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 Destruction

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 23 Fév 2020, 19:27



Mon pied tapait nerveusement sur le sol. Les coudes sur la table, je fixais la décoration de ce qui aurait pu être un déjeuner, un dîner ou même, pourquoi pas, un petit déjeuner. Il ne manquait plus que cet ignoble Déchu. J’allais le tuer dès que je le verrais. Mon regard, fixé sur une sculpture en forme de livre, était d’un noir intense. J’étais encore une femme. Je ne cherchais plus à comprendre. Je m’en foutais. Le chaos régnait autour de moi, dans la pièce. Ma chemise était froissée, ses manches retroussées. Du tissu était entouré autour de l’un de mes poignets. Mes idées étaient toujours folles lorsque j’étais Colérique. Mon poing s’était abattu dans une glace plus tôt et je m’étais dit, dans une logique limpide et imparable, que si j’essayais de me tuer, il serait bien obligé de revenir. Forcément, me tailler les veines ne l’avait pas fait réapparaître et j’avais passé vingt bonnes minutes à me débattre entre mon esprit de contradiction, le désordre qui m’entourait et la nécessité de me soigner. Mon instinct de préservation était ressorti lorsque j’avais commencé à me sentir mal et à tourner de l’œil. Depuis, du sang séché recouvrait des pans entiers de mes vêtements, le sol ici et là, en tâches rondes ou ovales, et le mur par endroits. Les empreintes de mes doigts y apparaissaient clairement. Cette mésaventure ne m’avait pas empêché de cuisiner. La Colère me rendait têtu et me faisait oublier les possibles conséquences de mes actes. Me tailler les veines ? Pourquoi pas. Cuisiner couvert de mon propre sang ? Oui, sans problème. En plus de devoir lutter contre la rage pure qui ressortait parfois pour la moindre broutille, comme ce grain de maïs qui avait atterri sur le sol et qui m’avait fait exploser un saladier entier par terre, je devais combattre les vices naturels de mon propre caractère, des vices que j’atténuais en temps normal. La Bague me libérait de mes entraves et manipulations. Les répercussions étaient désastreuses. Les seules parties de la maison encore debout était la table autour de laquelle je me trouvais et la bibliothèque d’Adam. Le reste avait fini par terre et ça faisait plusieurs fois que, malgré mes réparations minutieuses, j’en revenais toujours au même point : son absence m’énervait et je me vengeais sur ses affaires, avant de culpabiliser et d’entreprendre des activités constructives. Malheureusement, ces activités finissaient par mourir dans l’œuf à cause de mon instabilité. J’aurais pu enlever la Bague mais ma propre vie était dans la balance. Je devais la mater et j’étais très loin d’y arriver.

Je serrai les dents. J’avais passé des heures à décorer la table et à préparer le repas qui allait avec. Pour rien. Sans la Bague, je ne l’aurais jamais fait. C’était particulièrement stupide de cuisiner pour quelqu’un d’absent. La Colère m’aveuglait et la boule qui se situait dans mon estomac actuellement, boule qui explosait parfois, était mon seul guide. Les émotions que je ressentais étaient bien plus fortes que toute logique. Pour un homme habitué à réfléchir à tout, dans les moindres détails, le changement ne pouvait être que néfaste, voire létal. L’état de mes vêtements et de mon corps témoignait de l’anormalité des événements.

Ma jambe arrêta son raffut et mes doigts s’avancèrent pour attraper le ruban qui entourait le cadeau que j’avais acheté pour Adam. Mon menton s’appuya contre la paume de ma main libre et je me mis à penser à diverses choses, au hasard. Mes réflexions finirent par couler doucement mais surement vers mon frère, Devaraj. Je sentis que la tempête approchait. Le temps d’un souffle et elle serait là. La Colère allait me faire détruire ce que j’avais entre les doigts, cette table, tout. Habilement, je retirai la Bague. Pourtant, contre toute attente, ses effets mirent plus de temps que prévu à disparaître. Je n’étais plus un Déchu, j’étais redevenu un Sorcier. Mes yeux dans le vide, à essayer de contenir ma fureur, je ne pris conscience de la réalité que lorsque j’entendis un cri. Je relevai le regard. La table et ses deux chaises étaient toujours là, à l’image de la bibliothèque, un peu plus loin. Seulement, hormis le sol qui était en dessous de ces objets, il n’y avait plus rien. Un trou béant avant remplacé la maison d’Adam et tout ce qui se trouvait aux alentours avait purement et simplement été détruit, jusqu’aux murs des habitations avoisinantes, d’où le hurlement de surprise. Je me sentis particulièrement las, comme si mon organisme avait soudainement perdu toute capacité d’affolement. J’étais juste fatigué devant le constat que la Valse Destructrice avait agi à sa guise, pour combler mes frustrations et répondre à ma rage. Ma tête se tourna vers le gouffre qui m’entourait. Il y avait bien dix mètres de rien et, malheureusement, je ne maîtrisais pas encore assez bien la Valse Créatrice pour créer depuis le néant. Au moins, mon cadeau était toujours là, lui.

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 01 Mar 2020, 10:03



Je me réveillai et, tout de suite, je sus que quelque chose n’allait pas et que ce que j’allais découvrir n’allait pas me plaire. Un ronflement vint écorcher mes oreilles. Je me souvins rapidement que c’était ce son tout particulier qui m’avait tiré de mes rêves. Mon regard se porta sur l’homme qui était étendu à côté de moi. Sa calvitie naissante me fit froncer les sourcils et une grimace de dégoût s’invita sur mon visage lorsque je m’aperçus qu’un fin filet de bave s’écoulait de sa bouche, jusqu’à l’oreiller. Un cercle mouillé tâchait le tissu. J’étais nu et toujours une femme. J’ignorais ce que signifiait cette lubie mais j’avais de plus gros problèmes à régler. Il fallait que je me souvienne de ce qu’il s’était passé. Adam n’était toujours pas là. Mes doigts se resserrèrent sur le drap qui recouvrait le matelas. J’allais l’égorger comme un goret. J’avais mal à la tête. Réfléchir était compliqué. En y pensant, quelques bribes me revinrent.

La journée d’hier avait commencé par mon passage devant la justice d’Avalon. Les autorités m’avaient ordonné de remettre en état ce que j’avais détruit le soir d’avant. J’avais passé la soirée en cellule, considéré comme un danger. Je l’étais. L’on m’avait posé des questions. « Que faisiez-vous chez Adam Pendragon ? » « Je l’attendais. » « Quelle est la nature de votre relation ? » J’avais mis du temps à répondre, bien plus que lorsqu’il avait fallu que je déclare mon identité ou que j’avais dû m’expliquer sur le fait que je n’avais pas de mentor alors qu’il ne faisait aucun doute que je n’étais qu’un Corvus. L’homme ne cessait de me désigner au féminin, ce qui produisait chez moi un sentiment étrange. Elle. Il avait raison, puisque mon corps était de sexe féminin mais, dans ma tête, j’étais toujours un homme. « Nous sommes en couple. » Il avait lancé un regard à la dérobée à son collègue, comme si mon histoire ne tenait pas debout un seul instant. Comme mes poings s’étaient serrés et qu’ils avaient senti que je m’apprêtais à me jeter sur eux, peu importe les conséquences, ils avaient fini par acquiescer et me montrer qu’ils croyaient en ma version des faits. Les Colériques étaient toujours difficiles à gérer. Un rien pouvait les mettre hors d’eux. En temps normal, les Corvus étaient faibles, ce qui les rendait facilement maîtrisables. Ce n’était pas mon cas et, vu les dégâts que j’avais causé, il valait mieux rester prudent.

« Nous allons vous trouver un mentor. Vous devrez le rencontrer dans les jours à venir. Vous ne pourrez pas quitter Avalon avant d’avoir réparé les dommages causés dans les Quartiers Simples. C’est compris ? Si vous partez, ce sera bien plus qu’une simple remise en l’état qu’on vous demandera, Mademoiselle Leenhardt. » Ils m’avaient demandé si j’avais quelque chose à voir avec la Matasif. J’avais répondu que oui, qu’elle était ma sœur mais se gardait bien de me mentionner à son entourage. Elle avait honte de moi. J’étais convaincant quand je m’y mettais. J’avais précisé que j’étais l’aînée. J’étais née lorsque le Ma’Ahid de mon père était encore inférieur à la magie de ma mère. Elle, était née après, Humaine. Personne ne la jugeait, étant donné la proximité des deux races mais c’est vrai que notre mère aurait préféré avoir une deuxième fille Ange, elle-aussi. Mancinia en avait souffert. En plus de ça, elle niait totalement avoir eu une mère Ange, se déclarant la fille unique de deux Humains. Je soupirai, comme si j’étais désabusé par le comportement de ma prétendue sœur. De toute façon, j’avais quitté ma famille une fois que j’avais atteint l’âge de maturité. Je n'avais revue ma sœur que quelques fois, en secret. Avec le temps, ses manières hautaines, à la limite de l’Orgueil, et son ambition démesurée m’avaient éloignée d’elle. Ça faisait longtemps maintenant que je ne faisais que me renseigner sur elle, de loin. « Puis, finalement, j’ai été déchue peu avant la victoire de Sympan. Entre nous, ma sœur est bien plus dévergondée que je ne le suis de ce que j’ai entendu dire. Elle adore vos jeux sexuels et pratique le bondage avec son Ange Gardien, Neah Katzuta. Si vous voulez renforcer les liens entre Déchus, Anges et Humains, vous devriez lui en envoyer une pleine cargaison. » J’étais sûr qu’il le ferait. Intérieurement, ça m’avait fait sourire. Ce n’était rien, qu’une petite rumeur sans importance. Il fallait rappeler à la Matasif que les commérages n’étaient pas des enfantillages sans conséquence mais, en attendant de pouvoir faire mieux, et je savais que j'abandonnerais l'idée de faire mieux une fois la Bague enlevée, ça me défoulait. Je n’avais pas compris pourquoi est-ce qu’elle s’était comportée comme une chienne à mon égard et, à présent que je portais l'anneau, ça m’agaçait comme jamais.

Lorsque Gustine m’avait rapporté les paroles qu’elle avait entendu sur moi, j’avais défendu Mancinia en signalant à la vieille Magicienne qu’elle devait simplement être ignorante pour être capable de tels mots, ou ivre au moment où elle les avait prononcés. J’avais avancé que, peut-être, elle avait été prise dans une tourmente. Une Humaine chez les Magiciens, peu importe sa notoriété et son rang, avait de quoi faire grincer les dents de beaucoup de monde. Certains ne s’étaient pas remis du choix qu’avait fait le Nylmord avant de mourir. Elle devait beaucoup subir et, parfois, le trouble créait des comportements regrettables chez ceux qui le vivaient au quotidien. Elle n'avait toujours pas d'enfants, en plus de ça, ce qui était bien triste et devait la faire souffrir, même si je comprenais l'importance du poids qu'elle avait sur les épaules du fait de son engagement pour les Humains. On disait qu'elle avait adopté, cependant, ce qui était tout à son honneur et me la rendait sympathique malgré sa langue fourchue. J’avais avancé l’idée que m’humilier avait sans doute contribué à détourner l’attention de sa propre humanité et tourné cette même attention sur elle, en tant que personne. La gloire n’était jamais facile, ni à obtenir, ni à garder. Certains étaient prêts à se vendre pour elle et à oublier toutes leurs valeurs, la mesure et la retenue nécessaire à leur rang. Même si je m’étais arrêté là devant Gustine, je savais d’expérience que personne ne pouvait faire confiance à un individu qui bavait sur autrui de façon délibérée et en connaissance de cause, pas chez les bénéfiques en tout cas. J’avais donc décidé de passer l’éponge, en me disant que cette histoire finirait par lui retomber dessus d’elle-même. Néanmoins, avec la Bague des Déchus, mes pensées étaient différentes, moins raisonnables, d’où mon petit mensonge. J’étais pourtant resté tempéré, ce qui m’étonnait moi-même. « C’est la raison pour laquelle j'aimerais que le nom Leenhardt n’apparaisse pas officiellement. Je préfère me faire appeler Galathiel. C’est le nom de l’homme qui a partagé ma vie de nombreuses décennies. Nous n’avons jamais été mariés mais le génocide l’a emporté et… même si je suis déchue et en couple avec Adam, c’est mon premier amour. » Avalon fourmillait d’individus qui changeaient à la fois de physique et d’identité. Ça ne les dérangeait pas, du moment qu’ils pussent me retrouver facilement et que je ne partisse pas avant d’avoir effectué les réparations. « D’accord Mademoiselle Galathiel. Nous allons donc vous apposer une magie qui vous sera enlevée une fois que vous aurez répondu de vos obligations. Un membre de la Garde viendra vous donner l’identité de votre mentor lorsque nous vous en auront trouvé un. » Il fallait qu’il soit assez puissant pour contenir mes crises. « N'oubliez pas que vous êtes dans l'obligation de le rencontrer. Il vous aidera à vous maîtriser. »

1248 mots
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Kaahl Paiberym
Dim 01 Mar 2020, 12:18



Après mes aventures devant la justice, l’embauche de plusieurs travailleurs du bâtiment pour réparer ce que j’avais détruit et quelques heures à déambuler sans but en tapant dans les objets qui avaient le malheur de se trouver à proximité de mes pieds, je passai dans une rue et m’arrêtai dans une papeterie. J’avais envie d’écrire une lettre à l’attention d’Adam, une lettre qui me permettrait de me vider la tête et de mettre en forme ce qui se tramait dans mon esprit dérangé et hautement instable à cause de la Bague des Déchus. J’étais de plus en plus vulgaire, ce qui ne me ressemblait pas du tout. Réfléchir m’énervait. Lorsque je pensais aux plans que je fomentais en temps normal, ils ne faisaient que me donner mal au crâne. Comment est-ce que je pouvais être aussi patient ? Ça n’avait aucun sens. Il fallait que je vive, maintenant. Rien ne me garantissait que dans deux jours, je ne serais pas mort. Qu’attendais-je donc pour profiter ? J’étais complètement stupide lorsque j’étais Sorcier.

Mon ventre se mit à gargouiller, stoppant net mes pensées autodestructrices. J’avais tellement attendu Adam que je n’avais rien avalé depuis un temps non identifié. Je choisis donc de m’arrêter dans un petit restaurant. Je commandai des œufs au plat après m’être assis sur une chaise. Serrer les jambes m’irritait. C’était une position de faibles. J’écartai donc les cuisses, adossant mon dos à la chaise tout en positionnant mon avant-bras sur le haut du dossier. Je ressemblais sans aucun doute à un mélange de Déchu, de Réprouvé et d’ours mal léché, le tout féminin. Mon regard se tourna vers un couple d’amoureux. La femme était en train de tendre sa fourchette vers l’homme afin de lui faire goûter le plat. Les deux souriaient, simplement heureux. Je fixai l’assise en face de moi. J’étais seul. Je serrai les dents. Plusieurs individus les regardaient. Il se dégageait d’eux une certaine aura, une aura insupportable pour ceux qui vivaient en solitaire. J’étais trop instable pour que ça ne me touchât pas. La Bague me rendait émotif et ma magie avait bien du mal à prendre la relève de mon esprit troublé. C’était comme si mon objectif dans la vie était de tout entreprendre pour me faire souffrir moi-même. Je finis tout de même par reprendre une position normale et sortis le nécessaire pour écrire ma fameuse lettre.

Adam. J’aimerais vraiment que tu reviennes, maintenant. J’ai besoin de te parler… s’il te plaît. Je ne sais pas ce que tu fais mais si tu continues à n’être pas là, je vais devoir demander à ouvrir une enquête sur toi. Je ne voulais pas le faire parce que… Je ne sais pas vraiment pourquoi. Hier, j’ai détruit ta maison, alors reviens, espèce de gros con.

Je sentis une vague de colère se répandre dans mon corps. Mes doigts tremblaient un peu. J’avais envie d’envoyer mon stylo dans le front de cette femme qui riait avec son compagnon. Ils étaient bien trop joyeux à mon goût. Je râlai sur la feuille mais repris tout de même.

Comment t’as pu partir sans même m’avertir ? Qu’est-ce que tu crois faire, à la fin ? Tu ne penses pas que ton comportement est puéril ? Ou même dangereux ? Tu… Je ne sais pas, tu dois bien te douter, à un moment, que si je n’arrive pas à te mettre la main dessus, je vais m’énerver. Je me demande si tu es le pire des salauds ou juste complètement stupide ! Tu crois quoi ? Que je vais te laisser disparaître, me fuir ou partir sans rien faire ? Si tu ne réapparais pas rapidement, ce n’est pas la Terre Blanche que je vais attaquer. Je vais les faire te chercher, te trouver et quand je t’aurai…

Quand je l’aurais, j’allais l’attacher à une chaise, lui percer les ongles et lui arracher les dents une par une. Puis, je lui raserais les cheveux parce que je les aimais trop pour qu’il les garde sur lui. Une fois qu’il aurait le nez cassé, un trou à la place des oreilles et que les ecchymoses auraient fini de déformer son visage, peut-être qu’il m’exciterait bien moins et que je ne l’aimerais plus autant. Je devais me calmer. Mon écriture avait tendance à devenir plus hachée, les lettres plus grosses et le tout était couvert de ratures, de choses que j’avais noté mais que j’avais préféré barrer. J’essayai de ne pas relever la tête vers le couple après un énième rire cristallin de la femme, sans doute provoqué par le jeu de mots que venait de faire son cavalier. J’allais les tuer. Du calme, me dis-je à moi-même, dans un essai désespéré de maintenir la Colère à l'intérieur de ma poitrine.

J’imagine que ça dépend. Si tu es retenu contre ton gré… J’espère que ce n’est pas ça. Ou si. Je ne sais pas. J’aimerais autant ne pas avoir à te torturer. Il vaut mieux que ce soit les autres mais tu dois bien te douter que si tu es parti sans rien me dire, je vais te faire mal. Je vais peut-être même te tuer… Tu me manques. C’est horrible. En plus ce putain de serveur met trois siècles à m’apporter mes œufs au plat ! Je vais le tuer, lui aussi ! Je vais découper son visage grassouillet et le mettre dans une assiette pour décorer l’omelette que je ferai avec son corps avant de le servir à manger à ses enfants ! Non, mauvaise idée : ce serait bien trop long à mettre en place ! Ça me soûle tous ces plans débiles ! J’ai juste envie qu’il souffre et je veux qu'il souffre maintenant !

Ma lettre était remplie de ratures à présent, de mots si gros qu’un vieillard n’aurait eu aucun mal à les lire. Je n’écrivais plus droit du tout. Heureusement, mes œufs au plat finirent par arriver, avec du pain. Je pris un morceau dans ma main gauche et le trempait négligemment dans les jaunes. L’une de mes jambes était repliée contre mon buste. Mon pied était sur la chaise. Je ressemblais sans doute à une sorte d'adolescente vulgaire et mal lunée, rien de bien étincelant... Enfin, c'était sans compter le fait que j'étais très loin de passer inaperçu. Le couple sur son petit nuage contrastait avec la noirceur qui semblait m’entourer. La Colère déformait mes traits de temps en temps et, même si je n’en avais pas conscience, elle me rendait séduisant… e.

Je porte la Bague. Elle m’énerve. En plus je suis toujours une femme. J’aimerais bien continuer à t’écrire mais y a un pauvre mec avec une calvitie et des lèvres d’axolotl qui vient de s’asseoir en face de moi et qui mate mes seins. Je vais lui arracher le reste de ses cheveux et lui envoyer le nez dans la table. Ça lui apprendra. Ou alors je continue de l’ignorer… C’est qu’il parle. Sa voix est horrible. J’ai envie de vomir, et de t’attacher au lit pour que tu ne puisses plus partir. Ensuite je te prendrais violemment parce que c’est tout ce que tu mérites. Compte pas sur moi pour être gentil à l’avenir. T’auras qu’à te les foutre au cul tes préliminaires ! De toute façon c’est de la perte de temps ! Comme de t’aimer. Arrête de me parler, connard !

Le papier se froissa dans ma main et je levai enfin la tête vers l’homme. « Quoi ? » dis-je en grognant à moitié. « Vous ne vous rappelez pas de moi ? » « Non ! » « Vous m’avez embauché en début d’après-midi… » « Ouais, et ? » « C’est vrai ce qu’on raconte ? Vous êtes en couple avec Adam Pendragon ? » « De quoi je me mêle ? » « De rien… Je me disais juste que vous aviez l’air triste. Les travaux commencent demain et ce soir je vais faire la fête avec quelques amis. Ça vous dirait de vous joindre à nous ? » « Mes yeux ! » « Hein ? » « Mes yeux… Ils sont trente centimètres plus haut ! » Il se gratta le crâne avec sa grosse main dégueulasse, tout en s’excusant. Comment un Déchu pouvait prendre une apparence aussi affreuse ? Il ne devait pas l’être. J’allais l’envoyer chier quand, soudainement, j’eus une idée qui me sembla brillante. Toutes mes entreprises avec la Bague se terminaient en fiasco. L’anneau gelait mon cerveau. Peut-être que si j’allais festoyer avec cet abruti, Adam finirait par se montrer ? Il devait bien être un peu possessif ou jaloux… un peu. « Je viens d’accord. » finis-je par dire en roulant d’autant plus la lettre dans ma main. Je me levai, me dirigeai vers le couple et usai d’hypnose sur la femme. « Ouvre la bouche. » Je lui mis dans le gosier. « Maintenant mâche et avale. » Ce qu’elle fit. Elle n’avait qu’à pas être aussi heureuse.

971 mots, sans compter la lettre
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Kaahl Paiberym
Dim 01 Mar 2020, 16:59



Je tirai le drap qui couvrait le corps de l’homme. Mes yeux se posèrent sur ses fesses, poilues, grasses, juste quelques secondes. J’avais envie de vomir. J’enroulai le tissu autour de moi. Je grimaçai après un faux mouvement. J’avais sous-estimé ma poitrine. Je m’en foutais complètement d’avoir un corps féminin. Je n’allais certainement pas disserter sur ma physionomie. J’avais une apparence assez musclée et je préférais contracter mes muscles, plus fins que lorsque j’étais un homme, plutôt que d’admirer mes seins ou mon vagin. Je ne me sentais pas femme de toute façon, s’il existait seulement un état spécifique à cette condition. Je n’en savais rien et ça m’était égal. Je me pinçai l’arête du nez en essayant de reconstituer les événements de la veille. Le type, dont j’ignorais le nom, remua. Je soupirai. Après le restaurant, la suite était plus floue. Nous nous étions rendus dans un endroit enfumé, où l’alcool coulait à flot. Ses amis et lui m’avaient signalé qu’il fallait que je me détende, que trop de Colère allait finir par me tuer. J’avais bu et fumé. J’avais dû me droguer, un comportement qui, là encore, ne me ressemblait pas. Je me souvins soudain d’avoir parlé d’Adam. Mon visage illustra alors la plus parfaite des exaspérations. « T’es réveillée beauté ? » Beauté… Je grimaçai. Je me revis, la veille, entre deux verres. « Il est parti sans rien me dire ! C’est un connard ! Je vais lui faire payer ! » L’homme avait ri en écoutant ma voix, de plus en plus étrange à cause de l’alcool. « Tu as bien raison. Tu sais ce qui serait bien de faire ? » « Lui casser le nez ! » avais-je dit, en bon soulard. « Oui mais pas seulement. Tu devrais coucher avec d’autres personnes. » Je me rappelai vaguement avoir trouvé l’idée stupide dans un premier temps. Cependant, après quelques verres de plus et un esprit encore plus embrouillé par les différentes substances, j'étais revenu sur ma position de départ. C’est vrai. Il faisait genre que ça ne lui faisait rien mais peut-être qu'il apparaîtrait enfin, si je me mettais à dérayer complètement ? Et si ça ne lui faisait vraiment rien alors je pouvais faire n’importe quoi avec n’importe qui ! Comme lui ! Ça n'aurait plus aucune importance. Il se fichait bien de moi, lui, sinon il m’aurait prévenu ! J’allais lui crever les yeux ! Quand il reviendrait, je lui jetterai au visage qu’il baisait comme une merde et que j’avais trouvé mieux ailleurs. Ce serait bien fait.

La Bague me rendait plus con que con.

L’homme bailla bruyamment. « Franchement, je ne dis pas ça généralement mais toi tu es géniale. Je crois que je suis en train de tomber amoureux de toi. Tu es tellement… » Je n’entendis pas la suite, plongé dans mes souvenirs. J’avais fini dans un sale état. Je m’étais battu, ce qui expliquait le sang que je pouvais apercevoir sur mon haut. Celui-ci trainait dans un coin de la pièce, en bouchon. J’avais pleuré au bout d’un moment, pitoyablement, en appelant après Adam. Et… le reste était noir. J’avais l’impression d’avoir pensé au Déchu, de l’avoir retrouvé, d’avoir fait des choses avec lui mais… « Tu entends ? Je t’aime. » Il me parlait d’amour, vraiment ? Je me mis à rire. « Quoi ? » dit-il. Il avait été surpris lorsque j’avais soupiré le nom d’Adam en plein ébat mais il était trop con pour prendre conscience du truc. « Je crois que ça ne va pas être possible entre nous. » J’enlevai la Bague. Je sentais que j’allais le tuer si je ne le faisais pas, le tuer d’une façon qui me ferait de nouveau passer devant la justice d’Avalon. Ce que j’avais eu envie de faire subir à mon frère, prendre un pavé et lui écraser sa sale gueule, était en train de ressortir avec violence. Autant couper court, en espérant que la Valse Destructrice ne réduirait pas ce qui m’entourait en cendres. C’était un risque mais je ne pouvais m’encombrer d’un cadavre. Sorcier de nouveau, je gardai mon corps féminin, écoutant d’une oreille distraite ses arguments. Je décalai mon bras pour l’empêcher de me toucher. Je ne me rappelais pas de la veille mais je n’avais pas besoin d’un dessin pour savoir que j’avais couché avec ce sac. Je me souvenais qu’il était un déserteur, un lâche en somme. Je l’exécrais et il mourrait de la Vagash. Je venais de le décider. Ce n’était pas spécialement contagieux, à moins de percer les protubérances noirâtres qui s’étendraient progressivement sur sa peau. C’était douloureux et mortel en revanche. L’avoir signifiait mourir dans d'atroces souffrances, à moins de trouver un mage aussi doué que je le fus dans les premières heures de la contamination. Impossible.

Je me levai et utilisai ma magie pour faire du drap un vêtement ajusté. Hors de question que je me rhabille avec les fripes que je portais la veille. « Qu’est-ce que tu fais ? » « Je pars. » « C’est ça ! Salope ! » Lui non plus n'aimait visiblement pas qu'on lui dise non. Il y avait pourtant une différence fondamentale entre nous deux : j'avais les moyens d'obtenir les oui que je désirais. Je me tournai, un fin sourire sadique sur les lèvres. Salope. De mieux en mieux. La lampe s’éclata sur sa tête, de quoi le faire dormir pour quelques heures. J’en avais marre de jouer. J’activai l’anneau sigillaire. Deux Sorciers apparurent instantanément. « Kamtiel. » dirent-ils en me présentant leurs hommages. Personne ne s’étonnait jamais de l’apparence du Chancelier Kamtiel. J’étais une figure sans visage. « Je veux que vous me communiquiez la position en temps réel de tous les Déchus célèbres résidant habituellement à Avalon. » Aucune question, juste un hochement de tête. Ils allaient trouver Adam pour moi. Une fois que ce serait fait, mon amant recevrait une visite surprise. L’Esprit Parasite qui me suivait habituellement se mit, lui aussi, en quête de l’homme. Je lui donnais un spectacle distrayant depuis quelques temps. Ma dispute avec Devaraj l’avait ravi.

930 mots
Fin

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