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 [RD] L'Amour en bouteille

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Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

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◈ Parchemins usagés : 1372
◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016
◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Stanislav Dementiæ
Jeu 11 Juin 2020, 09:43


Image de nephila clavipes #
L'amour en bouteille

Raspoutine arriva devant le château de la terrible bête. Étant originaire d'une contrée lointaine, il ne connaissait nullement la population locale. Il n'était pas familier avec l'histoire de la région et en connaissait assez peu à ce sujet. En voyageant, il avait cependant appris quelques anecdotes intéressantes – qu’il avait réussi à glaner avant que la folie s’empare du royaume et que les uns et les autres se transforment en chats. Des histoires de couronnes et de malédictions. Il semblait qu'à chaque souverain était associé un ennemi particulièrement dangereux. D'autres sorcières au talent comparable au sien rôdaient sur ce qu'il convoitait et considérait lui appartenir. Il devrait se révéler prudent car celles et ceux qui ne s'étaient pas méfiés en avaient payé les frais. Lui ne se montrerait pas aussi sot. Il se défiait de la puissance des mages : il était bien placé pour savoir qu'une petite contrariété pouvait vite se transformer en Vengeance dévastatrice. Que pour une goutte de sang, on pouvait réclamer une tête. Ou bien qu'un déplaisir pût vous faire devenir la cible d'un mauvais sortilège. C'était ce qu'il s'était passé pour cet ancien roi. Cette Bête dont il avait entendu parler. Il s'était laissé endormir par la beauté de sa femme, admirant la rose en oubliant ses épines piquantes. Sans doute ne ferait-il plus jamais cette erreur de jugement. Sa laideur lui rappellerait pour toujours la fourberie dont pouvaient faire preuve les femmes, ces villes tentatrices aux charmes envoûtants. « Oui, je vois. » décréta soudainement Bartok, brisant le silence qui avait régné entre eux depuis le départ de la grotte. Le simple fait d'entendre la voix geignarde de son compagnon lui fit lever les yeux au ciel. Raspoutine se retint de soupirer, las par avance. « Vous voulez trouver puis tuer une princesse, pour récupérer sa puissance et retrouver votre magie. Oui oui oui maître, c'est une excellente idée. Et pour trouver une princesse, vous avez pensé à aller dans un château ! » La chauve-souris, qui s'était perché sur l'épaule du sorcier, acquiesça avec vigueur, comme s'il trouvait effectivement l'idée excellente. « Cependant Maître, vous auriez sans doute dû choisir un autre Château. Celui-ci m'a l'air un peu tout cassé. La princesse qui se trouve là doit avoir l'air toute décrépite, elle aussi. Il faudrait sans doute lui refaire un ravalement de façade pour qu'elle... Ooooh ! C'était donc ça ! Si elle est laide, elle aussi, elle ne sera peut-être pas trop regardante sur votre physique ! C'est maliiiiin ! » félicita le petit animal. Confiant, il s'avança sur la main qu'avait tendu le sorcier. Avant qu'il ne puisse prendre la fuite, Raspoutine referma ses doigts autour de son corps rachitique, le pressant jusqu'à lui couper le souffle. « Bartok, tu te souviens de ce que je t'ai dit ? » demanda le nécromancien d'un air doucereux qui, étrangement, le rendait beaucoup plus effrayant que lorsqu'il s'emportait dans une explosion colérique. La bestiole acquiesça avec empressement. « Lorsque j'ai des idées qui me semblent bonnes, je ferais mieux de me taire et de les garder pour moi. » siffla-t-il. « Exactement. » confirma le maître en serrant davantage son poing, faisant grimacer son larbin. Avec agacement, il le lança au loin, lui rendant sa liberté : Bartok s'envola, riant nerveusement. « Ouhla Maître, vous me semblez tendu... » « Bartok. Rends-toi dans ce château et trouve la Bête. » « Bien, chef ! Ne vous inquiétez pas chef, je gère ! » C'était sans doute cela qui rendait la situation plus inquiétante. Raspoutine n'avait cependant pas d'autre choix que de faire confiance à cette énergumène.

Plusieurs longues minutes s'écoulèrent. Le calme était apprécié mais fut cependant de courte durée. Bartok revint, autant essoufflé que catastrophé. « Maître ! C'est terrible ! La bête n'est pas là ! » s'époumona le volatile. « Les princesses ne sont pas là non plus ! Maître, comment allons-nous manger ?! » Contrairement à son larbin, le machiavélique sorcier semblait de réjouir de cette nouvelle. « Sais-tu pourquoi il n'est pas là ? » « Un bal, monsieur ! Il est allé à un bal, avec ses deux princesses ! C'est épouvantable ! Nous avons tout raté ! Il va falloir trouver un autre Château ! » Et ça allait être compliqué. Le seul autre château du royaume était dévoré par les flammes. Un sourire se dessina sur le faciès repoussant du complotiste. « C'est parfait ! » « Parfait ? Monsieur, est ce que vous vous êtes cogné la tête ? Je ne vois pas de bosses pourtant mais… » Ignorant son stupide et inutile acolyte, Raspoutine se concentra. Il invoqua des vers qui sortirent des entrailles de la terre. Usant de son don pour les contrôler, il leur intima l'ordre de se rendre dans le château et de l'envahir, attaquant les domestiques afin de créer une diversion. Les cris alarmés ne tardèrent pas à se faire entendre. « Il est temps. »

Profitant du chaos qu'avaient provoqué ses petits amis, Raspoutine pénétra dans l'inquiétant château. Personne ne prêta attention à lui : tous étaient bien trop occupés à repousser les attaques. Certain essayaient de se débarrasser des nuisibles à coup de balais. D'autres abandonnaient les armes et se mettaient à fuit en courant, espérant ainsi leur échapper. D'autres avaient pris quelques mesures plus radicales : armés de torches enflammées, ils essayaient de brûler leurs attaquants, qui se montraient moins entreprenant sous la menace du feu. Si la diversion ne durerait pas longtemps, elle fut néanmoins suffisante pour que tous soient concentrés sur l'invasion durant de longues minutes – elle n’était en rien comparable, cependant, à ce que devraient subir les domestiques plus tard. Raspoutine n'eut qu'à entrer et marcher, comme s'il était chez lui. « Bartok, as-tu vu une rose, lorsque tu as inspecté le Château ? » « Oh oui Maître ! Et c'était même une sacrée rose ! » « Dans ce cas, conduit moi à elle. » Heureux de se sentir utile, le sous-fifre conduisit son Maître jusqu'à une zone particulièrement délabrée du Château. L'atmosphère y était lugubre, étouffante. Les meubles étaient cassés, réduits en débris. Les tableaux déchiquetés, les tentures déchirées à coups de griffes. Seule une table en bois tenait encore debout, comme par miracle. Sur elle, une cloche en verre protégeait une rose scintillante. Le mage noir s'approcha.



« Tu es particulièrement splendide, ce soir. » chuchota le Roi à l'oreille de son épouse. Celle-ci sembla apprécier le compliment, un sourire se dessinant sur ses lèvres fines. Son regard resta braqué sur la foule devant elle. « Merci. » concéda-t-elle à lâcher. Son effronterie à ne pas lui accorder d'intérêt fit rire le souverain. Il aimait bien lorsqu'elle prétendait être inaccessible. Sa beauté froide, glaciale même, n’en ressortait que davantage. « Les gens semblent bien s’amuser. C’était une bonne idée, finalement, d’organiser ce bal. » continua le monarque en observant à son tour les convives. La plupart dansaient en rythme avec la musique qui s’élevait de l’orchestre. Tous semblaient s’amuser, que ce soit en valsant, en discutant ou en mangeant au buffet. Ici et là, on pouvait voir la naissance de nouveaux amours, les uns courtisant les autres avec plus ou moins d’aplomb ou de timidité. Ravenna fit la moue. Elle avait été contre l’organisation du bal, pour une raison qui échappait encore à son conjoint. Mais face au succès qu’était cette soirée, elle ne pouvait qu’être satisfaite. Son avis sur la question avait sans doute changé et elle se révèlerait assurément désolée d’avoir mis tant d’aplomb à essayer d’annuler le bal. « Oui. Les gens s’amusent. » confirma-t-elle, affichant cette fois-ci un sourire qui n’avait rien de naturel. Il semblait tout à fait charmant pour ceux qui ne connaissaient pas la Reine, mais le Roi était éperdument amoureux d’elle. Il la connaissait mieux que personne. Il avait appris, au fil des années, à décrypter la moindre de ses expressions, savait discerner le moindre tressaillement du coin des lèvres, le moindre froncement de sourcils, aussi bien dissimulés fussent-ils. Ce sourire-là n’était que de façade. Cette réaction surprit le monarque, qui haussa les sourcils. « Tout va bien, ma chère ? » Ravenna se tourna enfin pour faire face à son conjoint. Elle le toisa quelques secondes en silence, comme si elle réfléchissait à la réponse adéquate à apporter. « Parfaitement. Je suis simplement fatiguée. » Elle porta discrètement une main à son ventre. Adam resta indécis quelques instants. Sa réponse précédente le laissait songeur. Elle avait constaté l’atmosphère générale mais n’avait pas assuré être contente que le bal ait eu lieu. Peut-être était-elle véritablement contrariée ? L’amoureux sentit une pointe d’inquiétude poindre en lui. Il détestait décevoir sa moitié. « M’accorderiez-vous une danse ? » demanda l’homme en exécutant une révérence, tendant une main en direction de sa partenaire. « Je vous promets que ce sera une danse calme, pour vous ménager. » Ravenna considéra la proposition et finit par soupirer, baissant les armes. « Juste une, dans ce cas. » Le Roi se releva, un sourire aux lèvres. La Reine lui répondit par une mine chaleureuse : cette fois-ci, il n’y avait pas trace de doute ou de mécontentement. Lentement, les souverains descendirent de l’estrade où ils s’étaient tenus, plus tôt. Sans que rien ne fut dit, les invités quittèrent la piste de danse, laissant le couple royal s’y rendre. Ils étaient le centre de l’attention. Les regards étaient, sans aucune exception, braqués dans leur direction : le royaume appréciait la royauté en place et leur idylle en fascinait plus d'un. Ni l’un ni l’autre ne semblait s’en soucier. Ils se regardaient mutuellement, et dans leurs prunelles brûlaient l’étincelle de l’Amour. Celui, éternel, qui faisait vibrer les cœurs. Du moins, c’est ce que tous croyaient discerner. Personne ne soupçonnait la nature viciée de la femme, sa beauté subjuguant tout le reste, balayant les suspicions qui auraient pu exister. Une fois qu’ils furent arrivés au centre de la salle, une nouvelle mélodie résonna dans les airs. Lentement, comme s’ils faisaient totalement abstraction du reste, le couple entama sa dernière danse.

L’homme pencha la tête sur le côté. Lentement, il passa ses doigts sur le front de sa dulcinée, replaçant une mèche de cheveux. Il aimait observer sa femme, particulièrement lorsqu’elle était assoupie. Dans ces moments-là, sa vulnérabilité ressortait davantage. Cela n’entachait en rien sa beauté. Au contraire : cela lui donnait l’air plus paisible, plus détendue. Plus accessible. Il aurait aimé rester allongé, profitant de ce moment - peut-être continuer ce qu’ils avaient fait durant une grande partie de la nuit- jusqu’à ce qu’Elsa vienne les tirer du lit. Malheureusement, une décision difficile s’imposait à lui. La veille, lors du bal, une inconnue était venue le mettre en garde des manigances de celle qui partageait son lit. Il avait d'abord refusé d'y croire, arguant que leur couple se portait au mieux : Ravenna lui avait annoncé, durant leur danse, porter un second enfant. Un fils, peut-être, qui pourrait assurer sa descendance ? Il avait été fou de joie en apprenant la nouvelle. Pourtant... Les arguments de la femme étaient imparables. Et surtout... Elle avait des preuves de ce qu'elle avançait. D'abord plongé dans le déni, il avait ordonné que l'on emmène la conspiratrice dans le donjon. La nuit lui avait permis de réfléchir à tête reposé et, finalement, l’évidence l’avait frappé. Ravenna représentait un danger mortel. Pour lui. Pour son peuple, également. Pour leurs enfants, peut-être ? Non. Il ne voulait pas croire une seule seconde que son épouse puisse laisser faire du mal à leur fillette. Ni même au futur bébé… La gorge nouée, il ouvrit un tiroir de sa table de nuit et en sortit une lame finement aiguisée. La main légèrement tremblante, Adam fit courir le couteau au-dessus de la poitrine de celle qu’il s’apprêtait à assassiner. « Alors… Tu sais ? » Le Roi sursauta en entendant la voix de celle qu’il aimait. Sa lèvre trembla également. Il déglutit avant de répondre. « Oui. » Un silence s’installa. « Je… » Les doutes l’assaillaient. Prenait-il le bon choix ? Oui sans doute. Elle venait de l’avouer à demi-mots. Mais… N’y avait-il aucune une chance de changer le cours des choses ? Leur vie à deux était-elle condamnée ? « Fait ce que tu dois faire. Ne sois pas faible, Adam. Pense à ton royaume, à notre fille. Pour elle, tu dois te montrer fort. Lui montrer le bon exemple. » murmura la blonde d’une voix douce, où perçait une étrange mélancolie. « M’as-tu aimé ? » voulut savoir le brun. La condamnée sourit puis prit la main de son amant et l’aida elle-même à porter le coup fatal.

2100 mots



Merci Kyky  nastae
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