« Jil… » Mélusine ne put articuler un propos cohérent, en voyant son enseignante se faire projeter et revenir aussitôt à la charge de l’étrange artefact. Face à ce spectacle, le ressenti de la cancre oscillait entre l’admiration et la moquerie. C’était assurément stupide, mais le geste de Jil restait un exemple de persévérance sans limites. Et, pour cette raison, la jeune lyrienne ne pouvait s’empêcher d’être inspirée. Certes, ses inquiétudes n’étaient pas tout à fait dissipées et elle craignait toujours que l’artefact ne les tue tous, mais il était rassurant de voir que leur institutrice se montrait aussi forte. Est-ce qu'il y avait un risque que la grotte s'écrase sur eux ? Oui mais, au moins ils mourraient avec style.

Otobis, lui, faisait la moue. Il avait envie de critiquer ouvertement l’imbécile qui lui avait écrasé la main, mais n’en avait plus l’énergie. Cette journée avait été assez difficile et remplie comme ça. Alors, en laissant l’autre élève s’avancer, il promettait une vengeance future à la colère qui grandissait dans un coin de son crâne. Il faudrait trouver un moyen efficace de devenir le roi du monde. Là, il pourrait se laisser aller à chaque caprice, puisque son pouvoir politique et magique le lui permettrait. Aujourd’hui, c’était impossible, mais il espérait que demain serait fait d’un autre coton. En attendant, il ne pouvait que constater la présence d’une lumière bleue l’entourant. Il n’était pas tout à fait magicien, et le savait. Toutefois, il n’objectait pas face à l’idée d’être entourée d’une aura céruléenne. C’était assez classe, et ça s’accordait bien mieux avec ses yeux que les maigres miasmes noirs qu’il produisait après maints efforts. Ses capacités magiques étaient de toute façon trop médiocres pour avoir une utilité en dehors de l'esthétique.

Une fois la téléportation complète et les esprits rafraîchis, tous purent constater à quel point la cohue était grande. Plusieurs heures s’étaient passées, depuis le début de l’expédition. Leur institutrice se trouvait au sol, comme Otobis. Cependant, contrairement à ce dernier, ce n’était pas parce qu’elle était déjà allongée au moment de la téléportation. L’appareil devait avoir eu un impact négatif sur elle : c’était de la vieille magie, et les risques encourus semblaient difficiles à prévoir. Mélusine, quant à elle, s’était directement levée. Après s’être assurée du bon état de ses frères et sœurs, elle avait simplement décidé de partir avant que la foule d’étudiants et de professeurs les entourant ne s’épaississe d'autant plus. S'il y avait bien une chose qu'elle craignait plus qu'un inconnu, c'était une multitude d'inconnus.

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Pépite ronronnait paisiblement. Pour ceux qui le connaissaient, c’était un chat au caractère idéal : il bougeait généralement peu, ne s’était jamais fait attraper par un surveillant, et il n’était pas avare en affection. Avec des poils si fins et doux qu’ils ressemblaient à de la vapeur, et des yeux trop ronds pour inciter une autre réaction qu’un gloussement, Pépite était équipé pour saisir n’importe quel cœur. Pourtant, Otobis l’avait trouvé seul, dans le parc. Son ancien propriétaire devait l’avoir abandonné, ce qui était assez surprenant compte tenu des attributs énoncés plus tôt. Après quelques jours où le clone et le chat s’apprivoisaient mutuellement, ils étaient devenus inséparables. Malheureusement, depuis leur emménagement dans la chambre d’Otoris, ce dernier semblait vouloir accaparer l’attention de la boule de poils. Il avait plutôt réussi son coup.

Otobis était content de pouvoir tenir son chat dans ses bras, en cet instant. Il avait pu utiliser son manque de prestance légendaire pour se glisser entre deux élèves et rentrer au plus tôt. Croisant l’Original entre deux couloirs, le clone lui avait expliqué avec force détails ce qu’il s’était passé. Sans surprise, Otoris avait accouru pour vérifier la nouvelle. À l’heure qu’il était, le magicien devait se trouver autour d’une troupe d’élèves rescapés, à se demander comment agir. Après tout, il devrait assumer les conséquences de ce qu’il s’était passé dans les caves. Incapable de savoir quel comportement Otobis avait adopté, il se sentait paralysé et gêné. Que dire à sa sœur ? Et que faire à propos de ce bidule bleu qui était apparu chez tous les ressortissants de l’expédition ? Est-ce que son clone en avait un aussi ? Le magicien devait se sentir trop confus pour avoir la moindre émotion claire. Otobis aimait l'imaginer ainsi, à jouer le rôle d'un autre. Finalement, il n’était pas si différent d’Otobis.

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Mélusine, dans sa chambre, fixait sa peinture favorite — la seule qu’elle possédait —. La décharge d’adrénaline engendrée par l’expédition avait été largement suffisante pour contrer son ennui initial. Maintenant, elle se sentait anesthésiée. Demain, elle irait à l’infirmerie pour vérifier si ces histoires de marque bleue la concernaient. Elle n'en avait pas constaté d'elle-même, mais n'était pas allée jusqu'à se tordre les vertèbres pour vérifier. Est-ce que ça importait vraiment, au final ? Tant que la lyrienne pouvait rester ici auprès de sa famille, une simple marque ne la dérangerait pas. Tout ce qu’elle souhaitait, c’était que sa situation ne se dégrade pas. Alors, Mélusine s’allongea sur son lit et, saisie par la fatigue, s’endormit.

850 mots environ. C'est juste l'épilogue de l'expédition dans les caves. Je ne voulais pas déterrer le sujet donc je le poste à part.