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 [Coupe des Nations sorcière] - Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

~ Sorcier ~ Niveau VI ~
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Kaahl Paiberym
Sam 02 Mai 2020, 16:35

Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi


Crédit : Joakim Tornhill
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« J’espère que vous me pardonnerez ce rendez-vous peu convenable. » commença-t-il. Mes yeux fixaient l’un des piliers de la salle de bain. J’avais rapidement pris connaissance de la position du Prince Noir, assis dans son bain, les bras positionnés sur le rebord de pierre, avant de détourner le regard. Je n’avais rien vu de particulier, hormis le haut de son torse et un petit sourire amusé sur son visage, un sourire qui n’était guère habituel. Comme je n’étais pas née de la dernière pluie, j’avais compris rapidement qu’il était en train de se réjouir d’un événement à venir. À moins que ma gêne ne le satisfît mais j’en doutais fortement. Il n’était pas connu pour ce genre de plaisirs, contrairement à certains autres hommes appartenant à la noblesse qui n’hésitaient pas à se servir de leur statut pour en profiter de manière déplaisante et sournoise. Il préférait abuser les jeunes esclaves. « Néanmoins je tenais à vous voir en personne et je manque de… temps. » Il marqua une légère pause. « Marquise Mayfair, si cela ne vous dérange pas, je préférerais que vous me regardiez. Il n’y a rien qui pourrait porter atteinte à votre pudeur et, je vous le promets, je ne me relèverai pas sans vous prévenir. » Je consentis à tourner les yeux vers lui. « C’est mieux. » L’un de ses bras bougea et il passa ses doigts filandreux dans sa barbe. « Je désire que la Coupe des Nations soit grandiose et, puisque c’est à moi qu’il appartient de l’organiser, j’ai décidé de porter mon choix sur une épreuve particulière. Je souhaitais que le Talleb fût présent pour présenter cette dernière mais, d’après mes estimations, ce ne sera pas possible. » Il semblait sûr de lui. « Je préfère donc m’en remettre à vous. Votre famille est réputée en dehors de nos terres et votre simple nom suffira à désillusionner les créatures bénéfiques sur leurs chances de succès. » « Ce serait un grand honneur. Pourtant, si je puis me permettre, pourquoi ne vous gardez-vous pas ce privilège ? » « Comme je vous l’ai dit, je ne dispose que de très peu de temps. Je prévois un événement qui marquera le début, je l’espère, d’une série de victoires pour notre peuple. Après celui-ci, un autre risque de m’accaparer, si bien que je n’aurai probablement pas non plus le loisir de fêter le premier dignement. » Il plongea de nouveau ses bras dans l’eau chaude. La pièce était austère, éclairée par une lumière jaunâtre qui conférait à la peau du Prince une couleur maladive. « La Coupe des Nations sera particulièrement festive et Amestris ouverte à qui le souhaitera. La garde y sera renforcée, bien évidemment. » « En quoi consistera l’épreuve ? » « Je vais vous l’expliquer. Vous allez apprécier, je n’en doute pas. J’aurais d’ailleurs besoin d’un certain nombre de vos esclaves. » Ses lèvres esquissèrent un sourire maléfique. Ses projets, sans même les avoir entendus, me plaisaient déjà, si bien que j’en oubliai sa nudité.




Je croisai le Comte Ismaël Windsor. Un fin sourire princier se dessina sur mes lèvres. « Félicitations Comte Windsor. C’est une belle promotion que vous avez eue. Gouverneur de la Terre Blanche... » précisai-je. « Merci Marquise Mayfair. Je vous retourne les honneurs. C’en est un de présenter la Coupe des Nations. » Je ris, faussement enjouée. Je détestais cet homme. « Les participants sont-ils tous dans la cour ? » « Oui. » « Je me demande si le Monarque Démoniaque a osé présenter quelqu’un. » Le Comte se mit à rire. « Les Démons osent tout, comme les abrutis. C’est à cela qu’on les reconnaît. » « Moi qui pensais que ceci était plutôt une affaire de Réprouvés. » lâchai-je, d’un ton perfide et suffisant avant de me rendre sur le balcon de l’habitation. Il s’agissait d’une demeure qui possédait une cour intérieure sur laquelle donnaient quatre murs, tous équipés de balcons. Le sol était encore maculé du sang des esclaves qui avaient été torturés ici la veille, sous l’œil appréciateur de certains nobles qui avaient payé cher pour voir ça. L’habitation appartenait à ma famille. Nous étions réputés à travers le monde, une réputation qui glaçait facilement d’effroi, tant le sort que nous réservions à ceux qui croisaient notre chemin était terrible. Avec la prise de la Terre Blanche, le peuple sorcier avait gagné un nombre important d’esclaves, une préoccupation qui accaparait l’attention de chaque Mayfair depuis quelques jours. Les affaires n’avaient jamais été aussi florissantes.

Dans ma robe blanche aux allures strictes, je fixai chacun des protagonistes présents, plus bas. J’en aurais volontiers soumis la moitié puisque c’était à peu près le nombre de ceux qui ne méritaient pas de vivre. Je ne comprenais pas comment certains peuples pouvaient être considérés comme majoritaires tant leur inutilité était persistante dans l’Histoire. « Bienvenue à Amestris. Comme vous avez tous pu le constater, la ville connaît actuellement une certaine… euphorie, dirons-nous, à raison. Celle-ci ne devra pas vous déconcentrer pour autant puisqu’une lourde tâche vous attend. Le Prince Noir, qui est à l’origine de l’organisation de l’épreuve, ne nous fera pas l’honneur de sa présence, malheureusement, mais il m’a chargée de vous communiquer ses exigences. Chacun d’entre vous se verra attribuer une habitation dont le rez-de-chaussée sera ouvert au public, qui pourra venir admirer votre œuvre. L’étage vous sera consacré, pour que vous puissiez vous reposer. Des gardes seront là pour assurer votre protection et des esclaves pour vous servir. Ces derniers sont bien dressés. Vous n’aurez qu’à demander et ils s’exécuteront. Vous aurez le droit de sortir vous promener dans Amestris à la recherche de l’inspiration, jamais seul, bien entendu. Un cuisinier viendra vous nourrir et vous ne manquerez de rien durant le temps de votre séjour. » Il y avait une raison cachée à cela, que j’allais aborder plus loin. « L’épreuve en elle-même consiste à créer une technique de torture, que cette technique soit physique ou psychologique, magique ou non. Vous demanderez ce dont vous aurez besoin et le matériel nécessaire vous sera fourni. » Le Prince Noir avait pensé aux Humains, ce qui m’affligeait profondément. En discutant avec lui, j’avais ressenti un certain goût pour l’extérieur. Je savais déjà, auparavant, qu’il voyageait beaucoup. Les questions économiques et diplomatiques étaient au cœur de ses préoccupations, ce qui n’était pas pour me déplaire pour certains peuples mais qui me révoltait pour d’autres. Cependant, je comprenais l’utilité stratégique d’une telle manœuvre pour l’héritier du trône. « Le vainqueur sera choisi par le Prince en fonction d’un critère particulier : il faut que la torture puisse durer l’éternité et qu’elle soit la plus douloureuse possible. La douleur, excluant la mort. » Je fixai le participant angélique avec un certain plaisir. « Ce n’est pas tout. Si vous souhaitez gagner l’épreuve, vous devrez consentir au mariage avec l’héritier du trône. Celui-ci désire renforcer certaines alliances. Vous devrez donc écrire votre consentement, ainsi que ce que vous seriez à même d’apporter à Elias Salvatore et au peuple noir dans une lettre que vous scellerez. Le Prince Noir choisira de futures épouses ainsi. Comprenez qu’il s’agit d’un mariage d’affaires qui ne donnera naissance à aucun héritier… » Je marquai une pause, comme il m’avait dit de le faire. « Normalement, du moins, mais qui emportera des conséquences sur votre futur mode de vie qui seront à négocier avec Elias en personne. Le mariage, chez les Sorciers, est un contrat avant tout. Le consentement est requis. Vous marier exclura aussi un autre mariage, sauf si le Prince y consent à son tour. » La violence du concerné devrait en faire reculer plus d’une, pensai-je. « Quant aux hommes, puisque le mariage est impossible, vous devrez procéder aux mêmes formalités : votre consentement et vos apports éventuels. Si le Prince vous choisit, vous serez considéré comme un collaborateur privilégié dans les rapports entre les Sorciers et votre peuple pour l’avenir. » Je souris. « Une défaite à l’épreuve n’impliquera pas automatiquement le rejet du mariage ou de la collaboration de la part du Prince. Si vous consentez, vous devrez vous y tenir. Il n’est pas connu pour apprécier les menteurs et les lâches. Pensez à vos peuples. Puisque les Ætheri vous ont désignés, faites leur honneur. Qu’Ethelba guide votre créativité. » finis-je, en faisant signe à la garde de guider chaque participant dans une habitation différente.

1385 mots

Explications


Yo  [Coupe des Nations sorcière] - Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi  2289842337

■  Déroulement de l'épreuve : Votre personnages arrive à Amestris. Dès son arrivée, il sera pris en charge par la garde et conduit dans une auberge le temps que tout le monde soit réuni. Ensuite, il sera amené dans la cour intérieure d'une grande demeure. Le sol est sanguinolent. La Marquise Mayfair apparaîtra alors sur le balcon et dira ce que j'ai écrit dans mon message. L'épreuve durera l'équivalent d'un mois maximum. Si votre personnage a fini le premier jour, il pourra partir. S'il abandonne, pareil. Elle consiste à inventer une technique de torture, magique ou non, qui devra exclure la mort tout en étant particulièrement douloureuse. Votre personnage la concevra en théorie et en pratique, avec l'aide d'esclaves et de Mages Noirs qui seront là pour le soutenir. C'est surtout une épreuve d'intelligence mais personne ne dit qu'une torture simple ne peut pas être efficace. Une fois le discours terminé, votre personnage sera conduit dans une maison. Le rez-de-chaussé sera toujours ouvert au public. C'est une sorte d'atelier très spacieux et tout ce dont il a besoin lui sera fourni. L'étage lui est réservé. Il y a un lit, une salle de bain, de quoi se changer les idées comme des livres, des cahiers vierges ou encore un chevalet avec de la peinture. Il peut aussi sortir visiter Amestris, accompagné d'au moins deux gardes. Il est assez libre de gérer son temps mais il faut terminer l'épreuve avant la fin du temps imparti.

Pour remporter l’épreuve : Il y deux conditions à ça :
- Votre personnage doit terminer sa technique de torture. Elle doit être opérationnelle et, pour le savoir, elle sera testée sur l'un des esclaves qui l'a aidé. Ce détail n'est pas révélé au préalable à votre personnage. Ce sera un essai bref, quelques minutes seulement, juste pour s'assurer que ça fonctionne et que ça fait mal. Ce serait bien de donner un nom à votre invention, qu'on puisse la désigner facilement à l'avenir.
- Votre personnage doit consentir à devenir l'épouse d'Elias, si c'est une femme, ou son collaborateur, si c'est un homme. Le consentement doit être écrit sur un parchemin, accompagné de ce que votre personnage pourrait apporter à Elias et aux Sorciers, avec son identité et quelques détails de personnalité et d'histoire (ce qu'il fait de ses journées, son métier, ses habiletés). Ces informations ont été en partie données par la Marquise Mayfair mais il les aura aussi dans sa chambre. Si votre personnage refuse, il ne pourra pas gagner l'épreuve. Le mien veut créer et renforcer les alliances avec les autres peuples, en matière économique, diplomatique, culturel, scientifique, et c'est aussi une occasion pour le vôtre de servir d'intermédiaire et de prendre de l'importance. Je choisirai ensuite dans les personnages qui auront consenti essentiellement sur plusieurs critères dont deux : les apports effectifs de votre personnage pour le mien et son activité rp, avec un gros poids pour l'activité. Elias contactera votre personnage plus tard pour une entrevue. Si le lien n'est pas joué, le contrat sera rompu.

■  Impact dans la zone : Amestris est doublement en fête : il y a l'épreuve de la Coupe des Nations mais également la prise de la Terre Blanche par les Sorciers.

■  Candidats : Vous devez vous inscrire dans le sujet approprié dans les organisations de rp.

■  Chronologie : Ce rp se passe quelques jours après la prise de la Terre Blanche par les Sorciers. Vous avez l'actualité dans ce sujet.

■  Durée du rp : Un mois. Vous avez jusqu'au 03 juin 2020, 23h59 pour poster.

Message : Un message unique entre 900 et 3 000 mots.

Ouverture  : Ce rp est ouvert à tout le monde, où que votre personnage soit si vous avez envie de le faire réagir à la nouvelle de la prise de la Terre Blanche par les Sorciers ou si votre personnage se trouve à Amestris. La cité est en fête, la garde est renforcée donc ne faites pas n'importe quoi. Vous êtes chez les Sorciers et, c'est un peu comme les Chamans, ils ne vous aiment pas. Vous pouvez vous déplacer d'habitation en habitation pour admirer l'avancée du travail des participants à la Coupe. Il y a de nombreuses soirées mondaines organisées et la tolérance est à son maximum, ce qui ne veut pas dire qu'elle soit très élevée pour autant. Elias Salvatore et Ismaël Windsor sont particulièrement populaires, surtout le premier mais le deuxième est bien plus présent donc il reçoit beaucoup d'honneur. Il ressemble à ça. C'est un militaire et homme politique plutôt influent. Il est contre Elias mais ça ne se sait pas. Il agit en secret. Il n'est pas marié, ce qui en fait un bon parti depuis qu'il est devenu Gouverneur de la Terre Blanche. Aucune disparition d'Elias n'est à noter. Beaucoup de Sorciers l'ont aperçu brièvement depuis la prise de la Terre Blanche (grâce à Devaraj qui a fait quelques apparitions sous les traits d'Elias) et, de toute façon, mon personnage est réputé pour voyager beaucoup hors de la capitale.
Pour un post de 900 mots : 1 point de spécialité au choix OU 6 points de RPs
Et pour 450 mots de plus, soit 1350 mots : 1 point de spécialité au choix supplémentaire

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Mitsu
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Mitsu
Ven 15 Mai 2020, 21:17


Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi



Les yeux d’Edelwyn se posèrent sur le sol ensanglanté de la cour. Nul doute, les Sorciers avaient à cœur de faire passer un message. Était-ce là une prémisse à ce qui allait être annoncé ensuite ? Une manière discrète de laisser envisager silencieusement l’épreuve à venir ? Elle ne la redoutait pas, à vrai dire. Elle avait néanmoins trouvé curieux qu’elle fût désignée en tant que représentante des Mages Blancs alors qu’elle venait tout juste de reprendre ses esprits et, plus que cela, son corps. Les actes d’Anya ne lui étaient pas encore tous connus et ils étaient dérangeants. La jeune femme – plus très jeune en réalité – ignorait comment gérer cette situation. Techniquement, Anya était mariée au Suprême de l’Au-Delà. Néanmoins, la Déchue avait onze ans et ses actes avaient été guidés par un ersatz de sa conscience, à elle. Elle ne pouvait décemment par laisser l’enfant retourner sur l’Île Maudite. Elle devrait s’y rendre à nouveau et honorer son engagement. En plus de cela, il semblait qu’elles fussent dorénavant deux à percevoir les Esprits. Le tatouage se retrouvait sur leurs deux corps. Son statut vis-à-vis de l’enfant n’était pas très clair et Jun n’avait rien voulu lui avouer. « Épouse-moi et je te répondrai. » avait-il conclu, après la visite de l’émissaire, lorsqu’elle lui avait demandé des explications. De fil en aiguille, la discussion s’était transformée en dispute et… ils avaient fait l’amour. Elle se mordit la lèvre inférieure, incapable de se l’expliquer. Elle était bien plus forte que cela en temps normal. Elle savait refuser et il n’avait jamais cherché à la forcer. Simplement, les choses s’étaient enchainées, leurs corps s’étaient rapprochés, il l’avait embrassée pour la taquiner, le baiser s’était éternisé longtemps, trop longtemps et sa peau avait frémis d’un désir profond qui ne l’avait plus quitté, qu’importe les interdits qu’elle avait essayé de s'imposer. Elle relâcha sa lèvre inférieure, soucieuse. Ce corps était faible et, pour fuir ses faiblesses, elle porta son attention sur la Sorcière hautaine qui se présenta.

Edelwyn avait eu vent de la prise de la Terre Blanche par les Sorciers. En quelques jours, elle s’était documentée sur les dernières actualités. Anya savait ces choses mais l’enfant n’était plus aussi puissante que lorsqu’elles ne faisaient qu’une. Elle n’était pas dépourvue de qualités pour autant. La Gourmande se demanda si les faiblesses de son corps n’étaient pas dû à une répartition de ses propres talents. C’était peut-être ainsi, afin de garantir que l’adolescente ne restât pas marquée à vie par les événements traumatiques qu’elle avait vécus plus tôt. Néanmoins, cette nouvelle silhouette et cette nouvelle vie lui posaient quelques difficultés. Elle se doutait que Jun s’était vengé, d’une manière ou d’une autre, de sa traîtrise. Il lui souriait, l’embrassait, lui avouait ses sentiments sans s’en cacher, mais il ne pouvait lui faire croire un seul instant qu’il ne ressentait aucun sentiment négatif à son égard, qu’il avait décidé de pardonner, simplement, aussi facilement. Elle avait raison, même si les actes de l’Æther n’étaient pas destinés à une vengeance ; du moins, il y avait un autre objectif dans la balance.

Lorsque l’épreuve et ses modalités furent annoncées, la blonde sut qu’elle ne pourrait pas la gagner. Pour un autre peuple que celui des Magiciens, sans doute, mais elle ne pouvait décemment construire un mécanisme visant à torturer des gens sous le regard de tous. Pourtant, elle en avait torturé, des gens, justement. Elle n’était pas novice en la matière et la magie offrait des possibilités infinies qu’elle aurait été parfaitement capable d’exposer, d’inventer ou de réinventer. Edelwyn releva le menton à la mention du mariage. Elle esquissa un sourire. Ainsi était-ce cela qu’il entendait lorsqu’il avait mentionné le blâme qui reposerait sur sa personne. Il savait déjà qu’elle allait accepter. Les contraintes de la fonction ne surpasseraient jamais les avantages qu’elle lui procurerait. Plus que cela, elle avait déjà croisé le concerné et Jun lui avait déjà signifié ce qu’il en était en réalité. La Déchue n’était pas une grande amoureuse. Elle aimait rarement et désirait tout aussi rarement les êtres. Pourtant, s’il y avait bien une chose en ce monde qu’elle aimait et désirait ardemment, c’était le pouvoir. Elle n’était pas de celles à l’exercer à la lumière du soleil. Non. Elle était de celles à l’exercer dans l’ombre d’une nuit sans lune. Elle aimait tirer les ficelles du jeu et ce n’était certainement pas en restant admirer les rosiers du jardin de son grand-père, le Duc Conrad Caïn Taiji, qu’elle ferait quoi que ce soit. Elle voulait influencer, manipuler, ordonner, contrôler. Bien sûr qu’elle accepterait. Elle exigerait un mariage d’affaires pur, sans aucun plaisir charnel. Elle n’était pas faite pour ça. Elle se pinça les lèvres, la vision des mains de Jun sur elle prenant le pas sur son raisonnement. Qu’avait-elle ? Elle déglutit. Ce n’était pas normal. Elle dut faire appel à sa magie pour résorber sa sensibilité, chose qu'elle n'avait plus fait depuis bien longtemps.

La Gourmande admira quelques temps chaque détail de l’habitation qui lui avait été conférée. Elle n’allait pas faire durer le suspens bien longtemps. Il était hors de question qu’elle fît ce qui était demandé. En plus de cela, elle ignorait ce qu’il en était du côté des Magiciens. S’imaginaient-ils qu’elle fît partie de leur peuple entièrement ou la savaient-ils Déchue depuis le temps ? La question méritait d’être creusée. En attendant, elle ne souhaitait pas s’exposer. Aussi, elle salua les esclaves et monta à l’étage en demandant à l’un d’eux de la suivre. Elle remplit la baignoire et fit chauffer l’eau jusqu’à ce que la température fût à la bonne température. « Tournez-vous. » ordonna-t-elle. Elle fit glisser les bretelles de sa robe sur ses bras et fit descendre le tissu jusqu’à ses hanches. Elle le laissa tomber au sol. Elle retira ses sous-vêtements et vint se plonger dans le bain. « Restez de dos et dîtes-moi ce que vous savez sur Elias Salvatore. Tout. » Elle avait entendu bien des choses. Elle en savait d’autres, énormément d’autres et, ce, depuis longtemps. Ça, il le comprendrait très facilement. À part son petit secret, ils s’étaient croisés, avant la prise de la Terre Blanche ou, plutôt, il avait croisé Anya. Le fait est qu’ils avaient beaucoup de choses en commun. Ils jouaient des mêmes instruments et avaient un goût particulier pour les intrigues politiques et la manipulation. Lui était une figure notoire alors qu’elle n’était personne en particulier. Elle était néanmoins connue et reconnue chez les Réprouvés, ce qu’elle trouvait amusant eu égard à la situation. Aussi, pendant qu’elle se lavait, elle écouta. Une fois que l’homme eut terminé, elle le congédia et sortit de l’eau. Elle fouilla dans l’armoire et trouva une robe de chambre qu’elle enfila puis, tranquillement, elle s’assit sur le lit pour écrire sa missive.

« Les pentacles sont les clefs afin d’enlever le sceau que j’ai apposé sur l’objet. Je suis certaine que vous les trouverez aisément, mon Prince.

Si je suis au regret de ne pas pouvoir participer officiellement à l’épreuve, laissez-moi vous conseiller. Une torture à vie demande un certain doigté. Nul besoin de chercher bien loin pour trouver une méthode éternelle et douloureuse. Il suffit simplement d’exercer une pression sur les matières corporelles afin de les déplacer légèrement, de façon à obtenir une douleur, à faire saigner un peu, mais pas trop. Le corps humain est fragile mais savoir que ces gestes se répéteront tous les jours, sans connaître l’emplacement exact de la future torture, conduira l’esprit à sombrer dans une douce paranoïa. Déplacez les ongles de quelques millimètres, l’estomac, le cœur, la peau. Opérez par zone pour créer un corps difforme avec le temps, qui, chaque jour, devra s’adapter, jusqu’à créer une sorte d’œuvre d’art vivante. À mon époque, l’on appelait cela la Tournante de l’Ombre.

Quant au Miroir, vous vous doutez bien que si j’en possède un, je ne dois pas être la seule. Je vous conseille d’opérer une petite recherche sur les détenteurs de ces derniers. Je suis certaine que nous nous ressemblons sur ce point : nous n’aimons pas que d’autres viennent fouiller dans nos affaires, même si nous adorons mettre notre nez dans les affaires des autres.

Enfin, je consens à devenir votre épouse. Jouer à quatre mains est toujours plus intéressant qu’à deux. Les miennes sont invisibles, qui plus est.

Edelwyn Mitsuko Taiji. »


Elle joignit le Miroir à la lettre qu’elle scella. L’artefact fut enchanté de façon que personne ne puisse l’utiliser. Seule une magie bleue et une connaissance approfondie des pentacles pourraient le déverrouiller. Les jours suivants, Edelwyn visita tranquillement Amestris avant d’annoncer son abandon, qualifiant publiquement l’épreuve d’abjecte.  

1422 mots
Elle échoue l'épreuve du coup o/

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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

~ Démon ~ Niveau II ~
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Kitoe
Jeu 21 Mai 2020, 22:17

Leigh2907 mots
Frappe-moi, Accable-moi, mutile-moi
Leigh souriait doucement. Elle était allongée sur le lit, caressant les cheveux de son homme, dont la tête était posée sur son ventre. Ils ne faisaient pas grand-chose de plus que ce genre d’activité en ce moment, c’est-à-dire rien. Leigh n’était pas vraiment habituée à être aussi passive, mais elle ne s’en offusquait pas. Ils étaient fatigués. Leur monde venait d’être détruit, emportant avec lui leurs aspirations. Sans rien se dire, ils faisaient le deuil de ce qu’il leur était arrivé. Après la colère et une profonde envie de vengeance, en avait résulté un grand calme, état qui cachait bien des entailles.


-Pourquoi tu souris ? Demanda Asborn d’une voix faible.

Elle ne répondit pas tout de suite. Elle cherchait les mots. Elle savait que ce serait délicat. Elle avait beau aimer voir les gens souffrir, elle ne voulait pas que celui qui était reposé sur elle ne crève aussi lamentablement. Elle n’en avait pas fini avec lui. Maintenant qu’ils n’avaient plus d’esclave pour occuper ses journées, le perdre à son tour serait bien trop dommage. Elle prit une inspiration. Elle ne trouvait pas. Elle n’avait jamais été très douée pour expliquer des choses aussi délicates. Tant pis.

-J’ai été nommée pour participer à la Coupe des Nations.

Il eut un rictus, et cette simple réaction lança une violente douleur dans son abdomen. Evidemment, il n’était pas au courant. Ce n’était pas en restant au lit toute la journée qu’on se tenait informé. Quel idiot. Il n’avait eu aucune chance face à ces foutus Anges. Ils avaient beau être crétins, un seul homme contre une armée avait toujours donné le même résultat. Il avait fallu qu’il tienne comme un fou à son esclave pour lui courir après comme ça. Leigh ne comprenait pas. Elle aurait laissé tomber à sa place. Elle n’aurait jamais attendu de se faire transpercer par plusieurs flèches et d’agoniser avant de décider qu’il était peut-être judicieux de se téléporter sur les Terres Arides. Oui c’était lâche, mais à l’heure actuelle, ils auraient alors été capables de se trouver un autre esclave à tourmenter, plutôt que de trainer là à attendre qu’il se rétablisse.

-Ben voyons. Pour quelle épreuve ?

-Celle des Sorciers.

Il fut pris d’une violente quinte de toux. Leigh ne bougea pas. Elle ne pouvait rien faire, de toute manière. Et puis en fait, ça l’amusait. Elle aimait bien le voir aussi faible, lui qui l’avait toujours surpassée en tout. Même s’il risquait de mourir à tout moment en rouvrant l’une de ses plaies.

-J’irai, quoi que tu en penses. Ce sont les Aetheri qui m’ont choisie. Et je te rappelle que j’en suis une, de Sorcière, à la base.

Il ne répondit pas, mais il n’en pensait pas moins. Il haïssait cette race autant qu’il haïssait les Anges. Il s’était juré qu’à la première occasion, il les anéantirait comme eux avaient anéanti ses projets.

-Montre-leur ce qu’on vaut alors.

Son sourire s’agrandit. Elle n’y manquerait pas.

*

Leigh passa doucement sa langue sur sa lèvre supérieure. Elle regardait l’esclave avec intensité, comme si cela pourrait lui permettre de voir dans son esprit et d’y trouver la solution à cette épreuve. C’était compliqué, même si elle se délectait du moment. Il semblait que l’exercice avait été conçu rien que pour elle. Lorsque cette dame avait parlé, la Démone avait dû se mordre l’intérieur des joues pour ne pas crier de joie devant toute l’assemblée. Elle avait pensé aux autres participants. Imaginer la situation de l’Ange ou du Magicien lui avait arraché un ricanement. Comparé à eux, cela relevait du jeu d’enfant pour elle. Elle était tombée amoureuse de cette épreuve. Elle voulait la gagner, même si cela signifiait consentir à un mariage avantageux avec le Prince Noir. Asborn ne l’accepterait pas, mais il devrait s’y faire quand même. Si ce sale con était capable de crever pour une Ange, elle pouvait bien faire un petit quelque chose pour les Sorciers.

Leigh trempa la plume dans l’encrier. C’était bien la cinquième fois qu’elle recommençait sa lettre aujourd’hui et la troisième journée qu’elle se consacrait à ce foutu écrit. Ses réserves en papier diminuaient à vue d’œil. Cet esclave nu en face d’elle ne l’inspirait pas du tout. A croire qu’il ne servait à rien. C’était agaçant. Elle soupira et se reconcentra sur son parchemin. C’était reparti.

« Au Prince Noir,

Je consens à ce mariage en premier lieu parce que je tiens à gagner cette épreuve. En second lieu parce que, malgré les récentes circonstances j’imagine que cela ne pourrait que nous être bénéfique. Enfin, c’est à vous d’en juger. Il n’y a pas grand-chose d’intéressant à dire sur moi, si c’est ce que vous désirez dans cette lettre. Je n'ai pas encore une place de choix parmi les Démons, je suppose que j'ai perdu des manières de mon ancien peuple et je vis à présent dans celui qui vient d'être décimé. Mais les Aetheri m’ont choisie, allez savoir.


Si aucun mariage n’est possible, je suis certaine que nous pourrions devenir de bons amis. Vous pouvez aussi contacter mon frère, Agazio. Il habite à Amestris et je ne doute pas qu’il soit plus doué que moi en diplomatie.

Lysistrate Dogma »

Elle avait signé du nom qu’elle n’employait jamais. Ça faisait un peu plus sorcier à son goût. Elle espérait qu’il apprécierait ce détail, si tant est qu’il sache comment on avait pris l’habitude de l’appeler. Elle n’avait pas insisté sur les récents événements qui avaient confronté leurs deux races. Leigh n’était pas rancunière et pas non plus du genre à s’encombrer de mots inutiles. Elle relut la lettre. Il manquait quelque chose, ceci-dit. La Démone reprit la plume et rajouta une phrase à la fin de son premier paragraphe.

« A défaut de vous avoir convaincu, j'espère que ma technique de torture saura vous plaire. »

Elle n’avait encore pas la moindre idée de ce qu’elle allait faire, mais elle ne s’en souciait pas. Sa capacité à inventer des choses horribles était hors du commun, peu importait qu’elles soient réalisables ou véritablement sensées. Le principal était qu’elle avait terminé d’écrire. Elle n’était pas vraiment satisfaite, mais elle savait qu’elle ne le serait jamais. Alors elle préférait se contenter de ça tant que c’était potable. Elle avait joué la carte de l’honnêteté. Elle se fichait de la piètre image que cela dresserait d’elle-même. Au moins, on n’aurait rien à lui redire et elle pourrait passer son épreuve tranquillement. Leigh scella patiemment le parchemin avant de le tendre à l’esclave.


-Va donner ça à qui il faut donner. Je ne veux plus le voir. Et toi non plus.


Que tous les tracas liés à cette lettre qu’elle avait pris vingt fois trop de temps à écrire disparaissent. L’homme s’inclina, se rhabilla en vitesse et disparut de ses appartements avec le papier. Une fois seule, Leigh se laissa tomber sur son lit. Il était grand, chaud et confortable. Comme tout le reste de la pièce. La Démone n’avait pas goûté à ce genre de confort depuis longtemps. Asborn lui avait offert la belle vie, mais le style sorcier était… différent. Elle soupira. Allait-elle vraiment se marier à un inconnu plutôt qu’à l’homme qu’elle aimait ? Allait-elle vraiment se marier au Prince Noir, qui plus est pour une union parfaitement diplomatique ? Elle, la Démone sadomasochiste ? Ça ne lui ressemblait pas. Vraiment pas. Mais puisqu’il fallait gagner, elle était prête à tout. Pauvre Asborn. Il allait être fou. Déjà qu’il était probablement en train de mourir à petit feu en son absence, cette autre nouvelle serait son coup de grâce. Si par chance, il y survivait, il la battrait. Elle aimerait ça. Une fois devant lui, elle ressentirait un pincement au cœur, mais celui-ci ne serait qu’éphémère. Elle savait que lui serait moins résilient. Elle aurait le temps de s’amuser de la souffrance qu’elle discernerait dans ses yeux malgré ses tentatives pour la cacher. Rien que pour ça, elle allait tout entreprendre pour arriver à ses fins.


*


-Vous auriez de l’acide ou une solution très corrosive ?


-Bien sûr.


Une fiole lui fut aussitôt apportée. Au milieu de la pièce, un esclave était allongé sur une table, les quatre membres accrochés à chaque coin de celle-ci.


-De l’eau, aussi. Beaucoup d’eau.


Une fois le seau devant elle, elle versa y doucement le contenu de la fiole. On ne donne pas de l’eau à un acide, à moins que vous ne souhaitiez perdre un œil. Elle avait appris ça plus jeune. Elle trouvait amusant de se réinventer alchimiste, même si sa manipulation était réalisable par un enfant de cinq ans. Après avoir homogénéisé la solution, la jeune femme souleva le seau pour en verser doucement le contenu sur l’esclave. Au début, il ne se passa rien. Elle avait dilué l’acide exprès, pour que ça soit long. Après quelques temps, ça commençait par démanger doucement. La sensation s’intensifiait jusqu’à devenir des picotements puis une intense sensation de brûlure. A la fin, c’était tout simplement insupportable. Les muqueuses étaient les premières à en pâtir.


Main au menton, la Démone observait l’esclave se tortiller et hurler de plus en plus. C’était efficace. Mais ça ne marchait pas. Ça n’était pas infini, il allait mourir dès lors que sa peau et sa chair seraient dissoutes, lorsque le produit s’attaquerait aux organes. Ça n’allait pas. Ce n’était pas son style. Elle fit signe à deux Sorciers de mettre fin au supplice. Ils lancèrent deux seaux d’eaux sur le pauvre homme et le libérèrent. Insatisfaite, Leigh passa sa cape par-dessus ses épaules.


Une souffrance éternelle. C’était tout de même complexe de maintenir quelqu’un en vie tout en le détruisant petit à petit. Selon elle, pour que cela marche et soit valable, il fallait que le cobaye soit toujours conscient et que l’on évite toute accoutumance. C’était sa notion de la torture, que l’intensité soit toujours la même. Lorsque l’on se résignait et que l’on acceptait entièrement de subir, qu’on cessait de crier ou de se battre, ça n’était plus vraiment drôle. Leigh voulait que son expérience soit plus subtile que ça. Elle voulait que sa barre soit très haute. C’était comme ça que ça lui plaisait.


-Je sors. Elle s’adressait aux gardes qui étaient censés l’accompagner lors de ses déplacements. Si vous voyez un grand noir plutôt beau gosse avec le regard noir du type qui va vous tuer, faites en sorte qu’il ne m’atteigne pas, s’il-vous-plait.


Leigh avait besoin s’aérer l’esprit, mais aucune intention de rencontrer son grand frère. Elle n’était pas en mauvais termes avec lui. A vrai dire, elle ne savait pas en quels termes ils étaient. Elle ne lui avait jamais écrit pour lui dire qu’elle était encore de ce monde, alors même qu’ils ne pouvaient pas se quitter tant ils s’aimaient auparavant. Apprendre qu’elle était toujours vivante depuis tout ce temps le vexerait sûrement si ce n’était pas déjà fait, mais… tant pis. Leigh voulait toujours lui être inaccessible. Il n’y avait pas de raison particulière. C’était juste un jeu. Une course à la fierté comme tous les frères et sœurs le faisaient. Elle finirait par le revoir, elle le savait, mais elle souhaitait que leur rencontre se déroula comme elle l’aurait prévu – elle ne savait pas encore comment, elle avait encore le temps d’y penser car ce n’était pas dans ses priorités.


La capitale était animée. Cela lui faisait du bien de retrouver cette ville, même si à l’heure actuelle, on fêtait en partie la lourde défaite des siens. Les regards se portaient parfois sur elle. C’était plus les gardes qui l’accompagnaient que sa personne qui interpelait en réalité, mais le résultat était le même : on finissait toujours par la regarder elle. Quelques-uns la considéraient bassement tandis que d’autres se moquaient un peu d’elle, de sa prestance toute banale et de la faiblesse dont avait fait preuve son peuple. Leigh y prêtait peu d’attention. Elle était plutôt plongée dans ses pensées, dans l’espoir que celles-ci ne la guident à la clef. L’illumination. Cela paraissait si simple mais pourtant elle n’avait pas la moindre piste. Ses songes étaient pollués par Asborn. Toujours lui. Il envahissait ses pensées depuis le jour où elle l’avait quitté. Il lui donnait presque envie de l’étriper. Elle allait finir par vomir cet homme à force. Était-ce du remord, qu’elle ressentait ? Non. Elle ne regrettait jamais ses choix. Était-ce alors ça qu’on appelait l’Amour ? Leigh tenait particulièrement à lui, au point d’avoir sincèrement envisagé se marier avec lui, mais elle n’avait jamais imaginé que cela pouvait être avec ce fameux Amour, si puissant qu’il était aussi niaiseux qu’un Magicien. Elle ne savait pas. Ce qu’elle ressentait était juste particulièrement agaçant et elle se sentait incapable de s’en défaire… Leigh arrêta ses pas.


-On rentre.


Elle avait trouvé. Elle savait exactement ce qu’elle allait faire. Au pas de course, elle retrouva l’atelier qu’on lui avait assigné pour l’épreuve.


-Je veux que vous me prépariez le philtre d’amour le plus puissant qui puisse exister.


Elle se fichait de comment ils procéderaient ou de combien de temps ils mettraient pour le faire. Elle le voulait et c’était tout. Elle n’avait jamais eu une aussi bonne idée de toute sa vie. Il était hors de question que ça foire.


*


-Oh, par les Aetheri, tu es si belle !


Leigh laissa le mâle s’approcher à bras ouverts. Il comptait l’étreindre ou l’embrasser ? Elle ne savait pas trop. Peut-être les deux, voire plus, vu comme il avait l’air euphorique de simplement la voir. Tellement euphorique qu’il ne savait plus où mettre ses émotions. Il lui faisait presque peur. Ce philtre lui faisait presque peur. Il était si puissant que toute la joie qu’il faisait ressentir était déjà une torture en soi. La Démone n’aurait pas pu imaginer mieux. Elle laissa l’esclave l’enlacer mais ne lui laissa pas le temps de faire quoi que ce soit d’autre. Il tressaillit, soudain pris de tremblements tandis que ses muscles défaillaient doucement. Des gouttes de sang s’écrasèrent lourdement par terre, certaines salissaient les bottes de la femme. Elle retira la lame des entrailles de l’esclave et le laissa s’écrouler par terre. Elle passa son chemin sans le considérer une seule fois. Il pleurait, incapable de comprendre son geste, déchiré entre le pardon et la trahison.


-Ça marche bien. Déclara-t-elle pour briser le silence glaçant du verdict. On peut commencer, je suis prête à faire ma démonstration. Je veux deux chaises au centre, face à face. Elle pointa un nouvel esclave du doigt. Toi, viens t’asseoir ici. Attachez-le.


Celui qu’elle venait de tuer était expérimental, pour tester l’efficacité du philtre. Elle n’en avait jamais vu les effets auparavant, trop pressée de montrer son œuvre aux Sorciers dès lors qu’on lui avait annoncé que les potions qu’elle avait demandées étaient prêtes. Leigh s’était apprêtée pour ce jour particulier. Elle portait une tenue entièrement noire de style sorcier, la plus belle tenue qu’on avait pu lui fournir – qui en soit, n’avait rien de remarquable. Elle tenait à faire bonne impression. Maintenant qu’elle avait vu les effets du produit, elle était un peu moins nerveuse. Elle avait hâte de commencer. Tandis qu’on attachait le premier esclave à la chaise, Leigh considérait les autres.


-Toi, elle désigna une jeune femme, viens t’asseoir.


Tout était prêt. Elle allait pouvoir commencer. Le cœur de la Démone palpitait. C’était la première fois qu’elle allait faire ça. C’était particulièrement excitant. Elle s’empara d’une fiole. Il y en avait plusieurs numérotées de un à cinq, chacune correspondant à l’un des esclaves à sa disposition. Elle s’approcha de celui qu’elle avait fait attacher.


-Comment tu t’appelles ?


-Roméo.


-Roméo. Alors mon grand, tu vas te détendre et boire cette potion. Elle l’aida à avaler le contenu de la fiole. Et tu vas regarder ta bien aimée.


Ce qui était aussi pratique qu’amusant, c’était la vitesse à laquelle agissait le produit. En quelques secondes, il devînt follement amoureux de l’esclave assise en face de lui. Il lui disait ses mots doux et lui répétait combien il l’aimait. Il jubilait et gigotait à sa simple vue. Leigh avait tenu à ce que les chaises soient proches sans pour autant qu’ils ne puissent se toucher.


-Tu l’aimes, n’est-ce pas ? Elle le caressait. Elle voulait l’exciter. Ce n’était pas si compliqué lorsqu’on aimait au point d’en devenir fou. Regarde-la dans les yeux.



Elle se redressa pour se placer du côté de la jeune femme. Elle reprit son couteau de sacrifice et le montra à l’homme. D’un coup, elle le planta dans la poitrine de l’esclave. Celle-ci émit un râle et cracha du sang. L’homme hurla. Leigh crut qu’elle allait perdre un tympan. Poussant la femme agonisante par terre, elle choisit une nouvelle victime et sa potion assignée. Elle força Roméo à la boire puis égorgea sa nouvelle âmes-sœur. Il hurla encore plus fort, forçant sur ses liens pour tenter de s’en libérer. Déjà, il n’avait plus de voix. Sa chaise craquait sous sa rage et sa douleur. Leigh se mordit sa lèvre inférieure. Elle jubilait. C’était parfait. C’était au-delà de ce qu’elle avait imaginé. Elle passa au troisième. Celui-ci, elle décida de le torturer un peu avant de mettre fin à ses jours. Cette fois-ci, elle ne put contenir son rire euphorique. C’était trop beau. C’était magnifique. Personne ne pourrait surpasser son invention. A ceux qui l’observaient, ça ne pouvait que leur plaire. Elle ne comprendrait pas comment on ne pouvait pas tomber, comme elle, amoureux du Plan Roméo.

2907 mots



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Lexa Blaise
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Lexa Blaise
Lun 01 Juin 2020, 15:58


[Coupe des Nations sorcière] - Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi  86122410

Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi

[Coupe des Nations sorcière] - Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi  77438810

Je venais à peine de poser les pieds sur le sol sorcier, à Amestris plus exactement, que je me suis retrouvée encerclée par les gardes. Je me demandais bien ce que j'avais fait de mal. Cependant, elle ne montrait aucune hostilité, enfin elle ne montrait aucune envie de meurtre à mon égard. Elle m'escorta juste dans une auberge où se trouvait déjà quelques personnes. Une fois à l'intérieur, je me faisais toute petite. Je sentais mon cœur battre à toute vitesse dans ma poitrine. J'avais l'estomac noué. J'ajustais ma robe noire pour obliger mon esprit à se focaliser sur autre chose. C'est vrai que cette robe m'allait bien. Elle était toute légère et agréable à porter. Elle n'était ni trop longue, ni trop courte, elle s'arrêtait juste en dessous de mes genoux. Je replaçais mes longs cheveux noirs ébènes, légèrement ondulés, qui m'arrivaient jusqu'aux fesse, en essayant de comprendre pourquoi je suis ici. Je ne le sais pas du tout en faite, j'ai beau chercher je ne vois pas ce que j'ai fait de mal. Je commençais à stresser, à angoisser. Pourquoi suis-je ici ? Mais vraiment, je n'arrive pas à mettre une réponse derrière mes nombreuses questions bourrées d'incertitudes. D'ailleurs pourquoi j'ai eu cette idée folle de venir à Amestris ? Pourquoi ais-je quitté Avalon là où j'étais si bien pour venir en ce lieu si lugubre et qui me terrifie. J'ai l'impression que l'on est en train de me dévisager. Je sais, j'ai de grandes ailes noires derrière le dos, mais ce n'est pas une raison pour me reluquer bizarrement comme des assoiffés. Je croisais mes bras, tentant de cacher ma poitrine en même temps de me frotter les mains sur mes épaules pour essayer de me rassurer moi-même. Cela a marché un petit instant, mais lorsque l'on nous ordonna de bouger, mon état d'angoisse monta d'un cran de plus. Je n'arrivais même plus à avoir des pensées rationnelles. Mais qu'est ce qu'il va se passer ? Dans quelle merde me suis-je encore fourrée ? Je ne sais vraiment pas où je vais, mais une chose est sûre c'est que je ne suis pas la seule à avoir été entraînée là dedans. On bous amena tous dans la cour intérieure d'une grande demeure. J'ai eu le malheur de poser mon regard sur le sol … une sorte de couche couleur vermeille le recouvrait à plusieurs endroit … mais … attends … C'est du sang ! Je commençais à me sentir de plus en plus mal à l'aise. Je sentais comme une énorme pression dans ma poitrine, j'avais du mal à respirer. Je ne sais plus où me mettre. Je ne sais pas quoi faire non plus. Je connais un peu la réputation des sorciers, mais là c'est au dessus de tout entendement … ce sont de véritables … Ah ! Je ne trouve pas de mot pour qualifier cela. J'ai vraiment peur pour la suite des événements. Une femme à la prestance exceptionnelle, toute vêtue de blanc, s'avança jusqu'au bord du balcon donnant sur la coure intérieure où nous étions tous. Elle prit la parole, nous expliquant la situation. Sa voix n'avait rien de bien rassurante, ni les mots qu'elle prononçait d'ailleurs. Quelques choses, plutôt un mot attira mon attention. Une épreuve ? Genre une épreuve de la Coupe des Nations ? Mais je n'ai jamais signé pour cela moi ! Je n'ai pas envie d'y participer, je n'ai pas l'étoffe d'une … tortionnaire ! Franchement vous me voyez moi en train de brutaliser des gens pour leur soutirer des informations ? De leur faire subir le pire des châtiments pour les faire souffrir le plus longtemps possible sans pour autant leur donner la mort … Non ! Je ne le peux ! J'ai envie de m'échapper, là, maintenant … mais j'ai peur que si je fais cela maintenant, je risque de m'attirer leur foudre et de devenir leur jouet favori. De plus, pour ne rien arranger à la situation, il faut que je consente à devenir l'épouse du Prince Noir en lui écrivant une lettre qui lui sera directement adresser. Je ne sais pas quoi faire, je suis totalement perdue !

Perdue dans mes pensées et mes peurs, dépassée par tous les événements successifs, je me laissais traîner jusqu'à la maison qui m'était réservée. On m'escortait jusqu'à l'étage en passant par le rez-de-chaussé. J'entrais dans la chambre, m'allongeant dans le lit. Des images de ce que j'ai entraperçut en bas revenaient dans mon esprit. Je revoyais de nombreuses cages, des tables de bois imprégnées de sang, des caniveaux luisant d'un rouge écarlate conçu spécialement pour évacuer le sang des victimes. Il y avait aussi de nombreux instruments de tortures. J'y ai vu des pieux, des pinces, des couteaux, des aiguilles, des écarteurs, … De me remémorer tout cela me donnait des sueurs froides dans le dos. Tout cela m'a coupé toute envie. Je n'arrivais même plus à savoir ce que mon corps désirait. Pendant deux jours, je n'ai pas mangé, ni bougé, mais il fallait que je réagisse. Je ne peux pas rester comme cela indéfiniment. On dirait juste que j'attends que l'on vienne me chercher pour me torturer ou me tuer. Non ! Il faut que j'agisse. Je me levais pour aller dans la salle d'eau pour me rafraîchir un peu, mais aussi pour en profiter pour réfléchir.

J'ai enfin réfléchit à ce que j'allais faire. Je sortais de la salle d'eau pour aller m'asseoir sur une chaîne, devant un bureau. Je saisissais un rouleau de parchemin, une bouteille d'encre et une plume, puis je commençais à rédiger mon consentement.


A l'attention du Prince Noir,

Je vous écris cette lettre pour vous faire part de mon consentement pour le mariage.

Je ne peux rien vous offrir personnellement si ce n'est que je fais partie de la famille Blaise, réputée pour son expertise en matière d'élevage d'animaux. Elle est influente et proche de la royauté Lyrienne. C'est même elle qui a organisé l'épreuve Lyrienne de la Coupe des Nations.
Tout ce que je peux faire à mon niveau, c'est de vous promettre une entrevue avec l'un des trois chefs de la famille Blaise.

Avec tous mes respects,


PS : Je suis au regret de vous annoncer mon abandon face à l'épreuve.


Ancolie Blaise Aodhàn



Je ne sais pas si cette lettre convaincra le Prince Noir. J'ai préféré jouer la carte de la franchise car mentir ne fait pas parti de mes principes. Je pliais convenablement la lettre avant d'y déposer un cachet de cire et d'y déposer le sceau de ma famille : une tête d'aigle, une de lion et une autre de loup disposé en triangle, avec en son centre un grand E pour Extalia, la demeure familiale des Blaise, le tout dans un blason. Je soufflais un bon coup avant d'entendre quelqu'un toquer à la porte. « Oui, entrez. » C'était le cuisinier qui entra avec un serviteur. Je m'empressais de me lever et de donner la lettre au serviteur. « Veuillez donner ceci au Prince Noir en personne. » Il s'inclina avant de partir. Je me tournais maintenant vers le cuisinier. « Vous n'aurez pas besoin de préparer de repas pour moi durant l'épreuve. Je ne peux me résoudre à faire du mal aux autres. J'abandonne donc l'épreuve. » Je m'inclinais légèrement avant de prendre congés et de repartir en direction d'Avalon pour retrouver ma vie tranquille que je menais là bas.




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Lun 01 Juin 2020, 17:50





FRAPPE-MOI, ACCABLE-MOI,

MUTILE-MOI



Léandra« Entends ma volonté »

La voix était profonde, le ton impérieux. Elle transcenda les limites du réel pour pénétrer dans le rêve. Je me retournai pour découvrir son héraut : une gigantesque araignée aux longues pattes velues. Elle me toisa de ses huit yeux globuleux d’une noirceur intense. Le corps massif s’avança vers moi d’une démarche menaçante. Ses pédipalpes claquèrent dangereusement tandis qu’elle remua ses chélicères dans un air de défi. Arrivée à mon contact, elle se dressa fièrement pour me montrer les deux crochets venimeux qui suintèrent d’une mélasse olivâtre. Elle imposait la crainte et le respect qui lui étaient dûs. Son pouvoir était immense au sein de ce monde artificiel. Pourtant, par peur excessive ou audace imprudente, je ne cillai pas quand elle effleura mon corps tétanisé.

« Je te désigne Représentante pour la prochaine épreuve de la Coupe des Nations. Rends-toi à Amestris et ne nous déçoit pas ! »

Alors que la bête faisait volte-face, je remarquai la présence du félin au pelage gris et blanc qui se roulait sur le sol. Les deux animaux se considérèrent un instant et repartirent sans s’adresser la parole. Derrière eux, je crus apercevoir une forme tapie dans l’ombre.

Je n’eus pas eu l’impudence de contrevenir à la volonté des Aetheri.SéparateurHeianMon regard se posa sur les laquais qui m’étaient attitrés. Ils étaient parfaitement alignés, tête baissé. Aucun d’eux n’osa lever les yeux pour croiser les miens. Ils étaient six. Je les passai en revue dans l’espoir d’en trouver un plus habile que les autres. Je réuni ma magie pour pénétrer tour à tour leur esprit malléable. Ils avaient presque tous remarqué mon intrusion. Les plus dociles ne résistaient pas au contraire des plus farouches qui allaient jusqu’à se soustraire à mon contact mental.

« Toi ! »

Je pointai l’un des plus chétifs qui composait le cheptel. Tour à tour, les visages craintifs se relevèrent. Ils espéraient tous ne pas être celui qui avait attiré mon attention. Finalement, le malheureux se reconnut. Aussitôt, ses jambes fébriles commencèrent à flageoler.

« Comment t’appelles-tu ?

— Je me nommes Rascal, Maître, balbutia-t-il

— Bien. Je te nomme contremaître. Tu seras mon unique interlocuteur et tu parleras aux autres en mon nom. C’est compris ? »

Mon examen préliminaire l’avait désigné comme une personne à la fois dévouée et obéissante qui exécutait les ordres sans se poser de questions. Il jeta un oeil hésitant à ses camarades et finit par hocher la tête en guise de soumission.

« Rascal, mène-moi à mes quartiers. »

Je gravis les escaliers de bois qui menaient au deuxième étage à la suite du jeune garçon. Il ouvrit la porte et se serra sur la gauche pour me laisser passer. Je m’enfonçai jusqu’au centre de la pièce plongée dans la pénombre. Refermant derrière nous, l’adolescent se précipita pour tirer les lourdes tentures violettes. Je m’assis sur le lit double et balayai la salle de mes prunelles dorées. A défaut d’être impressionnant, le logement était fonctionnel. La plus grande extravagance était la table octogonale qui accueillait huit chaises en chêne massif. Derrière elle, quelques livres poussiéreux étaient posés sur une petit bibliothèque. Rascal se tenait non loin de là, à côté de la porte-fenêtre qui s’ouvrait sur une loggia étriquée.  

« Sais-tu en quoi consiste l’épreuve ?

— Non, Messire.

— Nous devons élaborer une technique de torture douloureuse et éternelle, indiquai-je en arborant un sourire maladroit. Aurais-tu quelque idée à me proposer ?

— Pas vraiment, Messire », hésita-t-il à répondre après un bref instant de réflexion.

Je soupirai. Je n’en avais pas plus.

« Tu peux disposer, annonçai-je à mon serviteur sans même le gratifier d’un regard. Et veille à ce que personne ne vienne me déranger ! »

Il disparut sur le seuil et referma la porte derrière lui. Désormais seul, je m’enfonçai dans le monde onirique.SéparateurLéandraJ’ignorais combien d’heures - de journées peut-être - je m’étais ainsi recluse dans mon domaine. L’inspiration ne m’était pas venue. Pourtant, je m’étais plongée à corps perdu dans la recherche d’une idée exploitable. Les livres - dans un premier temps - avaient été au coeur de mon intérêt. Les récits tragiques et barbares que j’y avais trouvé ne relataient malheureusement que des méthodes les plus spectaculaires. Aucune de ces tortures n’étaient adaptable pour promettre une douleur sans fin au sujet y étant exposé. Lassée de cette recherche bibliographique, je m’étais tournée vers une pratique plus expérimentale. Mes incursions dans les cauchemars de mes concurrents ne m’avaient appris que bien peu de chose sur les techniques qu’ils escomptaient mettre au point. Cela dit, l’ange m’avait offert un terrain de jeu fertile pour tester l’une ou l’autre de mes idées. Malheureusement, elle s’était bien vite réveillée et j’avais dû me rabattre sur des proies à l’esprit moins téméraire.

Mon expédition imaginaire n’avait pas eu l’effet escompté. Je m’interrogeai un instant sur les conséquences d’un échec. Les Aetheri m’avaient choisi pour cette épreuve en dépit du peu inventivité dont j’étais capable. Serais-je réellement la cible de leur courroux ? Je prenais à coeur de me plier à leurs exigences. Malheureusement, cette fois-ci les divinités s’étaient fourvoyées. Mes faibles capacités ne suffiraient pas à contenter un client aussi exigeant que le Prince Noir. D’autres génies étaient bien plus capables que moi. Cette idée émergea du flot de mes pensées telle une bouée en plein naufrage : il me suffisait de faire appel aux connaissances de mes confrères.

« Oh Génies du Monde entier, écoutez mon appel ! Venez à moi, au coeur du Monde Onirique »

Le coeur gonflé d’espoir, j’entonnai ma requête en reprenant les mots exacts prononcés par Pégase lors du dernier rassemblement. J’espérais par la même que cette simple mise en scène parvînt à provoquer une convocation aussi puissante que la sienne. Malheureusement, seul un écho lointain, humiliant et maigrelet, répondit à ma réclamation. Je n’avais ni le grade ni les capacités pour étendre ma voix au confins du rêve et de la réalité. Tant pis pour la grandiloquence, j’irai moi-même à la recherche de mes futurs complices.  

Plus insensé est le souhait, plus puissant est le Génie. L’adage ne me fit pas défaut. J’écoutai l’imbroglio des regrets inavoués qui tempêtait à mes oreilles. Tel un navire en perdition, j’étais cahoté par les vagues concupiscentes qui déferlaient violemment. Des lames de fonds ravagèrent mon esprit et brouillèrent jusqu’à mes propres pensées. Je me noyai dans cet océan d’informations, perdant jusqu’à la conscience de ma propre existence. Je me débâtai au milieu des flots pour ne pas oublier mon but.

J’émergeai finalement dans un cauchemar teinté de haine et de folie. Un triangle amoureux. Une vie écourtée. Un suicide. Et une sempiternelle question. L’artiste était minimaliste mais l’effet était des plus réussis. J’appris beaucoup de ces scènes psychologiques qui terrorisaient le rêveur. Après ce qui me parut des heures de délectation, les pourtours de l’illusion vascillèrent dangereusement. J’hélai le virtuose avant que la contenance du songe ne se dissipât.

« Maîtresse du cauchemar, j’ai besoin de toi ! Rejoins-moi à Somnium, je t’en conjure. Notre crédibilité est… »

Trop tard. La fin de ma supplique rejoignit la multitude ;  l’onde de ma voix s’évanouit dans le flux tumultueux. Sans attendre, je m’éclipsai vers les vestiges de la cité des merveilles portant l’espoir d’avoir été entendue.Séparateur« Que veux-tu, Djinn ? »

Le ton se voulait cassant. Je levai les yeux vers mon interlocutrice. Elle avait revêtu une apparence humanoïde. Sa robe fuligineuse contrastait avec le teint lactescent de sa peau.

« Il me faut de l’aide pour une épreuve de la Coupe des Nations, résumai-je

— La Coupe des Nations, rien que cela ? elle fit mine de réfléchir. Et en quoi cela me concerne-t-il ? Je ne pense pas avoir été désignée.

— Je dois concevoir une méthode de torture éternelle pour le Prince Noir.

— Le Prince Noir ? A-t-il épuisé toute son imagination dans la conquête de la Terre Blanche ? ironisa-t-elle avant de reprendre, plus sérieusement. Quand bien même t’aiderai-je dans tes machinations, Djinn. Que retirerai-je de ce marché ? »

Les yeux laiteux de ma consoeur furent parcourut d’un bref éclat de malice.

« Tout a un prix, soupirai-je. Quel est le tien ?

— Tu te résignes bien vite, s’étonna l’intéressée

— Je nous fais simplement gagner du temps, à toutes les deux.

— J’aime ta façon de voir les choses. Pour la peine, je te ferai un tarif préférentiel. Et voici ce que je te propose : un jour - peut-être demain, peut-être dans des millénaires - je te demanderai un service à mon tour et tu le réaliseras, peu importe ce qu’il t’en coûte. Qu’en dis-tu ? »

Le montant était élevé - sans doute trop par rapport au service qu’elle me rendrait. Je réfléchis longuement, observant les fissures qui morcelaient son visage de porcelaine. A l’instar d’un chiromancien zélé, je tentai d’y prédire les conséquences d’un tel accord.

« Puis-je émettre des réserves sur les termes de ce marché ?

— Je t’écoute, répondit calmement la négociante en croisant les bras sur son torse.

— Si ta requête a pour vocation de me nuire davantage qu’elle ne te profite, je pourrais la refuser.

— Très bien, consentit la génie après un moment d’hésitation.

— Et si le procédé n’est pas au goût du Prin…

— Cela n’entrera pas en considération, me coupa-t-elle sèchement. Ce pacte ne sera pas soumis au choix d’un individu aussi lunatique. Mais je veux bien concéder que seule la réussite de notre entreprise validera ma part du contrat. »

La négociation ne me semblait pas déloyale. Cependant, j’étais consciente de ne pas en savourer toutes les subtilités.

« C’est d’accord, finis-je par admettre.

— Maintenant que nous nous sommes entendues sur le paiement, donne-moi plus de détails sur cette épreuve.»SéparateurHeian« Nous sommes bientôt prêts, Maître » m’annonça le contremaître.

Je tournai mon visage vers le sien. J’y lu une lueur de satisfaction. Depuis que j’étais revenu, mon favori se pliait en quatre pour répondre au moindre de mes caprices. Il s’occupait de toutes les tâches que mon corps spectral ne me permettait pas d’assurer.

« Sais-tu écrire ?

— Oui, Messire. », rétorqua-t-il fièrement.

Je passai une main dans mes cheveux de blé. La pensée qu’il me faudrait bientôt me séparer de lui effleura mon esprit. Sans parler de sentiments, j’éprouvai une certaine sympathie à l’égard de cet être simplet.

« En attendant de pouvoir faire les premiers essais, je voudrais rédiger un courrier à mon hôte. Apporte-moi un parchemin vierge et du nécessaire de calligraphie. Je souhaiterais également que tu déniches une de ces plumes magiques dont l’encre demeure invisible.

— Je ne suis pas sûr d’être en mesure de sortir librement, Maître.

— Prends un garde avec toi, il te servira de laissez-passer. »

Mal à l’aise, il hocha la tête avant de partir précipitamment. Des cris indignés remontèrent les escaliers ; les soldats n’étaient pas aussi dociles que mes serviteurs. J’attendis un instant, prêt à intervenir. Rien. Soit le guerrier avait cédé, soit mon contremaître était mort sous ses coups. A l’évocation de cette seconde éventualité, une douleur imperceptible ébranla les tréfonds de mon coeur de pierre.SéparateurDes coups timides frappèrent à la porte de la chambre.

« Entrez ! »

Rascal s’approcha de la table octogonale et y déposa le matériel. Il lui avait fallu du temps mais il avait fini par réunir tout ce que je lui avais demandé. L’air soulagé, il s’approcha de moi jusqu’à une distance respectable.

« Tout y est, Maître.

— Alors ne perds pas de temps. Installe-toi et prends de quoi noter. »

L’esclave prépara son espace de travail. Ses gestes étaient précis et précautionneux. Il n’avait pas encore réalisé son premier trait que j’étais persuadé que le résultat serait satisfaisant.

« Recopie cette lettre »

D’un geste désinvolte, je projetai une boule d’énergie bleutée qui stagna à quelques mètres de sa tête rousse. Elle s’étira et prit la forme d’un parchemin.

’Cher Prince Noir,

Par cette missive, je vous exprime mon consentement quant à une future collaboration. Je n’ose vous faire croire que cette alliance sera bénéfique pour votre peuple - à vrai dire, j’ignore même si je puis me permettre d’être le représentant de votre cause auprès de notre souverain. Mais ce sont les Aetheri qui m’ont envoyés vers vous et je ne compte pas les décevoir.

Je me présente à vous sous l’identité d’Heian Berwyn. N’ayant pas encore véritablement d’attache physique au sein de votre monde, mes activités quotidiennes se limitent à tourmenter les pauvres rêveurs qui croisent ma route. Et, si cela peut flatter votre ego, sachez que votre apparence suffit à inspirer la crainte dans les cauchemars des moins téméraires.

Si vous souhaitez en savoir plus, je ne doute pas que vous réussirez à me retrouver.

Heian Berwyn’


Le bruit de la plume qui grattait le papier s’arrêta finalement.

« J’ai fini, Messire, m’indiqua le jeune scribe

— Très bien. Tu peux disposer. Et préviens les autres : je souhaite que l’atelier soit vide cette nuit. Je finirai seul les préparatifs. »SéparateurTrois coups secs frappèrent à la porte.

« Entrez »

Le gamin entra prestement dans la pièce. Il m’observa avec un sourire carnassier.

« Bon, t’es prête ?

— Presque. Tu pourrais finir la lettre ? Le petit en aurait su trop si je lui avais dicté la fin. »

L’esclave s’approcha de la table hexagonale et saisit la plume d’encre invisible.

« C’est ce truc là ? »

J’acquiesçai. Mon acolyte ajouta quelques mots à la missive.  

« Bon, on échange ? Il reste un garde en bas, il faudra que tu le distraies.

— J’imagine que je devrais trouver un truc » soupirai-je.

Devant moi, le contremaître laissa place à mon reflet. A sa suite, je quittai mon apparence pour revêtir celle du rouquin à la tête hirsute. Le résultat était stupéfiant. Seule la présence ou l’absence de matérialité permettait de nous différencier des originaux. Nous descendîmes au rez-de-chaussée. Les travaux avaient bien avancé depuis ma dernière visite de l’atelier. Sur la gauche, la machine de torture se composait d’un immense miroir positionné face à une table verticale dont les liens métalliques permettaient de maintenir la victime. Mon compagnon tourna les talons vers la structure tandis que je me dirigeai vers la droite. Le garde était situé vers la porte d’entrée. Mes questions répétitives à son égard attirèrent son attention autant qu’elles attisèrent une colère sourde. Peu importe les conséquences pour le vrai Rascal, il fallait que je laissasse suffisamment temps à mon partenaire afin qu’il fusse en mesure d’intervenir sur l’engin. En particulier, il devait lancer les enchantements nécessaires à l’activation du miroir et répartir les doses de poison à intérieur du mécanisme enserrant le cou du captif.

Nous agissions dans l’ombre comme nous l’avions convenu. La torture inventée par l’ifrit consistait à plonger le martyr dans un cauchemar éternel. Toute l’audace de notre plan consistait à faire croire que la clé de ce mauvais sort était le miroir - alors que ce dernier ne servait qu’à visualiser les tourments de la proie. Le réel déclencheur était une substance magique qui forçait le sujet à rejoindre le monde onirique et, plus particulièrement, l’Ombre du Coeur - un lieu de légende qui servit de prison à un ancien ennemi du peuple onirique. Sans l’aide de mon compatriote, j’aurai bien évidemment était incapable de mettre au point une technique si élaborée. La machine devrait fonctionner durant un mois supplémentaire avant que le catalyseur ne vînt à manquer. Alors, les mots invisibles feraient leur apparition sur le courrier de consentement : ‘J’imagine qu’à cette heure notre création, le Miroir des Cauchemars ne fonctionne plus. Si vous souhaitez l’utiliser à nouveau, peut-être devriez vous consentir à votre tour à un échange diplomatique ? Faute d’invitation de votre part dans les deux mois, vous pourrez considérer mon consentement comme nul et non avenu. Avec mes plus sincères salutations. Heian Berwyn.’

Tout était en place. L’ifrit m’appela à ses côtés. J’accourus vers lui comme l’aurait fait l’adolescent. Il me lança un sourire avant de m’inviter à le rejoindre dans la loge. Séparateur« Toi ! Avance jusqu’à la table. »

L’examinateur venait de désigner Rascal du doigt. Mon coeur se serra dans ma poitrine. J’accueillis ce sentiment avec étonnement.

« Ne pourriez-vous pas choisir un autre esclave ? Celui là m’a beaucoup aidé dans la construction et pourra peut-être vous être utile pour l’entretien ? Je dois vous avouer qu’il n’y a pas de retour possible une fois la limite franchie. »

Ce n’était pas tout à fait vrai ; il existait un antidote au poison mais - dans la mesure où nous leur cachions la vérité - il n’était pas possible de leur révéler cette information. Un sourire malsain s’esquissa sur les lèvres de l’observateur.

« Ne vous inquiétez pas, je suis certain que nos spécialistes ont les capacités nécessaires afin d’effectuer la maintenance de votre invention. » rétorqua-t-il

Ses yeux brillèrent d’une lueur perverse. Je le soupçonnai de se délecter de mon désarroi. L’adolescent jeta un dernier regard vers moi. J’y lu brièvement de la crainte. Je ne détournai pas les yeux de la scène, accusant le contrecoup de mes machinations. Mon visage resta de marbre lorsque l’on referma les liens sur son corps tremblant. Il accepta sa sentence sans se débattre ; il savait qu’il n’avait aucune chance de s’enfuir.

« Lorsque le sujet est installé sur la table, placez le face au miroir, expliquai-je d’une voix blanche. Les éléments entreront en connexion et le garçon sera attiré au plus profond du domaine des cauchemars. Le psyché vous permettra d’observer les évènements qui tourmentent le jeune homme. Bien sûr, la magie ne fait effet que pour l’individu fixé au dispositif, vous pourrez donc vous délecter du spectacle sans crainte. Comme je vous l’ai annoncé précédemment, il n’y a pas de rétrospective possible ; si vous ôtez le corps du torturé, il continuera d’errer dans l’Ombre du Coeur mais vous ne pourrez plus vous profiter de ses souffrances avant de l’y réinstaller. »

Tandis que je développais le discours élaboré avec l’ifrit, les domestiques placèrent Rascal en position. Aucun d’entre eux ne lui glissa une parole aimable. Il perdit conscience et les images prirent vie au sein du réflecteur. Mes traits restèrent impassibles devant les hurlements d’effroi de mon protégé. Pourtant, à l’intérieur, la colère s’affrontait à la douleur.



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Lun 01 Juin 2020, 21:27


Charmine commençait à perdre patience. Elle souffla sans réserve ni retenue, en secouant la masse brune de sa chevelure. Ses ongles - laqués de noir - claquaient furieusement sur le bois d’une vieille commode. « Alors ? » s’enquit le jeune Orénias, avec un petit air narquois. Charmine étira une espèce de sourire crispé et inquiétant. « Je serai presque tentée de dire que ce jeune homme est aussi ingénieux et efficace qu’une huître ... » murmura-t-elle, en fronçant son joli nez avec dédain. « Mais ? » Il semblait se retenir d’éclater de rire. « Ce serait hautement insultant envers les huîtres. » Il ricana, méprisant à souhait. Puis ils se tournèrent de concert dans la direction de Nicolae. Il était tranquillement assis sur une chaise, devant une tasse de thé devenue froide. Il n’avait pas bougé ni décroché le moindre mot depuis près de deux heures. Depuis son arrivée, en somme. « Ca commence à bien faire. » Elle se rapprocha brusquement du jeune homme, qui ne prit même pas la peine de relever les yeux. Pas même pour jeter un rapide coup d’oeil à la harpie enragée qui semblait pourtant prête à lui arracher les globes oculaires à mains nues. « Il est grand temps, monsieur, de débuter vos recherches afin de satisfaire les exigences du Prince Noir. C’est la raison de votre présence à nos côtés, après tout. » Nicolae remonta enfin son regard clair et innocent vers la Sorcière. Ce n’était pas pour autant qu’il articula quoi que ce soit. Pour cause : il n’avait rien compris. « Je vous écoute, monsieur. Parlez moi de vos différentes pistes de réflexion, des stratégies que vous comptez mettre en place pour infliger les pires supplices. Qu’envisagez-vous comme calvaire ? Sur quoi reposera l’expression de la douleur ? » Nicolae cligna doucement des yeux. Pas mieux, cette fois ci. « Mon objectif n’est pas de mettre mon grain de sel dans vos desseins … Seulement de vous épauler. » Le Vampire pencha doucement la tête sur le côté, avant de faire un petit aller-retour des yeux entre son épaule et celle de la jeune femme. « Sel … Dessin ... » marmonna-t-il. Charmine soupira en se redressant. « Est-ce … Est-ce qu’au moins il parle le langage commun ? Je ne suis pas certaine qu’il nous comprenne. » Orénias fit quelques pas vers le petit duo pour se mêler à la conversation. « Monsieur Valachie. » l’interpella-t-il. Cela le répugnait de devoir être courtois envers cet individu. Il avait fait quelques recherches sur lui. Valachie était le nom donné aux orphelins et aux vauriens, afin qu’ils aient tout de même un patronyme. « Est-ce que vous parlez notre langue ? » Charmine avait peut-être raison. Il avait l’air tellement perdu … Ils étaient loin de se douter que cette expression était normale, chez lui. Cette éternelle tronche de paumé, c’était bien la sienne. « Oui. » répondit-il. Heureusement, il n'avait pas demandé s'il les comprenait. La réponse aurait été différente. « Ah. » La théorie s’effondrait. Avec elle, les maigres espoirs sur ses capacités mentales. « Alors ... » reprit Charmine, dont le stock de patience était devenu ridiculement bas. « Pouvez-vous cesser, monsieur, de nous rouler ses yeux de merlan frit et vous mettre au travail ? » Ou même aller faire le marché, si l’envie lui en prenait. Qu’il agisse simplement. Comme un être humain normalement constitué. Nicolae dodelina légèrement de la tête. « Un merlan frit ? » Les Mages Noirs échangèrent un regard. « Il essaie peut-être de nous rouler dans la farine ? » Décidément … Il parlait beaucoup cuisine. Nicolae commençait à avoir faim, en plus. Il promena paisiblement son regard sur les personnes qui l’entouraient, pour s’arrêter sur une fille avec un tablier sale. L’esclave fit un pas. « Puis-je faire quelque chose pour vous ? » demanda-t-elle doucement. « Des sablés à la cannelle. » Tout le monde se mit à le dévisager.

« Sian est vraiment excentrique à ses heures. Quelle idée d’envoyer ce petit gars ... » - « Vous n’êtes pas inquiet pour votre protégé, Fenice ? » Deux plantureuses créatures étaient accrochées aux bras de l’Empereur du Spectre de la Dame. Ils observaient le rez-de-chaussée de la demeure, attribuée à Nicolae. « Hum ... » marmonna Lucia, un vague sourire aux lèvres. « Je suis parfaitement confiant envers les capacités de ce gamin. » Conscient qu’il ne fallait pas trop lui en demander, surtout. Quand on n'espérait rien, on n'était pas déçu. La blonde avait raison : Sian avait complètement vrillé. Seulement, on ne reprochait pas à une entité divine de péter un cable, pas plus qu’on lui suggérait de revoir ses décisions. Lucia avait pris le temps de discuter avec Nicolae. Longuement. Avec des mots simples. Cela pouvait éventuellement bien se passer … Peut-être. L’Empereur finit par décrocher les yeux de son petit Vampire, pour détailler ses maîtresses du jour. Il ne savait foutrement rien d’elles. Il n’avait pas pris la peine de leur demander leur prénom et il s’intéressait moins à leur appartenance raciale qu’à la souplesse de leurs jambes. Il préférait éprouver le velours de leur peau plutôt que de subir leurs conversation. Leur jolie petite langue, il ne les voulait qu’autour de sa queue. « Bon. Il est temps de passer aux choses sérieuses, mes beautés. » Elles se mirent à glousser comme des dindes. La rouquine se frotta sans pudeur contre lui. « J’ose espérer que nous allons hurler votre nom, toute la nuit ... » - « Oh que oui, chérie. Et surtout ne vous retenez pas. » Ils étaient en train de remonter une allée. Lucia donna une claque ferme sur les fesses des deux. « J’aime les gueulardes. »

Charmine était à deux doigts de l’étriper vivant. Elle n’était retenue que par un restant de décence, consciente que ce n’était pas exactement le moment de créer un incident diplomatique. En tout cas … Nicolae ne réfléchissait peut-être pas à la moindre technique de torture mais elle, elle avait des tas d’idées. « Ma parole … Vous avez vraiment une araignée au plafond ! » s’énerva-t-elle. Le Vampire était en train de déguster l’un des innombrables desserts qu’il avait demandé aux esclaves. Ces derniers passaient leur temps derrière les fourneaux, à enchaîner les pâtisseries. Millefeuilles et fraisiers, éclairs à tous les parfums, tartes tatin et saint-honoré, baba au rhum et tartes au citron meringué … Très clairement, les esclaves prennaient du galon en cuisine. Ils étaient sûrement passés experts dans l’art de faire des petits biscuits à la cannelle, puisque c’était le dessert le plus réclamé par le glouton, qui ne semblait pas s’en lasser. Nicolae était d’ailleurs en train de mâcher l’un de ses biscuits préférés - tout juste sorti du four - quand la dispute avec Charmine éclata. Il leva les yeux sur le plafond, assez brièvement. « Non, c’est propre. » Charmine se mordit les lèvres pour retenir un flot d’injures. « Arrêtez de bayer aux corneilles ! Mettez-vous à la tâche ! » - « Je ne baille pas. » Il regarda aux alentours, en se demandant si des gens baillaient vraiment devant des corneilles. Sûrement une coutume locale. « Ce n’est pas la peine de s’emporter, Charmine. Monsieur Valachie … Semble tout prendre au pied de la lettre. » - « Les lettres n’ont pas de pieds. » - « Voilà. Pas la peine de se mettre dans des états pareils pour un individu qui n'a manifestement pas cinquante mots de vocabulaire » - « Tu parles. C’est soit un âne soit un génie. » - « Je suis un Vampire. » - « Il va me rendre chèvre. » Encore une drôle d’obsession des Sorciers, à n’en point douter. Nicolae décida de ne pas s’en faire - comme s’il s’était déjà inquiété de quoi que ce soit dans sa vie - et continua à grignoter ses biscuits de façon sonore. « Le Spectre est pourtant réputé pour ... » Elle secoua la tête en se pinçant les lèvres. « Ce n’est pas possible. Ils ne peuvent pas avoir envoyé un abruti pareil. » - « Regarde le. Ca se voit qu’il n’a pas inventé l’eau tiède. » Nicolae releva le nez de sa nourriture. « L'eau ... tiède ? » - « Oui … Hum … Chut. » Orénias avait beau être un poil plus patient et tolérant que sa consoeur, il n’en demeurait pas moins qu’il avait remarquablement envie de faire taire le gamin. De manière définitive. « Monsieur ! » tonna Charmine. Elle avait une plume et un parchemin entre les mains. Elle les plaqua contre le torse du Vampire. « Vous avez un courrier à faire à notre Prince. » - « Ah. » Ne pas le frapper. Ne pas le frapper. « Avez-vous au moins écouté le discours de Lady Mayfair ? » - « Qui ? » - « La femme qui a fait le discours d’ouverture ! » Ne pas le frapper. « La femme aux cheveux roux qui a parlé quand vous êtes arrivé. » précisa Orénias. « Ah. » marmonna Nicolae. « Alors ? Vous avez écouté ? » - « Oui. » Ce n’est pas pour autant qu’il avait compris.

Après des remontrances en bonnes et dues formes, ainsi qu’un sermon incroyablement long, Nicolae se retrouva face à son morceau de papier, à devoir écrire … Il ne savait pas trop quoi, en réalité. « Est-ce qu’au moins il sait écrire ? » maugréa Charmine. C’était pourtant le cas. Il écrivait très mal, à vrai dire. Son écriture ressemblait à des pattes de mouche. Bourrée, la mouche, et sans doute gravement handicapée. Mais il savait écrire. « J’ai fini. » - « Déjà ? » - « Hum ... Je ne suis pas vraiment étonnée, pour ma part. Ne posez pas de question. Scellez cette lettre. » Ce qu’il fit, sans jeter un coup d’oeil au contenu de la missive, même s’il était très curieux. Nicolae n’avait écrit qu’une seule et unique phrase, en vérité. Une phrase, inscrite parce qu’il ne savait pas ce qu’on lui demandait. Mais une phrase qui répondait néanmoins très bien aux besoins du Prince Noir. « Demandez à Lucia. »

Quelques jours étaient passés. Charmine continuait à s’énerver pour un oui ou pour un non, mais elle s’était plus ou moins résignée. C’était devenu un vrai salon de thé, dans cette maison. Il y avait des gâteaux partout et tout le monde mangeait et buvait. Nicolae renversa malencontreusement de l’eau bouillante sur le bras d’une jeune esclave, qui hurla. Il s’interrompit dans son geste, surpris. Ce n’était pas un mauvais bougre, bien au contraire. Il avait déjà commis des horreurs, sur simple demande de son maître. Mais il agissait par loyauté, sans comprendre la frontière entre le bien et le mal. Et naturellement, il était plutôt bienveillant. C’est pourquoi il avait voulu attraper le plat de tartelettes pour les confier à un type, qui semblait beaucoup aimer ça. Mais Nicolae était un peu empoté, et le drame était arrivé. Manque de chance … La servante avait la peau brûlée à de multiples reprises. Elle n’était pas bien adroite, elle non plus. C’était les risques de la cuisine et de la pâtisserie. L’eau bouillante, sur ses brûlures … Clairement, ça n’avait pas fait du bien. Orénias arqua un sourcil, dubitatif. Il fut rapidement imité par Charmine. « Monsieur Valachie … Est-ce là la technique de torture que vous proposez ? » Nicolae cligna des yeux. Il se souvenait des recommandations du Phénix. « Mon pauvre gamin … Toutes ses épreuves ne sont clairement pas faites pour toi. Souviens-toi seulement de ceci : si jamais quelqu’un te demande si une de tes actions est volontaire … Réponds oui. Si on te pose une question, réponds oui.  » Nicolae acquiesça doucement, moins à l’interrogation des Sorciers qu’au souvenir des propos de son Maître. « Oui. » Ils écarquillèrent les yeux. « De multiples brûlures … Sur tout le corps. » - « Des brûlures sur des brûlures. » - « La peau, incapable de se régénérer. » - « Ajout de substances sur les plaies. » - « Rien de fatal, si les brûlures sont suffisamment espacées mais terriblement douloureux. Surtout doublé à ... lui. » Nicolae les laissa extrapoler sur sa prétendue technique de torture. Il préférait clairement s’empiffrer de petits biscuits.

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Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

~ Alfar ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 753
◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Mar 02 Juin 2020, 21:05

Note : Aux arachnophobes, ne cliquez pas sur l'Ungol. Bonne Lecture <3.

Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi


Silencieuse, Èibhlin portait un regard attentif à son environnement tandis qu'elle suivait docilement la Garde. Chaque personne, chaque être et chaque sculpture passait sous son regard curieux bien que préoccupé. Se trouver en territoire inconnu, d'autant lorsque c'était pour atterrir au cœur de la Vorace, avait de quoi intimider quand on n'avait jamais quitté le cocon de Mornhîngardh. Puis elle porta son attention vers les différents participants et fini par se détendre en songeant que, si elle, elle n'était pas à l'aise,  que devait-il en être de cette Ange ou, pire encore, de cette... Un sifflement de dédain échappa d'entre ses lèvres closes. Elle espéra qu'elle se perde en chemin et ne ressorte jamais des griffes de la ville.

La demeure pouvait être belle, la Sarethi retroussa le nez à la forte odeur qui lui saisit les narines. Le parfum n'est bon qu'à une dose raisonnable, après il devient des plus exécrable, et cela prévalait pour tout. Y compris ce dans quoi elle était en train de patauger depuis leur arrivée. Si jusque là elle avait écoutée la tirade de la Sorcière de façon aussi docile que désintéressée, lorsque le terme "d'oeuvre" se fit entendre, le regard de la jeune Alfar se fit pétillant. Toutefois, elle ne put que songer qu'il devait y avoir anguille sous roche. C'était trop simple. Ses prunelles se posèrent sur le sol poisseux tandis qu'elle y réfléchissait. Ça ne la dérangeait pas tant. Ce serait un entraînement en plus et elle en ferait part à Eskil. De la pointe du pied, elle entama le dessin d'une rose dans l'hémoglobine, jusqu'à ce que leur hôtesse ne ne donne plus de détails. Alors elle releva le nez et arrêta tout mouvement. Ils ne devaient pas avoir la même définition de ce qu'était une oeuvre. Elle aurait plutôt parlé d'ouvrage dans ce cas-là, surement pas d'oeuvre. Puis elle papillonna des yeux, ayant presque envie de demander de répéter par crainte d'avoir mal compris, avant de tirer la grimace. C'était simple, dit comme ça, d'autant qu'elles y obtenaient tout les avantages d'un mariage princier. Néanmoins, ça n'en restait pas moins un mariage avec Elias Salvatore. Non. En fait, en y songeant un peu, qu'importait l'origine raciale, sa réaction aurait été la même. Voilà qui allait demander réflexion assurément, peut-être plus encore que cette "oeuvre" qu'il leur demandait.



Elle passa plusieurs minutes à visiter ce qui serait son lieu de vie pour les jours à venir. Puis, une fois qu'elle en eut fait le tour, elle se tourna vers l'un des Mages. « On répondra à tout mes besoins, c'est bien cela ? ». Celui-ci confirma d'un signe de tête résigné. Une fois qu'elle eut obtenue cette affirmation, Èibhlin disparu à l'étage quelques minutes pour y revenir, une liste entre les main qu'elle tendit à l'homme. « J'ai besoin de ça. ». Il se saisit du parchemin et dévisagea la Sarethi un instant. Elle venait juste d'arriver. Aurait-elle déjà trouvé une idée correspondante à la demande du Prince Noir ? Sans y jeter un œil, celui-ci toujours rivé sur l'Alfar, il s'esquiva en silence en faisant un signe à un esclave de l'accompagner, tandis que cette dernière rejoint l'étage, claquant la porte derrière elle.

De longues minutes plus tard, après avoir réussi à noircir entièrement un parchemin de ratures suites à de trop nombreuses idées loin de la convaincre, un coup retentit sur la porte qui s'ouvrit à la volée derrière elle, le Mage, parti plus tôt, lui annonçant que sa demande avait été honorée. Si elle fut ravie de l'apprendre, le geste du Sorcier l'importuna plus qu'autre chose, aussi l'accueilli et le remercia-t-elle d'un regard assassin avant de lui répondre. « La politesse est en option dans les enseignements d'Amestris ? On ne vous apprends pas qu'on n'entre pas sans permission dans les appartements d'une inconnue ? ». Puis, sans rien ajouter d'autre, elle se leva, dépassa l'homme, et rejoint les deux esclaves qui se déchargeaient les bras, un sourire satisfait se dessina sur le visage de l'Alfar en voyant que tout était bien là. « Montez le nécessaire à dessin. Quand à elles... ». Elle se saisit d'un plant de nivéole qu'elle installa dans un coin de la chaume en même temps qu'elle indiquait où disposer la dizaine d'autres herbacées qu'elle avait quémandée. Cet endroit était bien trop minéral, elle n'allait réussir à rien dans un tel environnement. A présent... Et bien, à présent, ça allait mieux. « Je referai appel à vous plus tard. », conclut-elle en les quittant de nouveau, les sarracénies entre le bras. Puis, s'enfermant de nouveau, elle déposa délicatement celles-ci sur la table avant de relire ses dernières notes. Non, il n'y avait décidément rien de concluant. C'est avec une moue dépitée qu'elle se laissa tomber sur le lit, prenant un instant afin de réfléchir plus en détail aux possibilités qui s'offraient à elle pour, finalement, se dire que le mieux était peut-être encore d'aller chercher l'inspiration à l'extérieur, comme l'avait suggéré cette Sorcière.

Ce ne fut que le lendemain qu'elle intima aux gardes la veillant - surveillant ? - sa volonté de sortir et visiter les lieux. Si, à l'origine, cette virée était sensée l'aider à lui fournir les idées nécessaires à sa victoire, l'étroite surveillance des Sorciers à ses côtés l'incommodait plus qu'autre chose. Alors elle ne fit que profiter des festivités actuelles et visiter les lieux historiques avant de faire demi-tour, déçues mais loin d'être désappointée. Elle avait encore le temps et trouverai d'autres solutions. Face à l'habitation, la Sarethi marqua un temps, fixant la bâtisse de ses iris améthystes. Puis, d'un geste leste de la main, elle fit croître le long de la façade une ronce des haies dont les fleurs blanches se cachaient timidement derrière leur muraille de feuilles et d'épines. Ce dernier glissa le long de la façade, arrêtant sa croissance à hauteur de poitrine. Elle soupira. Elle aurait aimé qu'il soit plus grand encore. Tant pis.



Plus les jours s'écoulaient, plus l'endroit prenait des allures de jardin sauvage, comme si elle cherchait à éloigner les nuisibles qui tentaient de s'approcher de trop près de cette demeure. Les plantes en pots grandissaient. La ronce s'étendait. Et elle n'évoquait que peu l'épreuve, au grand damne de ses "collaborateurs". Elle pouvait voir l'agacement dans le regard des Mages devant la soutenir, ainsi que dans celui des gardes devant sa porte. Aider et veiller un oisif, qu'y avait-il de plus rageant ? Le fait étant qu'elle manquait d'idées - de bonnes idées - et qu'elle ne s'était toujours pas décidée sur la deuxième condition. « Je ne comprends pas. », fit-elle à l'un des soldats tandis qu'elle s'attardait à donner plus de majesté au buisson. « Le Prince Noir ne se soucie pas de sa descendance pour forcer un mariage hors racial ? ». Le Normalement ayant ponctué la phrase de la Sorcière lui était resté en tête. Le garde ne put réprimer un rire mesquin. « Parce que vous croyez vraiment qu'un bâtard peut prétendre au trône ? ». L'Alfar posa son regard sur celui qui lui avait répondu. « Evidemment que non. », répondit-elle lentement. Il n'était plus question de lignée ici lorsqu'il parlait de "bâtard". Sa question resta finalement sans réponse jusqu'à ce que bien, plus tard, elle n'ai l'illumination. Avec cette histoire, elle en avait oublié que le Prince Noir était déjà marié.



Assise devant la toile, Èibhlin marqua une pause en détaillant son dessin. C'était loin de ressembler à ce qu'elle avait en tête. Mais elle n'en était pas moins fière. Qui plus est, les germes d'une véritable idée avait fini par s'installer dans son esprit. Alors elle s'était posée là, afin de les laisser naître tranquillement jusqu'à ce qu'elle soit sure de l'ouvrage. Elle délaissa alors la toile pour le parchemin où elle commença le croquis de ce qu'elle se représentait puis, le dessin achevé, elle attarda son regard dessus, La Question s'insinuant dans son esprit. Devait-elle accepter ce mariage ? Si ses souvenirs étaient bon, elle n'avait qu'à donner son consentement. Rien ne garantissait que ce dernier ne se fasse bel et bien. Néanmoins, rien ne lui garantissait non plus  qu'il ne se fasse pas. Et puis, que penser d'une alliance entre les Sorciers et les Alfar ? Il ne fallait pas être idiot pour se doutait que ce pourrait être aussi bien profitable que néfaste à chacun des deux peuples. Un Ungol grimpa sur la table et se figea face à elle. Elle en avait dessiné une dizaine identique pour se faire la main avant d'entamer le tableau. Puis elle leur avait finalement insufflé la vie. Elle tendit la main vers la créature, cette dernière l'escaladant sans crainte, avant de se replonger dans la réflexion de ce mariage. Il semblerait évident qu'on la regarderai d'un mauvais œil pour avoir accepter la main d'un Sorcier. D'autant qu'il était déjà marié. Pourtant il était également certain que ça la rapprocherai incontestablement de la noblesse. « Hum. ». Son visage se tourna vers la toile avec une moue dubitative. « Hum. ». Puis il revint sur le parchemin toujours immaculé de tout mot. Après quelques secondes supplémentaire, elle se décida enfin.



Un large sourire se dessina sur son visage tandis que les esclaves revenaient avec sa nouvelle requête. Elle donna une série d'ordre pendant qu'elle s'affairait à la préparation des parfums. Ce fut long, fastidieux et elle se loupa à de nombreuses reprises avant de réussir à obtenir ce qu'elle cherchait. L'un était sensé exacerber le sentiment de souffrance. L'autre ensevelir l'esprit d'illusions de cauchemars. Toutefois, à cause de leurs effets, elle ne put en tester l'efficacité par elle-même et, à présent inutiles tant que le parfum faisait effet sur leurs organismes, elle dû demander de nouveaux esclaves. Elle mit les flasques de côté et alla s'occuper des planches de cèdre qui avaient été disposées sur des tréteaux à l'extérieur, à côté de la peinture, et, à l'aide d'un épais pinceau, commença à teindre ces dernières des couleurs de son quotidien, l'ornant de dessins qu'un œil profane ne pourra reconnaître que comme des traits abstraits alors qu'elle ne faisait que retranscrire le bestiaire qui gardait la Majestueuse. Le bois entièrement couvert, elle posa le pinceau et fit glisser le long de ces dernières la ronce, qui avait prit des proportions monumentales, laissant néanmoins les créatures visibles. Les couleurs se mêlaient les unes aux autres dans un mélange fragmenté et tourbillonnant, aux limites du psychédélisme, baignant les feuilles de la plante et ses pétales blanches de couleurs invraisemblables, ses épines se transformant en crocs étrangement plus menaçant et accommodant à la fois avec le pastel qui suintait de leurs extrémités. « Ce sera tout pour aujourd'hui. Laissez ça ici. Je ne veut pas que quiconque souille ça. Vous. », ajouta-t-elle à l'attention des Mages. « Vous accompagnerez les gardes dans leur surveillance. Personne ne s'approche de ces planches. », leur fit-elle dans une injonction indiscutable. Puis elle quitta les lieux pour rejoindre ses appartements.

Le lendemain, comme elle vit que rien n'avait bougé, elle lança aux Sorciers avec un sourire ravi. « Merci beaucoup. ». Dégageant les ronces des planches, elle indiqua aux Mages qu'ils pouvaient les ramener à l'intérieur, auprès de l'églantier engendré la veille au prix d'un effort conséquent, dont l'arbrisseau, dont elle reprit la croissance jusqu'aux limites de ses forces, s'était forcé un passage à travers les dalles du sol. Pendant qu'elle alla se poser, elle indiqua aux esclaves d'installer les planches en X sous celui-ci. Les Mages s'observèrent un instant. Comptait-elle mettre en oeuvre une pratique aussi basique ? Ils ne rechignèrent pas. C'était son problème après tout. La Sarethi reprit alors brusquement. « Je suis épuisée. Ce sera tout pour l'instant. ». Puis elle se leva, alla récupérer les parfums qu'elle monta avec elle et ne revint pas avant le lendemain, sans aucune des flasques mais avec un papier en main. « Vous avez une magie destructrice, vous, les Sorciers. Je me trompe ? » - « En effet. » - « Parfait ! Est-ce que vous pouvez me graver ceci dans le sol. Dans l'alignement de la croix. », continua-t-elle en lui tendant le parchemin. Il observa un instant ce dernier. Il s'agissait d'un bouquet de fleur en épi. Des amarantes, plus exactement. Puis, d'un geste vif, il déploya la Valse Destructrice tandis qu'elle continua à faire encore grandir l'arbre. « Merci. », fit-elle lorsque le dessin fut achevé.

Elle se tourna vers le groupe d'esclave et poussa un soupir, ferma les yeux, pointa un premier du doigt, les rouvris et commença à réciter une comptine à voix basse en les désignant tour à tour. « Le premier que Oni choisi et le dernier pointé par celui-ci sont les malheureux du jeu de la vie. ». Elle avait ses désignés. « Toi, j'aurai à parler avec toi. Attends moi en haut. Toi, tu restes ici. Les autres. ». Elle marqua un temps. « Peu importe. ». La chose était plus difficile qu'elle ne se l'était imaginée. Mais les Mages avait parfaitement compris ses intentions. « Vous voulez essayer l'instrument ? », fit l'un. De toute manière, c'était prévu. Ce qui ne l'était pas, c'était qu'elle les devance. « Essayer n'est pas exactement le mot. ». Mais ils étaient sur la même longueur d'onde, aussi guidèrent-il le malheureux sur la croix. Èibhlin s'approcha du supplicié et se posta face à lui. Alors, dans un premier temps, de la terre que le ligneux avait libéré en dégageant les dalles par ses racines, elle fit de nouveau naître une ronce des haies, celle-ci grimpant lascivement le long de la croix, l'enlaçant elle et son compagnon langoureusement, lacérant sans pitié ses vêtements et ses chaires. Le bougre poussa un hurlement à la mort, comme si on lui eut broyé le crâne et les os. Èibhlin poussa un soupir de soulagement. Le parfum faisait effet. Elle jeta un vif regard en biais aux Sorciers. Eux non plus n'avaient pas intérêt à se cogner l'orteil contre un meuble, ou, à la manière du garçon, la douleur n'en serait que cruellement atroce. Faisant abstraction des cris de l'homme, elle continua son œuvre, évitant les artères - s'eut été dommage de tout gâcher maintenant - et fit lentement glisser la plante sur l'esclave jusqu'à l'immobiliser totalement, son sang ruisselant le long des tiges de l'arbuste, comme suivant le lit d'une rivière pour atteindre son estuaire : le bouquet d'amarantes gravé au sol qui se teintait de carmin. Puis, sans un mot, elle fit demi-tour et rejoint ses appartements, laissant l'homme et ses lamentations avec les Sorciers.

Elle vint s'asseoir sur la chaise et commença à rédiger la lettre au Prince tandis qu'elle s'adressait, d'un ton se voulant le plus neutre possible, à celle qui l'attendait, les traits tendus. « Je ne vais pas te demander grand chose. D'abord, tu donneras cette missive aux Sorciers. Ensuite, quand je quitterai la pièce, je veux que tu mettes ce parfum au feu. », ajouta-t-elle en indiquant le flacon à moitié vide. « Enfin, tu vois les deux bols de chaque côtés de la pièce ? ». Elle affirma d'un signe de tête silencieux, son regard se posant sur les deux bols en question, chacun légèrement surélevé de façon à accueillir un récipient dessous. « Tu enflammera l'alcool en dessous. ». A nouveau elle affirma d'un signe de tête, son regard fixant l'un des Ungol qui descendait lestement du plafond. « Merci bien. Je compte sur toi. », conclut l'Alfar en lui confiant la lettre. Comme elle alla se saisir du flacon, la jeune esclave ne put retenir un œil indiscret pour lire ce qui y été écrit, une fois Èibhlin partie.

Au Prince Elias Salvatore, dit Le Prince Noir.

Je suis au regret de ne pouvoir consentir au mariage que vous proposez. Je pourrais vous en exprimer les raisons, néanmoins, ce refus rendant toute forme d'alliance caduque, je ne vais pas vous faire perdre plus de temps.

Je vous laisse toutefois mon œuvre. Prenez-là comme vous l'entendez. Elle est condamnée à disparaître, à moins d'intervenir avec un quelconque remède. Après tout, vous semblez apprécier l'art intemporel quand j'ai une préférence pour les œuvres éphémères qui trouvent leur magnificence à l'instant de leur fin.

Avec tout mon respect.

Èibhlin Mèinn, représentante Alfar

L'esclave resta muette. Ainsi son camarade avait souffert pour rien ? Elle releva la tête à l'instant où le feu explosa dans un souffle intense lorsque la flasque éclatait dans les flammes. Puis elle se dirigea vers les bols dont elle enflamma les soucoupes. Une odeur enivrante commença à envahir la pièce. L'esclave la respira à plein poumon. Elle posa un dernier regard sur la pièce, vérifiant qu'elle n'avait rien oublié. Ses yeux atterrirent alors sur la toile sombre et sa créature. Elle poussa un hurlement strident tandis que l'insecte aux proportions insensés s’éjectait du tableau pour avancer dangereusement vers elle. Son regard fuyant chercha quelque chose de rassurant. Il ne fit que tomber sur ses progénitures qui l'encerclaient et l'enfermaient dans un cocon mortel. A nouveau elle hurla. C'était la fin.

L'Alfar descendait tranquillement les escaliers avant de se faire harponner par l'un des Mages. « Vous n'avez toujours pas fait votre lettre au Prince Salvatore. » - « Si. Je l'ai laissé là-haut. », Répondit doucement la Sarethi en s'éloignant. « J'en ai fini. Guidez-moi hors de la ville. », ajouta-t-elle au garde. « C'est donc ça votre instrument de torture ? », demanda l'autre Mage, peu sûr. Èibhlin haussa des épaules. S'ils le voulaient vraiment. Sous surveillance, elle quitta Amestris, laissant un bout de Drosera derrière elle. Tandis que le Sorcier allait récupérer le message, il entendit un cri strident en provenance de la chambre. Il accéléra le pas et ouvrit brusquement la porte où il y trouva la jeune femme à terre, à se protéger d'un ennemi invisible, et la lettre, perdue au centre de la pièce. Les effluves lui parvenant rapidement au nez, il comprit ce qu'il s'était passé.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




Mots 2994 (Emportée ? Moi ? Naaaaaan /mur)
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Mer 03 Juin 2020, 13:26


Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi


Orion était resté pensif pendant tout le trajet jusqu'à la cité d'Amestris. Il ne comprenait pas comment était-ce possible qu'il ai été choisi pour participer à cette compétition. Les volontés des Aetheri étaient étranges et impénétrables... Lubuska avait porté son choix sur lui pour représenter les Vampires pour cette épreuve chez les sorciers. Mais il n'était qu'un nouveau-né parmi les enfants de la puissante Aether de Sang ! Comment allait-il faire ? En quoi allait consister l'épreuve ? S'il fallait qu'il use de magie il était mal barré. Le jeune vampire ne commençait qu'à effleurer l'apprentissage des arts ténébreux et sanglants...  
Les questions passaient en boucle, il demeura ainsi silencieux jusqu'à l'entrée du carrosse des Nevrakis à l'intérieur de la capitale sorcière. Quant à sa mère Mathilda, elle n'arrêta pas de parler, donnant recommandations sur recommandations. Pour elle aussi c'était une chose étrange que d'être séparée de son premier enfant, et ce même pour quelques jours. Orion était un peu rassuré de savoir que sa créatrice louerait un appartement tout proche de là où se tiendrait les épreuves, néanmoins il était encore très dépendant d'elle. La peur de se retrouver seul rivalisait avec celle d'avoir à concourir à cette Coupe des Nations.

Amestris semblait être en proie à un sentiment d'euphorie et d'allégresse. Le monde d'Orion tournait encore trop sur sa transformation et ses conséquences sur sa vie pour s'intéresser pleinement à la politique, cependant le jeune vampire avait entendu des récits relatant la prise de la Terre Blanche par les sorciers. Sans doute une grande victoire pour leur peuple.
Etrangement, les instructions données par la Marquise Mayfair lors de l'arrivée des concurrents eu pour effet de le rassurer. Il n'aurait pas à se battre ni à démontrer des capacités particulières en magie, domaines où il manquait encore trop d'expérience. Néanmoins... Cette épreuve requérait une forme de créativité... Tout à fait particulière. Orion était encore torturé entre son ancienne nature qui réprouvait cette forme de violence et sa nouvelle nature qui étais disons... plus permissive dans ce domaine. Mathilda lui avait dit de faire confiance en ses instincts. Facile à dire... Orion avait déjà l'impression que c'était ses instincts et ses pulsions qui le commandait et non l'inverse. Il avait sincèrement envie de se démarquer au cours de cette épreuve pour honorer sa nouvelle race. Il était également titillé par son ambition naissante, qui voyait la Coupe des Nations comme une opportunité à saisir. Mais en même temps le stress prenait parfois le dessus. Se voir confier une telle responsabilité alors qu'il était encore instable. Comment allait-il s'en sortir ? Qu'allait-il arriver s'il se ridiculisait ?

Le jeune vampire dût se concentrer et prendre son temps pour écrire sa lettre au Prince Noir. C'était sa créatrice qui lui avait appris à lire, écrire et compter, l'aidant à mettre au rebut son ancienne ignorance d'humain illétré.
La mine concentrée et tirant un peu la langue de manière enfantine, il écrivit d'une main élégante et appliquée, quoique encore un peu scolaire.

++++

A l'attention du Prince Noir,

Je prends la plume pour vous exprimer mon consentement à l'idée de devenir votre collaborateur, si tel est votre souhait.
Il est vrai que je suis encore jeune et inexpérimenté, mais j'ai à coeur de contribuer à une entente et une collaboration entre sorciers et vampires.
Mon statut actuel de nouveau-né me rend encore plus assoiffé de victoire. Ma soif de sang est insatiable, tout comme ma soif de pouvoir et de connaissances. Je pense avoir la force et la volonté de ceux qui ont une revanche à prendre sur la vie.

Ainsi je relève le défi, en espérant que vous trouverez ma proposition délectable, tant en souffrances infligées qu'en malice.

Respectueuses salutations,


Orion Nevrakis, représentant vampire


PS : J'ai pris la liberté d'écrire avec le sang d'un de vos esclaves. Ce style peut paraître classique certes, mais à mes yeux il est aussi intemporel et inimitable. Je trouve qu'écrire au sang apporte tout de suite plus de force à une lettre, qu'en pensez-vous ?


++++

Les sorciers n'avaient pas menti en assurant qu'ils allaient subvenir aux besoins des compétiteurs, et Orion en profita pleinement. Avec le vampire, le cuisinier n'eut pas trop de travail. Il suffusait de lui apporter des animaux vivants ou des esclaves pour qu'il puisse se nourrir de leur sang chaud. Au cours des premières nuits, Orion ne fit pas grand chose à part se nourrir. Une part de lui-même, sa conscience de plus en plus faible, était horrifiée de le voir infliger ces souffrances. Mais le sang... c'était si bon. Il y prenait goût avec avidité. C'était une sensation grisante d'entendre le pouls de la victime diminuer alors que le précieux liquide de vie était aspiré, dévoré. Les trois premiers jours furent une boucherie, le jeune vampire était si difficile à rassasier.

Dans sa chambre à l'étage de l'habitation mise à disposition, il y avait un miroir. Cruelle ironie pour celui qui ne pouvait s'y mirer. Invisible pour le miroir, Orion faisait cependant travailler son imagination. Il imaginait les traits de son visage transformés, ses cheveux qui avaient perdu leur couleur brune originelle, sa peau pâle presque cadavérique, ses lèvres rendues vermeilles suite à un festin sanglant... Mais s'il pouvait se voir dans le miroir, il pourrait aussi voir un regard différent. Son orgie sanglante l'avait nimbé dans une sensation étrange, c'était comme l'ivresse mais en plus agréable. Une douce folie dans laquelle Orion commençait à sombrer. Le sang devait être l'élément central de sa réalisation. Mais que pouvait-il faire avec le sang de ces pauvres êtres infortunés ?
D'une main fiévreuse et tremblante, le vampire commença à dessiner son projet de torture...

++++

C'était le grand jour. Il allait essayer son prototype de torture sur un esclave attaché qui ne pouvait plus bouger. Orion pensait auparavant que les sorciers allaient se contenter de la théorie. Mais apparemement non. Les esclaves servaient non seulement à l'assister mais aussi à servir de cobaye pour ce nouveau procédé de torture. Le vampire avait aussi demandé à ce qu'on lui amène une cuve pour préparer du boudin, des récipients, des tuyaux et des perfusions.

Orion avait intitulé sa proposition : L'immonde festin

« La perfusion sert à récolter le précieux nectar... » Il regardait le sang de la victime couler lentement dans un bol. « Une autre sert à récupérer de la graisse sur le corps du supplicé... » Une autre aiguille plantée dans les fesses récoltait des tissus graisseux à la couleur jaunâtre dans un second bol. Une liposuccion maléfique.

« Et hop ! ensuite on verse le tout dans la cuve à boudin. » Orion avait demandé la recette du boudin au cuisinier, l'air de rien. Sauf qu'il remplaçait ici le sang de cochon par du sang humain.
« Pour fourrer la saucisse de boudin, prendre des boyaux de porcs ou bien les boyaux d'une précédente victime.  » Après tout il fallait lutter contre le gaspillage ! Le vampire avait cependant changé la recette. Ici point de cuisson. Le sang coagullé et la graisse macéraient donc tels quels dans le boyau de saucisse. Mais cette victuaille n'était pas pour sa consommation propre...
Car la suite du procédé était encore plus cruel. A d'aide d'un entonnoir, la personne torturée devait manger elle-même le boudin fait de son propre sang.
« La victime va lentement se dévorer elle-même ! » Cette pensée lui arracha un petit ricanement.
La personne allait lentement dépérir et maigrir à cause de la perte de sang et de graisse. Se sentir faible, faire des malaises, souffir de douleur car les intestins allaient mal accueillir cet étrange régime. Bien entendu il était possible de moduler la fréquence des perfusions pour donner une torture débouchant sur une mort rapide ou au contraire une torture infinie car le corps reconstituait le sang et la graisse.

« Viendra le moment où le supplicié se mettra à chier du sang ! Dès lors, plus besoin de perfusion pour le sang, poser le bol sous les fesses suffira. Le condamné bouffera sa propre diarrhée de merde sanguinolente dans un cycle sans fin ! »

Pour assaisonner le tout. Orion suggéra dans sa recette malfaisante que l'on pouvait aussi adapter l'immonde festin à ses fantasies. Des ongles, des dents, des petits bouts de chairs découpés au scalpel ou même un oeil pouvait donner du piment à la recette ! Il laissait tout cela à l'appréciation du Prince Noir, se contentant de donner des suggestions de recettes alternatives sur un papier.

Pour tout dire, le jeune vampire lui même avait un peu peur de sa propre création. L'ivresse née des effluves de sang l'avaient conduit vers cette bien étrange recette. Il en était certain. Il y a quelques années de cela il n'aurait pas pu imaginer tel supplice. Il avait peut-être enfanté un monstre, où était-ce lui qui était en train d'en devenir un ?

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Mer 03 Juin 2020, 16:59

[Coupe des Nations sorcière] - Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi  F8pt
Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi


« Nan mais ça va pas la tête ? Je vais pas épouser un vieux schnock que je connais même pas ! » prononça Za à l’attention de l’esclave qui venait de lui rappeler gentiment que se gaver de cuisses de poulet n’allait pas la faire remporter l’épreuve. Elle mangeait comme une souillon et, pour cause : elle avait faim. Pensait-il, ce soumis à la gomme, que le bébé allait se nourrir tout seul ? Elle ne savait pas si ses neurones se connectaient bien mais elle avait de sérieux doutes. « Sérieux, si j’étais esclave des Sorciers, je préférerais me trancher les veines hein. T’es pathétique Billy. » « Je m’appelle Roland… » Au début, elle avait parlé en Zul’Dov, parce qu’elle était raciste et mécontente d’avoir été choisie par les Zaahin pour aller à Amestris. Le problème c’est que niveau communication, ça puait. Elle faisait, depuis quelques jours, certains efforts. Erza parlait le langage commun, ce qui justifiait le fait qu’elle aussi. Elle était son clone, après tout, en moins musclé et plus bête. « Je veux de la bière ! » clama-t-elle. « Vous êtes enceinte, ce ne serait pas très… » « Est-ce que je t’ai demandé ton avis ? Non. » dit-elle, en se grattant l’oreille avec son auriculaire.

Après vingt minutes de bruits de bouche sonores et de mains de plus en plus grasses, elle finit par regarder l’homme de nouveau, laissant échapper un gros rot d’entre ses lèvres. « Bwarf. » commenta-t-elle, avant de ricaner. « Bon, on la fait cette lettre ? T’attends quoi ? Que Santa Claus se pointe ? » « Mais… » « Y a pas de mais qui tienne. Écris ce que je vais te dire. » L’homme alla chercher le matériel et attendit. « Au Prince des Sorciers. Franchement, je t’aime pas. Et j’aime pas ton peuple non plus. Vous puez du cul alors je vais pas t’épouser. Faut pas rêver ! Moi, je me marierai au père de mon enfant : Priam, quand il aura assez de couilles pour faire le mariage des Réprouvés, qui est un vrai mariage, pas comme le vôtre. Ton contrat, tu peux donc te le mettre dans le cul et si t’es pas content, t’as qu’à venir me chercher à Lumnaar’Yuvon ou à Gona’Halv. On sera tous contents d’exposer ta vieille carcasse de vautour moisi sur une pique. C’est pour toi que j’ai fabriqué ma technique de torture d’ailleurs. Pose un pied chez les Réprouvés et on te fera cuir comme un petit cochon, vieux porc ! » L’esclave la regardait avec une mine liquéfiée. « Vous… Vous ne pouvez pas écrire ça au Prince Noir. Il va vous… » « Écris je te dis ! T’es bouché ou quoi ? » « Pourquoi vous ne le faites pas, vous ? » « Je sais pas écrire, du con. Tu crois que c’est utile ? Bah pas moi ! L’écriture c’est pour les fillettes. J’ai l’air d’une fillette ? » Il y eut un silence. « J’ai l’air d’une fillette ? » insista-t-elle. « N… Non. Et euh… Vous savez lire ? » « Mais pourquoi faire ? » Peut-être qu’elle savait lire, en fait. Erza savait. Seulement, Za s’en foutait et elle ne pensa jamais qu’on pût la duper grâce à un bout de papier. « C’est vrai. » murmura Roland. « Et ce Priam, c’est un Réprouvé, comme vous ? » « Non, c’est un putain d’Ange ! Priam Belegad ! D’ailleurs j’ai vu sa sœur. Elle a toujours pas l'air d'être très finie celle-là. » Bon, c’était de la mauvaise foi, un peu comme quand elle disait qu’elle ne connaissait pas Elias et qu’elle n’avait aucune idée d’à quoi il ressemblait au juste. Il était sur toutes les lèvres. Écorcheur par-ci, Vautour par-là, bla bla bla. Ça l’agaçait. « Hum… Et il va vous aider avec votre enfant ? » « Nan mais tu suis rien, Morvan ! » « Roland… » « Il sait pas que je suis enceinte ! » « Mais vous allez en faire quoi alors ? » « Bah je sais pas. Pour l’instant, il est dans mon ventre. Une fois qu’il sera sorti faudra que je fasse mon service militaire alors je le laisserai dans la chambre quoi. » « Vous allez… » L’esclave soupira et cligna des yeux plusieurs fois. Cette femme était la pire qu’il avait jamais rencontré, dans son genre. C’était un genre très particulier. « Vous avez un nom pour le bébé ? » « Euh… Non. » « Une idée ? » « Hé ! Tu commences à me gonfler avec tes questions ! T’as écrit ce que je t’ai dit ? » « Non pas encore. Vous parliez trop vite. Mais je vais le faire. » « Ouais ! Fais ça. Moi je vais aller annoncer que ma technique est terminée. Écris, fous ça dans l’enveloppe et donne-la à je sais pas qui. » Elle se leva, s’étira bruyamment et descendit.

Roland regarda sa feuille blanche, sentant tout le poids de la décision qu’il avait à prendre maintenant. Son idée n’était pas faramineuse mais qui disait mariage, disait aussi lien de royauté. Le Prince Noir avait une terrible réputation avec les enfants mais l’esclave se disait qu’il ne devait pas violer les siens ou ceux qui deviendraient les siens par effet du mariage. Elle allait le haïr mais cette Réprouvée était détestable alors… Et puis, elle avait voulu coucher avec lui, s’était déshabillée devant lui et lui avait fait quelques misères. Elle buvait de la bière et mangeait n’importe quoi. Il devait penser à l’avenir du bébé. De plus, il doutait sincèrement qu’un Ange ait pu coucher avec elle. Elle avait dû finir ivre dans une taverne et finir avec le premier venu.

« Au Prince Noir,

Je consens à devenir ton épouse à la condition que tu prennes soin de l’enfant que je porte. J’ai pas envie de m’embarrasser d’un bébé. Je dois devenir une guerrière émérite. Les Réprouvés n’aiment pas les Sorciers mais à Stenfek ils seront peut-être plus ouverts pour faire des échanges. De toute façon, si jamais tu nous trahis, on fera en sorte de te faire regretter tes actes.

J’ai rien à amener de particulier mais je suis le clone de l’Impératrice des Deux Rives. Mes parents sont des Zaahin et j’ai de l’ambition. En plus je connais des Anges et des Démons qui vont sans doute devenir importants. Priam Belegad est mon ami. Sa sœur participe à l’épreuve aussi. J’appartiens à la nouvelle génération et c’est nous qui bâtirons l’avenir !

Za Taiji Stark, fille de Zel’Eph et de Paaz Kiin’Diin. »


Za était très bavarde. Elle avait rhabillé ses parents pour l’hivers pendant plus de deux heures, la veille. Roland connaissait sa vie entière, à l’exception de ses affaires avec Priam. Elle ne l’en avait pas informé plus tôt.

Lorsqu’il redescendit, après avoir scellé l’enveloppe, la Réprouvée se tenait à côté de sa machine. C’était con comme la pluie. Au sol, il y avait un foyer. Au-dessus, il y avait une longue barre en métal. « Alors ? » « Bon ça s'appelle Le vautour à la broche et c’est simple : t’accroches celui qui t’emmerde sur la barre en métal après avoir obtenu quelques braises. Ça sera chaud. T’as plus qu’à le faire tourner en lui posant des questions, ou pas. Si tu mets pas trop de chaleur, tu peux le garder comme ça longtemps. Faut juste faire attention qu’il ne cuise pas quoi, sinon il sera mort. T’as compris ? C’est pas sorcier, hein ! » dit-elle, en pouffant. « Effectivement. » lâcha le Sorcier avec l’humour d’un tyran sur le point d’exterminer quelqu’un. « Nous allons tester ça. » ajouta-t-il, en demandant à Roland d’avancer. Bizarrement, Za ressentit une certaine satisfaction malsaine à l’entendre crier. Le côté démoniaque, sans doute, ou simplement le fait qu’elle n’avait aucun respect pour les lâches qui préféraient une vie d’esclavagisme à la mort. « Allez Yvan, y a que les fillettes qui crient face à la torture ! » déclara-t-elle en s’amusant presque. Il s'appelait Roland.

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11258
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Mer 03 Juin 2020, 17:37

Penchée sur sa maquette, apposant une petite corde qui donnait l'impression que la victime serait pendue sur son échafaud de bois et de pierres, Lancinia était relativement satisfaite de son ouvrage. D'un autre côté, cela ne l'empêchait pas d'être atterré d'en être à l'origine. D'où pouvait-elle bien avoir des idées pareilles ? ... Cette conception était véritablement abjecte et ne manquait pas de lui arracher quelques frissons quant aux dégâts infligés sur un corps. C'était grisant et effrayant à la fois. Pourquoi n'abandonnait-elle pas simplement cette Épreuve ? Ça n'avait aucun sens. Les Humains étaient victimes des Sorciers, tous le savaient. Ce qu'elle construisait serait certainement utilisé à l'encontre de ceux qu'elle avait pourtant promis de protéger et de sauver ... Cette idée lui donnait envie de vomir. Seulement, son devoir était aussi de représenter sa race. À ce stade de la compétition, les souvenirs en médecine et les aspirations vengeresses de son Originale l'aidaient grandement. Elle notait ce qui pouvait lui manquer dans son laboratoire ouvert aux curieux, celui-là même qu'on lui avait assigné au début de l'Épreuve. Fort heureusement, les visiteurs étaient rares. C'était mieux ainsi. Sa note terminée, elle se retournait pour le tendre à sa ... subalterne.

Va me chercher tout ce qui est inscrit.

L'Humaine n'appréciait guère traiter d'autres êtres vivants comme des esclaves et retint avec peine quelques politesses. Elle craignait qu'on ne les maltraitât d'autant plus lorsque l'événement serait terminé, pour les réhabituer à la soumission et à la douleur. Sans doute était-ce pour se donner bonne conscience, mais il était évident qu'elle les traitât avec égards depuis son arrivée. C'était inconscient. Une d'entre elle, Ella de son nom, était la seule capable de lire et de comprendre ses instructions, raison pour laquelle ce fût-elle qui saisit le morceau replié, s'inclinant, avant de partir réclamer ce qu'il manquait. C'était atroce. On lui avait attribuée des membres de sa propre race pour la servir durant toute la durée de la Coupe des Nations. Ce n'était pas un hasard. Soit il s'agissait d'un moyen de lui rappeler l'écrasante supériorité des Sorciers sur les Humains, soit un moyen de lui dire de renoncer sans même avoir essayer. En ce qui la concerne, il s'agissait là de sa torture personnelle. Les Gardes chargés de sa surveillance devaient s'en amuser. Sans doute qu'ils devaient tous en rire lorsqu'ils venaient observer ses progressions graduelles, attendant le moment où la représentante vacillerait et abandonnerait, car cette situation était au-dessus de ses forces. Ce n'était pas le moment de leur donner satisfaction sur ce point. L'Humaine relâchait un soupir pour faire descendre la pression qui cavalait dans son corps, recentré ses idées et ne pas oublier pourquoi elle était en train de construire un instrument de torture. Poursuivre son travail lui permettait d'oublier tous les inconvénients d'à-côté.

Ce n'était pas évident de travailler sur la résistance d'un appareil, mais les ouvrages ne manquaient pas et on lui en avait fournis à sa demande. Tant que ce dernier parvenait à tenir une charge d'environ trois cents kilos sans céder sous la charge ou basculer vers l'avant, ce serait bon. Ce qu'elle préparait ne servirait en rien à d'éventuelles constructions, seulement à la douleur et au spectacle dont se délecteraient les Mages Noirs. C'était qu'ils avaient le sens du divertissement morbide, de ce qu'elle avait compris. Des tas de rumeurs courraient. Il n'y avait que des monstres pour penser à de telles aberrations pour une épreuve qui devait être sportive et ingénieuse. Pourtant ... Elle avait consenti à sa poursuite en son âme et conscience. Ce qu'elle avait indiqué sur son parchemin qui se trouvait, probablement, dans les mains de la Marquise Mayfair était d'une simplicité déconcertante ...

« Au Prince Noir,

En tant que représentante des Humains, moi, Lancinia Daphnis, par la présente signature, je consens à devenir votre épouse s'il advenait que mon travail vous convienne.

Je n'ai pas de richesses à mon nom, ni de titres illustres à remettre aux vôtres. Je suis une défenderesse de mon peuple, mais également une apprentie dans la maîtrise des arts joailliers, ce qui accapare une partie de mon temps. Je ne rechigne pas au travail et veille toujours à mener les Humains vers le haut, avec mes modestes ambitions. Ne vous attendez pas à de grands événements en ma compagnie, car il arrive à ma mémoire de ne pas suivre ... Visiblement, les blessures de la Guerre des Dieux m'ont bien amoindrie.

Quant au reste, vous ne le saurez que si vous êtes curieux ...
»

Lancinia Daphnis

Sans doute était-ce la lettre la plus courte et la moins engageante du monde. Ce n'était pas vraiment important de gagner, en dépit de faire tout ceci à l'encontre de sa morale. L'essentiel, c'était de se souvenir que les Humains n'étaient pas aussi bénéfiques que certaines races. Eux aussi, ils avaient leur monde de ténèbres. En donnant l'illusion d'un état amoindri, loin des tournures de phrases mystiques et de promesses intenables, elle s'épargnait l'idée d'être intéressante. On ne pouvait pas trouver quelqu'un captivant avec un morceau de papier. C'était une chimère. Lancinia n'avait fait aucune remarque quant à son lien de parenté avec Mancinia Leenhardt. Un oeil aguerri verrait leur ressemblance, dans tous les cas. Et c'était elle qu'il épouserait, même si c'était un bonus non-négligeable à ses yeux, l'Humaine voulait être admise pour ses talents et son intérêt à son encontre. Peut-être qu'ainsi, ce serait moins terrible ... S'il l'apprenait plus tard, au moins, il ne serait pas déçu. Quant au reste ... C'était le Néant. Neah avait apposé des scellés sur certains de ses souvenirs, de ceux qui mettraient en danger son Originale, ainsi qu'elle-même. Il lui avait promis de les enlever ... ou elle veillerait à ce qu'il en verrouille encore plus, selon les résultats. L'idée de s'unir à un Sorcier lui retournait l'estomac, ce serait un moyen de totalement supprimé son dégoût ... Peut-être. Ce n'était qu'un mariage politique, sans contrainte d'avoir toutes les autres obligations dues à deux êtres unis sous le regard des Aetheri ... Elle aspirait moins à la maternité que d'autres, probablement en raison de son manque de sentiments envers quelqu'un et cela l'aiderait à ne pas se couvrir de honte le moment venu.

C'était difficile de ne pas y penser. Le soir, alors qu'elle fixait le plafond, ces pensées l'assaillaient au point de lui enlever l'envie de dormir. Ce mois s'engrainant pas à pas avec ses avancées et ses échecs. Plus d'un aurait probablement abandonné. Son Originale lui avait dit de renoncer si elle estimait que l'Épreuve était au-dessus de ses capacités. C'était la mieux placée pour savoir sa propre réaction devant celle-ci, mais ... dans un autre sens, c'était une nouvelle voie qui devait se dessiner devant ses pas. La sienne. Et sans doute n'avait-elle pas choisi le départ le plus évident ... Dès leur arrivée, la couleur du sol du lieu où ils étaient réunis pour connaître les tenants et aboutissants de l'événement avait été à la hauteur de ce qu'ils avaient entendus. Pour concevoir ce qui arrivait à terme après trois semaines de travail, quelques temps de réflexion sur ce quoi choisir lui avait été nécessaire. Son carnet n'était pas noirci d'idées brillantes, mais quelque chose était parvenu à se sortir de se fouillis, c'était d'autant plus délicat que sa race n'usait pas de magie ... La note n'en serait que plus salée. Dépendre de celle-ci ou de produits ingénieux et cruels pouvait aussi signifier qu'ils en étaient d'autant plus fatigués à l'usée ou en fabriquer. Ella revint à ses côtés avec quelques outils petites choses demandées, disant que le plus gros arriverait dans moins de deux heures. On pouvait dire beaucoup de choses des Sorciers, mais ils n'étaient pas en retard lorsqu'il s'agissait du travail ...



Lancinia poussait un long soupir de soulagement. C'était terminé. Reposant sa plume à côté de son livret, craquant ensuite son cou dans un geste sur le côté, avant de tendre ses bras en avant. Elle relevait ensuite son visage vers la structure qui se trouvait dans l'établi et qui se dessinait. Ce n'était qu'une version relativement petite, pour l'exposition. Les Sorciers lui avaient proposé de modifier la structure de l'intérieur pour lui permettre de concevoir celle à taille réelle. Alors, il avait magiquement rehaussé le plafond. Très haut. Son faible Ma'Ahid était une chance. L'Humaine relevait son regard vers ce qui devait se situer à une trentaine de mètres du sol. C'était quelque chose d'assez basique. C'était une plate-forme en charpente surélevée étant capable de tenir trois personnes. C'était un échafaudage tout ce qu'il y a de plus banal, le reste ne l'était pas. Probablement en pire ... Ce qu'elle avait conçu pouvait commettre bien des dégâts sur un corps Humain.

Avez-vous terminé ?
Oui. Il y a toutes les explications ici-même.

Lancinia avait noirci un petit carnet au propre, essayant de rendre son écriture la plus lisible et droite possible. Ça la stressait énormément si un mot était trop haut ou trop bas, donnant lieu à des lignes de travers. Elle aimait quand s'était propre. Le Sorcier venu constater son avancement avisait la structure.

Fort bien. Dans ce cas ... L'heure est à la démonstration.
Une démonstration ? demanda-t-elle avec une voix blanche.
En effet. Nous devons vérifier si votre instrument est à la hauteur de nos attendes. Vous avez de quoi faire pour l'expérimenter avec vous, non ?

Lancinia ne s'était pas attendue à ce qu'ils veuillent la tester immédiatement. Elle eut grand peine à reprendre son souffle à mesure qu'elle comprenait les paroles de son interlocuteur, l'évidence de la situation lui sautait aux yeux. Ils devaient bien visualiser la chose avant de remettre leur décision. Le Sorcier la dépassait, avisant ses aides de ces dernières semaines.

Bien. Qui allons-nous choisir ?

Son regard pénétrant regardait les aidants, alignés près du mur et dont les regards étaient tournés vers le sol, tandis qu'un sourire malsain étirait les lèvres de celui qui détenait le sort de l'un d'entre eux.

Ella, on t'appelle.

Entendre sa propre bouche prononcer ces mots la laissait dans un état second, mais ce choix était, malheureusement, relativement logique. Lancinia avait conscience que la plus compétente était la plus à même de se remettre de ses blessures et qu'elle aurait volontairement choisi de se sacrifiée si sa voix avait eu de l'importance. Celle-ci prit une grande inspiration tout en se dirigeant vers eux. Bien dressée, elle l'était assurément pour ne pas protester, ou se mettre au sol et implorer à l'idée de ce qui l'attendait. Il n'y avait personne de mieux placé pour le savoir. L'Humaine prit une grande inspiration pour s'adresser à ... son public.

Je vous présente l'Estrapade.

C'était grand et voyant. Selon la conception que l'on voulait, cela servirait probablement à ravir leur sens du spectacle, certainement. Genoux contre le sol, Ella ne bougeait pas tandis qu'un autre esclave lui attachait les mains dans les dos.

Comme vous le voyez, nous attachons les bras de la victime à l'aide de cordes. On place ensuite un harnais prévu à cet effet pour permettre de la hisser ... Jusqu'à la suspendre en hauteur.

L'Humaine s'était inspirée des techniques de pendaison, mais il n'était pas question d'ôté la vie.

La suite n'est pas sorcière à comprendre ... Il suffit simplement de relâcher la corde ensuite. Selon ce qu'on souhaite ... Il est possible d'augmenter la dose de la douleur.

Son troisième aidant était revenu en titubant, tenant dans ses bras un poids.

En attachant une masse enroulée aux pieds du supplicié, on intensifie la tractation.

Mancinia apposait elle-même le harnais qui scellait son sort, tandis qu'on attachait le poids avec des cordes autour de ses chevilles. Un vrai travail d'artisan. Ella ne bougeait toujours pas. Les cordes de chanvre brûlaient la peau non-couverte, mais l'esclave avait de longues manches pour protéger son haut, mais ses membres inférieurs devaient lui faire mal. Il y avait de quoi néanmoins faire très mal avant même d'avoir commencée.

Et dans ce cas ... Le choc provoqué par la chute suffit à disloquer toutes les articulations de la victime ... tout en la laissant en vie. Elle reste mutilée si personne ne se charge de remettre celles-ci en place ou de la soigner.

Elle eut un sourire sinistre.

Quoi de plus terrible que de ne plus savoir bouger et de dépendre du bon vouloir des autres ?

Elle marquait une pause. Non seulement la victime souffraient de cette atteinte à ses articulations, mais cela pouvait aussi atteindre les voies respiratoires et donner à l'impression à la victime de mourir par suffocation. Cela ne provoque pas de perte de conscience immédiate. La position devait permettre que la langue ne soit pas repoussée en arrière pour venir obstruer les voies aériennes de crainte de provoquer une asphyxie et de tuer la supplicié. Ce n'était pas le but rechercher.

Certes ... Un peu de magie ou d'habilité médicale peut remettre le tout ... mais cela permet aussi de réitérer l'expérience autant de fois que nécessaire. De quoi graver la terreur à même le corps.

On tirait ensuite sur la corde pour soulever le corps d'Ella qui remontait lentement.

Surtout que nous pouvons l'effectuer sur la terre ferme, ou précipiter directement la victime au-dessus des eaux grouillant de monstre, voire dans un bûcher où elle se retrouve incapable de bouger les jambes pour échapper à la morsure des flammes ... Le Prince souhaitant quelque chose épargnant l'existence de la victime, nous nous contenterons de la forme basique.

C'était presque humaniste. Le poids devait torde ses chevilles et le regard de sa victime commençait à montrer ses souffrances. Lancinia s'était promit de ne pas lui laisser une attende inutile lui tordre les boyaux.

C'est bon. Relâchez.

C'était si rapide. Brusque. À peine les mains retirées de la corde, le poids du corps dégringolait vers le bas. Quelques instants à peine furent nécessaires. Est-ce qu'Ella avait fermé les yeux, craignant que la structure ne cède et ne la broie ? Elle l'ignorait. Des craquements sinistres résonnèrent sous quelques exclamations ébahies et d'autres, horrifiées. Lancinia fit de son mieux pour ne pas laisser paraître son dégoût, tandis que les cris étouffés de sa Soeur imprégnaient l'air, sans que personne ne se dise que c'était d'une barbarie sans nom de voir un corps désarticulé se balancé avec les pieds au-dessus du sol.

... Et voilà une éternité de souffrances.

Pour elle, plus que tout.

2400 mots


[Coupe des Nations sorcière] - Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi  Chriss10
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Stanislav Dementiæ
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Mer 03 Juin 2020, 19:13

Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi.

Réaction à la prise de la Terre Blanche. Ce n'est pas une participation à la CdN.

Vulpina présenta sa peau dénudée aux rayons solaires. La chaleur sur son épiderme la fit soupirer de bien-être. Elle n’avait pas menti en assurant vouloir changer d’air. Les terres sorcières étaient bien loin d’être aussi accueillantes que le Spectre de la Dame. Plus austères, plus lugubres. A croire que le soleil était proscrit de leurs contrées… Quelques rumeurs courraient au sujet d’une terre nouvellement annexée par Elias Salvatore. Une terre plus prospère pour leur peuple. Du moins, c’est ce que les rumeurs racontaient. Car si c’était peut-être bien le cas, originellement, la mage noire doutait que les siens fussent capables de garder les choses en l’état. Il ne faudrait pas attendre longtemps avant que l’esprit malsain de l’un des leurs cherche à détruire cet environnement peu coutumier. Peu importait, de toute manière. La sorcière n’y mettrait jamais les pieds. Elle était ici, désormais, et cela lui suffisait amplement. Elle avait déjà bien assez à faire comme ça.

« Ce sourire est-il votre façon à vous de montrer que vous appréciez les célébrations de votre peuple ? » La voix de Nino était sortie de nulle part. L’homme s’arrêta et se mit à détailler avec attention la silhouette de son invitée. S’il pouvait l’appeler ainsi. Il la supportait davantage qu’il ne l’accueillait. « Vous les apprécieriez encore plus si vous vous rendiez à Amestris pour profiter de l’effervescence de la capitale ! J’ai entendu dire qu’elle était en ébullition, comme jamais auparavant. » Vulpina laissa échapper un rire cristallin, ouvrant à son tour les yeux pour observer son interlocuteur. Il était, comme souvent, accompagné de deux jeunes femmes à la beauté indéniable. Leurs tenues révélatrices laissaient présager leur métier de courtisanes. C’était une façon de provoquer celle qui s’imposait à lui. Puisqu’elle lui avait demandé de cesser ses affaires, il avait redoublé d’effort pour paraitre aux bras du plus de demoiselles possibles. Courtisanes ou simples dames de cour, aucune n’était pas assez bien pour le satisfaire et, par la même, déplaire à la sangsue qui vivait désormais chez elle. Son regard froid toisant les deux inconnues, la femme but une gorgée de son verre. « Le voyage serait vain. Le temps que je m’y rende, la Coupe des Nations sera déjà terminée et, avec elle, le temps des festivités. Il est vrai que cette occasion aurait été bonne pour découvrir la ville sous un nouveau jour, mais je devrai attendre la prochaine occasion pour la voir de mes propres yeux. » Elle ne serait pas avant très, très longtemps. Il n’y aurait pas d’évènement aussi important que la prise de la Terre Blanche avant un long moment. Une telle annexion, surtout sous le nez des Vils, était un véritable coup de chef. Elias Salvatore et Ismaël Windsor venaient de redorer leur réputation : leurs noms étaient sur toutes les bouches, même jusqu’ici. « Si cela peut te rassurer, je suis certaine que Pabamiel est bien plus agréable qu’Amestris. Célébration ou non, la cité de la Pieuvre est bien plus agréable. » Une façon de dire qu’elle ne comptait pas rentrer de sitôt.

Vulpina s’approcha du trio. D’un geste sec, elle refourgua son verre à l’une des filles de joies. Elle esquissa un sourire hypocrite. « Pourquoi n’iriez-vous pas tourner autour de quelqu’un d’autre, pour nous laisser respirer. » Les deux femmes papillonnèrent des yeux. « Tout de suite. » ordonna-t-elle d’un ton un peu plus autoritaire. Comme si elles avaient longuement réfléchi, les deux femmes froncèrent les sourcils, la mine soucieuse. « Nous… Nous devrions aller ailleurs. » « Oui… Nous ne voulons pas vous déranger davantage. » « Vous avez beaucoup de chose à vous raconter ! » « Beaucoup à célébrer… Encore bravo pour la prise de la Terre Blanche. » Le sourire de Vulpina, bien que toujours faux, se fit légèrement satisfait. « Trop aimable. » siffla-t-elle en observant les beautés s’éloigner, confuses. Excédée, elle soupira, avant de prendre place au bras de son compatriote, qui grimaçait. « Vous aviez vraiment besoin de faire ça ? Je n’avais pas terminé de jouer avec elles. Vous venez s de me faire perdre de l’argent. » « Dans ce cas, tu n’avais qu’à pas parader devant moi tel un pan qui agite la queue pour se faire voir. » répliqua-t-elle. « Marchons. » Cette fois-ci, elle n’insuffla aucune magie, mais l’homme se mit naturellement en mouvement, s’aventurant dans le jardin floral de sa propriété. « Cette victoire est une véritable aubaine pour nous. » « Vraiment ? » « Oui. Nous sommes tous les deux des sorciers. Grâce à ce coup d’éclat, nous ne ferons que briller d’avantage… Même si nous avons quitté notre nation pour rejoindre l’Empire, nous serons automatiquement associés à des conquérants. Des vainqueurs. Ça ne peut que nous être profitable. » « Ou nous faire apparaître comme des menaces à éliminer. » Vulpina se fendit à nouveau d’un sourire. « Pas à ce point, tout de même. Cette influence n’ira pas jusqu’à ce point. Pas d’inquiétude à ce sujet, mon cher. » roucoula-t-elle. « Et si, par mégarde, cela devait devenir le cas… Je compte sur vous pour nous garder des malheureux incidents et des histoires de Famille… » Nino se renfrogna. « Je ne peux rien garantir. Certains ont la main longue. Mais puisque nous ne sommes aucunement impliqués dans la vie politique des sorciers… Nous ne devrions pas avoir de souci. Pas en premier, en tout cas. » Vulpina haussa les épaules. « Peu m’importe. Fais ce que tu as à faire pour assurer ma survie. Et la tienne, également. J’ai encore besoin de toi pour m’assurer une intégration à l’empire. » L’homme fit la moue à ce commentaire. Il s’agaçait de la façon dont elle parvenait à se montrer odieuse, lui rappelant qu’il n’était qu’un pion dont elle pourrait disposer une fois qu’elle aurait obtenu ce qu’elle désirait… Il devait trouver un moyen de se défaire de cette vipère, et vite. La faire fuir ou bien récupérer les preuves compromettantes qu’elle possédait contre lui pour ensuite l’achever de ses propres mains. Il était loin de connaitre ses secrets. Il n’avait pas la moindre idée de l’endroit où elle pouvait cacher ses pièces. Une fois qu’il aurait mis la main dessus. Elle ne pourrait plus lui faire de chantage. « Si je tombe, je t’entraine dans ma chute. » rappela-t-elle avec un petit sourire en coin, comme si la discussion se révélait amusante. Sans doute l’était-elle, de son point de vue. Elle avait toujours apprécié se sentir supérieur. Ce petit plaisir lui avait longtemps été retiré, depuis qu’elle avait atterrit dans cette hôte. Elle se rattrapait bien, maintenant. « A ta place, je m’assurerais donc qu’il ne m’arrive rien… Pas la moindre écorchure. Pas le moindre cheveux arraché… »

« Je pense qu’il est temps. » déclara la sorcière après un moment de marche silencieuse. Elle s’était agacée : l’homme bloquait ses pensées en méditant dans le dialecte local, qu’elle était encore loin de maîtriser. Elle connaissait à peine quelques mots. Depuis qu’il avait découvert cette petite ruse, il prenait un soin religieux à masquer ses pensées en réfléchissant de cette façon. Cela faisait enrager la mage noire, mais elle ne pouvait rien faire contre cela. « Temps pour quoi ? » « Pour m’introduire à vos connaissances. » Nino pouffa, sincèrement amusé par la requête. « Vous êtes loin d’être prête. Sans même envisager la cour – elle vous est inaccessible et le restera encore longtemps – vos manières ne sont pas assez protocolaires. Vos manigances, pas assez élaborées. » « Je veux profiter de l’influence sorcière. » insista la femme. L’enfant de Spectre soupira, excédé. « Avant d’imaginer pouvoir obtenir ce que vous désirez, il va falloir cesser de vous montrer capricieuse. Vous savez parfaitement que la patience est un point clé de toute stratégie, au sein de Spectre. Alors apprenez à être patiente. » « J’ai attendu plus de vingt ans. Je pense avoir suffisamment patienté dans cette vie. » « Ce n’est pas assez, de toute évidence. » L’homme s’arrêta et retira son bras. « Tout à l’heure, par exemple. C’était grossier. N’espérez pas pouvoir vous en tirer en usant d’un stratagème aussi grossier et peu masqué que celui-ci. » La blonde s’apprêtait à protester. Il l’en empêcha. « Et apprenez à accepter un refus avec grâce. Vous me tenez peut-être par la peau des couilles, vous êtes loin d’être aussi influente que vous le croyez et, bientôt, vous devrez ravaler votre fierté et apprendre à courber l’échine. » Il se pencha légèrement en avant. « Souvenez-vous, nous sommes des conquérants, des vainqueurs. Alors n’affichez pas une mine aussi courroucée. Pas pour si peu. Pas lorsque nous sommes censés célébrer la Prise de la Terre Blanche. » Sur ces paroles, l’homme tourna les talons et se retira.

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Merci ! ^o^ J'espère qu'on pouvait poster dès maintenant. Sinon dis moi et je supprime vite !



Merci Kyky  nastae
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Daé Miirafae
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Daé Miirafae
Mer 03 Juin 2020, 20:09


Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi




L’auberge aurait pu être bien plus agitée, mais malgré la liesse festive qui venait de la ville, les participant•e•x•s semblaient plutôt tendu•e•x•s ; du moins celleux que Daé apercevait. L’Aurum ne comprenait pas vraiment ce qu’il faisait là, mais les consignes étaient claires. Il ne parlait pas à ses parents. Il participait à ce à quoi il devait participer. Il n’engageait pas son peuple, mais seulement lui personnellement et tout se passerait comme prévu. Alors qu’il mangeait une potée de lentilles qu’on lui avait sympathiquement apportée, il se demande si des spécialistes économiques existaient parmi les Oracles qui conseillaient le Sin Luxinreis. Jamais il ne s’était posé la question avant, mais Lua Eyael étant une terre ouverte à tout le monde et les Rehlas étant une race secrète, il devait bien y avoir, dans quelques obscures salles de quelques obscurs empires, des traités de libre circulation et d’échanges commerciaux entre le monde et Lua Eyael, mais qui gérait ça ? Caleb Suellan avait-il le temps de s’intéresser aux affaires économiques de la ville qui abritait son peuple ?

Toutes les questions qui passaient dans la tête du jeune Rehla n’étaient pas complètement décontextualisées étant donné qu’on lui avait annoncé qu’il devait prendre part à la Coupe des Nations du peuple des sorciers. Peuple avec lequel il avait décidément de plus en plus de lien. Cette pensée lui passait souvent par l’esprit. Il était un Miirafae, sa Mentore aussi et était une magicienne, ses parents étaient deux sorcier•ère•s. Et lui dans tout ça ? Il serait malheureusement pour lui fixé assez vite.

Les évènements s’enchaînèrent calmement, presque trop vu ce qui s’y passa. On emmena tout le monde dans une grand manoir. Captivé par l’architecture, Daé ne remarqua pas la tête de certaines personnes lorsqu’iels se rendirent compte que le sol était couvert de sang et l’énoncé de l’épreuve arriva de la bouche de celle qui les toisait depuis un balcon. Les consignes de l’épreuve glacèrent le sang de Daé, mais pas autant que les dernières paroles de la femme rousse qui leur avait parlé. Ethelba. Il savait pertinemment que ce nom lui tournait en tête depuis sa nuit de Dallsha. Sans se rappeler d’une bribe de contexte, il se souvenait distinctivement avoir entendu ce nom résonner, mais ne l’avoir que rarement entendu avant. Mais à ce moment-là, tout lui revint. L’Aether protectrice des sorcier•ère•x•s. Pourquoi ce nom lui tournait en tête ? Il n’eût pas le temps d’y penser qu’une escorte l’invitait à rejoindre ses appartements pour la durée de l’épreuve. Un mois. Un mois à Amestris à essayer de développer une technique de torture. *Mais qu’est-ce que je fous là ? *


~~~


Sept jours à ne pas descendre de son étage qui lui était réservé. Les gardes ne s’étaient pas inquiétées, elles étaient restées à l’entrée, vérifiant que personne ne monte et que Daé ne sorte pas sans surveillance. Les esclaves qui tournaient autour de la maison lui apportaient à manger, mais il ne mangeait presque pas. Il ne comprenait pas pourquoi il était là et surtout pourquoi Phoebe l’envoyait créer des engins de torture chez le peuple sorcier. Il passa donc ses sept premiers jours à prier sans arrêt, assis contre un mur de la pièce qui lui servait de chambre, sans même regarder les étoiles, les yeux fermés, il priait. Parfois il s’endormait au milieu de la journée, toujours contre son mur et l’esclave qui lui amenait de la nourriture le réveillait avant de repartir.

Il n’eût aucune réponse à ses prières. Et la sensation intense d’avoir été abandonné par Phoebe et par tous les Aetheri du monde. Le huitième jour, avant de nourrir, il adressa une prière silencieuse à quelqu’un qu’il n’avait jamais encore prié auparavant. *Ethelba…je ne sais pas pourquoi je t’appelle aujourd’hui, mais je t’en supplie, donne moi la force de passer à travers ça et de créer cette immondice d’engin.* et il s’endormit.


~~~


Alors que le soleil pointait encore à peine, Daé se leva. Il était prêt. Il ne savait pas si sa prière silencieuse du soir d’avant avait fonctionné ou s’il avait simplement dissocié. Ou encore s’il s’était résolu à devenir un monstre, mais il savait que s’il était là c’était pour quelque chose et si les étoiles ne lui avaient rien répondu après sept jours de prières, alors c’est qu’il avait toutes les réponses. Il aurait peut-être dû les prier jusqu’au dernier moment, mais il n’en sentait plus le besoin.

Il descendit les escaliers et s’adressa à une des deux gardes. « Il me faut un sujet, une table, deux chaises confortables et du thé chaud et sucré. » La garde acquiesça d’un signe de tête et fit appeler une des esclaves qui commença à faire chauffer de l’eau pendant que Daé remonta les quelques marches qu’il avait parcourue.

Il s’assit à la petite place de la pièce pauvrement meublée, le soleil commençait à taper sur la fenêtre et à éclairer par rayons la chambre. La poussière environnante dansait dans les premiers rais de lumière. Daé se tenait la tête dans la main et réfléchissait à mi-voix. « Il faut que ça puisse durer éternellement et que ça fasse mal. Mais rien n’est spécifié concernant la nature de la douleur, peut-être que je peux éviter les effusions de sang.. Le problème c’est que si j’invoque cette ombre, je vais prendre cher aussi… » . Il tourna dans sa chambre et redescendit après plusieurs dizaines de minute. L’esclave était assise et attendait.  « Prenez du thé. J’arrive tout de suite ! »

Daé courut se réfugier dans sa chambre, il avait peur de lui-même à ce moment-là. Il sentait bien qu’il avait peut-être la capacité de torturer cette esclave qui n’avait absolument rien demandé et…ce n’était pas la personne qu’il voulait être. Il leva les yeux et cette fois mit sa conscience de côté et descendit en souriant. Il murmura à une garde à l’oreille « Il faut que vous me trouviez un membre de votre peuple capable d’enchanter un objet. Rapidement. » Jamais Daé ne s’était entendu si autoritaire et pourtant la petite voix qui habituellement le faisait se questionner ou le guidait dans ses choix s’était soudainement tue, comme s’il était dans une forme de transe. L’esclave buvait du thé en le regardant. Il lui sourit. « Je m’appelle, Daé, je suis enchanté. » « Moi aussi. Je suis Melora. » Un petit sourire fugace, elle commençait à être un peu rassurée par le fait que pour le moment Daé allait simplement discuter avec. « Est-ce que vous voulez bien participer à une expérience avec moi ? » « Euh…oui…bien sûr ! » « Parfait ! Fermez les yeux et respirez calmement, je ne vous ferai pas de mal. » Il ne mentait pas, il ne lui en ferait pas, pas directement. Quelques badauds s’étaient arrêtés devant la porte et hésitaient à entrer pour voir ce qui se tramait à l’intérieur et la garde restée en faction semblait elle aussi intriguée par ce jeune homme à la mine angélique qui soudainement avait pris son épreuve en main. Daé ne payait pas de mine, mais attisait quelques curiosités. D’un geste de main, il invita l’autre esclave présent à les rejoindre et lui proposa de masser sa collègue histoire qu’elle se sente parfaitement détendue. « Je vais maintenant vous demander de vous détendre et de penser à un lieu qui vous est cher. Vous n’allez pas avoir besoin de m’en parler, jamais, mais juste, pensez-y. Imaginez-vous dans ce lieu, avec ce climat que vous aimez tant et respirez calmement. Inspirez…puis expirez. » L’autre esclave continuait de la masser, Daé lui fit signe de s’arrêter et de se reculer un peu et la cobaye ne sembla pas broncher. La masse de badauds avait quelque peu augmenté étant donné que le Rehla semblait pratiquer là une torture bien nouvelle. Tout en continuant de la rassurer, il fit apparaître un petit livre dans sa main sur lequel était écrit « Le Roman d’Ataraxie ». Il commença à parcourir les pages tout en continuant sa litanie. « Maintenant que vous êtes parfaitement détendue, pensez à un moment très joyeux, très heureux, un moment qui vous fait vous senti entièrement bien. Vous y êtes ? » Elle acquiesça en souriant.

A ce moment-là, Daé regarda autour de lui et fit une petite prière à peine marmonnée. L’effet fut imminent. A peine Daé eût-il cessé sa litanie que l’air commença à manquer dans la pièce et la garde en faction se mit immédiatement à sourire. L’esclave qui massait sa collègue prit une mine inquiète au moment où les ombres de la pièce se mirent à bouger pour former une étrange créature qui oscillait entre ombres sur le plancher et forme bestiale qui prenait vie. L’esclave se retint d’ouvrir les yeux sentant bien que l’ambiance s’était transformée. Daé, toujours dans cet état second de cruauté parcourait les lignes du Roman d’Ataraxie en souriant parfois et continuait de temps en temps sa litanie méditative adressée à son sujet. « Ne vous inquiétez pas, restez dans votre endroit de paix, tout devrait bien se passer. » . L’esclave commençait à pleurer et à gémir de peur au fur et à mesure que les badauds s’étaient éloignées comprenant bien que la créature était capricieuse. La garde semblait résister à ça avec assez d’aisance, mais l’esclave était maintenant en larmes et convulsaient en se versant de l’eau chaude sur les mains.

Quelques minutes plus tard, l’air reprit de sa légèreté et la lumière redevint plus agréable. L’esclave était toujours effrayée au possible et Daé la prit dans ses bras. « Ne vous inquiétez pas, c’est fini d’accord ! » Elle acquiesça tranquillement.  « Demain, même heure, avec du thé. Hésitez pas à changer si vous voulez ! Et soignez-moi ces vilaines brûlures. » Tremblotant, Daé retourna dans sa chambre et fondit en larme immédiatement, prenant conscience de qui était en train d’arriver.

Le lendemain, la scène fut exactement la même. La méditation, le thé, le lieu joyeux puis l’invocation pendant que Daé se protégeait avec son livre et un petit câlin en lui donnant rendez-vous demain à la même heure. Et cela dura une semaine, tous les jours. Tous les soirs Daé pleurait toute la nuit, ses cernes s’accentuant au fur et à mesure des séances et l’esclave devait faire de même, quoique pas pour les mêmes raisons, ses cernes grandissant au même rythme.

Au bout du septième jour à ce rythme le mot avait un peu tourné dans Amestris que l’heure des séances de test était régulière, mais qu’il ne fallait pas trop s’approcher à cause de ce qui s’y passait et quelques curieux•se•x•s venaient toujours voir de loin ce qui s’y passait. Après la séance du jour, une petite mage noire trappue et magnifique se présenta à Daé avec un œil mauvais. Daé détest[/color]ait ce genre d’êtres, il sentait de tous les côtés qu’elle était méchante et vile. Une vraie sorcière.  « Vous avez demandé une mage noire pour des artefacts ! Me voilà. »  « Vous regarderez la session de demain et vous comprendrez très vite ce que je veux faire. »


~~~


« Et c’est vous qui invoquez cette créature ? » « Exactement, il faudrait juste que vous puissiez faire en sorte qu’elle soit invoquée via un objet et l’idéal serait même que cela marche sur une simple pression, de telle sorte que lorsque le sujet soit assez détendue et repose sa tête contre l’appuie-tête en tombant dans une forme de mi-sommeil, elle active elle-même cette invocation. » Le sourire grandissant et encore plus mauvais de la sorcièr confirma à Daé qu’il était en train de commettre quelque chose d’atroce, mais il était passé dans une telle forme d’automatisme que rien ne le perturba. Ses cernes étaient impressionnantes de noirceur et de taille après plusieurs jours à ne pas dormir et à constamment devoir montrer qu’il savait être méchant ou à pleurer. Il repensa furgacement à Yzex, mais ce n’était pas le moment. « Un prototype sera prêt demain, Monsieur…Monsieur comment ? » A la limite de craquer, le Rehla partit dans sa chambre et vomit sur le sol de dégoût. Tout était presque fait. Il restait le test de demain et il aurait créé un moyen de torture. Il se posa à son bureau et s’attela à la lettre qu’il devait écrire à cet Elias Salvatore. Il n’avait pas grand-chose à proposer et les règles de sa mission était claire, il ne pouvait pas engager l’entier de son peuple. Il fit donc court et simple :


« Cher Elias,

Amestris sait décidément recevoir et sait ne pas faillir à sa réputation. Le séjour fut rude et intense, comme doit l’être la collaboration avec vous. Pourtant j’y consens, et ce sans raison valable, car la raison me pousserait à refuser. Il s’avère que si je suis là, c’est bien pour y consentir.

Je ne sais pas ce que je saurai vous apporter, si ce n’est que je sais reconnaître les constellations à n’importe quelle heure de la nuit, que mon palais n’a d’égal en dégustation de tapenades et que je n’ai aucune morale. (Du moins, pas celle que l’on prête habituellement aux gens.)

Si par hasard vous acceptiez cette collaboration, je me réjouis sincèrement de découvrir la personne qui a mis au point cette épreuve. Sinon, j’ai la sensation que nous nous croiserons quand même.

Puisse Ethelba vous bénir,
Daé »



Le Rehla n’avait pas réfléchi, mais sa main avait elle-même fait le travail nécessaire. Il ne pouvait rien dire de plus et sentait qu’il devait s’empêcher de se mettre à dos le prince noir. Il avait avec lui la carte de la sincérité.


~~~


Le prototype était extrêmement bien fait, la Mage Noire qui l’avait réalisée semblait extrêmement fière en expliquant au Rehla que l’enchantement résidait dans le fil brodé bleu autour du coussin qu’elle tenait et que lors de la prochaine invocation, son énergie y serait capturée. Daé n’y connaissait rien, il faisait confiance entièrement à son interlocutrice, il n’avait pas le choix. La séance commença comme à son habitude à l’exception cette fois que l’esclave était déjà en pleurs en arrivant et qu’elle mit encore plus longtemps à se détendre. « Vous comprendrez bien que le plus vite vous vous détendrez, le plus vite ce sera terminé. » Elle acquiesça et essaya de se détendre. La créature fut invoquée pendant que Daé lisait le livre et le fil brodé bleu brilla un instant avant de s’éteindre. La séance se termina et l’esclave se leva pour s’en aller. Daé do[/color]nna la lettre scellée à une des gardes. « J’ai terminé. » Elle sourit. « Si vous permettez, Le Prince Noir souhaite que nous testions maintenant votre méthode sur quelqu’un pour voir si elle est efficace et fonctionnelle. » Elle regarda l’esclave qui venait de se figer de peur en intimant à son collègue de la rasseoir. Daé regarda la garde droit dans les yeux. « Vous faites ce que vous voulez, j’ai terminé. » Il monta alors que l’eslcave sanglotait encore en buvant son thé aux épices sucré et il redescendit avec son sac et ses affaires sans jeter un regard à personne. Personne même ne sembla l’apercevoir. La Lune avait décidé de bénir son départ et pour la première fois sans s’en rendre compte il venait d’utiliser son Umbra Ora, sa capacité propre à son peuple pour se fondre dans les foules. Au milieu de la rue, invisible de touxtes, Daé pleurait et sanglotait en marchant. Il faisait jour et les étoiles n’étaient même pas là pour le consoler.

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Mer 03 Juin 2020, 23:50



Premier jour

Aria n’avait rien à dire de bien, sur la ville d’Amestris. Certes, ses bâtiments étaient esthétiques. Comparés à la plupart des constructions chamaniques, ils pourraient même être qualifiés de prouesses d’architecture. Pourtant, l’ensemble restait laid. Peut-être était-ce à cause du dédain que la Marquise Mayfair inspirait, ou de la souffrance des esclaves qui suintait à travers les pierres. Pourtant, la Cité était apparemment en plein climat de fête. Aria ne reconnut rien de tel, en déambulant dans les rues. L’atmosphère de la Vorace était assez paisible, pour un peuple se revendiquant du Chaos. La mer environnante ne se déchaînait pas, et les matons de l’Empereur enlevaient toute possibilité de débordements. Le statu quo était maintenu, et les Hommes ici privés de droits semblaient anesthésiés. Non, ici rien n’était fêté. Certes, les événements récents étaient célébrés, mais Aria ne ressentait pas le grain de folie qui habitait le mot « fête » en son esprit.

Après sa courte expédition, elle choisit de rentrer. Le sorcier qui la gardait n’avait pas prononcé le moindre mot, en dehors des commodités. Il la regardait de haut, c’était évident. La chamane paraissait inoffensive, et sa race était à peine considérée. C’est justement pour cette raison que notre protagoniste empêcha son surveillant de fermer la porte. Il fallait instaurer la tonalité de leur relation d’entrée, au risque de se retrouver avec un garde hautain sur le dos. « Vous savez, chez moi, il nous arrive d’écorcher des nourrissons. Leurs cris servent à créer une musique, s’alliant à nos tambours. C’est une symphonie exquise. » Sans surprise, il ne sut quoi répondre. « Merci, bonne journée à vous aussi. » Elle le congédia d’un signe de la main. Créer de fausses rumeurs sur son peuple, c’était plus un réflexe qu’un loisir. Il y avait pourtant quelque chose d’addictif, dans le fait d’observer les réactions des étrangers.

« Vous faites vraiment ça ? » Il y avait un esclave au fond de la pièce, attaché à une chaise. Elle choisit de ne pas lui répondre. S’il mourait, il verrait bien par lui-même la vérité. Aria resta là quelques moments, à l’observer. Il était difficile de cerner ses émotions. Puis, sans raison apparente, elle rejoignit une chambre. Maintenant qu’elle était seule, il n’y avait rien pour l’empêcher de réfléchir. Elle se retrouvait en face de nombreuses difficultés. La situation la dépassait. Tuer quelqu’un, c’était à peu près dans ses cordes. La torture, par contre, demeurait un domaine auquel elle n’avait jamais prêté le moindre intérêt.

« J’ai besoin de toi. » Margaux rit sans être gênée à l’idée que quelqu’un puisse l’entendre. Rares étaient ceux qui pouvaient interagir le monde des esprits, en dehors des chamans. « Tu me demandes de l’aide ? »« Tu sais comment faire ça. Tu es une sorcière. » Aria croisait les bras, marmonnant ses réponses en regardant dans le vague. Elle ne voulait pas passer pour une folle. « J’en étais une. Et toi aussi, techniquement. »« Je suis plus chamane qu’autre chose. »« Pardon, c’est vrai que les chamans sont si raffinés qu’ils ne tortureraient jamais. » Elle marquait un point.

Techniquement, il était proscrit de faire à un confrère. Cependant, la règle était trouée par plusieurs exceptions évidentes. Les chamans dépassaient les limites du malsain, pour les épreuves. Ils se faisaient souffrir afin de rendre les jugements. Ils martyrisaient ceux que les aetheri dénonçaient. Ils se mutilaient lorsque leurs songes leur en donnaient l’ordre. Aria avait pourtant du mal à admettre que ce que les siens faisaient égalait parfois en cruauté le peuple qui vivait à Nementa Corum. Elle ne détestait pas exactement les sorciers, mais préférait les savoir loin d’elle, tant physiquement que moralement.

« Je suis sûre que c’est un blasphème, de détourner des rituels sacrés pour gagner une compétition. » Margaux leva les yeux au ciel. Elle ne s’habituerait jamais à cette mentalité. « Aria. Tu participes à une Coupe des nations, pas à un simple petit événement de mortels. Isemli veut que les vainqueurs se dépassent, non ? »« Isemli condamne les tricheurs. »« Mais chez les sorciers, la triche fait partie du jeu. Et, techniquement, tu ne brises aucune règle. Tu peux juste t’inspirer de choses qu’il y a autour de toi. » Aria s’arrêta, sentant que la conversation s’éterniserait. En admettant que sa camarade ait raison : que faire ? Il ne lui semblait pas envisageable de scalper la victime avant de la forcer à boire le Ghaäm, pendant qu’elle danse en subissant l’aigle de sang Alsea sur un mât de torture Kazak. De toute façon, il était impossible d’incorporer tous ces éléments. La chamane devait pourtant bien admettre que sa culture pourrait servir d’inspiration.

« Blague à part… je vais t’aider. Tu te souviens du critère principal ? » Aria s’asseyait sur son lit, un sourire triste aux lèvres. « La coincée a dit “il faut que la torture puisse durer l’éternité et qu’elle soit la plus douloureuse possible”. Mais… si on veut être originales, il faudrait pouvoir donner d’autres avantages à notre technique. »« Bonne intuition. Tu penses à quoi ? »« J’ai eu quelques idées. Déployabilité, coût, pénibilité de la tâche pour le tortionnaire… »« Ils ont mis un tas de carnets vierges, ici. Tu peux déjà commencer à noter. » Le plus tôt elles auraient fini, le mieux ce serait.



Troisième jour

Aria massait sa main douloureuse. Rien n’y faisait : la pince en fer s’était refermée trop violemment sur son poignet. Sa peau avait été griffée dans le processus, causant plusieurs hématomes. Faire les cent pas dans la pièce où elle était censée concevoir sa technique la distrayait, mais la douleur ne partirait pas complètement. « Vous avez besoin d’aide ? » L’esclave n’espérait sans doute pas de réponse : la chamane l’avait copieusement ignoré, à chacune de leurs interactions. « Tu peux m’apporter de quoi écrire ? » Il obéit immédiatement, revenant avec de quoi rédiger la plus belle lettre.

La chamane resta debout, plaquant le parchemin contre un des murs. Elle n’avait pas envie de perdre la moindre seconde à s’asseoir. Elle voulait se débarrasser de cette tâche. « Je consens à ce mariage… consentir c’est avec un t ou un s ? »« Un s. »« Merci. Il y a bien un accent grave sur le a ? »« Oui. »« Voilà, ça devrait suffire. » Aria n’avait pas particulièrement envie d’abuser des formes. Elle ne voulait pas non plus décrire en quoi une alliance entre leurs deux races serait utile. Après avoir signé de son nom usuel, elle rangea la lettre dans un tiroir. Elle voulait se laisser un peu plus de temps, pour décider de la marche à suivre. Idéalement, il refuserait. Dans le pire des cas, il accepterait et exigerait une descendance.

Aria expira, le regard fatigué. Au moins, cette épreuve lui apprendrait à apprécier la tranquillité de sa vie. Il lui arrivait souvent de se surprendre à avoir une pensée inutilement négative. Qu’il s’agisse d’une objection sur le concept même de la méditation, ou d’une plainte sur son apprentissage en tant que fauconnière… elle critiquait souvent les petites aspérités qui formaient la route de sa vie. Devoir mettre en gage son avenir avait l’avantage de donner de la perspective à son existence. Finalement, méditer, ce n’était pas si mal.

« Alors comme ça, on est maussade ? Je croyais que tu serais plus robuste. Besoin d’aide ? » Le garde était entré, et prenait un ton caustique. « Tu peux m’aider un peu, oui. Cette ville me donne des allergies, et apparemment j’en ai une avec les gens qui ne font pas leur travail correctement. Si tu partais d’ici et que tu me laissais tranquille, ça me rendrait service. Il pourrait y avoir quelqu’un à la porte. » Aria ne contrôlait pas vraiment sa bouche. L’on aurait pu croire qu’elle et Margaux avaient fusionné, dans ces moments. « Ne provoque pas les inconnus. »« Bonne journée à toi aussi. » Il avait raison, cependant. La chamane savait qu’elle n’aurait pas dû l’insulter : la magie noire pouvait rendre sa vie pénible. C’était une raison de plus de ne pas s’attarder ici. Aria se jura qu’elle aurait complété son travail avant la fin de la première semaine.

« Excuse-moi… » Elle fixa l’esclave qui venait de l’aider. « Tu sais écrire ? Tu m’as aidée, donc je pars du principe que oui. »« Oui. » Elle allait devoir noter énormément de choses en peu de temps et, si elle voulait partir au plus tôt, se forcer à rédiger avec sa main directrice n’était pas la meilleure option. « Tu n’as pas peur d’écrire des choses affreuses ? Le sujet de la torture, par exemple ? » Aria était aussi subtile que le Hǫfðingi était sain d’esprit. « Pour votre épreuve ? Non… enfin, sauf si ça me concerne. » Elle se leva, pour lui serrer la main. « Pas du tout. Merci beaucoup pour ton aide. »



Quatrième jour

« Je consens à ce mariage. — Aria Syrkell. » Le mage noir ne s’était pas dérangé pour lire ces quelques mots griffonnés à voix haute. Il haussa un sourcil. « C’est… court. Soit. » Il repliait immédiatement le papier, et le rangea dans la poche de sa veste. « J’espère que votre technique de torture sera un peu plus élaborée que cela. » La Nyam’Wa et son Hozro ne faisaient qu’une : Aria avait insisté pour qu’elles fusionnent, afin de se donner plus de force. Cependant, quelque part, il y avait une incompatibilité. Un désaccord, que les deux pouvaient ressentir sans difficulté. La chamane détestait cette épreuve et tout ce qui l’entourait. Margaux aimait travail bien fait, avec à peu près le même degré d’intensité. Pourtant, la seconde capitula.

« Ce n’est pas tout. Il y a aussi les instructions de notre méthode. J’aimerais partir aujourd’hui. » Leur interlocuteur n’eut pas de sourire narquois : il ne laissait pas paraître sa haine des races incivilisées, qui pensaient faire un assez bon travail en seulement cinq nuits. « D’accord. » Il saisit le parchemin qu’on lui tendit, curieux. « La méthode devra être essayée sur l’un de vos esclaves. Vous resterez pendant tout le temps du test. » Comme si les mots du sorcier étaient porteurs de magie, la fusion entre Aria et son Hozro se brisa. En vérité, c’était un mélange de fatigue et de surprise. Ce n’était pas une bonne nouvelle, pour différentes raisons.

« Salutations,

Tout d’abord, l’approche de la torture que je présente a été conçue en prenant en compte cinq critères, qui pourraient être résumés par les mots suivants : longévité, douleur, appréhension, praticité, originalité. La méthode que je vous soumets aujourd’hui s’affaire donc à répondre à ces problématiques. Le Chant des Rois — puisqu’il s’agit du nom de ce projet — doit être durable, puisque cela fait partie des exigences qui nous ont été explicitement données par la Marquise Mayfair. Elle doit aussi être douloureuse, et il va sans dire qu’une souffrance intense s’étalant sur la durée doit être fluctuante, de manière à empêcher nos nerfs de s’y habituer. En plus de ces deux critères initiaux, j’ai aussi pris la liberté de garder en tête l’anticipation et l’humiliation sociale que doit ressentir le sujet : sans eux, la torture n’est plus aussi effroyable. En outre, je suis partie du principe qu’une méthode de torture est d’autant plus utile qu’elle est économique et déployable à grande échelle. Il ne fait aucun doute que le gouvernement sorcier est riche, mais minimiser les coûts est toujours bienvenu. Pour finir, je pense avoir pris soin de garder une flamme d’originalité en imaginant cette méthode.

Le moyen de torture que je propose ici ne nécessite donc que peu de moyens.

- À l’évidence, deux salles sont requises : l’une où le sujet dormira et mangera, l’autre où il subira son châtiment. Cette perte d’espace est nécessaire, puisque quitter la pièce où il se repose brièvement engendrera énormément d’anxiété, et encouragera le sujet à parler à l’approche de l’endroit où il subira ses sévices corporels. Pour des raisons qui seront abordées plus tard, la salle de torture devra faire au moins quinze pieds de longueur. Si ma mémoire est bonne, votre peuple ne manque pas de cellules et peut se permettre de réutiliser des locaux.
- En guise de nourriture, le sujet n’aura droit qu’à des céréales pauvres. Les grains de riz sont préférés, puisqu’ils contiennent de l’arsenic. Les quantités sont à votre discrétion : même s’il en mangeait des montagnes, ce ne serait suffisant pour maintenir le fonctionnement optimal de son corps.
- Il faudra mettre en place deux crochets, chacun aux extrémités des murs de la salle. N’hésitez pas à vous référer au schéma ci-dessous.
- De la corde fine, d’au moins soixante pieds de longueur.
- Au moins deux anneaux de perçage corporels, dont les dimensions sont à votre discrétion.
- Une ou plusieurs pinces en métal.
- D’autres outils seront mentionnés au long de ces instructions : ce sont des objets superficiels, qui sont recommandés sans pour autant que la réussite de cette entreprise ne dépende d’eux.

Ne connaissant pas votre économie, mon estimation des coûts n’est que bien trop approximative. Cependant, ils me semblent raisonnables puisqu’aucun des objets ne doit nécessairement être créé sur mesure. Venons-en donc à la torture en elle-même :

Pour augmenter l’anticipation du sujet, les gardes devront le déplacer de force de sa cellule à la salle de torture, tous les jours à la même heure. Il sera déshabillé, afin de maximiser la sensation d’humiliation sociale. Ses pieds et des poings seront noués par de la corde, et reliés à un des crochets. Ensuite, les gardes le placeront devant le crochet opposé, et noueront les anneaux corporels à celui-ci grâce à la corde. Une partie de son corps sera alors percée afin d’y incruster les anneaux corporels. Sa peau deva être légèrement tirée, dès le début du supplice.

Une pince en métal sera placée sur le larynx du sujet. Si elle se referme plus en haut de son larynx, les sons aigus lui seront inaccessibles et, par opposition, les sons graves seront difficilement prononçables si la pince est placée un peu plus en bas de son larynx. D’autres pinces peuvent être ajoutées, notamment sur ses joues voire sa langue. Aussi, il est envisageable — mais pas nécessaire — de comprimer la cage thoracique du sujet, afin de changer sa méthode de respiration. Pour cela peuvent être utilisés des tissus classiques, mais aussi des mailles en acier ou en fer.

Ce dernier paragraphe est important pour une raison particulière : il sera demandé au sujet de chanter. Bien entendu, la musique est à la discrétion de ceux qui exécutent la tâche. Cependant, je me sens obligée de recommander des hymnes en faveur des sorciers ou du gouvernement. Il s’agit, comme toujours, d’humilier le sujet. Chanter lui sera extrêmement difficile et douloureux, dans les conditions qui lui sont données. Il sollicitera des parties de son corps qui seront contraintes par les pinces en métal. Pour cette raison, le sujet peut refuser de se prêter à l’exercice. Un manquement à l’ordre sera puni fermement : le garde pourra tirer sur la corde nouant ses pieds et ses poings, pour rendre les liens plus tendus. Quand il n’y aura plus de lest, le sujet sera forcé d’avancer de plusieurs pas. De la même manière, il subira le même traitement s’il perd sa voix et échoue à toucher les bonnes notes — ce qui finira obligatoirement par arriver dans de telles circonstances —.

Cette technique de torture est construite d’une manière à ce que l’esprit croie s’y adapter. Au début, le sujet pensera que la clé résidera dans le fait de chanter correctement : il fera énormément d’efforts en ce sens, et exploitera son organe vocal jusqu'à ses limites. Puis, au bout d’un jour ou deux, son larynx sera trop usé et il sera forcé de le ménager. La peur de ne plus jamais pouvoir parler à force de maltraitance pourrait pousser le sujet à répondre aux questions directement, si questions il y a. Cependant, partons du principe que sa volonté ne connaît aucune limite. Là, il sera sûrement contraint d’avancer, et souffrira énormément de ses anneaux corporels qui tireront et lacéreront sa chair de l’intérieur. Il viendra un moment où ils sortiront purement et simplement de la peau du sujet, après que celui-ci ait dû s’avancer trop loin du crochet.

Cela créera des plaies, à différents endroits de son corps. Il ne cicatrisera pas facilement, d’une part parce que son régime alimentaire le prédisposera aux carences, et d’autre part parce que divers moyens pourraient être employés pour faciliter l’irritation et la surinfection de ses plaies. Du sel peut être appliqué à même la chair du sujet, et une brosse à lustrer peut être passée sur ses blessures après chaque séance. Sans soins, les infections se multiplieront : les premiers mois, elles ne seront peut-être pas systématiques, mais à mesure que sa santé globale chutera, elles finiront par être communes. Évidemment, une fois qu’un anneau a cédé, il sera directement replacé à un nouvel endroit. Autrement, le sujet pourrait s’habituer à la douleur locale. En conséquence, les infections varieront régulièrement, et il pourra donc être pris de réponses inflammatoires et de douleurs latentes en de nombreuses parties de son corps. La vision de son corps mutilé et envahi de ces plaies contribuera à la souffrance mentale qu’il devrait ressentir.

Cette méthode de torture est donc effective à différents plans. La psychologie du sujet est attaquée tout au long de son supplice — qui peut durer éternellement —. Aussi, toutes les parties de son corps sont concernées : sa santé globale sera dégradée par les infections ainsi que par son régime alimentaire ; son larynx sera directement persécuté ; et enfin, chaque espace de sa peau est susceptible de voir un anneau corporel y être relié. »


Aria avait laissé son corps à Margaux. Elle savait ce qui allait se passer. Elle pouvait l'encaisser de voir l’esclave qui l’avait aidée se faire torturer. La violence n’était pas inconnue des chamans. Cependant, faillir à ses promesses est toujours douloureux. Elle avait dit à ce garçon que cette histoire ne le concernerait pas. Aria ne s’était jamais bien éloignée de son corps : la séparation entre l’esprit et le corps était encore un pouvoir qu’elle peinait à maîtriser. Pourtant, cette fois-ci, elle quitta la gueule d’Amestris pendant plusieurs heures. La chamane voulait être le plus loin possible de La Vorace.
3000 mots.


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Pulsar Verhoeven
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Pulsar Verhoeven
Mer 03 Juin 2020, 23:55

Relevant le pan de sa robe pour monter la marche de l'entrée, intriguée, Candice observait les environs. C'était intéressant de voir la créativité de certaines races en matière de supplices, d'autres n'étant clairement pas à la hauteur ... Ce n'était guère étonnant. Nombreuses étaient ces peuples à n'être bon qu'à se cacher aux yeux du monde. Sûrement étaient-ils trop honteux de dévoiler leur sens inné pour l'inutilité. Un sourire étirait ses lèvres. C'était une belle matinée. Venir à la Capitale était un événement rare, en ce qui la concerne et elle s'assurait de repartir d'ici avec de nouvelles idées. Et quelques nouvelles tenues, son Père le lui avait promis après son investissement. La demoiselle n'allait pourtant pas relâcher ses efforts et voulait s'assurer de voir quelques machinations des participants à la Coupe des Nations. Sans doute pourrait-elle s'améliorer, ou avoir quelques idées en observant leurs inventions ? Des choses à améliorer, naturellement. En ressortant de cet accès au public, elle croisait la candidate qui revenait d'une balade au sein des rues. Belle, pétillante, osant lancer un regard hautain à ceux qui posait un regard sur elle. Ces Sirènes ... La Sorcière claquait sa langue contre son palais, presque vexée pour une raison qui lui échappait. Elle n'était pas encore née lors de ces événements, mais ils étaient indélébiles dans la mémoire de ses aînés. Inconsciemment, sans doute, avaient-ils transmis cette hargne à leurs héritiers.

Je trouve certaines idées ingénieuses, pas toi ?
Mon frère, le salua-t-elle.

Celui-ci répondu par un simple mouvement du menton.

Je trouve certaines conceptions intéressantes, en effet, reprit-elle.
Sais-tu qu'une nouvelle soirée est prévue, ce soir ? Le Comte Windsor sera présent.

La Sorcière penchait sa tête sur le côté, un doigt sur la joue, comme une poupée plongée en pleine réflexion sur un individu qui lui serait inconnu et dont elle essayait de se souvenir. Ce n'était pas le cas. Un sourire étirait ses lèvres. Le nom d'Ismaël Windsor était sur toutes les lèvres des dames célibataires ... et même celles qui ne l'étaient pas, parfois. Des hommes, aussi, mais causant affaires, à l'inverse d'idées de mariage, ou d'un moment intime en sa compagnie. Ce n'était pas n'importe qui, loin de là. Désormais, tous ici le connaissait. Cet homme était devenu le Gouverneur de la Terre Blanche. Rien que ça. Celle-ci venait d'être arrachée aux mains des Vils dans une bataille éblouissante, où leur écrasante suprématie avait mis à mal ces cafards monstrueux. Autant dire que le coup d'éclat tombait au bon moment, autant pour redorer leur blason sur la scène internationale que pour voir les visages envieux et hargneux de ces péquenauds venus envahir leur territoire. Parfait.

Ce serait intéressant de te trouver un tel époux, tu ne trouves pas ?
Je ne suis qu'une adolescente, sourit-elle. Cela aurait un immense honneur autrement que d'intéresser un homme aussi méritant.

Un moyen de refuser poliment, cela arrachait un sourire mauvais à son aîné.

Tu t'améliores ... Qui sait si un autre parti ne serait pas intéressé ?
Ce serait formidable, admit-elle. Tiens ! Est-ce que le Prince Noir sera présent, lui aussi ? Après tout, cette victoire n'aurait pas été réalisable sans son investissement.

Un haussement d'épaules lui valu une déception.

Je l'ignore. Il doit certainement travailler, on le voit peu.
Quel dommage de ne pas profiter de cette événement en compagnie des siens.

Il y a quelques temps, la Sorcière s'était moquée d'un de ses échecs, mais force est de constater que celui-ci avait été un pavé dans une suite de succès. Le Prince Salvatore ne manquait pas de ressources, c'en était effrayant. Elle l'admirait. Et en même temps, le voir échouer la ravirait aussi. C'était un sentiment étrange et contradictoire. C'était ainsi, chez elle.

Peut-être que certains sont mécontent de son succès ? Ce n'est pas évident de réussir là où d'autres se sont contenter de ne rien faire, pas vrai ?

Son ton était moqueur, volontairement orienté vers leurs ennemis naturels. Candice pensait également aux Magiciens. Ils avaient aidés les Anges, mais ils avaient surtout bien aimés être brosser dans le sens du poil. Incapables de reprendre le territoire aux Démons, sous prétexte d'un équilibre précaire. Quelle bande de petits menteurs. Ils aimaient surtout dominer ce Bien qu'ils prétendaient défendre avec d'autres. Andreas avait son idée sur la question, estimant qu'ils aimaient bien avoir un ascendant, un pouvoir et se drapé du voile de la pureté. Les Anges avaient conclus un accord avec eux, un contrat bien plus avantageux que tout ce que les Écervelés Blancs leur avait offert, certainement. Ils avaient sauver des vies, ce n'était pas rien. Personne n'oublierait ce geste, ce n'était qu'à leur avantage.

La Victoire est nôtre, mon frère ! Savourons-là ! Profitons de ces célébrations d'autant plus !
Tu n'as pas tort, ma soeur. D'ailleurs ... Tu as vu le travail de l'Humaine ?
Est-ce qu'elle est parvenue à ne pas s'évanouir ? se moqua-t-elle, avant de balayer l'idée d'un revers de la main. Non. Je ne pensais pas que ce se serait intéressant.
Je ne sais pas ce qu'elle prévoit, en tout cas, elle est plus résistante que la Mage Blanche.
Tu sais très bien que les cafards ont la peau dure.

Elle marquait un temps d'arrêt. Elle n'aimait pas les Humains, mais l'audace de leur représentante ne manquerait pas d'être soulevé.

Il y a eu pas mal d'abandons, nota-t-elle.
On se demande pourquoi, pas vrai ? Je trouve l'idée de notre épreuve bien plus intéressante que de vulgaires combats, ou d'être emprisonné dans une cave avec le besoin d'en sortir vite, voire d'user de sa magie pour se sortir de situations étranges. Nous pourrons, à l'inverse, nous en servir sur le long terme.
Je suis curieuse de savoir qui va l'emporter, en vérité.

Andreas observait les environs, les rues étaient remplies de Sorciers, naturellement, mais aussi de quelques autres représentants raciaux. Ils étaient décelables à leur manière de parler, de se vêtir, voire de se comporter. Heureusement, nombreux étaient les indésirables à ne pas avoir réellement fait le déplacement pour venir s'exposer à Amestris.

Et si nous allions voir ce que réalise la Démone ?
Je n'en reviens pas qu'elle est eu l'audace de venir ! soupirait son aîné en riant.
Elle doit sans doute vouloir arracher la victoire pour contrebalancer leurs échecs successifs.
Ils n'ont pas la mort honteuse dans la peau, au moins.

Non, probablement pas. C'était ce qui les rendait si drôles.

1450 mots

Ceci n'est pas un post de la CDN.
Candice réagit un peu à tout ^o^


◊ DC de Mancinia Leenhardt ◊
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Mer 03 Juin 2020, 23:57

[Coupe des Nations sorcière] - Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi  1525539476-carnet6
Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi
[Diana]

L’atelier était soudainement silencieux. De nombreuses paires d’yeux étaient rivés sur mes gestes, dans l’attente d’une sorte d’approbation. Délicatement, je posais ma main sur l'acier dont la morsure était glacée. Je caressais la sculpture métallique tout en prenant garde aux petits piquants qu’elle possédait. « Elle résistera au feu ? » finis-je par dire, le visage crispé. « Oui. Comme vous l’aviez demandé. » Je hochais la tête, ne regardant pas l’esclave qui venait de m’informer. J’essayais de rester concentrée et de protéger la petite bulle de pensée qui protégeait mon faible esprit. C’était vain mais je voulais sauver les apparences. En réalité, j’essayais simplement de ne pas montrer aux autres à quel point j’étais écœurée par mon œuvre. Était-ce réellement le fruit de mon esprit ? À certains moments, j’en doutais et j’espérais que l’idée ne m’ait été soufflée par un esprit malin. Cependant, il n’en était rien. J’étais la créatrice de cet instrument ignoble. Comment avais-je pu ? Je voulais nier ma part de ténèbres. Celle qui se réjouissait de mettre au point cet instrument de torture. Je ne voulais pas être comme cela. Je ne l'étais pas.

Je glissai lentement mon index sur l’épine de la fausse ronce d’acier qui encerclait la structure, tel un serpent funeste. J’appuyais légèrement. Une perle de sang fit alors son apparition. Je fronçais mes sourcils, et éloignai mon doigt instinctivement avant de le porter à mes lèvres. « Tout va bien ? Nous allons vous apporter de quoi bander la blessure. » « Non. Ce n’est rien. Je testais simplement le mordant du métal. » Je souris tout en éloignant mon doigt de ma bouche pour inspecter la peau. La perforation était à peine visible. C’était assez étrange de constater qu’une si petite blessure pouvait se révéler aussi douloureusement inconfortable. L’idée même qu’un corps allait peut-être se coucher de tout son poids sur l’ensemble de la structure me faisait tressaillir. Sans doute était-ce une douleur encore supportable pour le futur torturé. Ce n’était malheureusement qu’un début.

Mes yeux glissèrent alors sur les quatre extrémités de la structure. C’était en réalité une croix irrégulière, prenant la forme d’un corps dont les bras étaient écartés et les jambes jointes. Une large fente couvrait le centre des bras de la croix. L’emplacement avait été créé afin que l’on puisse clouer les membres du torturé à la croix. Les clous seront ensuite alors tordus pour que le supplicié ne puisse se défaire du piège horizontal. Je détournais les yeux. « Le forgeron a fait du bon travail. » disais-je simplement, les lèvres cependant crispées. « C’est assez pour aujourd’hui. Nous nous retrouverons demain. » Je fis lentement volteface. Les pans de mon kimono trainaient par terre. Je n’aimais pas particulièrement cette tenue traditionnelle, préférant les vêtements qui laissait au corps l’entière possibilité de s’exprimer et se mouvoir comme il le souhaitait. Cependant, j’avais été désignée pour représenter ma race. Aussi, j’avais cru bon de faire constamment attention à mon image. L’esthétique était importante. Mon instrument de torture était lui-même étincelant de finesse. Vraiment, le forgeron avait fait un travail divin. Cela me peinait de savoir qu’une si belle œuvre, semblable à une sculpture, allait être aussi cruelle qu’un cauchemar. Je baissais mes yeux tristement alors que je rejoignais l’étage en silence.

Après avoir pénétré dans la chambre qui m’avait été accordée, je m’assis au bureau de celle-ci. Je faisais cela tous les jours, comme s’il s’agissait d’un rituel sacré. J’y restais alors pendant de longues minutes – peut-être même des heures – et je fixais un parchemin encore vierge de mes mots : la promesse de mariage. Voilà trois semaines que les règles de l’Épreuve avaient été annoncées – et sans doute de nombreux participants étaient rentrés chez eux depuis – mais je n’avais pu consentir à ce contrat spécial. Ce dernier me livrait à un dilemme constant où seul une certitude régnait ; je devais agir en fonction des futurs besoins de mon maître. Cependant, encore vierge de lien, je ne savais pas quels pouvaient être ses besoins. J’étais idiote, je le savais. Une autre Orine que moi, moins étrange, aurait directement su la marche à suivre. Ce n’était pas mon cas. J’étais perdu. J’étais moi-même torturée. Devais-je refuser car ma fidélité ne revenait qu’à une seule personne ou devais-je accepter dans l’optique que ce contrat puisse favoriser mon futur maître ? Cela aurait été tellement plus simple si seulement j’avais été un homme… Pourquoi diable avait-il fallu que les femmes soient liées par le mariage ? Je trouvais cela cruel. Mais peut-être que mon opinion n’était pas partagée par d’autres femmes. Après tout, le Prince Noir possédait un grand renom, presque légendaire. Beaucoup devaient ambitionner de devenir l’une de ses épouses. Cependant, pour une Orine, c’était autre chose. Ma loyauté ne pouvait être entièrement accordée qu’à une personne. Si j’acceptais, devais-je tourner le dos à la liste de noms qui m’avait été confié pour offrir mon énigme au Prince Noir ? Blasphème. Si je refusais, allais-je faire honte à mon peuple en échouant ? Inconcevable. Que devais-je faire ? Signer ? Refuser ? Je soupirais et levais les yeux vers le plafond.

Créer un instrument de torture avait été plus facile pour moi que de prendre cette décision. Devais-je penser que j’étais cruelle ? Je souris amèrement. Nous avions tous nos parts d’ombre et de lumière. J’avais senti ces ténèbres en moi, une fois. Si elles se montraient presque inexistantes, quand elles se révélaient, je m’écœurais. J’avais pris plaisir à voir souffrir. J’avais légèrement aimé réfléchir à mon œuvre, tout en pensant à celui qui m’avait violenté pour s’introduire en moi. Je l’avais imaginé aussi fragile que moi, incapable de bouger sans souffrir. En fermant les yeux, je pouvais encore sourire en le pensant crucifié à mon instrument, entièrement offert à mes agissements. Je déglutis. Sur mon bureau reposaient d’autres feuilles : les plans de mon œuvre. Un texte détaillait succinctement ce que le crucifié allait subir, accroché à sa croix. Je le lus rapidement, comme si je n’en étais pas l’auteur.

« Alors que les nombreuses piqûres s’élèveront, le corps du supplicié sera cloué à sa croix d’acier, habillée de ronces métalliques. Les membres immobilisés aux extrémités du lit épineux, l’esprit du torturé valsera avec l’inconscience. L’eau lui enlèvera le confort du sommeil. À répétion, et pour une durée contrôlée, l’élément aqueux inondera son visage. Le torturé sera alors privé d’air, asphyxié pendant une minute et trente secondes. Une pause suivra afin que le souffle se renouvelle dans la gorge alors douloureuse. Durant cette pause, un feu jaillira sous la croix couchée. Les flammes ne toucheront jamais le fer mais la chaleur rougira le métal et la peau. Après dix secondes, le fléau de l’eau reviendra avant que l’instant du feu resurgisse des entrailles du sol. Ainsi, la torture continuera éternellement jusqu’à ce que le corps abandonne sa résistance. Les supplices de l’eau et du feu s’arrêteront alors et des esclaves viendront enfoncer un tube dans la gorge du suffoqué pour le gaver rapidement de nutriments nécessaires à la survie. Les esclaves repartiront après le repas, laissant le torturer s’endormir, les mains et les pieds cloués à sa croix. La « Noyade du crucifié » reprendra après quatre heures de repos durant lesquelles on réveillera soudainement le crucifié toutes les heures. La torture aura lieu dans une pièce constamment éclairée par ma lueur de torche. Aucune lumière extérieure ne devra rejoindre le compartiment, afin de laisser le crucifié perdre toute notion du temps. La folie sera alors une constante maîtresse aussitôt écartée par l’illusion de la noyade. »

Je frémissais, partagée entre l’horreur et la satisfaction. Oui. J’imaginais mon ancien agresseur cloué à cette croix, luttant pour respirer, ne pouvant pas crier tandis que l’eau tombera sur son visage. Je voulais lui faire subir ce que j’avais subi, impuissante et bâillonnée par sa main qui étouffait mes suppliques. Je voulais qu’il paie. Il était celui qui avait fait ressurgir le pire en moi. Mes ténèbres étaient rancunières…

Je chassais ses vilaines pensées de mon esprit. Il fallait que j’arrête de me voiler la face ; mon violeur ne serait pas celui qui reposerait sur cette croix à la beauté cruelle. C’était d’autres – peut-être même des innocents – qui allait subir mon œuvre sur le point d’être finalisée. La satisfaction laissa alors place à de la culpabilité et de la tristesse. Devais-je me sentir responsable des malheurs qu’elle allait peut-être engendrer ? Celui qui avait suggéré l’idée était-il aussi coupable que celui qui l’avait réalisé ? Je me mordais la lèvre inférieure. La luminosité de ma chambre avait décru. Les sons produits par les festivités de la ville, eux, étaient encore bien présents. La Terre Blanche avait été prise par les Sorciers. J’avais l’impression que l’histoire allait tellement vite. Ce n’était pas une mauvaise chose. Bientôt de nombreuses pièces de théâtre racontant cette histoire verront le jour.

Je reposais mes yeux sur l’unique chose qui m’empêchait de rejoindre ma troupe de théâtre. Le contrat de mariage était toujours vierge. Peut-être était-ce le signe qu’il devait le rester. Je posais ma main sur le vélin du parchemin. Je le tachais d’une très légère trace de sang, oubliant mon doigt blessé. Après encore un long moment de réflexion, je me saisis enfin d’une plume que je trempais dans l’encre.

« Prince Noir,

Je vous écris pour vous faire part de ma décision tourmentée. Étant une Orine, je ne peux me résoudre à vous prendre pour époux sans l’aval de mon Maître. Ma fidélité et loyauté sans failles ne me le permettent guère. Cependant, mon Maître n’existe pas encore alors laissez-moi aussi vous poser une condition. Je serais prête à renoncer à la liste de noms qui m’a été confiée, et à vous épouser, si, et seulement si, vous parvenez à résoudre mon énigme et, à ainsi devenir mon Maître. Sans cette condition, recevez respectueusement mon refus. Si j’ai embrassé la carrière d’actrice, je ne peux me résoudre aux faux-semblants en dehors de la scène.

Malgré ses mots, je vous offre le fruit de mes pensées. J’espère que vous l’utiliserez avec modération.

Respectueusement,

Diana Aldaria. »

Je signais la lettre avant de me lever pour aller me coucher. Demain, je finirais par mettre en place mon œuvre, le lendemain, je savais qu’il faudrait alors qu’elle soit testée. Je croyais en elle et je savais que je plaignais déjà la personne qui y serait soumise. J’espérais alors qu’elle soit aussi cruelle et néfaste que la torture. Sans doute aurais-je regretté mes trois semaines de travail si j’avais su que ce serait l’un des esclaves qui m’avaient aidé qui la subirait. Aurais-je pu le deviner si seulement j’avais fait preuve d’un peu plus de discernement ? Après tout, je n’aurais jamais dû oublier la nature sournoise des Sorciers.

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