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 | Le Cycle de la Haine

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Lun 22 Juin 2020, 01:56



Le Cycle de la Haine


Il continuait de détailler la silhouette de la jeune femme, qui dandinait effrontément son petit popotin sous son regard intéressé. Nonette était plutôt mignonne. Une grande perche avec des cheveux noirs et des yeux gris, qui rougissait pour un rien. Adorable. Carrément bandante, à vrai dire. Elle ne semblait pas avoir conscience de son potentiel de séduction. Ce n’était qu’une petite princesse, à peine sortie de l'adolescence, et un peu mal dans sa peau. Elle était complexée par sa taille, sans aucun doute. Elle avait tendance à ne pas se tenir droite, se balançant maladroitement sur ses petites chaussures plates. Cela ne déplaisait pas à Lucia : il aimait qu’elle se déhanche devant lui. Il reluquait son joli petit cul, parfaitement moulé dans une robe sombre et longue. « Il ne manque plus que vos décisions concernant Dame Sélinda. » murmura-t-elle, en se grattant nerveusement la gorge. Niklaus fouilla pendant quelques secondes dans une pile de documents - dangereusement instable - avant de dénicher une lettre scellée. « Retourne auprès de ta mère, à présent. » Nonette hocha doucement la tête. Elle avait une petite manie tout à fait charmante : celle de mordre son index dès qu’elle était nerveuse. Un tic qui donnait d’ailleurs des idées à Lucia, qui comptait bien la mettre à genoux avant de la retourner contre un mur. « A tout à l’heure. » Elle savait qu’il n’arrêtait pas de la dévisager et cela la mettait cruellement mal à l’aise. Elle faisait de son mieux pour l’ignorer mais ne pouvait pas s’empêcher de regarder dans sa direction, mine de rien. Nonette finit par tourner les talons pour s’en aller, tombant presque nez à nez avec Lucia, qui ne faisait que quelques petits centimètres de plus qu’elle. « Au plaisir, Majesté. » bredouilla-t-elle, rouge comme une pivoine. L’expression arracha un sourire goguenard au Phénix. « A bientôt, Princesse. » Il ne comptait pas quitter les lieux sans avoir pris le temps de visiter les coins les plus intéressants. Asresh, la Place des Portes, le Grand Temple d’Ethelba, les anciennes ruines, l’intérieur des cuisses de Nonette … Il allait tout fouiller, avant de repartir. Avec beaucoup d’application. « Ta fille est sacrément bien foutue, mon petit Klaus. Je rêve de foutre un peu le bordel dans sa tenue trop stricte de petite sorcière parfaite, dans son chignon trop serré de digne héritière et dans son petit cul de vierge pas trop farouche. » Niklaus haussa les sourcils avant d’éclater de rire. « Oui … Elle est jolie comme un coeur. Jeune aussi. Et plutôt timide. Évite de traumatiser mes enfants, Lucia. » - « Tu n’es pas exactement le père de l’année. » remarqua-t-il. « C’est toujours mieux que toi. » L’Empereur de Spectre secoua les épaules, absolument pas gêné par son comportement d’immonde connard. « Ce n’est pas bien difficile. » Lucia savait qu’il avait des enfants. Beaucoup. C’était à peu près tout. Il ne s’intéressait pas à sa descendance. Il se souvenait vaguement qu’il y avait un Sebastian, dans le lot. Et un Bobby. « Tu devrais pourtant faire attention. A force de fourrer ta queue partout, tu risques de te retrouver dans l’une de tes gamines. » Il médita un instant sur cette réplique. « En même temps … Si elle est bonne ... » Niklaus esquissa une petite grimace. « Tu es immonde. » - « C’est toi qui est immonde. Comment tu as pu appeler ta fille Nonette ? C’est quoi, ce prénom à la con ? » Niklaus - qui finissait de mettre de l’ordre dans ses affaires pour son départ - croisa doucement les mains. « Tu veux vraiment qu’on aborde le sujet des prénoms à la con ? » - « Je n’ai pas choisi le mien. Toi .. Tu n’as aucune excuse pour tes goûts pourris. » Niklaus souffla avec exagération, avant de replonger dans le triage de ses papiers. Il avait fini par établir une stratégie imparable, pour aller plus vite : ce qui était insignifiant allait au feu et ce qui était trop important, aussi. Grâce à cette méthode, il pouvait se permettre de tout brûler après une lecture sommaire. « Arrête de tripoter ce truc, Lucia. » grogna-t-il. Ce type était un vrai gosse. Il ne pouvait pas s’empêcher de toucher à tout. Même à un artefact fragile et inconstant qui menaçait de lui exploser à la figure. Lucia ricana. « Tu as dit tripoter. » - « Gamin. » - « Arrête. Tu m’adores. » Lucia commença à jongler avec le bibelot. « Tu es sûr de toi ? » finit-il par demander. « Plus que certain, même. Tout est prêt de ton côté ? » Lucia opina du chef. « Tu es conscient que cela va bousiller ton début d’amitié et de paix avec l'espèce de furie rousse ? » Niklaus ébaucha un sourire torve. « Je saurai retourner la situation. » - « C’est elle qu’il faut retourner. Tâche de la sauter un coup avant qu’elle te fasse la tronche. Elle est sacrément rancunière, la petite. » - « C’est peu de le dire. Qu’importe. » Lucia s’affala sur un fauteuil, en face de son ami. « Allez … Fais moi rêver, grand fou. C’est comment de baiser avec elle ? » Niklaus déboucha une bouteille, pour servir deux verres. « Si tu savais ce qu’elle peut faire avec sa langue … » - « Si tu savais ce que je rêve de lui faire avec la mienne ! » - « Bon courage. Elle te déteste. » Lucia afficha un sourire victorieux. « Je sais. » Il tapota vivement sur ses cuisses en se relevant. « Tu as plein de travail. Je vais aller me balader un peu. » - « Tu me gênes depuis des heures. Tu peux rester encore un peu. » Lucia était en train de récupérer sa veste pour partir. « C’était la manière polie de signifier que je m’en vais soulever ta gamine dans tous les sens, Niklaus. »

Niklaus balaya les environs du regard. Il avait terminé de tout ranger, et n’allait pas tarder à quitter la Capitale. Il ne comptait pas s’attarder à Amestris. Oh … Il allait souvent traîner dans les parages, bien évidemment. Il restait quelqu’un de trop important pour le Peuple des Sorciers et il devait continuer à gérer une bonne partie de la Dynastie des Salvatore, sans oublier ses affaires ... Mais il comptait explorer de nouveaux horizons, grâce à Lucia. Il avait rejoint les rangs de l’empire, dans le plus grand des secrets, afin de s’assurer une place de choix. Maintenant que son héritier était prêt à reprendre les rennes … Il pouvait se permettre d’exécuter ses autres projets. « Il existe une coutume. » commença-t-il tranquillement, conscient de la présence du prochain Empereur près de lui. « Une coutume rarement utilisée. » précisa-t-il, un peu amusé. Pour cause : elle n’avait pas souvent l’occasion d’être mise en oeuvre, dans la mesure où elle excluait une prise de pouvoir par le sang. C’était plutôt rare, chez les Sorciers. Pour ne pas dire carrément exceptionnel. « Ma bénédiction pour la passation de pouvoir doit s’accompagner par un présent. Celui d’épouses. Il convient donc que tu en choisisses deux ou trois, parmi les miennes. » Cela excluait évidemment Fanélie, qui avait un rang différent des autres. Niklaus précisa aussi le nom de ses favorites, comme Delorah ou Houria, qu’il désirait converser. Les autres … Il pouvait bien s’en séparer. Niklaus était un collectionneur. Et parfois, on se laissait de certaines pièces de sa collection. En réalité, il avait grincé des dents quand on lui avait appris l’existence de cette tradition. Il était un brin possessif. Après réflexion, il avait décidé que ce n’était pas si important. Il changeait tellement souvent d’épouses, de façon plus ou moins volontaire … C’était une occasion de renouveler quelques places. Il avait déjà repéré une charmante demoiselle qu’il aimerait bien à ses côtés. Il ignorait si elle allait être d'accord. A vrai dire, il ne connaissait même pas son nom. Ce n'est pas comme s'il lui demandait son avis. « Et ceci ... » Il attrapa une petite boîte, sur un coin de son bureau. Son ancien bureau. « Est pour toi. » Le sceau royal. Niklaus eut un petit sourire. C'était vraiment la fin.

Et tout juste le début.

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
◈ Parchemins usagés : 3996
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Mar 21 Juil 2020, 10:18


Mes coudes reposaient sur le bois de la table. Je fixais le sceau royal qui était posé devant moi, pensif. Des bruits circulaient déjà depuis un moment sur la passation du pouvoir. Ce n’était une surprise pour personne. Niklaus se retirait, sans que je n’eusse besoin de le tuer ou de l’écarter de force. C’était rare chez les Sorciers, tellement que les rumeurs couraient abondamment sur la question. Son règne avait été long. Il était donc parfaitement normal que le changement amenât son lot de commentaires. J’étais moins séduisant que Lord, ce qui était l’une des remarques les plus relayées. La superficialité du peuple m’amusait, en un sens. Cette apparence-ci me plaisait. Les Monarques avaient tendance à user de magie pour paraître jeunes éternellement. Leur plastique respirait la force, la puissance. Les muscles des hommes ne manquaient jamais de faire soupirer de désir. Les formes des femmes emportaient les élans de tous les cœurs. Je comprenais parfaitement, même si je préférais paraître vieux, grand, maigre et rabougri. Ainsi, l’on ne pouvait que très difficilement me surestimer au premier abord. Il suffisait pourtant que je refermasse mes longs doigts rachitiques sur une personne pour que celle-ci se rendît facilement compte que je ne manquais pas de poigne.

Je déliai mes doigts lorsque j’entendis frapper à la porte. « Entrez. » Mon regard remonta le long de la silhouette d’Eulalie Solveig. J’avais réfléchi quelques minutes à l’offre de Niklaus et avais choisi d’une façon irraisonnable deux de ses épouses. J’aurais pu avoir mieux, d’un point de vue politique, mais mes considérations avaient été toutes autres. Je n’aimais pas les Sirènes et, pourtant, j’avais désigné celle-ci. « Asseyez-vous. » lui dis-je, sans chaleur aucune. Alors qu’elle allait parler, je levai l’index pour la faire taire. Je n’avais aucune envie de l’entendre. Son caractère suffisant ne me plaisait pas le moins du monde. « Je vais vous expliquer les choses brièvement puisque je n’ai pas beaucoup de temps à vous accorder pour le moment. Vous allez comprendre pourquoi. » Je baissai les yeux sur le sceau royal afin qu’elle suivît mon regard. Un léger sursaut attaqua son visage. Au moins, elle comprenait rapidement. « Il y a une tradition ancestrale de passation d’épouses chez les Sorciers, d’un même temps que le trône. » À croire qu’en plus d’enfoncer la couronne du précédent Souverain sur sa tête, il fallait aussi s’enfoncer dans des chemins déjà explorés par ce dernier. « Je vous ai choisie pour une unique raison : Eméliana. Puisque je suis déjà son mentor, je désire la garder près de moi. Vous conserverez donc votre statut de Dame Noire en m’épousant. Vous pourrez arrêter de vous teindre les cheveux puisque je ne compte pas brûler les rousses. Vous ouvrirez votre chocolaterie et pourrez garder Mélorie à vos côtés. En revanche, je ne veux plus que vous approchiez la Princesse Eméliana pour le moment. Votre présence lui est néfaste. C’est compris ? » Il y eut un silence. « Oui. » fit-elle. « Et concernant nos rapports ? » « A priori, il n’y en aura pas, sauf si vous le désirez et que je le désire aussi. Je ne vous empêcherai pas de voir d’autres hommes mais j’imagine que vous connaissez les règles du jeu. Si l’un de vous se fait prendre, si j’entends la moindre rumeur m’étant désagréable, je vous ferai éliminer tous les deux. » J’ouvris un tiroir et lui tendis le contrat. Je l’avais déjà signé. Il reprenait, en gros, les termes de son précédent contrat de mariage avec Niklaus, des clauses en moins. Il était bien plus possessif que moi.

Une fois qu’elle eut signé, elle se redressa et me regarda. « Puis-je vous poser une question ? » « Allez-y. » « Qui avez-vous choisi d’autre ? » « Aliénor Vaughan. » « Une Magicienne. » « C’est exact. Elle est l’un des symboles de la paix qui règne actuellement entre Magiciens et Sorciers. » Je devais d’ailleurs me pencher sur un homme ou une femme à envoyer en territoire magicien, afin de compenser la disparition de Gidéon Paiberym. « Bien. Vous pouvez disposer. » articulai-je, bien avant qu’elle n’eût l’idée d’ouvrir la bouche pour ajouter quelque chose. Je me levai à mon tour, après sa disparition derrière la porte, et vins me positionner devant la fenêtre. Des losanges en fer la parcouraient, donnant au paysage un aspect découpé. Le fait qu’elle fût un symbole n’était pas la seule raison qui m’avait décidé. Je savais que Priam et elle s’étaient déjà croisés. Ils se connaissaient et l’Orine de ce dernier passait du temps avec la Magicienne. L’épouser et décider de son sort me conférerait un avantage non négligeable. S’il s’avérait que l’Ange ait quelques attentes amoureuses, je pourrais fermer les yeux, ce qui rassurerait Laëth sur mon fond bénéfique. En poussant la réflexion plus loin, s’ils finissaient dans les bras l’un de l’autre et qu’elle tombait enceinte, l’enfant serait réputé comme étant le mien, ce qui me conférerait un moyen de pression non négligeable. Au-delà de son lien de parenté avec l’Aile d’Acier, certains bruits couraient sur les premiers pas de Priam en diplomatie. Dans ce domaine, il n’y avait pas que la parole qui importait, il y avait aussi les cartes que chacun avait en mains. Pour le moment, Aliénor était sans doute une sorte de cinq de cœur. Plus tard, elle se transformerait peut-être en reine de cœur ou, pourquoi pas, en as. Cette possibilité n'avait rien de dérisoire, au contraire.

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