Partagez
 

 [Q] Sur le pavé | Solo Rê

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Dim 21 Juin 2020, 00:34

Partenaire : /
Objectif : Comme à son habitude, Rê est bourré en fin de soirée. Il rencontre un groupe d’autres gens bourrés qui font un mouvement bizarre s'apparentant drôlement à une chute. Trouvant ça drôle, il veut l’apprendre à son tour.

Sur le pavé
-Merde, chu encore bourré.

Eh oui Rê. Tu étais encore bourré. Mais à qui la faute ? Ces gens assis un peu plus loin ? Cette table bancale qui réceptionnait tes verres ? Ce vieux tavernier qui en essuyait d’autres en tremblotant un petit peu ? Ou peut-être la faute à la bière qui avait consenti à être bue ? Non Rê. Ces gens n’en avaient absolument rien à foutre de ta personne. A vrai dire, c’était à peine s’ils t’avaient vu. Cette table n’était pas vivante et munie d’aucune volonté. Elle était seulement destinée à subir les conséquences de sa fonction quotidienne et les dérapages des clients. Elle était imbibée d’un alcool qui avait séché avec le temps, rongée et lissée par les frottements de verre, de mains, de doigts et d’ongles passés dessus, victime de quelques chutes et cabrioles qui avaient coûté sa stabilité. Le vieux patron ne faisait que son travail pour économiser un peu, avant de prendre une retraite bien méritée. Là, il était sur la fermeture. Il était tard, si tard qu’on pouvait même dire qu’il était tôt. Il n’allait pas tarder à chasser les derniers clients pour fermer et aller se coucher. Quant à la bière, elle, elle n’avait fait que suivre son destin de bière. Alors c’était de ta faute. T’étais juste con, encore. A la limite, tu pouvais dire que c’était la faute à ta connerie. A la limite. Mais bon. On t’accordait le bénéfice du doute seulement parce que tu faisais pitié.

Alors que les paroles de la narratrice le taclaient bien sévère, Rê était en train de virer dépressif. La reprise progressive du calme couplé à la fatigue le rendait de plus en plus mou. Il se sentait seul, tout à coup. Mais pourquoi ? Tout aurait dû rouler pour le mieux normalement. Il avait rencontré Dasaälm et celui-ci l’avait aidé en lui donnant des pistes pour se remettre sur le droit chemin. Ça avait marché, Rê avait retrouvé la motivation, celle de trouver du travail et de faire de son mieux pour vivre correctement. Il n’avait pas trouvé de petit boulot, au final, ou du moins, pas pour bien longtemps. Sa vie avait plutôt viré pour retrouver celle d’un Asgjë lambda, à savoir intégrer les enseignements que tout Lyrienn recevait au début de sa vie. Pour se faire, il avait rencontré une vieille dame. Celle-ci avait accepté de l’héberger en échange de quelques services du quotidien, comme faire le ménage ou aller au marché pour faire les courses à sa place. Entre temps, lui pouvait se concentrer sur ses études. Il se voulait particulièrement appliqué. Rê avait à cœur de s’intégrer à la société de cette race qui était supposée être la sienne. Il n’était clairement pas le meilleur élève que le Müellim put avoir – à vrai dire, ce dernier le trouvait même très con – mais au moins, il y mettait de la volonté. C’était naïf et ça aurait même pu être mignon si le concerné n’avait pas été adulte ni empesté l’alcool au retour de certaines soirées. Les autres élèves se moquaient parfois de lui à cause de tout ça. Le clone faisait mine que ça ne le touchait pas alors qu’en fait si. Il n’avait pas d’amis. Ça le rendait triste. Ça se voyait dans ses yeux lorsqu’il se voulait souriant durant les leçons. Même s’il avait retrouvé le chemin pour sortir de la misère, il se sentait toujours triste. Il avait beau faire n’importe quoi pour se distraire et donc aller mieux, il y avait toujours cet arrière-plan morose. Comme s’il pleuvait en permanence sur lui, et que peu importait ce qu’il faisait, au final, il se sentirait toujours mouillé par elle puisqu’elle ne s’arrêtait pas. Quant à cette vieille dame qui l’hébergeait, Dekjah, ce n’était pas exactement la Mamie-Gâteau qu’on avait tous en tête. Son caractère était plus trempé. Un peu grincheuse, elle aimait faire mille choses à la fois, ce qui faisait qu’au final, elle n’avait jamais le temps de rien faire, comme elle disait. Elle détestait aussi que les personnes autour d’elle restent les bras balans à rien faire, ce qui pouvait faire d’elle un tyran. Elle passait son temps à entretenir sa maison impeccable, à bricoler des choses et d’autres pour ses enfants et petits-enfants qu’elle aimait fort, « sauf cette Anna qui n’en fait qu’à sa tête. Une vraie peste, je te dis. ». Anna était l’une de ses quatre enfants, une Lyrienne de la Terre. Elle ne s’entendait pas bien avec elle de par sa nature et son comportement trop différents du sien. Dekjah aimait avoir raison là où sa fille préférait l’indifférence plutôt que d’entrer dans un débat houleux et stérile avec elle. La mère trouvait cela particulièrement insolent, raison pour laquelle elle ne lui parlait jamais et ne lui offrait jamais rien. Sauf pour son anniversaire, lorsqu’elle était de bonne humeur. Avec ses autres enfants, par contre, elle tenait particulièrement à les aimer. De ce que Rê savait, elle avait une fille qui vivait à présent sur Yangin et un fils et une fille, du même élément qu’elle, sur Ildirim. Il n’était pas bien sûr de leur prénom. Au final, la grand-mère passait plus de temps à se plaindre de sa fille divergente que des autres. Tout ce qu’il pouvait dire de ces derniers, c’était que la fille de Feu renvoyait une lettre à sa mère à chaque fois qu’elle recevait un cadeau de sa part car « elle n’est plus une gamine ».

Outre ces détails, Dekjah était plutôt gentille avec Rê. Elle pensait souvent juste de lui faire quelques remarques concernant sa Révélation qui ne venait pas, mais à part ça, elle était plutôt contente de ses services et faisait souvent des gâteaux. Rê adorait ses gâteaux, surtout les gâteaux au yaourt. Parfois, il en grignotait en secret et elle le traitait alors de grosse souris en lui donnant des tapes dans la nuque. Mais ça allait.

Puis, des soirs, il sortait. C’était dès que Dekjah lui donnait de l’argent de poche, en fait – elle le considérait presque comme son propre fils parfois. Il dépensait presque tout dans l’alcool, comblant la frustration du manque qui l’avait assaillie depuis la dernière fois qu’il avait pu sortir. L’avantage de cette irrégularité, c’était qu’il ne s’habituait pas trop et qu’il ne lui en fallait pas beaucoup pour être torché. Or c’était exactement ce qu’il recherchait. Boire lui permettait de décompresser, de penser à autre chose. Du moins, au début. Parfois, comme aujourd’hui, ça tournait un peu moins bien et il se retrouvait plus triste qu’avant. Ce qui rendait la chose d’autant plus triste. Dans ces moments-là, il repensait à Dasaälm et il espérait que ce dernier réapparaisse de nulle part pour lui venir en aide, l’accompagner, être au moins son ami le temps d’une nuit. Mais sans surprise, cette nuit il ne se passa rien et personne ne vînt s’asseoir à sa table. Il dût même la quitter lorsque le patron annonça la fermeture. Rê soupira avant de quitter sa table. Il sortit et resta devant la porte fermée de l’établissement pendant quelques minutes. Il n’avait pas envie de rentrer. Il avait envie de se poser et de parler à des gens, n’importe qui. Juste parler de tout et de rien, comme ça. Alors il marcha. Il déambulait dans les rues en marmonnant des choses, s’adressant à un interlocuteur imaginaire pour faire passer le temps, jusqu’à ce qu’il entende des éclats de voix un peu plus loin. Une étincelle traversa ses yeux. Devait-il y aller ou avoir peur qu’il se s’agisse de personnes dangereuses, violentes et mal intentionnées ? Il décida de s’approcher pour en avoir le cœur net. S’ils étaient méchants, il rentrerait et tant pis. Il s’endormirait triste. Sinon… il verrait bien.
Rê marcha plus ou moins droit jusqu’à la ruelle d’où provenait le bruit. S’appuyant contre un mur, il décida judicieusement de ne pas se montrer tout de suite. Il laissa seulement dépasser sa tête pour découvrir un groupe de quatre personnes en train de danser. Ils étaient eux aussi sous l’emprise de l’alcool, ça ne faisait aucun doute. Ça le fit sourire. L’un d’entre eux effectuait une chorégraphie un peu stupide, balançant ses bras au-dessus de sa tête tandis qu’il sautait et se dandinait, comme pour passer pour un artiste célèbre. Ses amis tapaient dans leurs mains pour donner le rythme et l’encourager. C’était drôle. Rê se surprit à aimer cette danse ridicule. Il voulut un instant les rejoindre mais n’en eut pas le courage. Il resta donc dans sa cachette jusqu’à ce qu’il ne voie le chorégraphe en herbe lever sa jambe en l’air, plier l’autre et se laisser basculer en arrière dans un geste théâtral. Rê écarquilla les yeux. Un cri d’effroi s’échappa de sa bouche et il se précipita sur le blesser.

-Vous allez bien ? Vous n’avez rien de cassé ? Oh, par les Aetheri ! Il est vivant !

Les autres le considérèrent avec un jugement certain, puis éclatèrent de rire. Celui qui avait chuté se releva.

-C’était fait exprès. C’est un pas de danse. C’est un jeté de la mort.

Ça sonnait hyper cool, même si ça faisait un peu peur. Au moins, ça portait bien son nom. Le danseur réitéra la chute pour lui montrer. Rê manqua de revenir à son secours.

-Mais… ça fait mal de tomber !

-Non.

-Hein ?

-Tu veux que je t’apprenne ? C’est marrant.

-Euh. Je sais pas.

Il n’avait pas envie de tomber voyons ! Enfin, c’était bizarre de tomber comme ça. Il pensait plutôt que c’était un signe de faiblesse et qu’on allait se moquer de lui s’il tombait. Ceci dit… la façon dont lui tombait était drôlement classe.

-Alleeezzzz je suis sûr que tu veux en vrai.

-Ouais. Il rit bêtement et pencha dangereusement sur le côté.

L’autre lui prit le bras. Ses amis poussèrent des cris d’encouragement qui enthousiasmèrent aussitôt le clone.

-Regarde. Ton pied, tu le fais partir comme ça sur le côté. Tu penches, tu laisses l’autre se plier et tu tombes par terre. Aide-toi de tes mains !

Il lui fit une nouvelle démonstration.

-Mais c’est trop fort ! Hurla soudain Rê qui était de plus en plus heureux.

Tout à coup, il imita son professeur improvisé et se laissa tomber par terre. Son dos heurta le pavé et sa jambe pliée lui fit savoir qu’elle n’avait jamais été aussi souple, lui arrachant un râle sonore. Le groupe s’esclaffa.

-Ça va ?

-Ouais.

Être bourré lui faisait un peu oublier la douleur. Quant à sa peur, elle était inexistante. En bref, il était dans les conditions parfaites pour recommencer jusqu’à ce qu’il y parvienne. Le danseur lui tendit la main pour l’aider à se relever.

-Je m’appelle Rik et eux c’est mes copains Jekill, Chris et Ian et on est bourrés. Toi c’est quoi ?

C’était un peu bizarre comme transition, mais il venait de justifier pourquoi.

-Rê !

Après avoir rigolé pour rien, Rik lui donna ses techniques pour ne pas se faire mal. Sous ses conseils, Rê se rétama une bonne dizaine de fois et se fit mal à chacune de ses chutes. Il se demanda comment son cerveau pouvait encore être dans sa boite crânienne et comment les os de ses mains, bras, jambes et de son dos – tous ses os en fait – pouvaient encore être intacts. Ce constat le fascina. Le corps était vraiment incroyable ! Cela le conforta dans son exécution singulière du jeté de la mort, même si chacun de ses essais s’étaient avérés être plus foireux les uns que les autres.

-Cambre-toi pour pas te faire mal ! Et gaine pour pas te cogner partout !

Mais le fait était que Rê était aussi souple qu’une planche et gainé qu’une brioche. L’exercice était donc de taille. Il essaya ceci-dit et se cogna la tête par terre. Il gémit. Cette fois-ci, ça lui avait fait très mal. Il était sonné.

-Hmm ça va ? On devrait p’tet arrêter là hein ? Il est quelle heure ?

Rik aida Rê à se relever.

-Je sais pas. Il est la nuit encore.

-Ouais bah on va aller dormir au lieu de déranger Madame la Nuit. Hein ? Hihi. Comment tu t’appelles déjà ? Rê ! RÊ ! Eh bien Rê, bonne nuit, rêpose-toi bien haha !

Ils éclatèrent de rire tous ensemble et se firent à chacun une accolade.

-Rentre bien Rê ! On se rêvoit plus tard !

Rê les salua une dernière fois, un grand sourire aux lèvres et tourna les talons. Sur le chemin du retour, il continua de rigoler. Il était heureux, il avait appris un truc trop cool et il venait de se faire des copains. Il était heureux. Ce qu’il ne savait pas, c’était qu’il ne reverrait jamais ces types et que demain, il se réveillerait avec des douleurs telles que couplées à sa gueule de bois, il resterait cloué au lit.


~2199 mots~


Revenir en haut Aller en bas
 

[Q] Sur le pavé | Solo Rê

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» [EVENT solo Partie IV - solo] Rétablir un semblant de vie
» [Q] - Ẹṣọ Kọọ | Solo
» [Q] La fin | Solo
» ~ Elizaveta ~ [solo]
» « Nous » | Solo
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Mers :: Mers - Ouest :: Mer de la Méduse :: Archipel d'Aeden-