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 [RD] Turlututu chapeau pointu | Aladdin.

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Bellada Ward
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◈ YinYanisé(e) le : 30/07/2018
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Bellada Ward
Lun 11 Mai 2020, 15:26


Image de Andrea Savchenko #
Turlututu chapeau pointu


« HUE ! » Le Chapelier continuait à avancer droit devant lui. Ou à ramper. Ou à s'esquinter le derrière, selon votre préférence. En tout cas, il se dirigeait quelque part. Il n'avait aucune destination en tête, pas la moindre ébauche d'idée, mais rien ne l'empêchait de s'y rendre avec entrain : son visage laissait apercevoir un sourire benêt éclipsé par la détermination qu'on lisait dans son regard. Il avait beau déambuler au hasard, il savait que la fin du trajet évidente une fois qu'il y serait parvenu. Et puis, ce qui comptait réellement, ce n'était pas tant l’endroit où il se rendait, mais plutôt la façon dont il y allait ! Et, de toute évidence, ramper les fesses sur le sol lui semblait être une manière très distinguée et très appropriée de le faire. « HUE ! » scanda à nouveau l'homme. « Mmh... » fit-il en fronçant les sourcils. Finalement, ce n'était pas une façon très rapide d'avancer. Il ne pensait pas être spécialement en retard -évidemment, puisqu'il ne se rendait nulle part en particulier- mais son ami le lapin lui répétait sans cesse qu'il était très impoli d'arriver en retard. Et si quelqu'un l'attendait, quelque part, et qu'il n'arrivait pas à temps pour célébrer un non-anniversaire ?! Ce serait tellement triste ! Oui, il devait à tout pris trouver une façon plus rapide de se déplacer ! Il ne lui fallut pas plus longtemps que cinq secondes pour trouver une alternative satisfaisante : marcher sur les mains ! C'était comme marcher sur les pieds, mais dans le bon sens. Et puis, de cette manière, le sang affluait davantage à la tête. Ca permettait de mieux penser. Pas autant que la fumette, ceci-dit, mais il avait arrêté de fumer depuis que son ami le papillon était mort après en avoir trop abusé. Bref, marcher sur les mains, c'était une très bonne idée, décida-t-il. Empoté, il rencontra quelques difficultés à s'accroupir. Sans lâcher le tapis pour autant, le petit homme bascula son axe pour se retrouver les jambes en l'air. Il esquissa un premier pas - ou devait-il dire "mas", puisqu'il ne marchait pas avec ses pieds mais avec ses mains ?- puis un second, un troisième... emporté par la confiance qui s'installe trop rapidement, l’hurluberlu accéléra le rythme, agitant les jambes. Ces mouvements désorganisés le déséquilibrèrent et il chuta, se rattrapant en exécutant une roulade. « AHA ! » s’écria-t-il, triomphant. Finalement, les roulades, c'était encore plus rapide ! Le Chapelier continua sa trajectoire de cette étrange manière.

La voix de l'homme-lapin le retint néanmoins. Il s'immobilisa. « Plait-il ? » demanda-t-il. Statique, il se retrouva bientôt recouvert de criquets. Servir de perchoir n'était pas exactement l'une de ses carrières de rêve : il trouva cette intrusion très impolie. D'un claquement de doigts, il fit apparaître deux raquettes miniatures de ses oreilles, qui commencèrent à battre de chaque côté de sa tête telles une paire d'ailes asynchrones. Le Chapelier exécuta une dernière cabriole pour se lever. « POUVEZ-VOUS RÉPÉTER ? JE CROIS QUE J'AI LES OREILLES BOUCHÉES ! » demanda-t-il en hurlant, alors qu'il se trouvait tout proche de son interlocuteur. Il ne lui laissa pas le temps de répondre et commença à lui tourner autour, se penchant pour le renifler, tâter le tissus de ses vêtements - ou plutôt, le muscle en dessous - avant de reculer dans un bond, et de répéter ce cirque. « Mmh... il vous manque quelque chose... » déclara-t-il en prenant de la distance. Il était sérieux. Le Chapelier avait véritablement l'impression que quelque chose manquait au blond. « Une petite touche de... classe ? » Le Chapelier fouilla la poche arrière de son pantalon : il en sortit une cravate. « Non ! Peut-être est-ce... Un peu de fougue ? » Cette fois-ci, le mage fit apparaître une cape. Elle était courte et ne dépassait pas les coudes, mais apporterait une certaine classe, à n'en point douter ! Et puis, le vêtement scintillait de paillettes dorées d'un côté, violettes de l'autre. De quoi attirer tous les regards. « Non non non, ce n'est toujours pas ça... Il faut faire... ressortir votre côté sauvage ! » Et là, ce fut l'illumination. Ses doigts traficotèrent dans le creux d'un coude et il sortit un serre tête où dépassaient deux oreilles de lapin. Avec enthousiasme, le petit homme bondit sur son modèle et lui orna le crâne de sa parure. « SUBLIME ! »


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Mar 12 Mai 2020, 23:19


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TURLUTUTU CHAPEAU POINTU



Il recommençait. Je serrai les poings comme si ce simple geste pouvait consumer l’irritation que me causait cet abruti. Flynn avait commencé à tourner les talons mais il était hors de question que je supporte cela tout seul. L'hurluberlu était un trop gros fardeau pour un homme seul - surtout quand, comme moi, ce dernier avait autant de patience qu'un affamé devant un copieux buffet.

« Flynn, reste s’il te plaît. Je suis sûr que tu apprécieras notre compagnie. »

Je n’étais pas très convainquant dans mon discours ; comment réussir à convaincre une personne censée d'endurer un bouffon aussi agité. Il avait cessé de se traîner au sol pour marcher sur ses mains comme un acrobate de cirque. Sa mère avait dû le bercer trop près du mur pour qu’il soit aussi ravagé. Mon homologue avait les yeux rivés sur l’ahuri qui hurlait à tue-tête, nullement gêné par les regards qui se tournaient vers lui. Il ne semblait pas s'intéresser au fait qu'on lui réponde ou non. Il soliloquait comme un insensé tout en continuant de sortir un bric-à-brac sans queue ni tête de ses vêtements pourtant bien ajustés.

« Tout à l’heure, il a sorti des trucs intéressants », précisai-je devant la stupeur de mon camarade roublard qui ne faisait que grandir à mesure que les objets apparaissaient.

Pour preuve, je désignai l’épée qui ceignait ma taille. Sa surprise ne fut que plus grande.

« Bon, ça marche. Je t’accompagne, Al’.

— M’appelle pas comme ça ! »  protestai-je

L’hurluberlu avait commencé à me tourner autour en marmonnant des phrases que je n’écoutais pas. Soudain, il sortit un serre-tête ridicule qu’il déposa triomphalement sur mon crâne. Une paire d’oreilles blanches et duveteuses décorèrent ma tête me faisant ressembler à un lapin géant. C’était le pompon ! Le malandrin fût épris d’un véritable fou-rire. Son hilarité accentuait la colère qui se lisait désormais sur mon visage rougi. Je fronçai les sourcils, laissant apparaître des rides sur mon front habituellement lisse.

« T’AS FINI TES CONNERIES, OUI ! »

Ma voix porta si fort que certains habitants du campement sortirent la tête de leur tente. J’attrapai le bandeau ridicule et le jetai au sol d’un geste violent. Un regard assassin à mon acolyte suffit à mettre fin à ses éclats de rire. Il avait déjà eu l’occasion de goûter à mon ire et avait retenu la leçon. Cela s’était passé il y a bien longtemps, lorsque nous étions encore gamins. Il était intervenu – pour m’aider d’après ses dires – alors que j’essayai de subtiliser une magnifique paire de boucles d’oreille au bijoutier du coin. Finalement, son indiscrétion m’empêcha d’arriver à mes fins et je rentrai bredouille avec un goût amer. Mon irritation était telle que je l’avais gratifié de mon poing sur la figure.

D’un mouvement vif, je saisis l’aliéné par le col et l’amenait à ma hauteur, ses pieds quittant la fermeté du sol. Mon visage était à quelques centimètres du sien. Je pouvais sentir son haleine au relent de cannelle et de thé.

« TERMINÉ LES IMBÉCILLITÉS, MAINTENANT TU NOUS SUIS SAGEMENT ET DOCILEMENT ! »

S’il avait trop de cérumen dans les oreilles, cette dernière devait avoir disparue sous les vibrations de mon grondement. Je le secouai comme l’on s’y prenait pour faire tomber les fruits mûrs d’un arbre fruitier, espérant que ses neurones s’entrechoquent et amènent l’information à son cervelet d’oisillon atrophié. Sous les secousses, son chapeau tomba sur le sol, découvrant un autre couvre-chef ridicule. Son accoutrement de clown appuyait encore un peu plus ma rage

« C’est bon Aladdin, je pense qu’il a compris. »

Flynn posa sa main sur mon épaule en signe d’apaisement. Je relâchai l’énergumène malgré moi dans un grognement animal. Il fallait que je me calme pour profiter de ses richesses. Je fis volte-face et m’éloignai du malheureux  en direction du campement principal et de ses échoppes. Autour de nous, le silence n’était rompu que par les milliers de criquets qui chantonnaient en coeur ; un bruit qui participait à entretenir ma mauvaise humeur.

« Fais en sorte qu’il nous accompagne », précisai-je à mon compagnon.

Personne n’avait jamais réussi à me faire sortir de mes gonds avec autant d’efficacité que le fou aux chapeaux. Était-ce une malédiction lancé par Jafar pour me faire perdre la raison ? Si telle était le cas, elle était des plus habiles. Je lançai un regard par dessus l’épaule à l’abruti.

« Et je ne veux pas t’entendre jusqu'à ce qu'on soit arrivé ! »


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Bellada Ward
Mer 13 Mai 2020, 10:06


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« Absolument magnifique ! » Le Chapelier se réjouissait. Il était particulièrement fier de son travail et ne s'en cachait pas : il sautillait d'un pied sur l'autre, applaudissant dans ses petites mains tout en affichant un sourire béat. En tant qu'artiste, il savait apprécier la valeur des choses et ça, c'était une véritable réussite. Ce simple serre-tête parvenait à souligner parfaitement la beauté de l'homme. Aussi le buveur de thé ne compris pas pourquoi son modèle s'emporta autant, lui criant dessus et arrachant son cadeau. Peut-être était-il simplement gêné de se savoir si beau ? Oui, il était sans doute pudique et ne voulait pas que tout le monde le regarde avec autant d'adoration que ce qu'aurait provoqué les oreilles de lapin. « Oh ! Ouhlà ! » Le Fou ne s'était pas attendu à se faire soulever par les mains puissantes de son fantasme vivant. La situation l'intimidait quelque peu... Non pas parce qu'il en mesurait la dangerosité mais parce que la proximité ainsi établie le rendait tout chose... Sans pouvoir se retenir, il esquissa un petit rire embarrassé. « Y'a du monde sous le chapiteau ! » informa-t-il. C'était important de communiquer, dans ce genre de situation. De laisser savoir ce genre de choses. Le petit homme laissa tomber son regard dans celui de l'homme-bête. Il était si proche... L'envie le rongeait... Sans même essayer de retenir sa pulsion, il se pencha légèrement en avant, essayant d'atteindre ses lèvres... Mais, à peine eut-il engagé ce mouvement, Aladdin s'emporta et se mit à le secouer comme une poivrière ! Il fut d'une telle violence que le chapeau du fabricant en tomba à la renverse, révélant un petit cornet argenté. C'était l'une des nouvelles créations du Chapelier : un chapeau qu'il avait sobrement nommé "chapeau de Non-Anniversaire numéro quatre-vingt-dix-huit, coloris sept". Très festif, parfait pour se réjouir d'un tel événement. Il lui avait fallut plusieurs nuits pour parvenir à un tel résultat. Cette création là aussi, il en était très fier.

Enfin, le vaurien relâcha sa cible, qui tomba sur les fesses dans un petit couinement de douleur. La surprise passée, le Chapelier laissa tomber son regard sur le serre-tête. Voir son oeuvre ainsi, dans la poussière, lui brisa le cœur. En fin de compte, Aladdin n'était qu'un gredin ! Vexé, le créateur se mit à quatre-pattes et avança jusqu'à son haut de forme, qu'il récupéra délicatement avant de le dépoussiérer. Une fois fait, il s'assit en tailleur et enfonça le chapeau sur sa tête, jusqu'à ses oreilles, lui bouchant la vue. Boudeur, il croisa les bras sur sa poitrine. « Mph ! » fit-il, montrant là toute sa contrariété. Qu'on ne l'y reprenne plus ! C'était la dernière fois qu'il créait un accessoire d'aussi bon goût pour quelqu'un d'aussi peut reconnaissant ! Jamais plus il n'aurait d'intérêt pour ce goujat ! Il ne lui parlerait plus, ne le regarderait plus, ne l'écouterait plus, ne... « Allez, fais pas ta tête de mule. » « Une mule ? Pensez-vous sincèrement que j'ai une tête de mule ? Quelle drôle d'idée ! Vous avez besoin de lunette, monsieur. Je peux vous en donner, si vous le souhaitez. Parce que moi, j'ai plutôt une tête de - » « Ouai ouai, je sais. » coupa le voleur en s'accroupissant en fasse du Chapelier. « Parfois, Al il peut être un peu tendu mais... Au fond, c'est un bon gars. Regarde le... Avec ce corps de rêve... Ce visage à faire dévergonder les pucelles... C'est un meneur ce mec. Mais du coup, il est un peu furax. Au fond, je suis sûr qu'il s'en veut. Regarde-le, ça se voit tu trouves pas ? » Le Fou releva son chapeau pour récupérer sa visibilité. Il ne vu aucune trace de culpabilité mais son regard se posa sur la petite touffe velue. Elle gigotait sensuellement à chacun des pas de l'ingrat... Le Chapelier soupira. Il ne pouvait pas résister à une jolie queue de lapin. « Alors, tu viens ? » « Bon d'accord... mais... seulement s'il remet les oreilles de lapin. » « Ah ça, je crois que ça va pas être possible... Il... euh... Il a le cuir chevelu sensible. Ça le gratterait trop. Mais si tu veux, je le prends avec nous, comme ça, il pourra l'exposer quelque part. » « D’accord ! » Le pitre se releva et sautilla jusqu'à son nouvel ami.

« D'accord, pas un mot ! » Se disant, il mima le fait de fermer sa bouche à tours de clé - sept tours, pour être précis, comme ses cousins les nains - puis de la jeter par dessus son épaule - avant de courir dans la poussière pour la récupérer, parce que quand-même, ce serait idiot de la perdre et de ne plus jamais pouvoir parler. Le Chapelier sautillait paisiblement derrière le Roi des Pauvres. Régulièrement, des petits objets tombaient de ses poches. La plupart n'avaient pas de valeur : trombone, mouchoir, ruban à cheveux. Mais, parfois, certains sortaient du lot, par leur raffinement ou leur valeur - une plume à écrire majestueuse, une pièce d'or unique frappée du visage de Scar, une montre à gousset... C'était grâce à tout cela que ses amis parvenaient toujours à le retrouver : ils le suivaient à la trace.  Au bout d'un moment, que le voyage commençait à être long, le Chapelier essaya d'attirer l'attention du chef en gesticulant - plus que d'habitude. Il pointa sa bouche, fit mine d'essayer d'écarter ses lèvres sans y parvenir, puis mima l'action de parler avec ses mains : il demandait clairement l'autorisation de reparler. Il avait beaucoup de questions à poser à Aladdin.


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Mer 13 Mai 2020, 19:53


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TURLUTUTU CHAPEAU POINTU



Je m’éloignais du misérable campement qui accueillait ma demeure. Je marchais en tête sans un regard à mes compagnons qui traînaient à l’arrière - sans doute pour me laisser le temps de me calmer. Nous arpentions les sinueux sentiers de terre qui remontaient vers le quartier principal. Je fermai les yeux pour profiter de la tranquillité ambiante sans pouvoir y trouver un quelconque réconfort : les stridulations des sauterelles me ramenaient indéniablement à la réalité. Ces dernières s’étaient propagées comme une maladie virulente, dévorant la végétation alentours. J’observais avec dégoût les champs que des nuées jaunâtres ravageaient sans répit. Cette vision me fit prendre conscience du bien-fondé de la crainte de mes vassaux. Perdu dans le dédale de mon imagination, j’avais préféré m’y cloîtrer plutôt que d’entendre cette inquiétude sourde qui les tourmentait. Il me faudrait sans doute prendre des mesures en conséquence pour aider la communauté à survivre à cette famine ; il était hors de question de les abandonner à une longue et douloureuse agonie. Mon regard tomba sur la lampe magique toujours solidement attachée à ma ceinture ; dans le pire des cas, je pouvais toujours utiliser l’un de mes vœux pour les préserver de ce malheur. J’avais appris par expérience que l’abnégation de soi était une qualité importante pour un souverain - qualité qui manquait cruellement au sultan de mon pays d’origine. Cette épreuve m’avait forgé une épaisse carapace qui me permettait de me dresser contre les injustices. Je serai Prince, il le fallait ; pas tant pour les formes délicates des princesses - bien que cet avantage ne soit pas négligeable - que pour pouvoir défendre les plus fragiles bien trop souvent oubliés par le pouvoir royal.

Mais l’heure n’était pas aux souhaits ; le grand bal du royaume du nord me permettrait sans aucun doute de subtiliser des cargaisons de nourriture. Ensuite, seulement - si je n’avais pas trouvé de solution durable d’ici là - j’utiliserais les pouvoirs du génie. Je n’avais que trois voeux et, si le devoir de sacrifice était une qualité, la précipitation et la paresse étaient d’odieux défauts.

Je tournai la tête au-dessus de mon épaule pour apercevoir Flynn en compagnie de l’aliéné. Je ne pus m’empêcher de sourire à sa vue. Derrière lui, une traînée d’objets en tout genre indiquait le chemin vers le campement. Il me rappelait un conte de mon royaume d'origine où un enfant retrouvait son chemin grâce à des petits cailloux blancs. J’étais sûr que Flynn s’était emparé des biens les plus précieux parmi ceux que l’énergumène avait semés. Je pris quelques instant pour admirer sa progression sur cette route escarpée. Il m’énervait plus que n’importe qui avec ses airs ahuris et, pourtant, je lus dans sa démarche toute la gentillesse de son coeur. Il était différent : plus généreux, plus attentionné, plus sensible. Je me demandai s’il avait de vrais amis ou si - esseulé dans ce monde de brutes - il ne s’était pas inventé des compagnons imaginaires. Qu’avait-il bien pu lui arriver pour qu’il sombre ainsi dans la folie ? Je ressentais une profonde tristesse à mesure que je me figurais les difficultés qu’il avait dû rencontré. Un pincement au coeur m’indiqua que je le prenais en pitié. “Lui aussi, pensais-je, fait partie de cette minorité que je me suis engagé à protéger”.

Nous n’étions pas encore tout à fait arrivé à destination quand je m’arrêtai net. Je ne pouvais plus profiter de cet abruti. Il était faible, simplet et sans défense ; il n’avait pas le profil des victimes de mes larcins. Au contraire, je devais prendre soin de lui. Mais comment s’occuper d’un être aussi fatiguant et irritable ? Y avait-il un moyen de soigner son aliénation ? A nouveau, mes yeux tombèrent sur l’habitacle du djinn. “Est-ce bien raisonnable de consacrer un voeu au bonheur d’une seule personne ?” songeai-je. Contrairement aux apparences, le premier de mes souhaits avait un but philanthrope : en devenant Prince, je pourrais oeuvrer au bien commun. En plus, il avait réussi à se tenir à carreau depuis que nous étions parti ; peut-être un bon médecin pourrait-il assainir son esprit ?

Flynn me rejoignit bien vite accompagné du bouffon avec qui il semblait s’être lié d’amitié. Mon empathie pour cet hurluberlu m’aida à être plus conciliant face à sa dégénérescence mentale. Il commençait à gesticuler dans tous les sens pour attirer mon attention. Je soupirai.

« Qu’y a-t-il ? »

Pourtant, aucun mots ne sortit de sa bouche anormalement close. J’observai ses lèvres qui paraissaient collées l’une à l’autre telles les parois d'une huître qui garde jalousement la pierre qu'elle renferme. Je me tournai vers Flynn qui me lança un regard amusé.

« Je pense qu’il a prit tes mots au pied de la lettre, me confia-t-il

— Très bien, tu peux parler, consentis-je à mi-mots en ayant la sensation d’avoir fait la plus grande erreur de ma vie. Au fait, tu t’appelles comment ? »

Au moins, maintenant Aladdin savait que ce singe clownesque pouvait écouter et obéir. Son cas n’était peut-être pas totalement perdu.

« Discutons calmement en marchant, veux-tu. Nous avons du chemin à faire. »


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Jeu 14 Mai 2020, 07:30


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Dès qu'il en eu l'accord, le comédien s'empara de sa clé imaginaire et commença à la faire tourner entre ses lèvres, le même nombre de fois que précédemment. Une fois ses lèvres descellées, il prit de grandes goulées d'air comme si, en plus d'avoir restreint son flot de paroles, il avait retenu sa respiration durant tout ce temps - ce qui était bien sûr faux, il avait un nez tout à fait fonctionnel, à défaut d'avoir des neurones branchés correctement. Une fois qu'il eût suffisamment respiré, il se retourna face au blond, qui continuait toujours d'avancer : le Chapelier se retrouvait désormais à faire des pas-chasser afin de ne pas se faire distancer. « Oh oui, oui oui, tu as tout a fait raison. Rester calme, c'est important. C'est ce que je dis toujours. Quand on s'énerve, mieux vaut respirer un bon coup. Ou alors péter. Dans un cas comme dans l'autre, il faut laisser l'air circuler. C'est ça le secret, tu ne crois pas ? Tu as besoin de péter toi ? Si c'est le cas vas-y, ne te retiens pas. On est en plein air. On aurait été dans la tente, ça aurait été une autre histoire. Mes pets à moi sentent la rose mais tout le monde n'a pas cette chance. Ils sentent quoi, tes pets, à toi ? Le chocolat ? La cannelle ? Le caramel ? L'herbe ? Ooooh non je sais ! La carotte ! Je suis sûr qu'ils sentent la carotte ! J'ai pas raison ? Si j'ai raison ! HAHA JE SUIS TROP FORT ! » scanda le Chapelier en exécutant un petit saut de côté tout en se dandinant en l'air, les bras levés bien haut. Il avait l'air triomphal de quelqu'un qui venait de découvrir l'une des vérités les plus importantes de l'univers. « Enfin bon. Ne te retiens pas, l'ami. Parce que, qui ne pète, qui ne rote, fini un jour par exploser. BOUM BIM BOUM ! Hahaha ! » Il avait à nouveau brandit les bras au-dessus de sa tête pour imager une explosion. Au même moment, une dizaine de glands étaient sortis de son chapeau, volant dans les airs comme s'il avait véritablement fait POUF. Une erreur de calcul puisqu'il avait dit faire BOUM : quelque chose d'encore plus violent, qui sort des tripes et qui fuse jusqu'au sommet des tepees. Ceci dit, Aladin lui avait dit de rester calme, alors ce n'était pas plus mal. « Ou si tu préfères te calmer autrement, on peut faire quelque chose d'autre. La fumette, ça me connait. Là d'où je viens, ça se faisait souvent. Et puis, en plus, j'ai pratiqué avec un expert. Hugo, un papillon. Malheureusement, il est mort. C'est son fils qui a repris le flambeau depuis, mais c'est plus la même chose depuis que ce bon vieil Hector est plus là... Tu as déjà rencontré Hamias ? Je suis certain que tu aurais adoré Honoreas. Si tu préfères, on peut aussi te masser. Les épaules, le dos, les mains, les fesses, le pompon, les jambes, les pieds... Ce que tu veux. Mais là, j'ai moins d'expérience. »

Le bavard cessa de sauter de côté pour reprendre une marche normale, face à la route. Il sembla réfléchir un instant. Sans doute essayait-il de se souvenir de ce qu'il voulait dire à l'origine. Cette idée là était sans doute perdue à jamais mais il se souvenait de la question que lui avait posé Al'. « Je suis le Chapelier ! Et toi qui es-tu ? » Il attendit un peu la réponse avant de reprendre. « Et où qu'on va hein ? Vous avez besoin d'un destrier ? Si le tapis vous a pas plus, je peux vous trouver un canard de course ! Ou alors un criquet qui croustille. » proposa-t-il en attrapant un insecte qui bondissait devant lui. « Oh, et vous saviez qu'il existe un filtre d'amour qui rend amoureux la personne qui le bois ? C'est mon amie la souri qui m'en a parlé. Il existe aussi un médaillon qui peut t'empêcher de mourir. Ou sinon, il y a ce livre, qui vous fait apparaître devant vous la personne que vous aimez vraiment. Je sais pas qui apparaîtrait. » Sans doute Gille. La seule personne qui avait vraiment compté, dans toute cette histoire de sabots et de poils. « Vous savez vous ? »


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Sam 16 Mai 2020, 16:20


Livre de Contes

TURLUTUTU CHAPEAU POINTU



Mes soupçons se confirmèrent bien vite. La voix de l’hurluberlu brisa le silence dans un flot de paroles insensées. Mes derniers mots avaient marqué son esprit simplet. Il oublia immédiatement les pensées qui le traversaient quelques secondes auparavant pour se concentrer sur ce seul mot qui avait capté toute son attention. Les idées devaient se bousculer dans son maigre cervelet, associant des images sans queues ni têtes à la thématique de sa tirade : le calme, l’air et son effet dans l’organisme. Étrangement, je ne m’énervai pas devant ce comportement complètement déplacé. Ma prise de conscience sur l’isolement et la bêtise de cet individu m’empêchait de ressentir la colère qui tambourinait pourtant dans mes tempes à chacune de ces précédentes interventions. Était-ce là ce que l’on appelait l’empathie ? Ses dernières sottises réussirent même à me décrocher un sourire.

Des bruits de crissements raisonnèrent derrière moi. Je me retournai pour apercevoir l’énergumène exécuter une série de sauts, agitant fièrement ses petits bras fébriles. Je m’étonnais de toute l’énergie dont il pouvait regorger malgré son âge avancé. Mes yeux se posèrent sur Flynn qui haussa les épaules en signe d’impuissance. Nous le laissions réaliser ses cabrioles, ralentissant le rythme de notre marche. Nous n’étions plus très loin du campement principal, aussi nous fallait-il faire profil bas. Nous n’étions pas vraiment les bienvenus ; nos silhouettes étaient connues des marchands et des gardes qui nous chassaient à vue. Nous devions élaborer une stratégie pour nous infiltrer sans attirer l’attention mais, avec le bouffon sur nos traces, l’opération risquait d’être compliquée. Mon plan consistait depuis le départ à laisser le clown faire diversion pendant que nous dérobions de somptueux vêtements pour le bal. Pourtant, un mauvais pressentiment secouait mes entrailles. J’hésitai tout à coup. Le demeuré ne risquait-il pas de dévoiler notre position par ses imprévisibles extravagances ?

Depuis qu’il avait récupéré sa liberté d’expression, le toqué ne s’était pas arrêté de discourir. Il évoquait des amis saugrenus qui ne devaient prendre vie que dans son imagination fertile. Avait-il remarqué que chacun des noms qu’il citait commençait par un H ? Sans doute était-ce lié à un profond traumatisme qui l’avait marqué inconsciemment. Je ne préférai pas le lancer sur le sujet. J’avais trop peur de le confronter à une dure réalité - ou de perdre de précieuses minutes à l’écouter radoter sur le sens de la vie.

Dans un sursaut de lucidité, l’androgyne se présenta en m’indiquant son métier. C’était assez spécial de se définir ainsi mais cela ne m’étonna guère de la part de cet étrange individu. Il devait particulièrement apprécier son activité s’il la revendiquait aussi fièrement. Hélas, la folie avait dû avoir raison de sa boutique car je n’en avais jamais entendu parlé. Pourtant, mes larcins m’avaient amenés à visiter la majorité des échoppes du Royaume de Hou-Hou. Cela expliquait également pourquoi il se baladait avec un nombre invraisemblable de couvre-chefs tous plus aberrants les uns que les autres.

« Je suis Aladdin, Prince des Voleurs. », indiquai-je plein d'orgueil.

Bien que les membres de la Confrérie n’appréciaient pas réellement que je m’attribue ce titre, mon comparse ne parut pas s’en indigner.

« Moi, c’est Flynn ! » s'exclama le bandit en affichant un sourire radieux.

C’était la discussion la plus saine que j’avais eu avec ce félé du ciboulot jusqu’à maintenant. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Le dingo recommença à déblatérer des propos incohérents à propos d’objets aux pouvoirs surnaturels. Si je savais que ces histoires loufoques n’étaient sans doute que du flan, je ne pus m’empêcher de tiquer à l’énonciation du filtre d’amour. Si cette potion existait, elle me serait fort utile pour parvenir à conquérir le coeur de l’une des princesses. Je décidai de m’enquérir de son hypothétique localisation. Je ne perdrais rien à y jeter un coup d’oeil plus tard.

« A tout hasard, votre amie souris vous a-t-elle indiqué où trouver ce filtre d’amour ? »

Flynn me regarda bizarrement. J’aurai sans doute réagi de la même manière à sa place. Il songeait peut-être que la folie du psychopathe était contagieuse.

« Et pour votre gouverne, nous allons faire une petite virée au campement principal avant d’aller au Bal. C’est qu’il faut être bien apprêté pour ce genre de soirée mondaine, précisai-je à l’aliéné à la tenue fantasque. Pour le moyen de locomotion, nous verrons plus tard. Pour l’instant, nous devons nous faire discret. »

J’insistai bien sur ce fait, en espérant ne pas déclencher une tirade sur les aveugles. A moins qu’à l’instar d’une ancienne fable racontée de mon pays natal, il me proposera un vêtement imaginaire me conférant une prétendue invisibilité. Sauf que, contrairement au mythe, je ne comptais pas me balader complètement nu en plein milieu du quartier marchand.

« Ah d'ailleurs maintenant que j'y pense, on m'a dit que les gens chez qui nous allons adorent les chapeaux. Ça vous dirait de prendre un peu d'avance pour leur exposer vos plus belles créations ? Bien évidemment, il faudra leur faire un superbe spectacle afin de les épater ! Nous vous rejoindrons plus tard pour leur faire une surprise. Bon bien sûr, quand on reviendra il faudra courir. C'est une sorte de jeu qu'on a avec eux, un cache-cache géant. Qu'en dites-vous ? »

J'espérais qu'en présentant les choses ainsi il les comprendrait plus facilement. Peut-être même y trouverait-il un certain amusement ?


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Bellada Ward
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Bellada Ward
Lun 25 Mai 2020, 08:05


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Turlututu chapeau pointu

« Oh oui, elle me l’a dit ! » avait répondu le Chapelier. Le souci, c’était que sa mémoire était défaillante. Ou disons plutôt que son cerveau ne s’embarrassait pas de détails superflus, il ne retenait que l’essentiel. Tant qu’il ne décidait pas qu’il voulait partir à la recherche de cette fiole, se souvenir de sa localisation était tout simplement inutile, n’est-ce pas ? Fort heureusement, son amis le loir avait une bien meilleure mémoire que lui. Enfin, lorsqu’il n’était pas accroché à sa bouteille, l’esprit trop embrumé par les effets de l’alcool. Et ça, c’était quelque chose de rare. Le petit homme ne semblait cependant pas alerté par ce risque. Si ce n’était pas le loir, ce serait quelqu’un d’autre, qui aurait été plus attentif et qui pourrait le guider jusqu’à bon port. « Vous êtes intéressé ? Il y a quelqu’un qui doit tomber amoureux de vous ? » voulut savoir le curieux bonhomme.

« Un bal ? Quel bal ! Moi j’adore les bals ! » C’était un endroit fantastique pour rencontrer beaucoup de gens et surtout, admirer leurs chapeaux ! Et puis bien sûr, on pouvait y bavasser, échanger quelques pas de danse et picoler jusqu’à plus soif ! Son ami le loir aimait particulièrement s’y rendre pour cette raison. Souvent, il se retrouvait ivre mort sous la nappe, entouré de plusieurs bouteilles vides. Peut-être qu’ils pourraient s’y retrouver là-bas, et qu’il pourrait lui montrer où se trouvait la fiole ? « Oh oui, il faut être tout beau ! » affirma le Chapelier. Il avait vu plusieurs personnes se voir refuser l’entrée à cause d’un vilain haut de forme ou d’une cravate de mauvais gout. « Oh oui oui oui ! Discret ! Je sais être discret ! » Comme pour prouver qu’il avait tort, le comique se mit à faire de grands pas, pour essayer de faire le moins de bruit possible. Malheureusement, ses souliers se mirent à couiner. Chacun de ses pas se terminait sur une brindille qui craquait ou un tas de feuilles mortes, comme s’il essayait de faire le plus de bruit possible. Le summum de la discrétisation fut lorsqu’il effectua une roulade, lourde et peu agile, devant presque ramper jusqu’à un rocher pour pouvoir se relever – cette bêtise lui avait d’ailleurs sali le veston, il était recouvert de poussière. Ses pitreries se terminèrent lorsque le blond lui parla d’une partie géante de cache-cache. « Oh oui, je veux jouer ! J’y vais de ce pas ! » Et puis, si ces gens adoraient les chapeaux, il ne pouvait s'agir que de véritables amis !

Tout excité par l'idée de discuter avec des inconnus, le Chapelier se mit à trottiner pour prendre de l'avance. Il arriva au village, près d'un regroupement de tepees. « Mes amis ! Mesdames et messieurs les amateurs de chapeaux ! Je viens ici avec une importante nouvelle ! » Il s'était exclamé d'une voix forte, pour être certain d'attirer l'attention des villageois. Son stratagème fonctionna puisque tous les regards se braquèrent sur lui. « Le roi de Hou-Hou organise UN GRAND BAAAAAL ! HAHAHA ! Et pour cela, il nous faut des chapeaux ! Beaucoup de chapeaux qu'en dites vous ?! Quoi ? Pourquoi pleurez-vous mademoiselle ? VOUS AVEZ MANGÉ TROP DE FROMAGE ?! Vous m'en avez laissé j'espère ! » La jeune fille de qui l'homme s'était approché écarquillait les yeux avec un air incrédule. Elle s'essuya le nez avant de reprendre d'une voix pâteuse. « Non c'est... C'est... Les criquets... Ils ont mangé toutes nos provisions... Nous n'avons plus rien... Rien pour nous nourrir... Rien à vendre... » « Se nourrir ? Vous avez un petit creux ? Vous voulez un encas ? J'ai ce qu'il vous faut ! » Le petit homme sautilla vers une souche d'arbre mort. Il se racla la gorge puis s'accroupit subitement, se mettant à fouiller entre les racines. Il en retira une nappe qu'il étendit, ainsi que le nécessaire à thé et quelques assiettes de gâteaux. « Voilà, maintenant reparlons de ce qui est vraiment important : la princesse Pocahontas a-t-elle vraiment les pieds plus larges que Kocoum ? » Personne n'écouta la dernière réplique du Chapelier : tous s'étaient rués sur la table à dessert qu'il avait improvisé. Ces gens manifestaient un tel entretint qu'il ne pouvait s'agir que d'une chose ! Il y avait un non-anniversaire à célébrer. « C'est votre Non-anniversaire ? Le mien aussi ! Comme c'est amusant ! Chantons tous ! Uuuuuun joyeux non-anniversaire ! A qui ?! » Le vieux-jeune homme - on ne savait jamais trop comment le décrire, il était dans cette période d'entre deux où les seniors le trouvaient encore jeune et où les plus juvéniles le traitaient de Vieillard - s'était penché vers l'un de ses voisins pour le pousser à reprendre la chansonnette. Malheureusement, l'inconnu le regarda bizarrement et se contenta de tourner les talons pour le contourner et avoir accès au buffet gratuit. Ce manque de réaction sembla contrarier le Chapelier. « Quoi ? Tu ne veux pas célébrer mon joyeux non-anniversaire ?! EH BIEN JE T'EMBISTROUILLE ! ESPÈCE DE GUEUS ! BANDE DE MALFAMÉS ! TOUT CA PARCE QUE LES CHAUSSETTES DES SA MAJESTÉ N'ÉTAIENT PAS SÈCHES ! Vous voulez du gratin ? Je peux vous en faire si besoin. On a des cailloux pour en mettre dedans. » Les villageois, qui avaient été si prompts à se jeter sur le repas, regardèrent la nourriture avec un air alerté : était-ce une indigestion qui le rendait aussi loufoque ? Allait-il leur arriver la même chose ? « Je dois m'en aller ! J'ai une commande de chapeaux à réaliser. A moins que ce soit une commande de tapis ? Je ne sais plus ! Buvez en mon honneur ! Et surtouuuut... UUUUUUN JOYEUX NON-ANNIVERSAIRE ! » Le chapelier s'en alla à nouveau par le même chemin qu'il était arrivé, sautillant avec bonne humeur.

Une fois à bonne distance du campement, il retrouve Aladin et son ami. « Oh ! Ce sont des très beaux pantalons que vous avez là ! Avez-vous besoin d'une culotte pour mettre sur votre tête ? Je suis sûr que ça habillera votre regard de mystère... Croyez-moi, j'ai de l'expérience dans ce domaine : je suis un Chapelier. » Il avait une fierté manifeste envers sa profession. « Alors ! Où allons-nous ? Hou-Hou nous attends pour ses bals endiablés au son des tamtams ! » Se mettant déjà dans l'ambiance, le petit homme se mit à d'écrire des cercles autour du duo, chantant tout en tapotant sa main contre sa bouche.


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Dim 07 Juin 2020, 14:12


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TURLUTUTU CHAPEAU POINTU



Les remarques du Chapelier fusèrent. Il parlait beaucoup. C’était assez difficile de mémoriser l’ensemble de ses observations et interrogations. Aussi, choisis-je de ne répondre qu’à la dernière : de toute façon, je doutais qu’il soit en mesure de se rappeler ce qu’il venait d’énoncer tout haut.

« Faites quand même attention à vous ! »

Il s’élança au trot, marquant des cabrioles à intervalles régulières. Il nous dépassa sans grande difficulté - d’autant plus que nous ralentissions le pas pour ne pas être repérés. Il disparut à l'horizon.

« Eh bien, c’est un sacré énergumène ton ami. Tu l’as trouvé où ? m'’interrogea Flynn

— C’est plutôt lui qui m’a trouvé. Il a débarqué sous ma tente sans prévenir. Il courrait après un insecte, je crois. Et puis après, il s’est senti chez lui et a prit ses aises…

— J’espère que t’étais pas occupé avec ta main droite quand il a fait son entrée, ironisa mon compagnon

— Tu sais très bien que moi j’ai besoin des deux, continuai-je sur le ton de la plaisanterie

— Vantard ! C’était quoi d’ailleurs cet intérêt pour un philtre d’amour ? T’as une cible en vue mon gars ?

— Pas spécialement mais c’est le genre de trésor dont il vaut mieux s’emparer, mentis-je

— T’as pas tord. La magie c’est toujours mieux quand c’est de ton côté. C’est pour ça que t’as choppé cette lampe, n’est-ce pas ?

— Ouaip ! Mais je reste prudent quand même, il est un peu louche le Génie. Bah tu l’as vu tout à l’heure, il est un peu fêlé lui-aussi.

— J’ai cru voir ça. Mais bon, au moins il t’obéit.

— Il parait, indiquai-je en haussant les épaules. Bon allez, dépêchons-nous avant que les habitants se détournent de notre diversion.

— Oh le connaissant, ils ne sont pas prêts de s’en débarrasser de sitôt, se moqua Flynn. Mais tu as raison, allons y !»

Nous approchâmes du campement à pas de loup. Comme je l’avais imaginé, le Chapelier avait détourné tous les regards. Il criait à la cantonade, proférant des phrases plus extravagantes les unes que les autres. Je ne pus m’empêcher de rire lorsqu’il évoqua le bal en se trompant de Royaume. J’imaginais très mal Powhatan organiser ce genre d’événement. Entre l’invasion des barr-barrs et les sauterelles qui dévoraient les champs, prévoir une fête somptueuse aurait davantage pour effet de conduire à la révolte que de pousser à la réjouissance. Le chef avait beau être minable, il n’était pas aussi stupide.

Un signe de la main me suffit à indiquer à Flynn que nous devrions nous séparer. Il était toujours plus facile d’être discret lorsque l’on se déplaçait seul. En nous divisant, j’avais aussi l’espoir que nous couvrions plus de terrain, plus rapidement. Enfin, l’avantage était que si l’un de nous se faisait prendre, il créerait une nouvelle diversion qui faciliterait le travail de l’autre. Le vol organisé n’était pas ma discipline préférée ; l’improvisation correspondait davantage à ma façon de fonctionner. Néanmoins, si cette méthode était réalisable en solo, les rapines d’équipe devaient être soigneusement préparées. Nous avions également besoin de communiquer facilement entre nous durant toute l’opération. Ainsi, une dizaine d’années auparavant, Cassim, Flynn et moi avions conçu un langage secret : « le Jargon de la Confrérie ». Il s’agissait en réalité d’une langue uniquement constituée de gestes et d’inflexions. Connue des seuls membres de la Confrérie, nous la modifiions régulièrement afin qu’elle ne pût être déchiffrée par les profanes.

Je me faufilai de tente en tente pour parvenir jusqu’à une échoppe. Là, je me glissai entre les deux toiles tendues qui isolaient l’intérieur et l’extérieur de l’habitat. Ma taille de guêpe me permit de me mouvoir aisément dans cet espace étroit. Je contournai ainsi le magasin jusqu’à l’arrière boutique où étaient généralement entreposées les pièces de plus grandes valeurs. Du bout de ma dague, je perçai le tissus pour jeter un premier coup d’oeil à l’intérieur : personne. Le discours du fou avait dû attirer le marchand sur le seuil de sa boutique. Je profitai de cette aubaine pour élargir l’ouverture afin de me glisser dans la pièce.

Il y avait une multitude de caisses entreposées en cet endroit. Heureusement pour moi, le commerçant était une personne organisée : il avait rangé les vêtements selon la taille de ses clients. Je me dirigeai vers ceux qui convenaient à ma morphologie et fouillai afin de dénicher une pièce rare. Je ne tardai pas à tomber sur une tenue en lin blanche et or. L’habit était de bonne qualité et me permettrait de pénétrer aisément le château de GRRAAAA par la porte principale. Je glissai l’étoffe dans mon sac et - n’oubliant pas mes compagnons - récupérai des pièces plus ou moins adaptées.

La fuite fût un peu plus compliquée. Alors que je quittai la pièce, le propriétaire fit volte-face. Il repéra mon ombre sur le sol et s’élança à ma poursuite. Heureusement pour moi, j’eus le temps de tailler une échappée à travers la toile. Il se résigna à me pourchasser - les camelots avaient toujours du mal à abandonner leur bazar - et préféra appeler ses compagnons à l’aide.

« AU VOLEUR ! AU VOLEUR ! IL S’ENFUIT VERS L’EST ! RATTRAPEZ LE ! »

Son cri fut repris çà et là par les habitants. J’accélérai le pas pour ne pas me faire prendre. Finalement, cette nouvelle diversion permettrait peut-être à Flynn de récolter un beau butin. Arrivé face à un petit ravin, je m’élançai en contrebas. Une flexion des genoux suivie d’une roulade permit d’amortir ma chute. Serpentant entre les arbres à flanc de montagne, je finis par disparaître dans l’une de nos caches, dissimulée parmi les rochers. Nous avions pour habitude de nous retrouver ici et je ne doutai pas que le voleur me rejoindrait lorsqu’il aurait fini.

« Eh bien ! Tu t’es fait remarqué, Al’ ! railla mon acolyte

— Ça t’a permis de pas te faire prendre, rétorquai-je. Et m’appelle pas Al’, je te l’ai déjà dit ! »

Cela me fit du bien d’entendre sa voix ; je commençai à me demander s’il ne s’était pas fait prendre. Sur ses pas, je remarquai la silhouette du Chapelier.

« Bon, alors comment ça s’est passé là-bas ? Ils ont été gentils avec vous ? Par contre, le bal où nous nous rendons n’est pas à Hou-Hou mais à GRRAAAA. Tenez, je vous ai trouvé des vêtements - et même un chapeau », lui indiquai-je en lui offrant une tenue verte et violette provenant de mon larcin. Je lui tendis également un chapeau ridicule en forme de flamant rose - j’étais convaincu qu’il apprécierait. Pourtant, à l’énonciation du royaume de GRRAAAA, son regard avait changé ; une étincelle de peur avait brièvement pénétré son regard empli de folie.

« Si vous préférez, on peut se séparer ici et je vous donne une mission super secrète ? Genre trouver des informations sur le philtre d’amour dont vous m’avez parlé ? »

Flynn m’observa avec stupéfaction avant de comprendre mes intentions. A travers notre langage commun, je lui avait indiqué ce que son bon sens ne lui avait pas permis de discerner : si le Chapelier était mal à l’aise et nous accompagnait, nous risquions de devoir gérer de lourdes crises et - le connaissant - je n’en avais pas envie. Je préférais lui donner l’opportunité de retourner à son monde imaginaire le ramenant vers le loir - à moins que ce ne soit une souris ? - qui lui avait conté cette fable enfantine. Et qui sait ? Peut-être n’avait-il pas menti et serait-il capable de trouver la potion ? Dans tous les cas, cette seconde option paraissait beaucoup plus avantageuse - pour le fou, comme pour moi-même.



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Mar 23 Juin 2020, 09:11


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« Oh oui oui. Ces gens étaient tout à fait charmants ! Quoi que, un peu bizarre, si je peux me permettre : ils ne semblaient pas connaître la chansonnette du joyeux non-anniversaire. Mais à part ça, c'étaient des gens bien. Ils m'ont même invité à prendre le thé et le goûté avec eux ! C'est la preuve qu'ils ont un bon font, malgré leur manque flagrant d'éducation. » L'expression "l'hôpital qui se moque de la charité" vous est-elle familière ? Eh bien, en voilà un parfait exemple. La dernière introspection du Fou devait remonter à plusieurs décennies. Ou bien peut-être était-ce juste de la mauvaise foi ? Non. Il était bien trop simplet et spontané pour ces choses là. Il ne se rendait simplement pas compte qu'il incarnait en fait ces caractéristiques qu'il attribuait à autrui. «  Peut-être les recroiserons-nous au bal, et que nous pourrons tous danser ensemble. » Les gens d'ici avaient des danses tout à fait amusantes, que le vieux Fou appréciait tout particulièrement. Il s'y amusait bien plus qu'à la valse ou tout autre danse de salon qui se pratiquait à Grraaa. Et puis, ces danses-là impliquaient généralement bien plus de contact physique, chose qu'il adorait puisqu'il était d'un naturel plutôt tactile. Il était donc impatient de pouvoir y participer !

Son impatience retomba bien vite en entendant la précision du blondinet. «  À Grraaa ? » répéta l'excité d'une voix timide. Ses yeux s'étaient écarquillés, leur lueur amusée et malicieuse se faisant engloutir par un voile sombre. Celui de l'appréhension. Il n'était plus du tout amusé. Sa bouche s'était légèrement entrouverte en une mine ébahie. Il n'avait pas hâte. Pas hâte du tout. « Je... Hum... » Il ne trouvait plus les mots. C'était dire dans quel état de choc il était : le Chapelier trouvait toujours quelque chose à dire. Souvent des âneries, mais il était très compliqué de le faire taire, comme l'avait expérimenté le roi des voleurs. Voilà pourtant, qu'après tout ce temps, il y était parvenu.

Le cadeau qu'Aladdin donna à son larbin lui remonta cependant le moral. Il adorait les vêtements ! Comment avait-il deviné ?! Et puis, ces couleurs ! Elles étaient PAR-FAITES ! Elles allaient sublimer son teint ! Le violet et le vert étaient ses couleurs préférées depuis toujours ! Il aimait toutes les couleurs, ceci dit. Enfin, toujours était-il qu'Aladdin avait deviné ses goûts à la perfection ! Et puis, il n'osait même pas parler du SUPERBE chapeau qu'il lui avait dégoté ! Lui-même n'aurait jamais pu confectionner quelque chose d'aussi raffiné, même avec ses petits doigts de Fae. Son nouveau patron le connaissait si bien ! C'était un signe évident : ils étaient devenus des supers copains pour la vie ! Et ça, ça rendait le Chapelier heureux ! Il avait retrouvé son sourire et s'était remis à sautiller de partout, traînant derrière lui ses nouveaux habits. « Je vais les mettre de ce pas ! » Aussitôt dit, aussitôt fait : le bonhomme commençait à se dévêtir pour pouvoir parader avec sa nouvelle tenue. Il mis la chemise à l'envers, essaya d'enfiler la jambe droite dans la gauche - mais s'en rendit vite compte à cause du déconfort qui en résultat - et finit par nouer la veste du costume autour de sa taille. Il plaça le Flamant rose par dessus son haut de forme comme s'il s'était agit d'une couronne royale. « Eeeet VOILA ! Alors, comment me trouvez-vous ? J'ai du Panache, n'est ce pas ? Je suis encore plus flamboyant que le perroquet de Crochet ! Encore heureux, ceci dit : il est mort il y a plus d'une semaine. Je suis sûr que ses plumes ont perdu de leur éclat. » C'était, visiblement, une fatalité encore plus terrible que son décès.

Le Chapelier retrouva ce qui lui servait de sérieux : il s'immobilisa un quart de seconde et grimaça une mine concentrée, qui ressemblait étrangement à la tête que ferait quelqu'un en essayant de se retenir de courir jusqu'aux toilettes. « Mmh oui, c'est sans doute une meilleure idée. » approuva-t-il. Le soulagement était palpable. « Et puis, il vous faut quelqu'un de confiance pour cette mission importante ! » Il frappa brusquement son poing sur sa poitrine, à l'emplacement de son cœur, si puissamment qu'il se fit lui-même vaciller. « Je suis votre homme ! Comptez sur moi, les amis ! Je m'en vais pour cette noble quête, en compagnie de ma redoutable armée ! » Le Chapelier fit apparaître un balais au bout duquel une tête de cheval avait été vissée. Il passa une jambe de chaque côté du manche puis commença à trottiner. « À la revoyure, les copains ! Vous allez me manquer ! » Il leur envoya un baiser de la main puis les salua de façon frénétique. « HUE CANASSON ! » Et ainsi commençait son long périple.


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