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 [Q] - Surdose

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Typhon Gargantua
~ Eversha ~ Niveau V ~

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Typhon Gargantua
Sam 14 Nov 2020, 20:19



Partenaire : aucun
Intrigue/Objectif : Acquisition. Le campement des Béluas, dans les étendues sauvages des Terres du Lac Bleu, semblait idéal. Les proies y abondaient, la clairière donnait une vue dégagée sur le ciel nocturne et une petite cascade d’eau pure se déverse non loin. Cette source d’eau n’était toutefois pas aussi pure qu’elle y paraissait. Elle contenait des cristaux magiques, similaires à ceux du Lac Bleu. Avec le séjour des changeurs de forme qui se prolongeait dû à la lenteur bureaucratique magicienne, l’exposition à ces cristaux perdura…

Note : ce RP est lié au défi des 15 ans du forum.


Un problème de taille


Dhavala s’assit face à un petit Magicien dans un bureau. La chaise du changeur de forme émit plusieurs sons plaintifs alors qu’il s’y installa. Entre les vêtements trop ajustés et la chaise grinçante, il était indéniable que l’Eversha avait pris du poids depuis la dernière rencontre. La présente réunion en était une de routine. Chaque mois, l’Eversha rencontrait le même Magicien, dans la même pièce, afin de discuter de l’état de sa demande pour emprunter un Ponton menant au Rocher au Clair de Lune.
« Bonjour Monsieur Himsaru. Vous avez… l’air en forme. Je suis heureux de vous annoncer que l’évaluation de votre dossier progresse. Nous avons pu confirmer votre appartenance au peuple eversha. Nous aurons sous peu la capacité de vous fournir un passeport qui vous donnera accès aux Pontons. Félicitations !

Cela dit, l’évaluation de vos compagnons et de leurs antécédents s’avère plus compliquée. Comme vous le savez, le gouvernement des Terres du Lac Bleu est très soucieux de préserver l’équilibre des forces en ce monde. Vous comprendrez donc notre prudence à l’idée d’introduire de nouveaux éléments au Rocher au Clair de Lune. »

Chaque mois, le discourt du Magicien était plus ou moins le même. Dhavala achevait une étape supplémentaire pour de recevoir son passeport, alors que l’investigation stagnait pour ses compagnons. Depuis le temps que Dhavala s’adonnait à ce jeu, il devenait évident que la meute de changeurs de forme était sous surveillance. En fait, la seule chose qui semblait changer entre les réunions, c’était Dhavala lui-même. Il grossissait et ça se remarquait.

***

Les Terres du Lac Bleu étaient riches en proies diverses avec relativement peu de prédateurs. La chasse y était donc facile et abondante. Ajouté à ça une absence de voyage, de conflits ou d’autres évènements physiques intenses et la meute de Béluas avait atteint une certaine sédentarité qui se reflétait sur leur silhouette,

Le résultat était que Dhavala n’avait aucun mal à satisfaire son appétit, nourrir sa meute et user de ses talents pour générer un revenu. Pendant un temps, l’Eversha avait cuisiné pour le compte d’un cirque de passage, ce qui lui valut un profit respectable. Cela dit, après le départ du cirque, Dhavala cessa de cuisiner pour les Magiciens, se concentrant plutôt sur la vente des produits dérivés de la chasse.

D’une part, l’Eversha ne trouva pas de nouveau partenaire pour le soutenir dans son art culinaire. Peu importait ses efforts en la matière, il n’était pas un maître cuisinier. Sans un commerçant établi pour le soutenir, il n’y avait guère de profit à se faire. D’une autre part, les surplus de viande se faisaient de plus en plus rares, alors que l’appétit de la meute ne cessait de croître. La chasse pouvait connaître des ratés, même dans un territoire abondant. Il était donc nécessaire de garder des réserves en prévision de ces jours infructueux.

***

Escorté dehors, Dhavala rejoignit Échidna, son amante, chez le tailleur. L’appétit de tigre de son mâle avait visiblement déteint sur la chatte, dont les formes avaient elles aussi pris de l’ampleur. De nature gourmande, Échidna avait graduellement pris du poids depuis qu’elle rejoignit la compagnie de Dhavala, il y a de ça plus d’un an. Les derniers mois passés aux Terres du Lac Bleu, en particulier, décuplèrent l’appétit de la Wynmeris. Résultat : les kilos s’accumulaient de plus en plus rapidement sur le corps autrefois chétif de la femme.

Il s’avéra que ce jour-là, les deux Béluas avaient besoin de nouveaux vêtements. Échidna avait pris les devants sur son compagnon pendant qu’il rencontrait les Magiciens. À l’arrivée de son mâle, Échidna cherchait tant bien que mal à sourire, afin de dissimuler la panique qui s’installait progressivement dans son esprit. La taille de son ventre ne lui permettait plus de dissimuler sa corpulence par sa tenue. Il avait fallu de l’insistance, mais le tailleur réussit à convaincre la changeuse de forme d’assumer son poids et de revêtir une tenue conséquente. Il y avait un point où il n’était plus possible de se dissimuler derrière ses vêtements. Échidna avait franchi ce point et elle devait maintenant l’assumer.

Issue de l’Antre des Marais, Échidna n’avait jamais auparavant vécu dans l’excès. Même lorsqu’elle se hissa à la tête d’une meute de monstres, la nécessité de rationner les ressources ne permettait guère de gourmandise. Elle utilisait plutôt les surplus de nourriture pour engraisser des prisonniers evergrims, afin que la meute puisse les dévorer. C’est ainsi que la Wynmeris maintenait son contrôle sur sa meute de Hesshas. Elle dirigeait leur haine contre leurs prisonniers. C’est pourquoi Échidna a toujours eu un profil plutôt mince, maigre par moment. Ce n’est que depuis que la Wynmeris s’est jointe à Dhavala qu’elle eut l’occasion de manger à sa faim de façon consistante. Cela dit, la vitesse à laquelle Échidna engraissait lui paraissait anomale, ce qui n’était pas sans rappeler une mésaventure dans le monde des rêves.

Au cours de la Coupe des Nations génies, Échidna se retrouva invité dans le rêve de son amant. Si la nourriture occupait le gros des pensées du tigre de jour, il rêvait de se goinfrer sans limites la nuit. Dans ce rêve farfelu, le couple engraissa jusqu’à dévorer le rêve lui-même, avant d’être libéré de l’emprise des génies et de retrouver leur liberté. Des mois plus tard, ce rêve semblait se réaliser. Or, ce n’était plus dans le monde des rêves, mais dans la réalité. Et dans la réalité, Échidna n’était pas une reine avec des serviteurs pour répondre au moindre de ses caprices.

C’était dans ces moments que Dhavala pouvait le plus agacé Échidna. Son mâle trouvait moyen de tirer profit de la plupart des situations. Il ne voyait donc aucun problème au gain de poids qui semblait affliger la meute de changeurs de forme. Au contraire, c’était pour lui un avantage advenant un refus des Magiciens de laisser les Béluas prendre un portail vers le Rocher au Clair de Lune. Cette corpulence accrue allait faciliter l’ascension de l’Edelweiss enneigée en permettant de mieux gérer le froid et de tenir plus longtemps sans nourriture.

***

Vêtus de leurs nouvelles tenues, Échidna et Dhavala entreprirent la longue marche entre Vervallée et leur camp en forêt en compagnie de Renart, l’apprenti de Dhavala. Le trajet fut d’abord abordé en silence, le temps de se distancer avec la ville magicienne, mais dès l’orée de la forêt, la chatte ne se gêna plus pour se plaindre ouvertement.

« Mais qu’est-ce qui nous arrive, s’exclama Échidna ! Depuis que nous sommes aux Terres du Lac Bleu, tu as pris au moins cinq kilos et moi… je ne veux même pas savoir !
Une douzaine.
Rah, c’est que tu le fais exprès ! Ça ne peut quand même pas être Phœbe qui nous a maudits… Pourquoi elle te maudirait, toi ? Et si elle prenait sa revanche après toutes ces années ?!? Elle m’en veut, c’est certain… J’ai fait tuer des dizaines de ses enfants pour les dévorer !
Échidna, je suis un Eversha. Au Rocher au Clair de Lune, on s’entretue constamment. Phœbe ne se détourne pas de nous pour autant.
Oui, mais moi, je l’ai fait en la maudissant !
Arrête de l’insulter. Commence à la prier sincèrement. Tu retrouveras les faveurs de la déesse. Ce n’est pas Phœbe qui te fait grossir. Tu manges plus que ce que ton corps a besoin.
Je marche dix kilomètres par jour, j’entraîne Renart au combat et je t’aide au camp. C’est normal que j’aie faim ! Et toi, tu t’es vu ? Même ta forme de tigre à un gros cul !
C’est normal. Mon Totem est mon reflet et j’ai grossi.
Arg !!! Ce. N’est. Pas. Normal ! »

La sang-mêlé voulut frapper son mâle, mais elle savait pertinemment qu’avec sa force et sa forme physique actuelle, elle allait se faire plus mal à elle qu’à lui. Cela dit, l’émotion l’importa sur sa raison et elle le frappa quand même. Échidna avait conscience que son amant n’allait pas cesser de réfléchir à la question, mais elle avait besoin de se défouler de temps à autre. Renart parlait si peu que s’il avait été muet ça n’aurait fait aucune différence. Pour sa part Dhavala avait peu d’empathie, alors il faisait un piètre consolateur.

Le sujet abordé, toutefois, permit au couple de continuer la discussion de leur situation. Dhavala donnait raison à son amante sur un point. La meute avait acquis un appétit décuplé depuis leur arrivée aux Terres du Lac Bleu. Se faisant, ils avaient tous pris un peu de poids. Il était donc possible que les changeurs de forme soient sujets à une force magique. Échidna qui grossissait, en revanche, ça c’était tout à fait normal. Elle devenait de plus en plus gourmande au fur et à mesure que les talents culinaires de son mâle s’amélioraient.

***

Au repas du soir, le couple engloutit avidement plusieurs kilos du festin préparé par Dhavala. Ils avaient conscience qu’ils devaient modérer leurs portions dues à la progression de leur surpoids, mais rien n’y faisait. Ils devaient se nourrir. Ce n’était pas avec la faim au ventre que les changeurs de forme allaient pouvoir réfléchir efficacement. Après six mois de leur régime, quelques jours de plus ou de moins n’allait pas changer grand-chose. Même Renart, le plus discipliné des trois, se servait de copieuses deuxièmes portions.

Les changeurs de formes avaient d’ailleurs délaissé leurs habits citadins. Ils étaient nus à se remplir la panse, ce qui libérait les ventres de toute contrainte. Plusieurs Béluas avaient une préférence pour la nudité, eux qui passaient une bonne partie de leur temps sous forme animale. La meute de Dhavala comptait parmi cette catégorie. Ils s’habillaient uniquement en fonction de leurs besoins.

À moitié assoupi par son repas, Échidna s’était blotti contre son amant. Son ventre gonflé était bien en évidence, mais elle était bien trop satisfaite de son repas pour penser au-delà du moment présent. C’était d’ailleurs ce va-et-vient entre l’insécurité et la complaisance qui faisait perdre sa crédibilité à la Wynmeris. Forcément, la femme se comparait à ses pairs. En leur présence, elle se remettait en question, alors que dans l’intimité de la forêt, elle agissait à sa guise.

Dhavala, pour sa part, pouvait passer plusieurs heures sur ses repas du soir afin que son corps humain puisse assimiler suffisamment de nourriture pour satisfaire le tigre en lui. Avec le temps, la Wynmeris avait commencé à l’imiter. Ces temps-ci, Échidna pouvait engloutir plus de la moitié des portions de son amant, ce qui était considérable pour sa taille bien plus modeste. Certes, l’Eversha mangeait beaucoup, mais il mesurait dans les deux mètres et devait nourrir l’imposant tigre en lui. Échidna, elle, mesurait 1 mètre 68 et devait simplement nourrir une chatte sauvage.

« Deux kilos, déclara Dhavala.
Hein ?!? Répliqua Échidna, tirée de sa torpeur.
Tu as mangé deux kilos de viande ce soir.
Urp… Pas étonnant que je me sente aussi gonflé. Ugh… j’ai l’impression que ça va aller directement dans mes hanches. Ouf… à ce rythme, mon cul va être plus gros que le tien.
Je crois que tu as raison. Pas pour ton cul. Quelque chose ne va pas.
Ha-urp ! Je t’avais dit que je grossissais trop vite…
Non. Je pense que tu devrais être plus grosse.
Parce que douze kilos en six mois, ce n’est pas assez !?!
Je ne sais pas. On mange tous plus qu’avant. Mais toi, tu as passé de l’appétit de Renart au mien.
C’est vrai que je ne suis pas si grosse que ça pour manger autant…
Et chaque jour. On va rester dans la forêt ce mois-ci. Je veux comprendre ce qu’il se passe. »

Dhavala et Échidna restèrent silencieusement pendant plusieurs minutes. Leur regard était d’abord dirigé sur leur ventre respectif, puis vers Renart, qui s’était endormi non loin, lui aussi satisfait de son repas. Le silence fut éventuellement brisé par l’Eversha, qui recommença à manger pour finir les restes.

« Alors, demanda Échidna ?
Alors quoi répliqua Dhavala ?
Tu dis qu’on mange tous plus que d’habitude. Combien de kilos as-tu engloutis, toi ?
Trois.
C’est tout ? Par le cul de Phœbe… Ça veut dire que je mange presqu’autant que toi ! Mais… Ce n’est pas normal, tu as dit qu’on mange tous plus ! Pourquoi est-ce que tu manges normalement, toi ?!?
Tu manges presqu’autant que moi en forme humaine, oui. Mais je me nourris aussi dans la forme de mon Totem et il est vorace ces temps-ci. »

Échidna soupira de soulagement avant de se trouver une meilleure position contre son mâle. Sa faim assouvie, la femme n’attendait plus que son amant termine les restes du repas avant d’assouvir une autre forme de désir. C’était le début d’un nouveau cycle et avec les difficultés à enfanter, le couple ratait rarement une de ces nuits.

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Typhon Gargantua
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Typhon Gargantua
Lun 16 Nov 2020, 14:58



Une solution insaisissable


Les trois changeurs de forme profitèrent d’une journée particulièrement chaude aux Terres du Lac Bleu pour se baigner dans la source d’eau non loin de leur camp. C’était la journée précédant la pleine lune, alors les Béluas étaient plutôt oisifs, une tradition de l’enfance de Dhavala. Au sein du clan Himsaru, il était coutume de bien se reposer ce jour-là afin de profiter au maximum de la nuit éclairée par l’astre de Phoebe. C’était donc le jour idéal pour se baigner, faire la sieste et somnoler au soleil. Ainsi ils pourraient être aussi actifs que possible du crépuscule à l’aurore.

En ce qui concerne la petite meute, cette journée marquait également la fin du cycle d’Échidna et, une fois encore, de ses tentatives infructueuses pour tomber enceinte. Les difficultés d’enfanter étaient répandues d’un bout à l’autre du monde, mais ça n’empêcha pas la déception. Dhavala souhaitait assurer sa descendance et Échidna cherchait à s’assurer de la fidélité de son mâle. Tant qu’un enfant n’unira pas les deux changeurs de forme, ces derniers ne seront jamais rien de plus que dans amants selon la coutume eversha.

Profitant de leur proximité, Dhavala palpa le corps de sa femelle. Il cherchait à comprendre où pouvait bien aller toute la nourriture qu’elle ingérait. Cela faisait un peu plus d’une semaine que l’Eversha surveillait attentivement le comportement des membres de sa meute. Durant ce laps de temps, la Wynmeris avait ingéré une quinzaine de kilos de viande. C’était seulement une dizaine de kilos de moins que Dhavala. D’expérience, l’Eversha savait que c’était son Totem, un tigre de 360 kilos, qui avait besoin de cette nourriture. Échidna, que cela lui plût ou non, avait le Totem du chat sauvage, soit un animal d’environ cinq kilos. Si le Totem de Dhavala augmentait ses dépenses énergétiques, forcément, celui d’Échidna avait l’effet inverse.

La palpation se transforma progressivement en massage, ce qui fit ronronner la Wynmeris. Dhavala pouvait observer autant qu’il voulait, ses connaissances étaient trop limitées pour atteindre une conclusion logique. C’était Échidna qui se chargeait normalement de ce genre de raisonnement. Or, ladite Wynmeris pensait qu’elle grossissait trop vite, ce qui était contraire à l’avis de l’Eversha. Le fait était, le corps de la femme que massait Dhavala mesurait 1 mètre 68 et pesait 80 kilos, un poids plus ou moins stable depuis une semaine. Où s’en étaient allés ces 15 kilos de nourriture ? Peut-être dans les fesses de la Wynmeris, comme elle le prétendait. Pour l’heure, le massage ne révélait aucune croissance significative dans cette zone.
« Tu n’es pas si grosse que ça, déclara Dhavala.
Facile à dire pour toi, répliqua Échidna. Toi, tu es un homme.
Et alors ?
Et alors, tu n’as pas les cuisses qui frottent l’une contre l’autre quand tu marches.
Ah. Tu veux que je t’aide à maigrir ?
Je… oublie ça. Mais n’arrête pas de masser ! »

Dhavala commençait à mieux comprendre sa femelle. D’une part, sa gourmandise l’emportait sur son désir de bien paraître. Elle aimait trop manger pour considérer un régime. Certes l’Eversha tentait sans amante avec de copieuses portions, mais c’était la Wynmeris qui décidait ce qu’elle mangeait. Ses nombreuses années de privation démotivaient toute tentative de régime. D’une autre part, son appétit était conséquent avec la lionne qu’elle aurait voulu être. Il y avait une certaine jalousie qu’elle portait à l’égard de son mâle, ainsi qu’un désir de l’imiter. Tigre et lion étant cousins, Échidna avait l’impression qu’elle était plus lionne que chatte en imitant Dhavala. Ce n’était donc pas pour lui déplaire de manger presqu’autant que lui ou de gagner une corpulence similaire.

Somme toute, c’était ce conflit entre la réalité et les aspirations d’Échidna qui étaient la source des inquiétudes de la Wynmeris. Frêle et manipulatrice, elle avait tout avantage à retrouver un physique féminin plus attrayant afin de tirer profit de ses pouvoirs. D’un autre côté, la lionne qu’elle souhaitait incarner n’avait que faire du regard des autres. Cette personnalité ne convoitait que la puissance et pour être puissant dans le royaume animal, il fallait un poids conséquent. À ce sujet, Échidna était bien au fait des limitations de son Totem. Le Totem du renard roux de Renart faisait un bon deux kilos de plus que celui du chat sauvage et tous deux n’étaient rien de plus que des hors-d’œuvre pour le tigre de Dhavala.
« Et donc, demanda Échidna, tu as une idée de ce qui m’arr... de ce qui nous arrive ?
Non. On est sédentaire, mais on mange comme si on était encore nomade.  
—   Si ce n’est pas Phoebe, le rêve ?
Non. J’aurais grossi plus que toi. C’est autre chose. Peut-être plusieurs autres choses.
—   N’en parlons plus. Hum… continue… »

Le massage perdura pendant encore plusieurs longues minutes avant que le couple ne se sépare pour poursuivre leur baignade en solitaire. Outre la satisfaction de son amante, le massage avait permis à Dhavala de bien examiner le corps de sa partenaire dans sa forme humaine. L’Eversha avait le sentiment que quelque chose lui échappait, mais il n’arrivait toujours pas à déterminer ce que cela pouvait être.  

***

Les changeurs de forme passèrent le reste de la journée avec guère plus d’activités que leur baignade matinale. Ils se laissèrent sécher par le soleil, et somnolèrent, parfois à l’ombre, parfois au soleil. C’est peu avant que crépuscule que Dhavala sorti de la torpeur de sa sieste pour enfin se lever et s’étirer. C’est vers cette heure que l’Eversha avait l’habitude de commencer à se nourrir et son ventre se montrait bien insistant sur la soudaine divergence de sa routine. Il restait encore des réserves au camp, mais Dhavala se garda d’y toucher. Il voulait profiter de sa forme lunaire pour se repaître. Ainsi, il s’assurait qu’il ne serait pas tenté de se dégourdir les pattes dans la forêt.

L’Eversha ne voulait pas prendre le risque de s’approcher trop près d’un village magicien par mégarde. Sous la lueur de la pleine lune, le Totem de Dhavala devenait gigantesque. Puisque la coopération des Magiciens pour atteindre le Rocher au Clair de Lune nécessitait une bonne conduite, le changeur de forme voulait éviter les risques inutiles. Un tigre géant qui terrorise un village faisant partie de tels risques, Dhavala prenait les mesures nécessaires pour ne pas se priver de l’expérience lunaire.

Dhavala regretta de ne pas avoir eu plus tôt l’idée d’observer plus attentivement les Totems de sa meute. Le changeur de forme avait passé trop de temps à se soucier de la forme humaine de sa femelle pour considérer également son Totem. Les deux formes d’un Béluas étaient comme les faces d’une même pièce. Ce qui se passait d’un côté avait une incidence sur l’autre. S’il ne détectait rien à l’égard des formes humaines, il n’était pas impossible que ce soit plutôt les formes animales qui soient en cause.
« Échidna, Renart, annonça Dhavala, je viens d’avoir une idée. Et si c’était nos Totems qui changeaient ? Repaissons-nous comme prévu, mais soyez attentif. »

Dès que Dhavala eut prononcé son affirmation, Échidna et Renart se regardèrent l’un l’autre, pas tout à fait certains de comprendre ce que leur chef attendait d’eux. « Soyez attentif » était une consigne plutôt vague.

***

Les pouvoirs des Béluas étaient tous renforcés par la lueur de la lune, tout particulièrement celle de la pleine lune, où les Totems différaient de leur état normal. Cette forme particulière n’était active que lors des nuits de pleine lune où la lune était visible dans le ciel. Communément appelée la forme lunaire, cette forme représentait le Bélua au sommet de sa puissance.

Dhavala avait une forme lunaire qui affectait son Totem par un gigantisme prononcé. Sa forme de tigre triplait alors sa taille normale, déjà impressionnante et décuplait son poids. Ce gain de puissance a mainte fois sauvé la vie du changeur de forme dans sa jeunesse. Cela dit, un tel animal est contre nature et subit les contrecoups de sa taille démesurée. Il lui faut un espace conséquent et il peut aisément se blesser et blesser les autres par inadvertance. Malgré, les pouvoirs régénératifs et l’endurance de l’Eversha, il peut donc se retrouver submerger par la douleur et perdre conscience s’il ne fait pas attention.

Échidna, pour sa part, possédait une forme lunaire à l’image de sa nature de sang-mêlé. Son Totem de chat sauvage mutait pour prendre une forme quelque part entre la femme et l’animal, non sans rappeler certains Hesshas. Doublant sa taille normale, cette forme lunaire est plus grande que le chat ordinaire, mais guère plus que la taille d’une naine humaine.

Finalement, des trois, Renart est celui qui se démarque le moins. Sa forme lunaire est celle d’un renard argenté, légèrement plus grand qu’un renard ordinaire, et entouré d’une lueur aux couleurs de la lune. Il ne gagne ni en puissance physique, ni magique, mais il peut contrôler la lumière qu’émet sa fourrure de renard argenté. Il peut alors augmenter ou diminuer l’intensité de celle-ci, voire même de créer des orbes de lumières autour de lui.

***

Le moment venu, Dhavala adopta la forme de son Totem, imité par les deux membres de sa meute. La chatte et le renard prirent alors leurs distances avec leur chef, afin de lui donner l’espace nécessaire pour croître. Les Béluas avaient besoin que la lueur de la lune atteigne leur corps pour que la pleine lune prenne effet sur leur Totem. Ils ne pouvaient donc pas se disperser dans la forêt, ce qui signifiait que l’Eversha allait sous peu prendre une bonne partie de la place disponible dans la clairière où se trouvait le camp des Béluas.

Il ne fallut pas longtemps entre le dernier rayon solaire et le premier rayon lunaire pour que la transformation prenne part, chacun réagissant à sa manière. Sans perdre un instant de plus, Dhavala entraîna sa meute jusqu’à la source d’eau, se frayant un chemin entre les arbres. Puisqu’il avait faim dans sa forme humaine, alors il était affamé dans sa forme de tigre géant. Il en était de même pour ses compagnons, mais même la forme lunaire de ceux-ci était de tailles inférieures à leur forme humaine, alors l’effet était bien moindre.

La magie combinée des trois changeurs de forme eut tôt fait d’attirer à eux un grand nombre d’animaux. Les Béluas avaient un contrôle inné sur la faune et bien qu’ils aient une plus grande affinité avec les animaux de la famille de leur Totem, le reste du monde animal ne leur était pas insensible. L’expérience permis à Dhavala de choisir les proies les moins à risque de dépeupler la zone et les animaux non choisis repartirent d’où ils étaient venus, s’éparpillant dans la forêt. Bien qu’ils soient carnivores, Dhavala et sa meute avaient à cœur le maintien de la vie animale qui les entourait. Ça allait de soi, après tout. Le chasseur n’était rien sans proie, alors il avait tout intérêt à assurer la subsistance de celles-ci.

Cette pratique ne plaisait pas particulièrement à Dhavala, préférant une chasse en bonne et due forme, mais il ne pouvait pas non plus se permettre qu’un tigre géant de douze mètres de long sème la panique chez les Magiciens. Échidna et Renart étaient déjà un obstacle à l’obtention du passeport du groupe, alors s’il fallait que Dhavala se mette lui aussi à dos des Magiciens, s’en était fini de ses espoirs d’atteindre le Rocher au Clair de Lune par un des Pontons magiques du Lac Bleu. Le changeur de forme espérait le plus possible éviter la traversée de l’Edelweiss enneigée à pied. Même lui pouvait ne pas survivre à cet enfer blanc de roc et de glace, alors il n’était pas garanti que la meute arrive entière de l’autre côté, si même elle arrivait un jour.

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Mer 18 Nov 2020, 14:57



Des effets secondaires


La nuit de pleine lune était une nuit particulièrement importante pour les Evershas. Touchés par la grâce de Phœbe, la déesse de la nature et de la lune, les Béluas, changeurs de forme, adoptaient une forme unique, dite lunaire, et profitaient d’une connexion sans pareil avec leur créatrice. Cela dit, tous n’employaient pas la puissance éphémère de l’astre lunaire complet de la même manière. Certains se concentraient sur le gain de puissance pour accomplir des carnages à la gloire de Phœbe, alors que d’autres préféraient tirer profit d’un lien renforcé avec la déesse pour mieux interpréter ses signes.

Pour Dhavala, la pleine lune était une nuit particulièrement utile pour se nourrir. En tant qu’Eversha, Dhavala était à la fois humain et tigre. Chacune de ses formes avait une influence sur l’autre. C’est ainsi que Dhavala maintenait sa clarté d’esprit et son intelligence humaine en forme animale. En contrepartie, toutefois, il devait gérer l’instinct et l’appétit de l’animal en forme humaine. Puisqu’il était Evergrim, un sang pur, Dhavala et son Totem ne faisaient qu’un. Il vivait avec ses instincts de tigre de façon inné, contrairement au Wynmeris, le sang mêlé, qui, comme Échidna, se montrait contradictoire par moment.

C’était l’appétit animal qui représentait le plus grand défi pour les changeurs de forme aux Totems les plus puissants du règne animal. Il faut dire que le Bélua ne peut transformer que son propre corps. Ce faisant, il ne peut intégrer des corps étrangers à sa transformation. Cela va des vêtements à la saleté et la poussière, mais aussi de la nourriture contenue dans son estomac. Cette dernière est évacuée lors de la transformation si la forme adoptée ne peut la contenir. Même dans les cas où la nourriture est contenue, elle peut devenir incommodante.

La forme lunaire déviait des règles habituelles qui régissaient les transformations des changeurs de forme. Ainsi, tel un cadeau de Phœbe elle-même, le retour à la normale se faisait toujours au bénéfice du Bélua. Ainsi, lorsque Dhavala devenait un tigre géant lors des nuits de pleine lune, les blessures reçues s’amoindrissaient à l’aube lors du retour à sa forme normale. De même, la taille de la nourriture contenue dans son estomac était réduite. Ce faisant, Dhavala pouvait engloutir une énorme quantité de nourriture en une seule nuit, puis la digérer progressivement les jours suivants.

L’avantage de cette méthode était que Dhavala pouvait satisfaire son appétit de tigre pour les semaines à venir en l’espace d’une nuit et de quelques jours de repos. Le désavantage était qu’il ne pouvait pas toujours compter sur la pleine lune. Il n’y avait qu’une seule nuit de pleine lune par mois et il suffisait d’une mauvaise météo pour perdre cette unique opportunité. Les Evershas apprenaient donc assez jeune à ne pas se montrer dépendant de la pleine lune, mais à profiter de ses bienfaits au moment opportun.

***

D’une voracité insatiable, le tigre géant déchiquetait ses proies pour engloutir autant de viande que possible. Les deux autres membres de sa meute faisaient de leur mieux pour éviter les immenses crocs de leur chef, et eux aussi se remplir la panse. Lors de sa sélection initiale, l’Eversha s’était permis une certaine gourmandise. Avec l’alimentation stable et consistante que lui fournissait les proies des Terres du Lac Bleu, le tigre n’était qu’à un repas de satisfaire ses besoins énergétiques du mois. Manger plus impliquait que Dhavala allait non seulement conserver les kilos supplémentaires qu’il accumula récemment, mais également en prendre davantage.

La gourmandise d’Échidna ayant maintes fois été évoqué lors des jours précédents, Dhavala avait tout intérêt à garder une certaine discipline s’il ne voulait pas subir à son tour les railleries de son amante. Cela dit, l’Eversha se connaissait. Sa forme lunaire décuplait son appétit déjà étrangement accru. C’est pourquoi Dhavala misa sur une gourmandise contrôlée. Il se mangerait plus que nécessaire, mais éviterait ainsi de se nourrir à outrance. Il fallut donc un certain temps à Dhavala pour comprendre que quelque chose n’allait pas. Il avait préalablement choisi les animaux que lui et sa meute dévoreraient. Il y avait là des centaines de kilos de viande à consommer, donc suffisamment pour satisfaire chacun. De son point de vue, tant qu’il y aurait de la nourriture devant lui, l’Eversha pouvait se servir.

Ce que Dhavala n’avait pas prévu, c’est que la voracité de sa femelle soit tel qu’elle cessa de se contenter des restes de son chef. Elle fit donc appel à d’autres bêtes. Ce qu’Échidna n’avait pas prévu, c’est que son mâle ne fasse pas la distinction entre ses proies et celles de son amante, incitant cette dernière à appeler de nouvelles proies. Évidemment, ni Échidna ni Dhavala ne prenait le temps de réfléchir au-delà de la faim insatiable qui les affligeait. Et puis, entre les deux gloutons, il y avait Renart qui s’accaparait les meilleurs morceaux pendant que ses aînés se disputaient les carcasses. Cette scène était irréelle à de nombreux égards, mais personne ne remarquait l’anormalité de la chose, trop accaparé par la faim.

C’est au moment où le tigre géant et la femme-chat se confrontèrent du regard qu’ils prirent connaissance du changement qui s’était effectué à leur insu. La forme lunaire de Dhavala dépassait les dix mètres de long. La forme lunaire d’Échidna atteignait à peine le mètre. Un tel écart ne permettait aucune confrontation. D’ordinaire, c’était à peine si le tigre géant pouvait remarquer la présence de ses compagnons. Or, il y avait maintenant une chatte, avec des traits vaguement humains, d’une tonne et demie qui faisait face à un immense tigre de quatre tonnes. À cela s’ajoutait un renard aux dimensions d’un élan qui engloutissait un lapin complet dans sa gueule, visiblement inconscient de son état ou de celui de ses aînés.

Les deux super prédateurs ne restèrent guère longtemps immobilisés par la surprise que déjà leur appétit revenait à la charge. En tout, c’est une douzaine de cerfs, trois élans et une multitude de petits animaux qui furent dévorés par les trois géants. C’est une eau teintée de sang qui s’écoula en aval de la source une bonne partie de la nuit, alors que le paysage entourant la source d’eau était aplati, écrasé et creusé par les déplacements des colosses.

***

Dhavala, Échidna et Renart somnolaient repus et fatigué. Finalement, le groupe se montra beaucoup plus gourmand qu’ils l’auraient dû, mais ils évitèrent, de justesse, une débauche totale. Aussi grand étaient-ils devenus dans leur forme lunaire, c’était toujours l’Eversha qui était le plus grand et le plus lourd. Quand sa raison reprit le dessus, il imposa dès lors la discipline à sa meute.

C’est peu avant l’aube que la petite meute retrouva leur vivacité d’esprit. C’était le moment où chacun devait retrouver une apparence normale pour leur Totem. Dhavala avait l’habitude de passé de sa forme géante à sa forme normale. Il avait maintes fois fait l’expérience de la sensation ressentie alors que le contenu de son ventre était adapté à une forme de taille moindre. C’était une expérience assez particulière, où l’abdomen se dilatait autant qu’il le pouvait, pour ensuite exercer une forte pression sur la nourriture excédant l’espace disponible.

Les premières expériences de Dhavala en la matière étaient plutôt douloureuses, voire désastreuses. Ne maîtrisant alors pas son Totem, il se nourrissait à l’excès en tigre géant et se retrouvait sous forme humaine, une forme beaucoup plus sensible, au lever du jour. L’Eversha se souvenait alors avoir plusieurs fois cru que son ventre éclaterait sous la pression, puis de passé plusieurs jours malades avant de se rétablir. Cela dit, une fois qu’il eut maîtrisé son Totem suffisamment pour contrôler son appétit, Dhavala put s’accoutumer au phénomène. Selon son état, il lui arrivait même de trouver l’expérience plaisante.

Échidna et Renart appréhendaient ce moment, ne sachant pas comment leur corps réagirait à leur repas nocturne. Ils se contentaient d’imiter leur chef dans l’espoir que tout se passerait bien. C’est d’ailleurs la première fois de sa vie qu’Échidna offrit à Phœbe une prière honnête et légitime, l’implorant de la pardonner de ces fautes passées. Il faut dire que si ni Échidna ni Renart n’avait, présentement, la panse au bord de la rupture, le fait était qu’ils avaient ingéré un copieux repas dans une forme maintes fois la taille de leur Totem ou de leur forme humaine.

***

La crainte des changeurs de forme eu tôt fait de se dissiper, dès lors remplacé par la surprise. Ni Échidna ni Renart ne retrouvèrent leur forme normale. Enfin, oui, les effets de la pleine lune cessèrent. Ils étaient redevenus chatte et renard, à une exception près, leur taille. Échidna avait sensiblement la taille de son mâle et Renart n’était guère plus petit. Seul le poids des animaux différait réellement. Dhavala dominait sa femelle de plus de cent kilos, alors qu’Échidna faisait de même sur Renart. Puisqu’ils avaient survécu à leur appétit, les questions étaient nombreuses et le regard des compagnons de l’Eversha était sans équivoque. Ils devaient discuter.

Dhavala soupira. Il aurait préféré dormir, au moins quelques heures, afin que sa digestion soit plus avancée au moment de reprendre forme humaine, mais il était clair que sa meute ne trouverait pas le repos avant un long moment. Le chef en premier, les changeurs de forme adoptèrent, non sans mal, leur forme humaine, où une autre surprise les attendait. La taille d’Échina rivalisait maintenant avec Dhavala. Pour ajouter à la confusion, les deux mâles semblaient avoir gardé la même taille. Chacun mourrait d’envies d’amorcer la discussion qui s’imposait, mais avoir repris forme humaine aussi tôt n’était pas sans conséquence. Maux de ventre et vomissements occupèrent les Béluas pendant un temps. Dhavala s’en sortait mieux que ses compagnons, mais même lui devait se tenir tranquille.

« Urg… souffla Échidna, j’ai l’estomac vide, mais j’ai quand même l’impression que mon ventre va éclater.
Oui. Le corps humain n’est pas fait pour digérer le repas d’une lionne. Tu vas avoir mal jusqu’à ce que ça sorte par l’autre trou.
—   Ouch… même respirer fait mal. Comment ça se fait que tu ailles aussi bien, toi ?
Avec le temps, on s’habitue, un peu. Retransformez-vous et reposez-vous. Vous digérerez plus vite dans la forme de votre Totem. »

Renart fut le premier à suivre la directive de son chef. Son soulagement convainquit Échidna de l’imiter. Malgré la multitude de questions qui remplissaient sa tête, son ventre était si sensible que respirer devenait pénible. La chatte géante eut beaucoup moins de peine à contenir toute la viande engloutie durant la nuit, mais même cette forme était sous pression. Un tigre eut tôt fait de venir se blottir contre sa femelle, à la grande surprise de la concerner. Échidna était devenue si grande et imposante, que son mâle pouvait maintenant prendre place contre elle, sans l’écraser ou l’écarter par mégarde, enfin, presque. Le couple avait beau être devenu de la même taille, le tigre dominait toujours la chatte en poids.

Pour une des rares fois de sa vie, Échidna se sentait comblé. C’était comme si tous ses désirs d’enfances avaient été exaucés. Elle était grande et puissante, comme la lionne. Elle avait un mâle qui lui était fidèle. Elle était même repue, à l’excès, avec la garantie de pouvoir se repaître dès qu’elle ressentirait à nouveau la faim. Sur ce dernier point, Échidna donnait raison à Dhavala. C’était vrai qu’elle était gourmande. Elle venait d’engloutir le plus gros repas de sa vie et voilà qu’elle pensait déjà au suivant. Même son amant, aussi vorace était-il… En fait, non. Échidna avait vu ce qui se passait dans la tête de son mâle lors de la Coupe des Nations génie. Si elle était la plus gourmande des deux, et c’était un grand si, alors Dhavala était seulement un poil plus modéré.

***

Il fallut deux jours à la meute de changeurs de forme pour se remettre des évènements de la nuit de pleine lune. Les changements qui s’opérèrent sur les Béluas, toutefois, allaient nécessiter une bien plus longue adaptation. C’était sans parler des nombreuses tâches qui venaient de s’ajouter au trio pour adapter le camp à leurs nouvelles dimensions et se préparer pour la prochaine rencontre de Dhavala avec les Magiciens.

Si, au premier regard, il semblait que seul Échidna avait grandi dans sa forme humaine, il fut rapidement révélé que c’est toute la meute qui fut affectée par le phénomène. Somme toute, c’est Échidna qui grandit le plus, gagnant près d’un demi-mètre, mais Dhavala comme Renart prirent également une vingtaine de centimètres chacun. C’est pourquoi il fallut un temps aux deux mâles pour réaliser leur condition. Si cette croissance était plus modeste, elle était suffisante pour rendre complètement désuets les vêtements de ces derniers.

La première priorité fut accordée au nettoyage de la source d’eau. La presque débauche du repas nocturne avait laissé un grand nombre de carcasses près de l’eau. N’y restant rien de valeur, il fallait s’en débarrasser pour maintenir la pureté de l’eau et éviter d’attirer la vermine. Ensuite, il fallut s’occuper de l’accumulation des déjections de la meute, enterrer ce qui pouvait l’être, éloigner le reste et creuser de nouvelles fosses. Cette dernière corvée aurait dû avoir lieu avant la pleine lune, mais les inquiétudes d’Échidna avaient détourné l’attention et retardé son exécution. Finalement, il fallait ajuster ou refaire plusieurs éléments de confort dans le camp, notamment pour les lits et les abris.

Une bonne partie des travaux furent accomplis lors de cette première journée. Chacun devait encore s’habituer à leur nouveau corps, mais ils demeuraient suffisamment habiles pour ces tâches ingrates ne demandant pas de minutie. C’était d’ailleurs ce point qui avait le plus souffert de la soudaine croissance. Selon l’expérience de Dhavala, pour qui ce n’était pas la première soudaine poussée de croissance, le trio n’allait pas tarder à retrouver leurs pleines facultés.  


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3ème message et fin du RP
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[Q] - Surdose

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