrente : elle passa ses bras autour de son corps frêle, dans une tentative de se réchauffer. Elle avait bien fait de ne pas laisser sa tenue au hasard et d’avoir revêtit des vêtements confortables, de bonne facture, aussi bien adéquat pour le combat que pour la randonné. Elle avançait en silence, encadrée par des gardes, avec les autres participants. Tous ces gens étaient ses ennemis. Cette idée lui faisait tourner la tête. Seraient-ils tous jetés dans une arène pour se battre jusqu’à la mort ? Pourquoi les avoir tous rassemblés ensemble si ce n’était pas le cas ? Hanako se sentait fébrile, si ce n’était pas par automatisme, elle n’aurait pas trouvé la force d’avancer.

Au loin, les silhouettes d’un second groupe lui firent froncer les sourcils. Qui étaient tous ces gens ? A peine eut-elle le temps de se poser la question que des cris, à mi-chemin entre l’excitation, le soulagement et la surprise jaillir de part en part des deux groupes. Les uns couraient en direction des autres, se retrouvant dans des étreintes chaleureuses. D’autres duos étaient plus réservés, ceci dit, se retrouvant avec plus de pudeur. « Hana ? » son prénom lui fit tourner la tête. Lorsqu’elle identifia le garçon qui l’avait prononcé, son cœur manqua un battement. Ses yeux s’écarquillèrent, sans s’en rendre compte, son corps se mit en mouvement : elle courut jusqu’à Bae et sauta à son coup, laissa un rire nerveux et extatique lui échapper. Les deux Orines restèrent ainsi pendant quelques secondes, les deux trop effrayé de briser cette étreinte, comme si on pourrait à nouveau les séparer l’un de l’autre. Pourtant, il le fallut : le blond fut celui à s’éloigner. « Qu’est ce que tu fais là ? » demanda la participante. « J’ai été désigné comme le représentant de notre peuple. » informa-t-il, faisant froncer les sourcils de la Sœrei. « Quoi ? Mais, c’est impossible… C’est moi qui aie été… » Son esprit s’affola alors, parcouru d’hypothèses pouvant expliquer la situation. Son cœur explosa lorsqu’elle émit l’idée de devoir se battre à mort contre son meilleur ami. Si ces sadiques avaient cela en tête, elle préférait encore rentrer chez elle sans même se battre. Heureusement, elle ne tarda pas à être rassurée en entendant les explications de l’épreuve. Lorsqu’on lui passa un bracelet autour du poignet, elle l’examina avec curiosité. Il était beau, joliment fabriqué.

Les duos passèrent les uns après les autres jusqu’au portail, pour être envoyés dans la jungle. Hanako inspira grandement lorsque son tour arriva.

Trois jours. Trois jours de terreur. Trois jours de nuit. Trois jours de sang.

1901 mots
*Avant les jeux de sang.