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 Avant que le ciel n'explose | RD - Artefact

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Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

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◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Lun 04 Mai 2020, 20:47

Avant que le ciel n'explose


Lorsque Ratcliffe revint au camp, personne ne lui demanda la façon dont s'était passé son entretien avec la Méchante Reine.  Ça n'était pas la peine. L'irritation se lisait sur son visage et laissait clairement deviner qu'il n'avait pas obtenu ce qu'il désirait. Descendant de sa monture, le Gouverneur confia l'animal à l'un de ses hommes tandis qu'il se dirigeait à pas rapide vers sa tente en faisant signe à un autre de le suivre. « Les autres ne sont pas encore revenu ? », commença-t-il d'un ton sec. « Si, James et Klark sont arrivés peu de temps avant vous Gouverneur Ratcliffe. » - « Très bien, j'irai les voir plus tard. », fit-il en se débarrassant de sa veste. « J'imagine qu'on ne devra pas compter sur la Reine, n'est-ce pas ? », se risqua tout de même à interroger le colon. Le Gouverneur fit claquer la langue sur son palais avant de répondre. « Je ne veux plus jamais entendre parler de cette harpie. ». Un peu plus à l'aise, il quittait la tente et posait un œil sur le campement. La palissade était bientôt achevée, ce serait un soucis en moins. Ils pourraient ensuite s'inquiéter du confort et des vivres. Ils en avaient encore assez en réserve, mais ils n'étaient jamais à l'abris d'une infection ou d'un parasite. En même temps que le programme défilait dans son esprit, il s'avançait à travers le camps, rejoignant d'abord la réserve de nourriture. Un coup d’œil rapide sur les tonneaux et il comprit la façon dont ses hommes les avaient ordonnés afin de mieux s'y retrouver. Il se saisit d'un feuillet posé sur l'un d'eux, coincé sous une pierre. Quelques notes et des ratures décoraient la feuille. Un rictus se dessina sur son visage avant qu'il ne fasse demi-tour. Ils n'avaient indiqués aucune modification quand aux barriques de vin. Il ne fallait pas être idiot pour voir - ou sentir plutôt - que l'une avait déjà été ouverte, contrairement à ce qu'ils voulaient faire croire. « Il y a des erreurs. Vérifiez que le vin ne soit pas le seul élément que l'on ait omit de prélever dans l'inventaire. », fit-il en tendant le papier au colon. Puis, sans lui laisser le temps de la réponse, il quitta la remise et se dirigea vers la tente suivante. Deux hommes s'y trouvaient et déballaient les armes pour les entreposer de façon plus convenable et sécurisée que dans les caisses dans lesquelles elles avaient voyagé. « Et bien. Nous devrions pouvoir nous en sortir avec ça. », fit-il en s'approchant des colons. « Gouverneur ? » - « Ouai, mais c'est dommage que nous n'ayons pas de canons. ». La réaction de chacun des hommes étaient littéralement opposée. Quand l'un ne s'attendait pas à la visite du chef de camps, l'autre, l'air blasé, s'incommodait d'un manque d'artillerie lourde. « Les canons nous aurais drastiquement ralenti, que ce soit dans le voyage comme pour la construction du camp. Néanmoins la remarque est pertinente. », fit le Gouverneur en se saisissant de l'une des armes. Il ne put en dire avantage.



Ratcliffe levait le nez au ciel. Il était affreusement couvert d'une épaisse couche de nuage menaçante et l'air pesant et humide annonçait une seul chose : un orage allait bientôt éclater et ce dernier serait probablement d'une violence inouï. C'en était presque effrayant. Son esprit se détourna de la météo à venir au son des tam-tam. Il se passait quelque chose au village. Quelque chose d'important. Lançant une dernière fois le filet, il tirait ce dernier et récupérait les poissons s'y étant coincé dans les mailles, les ajoutant avec les autres dans le panier d'osier, avant de revenir avec le reste de la tribu. Son regard glissa sur la totalité des membres, tandis qu'il allait ranger le filet et installer le panier dans les réserves piscicoles. Alors il revint auprès des siens, la mine aussi inquiète que son peuple sans pour autant savoir ce qu'il se tramait. « Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi est-ce qu'on nous a demandé de nous rassembler ? », interrogea-t-il enfin l'un des chasseurs de la tribu. « Tu ne sais pas ? Cochise a eu une vision des dieux. Apparemment c'est assez grave et nous concerne tous. ». Le visage du pêcheur se fit plus grave. Le messager des dieux était plus écouté encore que le chef du village et les signes divins qu'il recevait n'était contesté par personne en ces terres. Du moins, presque personne. Les hommes blancs ne croyaient pas aux paroles du Shaman et se moquaient ouvertement de ses rites. Après quelques incantations, des volutes de fumées commencèrent à s'élever depuis l'immense foyer de flamme, brûlant d'un feu éternel au centre du village, ces dernières s'animant au fil des paroles du vieux sage qui s'exprimait d'une voix lente. « Ce matin, les dieux m'ont parlés. Ils m'ont fait part de la tragique trahison de l'homme pâle. Son Orgueil et sa Convoitise l'emmène toujours plus loin sur nos terres. A chacun de ses pas il décime et anéanti ce que notre Mère, la Nature, nous a offert mais que ses yeux, aveuglé par la Vanité, n'arrivent plus à voir. ». Des murmures effarés et indignés s'élevaient à travers la foule, mais d'aucun ne s'aventura à couper le Shaman. Pas même Atahualpa, le chef du village. « Nous-même fermions les yeux sur leur exactions et leur cruauté avec lâcheté. » - « Mais c'était pour sauver notre peuple ! », s'insurgea alors une voix. Un sourire apaisant se dessina sur le visage du vieux sage tandis qu'il se dirigeait vers la jeune femme. Nanabah avait le courage des grands guerriers, l'insolence de la jeunesse et la sagesse de ses aînés. Elle avait réussi à établir une forme de pacte de non-agression avec ces envahisseurs. Elle avait été la première à voir l'Envie qui les caractérisait. Aussi, rapidement, elle avait fait en sorte d'établir un contact avec eux afin de garantir la sécurité des siens, quitte à sacrifier leur territoire. Le Shaman s'avança vers elle et posa une main tendre sur son épaule. « Et nous te sommes tous redevable pour les risques que tu as pris pour nous, mon enfant. Néanmoins, viendra le jour où la terre se tarira sous leur pied. Et où crois-tu qu'ils ailleront chercher ? ». Alors que la jeune femme se mura dans un silence désespéré, les chuchotements alentours se firent plus important, plus angoissés. « Cherches-tu as dire qu'ils ignoreront le pacte que nous avons établi ? », questionna Atahualpa. Le Shaman baissa un instant la tête, le regard triste, avant de reprendre. « Pour l'homme blanc, nos vies ne valent pas plus que la terre qu'il piétine sans remord, mon frère. C'est un miracle qu'il ait été respectueux de ce pacte jusqu'alors. Mais sous peu, ses pas le mènerons jusqu'à nous et il fera couler le sang de nos frères, et de nos sœurs. Il égorgera  nos hommes sans une once de pitié, jettera nos enfants dans les rivières sans amertume et profitera de nos femmes comme de la simple marchandise. ». De angoissé, ce fut la panique et la colère qui s'installa chez la totalité des membres de la tribu. « On ne peut pas les laisser faire ! » - « Il faut les exclure de nos terres ! » - « Et les tuer au lever du soleil ! ». Le regard du chef se posait sur chacun des habitants dont la rage enflait à mesure que tous prenaient la parole. « Silence ! », clama-t-il soudain en écartant d'un geste vif les bras, coupant net la parole aux villageois, avant de se tourner vers le vieux sage. « Cochise, n'y-a-t-il donc aucune autre solution que la guerre ? ». Il se souvenait des premières prédictions du Shaman à propos de ces hommes à la peau de lys. Il avait évoqué les armes qui crachaient les flammes et le tonnerre. Il avait évoqué les bêtes longilignes, monture de ces envahisseurs qui galopaient au vent. Il avait évoqué les hommes de fer et leur dard de métal. Ils possédaient également panoplie d'armes, eux aussi. Mais, lorsqu'il y réfléchissait, quelque chose lui soufflait qu'il perdrait de nombreux hommes dans un affrontement contre cette race de sauvage sans cœur. « Hélas, mon cher Atahualpa, les seuls mots qu'il semble encore entendre sont ceux du Vice et de la Mort. ». Comme un écho funèbre et fatal à ces paroles, le tonnerre retenti au loin. Dans un mouvement à l'unisson, tous levèrent le visage vers l'horizon. Après un court silence, Atahualpa reprit la parole. « Les dieux ont parlés ! Que tous se préparent ! Au troisième levé du Soleil, nous partons en guerre ! », annonça-t-il d'une voix autoritaire. L'annonce fut acclamée de tous sous le rythme régulier des tambours.

Ratcliffe était assis aux côté d'Ujarak, un confrère de pêche. Chacun taillait, avec une précision chirurgicale, une pierre d'obsidienne qui rejoindrai leurs sœurs sur les massues. « Elle a eu tord de leur faire confiance. », commença-t-il, en parlant de Nanabah. « Qu'est-ce que l'on pouvait espérer de ces sales païens ? », rétorqua le pêcheur avec amertume. « Toute cette race répugnante n'est que malédiction. Ils ne sont bons que morts. ». Ratcliffe ne répondit rien, passant son pouce sur la pierre obscure. Une mince filet de sang s'échappait de la coupure. Il leva alors le nez vers le ciel qui ne s'était pas découvert depuis le matin. Au contraire, plus le temps passait, plus le ciel semblait s'alourdir, comme si une chape de plomb les recouvrait, prête à faire s'effondrer le ciel sur leur tête. Il reporta à nouveau son attention sur Ujarak alors qu'il se saisissait de l'épais manche de bois. « Et de leur cœur nous ferons un festin pour les dieux. » - « Et de leur sang ils raviverons les racines de ce monde qu'ils ont scarifiés en toute impunité. ».

Les nuages se faisaient toujours plus épais et terrifiant, se teintant des couleurs du feu et de la foudre. Se mêlaient l'odeur de fumée, de poudre et de sang. Les ombres des guerriers se mêlaient à ceux des soldats blancs. les corps gisaient, nombreux, ensanglantés, défigurés, déchiquetés, fracassés. Les cris d'agonies se perdaient parmi les cris de haines. Il n'y avait ni vainqueur, ni vaincu. Seulement la mort qui prenait les vivants à tour de bras, sans distinction de race, de couleur ni de langue. Et à la fin, seulement le silence, et les cadavres laissés à pourrir aux charognards. Et une constatation. Le sang des tiens se fondant avec celui de ces païens, ne formant qu'une unique rivière carmin, commune et identique.

Ratcliffe ouvrit brutalement des yeux avant de se redresser. Le front en sueur, sa poitrine se soulevait à un rythme irrégulier. Son regard se porta sur le ciel. La Lune était encore haute dans le ciel. Pourtant, l'aurore ne lui avait jamais semblé aussi proche. D'ici quelques heures, les tambours battrait au rythme des pas réguliers des guerriers, en marche vers un combat qu'ils ne pourraient gagner. C'était une évidence à présent. Il se leva d'un bond et alla en direction de la hutte du Shaman. Peu importe qu'il dorme ou non, il devait lui parler. Heureusement, ce dernier semblait avoir également veillé. Quelques braises d'un feu récemment éteint éclairaient l'intérieur de sa tente d'une lueur tamisée. « Installe-toi. Je t'attendais. », fit-il d'une voix lente et grave. En silence, Ratcliffe prit place face à lui. « Tu as l'esprit agité, je me trompe ? », continua-t-il avant de d'inspirer profondément sur le calumet qu'il tenait d'une main. « Cette bataille est voué à l'échec. Vous nous menez droit vers une mort certaine. », fit-il d'un ton sec. « Hum... Certes. Mais ne rien faire équivaut au même, en plus d'un massacre pur et simple. Que proposes-tu ? Discuter tout de même ? ». Ratcliffe se fit silencieux, observant le regard du sage. Une lueur étrange brillait à l'intérieur. Il y avait quelque chose de dur, de triste et de fataliste. « La discussion est inutile. », fit le pêcheur d'un ton sec. « Mais s'adapter n'est-elle pas une solution ? » - « Personne ne l'acceptera. ». C'était inutile. Le Shaman ne changerait pas d'avis. Alors qu'il se levait pour abandonner la tente, un triste sourire se dessinait sur le visage du vieux sage. Avant même de poser un pied à l'extérieur, le pêcheur s'arrêta. « Ils n'auront pas le choix. », conclut-il en se saisissant d'une dague rituelle du Shaman pour l'enfoncer brutalement dans le dos de ce dernier qui s'effondra dans un râle de souffrance. D'un pas rapide, il quitta la hutte du Shaman pour rejoindre celle de Atahualpa. Tant que les deux figures d'autorités seraient en vie, cette guerre aurait lieu. Et ensuite ? C'était vrai. Rien ne garantissait que le reste du village suive l'idée qui lui était venu. Pénétrant la tente du chef, il se saisit de la première arme qui lui tomba sous la main. La même massue qu'il avait confectionné il y a quelques jours de ça. D'un geste brusque, il l’abattu sur le crâne de l'homme.



« Gouverneur ! ». Ratcliffe portait la main à son front tout en cherchant à se relever. « Vous allez bien ? ». Le chef de camps finit par repousser les deux hommes. « Ça suffit, je vais bien. », fit-il en se remettant debout avant de s'épousseter. Alors il fronça des sourcils tandis que le rêve qu'il venait de vivre lui revint en mémoire. Quel étrange rêve. « Finissez-ça. Les choses sérieuses ne vont pas tarder à commencer. Il va falloir être prêt. », continua-t-il en tendant l'arme au sol à l'un des colons avant de quitter la tente. La soumission ou la mort. C'était une idée intéressante.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




Mots 2380
> Plan du camps : ICI
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