Le Deal du moment :
TCL C74 Series 55C743 – TV 55” 4K QLED 144 ...
Voir le deal
499 €

Partagez
 

 [Q] - Comme un homme | Solo

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Ven 31 Juil 2020, 23:35


Intrigue/Objectif : Deccio part à la rencontre d'un Maitre en arts martiaux afin de pratiquer et de se préparer pour la prochaine épreuve qui l'attend.

Une tige en métal effilée entre les doigts, le temps n’était plus à la négociation. Un homme en sang — semi-allongé contre un mur — souffrait manifestement de ses blessures occasionnées. Le fautif : Deccio, qui s’amusait à lui planter des sortes de pieux dans les cuisses, s’attaquant volontairement aux points les plus sensibles, tels que les articulations. De sorte à ne pas le perdre à cause de la douleur endurée, Chipster qui était à ses côtés avait pour instructions de lui prodiguer continuellement des soins et de le réveiller en cas de besoin. Il s’agissait d’une forme de torture parmi tant d’autres, servant avant tout à faire craquer le condamné le plus tôt possible. Il affectionnait particulièrement cette dernière pour sa rapidité d’exécution et le plaisir qu’il en tirait. Voir ainsi les visages déformés par la peur et l’agonie, c’était aussi satisfaisant que d’arracher ses ailes à un Ange. Il en ressortait toujours quelque chose de bon et d’orgasmique difficile à décrire. S’emparant d’une lance à portée de main, le bourreau lui enfonça la pointe au niveau de la jointure de son épaule gauche. Il remua celle-ci à l’intérieur, s’adaptant aux cris de la victime pour l’y plonger plus ou moins profondément. « Tu es tenace pour un Déchu. J’ai toujours pensé que vous étiez faibles de par votre asservissement aux péchés. Mais en fait, votre dépendance est sans rapport à votre force de caractère. Passons aux choses sérieuses. » Se rapprochant d’un guéridon sur lequel une bouteille d’alcool reposait, l’homme s’empara d’une petite gorgée avant de revenir auprès de son jouet — en appréhendant une torche au passage — et de lui en reverser sur le torse. « Tu es prêt, Chips ? » « Toujours. » Il jeta le flambeau sur le corps humidifié qui se consuma aussitôt, faisant retentir l’effroi et la panique au sein de son esprit étriqué. Son camarade retenait les flammes pour éviter qu’elles se propagent tout en traitant constamment ses brûlures. Un tel processeur requérait beaucoup de concentration et de magie, mais il s’en sortait plutôt bien. Finalement, le Déchu craqua assez rapidement, renonçant fermement à son idée de garder le silence envers et contre tout. D’un geste théâtral, le renard fit cesser la torture en éteignant le feu, ceci en le balançant dans une bassine d’eau prévue à cet effet.

Il le fit ensuite gentiment s’asseoir sur une chaise où il allait pouvoir recueillir toutes les confessions qui intéressaient le Démon. « On est parti du mauvais pied toi et moi. Reprenons là où on s’était arrêté. Comme je te l’ai dit précédemment, je recherche certains objets… essentiels. Ils sont au nombre de sept, et je sais de source sûre que ton mentor en détient un en sa possession. Où est ton maître en ce moment ? » Le mal habitant ses poumons à la suite de tous les sévices qu’il avait dû supporter, son interlocuteur répliqua à brûle-pourpoint. « Même si vous le trouvez… vous ne pourrez jamais le battre… il vous est tellement supérieur… » Deccio planta son ongle dans l’œil du gamin, arrachant une nouvelle fois un hurlement funèbre provenant du plus profond de ses entrailles. Il ne savait manifestement pas à qui il avait affaire. Il ne pouvait pas lui en vouloir, son nom ne s’était pas encore répandu aux confins du monde. Sans enlever son index de son orbite, il poursuivit son interrogatoire. « Tu n’as pas de chances. Alors que d’autres auraient probablement abrégé tes souffrances, moi je suis quelqu’un d’incroyablement patient. Je peux rester ici toute la nuit s’il le faut. » « Bien… je vais tout vous dire. » Il retira son doigt, le sang ruisselant à son extrémité. « Mon maître s’est replié il y a fort longtemps. Il a pris sa retraite sur les Terres d’Émeraude. Du fait de sa renommée et de son titre, lui et sa famille sont protégés par de fidèles soldats qui ont combattu à ses côtés. Quoique vous tenterez, il ne… » Deccio trancha sa trachée afin de tourner court. Il avait obtenu assez d’informations pour poursuivre son enquête, le reste ne lui était d’aucune utilité. De toute façon, il n’aurait rien pu tirer d’autre de sa part. Par conséquent, le Saraṇi rassembla son attirail, puis se revêtit d’une tenue légère, adapté aux fortes chaleurs et aux mouvements amples. Chipster l’observa attentivement avec ce même air enjoué qui le caractérisait tant. « Tu comptes aller le tuer ? Seul ? » « Ne sois pas idiot. Je ne fais pas le poids. Pas encore du moins. Je dois me préparer, et pour ça je n’ai d’autres choix que d’aller le voir. » Un hoquet de surprise détourna les lèvres de son camarade. Il se mit ensuite à rire, sans raison particulière. « Je vois. Tu veux rendre visite à ce vieux fou. C’est osé, mais il est vrai qu’il est l’un des seuls à pouvoir te porter vers le haut. » Ce vieux fou dont ils parlaient répondait au nom de Saul ; un ancien Réprouvé de renom connu pour sa maîtrise exceptionnelle des arts martiaux. S’il y en a bien un qui pouvait lui enseigner des techniques sans le ménager, c’était bien lui.

À l’instar de ses confrères, son côté lunatique répondait bien sûr présent, à la différence près qu’il disposait d’une troisième nature qui n’incarnait ni plus ni moins que la destruction. Dès lors qu’il empruntait, plus rien d’autre ne comptait que l’annihilation. Il est dit que personne l’ayant affronté sous cette forme n’a pu en témoigner, mais qu’elle serait similaire au Reflet de l’Autre. À l’instant où Deccio l’avait appris, il n’avait pas fallu longtemps pour que son sang ne fasse qu’un tour. En évoluant avec de telles relations à ses côtés, il s’assurait le meilleur itinéraire avant d’atteindre l’excellence tant désirée. Encore lui fallait-il convaincre cet homme qui avait sûrement d’autres chats à fouetter, mais le Démon était confiant en ses atouts. Il n’y allait pas sans aucune offre à la clé, sans quoi il pourrait définitivement être traité comme étant l’être le plus stupide de cette décennie, loin devant Icare. « En fait, je vais laisser ça ici. » Il déposa son arsenal au pied de sa chambre. Après réflexion, il ne lui servirait à rien, surtout pour ce qu’il ciblait. « Tu es sûr de toi ? Un Démon ne se déplace jamais sans ses armes. C’est un peu le prolongement de nos membres. » « Tu as raison. Mais tu as tort également. Nous naissons avec des armes naturelles, c’est pourquoi nous avons été gratifiés d’une capacité qui nous change en monstre. » Une forme qui reviendrait sans doute plus tôt que prévu, mais cette fois sans aide extérieure. Il devait apprendre à se débrouiller sans ces trucs qui modifiaient son organisme, car à force d’en être dépendant, il finirait par développer une addiction qui le mettrait dans de beaux draps. « Bref, on se revoit plus tard. Si je ne suis pas rentré d’ici une semaine, considère que je suis mort. » « C’est Manny qui serait content. » Et pas question de satisfaire cet enfoiré. Il n’avait pas prévu de perte la vie dans une quête si simpliste dépourvue du moindre honneur. Le renard salua son confrère, s’en allant aussitôt pour le Continent Naturel, et plus précisément à Fjörd.

À l’instar de tous ces excentriques qui vivaient sur les montagnes, retrouver leur trace relevait d’un sens de l’orientation innée, de connaissances avisées sur leur territoire et de beaucoup de chances. Pour les deux premiers, c’était pas gagné, et pour le dernier, le fait d’être passé quinze fois devant le même rocher impliquait certains doutes. Tout se ressemblait, allant du sapin qui dessinait une sorte de gland aux cailloux en forme de poing fermé. Il savait pourtant repérer des indices sur des scènes de crimes, alors ça ne devait pas être plus compliqué. Il suspectait toutefois la mise en place d’un sort d’une puissance incommensurable susceptible d’ébranler les sens des voyageurs. Ça ou son manque de discernement. Mais cette dernière hypothèse étant des plus invraisemblables, il l’écarta aussi vite. Quinze minutes de plus s’écoulèrent sans qu’il ne progresse d’un iota. « Mais c’est pas possible ! Je suis sûr d’avoir dégagé cette pierre de la route tout à l’heure. » Ceci dit, l’idée ne lui était pas venue de gagner de la hauteur pour avoir une vue d’ensemble. En tout cas, pas jusqu’à maintenant. Prenant son envol, le Saraṇi gravita doucement autour de la montagne en vue de déceler un constituant en mesure de l’interpeller. La surprise fut au rendez-vous, puisque c’est un renard qui attira fatalement son regard. « Oooooh. » Même s’il ne lui apportait rien dans sa recherche de toute façon infructueuse, le Démon se refusait de passer à côté de ça. Son admiration pour eux basculait presque dans le fanatisme, mais il s’en fichait, du moment qu’il pouvait toucher leur belle queue touffue et leur gratouiller le ventre. Que demander de plus ? Tel un faucon ayant repéré la proie du jour, Deccio mira son iris sur lui sans penser à rien d’autre. Il retourna sur terre afin de le poursuivre, sautant par-dessus les obstacles qui se dressèrent sur sa route, éludant les branches d’arbres et empruntant ce qui lui apparaissant comme étant des raccourcis. Il perdit sa trace au dernier moment, lorsqu’il atteignit une sorte de plateau engagé dans un creux de la montagne.

Un renforcement menant à une sorte de grotte poussa l’homme à s’y introduire, mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il tomba nez à nez avec un colosse avoisinant les trois mètres. Il était aussi voire plus grand et massif qu’un ours se tenant sur ses deux pattes. Son intuition lui disait qu’il venait peut-être de trouver l’homme qu’il convoitait tant. En tout cas, sa musculature ne laissait pas planer le doute sur ses années d’expérience. Il devait facilement peser quatre fois son poids. Prendre un coup de cette envergure devait très certainement mener vers un aller simple pour le Royaume des Songes. « Vous êtes le célèbre Saul ? Ravie de vous rencontrer. J’ai absolument besoin d’apprendre à vos côtés. Nous pourrons sûrement conclure un accord, je suis prêt à tout. » Mais la seule réponse qu’il obtint, c’est un énorme coup du revers de la main qui l’envoya à l’autre bout de la zone. Il se rattrapa de justesse en freinant l’impact grâce à une branche d’arbre qui se trouvait sur le passage. Malgré tout, son dos heurta un morceau de roche qui faillit le rendre infirme pour le restant de ses jours. Il l’avait échappé belle. Les descriptions ne mentaient pas à son sujet ; sa force dépassait de loin celle d’une bête sauvage. « Oh oh oh. Excusez-le, Razor n’est pas très sociable avec les étrangers. » Un homme assez chétif orné d’une pléthore de tatouages se manifesta. Il n’avait pas un physique très impressionnant. « Qui êtes-vous ? » « Celui que vous êtes venus chercher. » C’était donc ça. Deccio s’était fait avoir par les apparences, souvent trompeuses. Toutefois, en le voyant il comprit directement ce qui le différenciait de l’autre. De plus, ce renard qui l’avait aiguillé jusqu’ici n’était pas dû au hasard.


1851 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 05 Aoû 2020, 22:43


Peu de temps après les préambules, Ranki lui proposa une petite visite guidée des lieux. L’homme était un minimaliste, ne vivant qu’avec le strict nécessaire pour la bonne raison qu’il passait le plus clair de son temps à s’entraîner. À quoi bon se vautrer dans la consommation et le capitalisme quand une passion si forte se suffisait à elle-même ? Deccio pourrait sans doute adopter un mode de vie similaire, mais il n’en avait tout simplement ni l’envie ni les raisons. En tant que Démon visant les cieux, il était très important pour lui de s’impliquer personnellement et émotionnellement dans la société en vigueur, surtout pour se tenir au courant des faits, de l’actualité et de la réalité. Ça, et aussi car les Démons vivaient une période délicate, et que déserter maintenant n’aurait pas le moindre sens. Il était persuadé qu’il pourrait grandement s'engager dans le redressement de sa race dès lors qu’il aurait appris tout ce qu’il voulait savoir. Tous ces efforts, le renard ne le faisait pas qu’égoïstement. Son objectif était d’une envergure sans borne, toutefois il était encore impossible pour lui de formuler son rêve oralement. Pas tant qu’il ne se sentait pas avoir les épaules pour supporter pareil fardeau. De toute façon, et tant qu’il croupirait au rang inférieur, ses promesses n’auraient aucun crédit auprès de ses semblables. La crédibilité se gagnait de bien des façons, mais c’est avant tout le pouvoir diplomatique, l’argent et la renommée qui permettaient de se créer une audience favorable. En tant qu’autodidacte, il ignorait si ces trois fondements étaient inculqués à l’école, mais il savait de par son expérience que rien d’autre ne comptait plus que la réunification de tous ces ingrédients. Cette pensée individuelle, il allait la transmettre à tous ceux qui seraient suffisamment intelligents et réceptifs pour être à la recevoir. En attendant, il se trouvait actuellement dans ce temple de la pédagogie où sa renaissance allait pouvoir se produire. Pour commencer, Ranki interpella celui qui s’apparentait à son garde du corps. Il s’agissait en réalité de Parmesan, un gorille de la famille des Goled qui avait été recueilli par ses soins. Il avait transmis quelques bases à ce dernier, bien qu’il fût nettement plus adapté pour la force brute compte tenu de sa carrure. Toutefois, ils semblaient entretenir une relation déférente qui forçait l’admiration. Deccio pouvait comprendre sans trop de mal qu’ils s’étaient bien trouvé.

« Bien, tu es donc venu dans l’intention que je t’enseigne l’art martial. C’est une chose, mais qu’est-ce qui me dit que tu en es digne ? » Une question rhétorique qui servait très probablement à jauger sa persévérance. « Je ne sais pas ce que la dignité à avoir avec ça, mais je dois absolument dominer tous les arts de la guerre en tant que porte-étendard d’une nouvelle croyance ; celle de la foi inébranlable en soi-même. Je veux faire de ce monde le mien, voilà pourquoi. » Des ambitions qui ne cessaient de s’élever, mais qui manquaient d’actes mémorables susceptibles de valider son argumentaire. Le Réprouvé afficha un sourire amusé par la grandiloquence du Démon. « Tu n’es pas le premier à me sortir de telles inepties. Et tu ne seras sûrement pas le dernier. Tu te reposes trop sur ta lignée, Deccio Araki. » Cette déclaration lui arracha un hoquet de surprise. Peu d’étrangers étaient au courant de son identité. Surtout qu’il faisait particulièrement attention en ne révélant que très rarement son nom, à l’exception des personnes avec qui il pactisait. En dehors de ça, sa réputation n’allait pas au-delà des frontières démoniaques. « D’où me connaissez-vous ? Je ne crois pas avoir eu le plaisir de vous croiser par le passé. » « Ce n’est pas parce que je vis dans le creux d’une montagne que mes connexions avec l’extérieur sont controuvées. Ton frère était une légende, mais où penses-tu qu’il ait appris à si bien se battre ? » Écarquillant les yeux, le Démon avait du mal à lui accorder du crédit. L’homme qui se tenait en face de lui prétendait lui avoir enseigné l’art martial. Mensonge ou réalité, il opta sans hésitation pour la première. Projetant son poing sur ce charlatan, il allait lui montrer ce qu’il en coutait de se moquer de lui. Toutefois, son attaque ne l’effleura même pas. Une sensation de fraicheur engloba ses phalanges avant de se propager sur tout son bras et d’évincer tout son corps vers l’arrière, son dos souffrant de la chute imparable.

Ce fou n’était pas qu’un vulgaire prétentieux se vantant des exploits d’autrui. Dans ce cas, ça changeait beaucoup de choses, car s’il avait effectivement été son maitre à un moment ou un autre, alors… Il se releva, déterminé à certifier que le bouclier de la chance n’était pas venu s’immiscer entre eux. Il tenta ainsi une approche contrastée en se ruant sur lui, et en le contournant au dernier moment, il appliqua un pas sur le côté. Il prévoyait un uppercut particulièrement saillant afin de le renverser en arrière, mais son empressement annihila sa lecture du jeu, si bien qu’il se retrouvât quelques secondes plus tard au sol, le pied de Ranki lui broyant l’épaule. « Tu es aussi impulsif que lui à son jeune âge. La précipitation n’apporte qu’à engendrer des erreurs qui peuvent facilement être évitées. De plus, tu manques de stabilité sur tes appuis, ça ne va pas du tout. » Deux fois. Deux fois qu’il se faisait réprimander aussi vulgairement qu’un enfant né.

« Faisons un marché. Si tu parviens à me toucher à une seule reprise, je consentirais peut-être à t’enseigner tout ce que je sais. Dans le cas contraire, tu pourras repartir d’où tu es venu. » Pour en arriver à de telles conclusions, il devait avoir une foi inébranlable en ses capacités, et eu égard à ses démonstrations précédentes, ça n’étonnait guère le Démon. Cet homme n’était clairement pas comme les autres, il dégageait une aura si dense qu’il pouvait sans souci se dresser aux côtés des plus grands rois sans sourciller. Deccio plongea son regard violacé dans les siennes, et d’un mouvement léger de la tête, il acquiesça. « Bien. Ça ne devrait pas être aussi difficile que ça en a l’air. » Même s’il cherchait à s’en convaincre, il était conscient que ça n’allait pas être de tout repos. En seulement deux essais, il avait réussi à miner son moral, pourtant au summum à son arrivée. Néanmoins, il donnerait tout ce qu’il a, sans compromis ni esclandre. Le Vil prit l’initiative en portant le premier coup, son poing jaillissant tel un projectile armé, mais celui-ci fut rapidement éludé. Il enchaîna avec un contact similaire sur le flanc gauche, fléchissant sa jambe pour poursuivre avec son genou dans les côtes, l’étirant quasi instantanément pour que son pied atteigne sa cuisse. Malgré cette combinaison martiale, aucun ne toucha sa cible, car tous furent déjoués avec une extrême finesse, sa précision étant on ne plus claire maintenant qu’il l’affrontait d’aussi près. Il se fit même remballer avec une facilité déconcertante, rien qu’avec la paume de sa main frappant son abdomen, sans le moindre élan. Une accalmie telle que ça en devenait presque frustrant. D’habitude, il perdait à cause d’une trop grande différence de puissance, ou parce que ses adversaires étaient trop nombreux. Ce n’était pas le cas avec cet homme qui n’avait pas une force si espacée de la sienne.

Sans pour autant trop s’avancer, il pouvait déterminer qu’il ne disposait d’aucun atout en particulier. Ses qualités de militaire étaient très bien réparties. À l’instar de deux poids que l’on posait sur une balance, aucun côté ne prenait le dessus sur l’autre, et c’est ce qui rendait la cohésion si phénoménale. En dépit de cette justesse technique, Deccio ne renonça pas en si bon chemin. Et c’est pourquoi il devait perpétuer ce qu’il savait le mieux faire ; à savoir foncer tête baissée pour continuer de se faire rétamer et ainsi identifier les causes de ses échecs. Plus il tombait, plus ses chances de découvrir la vérité seraient décuplées. Pour contourner l’expertise de Ranki, il fallait jouer le jeu opposé, et donc être le plus imprévisible possible. Pour ça, il avait besoin d’un petit coup de pouce. Son adversaire l’attendant de pied ferme, le bras positionné en avant, le renard secoua la main afin de revendiquer un temps mort. « Si vous me le permettez, j’aimerais m’humidifier le gosier. Ne vous en faites pas, il n’y a rien susceptible de me doper à l’intérieur. » Il plissa les yeux, d’abord perplexe, mais autorisa sa demande d’un signe de la tête. « Je t’en prie. » Sur la petite fiole du pendentif qui suspendait à son cou était renfermé un alcool pur, et donc extrêmement fort ; une création récente d’un des meilleurs producteurs de l’Enfer qu’il avait lui-même nommé « le gouffre ». Il le versa dans sa bouche, et c’est presque instantanément que la mixture fit effet. Il se sentit comme revivre. Ou remourir, ça dépendait de bien des points de vue. Quoiqu’il en soit, le renard n’était désormais plus apte à raisonner normalement. En fait, il ne pensait plus tout court. Chaque mouvement entrepris était le fruit du hasard, mais surtout celui de l’instinct. Son agilité semblait avoir pris le contrôle de ce face-à-face, si bien qu’il formait des techniques irréalisables dans les conditions habituelles. Ses pieds, ses poings et tous les autres aspects servant au combat étaient comme indépendants, s’associant parfaitement les uns aux autres avec une synergie des plus incroyables. Pour autant, cette exemplarité ne tracassait pas davantage le maître qui contournait sereinement chaque essor avec un minimum de déplacements.

Contrairement aux fois précédentes, il avait cette fois-ci besoin de sortir ses mains pour repousser les assauts, sans pour autant devoir faire preuve d’une virulence à couper le souffle. Ses ripostes étaient particulièrement légères, tout juste ressenties par le Démon qui s’amusait lui aussi à échapper aux revirements de son adversaire, mais avec une précision moindre. Il éprouvait malgré toutes les rafales, bien que volontairement atténuées par son usager. Toutefois, la détermination de Deccio paya puisqu’il réussit à l’effleurer au terme de plusieurs échanges. Consterné par son manque de vigilance, Ranki se déchaîna soudainement, repoussant violemment l’homme en utilisant pour la première fois ses jambes. Son épaule heurta vivement le sol en ricochant à plusieurs reprises, mais pour une raison obscure elle fit aussi cesser son état d’ivresse. Il essaya de se relever, mais fut vite contraint à ses limites. Son corps s’affaissa de lui-même, comme si quelque chose avait été brisé en lui. « Pas de panique, j’ai simplement précarisé tes points vitaux. Une pause s’impose, accepte-là et profitons-en pour discuter un peu. De toute façon, tu m’as eu, alors je vais devoir t’écouter et t’enseigner une partie de mon art comme je l'ai promis. » Il aurait bien souhaité le remercier, mais même ses mots avaient du mal à venir. Il avait complètement dominé le duel, mais se résignait malgré tout à lui tendre l’oreille. La vraie manche allait donc pouvoir débuter.  


1825 mots | Post II
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mar 11 Aoû 2020, 21:54


Après une pause bien méritée où ses stigmates furent partiellement traités, le Goled vint se placer à ses côtés, comme s’il lui indiquait qu’il était une oreille attentive et qu’il pouvait pleurer sur ses épaules s’il le souhaitait. Une interprétation probablement très loin de la vérité qu’il devait uniquement au contrecoup de ses échecs répétés. Ou bien il ne verrait plus jamais ces créatures du même œil. « Hm. Toi aussi tu t’es pris des pêches aussi raffinées, hein ? Je comprends, ça fait toujours mal à l’égo. » Sans parler de ce torticolis qui affectait ses mouvements rotatoires de la tête. Ce vieux se foutait de lui du début à la fin. C’est tout juste s’il avait relâché le quart de ce dont il était réellement capable. Bien évidemment, Deccio était conscient de l’existence de tels monstres. Et c’est pourquoi il ne pouvait s’empêcher de se pâmer d’admiration avec ses yeux de néophyte. Frottant sa nuque pour soulager ses douleurs, son compagnon d’infortune lui tapota le dos en larguant de légers grognements difficilement traduisibles. « T’es une drôle de bête, tu sais. Je connais pas bien ton espèce, mais j’ai pas l’impression que tes semblables sont aussi… dociles et tempérés d’habitude. » Non pas qu’il critiquait son manque de caractère, car il était lucide du fait qu’il ne faisait pas l’ombre d’un poids contre ce dernier. Et pourtant, c’était typiquement le genre d’adversaires contre lesquelles il aimait se quereller. Remporter des batailles perdues d’avance, c’est ce qu’il avait de plus exaltant. Cette corde raide sur laquelle son cœur battait à plein rythme, il n’y avait rien de plus satisfaisant, surtout s’il parvenait à chaparder la victoire au dernier moment. Dans tous les cas, il ne regrettait pas de passer du temps ici, car il savait combien ça lui serait bénéfique dans le futur.

Le Goled maugréa de nouveau quelque chose d’incompréhensible en gesticulant de telle sorte qu’il paraissait tenir une discussion presque normale. La barrière de la langue, c’était une tragédie des plus astreignantes. Le renard pencha la tête, essayant en vain de le comprendre. Heureusement pour sa santé mentale, le grand maitre refit surface à ce moment-là. « On dirait que ce grand dadais t’aime bien. C’est assez rare. D’habitude, il fracasse leur crâne avec des pierres pour s’amuser. » « Ah ah, quel chanceux je suis. Je tâcherais de le remercier pour sa profonde amabilité quand j’en aurais les moyens. » Joignant ses mains l’une contre l’autre, Deccio se pencha en fermant les yeux pour saluer respectueusement le géant. Bien entendu, cette attitude se voulait ironique. Ranki l’invita alors à marcher à ses côtés afin d’entendre ce qu’il avait à lui dire. Ils se déplacèrent le long des étendues rocheuses, jusqu’à une barricade qui en bois qui menait à une vue des plus incroyables. D’ici, il pouvait presque voir le monde bouger sous ses yeux en des points qui lui parurent infimes. Quelques mammifères et oiseaux se rapprochaient de temps en temps, mais aucun animal ne montra de signes d’agressivités. Ils avaient surement déjà eu un aperçu de la dextérité du gardien. « De quoi vouliez-vous me parler ? » Le silence s’en suivit, l’homme orientant son visage vers le soleil orangé qui s’en allait se coucher derrière les montagnes. « Concernant notre petit duel, je dois dire que j’ai été surpris. Tu es plutôt prometteur, et je suis sincère si je te dis que je pense que tu peux aller loin. » « Mais ? » « Mais pour atteindre le niveau que tu souhaites, tu vas devoir apprendre à contrôler tes émotions. Je ne parle pas de les éradiquer, mais bien de les dominer. » Ce n’est pas comme s’il s’attendait à autre chose de la part d’un sage qui vivait en ermite au sommet d’une montagne. Toutefois, sans qu’il n’ait été en mesure de le remarquer, Ranki se tenait désormais debout sur le poteau qui constituait la barrière.

Il observa attentivement celui-ci, n’osant même pas le quitter des yeux par peur de louper quelque chose. Ce qui suivit fut des plus étonnants, puisque l’instant d’après, il attrapa chacune des feuilles qui tombaient de l’arbre, sans en louper une seule. Il n’avait pas non plus eu recours à la magie, Deccio n’ayant rien senti de tel. Il avait agi avec une rapidité et une précision à couper le souffle, mais c’est surtout le contrôle de sa respiration qui avait été le plus abouti. Son souffle avait opéré en tant qu’énergie extérieure pour lui permettre de s’enfoncer dans une sorte de bulle hermétique qui se coupait de tout ce qui n’avait pas d’importances. Je suis certain que tu as compris ce qu’il s’était produit. Une démonstration vaut parfois plus que des mots. » Je ne peux pas être catégorique, mais… de ce que j’ai constaté, vous n’avez fait qu’un avec la nature. En vous concentrant et en canalisant vos émotions, vous êtes devenu un élément du décor. Ce qui vous a permis de mieux la ressentir en contrepartie. » « Oh oh oh. Tu es un excellent observateur. Il t’a suffi d’une seule fois pour comprendre l’essentiel. Nous allons donc pouvoir passer à la pratique. » Enfin, les choses intéressantes commençaient à pointer le bout de leur nez. Exhibant sa belle dentition de par un rictus des plus diaboliques, le blondinet suivit son professeur jusqu’au centre du domaine.

Il appela ensuite Razor qui accéda aussitôt à sa requête, visiblement enchanté de pouvoir contribuer à ce qui allait suivre. « Bien Deccio. Tu vas devoir te battre avec lui en gardant à l’esprit ce que j’ai enseigné. Je ne te demande pas de le vaincre. Simplement, essaie de ne pas mourir dans les cinq prochaines minutes. » Dit-il avec un sourire sentant l’ironie. Il envoyait ni plus ni moins que son ours de compagnie ; surement bien plus aguerri que lui. « Hmpf. Tu dois pas être si terrible, en fin de compte. Ta taille est certes impressionnante, mais qu’en est-il du reste ? » Le reste l’était tout autant, et Deccio déchanta très vite d’avoir sous-estimé le Goled qui le fit valser du premier coup. Toutefois, ne s’avouant pas vaincu, le renard arriva à préserver l’équilibre pour ne pas se viander et devenir le prochain menu de la chose. Il avait ce qu’il fallait pour lui faire face. Il ne restait plus qu’à agir en conséquence, sans s’emporter. Mais c’était plus facile à dire qu’à faire, car son adversaire ne lui laissa aucun temps mort, et les ouvertures dont il devrait normalement profiter frôlaient le zéro. Les premiers coups furent échangés pendant une bonne minute, sans interruption. La différence de carrure étant aussi importante que la terre et le ciel, c’est lui qui en payait le plus les conséquences. Il était trop maladroit et ne parvenait pas à anticiper les prochains mouvements. C’était un peu comme d’affronter un épais brouillard, il savait où il se trouvait et où frapper, mais qu’importe combien de fois il essayait, ça ne l’affectait pas. La divergence étant que la brume ne représentait aucune menace.

Il essuya de nombreux échecs, les écoulements de sang sur des parties disparates de son corps l’en attestant. « Cesse donc de te fier à ton unique vue et fais confiance à tes autres sens. Razor n’est pas ce que l’on pourrait appeler une entité discrète. Ses pas sont lourds, et sa présence est marquante. Profites-en. » « Tu m’en diras tant… » Pour un expert en arts martiaux, ça coulait surement de source, mais pour quelqu’un qui débutait dans l’univers philosophique des timbrés dans son genre, il fallait s’accrocher pour ne pas se tailler une veine. Il comprit néanmoins le message, fermant donc les yeux pour essayer de visualiser la silhouette qui commença à se dessiner bien que partiellement. Il manqua de peu de se faire broyer telle une cacahuète, mais fut sorti d’affaire en se penchant sur le côté. Ce n’était pas volontaire. Tout du moins, il avait surtout agi instinctivement sans s’en rendre compte. La rage au ventre, le Démon en avait sa claque, et c’est ce déclencheur du ras-le-bol qui lui permit de voir significativement les prochains mouvements du colosse. Ce fut bref et imprécis, mais il distinguait des sortes de lignes blanches qui se traçaient avant l’impact ; un signe précurseur très utile dans le sens où il passa entre les énormes poings de celui-ci pour immédiatement joindre ses deux mains et les focaliser sur l’abdomen du Goled. Il ignorait où il avait appris une telle technique, mais ça lui semblait naturel, et le coup fut à la hauteur de ses attentes, sinon plus. Ainsi fait, il s’effondra, ployant ses genoux devant le renard qui laissa paraitre une expression de surprise. Il était conscient que ce qu’il venait d’accomplir était dû en grande partie à la chance, mais il demeurait assez fier de sa personne malgré tout. C’était déjà un grand pas en avant, et nul doute que c’était le commencement.


Razor se corrigea néanmoins, les poings serrés sur le long de ses flancs. Il acceptait la défaite malgré l’expression de la colère sur son teint avide habituel. Deccio lui tendit la main afin de l’aider à se redresser, reconnaissant envers ce dernier d’avoir participé à son élévation. Il n’était pas du genre à faire preuve d’autant de compassion et de savoir-vivre. Mais quelque part, bien caché dans ses entrailles, se trouvait un petit cœur qu’il écoutait parfois. Du moins, tant qu’il le pouvait encore. Il remercia aussi son maitre en exécutant un signe de respect qu’il lui avait démontré plus tôt. De toute façon, ils se reverraient très vite, car il avait encore beaucoup de choses à apprendre. « Tu t’es très bien défendu en dépit du fait que je ne t’ai pas fait de cadeaux. Pour être sincère avec toi, je comptais me débarrasser de toi, mais on dirait que tu vas encore user de ma patience un moment. » L’homme se mit à rire, visiblement heureux du miracle qui s’était produit sous ses yeux. Deccio ne parvenait pas à lire dans l’esprit de cet homme pour savoir s’il plaisantait ou non. Mais qu’importe, car l’heure était venue pour lui de partir pour de nouveaux horizons. « Que comptes-tu faire à présent ? » « J’ai encore des tas de choses à faire, mais cette fois je dois trouver un maitre d’armes. Certains diront que je suis trop gourmand, mais je tiens réellement à apprendre tous les arts de la guerre, qu’ils soient nécessaires ou non. »[/color] « Oh oh. C’est plutôt une bonne idée. Dans ce cas, je ne saurais te recommander d’aller rendre visite à Luciana pour ce rôle. ». « Je veux bien, mais où se trouve-t-elle ? Je ne peux pas me permettre de voyager à l’autre bout du monde pour ça. » « Ne t’en fais pas. Elle se situe elle aussi sur les montagnes de Fjörd. » « Vous vous foutez de moi ? » Apparemment pas. Ranki lui expliqua qu’elle était sa belle-sœur, et que par souci de parité au sein de leur famille, celle-ci avait décidé d’enseigner son art non loin de son école. Il lui indiqua alors le chemin à emprunter pour s’y rendre, prêtant mutuellement serment de se retrouver dans quelque temps pour entreprendre la leçon suivante.




1843 mots | Post III
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

[Q] - Comme un homme | Solo

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Comme un homme | Solo
» Comme un homme ! [Quête | Ft. Orchidée & Reddas ]
» Comme un homme ! / Être femme avec Akechi Mitsuhide
» Comme un homme ! Être femme ! ( Quête avec Nissa Cauthon)
» Comme l'Océan | Solo
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Fjörd-