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 [Événement] - Réverbération

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2292
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Mer 27 Mai 2020, 21:46



Réverbération


Comment est-ce possible d'être aussi prompte à l'imposture ? C'est de ton fait, de désirer être entendue partout où tes pas te mèneront. Te voilà, pourtant, à subir des événements qui te dépassent. Tu ne me convaincras guère plus à cette allure. En revanche, tu as la chance d'avoir des alliés de poids. Grâce à eux, tu parviendras à compléter ton œuvre. Ils sont prêts à suivre les vibrations.

Allez-y, mes enfants. Un bruit singulier s'éleva. Des plumes bleutées dépassèrent des feuillages. Ce phénomène atypique attira toute ton attention, alors tu te débarrassas de ta prudence pour laisser place à une curiosité morbide. Lorsque la grosse tête pelucheuse de l'animal sortit des fourrées, tu ne pus lutter à l'idée de chanter. Tu te découvres. Tu entends pour la première fois ta Voix.

~~~

Le Khitarr cessa, coupé aussi brutalement que l'éclatement d'une bulle. Essoufflée, la jeune femme fut en proie à un vertige incroyable : aussi libérateur que lourd à encaisser. D'une poigne délicate mais ferme, la Guide Koe rattrapa l'initiée et l'aida à prendre appui, à juste laisser les applaudissements et encouragements la revigorer. La chanteuse reprit graduellement son souffle, alors que le ciel semblait se chargé d'étoiles. La lueur astrale se reflétait dans leurs yeux ; c'était magnifique. " Votre Voix est remarquable. L'étrangère l'entendait bien, malgré le brouhaha festif. La voyageuse ne connaissait que peu Ciel-Ouvert, si ce n'était au fil des rumeurs, des racontars. À la base, elle n'avait prévu que passer la nuit, afin de découvrir succinctement l'atmosphère chantonnant de la cité. Néanmoins, depuis sa rencontre avec le Kangela, depuis sa tentative de chant… elle se sentait comme chez elle. Nous chérissons les Chants comme nul autre, nous nous efforçons de sauvegarder ce savoir par l'exercice de la Voix. Elle est notre essence, notre Tout. Maintenant, arrivez-vous à comprendre pourquoi elle est si importante pour nous ? Oui, c'était diablement le cas. D'un hochement de tête enthousiaste, elle se redressa et rendit le sourire radieux de l'Orine. Koe Zìyóu s'acharnait à convaincre les plus réticents de se laisser aller à la pratique, ceux qui assuraient n'avoir rien à voir avec cette histoire de Chants. Systématiquement, c'était un succès monstrueux, tant la prestance de la cantatrice subjuguait tout un chacun. On proposa à l'initiée du lait de Yack en guise de réconfort, ce qu'elle acceptât avec joie ! Douce, la Guide apposa sa main sur l'épaule de la voyageuse. À nos yeux, vous êtes à présent une Malsag. Vous serez toujours la bienvenue à Ciel-Ouvert et nous espérons vous réentendre en ces temps sombres. La jeune femme avait du mal à comprendre ces mots : elle savait bien qu'un malheureux exode avait frappé la cité, toutes ces histoires sur Linos… Malgré tout, Ciel-Ouvert semblait baigner dans un climat chaleureux, avec ces Chants puissants, ces artistes à chaque coin de rue, ces tours de passe-passe et de magie, le rire des enfants et l'euphorie des amours naissants. Si la Marche souffrait, elle le masquait à merveilles. Koe retira sa main, les joignant face à elle, une aura chaude épousait sa silhouette. Profitez de cette soirée pour réfléchir à ce que vous ferez de votre Voix. Laissez-vous porter par celle-ci : vous trouverez forcément la réponse qui vous corresponde. " Son interlocutrice chercha du regard une réponse dans son environnement. Le Coryphée était chargé, presque à craquer, avec tous les étrangers, appâtés par les buffets et les spectacles… et par les Kangelas. Le sien, d'ailleurs, réapparut sur sa tête et lui redonna encore l'envie de chanter. Là où ses prunelles s'égarèrent, elle sut que toutes ces personnes furent, tout comme elle, guidées par ces créatures mystiques, les catalyseurs de leurs Échos étouffés. Chacun y trouva sa place, que ce soit pour se laisser aller à l'effervescence de ce soir ou éveiller cette part enfouie en eux. Les Kangelas ne se trompaient pas. Finalement, elle fut coupée dans son élan par quelques âmes ternes. Deux guerriers en uniforme bleu minéral, couverts de protections ternes, s'approchèrent d'elle, eux aussi accompagnés par ces koalas ailés. " Ton Khitarr ne nous a pas laissé indifférents. Il lorgna l'épée à sa taille, leurs instincts de soldat leur firent vite comprendre qu'elle savait, elle aussi, se défendre. La Marche serait prête à t'accueillir parmi nos rangs. "

" Cette fête était une bonne idée. Soutint Latone, depuis un balcon de la Vigilante. D'ici, ils étaient capables d'admirer les festivités prendre leur envol, ainsi que d'écouter les Chants les plus vigoureux. Beau travail, Kerby. Le concerné s'adonna à une révérence dont lui seul avait le secret, des courbettes perfectionnés sur les terres Magiciennes.
- Ravi d'apporter ma contribution. Il faut bien fêter votre troisième rencontre avec le Bleu Roi, qui se solde par votre survie… Enfin, devrais-je dire, votre audace de lui jeter à la face son propre atout. Il se tourna franchement vers le Coryphée, animé comme jamais. La plupart des Guides peinent à croire votre histoire, mais fort est de constater que la Voix… existe. Ainsi, afin de profiter de tout son potentiel, je vous offre ceci. Son bras balaya l'horizon : tout bonnement, une chance pour la Marche Terne de garnir ses effectifs, d'allonger la liste des voix pour leur tendre cité.
- Ton retour est une aubaine.
- Je commençais à me dire que je vous manquais beaucoup trop au château ; entre Narn, Katraht, et vous-même, Ykürr devait être excédé par vos plans meurtriers. La bleue croisa les bras, les pitreries de son collègue ne semblait l'amuser qu'à moitié. Pour autant, l'artiste itinérant captait une certaine sérénité chez elle, une radiance qu'on ne pouvait guère admirer tous les jours, tant la Guide était sur les nerfs.
- À propos d'Ykürr, où est-il ? Kerby se refusa de lui répondre les yeux dans les yeux, puis la succession des Khitarr l'attiraient davantage.
- Il est parti en expédition la veille, afin de confirmer ou infirmer les rumeurs sur l'empoisonnement des eaux. Il était vrai qu'elle en avait entendu parler récemment. La Marche Terne prêtait toujours leurs bras à leurs voisins lorsque l'occasion se présentait ; après tout, les Orishas avaient fini par les accepter, et surtout par les encenser. J'ai ouï dire que les Magiciens et l'Ordre d'Hébé seront sur place pour éclaircir ce mystère, nous pourrions user de cette occasion pour tisser des liens cordiaux avec ces peuples. Si nous optons pour cette idée d'Empire, nous aurons besoin d'alliés solides. Voyons, voyons, je divague ! Ykürr devrait revenir d'ici quelques jours pour son rapport. D'ailleurs, il était rare que le Lyrienn daignât sortir des frontières. Kerby priait pour la concrétisation de ses desseins. Ses doigts massant le bout de sa moustache, le Guide se laissa aller à quelques familiarités. Comment se porte la jeune Númendil ? Depuis son retour à Ciel-Ouvert, il n'avait pas encore vu l'Orisha quitter sa chambre, encore moins son lit. Son altercation avec le Bleu Roi a dû l'affliger au plus profond de son âme… Pour l'avoir vu de ses propres yeux, le Magicien la comprenait.
- Elle sera bientôt sur pieds. C'est une battante. Ses yeux se plissèrent.
- Comme sa mère. Il tenta de l'épier de profil : elle souriait, voilà toute l'étendue de sa réponse. Glaciale comme le blizzard du Voile Blanc.
- Je te laisse en charge de cette soirée, les gens t'écouteront s'il y a le moindre problème. Nous faisons confiance aux Kangelas, mais restons sur nos gardes : nous ne devons pas accueillir n'importe qui entre nos murs. " Elle se détourna pour retourner à l'intérieur. Kerby la fixa s'éloigner, autant dire qu'elle faisait bonne impression depuis qu'elle assumait cette crinière bleutée, cette hargne dans le regard. Latone était une nouvelle femme, une Marcheuse différente.

Dans l'ombre, la Mord'th de la Marche épiait ses moindres faits et gestes.


1360 mots ~


Explications


Holà ♫

Avant tout, j'ai réarrangé ce post (ICI), il récapitule tout ce dont vous avez besoin de savoir. La fiche de l'Empire en priorité, bien évidemment, puis tout le reste pour vous aider à vous situer.

Voici donc l'événement de recrutement dans l'Empire de la Marche Terne. Une soirée festive est tenue au Coryphée, afin d'accueillir les nouveaux venus. Si vous n'êtes pas présent à Ciel-Ouvert à ce moment-là, un Kangela apparaît et vous y guide/téléporte, selon la distance. Durant cette soirée, vous êtes accompagné du fameux Kangela qui vous suivra partout et vous serez invité à chanter. Si vous comptez faire parti de l'Empire, votre personnage pourra s'essayer au Khitarr, le chant illusoire ne sera pas forcément maîtrisé - surtout si votre Magie est basse - mais si vous parvenez à le faire entendre aux autres, vous serez accepté comme le bienvenu à Ciel-Ouvert. Votre personnage peut noter que la présence du Kangela à ses côtés l'aide à provoquer le Khitarr. Si vous ne comptez pas entrer dans l'Empire, vous pouvez faire chanter votre personnage normalement ou le faire participer à d'autres activités (assister aux Khitarr d'autrui, buffet, spectacles, autres arts, commérages entre invités, visite de la cité...). Pour les Marcheurs, l'aide des Kangelas est une aubaine : cela leur permet de repérer ceux qui sont capables d'user la Voix et donc de recruter en masse. Vous pouvez vous faire aborder par des Oklilleiros, voire des Zeckeas, qui vous parleront de la Marche ; en tant que potentiels Malsags, vous ne faites pas officiellement partis d'une caravane, mais au moins ils vous aideront à comprendre ce qu'il vous attend si vous souhaitez agir pour la cause. A la fin de la soirée, vous pouvez repartir chez vous - le Kangela vous téléportera à nouveau si besoin - ou rester pour concrétiser votre installation à Ciel-Ouvert.

Pour faire le lien avec le précédent évent (ICI), vous avez plusieurs choix : soit vous étiez encore à Ciel-Ouvert et donc c'est très bien, soit le Kangela (ré-)apparait à vous et vous amène à la fête de Ciel-Ouvert.

Pour rappel, les Kangelas ressemblent à ceci : CLIQUE. Une sorte de koala, avec des petites ailes à la place des oreilles, de longues pattes arrières, un pelage doux... C'est un animal donc il ne sait pas communiquer comme vous, mais il est intelligent, comprendra ce que vous dites, et capable de vous guider là où il le souhaite. Il alterne souvent marche et vol pour se déplacer. Il est très sensible au chant et aura tendance à apprécier ceux qui maîtrisent cet art. Si vous tentez de l'attaquer, il partira en fumée, impossible d'en faire un barbecue du coup.

Puisque c'est un évent à vocation artistique, si vous avez des défis musicaux à réaliser - au hasard, ceux des Top-Sites /o - vous pouvez en profiter durant ce RP ♪

L'évent se terminera le 28 Juillet.

Enjoy ♪


Gains


Pour 900 mots : L'entrée dans l'Empire de la Marche Terne (n'oubliez pas de déclarer les gains de l'échelon 1) OU 1 point de spécialité
Pour 450 mots de plus, soit 1350 mots minimum : 1 point de spécialité




By Jil ♪
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Mar 14 Juil 2020, 17:35

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Enveloppée par le silence, la jeune femme se mordait la lèvre inférieure. Des lignes s’étalaient sous ses doigts. Ponctuées de nombreuses ratures, les pages s’entassaient sur le bureau, et elle les observait d’un air contrit. Même les enfants parvenaient à former des lettres, et malgré l’humiliation qui lui rongeait la poitrine, elle s’attelait à devenir aussi douée qu’eux. D’une simplicité élégante, l’écriture de son peuple lui posait cependant des problèmes. Il fallait reconnaître que, sous son crâne étroit, la place manquait, et ses travaux de couture monopolisaient son attention. En dépit de ses efforts, elle ne mesurait pas le moindre progrès, et l’aiguille lui mordait les doigts à chaque fois. Quoi qu’elle en dise, l’apprentissage se révélait pour elle une torture, et elle aurait volontiers délaissé son ouvrage pour se consacrer à des tâches plus plaisantes. À la pensée de sortir flâner dans les magasins, le plaisir s’invita sur ses traits. Déambuler entre les étals, sans savoir quelles merveilles acheter, saurait lui donner le courage nécessaire pour continuer. Malheureusement, le vide dans sa bourse la découragea ; elle ne pouvait courir le risque que l’Envie s’empare d’elle, et que, ruinée, elle ne puisse la combler. Alors qu’elle reposait la plume dans l’encrier, une curieuse créature fit son apparition. Son pelage coloré s’agita doucement, dévoilant une face rondelette aux iris obscurs, qu’elle ne tarda pas à darder sur la Déchue. Surprise, cette dernière tomba à la renverse. Dans l’attente du choc, elle ferma les yeux. Pourquoi diable était-elle aussi maladroite ?

Lorsque la lumière effleura ses pupilles à nouveau, le paysage avait changé. Déstabilisée, elle s’appuya contre un mur. Habituée aux affres de la téléportation, elle prit un instant pour reprendre son souffle. L’étonnante bestiole se frayait déjà un chemin à travers la foule. « Attends ! » Désireuse de ne pas perdre sa trace, elle se mit à courir pour la rattraper. Étrangement, l’animal s’arrêta devant un édifice inconnu. La blonde réalisa soudain la fraîcheur de l’air autour d’elle. Une statue d’une splendeur inquiétante dominait l’horizon. La gorge nouée, Calanthe héla une passante aux habits colorés. « Excusez-moi, Madame… Où sommes-nous ? » L’autre éclata de rire face à son incrédulité. Ses traits parcheminés s’animèrent de joie. Ces dernières heures, les Kangelas se montraient farceurs, et ramenaient dans la cité de parfaits étrangers. Quelques-uns, touchés par Senere, rejoindraient leur peuple. Cela donnait un ton exceptionnel à la soirée. « À Ciel-Ouvert, pardi ! » Battant des cils, Calanthe ne pipa mot ; il lui semblait avoir rangé le ruban offert par Severus, et elle était certaine de ne pas y avoir touché. Elle n’avait jamais entendu parler de Ciel-Ouvert. Que s’était-il donc passé ? La vieille femme désigna la créature à ses côtés. « C’est lui qui vous a amenée, n’est-ce pas ? Profitez de la soirée, et donnez de la voix, si le coeur vous en dit. » Bienveillante, l’octogénaire esquissa un sourire, avant de disparaître dans la foule. Perplexe, la nouvelle venue tendit l’oreille. « Donner de la voix ? » Des chants résonnaient dans la neige.

L’ambiance chaleureuse qui étreignait la ville gagna la confiance de Calanthe. Sur des estrades, des artistes s’adonnaient à leur activité de prédilection. Une symphonie se jouait en arrière-plan. Avait-elle pénétré sans le savoir dans le royaume de Kennocha ? Naïve, elle se délectait des œuvres qui tombaient sous son regard. Un individu traçait sur la peau des visiteurs des motifs sombres. Avec étonnement, elle découvrit qu’il se servait d’une aiguille trempée dans l’encre pour accomplir son dessin. Des plumes siégeaient dans sa chevelure brune, et il arborait lui-même des bandes blanches sur les joues. La tentation de lui présenter son avant-bras pour qu’il y grave un symbole la traversa. Ce fut un désir tout aussi ravageur qui la détourna de lui. Pourquoi ne possédait-elle pas son talent ? Envahie par la frustration, elle envisagea de détruire son atelier de fortune. La jalousie prête à s’abattre sur lui, une intervention extérieure le sauva. Un enfant tirait sur sa manche, lui désignant autre chose. De son œil de poète, un peintre distribuait des touches de couleur sur un fond vierge. Sous son pinceau expert, un visage naissait. Ramenée en un chignon rapide, une chevelure immaculée ceignait le portrait. Bien que le modèle soit absent, la vie palpitait sur la toile. Une cicatrice rougeoyait sur sa joue. Lorsqu’il eut achevé la silhouette, Calanthe s’approcha de lui. L’admiration faisait trembler ses cordes vocales. « Vous peignez divinement bien. Vous exposez vos œuvres quelque part ? » L’homme secoua la tête.

Quelques instants plus tard, la jeune femme bavardait gaiement avec un groupe de danseurs. La bestiole ayant disparu de son champ de vision, elle avait choisi de rester avec eux et de profiter de la soirée. Personne ne s’encombrait de demander son identité, et elle avait l’impression que le péché entre ses côtes s’était endormi. « Tu n’es clairement pas d’ici, mais on s’en fiche. Tant que tu ne nous causes pas d’ennuis, tu peux être qui tu veux. » Les saltimbanques avaient eu la générosité de lui offrir un verre, et leur bonne humeur se propageait en ondes euphoriques. Après avoir descendu plusieurs chopes descendues d’une traite, quelques-uns de leurs camarades prirent place sur l’estrade, et entonnèrent un chant de marin. Prise au piège de leur ton joyeux, sa cervelle ne percevait pas les horreurs qu’ils contaient, et elle souriait de toutes ses dents devant leur performance. Le miel adoucissait sa gorge, et, prise d’un élan audacieux, elle s’avança à son tour. « Je voudrais essayer. Je ne suis pas chanteuse, mais j’ai appris une balade, il y a quelque temps. » Une tension certaine parcourut ses épaules. Que venait-elle de dire ? Encouragée par des applaudissements tapageurs, elle toussa pour se donner une contenance. Il était inenvisageable de se défiler, à présent. « Je l’ai entendu dans le port d’Avalon. Je crois qu’elle s’appelle... » Un trou de mémoire soudain manqua lui faire quitter la scène en courant. Par chance, Joliel avait suffisamment entonné la mélodie pour qu’elle s’en souvienne à merveille. « Celwùn la flamboyante. » Prenant une longue inspiration, elle entama la chanson.

« C’est pas l’homme qui prend la mer
C’est l’elfe qui prend l’eau
Moi, la rousse, j’l’ai suivie,
Elle m’faisait trop envie.

Debout sur la plage, y’a une drôle de gazelle
Le soleil s’attarde sur cette jolie demoiselle
De ses rayons dorés, il colore sa chair
Elle tournoie sur le sable, vive comme un éclair

Dès que le collier s’brisera, elle disparaîtra
Dès que les vagues l’avaleront, nous, nous la noierons

C’est pas l’homme qui prend la mer
C’est l’elfe qui prend l’eau
Moi, la rousse, j’l’ai suivie,
Sans lui demander son avis.

Son corps sous les flots bleus change de peau
Elle se couvre d’écailles, et c’est pas bien beau
Le souffle coupé par de drôles de sursauts,
Des écailles cendrées elle a eues en cadeau

Dès que le collier s’brisera, elle disparaîtra
Dès que les vagues l’avaleront, nous, nous la noierons

C’est pas l’homme qui prend la mer
C’est l’elfe qui prend l’eau
Moi, la rousse, j’l’ai suivie,
Craignant pour sa survie.

Seule dans le noir, elle croise une chimère
Et emprunte son chemin, silhouette téméraire
Entre des algues visqueuses, la petite s’égare
Et un monstre affreux vient chercher la bagarre

Dès que le collier s’brisera, elle disparaîtra
Dès que les vagues l’avaleront, nous, nous la noierons

C’est pas l’homme qui prend la mer
C’est l’elfe qui prend l’eau
Moi, la rousse, j’l’ai suivie,
Elle se savait poursuivie.

Rougie par ses caresses, elle échappe au poison
Et s’agite pour retrouver le chemin de sa maison
D’un squelette assoupi, une bête se régale
Et la belle s’évanouit, loin de cette mygale

Dès que le collier s’brisera, elle disparaîtra
Dès que les vagues l’avaleront, nous, nous la noierons

C’est pas l’homme qui prend la mer
C’est l’elfe qui prend l’eau
Moi, la rousse, j’l’ai suivie,
De sa détresse, j’étais ravi.

Ondoyant dans le silence, en quête du large,
Elle crève la surface, dans une dernière charge,
De son joli minois, elle amadoue les sirènes
En ce jour, de l’océan, c’est bien elle la reine

Dès que le collier s’brisera, elle disparaîtra
Dès que les vagues l’avaleront, nous, nous la noierons

C’est pas l’homme qui prend la mer
C’est l’elfe qui prend l’eau
Moi, la rousse, j’l’ai suivie,
Et j’l’aimerais toute ma vie. »

Lorsque les dernières notes s’échappèrent de sa bouche, la jeune femme esquissa un sourire gêné. Sans avoir une voix déplaisante, elle ne possédait pas le talent de ceux qui l’avaient précédée, et si elle avait trouvé la force de chanter jusqu’à la fin, elle appréhendait la réaction du groupe. Après une seconde de silence _ à supposer que l’on pût parler de silence alors que des clameurs harmonieuses égayaient tout le Coryphée _, ses camarades applaudirent à cœur joie. Un instrument l’avait accompagné tout du long, et son propriétaire vint la saluer. « Belle performance. Allons reprendre des forces, maintenant. » Il lui administra une tape affectueuse dans le dos. Elle n’avait pas été choisie, mais d’autres rallieraient leur cause, et ils passaient un moment agréable. Que demander de plus ? Ayant aperçu un buffet un peu plus loin, il la guida jusqu’à la nourriture. Gratter les cordes lui donnait toujours faim. Occupé à déguster une tourte qui lui réchauffait le ventre, il ne vit pas la blonde s’éloigner. Le Kangela patientait non loin, comme s’il l’attendait. « Qu’est-ce que tu fais là, toi ? » Intriguée par sa présence, elle s’agenouilla à sa hauteur. La bestiole tendait son aile vers elle. Sans comprendre, Calanthe l’effleura du bout des doigts, et se retrouva dans sa chambre, seule, face au bureau. Abasourdie, elle passa une main sur son visage. Avait-elle rêvé, ou était-elle en train de perdre la tête ?

1 432 mots - j'ai enlevé le refrain
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Sam 25 Juil 2020, 21:38

[Événement] - Réverbération D340fb11
« Petit oiseau si tu n'as pas d'ailes... ♪. »


L’esprit occupé par mille et une idées visant à faire de lui le nouveau maitre du monde, ou tout du moins d’une portion d’un royaume, le renard couchait ses insanités sur une toile — à défaut de le faire dans un pieu. Les poils de la brosse glissèrent comme sur du beurre, menant les acrobaties artistiques de son auteur à former de jolis reliefs par des figures sûrement engendrées par les élucubrations de sa folie passagère. En transe, il peaufinait chaque détail en les mortifiant d’une touche personnelle très singulière, ressortissant de sa mentalité atypique. Pour achever son œuvre et la rendre parfaite à ses yeux, il apposa sa signature par l’empreinte de son sexe en le badigeonnant de différents tubes de couleurs. Essuyant ses mains sur le torchon prévu à cet effet, il recula de trois pas afin d’observer sa création dans son ensemble. Elle était belle, mais demandait encore à être améliorée pour en tirer quelque chose ; un peu comme lui. Toutefois, cette verge qu’il avait imprimée greffait un charme indéniable à la composition, et c’est la raison pour laquelle il souhaitait la garder dans sa demeure. Elle ferait office de décoration en témoignage de ce qui attendrait les visiteurs les plus audacieux. Il nomma celle-ci : l’Expansion Sexcessif. Ouais. Ça sonnait bien. Il l’accrocha sur le mur, à côté de deux trophées de chasse et au-dessus de sa fausse licorne. Ravi de son travail, Deccio fut soudain perturbé par l’intrusion d’une créature frauduleuse. « Bonjour. Tu viens chercher une dent ou une connerie dans le genre ? » Cette curieuse bestiole qui était le juste croisement entre une peluche et un koala rétorqua par de légers bruits en bondissant dans toutes les directions. Ses petites ailes auditives démontrèrent d’une agilité non négligeable qui rendait son appréhension assez fastidieuse. « T’as mal ? Tu veux que je te casse une patte ? » Une proposition qui ne sembla pas convenir au mammifère maladif ; ce dernier entrant en contact avec lui. Avec un sentiment désagréable de perdre le contrôle de tous ses sens, le renard combattit la nausée. Il avait déjà éprouvé les contrecoups d’un tel déplacement, et il avait toujours autant de difficultés à les gérer. Ces transports express lui octroyaient des effets secondaires alternant entre troubles de l’équilibre, pertes momentanées de la mémoire et vomissements excessifs. Mais bon, la vue des Anges lui exprimait les mêmes gênes à moindre mesure, donc avec un peu de chance, tout se passerait pour le mieux.

De retour sur terre ferme, l’espoir vain se manifesta aussitôt par la tournée générale des symptômes. Quel Enfer. Pourquoi Diable n’arrivait-il pas à supporter la téléportation ? Sans doute un mal de transport comme un autre avec lequel il devait se conformer. Une fois débarrassé de ces influences négatives, le Saraṇi prit le temps d’observer le trou dans lequel il était tombé. À vue d’œil, et surtout à vue d’oreille, cela ressemblait à la cité de Ciel-Ouvert. Une énorme statue haute de trois étages le toisait, tel un juge abattant son verdict sur la légitimité de sa présence. C’est bien la première fois qu’il se sentit oppressé par une vulgaire représentation faite de pierre. Toutefois, les nombreuses mélodies qui vibraient dans l’air eurent tôt fait de le détendre en réchauffant son petit cœur. Lequel ? Aucune idée, lui-même ignorait son emplacement exact. Biologiquement parlant, il savait qu'il en détenait un, ça s’arrêtait là. Quoiqu’il en soit, la créature le guida au travers de cette cité pour le moins onirique. Son regard se perdait intentionnellement sur les différents spectacles et maitres d’arts qui animèrent avec enthousiasme les exercices pour lesquels ils se livraient corps et âmes. Deccio reconnaissait le talent, et ils en possédaient à foison. Il était encore bien loin de pouvoir rivaliser avec eux en termes d’approche émotionnelle, mais il y travaillait. À contrecœur, il ne pouvait nier la force ravageuse de ce que la ville proposait au niveau de l’ambiance. Seul bémol : ils apportaient un message bienveillant, alors que lui s’acharnait à honorer la haine et la destruction. Se décidant à interrompre quelqu’un en posant sa main sur son épaule, le renard demanda poliment. « Où sommes-nous exactement. » Le Zeckea se tourna, avisant l’homme qui se tenait devant lui avant de consentir à fournir toute explication. « Vous êtes au Coryphée Monsieur. Et l’animal qui vous accompagne est un Kangelas. Il répondra à vos attentes, faites-lui confiance. Laissez-vous bercer par le charme onirique qui vous entoure, et si vous le souhaitez, vous pouvez aussi contribuer à embellir ce climat avec votre voix. » « J’en demandais pas tant. » Deccio ne s’était jamais essayé au chant, et il doutait pouvoir interpréter quelque chose qui marquerait les foules. Il pourrait toujours improviser et entonner ce qui lui passait par la tête, mais c’était à double tranchant. « Bon, le Kangalois. Et si tu m’amenais vivre une expérience unique ? Montre-moi un truc du tonnerre qui justifie qu’on fasse tout le chemin jusqu’ici. » Interpellé par les paroles de son hôte, le Kangelas fit frémir ses petites oreilles. Attachant manifestement de l’importance à cette remarque, la bestiole s’empressa de le tirer par la main pour le mener vers une vérité susceptible de le stimuler.

Elle parcourut une bonne partie de la ville, forçant le Démon à se concentrer pour ne pas trébucher au premier obstacle. Apaisée de nouveau, elle cessa sa chevauchée fantastique devant un sombre individu au teint pâle. Un vieillard qui plus est. Toutefois, il émanait une aura mystérieuse de ce dernier. À première vue, il ne payait pas de mine, et pourtant Deccio ne parvenait pas à détourner son regard. « C’est quoi cette merde ? J’ai l’impression d’être soudain attiré par les anciens. » Un mâle alpha tel que lui réservait ses atouts pour la gent féminine, c’était donc autre chose. « Ho ho ho. Bonjour mon garçon. Tu es venu pour m’entendre jouer du Khitarr, c’est ça ? » « Du queutard ? Oui… enfin… je crois. Ça pique ? » Non pas qu’il était douillet, mais il préférait avoir le maximum de données en tête. L’homme se leva, la bretelle de sa toge glissant légèrement de son épaule. Et puis tandis qu’il ouvrit lentement la bouche, le renard fit un pas en arrière, sans doute par instinct. Le premier son qui s’échappa fut des plus mélodieux, envoûtant instantanément le Démon. Sa voix semblait provenir d’un autre monde. Non, il serait plus juste de parler de dimension.

Elle ne concernait pas seulement l'ouïe, mais toutes les paroles prononcées amenèrent une fausse réalité à se concevoir autour de lui. Le détective se retrouva ainsi au sommet d’un pic rocheux, dans les airs, le vertige et la sensation du vent caressant son épiderme étant bien factuelle. Il voyagea ensuite jusqu’au fin fond du monde, dans les noirceurs abyssales, la profondeur de l’eau comprimant ses poumons. Son corps, transporté ici et là contempla maintes merveilles, son esprit et son enveloppe subissant les assauts répétés des changements climatiques qu’on lui contraignait à vivre. Le souffle coupé lorsqu’il reposa le pied au sol, Deccio — le genou ployé — se redressa. Cette écoute avait été magnifique du début à la fin. Les yeux écarquillés, le Démon puisa l’inspiration au fond de lui pour transmettre un message au monde entier. Ou du moins, à ceux qui répondaient présents pour le recevoir. C’est la raison pour laquelle le Malin se dirigea hâtivement sur la scène. Lui aussi voulait interpréter quelque chose afin de rendre un hommage émouvant. La lumière qui avait jailli en lui jusqu’à parcourir chaque parcelle de son corps lui fit naitre un étrange sourire sur le visage. En attendant le signal, le blondinet sautillait sur place, visiblement trop excité de commencer. Quand enfin ce fut son tour, il plongea sur scène. Prenant une grande inspiration, les premiers sons se propageant.

Chanson maestro /sbaff:

C’était beau. Quoi qu’on en dise, il avait merveilleusement interprété cette chanson. Les ovations et les applaudissements n’allaient sûrement pas tarder. Il était prêt à les accueillir, une main sur le cœur et l'autre tendue sur le côté. Il exécuta une révérence, conscient que ce qu’il venait de transmettre allait au-delà même du bonheur. Il était bon. Trop bon pour ne pas être considéré en tant que tel. Sur ces belles notes, il repartit dans sa demeure avec l’aide du koala, heureux de porter l'espoir d'un peuple sur l'étoile montante qu'il allait devenir.



1350 mots et des brouettes sans la chanson
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Daé Miirafae
~ Rehla ~ Niveau IV ~

~ Rehla ~ Niveau IV ~
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Daé Miirafae
Mar 28 Juil 2020, 22:22


[Événement] - Réverbération Alone-10
Réverbération




« Te revoilà toi ! » La créature que Daé avait rencontré il y avait de cela un moment maintenant était en train de le regarder. Elle semblait sourire plus que la dernière fois et il se demanda où elle s’était cachée jusque là et pourquoi elle réapparaissait uniquement maintenant. Il lui avait pourtant fait la promesse de la ramener chez elle, alors que peut-être c’était simplement le moment. Daé regarda derrière lui, Elsa semblait l’attendre à l’intérieur pour la suite de sa leçon. Le koala ailé pencha la tête sur la gauche, comme en attente de quelque chose et le Rehla sourit. Elle saurait sûrement où il allait aller. Il ne prit pas la peine de l’avertir. Il ne vit pas que, avertie par ses instincts qu’il ne serait plus là pour la suite, elle avait rangé le matériel de divination sur lequel iels devaient commencer à s’entraîner et était allée s’allumer une cigarette sous le regard désapprobateur de sa majordome. « Allez, je te suis ! » Synaën, la tigresse dont Daé s’occupait était là aussi et semblait particulièrement emballée par découvrir d’autres choses. A peine l’Aurum eût-il tourné la tête qu’il sentit un effet qu’il commençait à connaître par cœur et il n’eût pas le temps de lever les yeux au ciel, agacé de se faire téléporter dans tous les sens sans jamais ne pouvoir le faire lui-même qu’il se retrouva bien loin des terres magiciennes.

~~~

Il applaudit mécaniquement lorsqu’un démon blond finit une chanson entraînante qu’il avait extrêmement bien interprétée. Alors que ses mains se tapaient les unes les autres il prit le temps de regarder autour de lui pendant que les bravi diminuaient. Il semblait être arrivé dans un théâtre agité où le centre de la scène était consacré à la chanson et où des discussions fusaient dans tous les sens. Les gens étaient habillés comme lui pour la plupart ce qui l’étonna, car ce n’était pas un jour où il avait particulièrement fait attention à sa tenue. Il portait des habits confortables et amples, gris pour la majorité et une broche en forme de la constellation du sabre d’or qui était rose pâle. Ses habituelles bottines à talon avaient été troquées pour des chaussures plates bien plus confortables qui ressemblaient à des bottes de marche et une cape grise plus foncée et brodée de bleu nuit couvrait ses épaules.

Alors qu’il faisait le tour du propriétaire, il remarqua très clairement que la créature qui
l’avait accompagné avait ici trouvé sa famille et il sourit à cette idée. Au moins, il avait plus ou moins tenu sa promesse de la ramener à un endroit qui ressemblait à un chez-elle. Mais cet endroit semblait bien plus. Il semblait être un bouillonnement d’art et de joie, un endroit qui faisait penser aux Plaines Rouges de Lua Eyael lors des soirs de fête du quartier où Daé passait son temps à boire en papillonnant dans les groupes de gens avant de partir épuisée à l’aube alors qu’Elsa le convoquait le lendemain – elle avait pris la fâcheuse habitude de se téléporter dans sa chambre pour le réveiller. Daé afficha donc un sourire immense et il se fit rapidement aborder par une personne relativement âgée et tout sourire qui ouvrit les bras pour lui proposer une accolade qu’il accepta de bon cœur. « Bienvenue ! Vous êtes déjà venu•e•x ici ? » « Jamais ! » « Bienvenue à Ciel Ouvert, capitale de la Marche Terne dont vous avez peut-être entendu parler ! Je suis moi-même Oklilleiros de la Marche. Qui êtes-vous ? » « Daé ! Daé, j’ai été amené ici par cette mignonne créature ! Et j’utilise le pronom « il » et les accords au masculin. » « Enchanté Daé ! J’utilise les pronoms « elle » » ajouta-t-elle en souriant. « Et cette formidable créature que vous avez rencontrée est un Kangela. Et si elle vous a choisi pour venir ici, peut-être nous feriez-vous l’honneur de… ? » Elle pointa la scène derrière elle de la main gauche en la regardant et en souriant à Daé.  « Oh ! Chanter ? Si vous voulez tout savoir, je n’ai plus ou moins jamais fait ça ! » « C’est comme vous voulez.. » sourit-elle à demi avant d’aller discuter avec d’autres personnes qui semblaient à l’aise dans ce lieu. Le groupe semblait parler du Rehla et cela le mit à la fois mal à l’aise et en confiance. Après tout, il se dit qu’il ne risquait rien, si ce n’était de se ridiculiser et qu’il n’y avait aucun enjeu. Il réfléchit un instant à ce qu’il avait envie de chanter et lorsque la scène fut vide, il entra en piste sous les applaudissements des gradins. Il n’avait aucune idée de ce qu’il était en train de faire, jamais il n’avait fait ça auparavant, mais cette douce excitation provoquée par la scène le mettait dans un état d’euphorie qu’il ne connaissait pas. Et les étoiles lui avaient épargnées la vision de comment se passerait sa performance, ce dont il ne prit même pas la peine de les remercier, oubliant complètement, à ce moment de sa vie, de quel peuple il venait. Il ne voyait que le public qui le regardait souffler une fois calmement avant d’ouvrir la bouche pour les premières notes de son chant. L’oiseau et l’enfant commença calmement, Daé était tombé sur cette chanson en parcourant les livres des tours de zéphyr et il en avait entendu pleins de versions. Il n’avait jamais vraiment travailé sur la sienne, mais elle semblait lui venir d’instinct. Il ne réfléchissait plus à ce qu’il faisait. Dans le théâtre, il ne se rendait pas compte que quelque chose était en train de se produire quoi qu’il ne sache pas vraiment ce que c’était. Le texte défilait, se déliait et se contractait dans un mouvement qui ne s’arrêta pas. L’histoire défilait au rythme de la scansion du Rehla et le temps s’arrêta pour une partie du public. Il termina la chanson. Le sol était couvert de fleurs autour de Synaën qui semblait apaisée et les applaudissements fusèrent. Il semblait savoir chanter. Il sourit à cette idée. La femme qui l’avait abordé à son arrivée vint vers lui, le Kangela semblait ravi. « C’est un Khittar que j’ai entendu, n’est-ce pas ? » Daé ne comprit pas ce qu’elle demandait. « Je vais vous expliquer, mais en tous les cas, considérez-vous comme le bienvenu à Ciel Ouvert. Si vous le souhaitez, vous serez désormais considéré comme un Malsag, mais je vous expliquerai ça également. Iels allèrent s’asseoir alors que d’autres personnes poussaient la chansonnette plus ou moins bien et elle continua en commandant de quoi manger : « Voyez-vous, à l’intérieur de la Marche, nous développons ce que vous avez naturellement en vous. Un Khittar. C’est une manière d’utiliser votre voix et il me semble, au vu de ce qui s’est passé, que cette chose ne vous est pas tout à fait inconnue. Même si ce n’était pas parfait, c’était remarquable ! Et il faut savoir que cette mignonne créature vous a aidée, c’est un peu pour cela qu’elle est là. » Daé ne comprenait toujours pas très bien, mais il savait qu’une nouvelle opportunité se présentait à lui. Les étoiles semblaient laisser tranquille ses pensées et il en profita, il sourit à la dame en lui proposant de continuer. Il ne savait pas pourquoi ni comment il était arrivé là, mais pour la première fois il s’y sentait libre, il ne se faisait pas d’illusion et savait que s’il était ici ce n’était qu’œuvre du destin, malgré tout, il prenait du plaisir à s’imaginer faire un choix. Une chose qu’il n’avait pas réalisée depuis des années. Alors il choisit, il choisit de rester, d’écouter. Il écouta cette femme parler toute la soirée, il l’écouta raconter, sa caravane, ses voyages. L’histoire de Ciel Ouvert, de la Marche, des gens. Elle semblait connaître pas mal de personnes, même si parfois il sentait bien qu’elle surfait sur l’écoute du Rehla pour enjoliver quelques histoires. Ce qu’elle avait appelé son Khittar devait être magnifique. Au bout d’un moment, après lui avoir donné son nom et un moyen de la retrouver elle l’invita à écouter les autres personnes chanter ou à profiter de la soirée en lui souhaitant le revoir. Daé se blottit contre Synaën et iels passèrent la nuit à écouter et à rire en réaction aux paroles des chansons ou à pleurer après un chromatisme exécuté avec une telle maîtrise qu’il semblait simplement beau. Ce milieu fascinait le Rehla et il était prêt de le découvrir de plus en plus.

1474 mots
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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
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◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Mar 28 Juil 2020, 23:10


Illustration - Sarah Luo
Réverbération

Neah voyait l'amoncellement de neige devant lui, interloqué. Il eut un long frisson en réalisant que les températures avaient violemment chuter et que de la buée glacée sortait de sa bouche. Certainement très loin des Jardins de Jhēn, vraiment très loin de son petit coin d'ombre en-dessous d'un arbre pour relire ses notes quant aux demandes matérielles de l'entreprise, fredonnant une mélodie entre ses lèvres tout en profitant du Soleil. Ne pouvait-il pas avoir un temps de repos sans être dérangé à tout va par des téléportations intempestives vers ... Où ? Où est-ce qu'il était d'ailleurs ? Des chants s'élevaient aux alentours, captant l'attention de ses oreilles tandis que son regard se reposait vers la créature venu se loger sur ses genoux pendant sa lecture. Instinctivement, l'Ange avait posé sa main dessus en une caresse, intriguant un voyageur de passage et ...

C'est toi qui a fait ça, hum ?

Non, ce ne devait pas être lui. Se contentant de profiter de ses caresses, la créature pétillait de malice lorsque Neah prit dans ses bras cet être au pelage si doux pour ne pas le brusquer alors qu'il se redressait. Rester contre une paroi rocheuse glaciale n'était pas une très bonne idée, à moins de ne vouloir sombrer dans la maladie. Était-ce l'homme qui s'était approché de lui pour discuter de ce qu'il avait entre les mains, ce Kangela ? Si c'était le cas, il n'avait rien vu venir ... Il n'y avait aucune hostilité émanant de lui. Alors pourquoi ? Et surtout ... Sans repères, il ne pouvait pas rentrer chez lui et c'était un problème. En marchant, il prit conscience que, quelques pas plus loin, se trouvait un lieu habité tant l'animation parcourait les rues. Une chance qu'il ne soit pas perdu au milieu de nulle part. On le regardait un peu étrangement ... Ce n'était pas étonnant devant son habillement plus que léger pour les conditions climatiques qui régnaient ici. Il s'adressait à la première personne visible non loin de lui, celle-ci tenant visiblement un commerce.

Excusez-moi, madame ...
Oh, bonjour, étranger !

Ce devait être visible sur son visage et sur sa tenue qui n'était vraiment pas taillé pour ce climat.

Je viens d'arriver et ... Je ne sais même pas où je suis. Cette créature ...

La dame paru surprise de ses propos. Qui ne le serait pas ? Ne même pas savoir où il était, perdu dans ce qui semblait être des montagnes enneigées ? Avant de comprendre en regardant cet immense chose qu'il se trimbalait, cette dernière eu un sourire.

Un Kangela ... Il semble bien vous aimez, d'ailleurs.
Ce doit être votre aura, reprit une voix masculine. Vous respirez la pureté à cent mètres, si pas plus !
Ce doit être le côté angélique qui se manifeste.

En se retournant vers son émission, Neah eu un sursaut de surprise mental en voyant la montagne de muscles sortir du commerce. La créature descendait de ses bras, allant se coller entre ses jambes.

Tu veux que je t'adopte ?
Ça m'étonnerait qu'il reste, c'est très libre ces bêtes-là !
C'est assurément mieux que d'être en cage.
Exactement ! dit-il en lui assénant une tape dans le dos. Bienvenue à Ciel-Ouvert, la Cité Libre, gamin !

Son sourire se crispait.

... Ah, non, désolé. Je suis un adulte.
C'est vrai que vous avez une voix d'adulte, mais qu'est-ce que vous êtes p'tit !

Inclinant la tête, son interlocuteur comprit que ce n'était pas la première fois que cette remarque atteignait ses oreilles. Comparer à bien des Soldats de la Compagnie, voire d'autres Anges en général, Neah paraissait être un adolescent. Rassemblant sa magie, il crut inévitable de se créer une couche de vêtements chauds avant de se geler sur place. Un manteau serait le bienvenu, avant de reprendre la conversation.

Je suis donc à la Cité des Chants.

Mancinia lui en avait parlé autrefois. C'était il y a longtemps, mais il avait un vague souvenir de son récit. Il n'était pas sur un autre continent, mais dans les montagnes de l'Edelweiss. Il serait capable de rentrer aisément.

Ouaip. Les étrangers sont les bienvenus ... seulement s'ils respectent nos Lois.

Il avait dit cela en relevant son marteau dans sa direction. Il y avait moins directe comme menace. Néanmoins, cet homme avait beau être massif, ce n'était pas lui qui serait capable de le faire trembler de peur. Sans doute que ce dernier le comprit, abaissant ainsi son outil de travail, avant de le tendre à sa partenaire.

J'suis Stefan. Et voici ma fille, Ursula. C'est ma pause ... vous voulez faire un tour ?
Je ne vais pas vous déranger dans votre travail.
J'insiste.
D'accord.

Neah ne savait dire non à deux grands yeux ouverts pénétrants, bien conscient que son interlocuteur voulait s'assurer qu'il ne soit pas quelqu'un de louche. Se décalant pour venir au plus près de lui, Stefan balayait la rue commerçante du bras. Celle-ci était animée.

Bienvenue dans le Quartier Aria. C'est ici qu'on commerce ... mais le plus intéressant est là-haut. J'vais vous montrer ça !

En escaladant les escaliers de pierre, son hôte s'assurait que son invité ne trébuche pas. On n'était jamais à l'abri d'une plaque de givre qui vous offrait une chute mémorable à vous en briser quelques os ... mais l'agilité du Soldat lui permettait de gravir aisément et sans réelle difficulté. Stefan discutait visiblement avec quelques Gardes, qui observait Neah en passant leur tête sur le côté de sa musculature, peut-être n'avait-il pas le droit d'aller là-haut ?

On loge la Prison. C'est ici que l'on conserve au frais les criminels ... Ah ah ah ! Elle est pas mal celle-là ! Et ici, c'est où est qu'on vit, le Quartier Ode ...

Son côté original captivait assez les yeux de l'Ange, habitué des domaines de la constructions depuis sa tendre enfance, il ne pouvait que vivement apprécier l'oeuvre architectural. C'était des bâtiments plus hauts que d'ordinaire, probablement parce qu'il y avait très peu de risque que de violentes tempêtes ne sévissent dans ces montagnes. Honnêtement, avait-il atterri au Paradis ? Cet endroit était magnifique en tout point, tellement qu'il en pleurerait presque. Malgré tout, ne l'empêchait pas de prendre conscience des quelques regards sur sa silhouette, puis des chuchotements. Eux, ils l'avaient sûrement reconnu. S'arrêtant au milieu de la route, il regardait cette statue à l'allure guerrière, sans visage, démentielle ...

Vlà le Coryphée. Nos meilleurs Voix chantent là. Venez, j'vous montre !

Autre endroit atypique de Ciel-Ouvert, les nombreuses estrades autour du terrain semblaient servir à des démonstrations ayant court sur un vaste terrain, il y avait d'ailleurs pas mal de monde réuni en son sein.

On recrute aujourd'hui.

Était-ce une tentative pour le convaincre de ... De quoi d'ailleurs ?

Vous recrutez pour quoi ?
La Marche Terne.

Un silence s'installait entre les deux hommes, qui étaient perdus dans leurs pensées en écoutant la voix masculine qui se réverbérait dans tout le Coryphée. La Marche Terne. Ces hommes et femmes partageant la Liberté comme maître mot, nombreux étant ceux à être sortit des chaînes l'esclavage entre ces murs et à mener une vie nouvelle. L'Ange ne connaissait pas très bien l'Empire, seulement sa réputation. Ça restait surtout un groupe nomade et esseulé dans les montagnes, à ses yeux ... autant dire qu'il voyait bien son erreur.

Vous voulez essayer ?
... Je ne sais pas chanter.

L'homme arquait un sourcil, la mine blasée.

Tout le monde sait chanter, mon vieux. Faut pas avoir peur de chanter faux, c'est en pratiquant qu'on devient bon ! Enfin, normalement ... Y'a des causes désespérées, vous savez ? LUI, ICI !

Neah écarquillait les yeux en le dévisageant, mais c'était bien trop tard pour protester. On l'invitait à descendre ... Alors, ça ... Il retiendrait. Arrivé devant les spectateurs, un silence gênant envahi l'endroit. Que pouvait-il bien chanter ?

IMPROVISE !

Ce cri venu des tribunes avaient fait sursauter quelques spectateurs tandis que Neah observait le responsable de sa situation. Il s'y connaissait en improvisation, mais assez peu en chant pour se permettre quoi que soit. Qu'est-ce qu'il y aurait d'intéressant à conter sur ces derniers temps ? ... Ce n'était pas ce qu'il manquait.

Sur la crête de la vague,
Sur la pointe de la lame,
Elle nous portera,
Notre odyssée ...

De l'autre côté de la mer,
Au travers de l'océan émettant l'Appel,
Je rôderai auprès des loups de guerre,
Survivant aux coups de scalpels.

Nous donnant un espoir,
Bien loin de l'abattoir.
Suivons les traces ...
Vers un nouveau territoire.

Sur la crête de la vague,
Sur la pointe de la lame,
Elle nous portera,
Notre odyssée ...

Le Destin suivra,
Le premier de nos pas,
Dans un monde si vaste,
Nous faisons face.

Faisons acte de Foi,
Comme autrefois ...
Montons dans les airs,
Portés par les marées d'une nouvelle ère.
Entre les murs du changement,
Où les Voix sont entendues ...

Sur la crête de la vague,
Sur la pointe de la lame,
Elle me portera,
Mon odyssée ...

Neah reprit son souffle sous quelques applaudissements. Il inclinait la tête en signe de remerciements et eu du mal à ne pas vouloir quitter cet endroit plus précipitamment que la politesse le souhaitait. Stefan l'attendait aux pieds des tribunes, ses paumes claquant l'une contre l'autre.

C'était pas trop mal. Alors, on aime chanter du coup ?
C'était ... particulier.
Mais vous n'avez casser aucune vitre, c'est un bon point.

Neah regardait le Kangela qui n'était pas si loin d'eux, les suivant à distance. Est-ce que son aura l'attirait réellement ? Ou bien ...

Tu veux que je te ramène à la maison, c'est ça ?

L'Ange se tournait vers son bienfaiteur.

Merci Stefan, mais je dois y aller. J'ai des obligations qui m'attendent, chez moi.
J'comprends. Revenez quand vous voulez. On a toujours besoin de sang frais.

Neah eu un petit rire en s'agenouillant, se mettant à la hauteur du Kangela qui vint chercher sa main dans une caresse. L'Ange était de retour chez lui. Les températures étaient redevenues normales et son manteau était désormais bien lourd, l'enlevant vite, il vit la créature se précipiter vers quelqu'un qui l'appelait en sifflotant. La Canine Blanche se redressait. L'avait-il attendu ici durant des heures ?

Vous pourriez demander aux gens, la prochaine fois, avant d'user de votre magie sur eux.
Je suis certain que cela vous aura donner une ravissante leçon.
Vous êtes un Marcheur ? C'est la raison pour laquelle vous m'avez envoyer là-bas, ou bien ... ?

L'homme ne disait rien, dissimulé sur son capuchon, Neah vit néanmoins son mince sourire, avant de lui tourner le dos et de reprendre sa route.

A plus tard, Capitaine.

... Mais qui était-ce ?

1647 mots - sans la chanson


[Événement] - Réverbération Chriss10
Art by Chrissabug

Meuh:
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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
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Miles Köerta
Ven 14 Aoû 2020, 19:27


Réverbération

~ La scène se passe après le RP Aärk ët ëjgsy ~

Le froid mordait doucement la surface de notre peau tandis que le bruit caractéristique de nos bottes, qui s’enfoncent dans la neige, s’accordait harmonieusement aux Chants de plusieurs artistes qui déployaient talents artistiques et mélopées passionnées de sorte à enchanter la cité. À distance les unes des autres, des représentations improvisées égayaient le moral des passants et, à travers le lot d’amateurs et d’amatrices, des Voix s’éveillaient, plus fortes et poignantes que jamais. Elles faisaient vibrer l’atmosphère ambiant, l’altération façonnée par leur Magie changeant les flocons en bulles de savon, la neige sous nos semelles en plancher cirer, les maisons en créatures fantastiques. Tout n’était que manipulation des sens, traquenards de notre esprit qui se laissait berner par l’enchantement des Khitarr naissants. Dangereuses et merveilleuses, les Voix nous berçaient dans un tout autre univers, l’impression éveillée par chaque chanson nous plongeant dans un état cotonneux ou douloureux, vivifiant ou déplaisant.

C’était un air tout autre qui gonflait en nous, alors que la litanie du Bleu-Roi se faisait toujours entendre au plus profond des fondations de la Cité des Chansons. Au moins, la Magie de l’instant permettait à tous d’oublier sa Voix rocailleuse et agressive, qui nous répétait jour après jour, note après note, la menace qu’il ne cessait de faire courir à travers nos esprits. Il était silencieux, mais pour combien de temps encore, avant que sa Voix nous rejoigne de nouveau? Je levais les yeux vers le ciel, méditant un certain temps, mon visage caché par une couche épaisse de textile qui me protégeait des caprices du vent. Ma peau était toujours aussi sensible aux froids et chaleurs extrêmes, mais au cœur de Ciel-Ouvert, le calvaire était moindre. Je pris une grande inspiration, ma main au creux de celle de Toesia, alors que, brusquement, la gamine s’arrêta. Elle semblait hypnotisée par la performance qui se déroulait sous ses yeux.

Ce n’était pas la première fois qu’elle m’imposait une pause. Si elle suspendait notre progression à quelques reprises, afin de profiter et de contempler le jeu de quelques artistes, je nous arrêtais, pour ma part, lorsque nous croisions un visage familier au cœur de la foule. Qu’il s’agisse de Kergaron, qui avait bien repris des couleurs depuis notre dernière rencontre, lorsque j’avais été mandaté, avec une caravane, de retrouver son fils dans le Voile Blanc, ou bien d’Odhéra, qui profitait de la fête pour vendre le lait de ses Yacks, nous prenions un peu de notre temps afin de les saluer et de leur souhaiter une bonne journée.

Ainsi, je baissais le regard vers ma fille, qui ne disait mot. Elle était étrangement silencieuse ces derniers temps, une expression évasive et lunatique flottant quasi continuellement sur les rondeurs de son visage d’enfant. Tranquillement, je me penchais jusqu’à sa hauteur, pliant mes genoux afin d’être à son niveau.

« Eh bien, ma chérie, tu es vraiment calme aujourd’hui. La fête ne te plaît pas? »

Battant des cils quelques secondes, l’enfant finit par se tourner dans ma direction. Doucement, je sentis sa poigne se resserrer plus solidement à l’intérieur de ma main. Quelque chose n’allait pas. Je pouvais le lire en elle. Ses sentiments étaient confus, mêlés, criants mais surtout, elle avait peur. Très peur. Aussitôt, je me concentrais, hostile, sur la performance qui l’avait ainsi attiré. Mes oreilles vibraient férocement, attrapant chaque note, chaque expiration de la Voix qui chantait. Mais qu’est-ce que cet imbécile exprimait de la sorte?

J'm'étais promis d'me battre et d'pas nous abandonner
Mais depuis quelqu' temps j'en arrache et j'me sens les bras tomber
Quand j'rentre tout seul chez nous le soir, sans l'réconfort de ma moitié
P'is qu'y reste plus rien dans l'armoire, que des miettes de cœur brisé

J'm'étais permis de croire que tout redeviendrait
Comme dans nos belles années de gloire, quand tout l'monde nous enviait
J'me nourrissais de t'entendre rire, et d't'aimer j'm'en abreuvais
Mais c't'un rêve qui veux plus m'sourire, p'is j'ai pas l'goût de voir l'après

C'est une promesse qui m'garde debout contre le vent
Une bataille de chaque jour, de chaque instant
Maudite promesse, j'sais bien qu'c'est elle qui t'as fait fuir
P'is moi j'attends sans le meilleur et pour le pire

J'm'étais promis de jeter l'ancre et d't'attendre juste à côté
De la rive qui se trempe sous les vagues de not' passé
Mais la marée donne pas d'répit pour m'éloigner peu à peu
C'ta croire qu'les années d'col sans plis nous auront juste laissés plus vieux

C'est une promesse qui m'garde debout contre le vent
Une bataille de chaque jour, de chaque instant
Maudite promesse, j'sais bien qu'c'est elle qui t'as fait fuir
P'is moi j'attends sans le meilleur et pour le pire

Au fond, y'aura peut-être d'autres femmes pour qui j'me fendrai l'coeur
Non, j'dois pas j'ter toutes les armes mais si tu savais comme j'ai peur
C'est pas facile de lever l'ancre et d'mettre le cap sous d'autres cieux
Mais comme vivre près d'toi, c'est d'attendre, ben c'est c'que j'peux faire de mieux

C'est une promesse qui m'garde debout contre le vent
Une bataille de chaque jour, de chaque instant
Maudite promesse j'sais bien qu'c'est elle qui t'as fait fuir
P'is moi j'attends sans le meilleur et pour le pire
C'est peine perdue et j'vois qu'mon cœur lui s'emprisonne
Mais on ne tue jamais deux fois la même personne
J'sais ben qu'j'm'étais promis d'me battre


Maudite promesse des 2Frères

L’homme se redressa à la fin de sa chanson tandis que son partenaire soulevait sa guitare, le duo renversant simultanément leur buste vers l’avant. Des applaudissements se mirent à abreuver le silence, tandis que les deux artistes recevaient la chaleur et l’empathie de leur public. Mais alors que les cœurs se soulevaient tendrement, le mien s’était brutalement enfoncé au plus profond de mon estomac, à la manière d’une pierre que l'on aurait soudainement relâché au-dessus de l'océan. Et tout comme ma fille avant moi, je ne pus détacher mes yeux du duo. À mes côtés, Toesia Eses était anxieuse, nerveuse, ses lèvres tremblant sous la houle d’une incommensurable détresse. On pouvait le lire sur l’ensemble de son visage, dans l’éclat de ses mirettes disparates, tandis qu’avec aplomb, elle se décida, à nouveau, de me confronter. Malheureusement, au contraire de toutes les autres fois où ce sujet avait été mis sur le tapis, ce n’était pas la colère qui l’emportait : des larmes, impossible à refréner, s’étaient mises à couler. Elle désirait comprendre, savoir ce qui se passait. Elle avait tellement peur, au plus profond de son cœur…

« Padryë, qu’est-ce qui se passe avec Mäma? »

J’ouvris la bouche, mais elle fut plus rapide.

« Pourquoi Mäma est partie sans nous dire au revoir, la dernière fois? »

Parce que j'avais merdé. Encore.

« Pourquoi tu ne veux pas que j’aille la voir? »

Parce que celle qui se trouvait présentement sur le siège de la Vigilante n’était pas ce qu’elle semblait être. Je le savais. J’avais ramené la vraie à son chez-soi pour mieux découvrir, avec stupéfaction, qu’un sosie avait pris sa place. Ça n’avait aucun sens. Soudainement, la poigne de Toesia me ramena à la réalité. Ses yeux étaient humides et son expression, indescriptible. Je ne pouvais rien lui dire. Je ne pouvais que lui mentir et pourtant... J’étais fatigué de la voir ainsi. J’étais épuisé de voir mes enfants ainsi. J’étais énervé à cause de ces mensonges, à cause de mes tromperies. Je…

« Padryë, est-ce que Mäma et toi, vous vous aimez encore? »

La question me surprit tant que je me figeais, les larmes de Toesia débordant. Dans un bond, je m’accrochais à ses épaules, l’entraînant avec force dans le creux de mes bras.

« Bien sûr nilsal aksoloök! (petite guerrière!) Bien sûr que Mäma et moi, nous nous aimons encore.

- Alors pourquoi Pa’? Pourquoi elle est partie la dernière fois?

- Une affaire importante est survenue à la Vigilante et elle a dû quitter la maison à toute vites–

- Arrête, Pa’! J'suis pas débile! Il se passe quelque chose! Pourquoi tu mens?! »

Je la serrais dans mes bras, mais la petite Orisha se mit brusquement à se débattre. Mais je ne la lâchais pas. La première fois qu’elle m’avait posé la question, le lendemain du départ de Latone, le mensonge s’était naturellement glissé sur la bordure de mes lèvres. Je savais que la vérité la blesserait. Je savais que la vérité l’énerverait et l’angoisserait. Pourquoi Mäma et toi vous vous êtes battus? Est-ce pour cela que Mäma est partie, en pleine nuit? Parce que vous vous êtes battus? Parce que vous ne vous aimez plus? Je fermais les yeux, mettant brusquement fin à ces interrogations imaginaires.

« Je ne peux pas tout te dire, Toto, mais crois-moi. Mäma et moi, c’est du solide, d’accord? Les sentiments que nous avons l’un pour l’autre ne sont pas prêts à se faner. »

Je croyais que ça allait apaiser son trouble, mais au lieu de quoi, les sanglots qui agitaient son corps semblèrent se décupler.

« Mäma nous aime pas alors? Moi? Kaine? Ou tous les deux? Est-ce qu’on a fait quelque chose de mal? C’est pour ça qu’elle n’est pas à la maison? »

Cette fois, je me reculais vivement, obligeant Toesia à me regarder droit dans les yeux. Elle ne ressemblait plus au petit chiot euphorique et hystérique qu'elle était quotidiennement, la rougeur qui barbouillait le teint de sa peau l'a rendant soudainement fragile et vulnérable à mes yeux. Je déglutis, frottant vigoureusement ses épaules, espérant peut-être lui transmettre un peu de cette confiance qui lui manquait tant.

« Toto, ne doute pas de son amour pour toi, pour Kaine, pour la famille.

- Alors pourquoi Pa’? Pourquoi elle n'est pas comme les mamans de Chia et de Maydon? Pourquoi elle... Pourquoi elle nous laisse toujours derrière?

- Hum… Excusez-moi de vous interrompre? »

Cette subite interruption nous fit, à tous les deux, l’effet d’une bombe alors que nous nous tournâmes prestement dans la direction de notre interlocuteur. Il s’agissait du duo de chanteur et de musicien qui venait de terminer leur représentation. Nous remarquâmes alors que plusieurs paires d’yeux nous dévisageaient dans la foule et, gênée, Toesia balaya vivement les sillons salés de ses joues tout en enfouissant son visage entre les plis de mon manteau. Par automatisme, je l'attrapais dans mes bras, la soulevant de terre.

« N-Non, non, ne vous excusez pas. C’est nous qui faisons une scène et… Hum… N-Nous sommes désolés. Vraiment désolés.

- Un instant! »

J’étais déjà en train de prendre la poudre d’escampette, ma fille dans les bras.

« Restez un instant. »

Je m’arrêtais finalement, pivotant dans leur direction.

« Nous devons vraiment partir et–

- Et pourquoi n’essayeriez-vous pas de lui chanter une chanson? »

Le guitariste du duo me fit alors signe de m’approcher. Cette fois, je me mis à les fixer. Vraiment. Avant de leur tourner le dos une seconde fois.

« Je suis vraiment désolé, mais nous devons rentrer. »

Et sans demander mon reste, je nous propulsais loin des festivités, loin de l'euphorie, loin de cette Chanson qui avait éveillé ces drôles d'émotions.



« Ma chérie… »

Toesia était dans son lit, ses couvertures empilées jusqu’au-dessus de sa tête. Sans attendre une quelconque permission, j’entrais dans sa chambre, refermant la porte derrière moi avant de m’asseoir sur le matelas.

« Toto…

- Mäma est-elle vraiment toujours occupée?

- Oui.

- C’est pas vrai, Pa’…

- Je ne mens pas, Toto, mais c'est ton choix de me croire ou pas. Cependant, ne doute jamais de l'amour que Mäma vous porte, d'accord? Elle vous aime, beaucoup, à la folie. Vous êtes ses trésors!

- Mais si elle nous aime, pourquoi elle n'est pas à la maison? Est-ce que son travail est plus important que nous? Est-ce qu'on la dérange?

- Non. Non, Toesia. Ne pense pas comme ça. Si elle le pouvait, elle resterait toujours à vos côtés, mais Ciel-Ouvert a besoin d'elle.

- Donc, Ciel-Ouvert est plus important que nous? »

J'exhalais un soupir. Par les Dieux, Léto, comment je me sors de ce pétrin? Je ne répondis pas, portant mon regard vers le plafond. Les propos du chansonnier me revenaient en tête. Je n'arrivais pas à lui expliquer la situation. Je n'arrivais pas à lui faire comprendre que, malgré la distance, les vérités cachées, nous étions et resterions une famille. Je fermais les yeux, remplissant mes poumons d'air avant de soupirer les premières paroles qui me vinrent à l'esprit, délicatement.

Chaque nuit dans mes rêves,
Je te vois, je t'entends
C'est comme ça que j'y crois vraiment.
Au delà des distances
Tout ce qui nous sépare
Tu n'es pas venu par hasard.

Et soudainement, les murs de la chambre s'effritèrent. Le plancher, le plafond disparurent en même temps, laissant alors la place à une tente, au milieu de l'hiver, à travers d'autres abris et une caravane. La petite fille nous voyait, sa mère et moi, discuter sans pour autant entendre les mots que l'on soufflait. Elle avait l'impression de flotter dans l'habitacle, observateur invisible et omniscient de ce souvenir lointain. Tout semblait calme et électrique à la fois. L'éclat fracassant de nos yeux ne murmurait qu'une seule chose. Et à un moment, mes doigts avaient glissé sur sa hanche, sur sa chair. Ma bouche avait rejoint la sienne, nos corps s'enlaçant et se laissant emporter par la gravité au milieu des fourrures.

Là, loin,
Qu'importe où tu es
Car je sais que mon cœur bat
Encore.
Soudain,
Je te vois rentrer
Quand tu es dans mes pensées
Mon cœur bat encore plus fort.

La scène s'embrouilla, les minutes s'accélérèrent et même sans voir ce qui s'était passé, Toesia savait qu'elle venait d'assister au début d'une longue histoire. Les scènes du passé défilaient devant les yeux de l'enfant. Les départs de Mäma, ses retours éphémères. Son cœur se serrait à chacun de ces instants, jusqu'à ce que l'illusion s'arrête brusquement sur une nouvelle image, dans laquelle Léto tenait sa nouvelle née contre sa poitrine. Kaine sautait sur le lit conjugal, frappant des mains, s'extasiant de joie à l'idée de prendre, pour la première fois, sa petite sœur dans ses bras.

L'amour peut nous toucher
Puis durer toute une vie
Rester tant qu'on n'est pas parti.

L'amour c'est quand je t'aimais
Un moment si parfait
Qui ne disparaîtra jamais.

Et les unes à la suite des autres, la valse des illustrations s'enchaînait inlassablement. Les pupilles de l'Orisha contemplaient ses fragments de réminiscence à leur juste valeur, de nouvelles larmes montant à ses yeux, mouillant ses cils, mouillant ses joues, tandis qu'elle approchait sa main du visage de sa Mäma. Elle se souvenait de cet instant. C'était la fois où elle avait été mordu par Henos. Avec Léto, nous nous étions occupés de sa blessure. Elle avait oublié à quel point le sourire de sa mère pouvait être chaleureux. Comment avait-elle pu l'oublier? Elle se sentait débile. Tellement débile d'avoir pu douter...

Là, loin,
Qu'importe où tu es
Car je sais que mon cœur bat
Encore.
Soudain,
Je te vois rentrer
Quand tu es dans mes pensées
Mon cœur bat encore plus fort.

Tu es là
Et je n'ai plus peur
Car je sais que mon cœur bat
Encore.
Tu seras
Toujours mon bonheur.
Quand tu es dans mes pensées
Mon cœur bat encore plus fort.


My Heart Will Go On de Céline Dion, interprétée par SARA'H
(Imaginez que la chanson a été interprétée avec une voix plus grave /sbaf/)

J’expirais la dernière syllabe, statique sur le lit de Toesia alors que la petite fille retournait brusquement dans la noirceur de ses draps, loin des images du passé, loin des sourires tant chéris et aimés. Un rire s’étira sur la commissure de mes lèvres en même temps que ma main rejoignit le dessus de sa tête.

« Toto, où qu’elle soit, Mäma pense à vous. Toujours. Vous êtes avec elle comme elle est avec vous. Nous sommes peut-être loin les uns des autres, mais nous sommes toujours là, au fond de nos cœurs. Tu comprends? »

La réponse tarda, mais après quelques secondes, je m’aperçus d’un léger mouvement sous les couvertures alors qu’elle s’extirpait enfin des draps. Je lui adressais un plus grand sourire, caressant affectueusement son visage pour effacer sa tristesse et ses doutes.

« Mäma vous aime. Elle vous aime plus que tout au monde. Et je l’aime plus que tout au monde.

- Quoi? Kaine et moi, on n’est pas tes numéros un? Enfin, Kaine, je comprends, mais MOI?! »

Tremblante, elle finit néanmoins par exhaler un rire, son corps s’étirant dans sa couche de sorte à ce que son dos touche la tête de son lit. Retenant une expiration d’hilarité, je fis mine de réfléchir.

« Hum… Mes numéros uns? Nan. Vous êtes mieux que ça. Vous êtes tous les numéros, vous avez pris toutes les places du podium. Parce que vous êtes tout pour moi. »

Je me penchais dans sa direction, déposant un baiser sur son front.

« Et pour Mäma, vous êtes son univers. C'est pour vous qu'elle réalise tout cela.

- Oui… Oui, c'est vrai Pa’. J-Je me sens stupide de l'avoir oublié. »

La petite fille brillait de mille éclats de par son sourire radieux et lumineux. Elle se promettait de ne jamais plus douter de cela. De l’amour de ses parents pour elle, pour son frère, pour leur famille. Parce que c’est ce qu’ils étaient, malgré les vagues, les avalanches, les intempéries, les tempêtes et les éruptions. Ils étaient et seraient toujours une famille, jusqu’au bout des ongles. Impulsivement, ses bras vinrent s’enrouler autour de mon cou et avec le même amour, je l’enlaçais, caressant tendrement la racine de sa tignasse rebelle.

« Ça arrive à tout le monde, ne t'en fais pas. Tant que tu te souviennes, que tu te rappelles, que nous vous aimons plus que tout.

- Je n'oublierai plus jamais. Je te le promets. »


2 527 mots (sans les paroles des chansons) | Merci pour l’Événement ♪




[Événement] - Réverbération Signat16
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