« Bon, c'est simple. Vous suivez les baffes. Et il devrait être au bout. »

Intrigue : Décidé à la faire sienne pour libérer une des sœurs du tableau, Deccio se rend sur les Terres du Lac Bleu pour kidnapper Astriid. Mais tout ne se passera pas comme prévu à partir du moment où un mystérieux Sorcier du nom de Sunny décide de s'en mêler.

The Weeknd - Save Your Tears

En posant ses mains sur la toile, ses mains furent aspirés par l'axe du tableau, son corps entier se faisant ensuite engloutir par l’œuvre d’art qui le mena dans une autre dimension, auprès des trois sœurs. Incrédule, il ne s’agissait pourtant pas de sa première visite dans les limbes malgré les picotements qui offensaient son épiderme. Deccio venait assez peu souvent se confier à ces femmes, maudites à perpétuité dans ce territoire de monotonie. Il était conscient des risques qu’il entreprenait à rentrer en contact avec ces dernières qui ne lui souhaitaient pas toujours du bien, mais il appréciait malgré tout s'entretenir avec. Dans un sens, elles ne cherchaient qu’à se divertir ; un but qu’ils avaient en commun. « Ainsi donc tu es revenu malgré ta piètre prestation de la fois dernière. » « Ne sois pas si dur avec lui. Si ça se trouve, il est venu pour nous annoncer une bonne nouvelle. » « Ce serait bien une première. » Sans prendre la peine de répondre aux invectives de part et d’autres, le Vil s’installa paisiblement sur un pouf accessible sur son chemin.

Il cueillit une grappe de raison présente dans une coupelle et la suspendit au-dessus de sa tête, arrachant un fruit avec ses dents pour l'ingérer. « Toujours aussi vindicatives à ce que je vois. Ne soyez pas impatientes mesdemoiselles. J’ai promis que je finirais par vous libérer, et je tiens toujours mes engagements. » « Et comment comptes-tu t’y prendre ? » « Je viens vous prévenir que je pars à la chasse. Vous vous rappelez de la rouquine dont je vous ai parlé ? » « La même qui nous a offerte à toi ? Évidemment. » « Je vais la kidnapper et lui faire prendre la place de l’une d’entre vous. Mais d’abord je dois la tester, voir si cette petite feint la naïveté ou non. » « Tu as réussi à te débarrasser de son garde du corps ? » « Rien de plus simple, il m’a suffi de falsifier une lettre et de l’envoyer à l’adresse de cette Astriid pour lui donner rendez-vous. J’ai fait en sorte qu’il puisse l’intercepter et la lire pour l’écarter vers d’autres horizons. » « Cet homme me donne des frissons, j’ai envie de lui… » « Tais-toi et laisse lui faire son œuvre. Tu auras tout le temps de le remercier ensuite. » « Sur ce, mesdemoiselles, profitez bien de vos derniers instants ici. » S’échappant du cadre grâce à la force de ses méninges, le blondinet ne perdit pas une seconde. Ses paupières s’élevant, ses iris flamboyèrent d’un rouge incandescent : cible repérée.

Bien plus tard, à des lieux des Enfers, les pieds du Démon foulèrent l’herbe immaculée des Terres du Lac Bleu ; l’espace privilégié des Magiciens, où aucun pet de travers n’était pardonné. Bien qu’ils ne tolérassent pas les désagréments, ils restaient toutefois plus abordables que certaines nations qui abattaient les volatiles les plus chastes sur une distance d’un kilomètre. S'enfonçant dans la verdure, le Vil s’installa dans les hauteurs d’un arbre afin de profiter pleinement du panorama que lui conférait le lac. L’absence de monde de ce côté de la berge légitimait la teneur de quelques actions malfamées, c’est pourquoi il s’arma d’une sarbacane — élaboré pendant son arrivée — qu’il chargea d’une fléchette taillée sur mesure en prélude de la venue de la rouquine. S’il était convaincu qu’elle viendrait se perdre dans les alentours, c’est car il s’en était assuré à l’avance, en détournant la curiosité de la petite Elfe. Quand elle entra dans son champ de vision, il porta le cylindre entre ses lèvres et visa son bassin. Il ne souhaitait pas la tuer ; simplement lui administrer un poison qui amoindrirait ses capacités intellectuelles. Elle ne sentirait rien, sinon comme une piqure de moustique lui démanger les côtes. Au moment propice, le dard fut ainsi projeté sur la cible, au niveau de sa cheville. La fléchette n'atteignit pas sa destination, un étrange individu couvert d’un habillement cendré ayant fait en sorte qu’elle trébuche afin d'éviter la cartouche. Deccio écarquilla ses yeux. Qui était-il ? Le personnage en question — munie d’une canne de très bonne facture — proposa sa main à la candide jeune femme, un sourire radieux ensoleillant son doux visage. « Rien de cassé, mademoiselle ? Je vous ai vu trébucher, alors je me suis précipité vers vous. » Il s’assurait que cette dernière aille bien, quand bien même il venait de l’écarter du danger sans qu’elle ne le remarque. L’aidant à se redresser en la hissant par le bras, il se tourna légèrement de sorte à protéger ses arrières. « Qu’est-ce qu’une fille aussi charmante fait dans les parages, esseulée comme une âme errante ? Racontez-moi tout. » Une mission lui avait été confiée ; celle de la sauver des griffes de cet odieux prédateur. Il n'avait pas pour principe de faillir ses engagements.


859 mots | Post I

Mon Sorcier, je t'ai vu au beau milieu d'un pré ♫

Thème

Astriid souriait en regardant Piäh Nour faire des bonds de puce autour d'elle. Ils s'étaient rencontrés ici, alors qu'elle n'était encore qu'une Eblaë empotée pour qui cette mission d'attraper les espiègles créatures était le moment le plus important de sa vie. Ces souvenirs lui paraissaient si lointains désormais. Elle avait mûrit depuis, plus par la force des choses que de sa propre volonté. Elle avait connu le doute, plus rarement la peur et avait prit part des phénomènes qui dépassaient ses rêves les plus fous. Qui la dépassait tout court en fait. La rousse n'avait que peu fréquemment l'occasion de réfléchir à tout ce qui lui arrivait. Chaque journée était surchargée, il y avait toujours quelque chose à faire et ses voyages l'épuisait tant qu'elle avait parfois à peine le temps de ramper jusqu'à sa couchette avant de s'écrouler pour sombrer dans l'inconscience.
Laissant le Kinshäla à ses roulades dans les plaines vallonées, la rousse se délesta de ses sandales et se rapprocha des berges du lac avec une mine pensive. Elle avait profité de l'absence inattendue mais bienvenue de Raïm pour enfiler rapidement une robe et s'était éclipsée de sa chambre à l'auberge quelques heures avant l'aube pour faire une promenade. Ces moments de solitude étaient appréciables tant ils étaient rares. Le Boräk devenait trop protecteur et si elle adorait les autres Ygdraës qui l'accompagnait, Astriid avait aussi besoin de ces instants pour elle et laisser libre cours à ses réflexions. Entre son rôle dans le Conte des Trois Royaumes, Laotÿr qui surgissait à n'importe quel moment en prétendant être son fils, la Coupe des Nations Ondines qu'elle avait gagnée contre toute attente, l'agression de ce terrifiant Vampire à Avalon, Astriid avait l'impression de vivre plusieurs vies à la fois. C'était épuisant et grisant à la fois. C'était plus que ce qu'elle avait espéré en quittant les terres de Melohorë. Le monde était si vaste, il lui réservait tant de surprises qu'elle était prise de frissons d'excitation à l'idée de ses prochaines aventures. Comment pouvait-on priver les jeunes Ygdraës de ces merveilles ? L'époque où son peuple avait été décimé lui semblait si lointaine que c'en était presque obsolète à ses yeux. C'était une autre époque et elle espérait que les Elfes sauraient oublier ce traumatisme avec le temps. Elle ne souhaitait pas que ses propres enfants soient confinés à leur tour par peur du reste du monde. Fort heureusement, leur récente alliance avec les Enfants de Yanna suggérait que les choses changeaient pour le mieux.
Perdue dans ses pensées, Astriid fut soudain bousculée et elle tomba à quatre pattes dans l'herbe. «Que...» Elle se retourna, prête à apostropher le maladroit qui était parvenu à la heurter alors qu'il y avait pourtant de la place autour d'eux. À la place, elle se tut, bouche bée. Vêtu d'un ensemble élégant qui cintrait sa haute silhouette, un homme au teint basané avec un haut de forme lui tendait sa main. Sans le vouloir, l'Ygdraë sentit ses joues s'embraser et les palpitations de son coeur s'accélèrent. «Je... Euh...» Bafouilla la rousse avec éloquence. Elle avait trébuché ? Ce n'est pas ce qui lui avait semblé mais subitement, ce détail perdait de l'importance. Troublée, elle accepta son aide et se releva. «Non non je n'ai rien merci.» Souffla l'Elfe en époussetant sa robe pour dissimuler sa gêne. «Euh...» L'Ygdraë n'était pas habituée à un tel traitement et ses oreilles s'agitèrent frénétiquement alors qu'elle cherchait ses mots. «Je me promenais juste avec mon Kinshäla. Il retrouve ses racines et ça lui permet aussi de se défouler car ... Enfin peu importe.» Astriid s'arrêta à temps avant de noyer le bel inconnu d'un torrent d'informations complètement inutiles. Elle aurait aimé avoir quelque chose de plus intelligent à dire mais elle ne maîtrisait pas l'art de la conversation avec autant de talent que lui. Décidée à reprendre contenance, l'Elfe se fendit d'un sourire qu'elle espéra dépourvu de niaiserie. «Et vous ? Vous preniez l'air aussi de bon matin ?» À la réflexion, avec ses habits, il avait plutôt l'air d'avoir un rendez-vous professionnel plutôt que de vouloir faire une petite promenade de santé. Elle se gifla mentalement. «J'en oublie mes manières.» Lesquelles ? Mystère et boule de pouet. «Je m'appelle Astriid et vous ?» L'Eskët attendit d'avoir entendu sa réponse avant d'hésiter quelques secondes puis de lever ces deux mains, paumes vers le ciel. Elle se concentra quelques secondes puis des cookies apparurent, parfaitement ronds, un peu tièdes avec le chocolat fondant à l'intérieur. «Est-ce que vous voudriez un cookie ? C'est pour vous remercier de m'avoir aidée.» Elle gloussa bêtement. «Je peux nous faire du chocolat chaud aussi ! Avec des chamallows dedans !» S'enthousiasma l'Ygdraë, à deux doigts (voire un) de minauder, soudainement inarrêtable alors que des tasses fumantes se matérialisaient entre eux. L'Elfe était prête à prendre son petit déjeuner avec l'homme. En vérité, Astriid était prête à n'importe quoi du moment qu'il restait quelques secondes de plus avec elle. Etrangement, depuis son arrivée, il y avait comme des pépiements d'oiseaux qui parasitaient ses pensées et l'empêchaient de réfléchir correctement. Trempant ses lèvres dans le liquide crémeux, elle coula un regard vers Sunny. «Si ce n'est pas trop indiscret, qu'est-ce que vous faites dans la vie ? Vous êtes ici pour le travail ? J'espère que je ne vous retiens pas. C'est juste que...» Qu'elle désirait le retenir à ses côtés. «je n'aime pas manger seule.» Termina la rouquine lamentablement. Un mouvement derrière l'homme attira son attention. Un renard, le museau au ras de l'herbe et les oreilles pointées vers l'avant, trottinait résolument dans leur direction. «Awwwww» S'extasia Astriid en s'agenouillant aussitôt dans l'herbe pour accueillir le canidé, l'adoration scintillant dans ses yeux.

Message I | 1027 mots

On me dit dans l'oreillette que la chrono me déteste. Je n'avais pas prévu un tel crush mais je crois que la musique m'a influencée (et en même temps est-ce que c'est vraiment surprenant ?) J'ai supposé que Sunny avait au moins autant en spé que Deccio pour réussir à déjouer ses attentats (ça explique un peu la bave sur le menton d'Astriid du coup /sbamm)

« Bon, c'est simple. Vous suivez les baffes. Et il devrait être au bout. »

HELLSTRVCK - Trust Me

A quel moment s’était-il fourvoyé dans ses pronostics ? Il avait pourtant tout préparé minutieusement, de A jusqu’à Y. Ce type constituait le Z manquant, l’épine dans le pied, le bâton dans l’engrenage, le colonel Moutarde avec le pied de biche dans la cuisine.. Bref, il représentait le mal absolu, celui qu’il se ferait un malin plaisir à endiguer, sans quoi il ne pourrait mener sa mission à bien. L’intervention de cet intrus lui fit obtenir un statut incroyable ; celui d’ennemi numéro un, en marge de celui des Anges, considérés déjà comme les pourfendeurs des divertissements récréatifs. Le premier point à soulever, c’est qu’il se démerdait assez bien pour désamorcer une fléchette en pleine course, soulignant une mobilité imprenable. Bien. Le Vil avait néanmoins plus d’une corde à son arc, et en parlant de ça, il fit surgir l’arme en question ; une solide tige en provenance d’un noisetier à laquelle était rattaché un filament de plante flexible, idéale pour abattre une perdrix en perpétuel mouvement. Se balançant sur la branche en dessous de lui, Deccio circula d’arbre en arbre comme un audacieux singe, ceci afin d’étouffer sa présence dans les denses feuillages du champ sylvestre.

Bandant son arc, il décocha ses flèches une à une en changeant continuellement de point d’accroche de sorte à optimiser ses chances, et surtout expérimenter plusieurs angles de tir. Certes, en se comportant aussi imprudemment, il ruinait toute la discrétion mise en place pour ne laisser aucun témoin, mais les circonstances ne lui laissèrent plus le choix. Lorsqu’il retourna sur le sol aplani, il constata avec exaspération le nouvel échec de ses tentatives. La vision lui avait manqué pour étudier la façon dont il s’en était débarrassé, mais une chose lui permit d’y voir plus clair, c’est qu’il disposait d’assez d’aisance pour poursuivre sa conversation avec la rousse sans rien laisser paraitre, y compris la plus infime des émotions. Ne sachant plus quelle stratagème employer pour dégager l’opportun, c’est à ce moment qu’un renard qu’il ne connaissait que trop bien avança vers la jeune femme. Étonné de le voir ici en plus de prendre cette initiative, le Démon déploya un rictus. « Bien joué, mon grand. Tu recours à cette fameuse technique interdite, celle des Fées qui font du Riz Thai, pour l’approcher et lui décharger tout ton jus ! C’est maintenant ou jamais ! Attaque tonnerre ! » Mais rien de ce qu’il prophétisait ne se produisit. Au contraire, le renard sembla plus avenant que jamais, et même comblé de finir dans ses bras. « Hein ?! Trahisooooon. »

Soulevant son haut de forme pour se présenter, mais surtout pour engloutir les flèches qui filèrent dans leur direction, le Sorcier les fit disparaitre à l’intérieur comme s’il recelait un portail dimensionnel. Une probabilité pas aussi saugrenue que ça. « Sunny. Enchanté. » Pendant ce temps, Sunny accepta volontiers les biscuits que lui offrit la charmante demoiselle, se servant dans sa main pour porter un premier cookie dans sa bouche, la douceur du chocolat caressant son palais d’une chaleur agréable. « Ils sont merveilleux ! J’imagine que leur goût dépend directement de la beauté de leur invocatrice, ce qui explique l’épanouissement de mes papilles en ce moment même. » Lui jetant un regard bienveillant quand elle lui proposa de le compléter d’un accompagnement supplémentaire et séduit par sa gentillesse, il approuva d’un signe de la tête, sans gâcher ce moment de paroles redondantes. Profitant du fait qu’elle soit perdue dans ses pensées, l’homme appela un clone à se former pour déjouer une nouvelle fois les conspirations du Démon. Celui-ci attrapa les carreaux à pleines mains afin de les renvoyer à son émetteur tout en utilisant des sorts pour contrer les suivants. La copie se volatilisa quelques secondes après, Sunny reprenant les devants avec Astriid de sorte à ne pas étayer les soupçons. En marchant encore un peu, ils arrivèrent face au grand lac, splendide en cette période avec le soleil qui lui rendait grâce, les reflets dévoilant une autre partie de ce que représentait la magie en ce monde ; celle qu’on ne construisait pas, celle de la nature qui s’éveillait.

C’est par ailleurs à la faveur de ses dons qu’ils purent faire la rencontre de ce renard, manifestement charmé par l’Ygdraë. Tâtant le bord de son chapeau, il se mit à rire. « L’amour entre les hommes et les animaux m’a toujours fasciné. Il faut être le détenteur d’une sensibilité hors du commun pour attirer les animaux à soi comme ça. Vous me surprenez, Astriid. » S'inspirant de la rouquine en fléchissant ses jambes dans le but de pouvoir profiter de la douceur du pelage du canidé, il ne décela aucune animosité chez ce dernier. Se redressant après lui avoir flatté le museau, il souleva la tasse à hauteur de son visage pour boire une gorgée du chocolat. Lorsque la protectrice des forêts se rendit de nouveau disponible, il cueillit ses doigts avec sa main après avoir révoqué sa canne, libérée de toute contrainte. « Plutôt que de vous répondre bêtement en quoi consiste mon métier, je vais vous le montrer. Faites-moi confiance. » Lentement, il emmena ses pas aux abords du lac, posant un premier pied à sa surface, qui au lieu de le traverser, se logea dessus. Très vite, les deux personnes marchèrent naturellement sur l'eau aux côtés de l’animal qui les talonnait. Tournant ses doigts dans le vide en une gestuelle qui évoquait celui d’un typhon, le liquide sous leurs plantes fit progressivement surgir de petites créatures aqueuses ; plus précisément des chevaux. Celles-ci galopèrent autour d’Astriid, s’arrêtant parfois devant son nez en hennissant ou en se frottant contre sa joue. « J’officie en tant que Magicien. Je recours à ma magie pour faire rire, pour faire rêver, pour émerveiller. Pour émouvoir, souvent. Je sais être incapable d’éradiquer entièrement la tristesse de ce monde, mais je fais de mon mieux pour divertir les gens. Disons que c’est ma façon à moi de combattre le mal. » Lui confia-t-il en évitant soigneusement de désigner son second attrait moins salutaire, ceci dans l’essor de préserver son innocence. « Et vous ? » Demanda le Sorcier en toute simplicité.



986 mots | Post II

Mon Sorcier, je t'ai vu au beau milieu d'un pré ♫

Thème

Les doigts caressant la fourrure du renard, Astriid leva des yeux subjugués sur l'individu. Comme le papillon attiré par la flamme à s'en brûler les ailes, tout en lui fascinait la jeune fille, à commencer par cette aura mystérieuse qui l'entourait et ses paroles enrobées de sucre. Elle n'avait pas eu beaucoup d'occasions d'échanger avec des personnes aussi distinguées. L'Ygdraë faisait le constat doux-amer d'une maladresse dont elle n'avait jamais été réellement consciente mais qui n'était pas si déplaisante. C'était une marque d'une innocence qu'elle souhaitait chérir malgré son inconsistance et sa fragilité. Elle ne voulait pas noircir le tableau de son monde par des pensées qui parasiteraient son jugement sur les gens. Elle voulait se sentir libre de tendre la main sans arrière pensée ou peur. C'était cette dichotomie dans leurs personnalités qui rendait leur échange intéressant à ses yeux. Les méninges enflammées par une imagination nourrie par les Contes de Fae romantiques dont elle était friande, l'Elfe peinait à croire à la réalité de cette rencontre. Astriid commençait à penser les Terres d'Emeraude chargées d'une magie singulière qui était propice aux découvertes, de celles qui changeaient le cours d'une vie. La première fois, elle avait rencontré Piäh Nour et apprit à connaître le Braskä qui guiderait son voyage. Aujourd'hui, elle rencontrait Sunny et son corps parlait de lui-même, son pouls s'accélérant en le regardant ou le timbre bas de sa voix qui picotait sa peau. Pas une fois la rousse ne se questionna sur l'opinion qu'il pouvait avoir d'elle ou sur ses intentions à son égard. Il était là, il était beau et charmant. Elle n'avait pas besoin d'en savoir plus. Elle n'avait même pas besoin d'avoir la réciproque de ses sentiments. S'abîmer dans l'adoration unilatérale du brun lui convenait parfaitement. Elle n'était pas assez sotte pour imaginer pouvoir avoir plus. Du moins cherchait-elle à s'en persuader. «J'ai passé mon enfance au contact des animaux. Ils m'ont tout appris, peut-être plus que mes propres parents ou professeurs.» Elle câlina une dernière fois le renard, le gratouillant sous le menton avant de se relever.
Guidée par sa main, Astriid suivit Sunny. Il n'avait pas besoin de lui demander sa confiance, elle lui était déjà acquise aveuglément. Elle hésita une fraction de seconde avant d'avancer sur l'eau. Une vibration sourde chatouillait la plante de ses pieds nus et un sillage de boucles se formait inlassablement dans l'onde. Avec l'impression de vivre un rêve éveillé, elle regarda bouche bée le brun créer d'une flexion du poignet une horde de chevaux aquatiques. Leurs crinières brillaient comme des diamants dans le soleil matinal. Emerveillée, elle serra un peu plus fort la main du Mage. «C'est magnifique.» Souffla la rousse à mi-voix. «Je... Oh j'ai honte soudain car à côté de vous et de ce que vous faites, je suis bien plus insignifiante et inutile.» Elle baissa les yeux, soudain gênée. «Je ne travaille pas encore, je voyage juste à travers le monde pour gagner en expérience. Mon peuple aime se nourrir de tout ce qui peut enrichir nos connaissances, nous sommes des érudits. Enfin, moi je ne suis pas très bonne élève.» Lui confia Astriid avec un petit sourire mutin. La sagesse du peuple sylvestre n'avait pas encore étendu sa grâce sur la petite rousse. Toutefois, la sagesse passait par le savoir. Voulait-elle prendre conscience que le monde était fait d'autant de souffrance que de merveilleux ? La sagesse ne rendait-elle pas triste et austère comme ces Cyraliel poussiéreux de Dhrosca qui gouvernaient Melohorë ? Les équidés à la robe transparente galopaient autour d'eux et elle rit quand ils les éclaboussèrent. Elle reprit rapidement, ne voulant pas que Sunny la dépeigne sous cet unique angle de jeune Elfe écervelée. «Mais plus tard, si la branche que je veux intégrer m'accepte, je serai envoyée dans une région du monde pour m'en occuper. Une partie de mon peuple consacre sa magie et son existence à amener les beaux jours pour préserver l'équilibre de la nature, éveiller les bourgeons et protéger la flore. J'ai appris un sort l'autre jour, je pourrais vous montrer si vous voulez ?» Ses iris émeraudes s'étaient animés en parlant de son avenir. Ce n'étaient que des mots pour le moment, des espoirs qu'elle craignait de caresser. Elle n'était pas née dans une famille d'Erëlas, elle n'était pas certaine d'être acceptée ou qu'on l'encourage à poursuivre cette voie. De plus, outre Daràdir, elle n'en connaissait que peu, tous vivant principalement avec les Faes s'ils n'étaient pas déjà installés ailleurs sur les terres du Yin et du Yang. «Bon mais je ne fais que parler de moi alors que je ne fais rien de très original. Non non ne me contredisez pas. Vous êtes plus mystérieux et j'aimerais en apprendre plus sur vous. Vous dites combattre le mal mais si vous êtes ici, est-ce que...» Elle s'arrêta soudainement, sa réflexion ayant finalement fait jour dans son esprit. Astriid regarda autour d'elle, le nez retroussé par la suspicion, puis elle tira sur le bras de Sunny pour lui murmurer dans l'oreille. «Est-ce que nous sommes en danger ? Est-ce que ces chevaux vont nous protéger ? Est-ce que je peux faire quelque chose ?»


[center]Message II | 888 mots

« Bon, c'est simple. Vous suivez les baffes. Et il devrait être au bout. »

Bruno Mars - Count on Me

Émergeant d’un buisson en toute discrétion, le Démon effectua une roulade après s’être assuré ne pas être suivi. Rampant sur le sol tel un Réprouvé qui cherchait à mettre la main sur la subtilité, le blondinet se dissimula derrière les troncs d’arbres, brandissant subitement son épée dans les airs. « JE VAIS TE NI… » Abasourdi par l’apparition inopinée d’un éclair conduit par le fer de sa lame, le Vil se prit une immense décharge qui fut assez proche en termes de puissance pour lui disloquer les côtes. Tombant à la renverse, il ne se réveilla que quelques minutes plus tard. Nanti d’une résistance à toute épreuve, il n’abandonnerait pas pour si peu, déterminé à mettre la main sur cette fille. De plus, s’il rentrait maintenant, les filles se moqueraient de lui, en particulier Serys, cette garce présomptueuse. « Ce n’est pas demain la veille qu’on me fera taire. Si tu veux la jouer comme ça, très bien. » S’empressant de se relever, Deccio se précipita vers le lac. Pour une raison incongrue, il s’était retrouvé à somnoler au milieu des bois, après quoi un phacochère un peu vénère l’avait poursuivi sur une centaine de mètres. Sa frénésie n’avait pas été simple à gérer, mais grâce à sa maitrise de la chasse, la vie du gibier prit fin dans son estomac. Revigoré comme un nourrisson, le rythme effréné de sa traversée causa une nouvelle chute, une solide banche apparaissant de nulle part. Enragé, il se releva instantanément, levant les bras en l’air, visiblement privé de toute raison. Une erreur de plus, puisqu’il ne vit pas le ravin à temps, qui d’ailleurs n’était pas censé exister. Englouti par l’abime, il n’allait pas remonter de si tôt.

À l’écoute de son histoire, de ses rêves et de ses idéaux, Sunny s'insurgea quasiment contre elle vis-à-vis de ses paroles dégradantes la concernant. Il s’arrêta net, ses phalanges enveloppant les mains de l'Elfe d’une douce chaleur émise par les siennes ; une capacité mineure qui consistait à ressentir les émotions qu’elle renfermait à ce moment-là. Elle pouvait, elle aussi — si elle le souhaitait — se confondre à sa sensibilité. En fermant les paupières, il visualisa une infime partie de ses souvenirs, ceux qu’elle lui laissa volontairement entrevoir. Ses prunelles d’azur recouvrèrent la volupté du soleil, ceux-ci empreint d’une lueur nacrée. « Ça m’ennuie, mais je dois vous exprimer mon désaccord. Vous possédez un don unique, comme celui d’attirer les animaux vers vous. » Il se tourna vers le renard qui continuait de les suivre malgré son exposition à l’eau. « Et les hommes n’échappent pas non plus à votre magnétisme. » Il lui adressa un clin d’œil malicieux, tirant doucement sur sa main afin de reprendre la route. En générant un claquement de doigts, les chevaux d’eau se rassemblèrent pour former un bucéphale à taille réelle. Le Sorcier posa une main tendre sur son museau, déclenchant un énième hennissement de la monture féérique.

Proposant son aide à Astriid afin de la hisser dessus, l’homme reprit le sens de la conversation. « Continuez de croire en vous et en vos proches, et rien ne pourra vous arrêter. Ni les incidents qui vous ralentiront, ni le mal qui vous submergera, ni les Démons. » Ses yeux se tournèrent imperceptiblement en direction de la forêt lorsqu’il le mentionna. Penchant la tête sur le côté quand la curiosité de la rousse fut piquée à propos de son identité, Sunny ne chercha même pas à fuir ses interrogations. Au contraire, son visage laissa transparaitre un enjouement encore plus important, écartant presque automatiquement la piste d’une menace. « Ma foi, ne trouveriez-vous pas cela exaltant ? Vous et moi, main dans la main, à fuir le mal. La rumeur raconte que l’Ultimage qui règne sur ces terres à vue sur tout son royaume. Je doute qu’elle permette à quiconque de faire le moindre mal à une personne bénie par la nature. Mais supposons qu’un méchant est à nous trousses. Dans ce cas, la meilleure chose à faire est de nous réfugier. Dans le ciel ? Mauvais choix, nous nous exhiberions davantage. Non, je ne vois qu’un moyen de nous protéger. » Glissant habilement son index sur la hanche de la jeune fille, une bulle se forma autour d’elle. Elle adopta très vite sa silhouette en se collant à sa peau pour être moins envahissante. Le même effet se produisit sur lui. Grimpant à son tour sur le canasson, l’homme flatta sa crinière, entrainant l’immersion du cheval sous le lac. Immunisé contra le manque d’oxygène aussi bien que par la caresse humide, la galopée les mena au fond de la grande nappe. Toutes sortes de poissons et de mammifères marins vinrent à leurs rencontres durant le trajet. « Avez-vous un vœu évanescent, Astriid ? J’aimerais vous faire plaisir et le réaliser pour vous remercier. » Assouvi de dérober la vocation des Génies, Sunny dessina un symbole magique dans l'air en attendant. Les animaux, les plantes, les minerais, tous sans exception scintillèrent d’un éclat phosphorescent.  


846 mots | Post III

Mon Sorcier, je t'ai vu au beau milieu d'un pré ♫

☙ Harry Styles - Treat people with kindness

Peut-être était-ce les romans à l'eau de rose qu'elle dévorait avec passion étant petite. Peut-être était-ce le charme dévastateur de Sunny qui lui faisait perdre toute raison. Peut-être était-ce juste un coup de foudre qui se passait d'explications. Astriid laissait le Magicien la manipuler sans poser de questions, acquiesçant avec ferveur à tous ses propos. Si Raïm la voyait, il frôlerait la crise cardiaque ou choisirait de faire comme s'il ne la connaissait pas. Ou bien tuerait-il Sunny sans scrupules avant d'enfermer sa protégée dans une haute tour gardée par un dragon comme dans les contes de Fae.
Les yeux béats, l'Elfe se gorgeait de l'attention qu'il lui portait comme une fleur d'eau et de soleil. Un frôlement la faisait rougir, une parole murmurée à son oreille alors qu'il chevauchait derrière elle et elle n'entendait plus que les embardées débridées de son palpitant. Pouvait-on être ivre de quelqu'un ? Au fond d'elle-même, la rousse sentait bien qu'elle était complètement absurde. Elle ne pouvait décemment s'amouracher de chaque personne qui serait gentille avec elle.
Elle s'entendit lui répondre de manière diffuse, comme si elle était elle-même spectatrice de la scène, son esprit relégué en arrière-plan. Elle se félicitait intérieurement de sa capacité à ne pas demeurer muette comme une carpe devant le brun. «Un vœu ?» Répéta l'Ygdraë en réfléchissant. Elle en avait tant qu'il lui faudrait la journée pour se décider. Mais au delà de ça, pouvait-elle abuser de la gentillesse de Sunny ? Ne serait-ce pas malpoli ? Attendait-il quelque chose en retour de ses services ? Son regard se perdit dans les plaines bleuâtres des fonds du lac. Des plantes les effleuraient à leur passage, la faune suivaient le sillage du cheval un certain temps avant de retourner à leurs occupation sans se préoccuper plus longtemps des intrus.
L'Elfe dut se pincer pour vérifier qu'elle n'était pas en train de rêver. Elle grimaça et laissa sa peau en paix. Tout autour d'eux, la flore s'était embrasée comme une nuit d'été, les baignant d'une lueur fabuleuse et fantomatique. Astriid avait le bec grand ouvert, admirative du spectacle. Elle n'osait pas dire un mot de crainte de rompre le charme.
Soudain, c'est trop. Le décor chimérique, le corps de Sunny dans son dos, la justesse de ses mots. Elle se sentait submergée. Elle ne se sentait pas méritante de la perfection de ce moment. Elle n'arrivait plus à respirer et ce n'était pas lié à leur présence sous l'eau. D'un geste décidé, la rousse tira sur la crinière liquide de l'équidé jusqu'à ce qu'il ralentisse et s'arrête. Une bande de poissons d'un bleu électrique zébré de rouge leur tourna autour avec curiosité, chatouillant leurs bras et leurs visages avant de continuer leur chemin. Mais Astriid n'y prêtait pas attention. Elle s'était légèrement décalée pour pouvoir pivoter et regarder Sunny. Son visage près du sien lui coupa la priva d'oxygène pendant un court instant avant qu'elle ne se gifle mentalement pour reprendre ses esprits. «Pourquoi...» Elle hésita, choisissant soigneusement ses mots pour ne pas vexer le Magicien. «Pourquoi faire tout ceci ?» Elle agita les mains devant elle pour effacer toute méprise. «Ce n'est pas que je n'apprécie pas. Bien au contraire. Mais je ne comprend pas.» Maintenant qu'elle avait commencé à vocaliser tout ce qu'elle avait sur le coeur, les mots sortaient plus facilement et de plus en plus vite, dépassant le fil de ses propres pensées. «Je veux connaître la vraie raison de votre présence ici. Et ne me chantez pas que c'est parce que j'étais une jeune fille euh votre blabla là. J'ai du mal à y croire.» Elle voulait y croire. Elle reprit rapidement de peur qu'il ne la coupe. «Vous parliez de me remercier mais je crois que c'est à moi de le faire. Traiter les gens aussi gentiment, ce n'est pas que je n'y suis pas habituée, je suis entourée de personnes formidables. Non, c'est plutôt venant d'un inconnu. Je ne peux m'empêcher de me dire que vous attendez une contrepartie ou qu'il y a une autre raison que j'ignore qui vous pousse à agir ainsi.» Astriid ajoute à voix basse. «En quelques minutes, vous m'avez faite voyager, vous m'avez faite rire, je me suis sentie vivante.» Aimée. Mais elle n'ose pas le dire. Elle ose à peine le penser tant ça lui paraît ridicule. Mais l'idée est là et s'installe comme un parasite dans son coeur. Gênée, elle se laisse glisser du dos de l'équidé. «Venez, j'aimerais chercher un souvenir du fond du lac à ramener à Raïm. Vous pourrez alors me raconter la vérité.»

Message III | 832 mots
Oui Astriid a décidé d'être relou et de poser plein de questions.

« Bon, c'est simple. Vous suivez les baffes. Et il devrait être au bout. »

Calum Scott, Leona Lewis - You Are The Reason

À force de se heurter à autant de murs, Deccio décida de changer radicalement de stratégie. Combattre à distance le désavantageait de trop. Le Magicien qu’il affrontait se débrouillait bien mieux que lui, s’adaptant merveilleusement à ses recours employés. Pour ne rien arranger, son renard de compagnie ne s’était pas rallié à sa cause, si bien qu’il se retrouvait désormais seul contre tous. D’après ses observations, l’attaque frontale devait être privilégiée. Les arts martiaux lui avaient inculqué la patience et la persévérance. Les pouvoirs qu’il avait à disposition ne convenaient pas à la démesure, trop rudimentaire compte tenu du calibre de son adversaire. En revanche, il avait toutes les chances de l’ébranler en appelant la bête démoniaque à surgir. Il lui suffirait d’un coup bien porté au niveau du thorax pour lui couper l’expansion de sa magie le temps de lui asséner une succession de coups dévastateurs. En s’alignant sur son jeu de jambes, il n’aurait aucune sujétion à lui affliger le mal avec un grand M.

Sous l’eau azurée de l’océan mirifique façonné par sa magie, Sunny se délectait de cette balade au moins autant que la jeune fille. Du moins, c’est ce qu’il aspirait à lui faire éprouver avant qu’elle ne consente à interrompre cette poésie fugitive. Les lignes de ses lèvres s’écroulèrent au même rythme qu’un château de carte auquel on privait sa principale fondation d’une simple impulsion. Elle doutait — à juste titre — sur les raisons de sa présence. L’amertume de ses prunelles nuageuses enlevait toute duplicité à ce qu’il ressentait réellement au moment présent. Lui cacher la vérité davantage n’aurait fait que consentir à la stupidité qu’elle ne possédait de toute évidence pas. Se noyant dans le non-dit, l’homme glissa consciemment ses doigts hâlés dans le creux de la main d’Astriid, refermant sa poigne entre ses phalanges pour l’accompagner à trouver ce fameux trésor de voyage. « Vous avez raison de douter. » Commença-t-il calmement, sa tonalité gagnant en douceur au fur et à mesure de sa réponse. « Remettre en cause la parole de quelqu’un est légitime. Sans cette appréhension, vous seriez sans défense, exposée aux répercussions d’un monde duquel exulte parfois une incroyable cruauté. » Sunny leva sa paume en direction de la surface. A mesure où ils progressaient dans le lac, de nombreuses richesses sous-marines vinrent voguer au-devant de ce typhon invisible ; des coquillages aux formes divers et variés, des minerais hétéroclites, du sable chaud incorporé de perles lumineuses. Bref, elle avait l’embarras du choix.

Il lui laissa l’opportunité de piocher dedans le temps d’éclaircir la situation. « J’aurais préféré taire ce secret et le garder pour moi, mais vous avez le droit de savoir. Un Démon est à vos trousses. » Annonça-t-il précipitamment, s’arrêtant subitement de marcher. Son autre main rejoignit sa sœur, la danse des ressources se poursuivant malgré tout. « Ma mission consiste à vous protéger de ses assauts. Je ne sais pas grand-chose d’autre sur votre agresseur, si ce n’est qu’il vous envoyait régulièrement des lettres pour vous localiser. » Il soupira. « Écoutez, il ne va plus tarder. Ma magie n’est pas adaptée pour le combat direct, c’est pourquoi je vais devoir vous quitter et le conduire ailleurs. » Levant la tête, un sillon se dressa sous leurs pieds pour les mener à la surface. Les bulles éclatèrent : une parfaite analogie mettant fin à l'excursion. « Essayez de ne pas m’en vouloir. Je ne vous ai pas menti. Après tout, mes intentions ont toujours étés sincères. On m’a certes engagé pour vous aidçer, mais je l’ai fait en connaissance de cause, parce que je vous avais déjà vu auparavant. Il se trouve que j’assiste à beaucoup d’évènements pour trouver des clients et signer des contrats. Je vous ai rencontrés la première fois lors de la Coupe des Nations. Ce jour-là je n’étais qu’un simple spectateur. Vous étiez resplendissante, non pas parce que vous l’avez remporté, mais par ce que vous dégagiez au moment présent. Comment pouvais-je alors tolérer que quelqu’un vous veuille du mal ? » Une bourrasque raviva son haut de forme qu’il réceptionna sans la quitter des yeux. Il approchait à grands pas. Ils devaient absolument écourter les explications.

Ôtant le premier bouton de son costume, le Sorcier attira une carte entre son index et son majeur. Un joker était représenté. Il lui confia cette dernière dans le creux de sa paume. « Où que vous soyez, si vous avez besoin d’aide ou d’une épaule sur laquelle vous reposer, vous pourrez m’appeler à tout moment. » Il referma ses doigts sur l’objet. « Excusez-moi par avance, mais pour l’activer, je dois me soumettre à un rituel. » Il fixa les yeux de l’Elfe, bienveillants. Imposant une légère pression sur le menton d’Astriid, il se pencha et l'embrassa sur les lèvres. Elles étaient chaudes, douces et désirantes. Quand il rompit le contact, le Joker disparut au profit du visage de Sunny. « Vous voyez, ça c'est un mensonge. » Lui confia-t-il en un clin d’œil espiègle. Ce baiser n’était pas nécessaire, juste volontaire. Les traits du visage désormais plus fermes, Sunny se plaça devant l’Ygdraë. Au même moment, Deccio fit une entrée fracassante, son corps entier provoquant une secousse lorsqu’il heurta le sol de plein fouet, ses jambes ayant déjà subi sa mutation en créature des Enfers. De la vapeur s’évaporait de ses pores. Il entamait le processus pour monter en puissance. Dès son apparition, le renard retourna auprès de lui. Le blond jeta son dévolu sur la rousse. « Pas mal. Ton sourire est un peu crispé, mais ça s’arrangera après quelques injections. » « Navré de briser tes espoirs, le Démon. C’est mal me connaitre si tu penses que je vais te laisser faire. » Des cornes surgirent de son crâne, ses dents devenues proéminentes. « Oh. J’ai aucune idée de qui t’es, mais tu sembles t’être entiché d’elle, c’est mignon. Tu as réussi à me mettre hors de moi, c’est rare. Je vais te tuer, et je m’occuperais d’elle ensuite. » « Pas ici. Pas maintenant. Tu vas me suivre bien gentiment. » Sans hésitation, Sunny se précipita sur lui tout en retirant ses gants. Il reçut un coup, mais parvint tout de même à entrer en contact avec sa peau. Aussitôt, l’espace se distordit et les deux hommes se volatilisèrent. La suite ne regardait plus qu’eux.



1051 mots | Post IV (Du coup quand tu feras la décla, je prendrais un point de Magie. Merci. )

Mon Sorcier, je t'ai vu au beau milieu d'un pré ♫

☙ Robbie Williams & Nicole Kidman - Somethin' Stupid

Ses prunelles émeraudes obstinément fixées devant elle, Astriid feignait de se concentrer sur les merveilles des fonds du Lac Bleu. Mais sous ses boucles cuivrées, ses épaules s'étaient crispées et toute son attention était focalisée sur les mots de Sunny. Après réflexion, l'Elfe craignait la réponse qu'il allait lui offrir. Elle n'arrivait pas à se décider si elle voulait qu'il continuât à lui mentir ou qu'il soit complètement transparent avec elle. Pire, l'avait-elle vexé à vouloir le pousser dans ses retranchements ? Elle n'osait même pas le regarder de peur d'y voir l'agacement né de sa persistance. Evidemment qu'un homme tel que lui ne perdrait pas son temps avec une fille comme elle. Elle se sentait terriblement sotte de le pousser à vocaliser l'évidence. L'Ygdraë se mordit l'intérieur de ses joues, regrettant son impulsivité. Même le spectacle aquatique sous ses yeux ne parvenait à la distraire de ses tourments internes. Elle désirait presque qu'en une seconde, elle soit de retour sur la surface et qu'elle n'ait jamais rencontré le Magicien pour éviter l'embarras qu'elle s'infligeait toute seule. Ravalant la boule dans sa gorge qui menaçait de déborder à tout moment sous forme de perles salées, l'Elfe fit mine de se perdre dans la contemplation d'une petite roche azurée dont elle s'était saisie. Le minerai lui rappelait les yeux de Raïm. Penser au Braskä lui redonna du courage, elle imaginait presque le regard réprobateur du guide se poser sur elle alors qu'il lui mettrait un coup de pied aux fesses. Un châtiment mérité qu'elle aurait accepté de bon coeur en cet instant pour la sortir de cette situation qui lui donnait la nausée. La suite du discours de Sunny lui fit quasiment le même effet et elle releva la tête vers lui, les yeux soudain écarquillés. «Un Démon ?» Astriid réprima un sourire. C'était presque risible. La suite n'avait pourtant rien de comique et un air horrifié se peignit sur son visage. À la mention de l'implication de son cher ami, le monde bleuté lui apparut soudain glacé, inhospitalier comme l'abîme dans lequel elle avait été jetée lors de la Coupe des Nations Ondine. Troublée, ses oreilles s'agitaient avec frénésie alors que la compréhension faisait jour dans son esprit. Ses inquiétudes à propos de Sunny lui paraissaient bien futiles désormais en comparaison des révélations qui l'assommait, en comparaison de la trahison qu'il évoquait. Elle secoua la tête, refusant d'écouter un mot de plus. Mais elle avait demandé et l'homme poursuivit, sa voix douce tranchant avec la fermeté de ses propos. Elle voyait ses lèvres bouger mais c'était comme si aucun son n'en sortait, comme si quelqu'un avait ouvert la porte et qu'une tempête avait pénétré à l'intérieur pour enfoncer ses tympans.
Hébétée, elle le suivit hors du Lac, trop assommée par les accusations qu'il portait sur Bi'll Hilly pour s'émerveiller des pouvoirs du Magicien qui jouait avec l'environnement avec une facilité insolente. L'Ygdraë voulait croire qu'il mentait et elle fronça les sourcils, dégageant sa main d'un geste sec. «Comment savez-vous tout ça ?» Répondit-elle avec humeur, plissant le nez comme lorsqu'elle s'apprêtait à bouder. Le déni lui offrait le salut qu'elle cherchait en son coeur car elle refusait de croire que l'ami à qui elle avait fait cadeau du tableau pouvait se révéler être un Démon qui cherchait à la tuer. Qui croirait-elle ? Ce bel inconnu venu de nulle part où Bi'll Hilly avec qui elle échangeait depuis quelques temps ? Malgré tout, elle ne pouvait en vouloir à Sunny et la frustration lui fit serrer les poings. Elle ne savait plus où elle en était. «Tout ceci semble tiré par les cheveux.» Déclara finalement l'Ygdraë en croisant les bras. En réalité, elle cherchait à se convaincre elle-même en disant cela. «Je ne vois pas pourquoi je croirai un seul mot de ce que vous... Qu'est-ce que c'est ?» L'Elfe se saisit de la carte en coulant un regard suspicieux vers le Magicien. «Vous êtes très surprenant Sunny.» Elle ne croyait pas si bien dire. La surprise tétanisa ses muscles quand il se pencha soudainement sur elle pour lui voler ses lèvres. À peine le temps de réaliser ce qu'il venait de faire, il s'était déjà redressé tandis qu'Astriid avait l'impression que ses jambes s'étaient liquéfiées comme si elles avaient fusionné avec le Lac Bleu. Les joues aussi rouges que des pommes mûres, l'Elfe hoqueta et recula. «Vous !» Elle ne trouvait pas les mots. Pourquoi jouait-il avec elle ainsi ? Pourquoi se moquait-il de ses sentiments ? Etouffée par l'indignation, elle se retint de déchirer en plusieurs morceaux la carte qu'il lui avait donnée pour voir s'il garderait toujours son petit sourire satisfait. Elle n'en eut pas l'occasion car la terre se fendit à quelques pas d'eux. Astriid glapit et bondit en arrière, son coeur battant à grands coups sourds dans sa poitrine. L'apparition du monstre humanoïde la terrifia tant qu'elle ne put se résoudre à émettre le moindre son et elle se recroquevilla derrière Sunny. N'ayant jamais vu de Démon autrement qu'en peinture ou dans les livres, elle n'était pas préparée à la formidable énergie qui se dégageait du nouveau venu. Elle restait bouche bée devant lui, incapable de faire le moindre mouvement et toute pensée cohérente l'avait désertée avec le courage dans leur valise. Quand Sunny s'écarta d'elle, elle leva faiblement le bras pour le retenir car il ne pouvait que succomber face à un tel ennemi. Elle tressaillit devant l'assaut entre les deux adversaires et soudain tout fut fini. Le pépiement des oiseaux reprit timidement, c'était presque déplacé après la scène qui venait d'avoir lieu. Astriid n'avait pas réalisé qu'elle était tombée sur les genoux et elle se releva sur ses jambes tremblantes, réalisant à peine ce qu'il venait de se passer malgré le cratère béant sous ses yeux. Raïm n'allait pas la croire. Encore une fois. Mieux valait ne rien dire.

Message IV | 1057 mots