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 [Q] La spirale de l'ihîw

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Sam 06 Fév 2021, 17:09


Image réalisée par Anatofinn Stark




Intrigue/Objectif : Llarum est une saison dure pour les Alfars de Mornhîngardh qui doivent résister aux nombreuses maladies liées à la brume et à la pluie. L'air humide et malsain s'infiltre dans les maisons bourgeoises et pauvres, n'épargnant pas les vulnérables. Pour lutter face à l'affection, la famille Sitaasi devra faire des choix.


 
La brume est épaisse et s'infiltre jusque dans les ruelles de mon quartier. Quand j'ouvre les volets au petit matin, j'ai l'impression que les bâtiments prennent naissance dans une rivière de lait. En cette saison, le soleil est souvent caché par d'épais nuages qui tombent sur Drosera, lourdement chargés en eau. Je sens l'humidité jusque dans mon lit et si je ne nettoie pas assez souvent les murs de ma chambre, je peux voir des tâches noires apparaître, surtout aux coins des fenêtres. Dans l'atelier de mes parents, l'air est plus sec. C'est grâce au poêle qu'ils ont installé il y a quelques années. Un deuxième poêle est présent à notre étage, au niveau de la cuisine et sert également de réchauffe plat lorsque nous cuisinons. Pour éviter de mourir de froid, nous utilisons des bouillottes et des poêles en laiton que nous glissons sous les matelas avant d'aller dormir.


Je glisse mes pieds dans les chaussons que l'on m'a acheté pour mon anniversaire et je saisis le poêle qui traîne encore dans mon lit. D'un pas lent, je me dirige vers la cuisine et je dépose sur la table massive l'objet en question. Je m'abreuve d'abord avant de m'occuper de la cendre présente dans e la pelle métallique. Il fait si froid à l'intérieur que je vois ma propre respiration dans l'air ; durant la nuit, le réchauffe-plat de la cuisine s'est éteint, délaissant la pièce au gré de la morsure du froid. Nos fenêtres ne sont malheureusement pas très épaisses et plus le temps est mauvais, plus nous le ressentons. Il est assez tôt et après avoir vidé le poêle, je me rends compte que mes parents ne sont pas là. Peu importe, me dis-je, je vais tout de même allumer un feu et préparer le petit-déjeuner. Mon père a l'habitude de le faire et j'ai beaucoup appris grâce à lui.

Le temps que le feu se lance, une première personne arrive dans la cuisine. Notre appartement situé juste au-dessus de la boutique et de l'atelier a été bâti tout en longueur. Ainsi la cuisine est le dernier palier avant de pouvoir sortir. La chambre de mes parents comporte une toute petite fenêtre, donnant la vue sur un bout de toit, tandis que ma chambre offre une vue sur la rue. C'est également la pièce la plus froide et la moins isolée et personne ne me félicite d'être encore en vie.

« Ta mère ne se sent pas très bien ce matin. » Je lève les yeux de mon bol. Aujourd'hui est un jour libre, je n'ai pas cours à l'école. En revanche, j'ai les cours collectifs qui commencent. «  As-tu le temps de m'aider en boutique ? » Est-ce que j'ai eu le temps de m'avancer ? Est-ce que j'ai assez travaillé ? Je ne me sens pas encore prête. « Je peux passer le balais avant d'aller à mes cours et quand je reviendrais. » La promesse de ne plus ouvrir le placard à balais n'est pas tenue, à juste titre puisque ma mère est malade. Mon père acquiesce et termine rapidement son petit-déjeuner. Il laisse ses couverts et son assiette dans le bac à vaisselle, que je nettoierais une fois que j'aurais fini mon propre repas. Dans l'idéal j'aimerais posséder les mêmes éviers de l'atelier de sculpture où l'eau est directement conduite par des gros tuyaux métalliques.

J'amène un bouillon de pain et de lait à ma mère, saupoudré de sucre. La texture ressemble à celle d'une grosse crêpe moelleuse. On m'en donnait quand j'étais petite. « Maman ? » dis-je d'une petite voix. « Je t'ai apporté de la shorbâke à manger. » Je rentre dans la pièce, elle est endormie. Je m'approche et dégage la longue chevelure brune qui gêne son visage et réchauffe son cou. Je m'assois un instant à côté d'elle et je lui bouge le bras pour signaler ma présence. La pièce est bien sombre. Je décide de tirer les rideaux, un son plaintif m'en empêche. « Az... S'il-te-plaît... Pas les rideaux. J'ai terriblement... Mal aux yeux. » Je reviens vers elle et lui présente le bouillon. « Je l'ai fait, ça te fera du bien. » - « Merci... » Aussitôt dit, aussitôt rendormie. Je quitte la chambre  en laissant le bol sur son chevet.

Une fois que j'ai terminé de passer le balais, je me presse de prendre mes affaires pour partir au cours collectif. « J'y vais. A ce soir ! » Mon père termine une petite plume et me la montre. Destinée à une main d'enfant, je trouve que l'embout est bien pointu. Je me garde de lui dire et cours vers la sortie.

Mots = 780
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Sam 06 Fév 2021, 21:59


Image réalisée par Anatofinn Stark



 
La salle du cours particulier est étroite pour le nombre d'élèves qui s'y entassent. J'ai ramené de quoi écrire et un cahier. Je sors fièrement la plume que je me suis taillée ainsi qu'un encrier bleu. C'est une couleur que j'aime beaucoup. Elle ne s'enlève pas aussi facilement que le noir mais reste très agréable à lire. Une élève vient à côté de moi et sort, en plus du nécessaire, quelques bouquins. Je l'observe, médusée. « Il-il nous fallait des livres ? » demande-je, soudainement mal à l'aise. « Oui. Sciences et vie des Terres Ouest, par Maugreän Zallay et... L'encyclopédie de Drosera d'Horiön Altaerzar. » - « Est-ce que nous pouvons partager tes livres ? » - « Où sont les tiens ? » Je n'en ai acheté aucun. Je les emprunte à la bibliothèque de mon école. « Hum... Pas sur ma table, en tout cas. » - « C'est dommage pour toi. » Venir ici sans l'objet de l'étude, que je suis sotte ! Je réfléchis à une promesse en échange, mais le professeur intervient. « Où sont vos livres, mademoiselle Sitaasi ? » Je n'ai pas le temps de répondre qu'il enchérit. « Vos parents paient pour que vous étudiez et vous vous présentez sans le matériel. Êtes-vous consciente du niveau qu'il vous faut pour quitter ce plateau ? » Tout le monde s'est tu pour l'écouter me sermonner. Mes yeux commencent à piquer. « Je-... Je suis désolée... Cela n'arrivera plus. » - « Vous pouvez être désolée, cela ne vous engage que vous. En revanche, il serait déloyal de vouloir nuire à l'un de vos camarades. Si vous ne faites pas preuve de pragmatisme et de sérieux, votre place est au près des Nägs. » Une fleur éclot dans ma cage thoracique et pousse. Je ne sais plus où me mettre. La pointe de mon porte-plume s'enfonce dans ma main et me tâche. Mon attention se reporte sur l'encre bleue qui coule, je ferme le poing. « En citant les Nägs, quelqu'un pourrait me dire - sans tricher - sur combien d'hectares se base Dannagardh ? » Je reste coi, mes joues brûlent. Une ronce s'est entichée de mon cœur et le draine. J'ai l'impression d'être épiée de toutes parts. La honte s'agrippe à mes épaules et se loge au creux de mon ventre. Le cours commence.

A la fin de l'après-midi, je suis exténuée. N'ayant eu aucun appui visuel sur lequel me reposer quand ma concentration vacillait, j'ai dû puiser dans mes forces afin de pouvoir suivre sans perdre le fil. C'était dur car je pensais aussi à ma mère. C'est rare de la voir aussi mal en point. Ma camarade de table a fait en sorte d'éloigner le livre de ma vision. Quelqu'un derrière moi souffle « Une de moins. » et j'ai l'impression que ces mots me sont destinés. Les ronces qui m'enveloppent désormais le cœur font brusquement mal. L'embout de ma plume se retrouve de nouveau planté dans ma paume de main. J'abandonne l'outil et me relève pour faire face au camarade juste derrière moi, cachant ce que je garde dans le dos. Il me regarde surpris et ignore que je suis à bout. Ne parlait-il pas de moi, à l'instant ? La plante qui m'enserre murmure vas-y, j'arrive à me raisonner, alors je reste juste debout. « Mademoiselle Sitaasi, le cours n'est pas encore terminé. » Tous se rient de moi, j'en suis persuadée. Les voir m'écœure. Je leur en veux plus qu'à moi. C'est de leur faute, je n'en savais rien s'il fallait amener des livres, je n'ai rien lu nulle part, personne ne m'a avertie. J'entends clairement mon camarade murmurer un « Comme si elle en avait besoin. » Une bassesse inaudible pour mon professeur qui est à l'opposé de la classe. Je suis furieuse. Je serre l'encrier dans ma main, prête à le lui verser dessus. « Mademoiselle Sitaasi, veuillez vous assoir. » - « J'ai besoin d'aller aux petits coins, Professeur. » Sans qu'il me donne la permission d'y aller, j'y cours. Une fois dans le cabinet d'eau, je rage. Mes mains sont enduites d'encre que j'ai gâché. J'aurais dû le verser sur lui, puis sur la pimbêche à côté de moi. C'aurait gâché leurs vêtements et ils auraient dû en acheter de nouveau. Au moins, j'aurais été satisfaite. Je me penche sur la bassine d'eau et vois mon reflet déformé par les ondulations. Je frappe la surface, les dents serrés.

Mots = 770
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Dim 07 Fév 2021, 20:35


Image réalisée par Anatofinn Stark



 
Après avoir terminé mon contrôle de connaissances, l'heure sonne. « Mademoiselle Sitaasi, veuillez récupérer cette lettre et la remettre à vos parents. Merci. » Je m'avance vers son bureau et je prends l'enveloppe. Tout le monde sort, l'air guilleret. Je suis épuisée. Mes mains sont sales, je n'ai pas réussi à enlever l'encre dont je me suis barbouillée et, en plus de ça, j'ai sali une de mes feuilles de cours. En bref, je ne suis pas très fière de moi et je ne dois pas avoir une noble allure. J'inspire et je cherche les mots les plus llanderiens que je connaisse pour me faire pardonner. « Professeur, je souhaite vous présenter mes excuses pour l'attitude que j'ai eu durant votre cours. » Il se relève et croise les bras. « En effet, ce n'était pas digne d'une étudiante. » - « Je souhaite vous dire que cela ne se reproduira plus. Je tiens à votre enseignement, il m'est très précieux. » Il lève le menton et regarde par la fenêtre. « Je vous crois. » Je range l'enveloppe dans mon sac en toile. « A l'avenir, vous ne participerez plus à mon cours. Une des leçons que vous devez assimiler de cette journée est que la discipline est primordiale et corrèle à la maîtrise de soi. A votre âge, cela devrait déjà être un acquis. » Je tire les manches de ma robe bleue, les yeux devenant pourpres. Je ne suis pas certaine de ce que j'entends, à priori, je ne m'imaginais pas être exclue pour avoir oublié des livres. « Vous pouvez disposer. » L'air hagard et sans broncher, je quitte la salle de classe pour rentrer dans mon quartier.

Je franchis un boulevard, emmitouflée dans mon désespoir. Je n'ai pas envie de rentrer alors je traîne le plus possible. Je glisse ma main dans mon sac et je cherche ce qu'il m'a donné puis la prends. Le contenu de l'enveloppe est un mystère. Des petites aspérités surprennent au toucher, je m'attendais à y trouver qu'une lettre et non des objets. Je n'ai pas le cœur curieux. Je revois le visage de mon camarade et sans m'en rendre compte, je froisse le papier. « Oh mince. » Avant d'aller plus loin, je la range et je finis par me presser.

Il est tard quand je passe le palier de la boutique. Le tintement si familier de la porte qui annonce la venue d'un client n'interpelle personne. L'endroit était fermé, mon père n'a pas du l'ouvrir très longtemps compte tenu de la situation. « Je suis rentrée ! » dis-je en criant. J'analyse l'environnement que je reconnais si bien et remarque à quelques endroits des traces de botte. Je râle car il fait trop froid pour passer la serpillère, cela ne séchera pas, je devrais me lever plus tôt demain pour le faire. Je dépose dans un coin mes affaires et je m'attaque au balayage, refourguant tout ce qu'il me reste en énergie pour terminer au plus vite cette journée interminable. L'araignée qui se trouvait dans le placard à balais n'est plus là. Elle va me manquer.

La nuit recouvre Drosera de son grand manteau sans étoile et sans lune. Les rues ne sont plus fréquentées à cette heure-là. La brume accueille dans son ventre les maisons du quartier et éteint la lumière des voisins. Je ne me risquerais pas à sortir, de peur de perdre mon chemin. Je songe à mon professeur, aucune ronce ne m'agrippe cette fois. Quelqu'un frappe à la porte de la boutique, je crie et je sursaute, laissant tomber mon balais. Qui cela peut-il bien être ? « Papa ? ... Papa ?!! » J'appelle mon père qui doit être à l'étage et il ne répond pas. La chair de poule s'agrippe jusque dans mon échine. Je n'ai pas envie d'aller voir, je ne discerne qu'une masse d'ombre effrayante. La silhouette frappe plusieurs fois. J'ai très envie d'aller me cacher. Elle insiste. D'un pas feutré, entre deux rayons de cahiers, j'avance. Plus je suis proche et plus j'entends un « Je... -is... -edecin... » Je ne connais aucun Edecin ! Il peut rêver pour que je lui ouvre ! Je me cache, en attendant que la forme disparaisse.


Mots = 740
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[Q] La spirale de l'ihîw

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