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 [A] - Les Gardiens des Cieux | Solo

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Isiode et Isley
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 1066
◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Sam 11 Jan 2020, 18:07



Partenaire : Solo ♪
Intrigue/Objectif : Partis en expédition, Isiode et le détachement dans lequel il est affilié mettent pied à terre sur le territoire d’Orhmior, île perdue au cœur de la Mer Miroir. Là-bas, ils devront découvrir les secrets que cachent ces terres et établir si, oui ou non, il s’agit bel et bien d’un lieu viable pour les Anges.



Havresac sur les épaules, regard perdu sur la ligne de l’horizon, je me surpris à profiter de ces quelques instants de répit pour contempler ce qui s’animait juste sous mes yeux. Au pied de la passerelle, m’engageant, après une poignée de secondes, sur le pont principal, je percevais sans mal le bruit des vagues de la haute marée qui se fracassaient sans ménagement contre la coque de la caravelle. Cette dernière se laissait, par ailleurs, doucement porter par les assauts ininterrompus de la mer, sans pour autant quitter la proximité des quais d’embarquement sur lesquels des centaines de voyageurs attendaient patiemment de monter à bord des vaisseaux de la campagne d’exploration. La sensation de retourner en mer était particulièrement étrange, compte tenu que ma dernière expérience remontait à ce temps où j’avais été entraîné, bien malgré moi, dans ce sordide et incompréhensible jeu d’équipe. Cependant, ce voyage n’allait pas ressembler au précédent, à n’en point douter : les Dieux ou je ne savais quelle entité n’était en rien maître, cette fois-ci, de l’enjeu qui se profilait devant nous.

« Où devons-nous porter nos sacs? »

La voix d’Hiddleston m’extirpa brutalement du fil de mes pensées alors que, d’un mouvement discret, je pivotais en direction de mes compagnons. Ces derniers entouraient un marin qui leur désignait l’entrée aux ponts inférieurs du menton.

« Descendez les escaliers jusqu’au pont Orlop », nous indiqua l’homme de la mer avant de se figer un instant.

La confusion dans nos regards ne l’échappa guère et, tout de suite, comme un tic, il se mit à frotter maladroitement sa nuque.

« Euh… Rendez-vous jusqu’au pont le plus bas du navire », rectifia-t-il de manière à ce que tout le monde puisse comprendre ce qu’il insinuait en faisant référence au pont Orlop.

Nous aurons quelques leçons à apprendre au cours de ce voyage… Songeais-je tout en adressant au marin un sourire de remerciement alors qu’un premier homme ouvrait la voie jusqu’aux escaliers menant aux ponts inférieurs. Plusieurs visages familiers étaient à mes côtés : Acram Galathiel, un épéiste au cheveux bruns et aux yeux verts, ainsi qu’Hiddleston Locke, un Enfant de Réprouvé à la silhouette fine, aux cheveux noirs et aux prunelles profondément bleues, étaient des frères d’arme qui bataillaient dans la même cohorte que moi, la Troupe Xēna, depuis plusieurs années déjà. Par ailleurs, ils avaient pris les devants avec d’autres passagers pour s’engager dans les escaliers. J’étais également en mesure de compter parmi mes connaissances Wilhelm Garland, un soldat de l’armée angélique avec qui j’avais fait quelques patrouilles au cours de la Coupe des Nations durant l’Épreuve angélique. Les premières secondes, je fus légèrement surpris de reconnaître ces longues mèches châtaines ainsi que ses yeux couleur noisette à travers la foule, mais lorsque nos regards finirent par se croiser, je lui échangeais un vague signe de la tête.

« Un ami à toi? » Me demanda soudainement Edmund qui, dans mon dos, venait de capter la scène du coin de l’œil.

J’acquiesçais à l’affirmative, replaçant mon sac sur mon épaule.

« Nous avons travaillé ensemble de temps en temps pour patrouiller les frontières des Jardins pendant l’Épreuve de la Coupe des Nations. »

Le forgeron à la courte barbe bien taillée, à la longue tignasse brune et aux yeux sombres laissa tomber un long « Aaaaah! » avant de sourire, prenant les devants tout en me frappant amicalement le dos avec la paume de sa main pour m’inciter à avancer. Au rythme de ses pas, nous étions en mesure d’entendre le choc métallique des outils qu’il traînait dans son sac. C’était Edmund Rogue pour vous : militaire de la Patrouille Hēres et forgeron pour le compte de la Compagnie de Yüerell. Avec ses deux frères aînés, il confectionnait une partie de l’armement de la milice, et se spécialisait notamment dans la fabrication de boucliers. La fratrie Rogue mélangeait le savoir-faire réprouvé et celui angélique pour produire des armes de qualité, du moins, nous n’avions pas à nous en plaindre. Elles étaient résistantes en plus d’être particulièrement légères pour permettre des enchaînements plus fluides, des coups plus rapides, la fabrication des armes lourdes étant confiée à d’autres artisans de la forge et de la métallurgie, restés, à ma connaissance, sur le territoire des Jardins de Jhēn.

Arrivés, donc, au point le plus bas, nous nous rendîmes rapidement compte de l’espace et de l’agencement du matériel ainsi que des différents hamacs et couvertures qui reposaient, éparses, sur le plancher du pont.

« Nous dormirons par terre? M’enquérais-je auprès d’un homme que je reconnus immédiatement pour être un matelot, grâce au chapeau particulier qu’il portait sur le haut de son crâne.

- Pas tout l’monde. Y’a des cabines pour certains d’ent’vous, mais ouais, y’aura définitivement pas assez d’places pour toute la floppée, même avec deux étages », nous apprit-il avec un fort accent avant de se perdre dans le flot de silhouettes qui traversaient le pont et ses différentes pièces.

J’hochais de la tête à l’instar d’Edmund, qui reprit rapidement sa progression pour aller voir l’intérieur de l’une de ces fameuses cabines. L’ambiance était effervescente, mouvementée, alors que tous et chacun tentait de se trouver une place au cœur des chambrettes. En passant nos têtes dans l’entrée offerte par la porte grande ouverte, nous pûmes évaluer la dimension de la minuscule pièce, calculant au nombre de deux les couchettes qui se trouvaient à l’intérieur de chacune d’entre elle. Dans un souci d’économie d’espace et de commodité, un premier lit était collé au mur, juste en-dessous du hublot qui faisait face à l’Océan tandis que la seconde couche glissait dans l’angle droit de la pièce, la tête du premier lit frôlant de quelques centimètres les pieds du deuxième. Il n’y avait aucun autre mobilier ou espace de rangement dans la pièce, si ce n’était qu’un petit espace pour y mettre une quantité limitée d’objets, tels que des paires de chaussures ou quelques vêtements bien rangés et pliés.

« Je crois que nous serons condamnés à dormir au sol pour les prochains jours du voyage, lança alors le Patrouilleur en remarquant une sourde activité dans chacune des chambres.

- Ce n’est rien, lui dis-je en haussant doucement mes épaules, signe de mon indifférence. Allons voir si Hiddleston et Acram ont trouvé une cabine. Nous pourrions y laisser nos sacs durant la journée et les récupérer au cours de la nuit.

- Ah oui, bonne idée!

- Si vous cherchez les soldats Locke et Galathiel, ils sont dans cette cabine, là-bas, en train de défaire leurs bagages », nous apprit l’une des deux femmes qui avaient investi la cabine que nous étions en train d’examiner.

Elle portait l’uniforme militaire de la Compagnie – une consœur? – et nous indiquait la position de la fameuse chambre du doigt après avoir fait un rapide tour d’horizon depuis le seuil de sa chambre.

« Oh! Merci beaucoup.

- C’est un plaisir! » Nous sourit-elle avant de retourner à ses propres bagages, aux côtés de sa partenaire.

Nous nous dirigeâmes instantanément dans la direction qu’elle venait de nous indiquer, passant nos têtes devant l’ouverture de la chambre pour nous assurer qu’il s’agissait bien là de nos compagnons. Nous fûmes chaleureusement accueillis par le sourire d’Acram.

« Ah! Vous êtes là! Avez-vous trouvé des cabines?

- Non, nous n’avons pas été assez rapides, mentionna Edmund en secouant la tête en signe de négation. Pourrions-nous au moins déposer nos bagages dans vos chambres pour la journée? Ainsi, ils ne seront pas dans les jambes.

- Oui, bien sûr, nous assura Hiddleston en balayant la pièce des yeux, à la recherche d’un espace inoccupé. Vous pouvez les déposez ici, juste à côté de la porte.

- Merci. »

Prenant le sac du Patrouilleur tout en me délestant du mien, je les déposais au sol à l’endroit désigné par le Fantassin.

« Bien, nous vous laissons défaire vos bagages tranquillement. Nous serons au pont principal si vous nous cherchez. »

Les deux soldats hochèrent de la tête alors que nous rebroussions chemin jusqu’aux escaliers qui menaient à l’extérieur. L’Astre du Jour, tout de suite, nous éblouie de par ses milles rayons. Les navires étaient toujours à quai, les derniers passagers trouvant chemin jusqu’au vaisseau qui leur était destiné. Les capitaines lançaient des ordres de leur voix puissante, l’inflexion de leur cri portant jusqu’aux oreilles de leurs subordonnés qui s’appliquaient, dans une frénésie toute particulière ainsi que dans une attention vigilante, à s’assurer du bon départ des édifices flottants.

Quelques minutes à peine après notre retour à l’extérieur, les passerelles étaient remontées des quais tandis que les quelques individus restés à terre observaient les voiles des bateaux s’étirer dans le vent. Certains avaient fait le voyage avec nous pour saluer la famille, dire au revoir à un époux ou à une fille. D’autres, simplement curieux, à la suite des rumeurs sur les explorations angéliques, prenaient des notes dans leurs carnets – sûrement des journalistes ou autres fervents défenseurs de l’encre et de la plume –, certains n’étaient là que pour regarder et admirer le départ que l’on attendait depuis des mois. À la vue de tout ce petit comité, l’ombre d’un sourire trouva passage jusqu’à mon visage. Je ne sais pas à quoi je m’étais attendu, en réalité, car même parmi la foule, je ne le voyais pas.

Tranquillement, je posais mes bras contre l’un des garde-corps du vaisseau, observant la terre, puis l’eau, qui léchait violemment ses berges. Enfin, mon regard remonta le long de la coque d’un autre navire et brusquement, je me figeais. Sur le pont supérieur de celui-ci, je venais de croiser le visage familier de mon frère. Il discutait avec cette femme, l’air serein, et ne semblait pas avoir remarqué que je les observais. Seulement, à leur seule vision, ma mâchoire se contracta et mes yeux se plissèrent, une soudaine animosité montant jusqu’à ma tête. C’est à cet instant précis que je sentis la main d’Edmund taper mon épaule et que je finis par détourner mon visage du leur, toute expression hostile et rancunière disparaissant de mes traits pour revêtir un masque de désinvolture et de détachement total. Au regard que je lui adressais et qu’il capta, le forgeron s’immobilisa un instant, ses yeux sombres se reportant sur le navire à plusieurs mètres de nous. Tout de suite, il comprit et finit simplement par relâcher un souffle, sans trop poser de questions : hier soir, j’étais retourné à la caserne avec une humeur massacrante, il fallait le dire.

« Je viens de croiser l’Olori Ivanhnoé. Il voudrait te parler, m’apprit l’Immaculé en me faisant signe du menton que le dignitaire royal m’attendait dans les quartiers du capitaine. Rien d’urgent. Je pense qu’il veut simplement t’assigner nos tâches pour la journée. »

À cela, je répondis par un hochement de la tête, abandonnant le bastingage sur lequel je m’étais appuyé avant de rejoindre les quartiers du capitaine de L’Elior.



« Hum? Muramasa? Quelque chose ne va pas? »

Sur le second bateau, Le Babylone, mon frère venait de détourner son visage de celui de l’Orine pour observer le point qu’elle s’était mise à fixer, soudainement. Les pupilles céruléennes de son regard rencontrèrent tout de suite le faciès d’Edmund, qu’il reconnut aussitôt. Chaleureusement, Isley lui fit un signe de la main, que le forgeron lui rendit, en l’accompagnant d’un lumineux sourire. Cependant, ce dernier s’effaça doucement alors que les yeux sombres du Patrouilleur se portait sur mon dos. Instinctivement, Isley suivit son regard, m’aperçut et baissa les yeux.


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Isiode et Isley
Dim 12 Jan 2020, 23:03



Notre départ remontait déjà à une semaine. Les jours précédant l’arrivée des navires fantômes furent tranquilles, sans grand artifice ou embarras. L’équipage des vaisseaux s’occupait de la navigation et de la maintenance des appareils. Le reste des passagers, quant à eux, vaquaient à diverses tâches et travaux. Les uns survolaient le ciel à grands battements d’ailes, embrassant les nuages de leurs rémiges afin de surveiller les environs marins et de s’assurer que les bateaux ne dérivaient pas en direction d’un autre horizon. À tour de rôle, nous nous partagions l’entretien de la cuisine ainsi que la préparation des repas : avoir autant de bouches à nourrir, dispersées entre l’effectif de deux navires, cela demandait une réserve relativement importante de nourritures tout en maintenant des portions nutritives, mais frugales, afin que tout le monde puisse jouir d’au moins deux repas par jour. C’est pourquoi nous ne pouvions nous permettre d’être gourmands, qui que ce soit. Tout comme pour la préparation des plats, nous réalisions un roulement dans les tâches ménagères, qui consistaient, pour la grande partie du travail, à ranger les couvertures, les oreillers et les sacs qui traînaient sur les ponts inférieurs, et qui avaient été étendues sur les planchers en raison du nombre limité de cabines pour l’ensemble des passagers. Nous devions ramasser tout ce fouillis de manière à ce qu’il ne traîne pas à nos pieds au moment le plus inopportun. Puis, en général, il fallait s’assurer de la propreté globale des navires, notamment après les repas, et tuer la vermine qui aurait eu le bonheur – et le malheur pour nous – de se joindre à notre voyage, mais cela, c’était de la responsabilité à tous : la dernière chose que nous voulions subir, c’était la transmission d’une maladie au sein de l’équipage. Entre ça et de possibles tempêtes, qui pouvaient nous guetter à l’horizon et nous tomber dessus à tout moment, il fallait nous montrer prudents et extrêmement réactifs, ne laissant de chance à aucune menace de nous affaiblir avant même que nous soyons sur les côtes des terres d’Orhmior.

« Encore en train d’analyser les cartes? » S’exclama une voix au-dessus de ma tête, son propriétaire envoyant l’ombre de sa silhouette sur les précieux schémas cartographiques.

Relevant la tête, je croisais les iris émeraude d’Acram Galathiel, qui s’était permit d’observer les parchemins que j’avais en main en baissant sa tête au-dessus des cartes. Tout comme moi, il venait de finir sa corvée du matin, profitant de sa pause pour vagabonder ici et là tout en admirant le bleuté de l’Océan qui ne semblait avoir de fin. Tout se perdait entre le ciel et la surface des eaux, comme un horizon indéfinissable qui n’avait de frontières que celles que nous nous imposions. Le soldat Galathiel avait eu un sourire mélancolique à cette vue, ses yeux s’abandonnant à la vision que lui offrait le paysage. Et tout de suite, il avait songé à Diana. De son vivant, elle aurait apprécié contempler un tel diaporama, il en était certain. Elle avait toujours eu ce goût particulier pour l’aventure, cette excitation toute enfantine qui pétillait au plus profond de son regard lorsqu’il lui racontait ses voyages à travers les continents, les mers et l’Océan. Elle qui n’avait jamais eu la chance de quitter la Citadelle Blanche, en raison de sa faible constitution et de ses problèmes récurrents de santé, ne rêvait que de voyages et d'exploration afin de voir, de ses propres yeux, les paysages et les communautés que le brun lui décrivait dans ses lettres et ses récits.

Combien de fois lui avait-elle avoué qu’elle aurait aimé assister à la Fête du Roi, une célébration orisha qui n’avait eu de cesse de l’émouvoir et de la faire rêver, que ce soit par les costumes, l’ambiance musicale et les décorations qu’elle s’imaginait en lisant les missives du soldat? Combien de fois avait-elle pleuré en prenant conscience que, pour une nouvelle année encore, elle manquerait la distribution de la galette des Neiges à Caelum et aux terres du Lac Bleu? Le Fantassin Galathiel avait, plus d’une fois, contemplé les larmes dans ses yeux, parce qu’il était celui qui les essuyait sur le bord de ses cils en la gratifiant d’un sourire puis, en lui volant un baiser, avant de l’emporter avec lui dans des souvenirs. Certes, ils n'avaient jamais eu la chance de les vivre ou de les expérimenter ensemble, mais ils pouvaient, au moins, se les partager en rêvant tous les deux des événements. L’imagination de Diana Aurne avait toujours eu de quoi surprendre ses semblables. Cependant, lorsque l'on connaissait son histoire, il avait toujours été désolant de l’observer vivre dans ce monde de chimères alors que la seule ambition qu’elle nourrissait était de pouvoir utiliser son corps, utiliser ses jambes et ses bras qui lui avait été donné par Edel, pour qu’ils l’amènent partout où Acram avait déjà posé les pieds un jour. Afin qu’elle puisse, elle aussi, revenir à la Citadelle Blanche et échanger ses propres expériences. Malheureusement, l’attaque des Démons avait mis fin à son rêve, avait mis fin à ses désirs, ne laissant de sa personne qu’un cadavre refroidi entre les bras du soldat perdu et apeuré.

« En toute logique, nous devrons accoster sur le flanc ouest de l’île, renchérit le Fantassin aux yeux verts en touchant la zone visée du doigt : même s’il observait la carte à l’envers, compte tenu de sa position, il était tout de même en mesure de reconnaître la configuration de l’Île d’Orhmior et de ses différents territoires. Si je me souviens bien, lorsque nous en avons parlé avec le reste de la Troupe, le Capitaine disait que toute cette étendue, à peu près, était une plage de galets, non? »

C’était pour se soustraire de ces réminiscences, qui ne cessaient de rouvrir des plaies semblant incurables, qu’Acram avait alors décidé de se rapprocher de ma position, m’ayant aperçu depuis l’autre côté du navire. Il s’était amusé à penser que j’arriverais peut-être à occuper son esprit, le temps qu’il puisse retrouver son entrain naturel et refermer progressivement le tiroir dans lequel il avait entreposé tous les souvenirs de Diana. Assis en tailleur contre l’un des bastingages du navire, j’avais à peine pris conscience de sa présence à mes côtés, et ce ne fut que lorsqu’il m'avait interpellé que je me rendis compte qu’il était effectivement tout près de moi depuis un moment déjà. Ainsi, à ses dires, j’acquiesçais en lui adressant un signe de tête, affirmatif.

« Cela étant dit, la plage n’est pas si large que ça », intervins-je à mon tour tout en l’invitant à s’installer près de moi, s’il le désirait.

Ce à quoi l’épéiste répondit avec un grand sourire, s’asseyant sur ma gauche pour mieux observer la carte lui aussi.

« Il semblerait que nous aurons beaucoup à traverser avant d’atteindre notre objectif… » Poursuivais-je.

Il confirma d’un hochement de tête. La carte était plus ou moins claire quant aux délimitations de l’Île d’Orhmior et les distances, même en étant plus ou moins précises, devaient tout de même diverger de plusieurs mètres de la réalité terrain. N’empêche, elle était suffisamment fidèle à la réalité pour nous donner une idée de ce qui nous attendait comme périple, une fois ayant mis le pied à terre. Notre premier défi ne serait pas tant la plage sur laquelle nous amarrerons les bateaux des expéditions, mais plutôt la traversée de cet immense val de hautes herbes que l’on pouvait deviner sur le modèle de la carte. Il devait faire neuf, voire dix fois la superficie de la plage et les éclaireurs avaient ajoutés des détails intrigants dans ce secteur. Des sortes de proéminences plus larges que longs, avec le sommet plat, avaient été dessinées ici et là sur l’ensemble de la zone représentant la vallée, et si ça n’avait pas été des notes laissées par les cartographes, il aurait été difficiles d’identifier clairement ce que ces collines étaient supposés représenter.

« Aaaah! J’aurais aimé accompagner les éclaireurs durant leur mission. Tu sais ce que certains ont raconté en revenant? Qu’en survolant cette vallée, justement, ils auraient vu une énorme colonie d’oiseaux ayant élu domicile sur les sommets des buttes pour la période de nidification.

- Ah oui?

- Oui! De grands oiseaux d’environ un mètre d’envergure, à ailes déployées. Ils auraient un plumage complètement blanc, mais le bout de leurs plumes serait d’un bleu magnifique et chatoyant au soleil. Je dois encore avoir une copie du dessin que le Patrouilleur m’avait donné : je fouillerais dans mon sac et te le montrerais durant le repas de ce midi. »

Je souris, lui indiquant de la sorte que je serais ravi de jeter un coup d’œil sur ce fameux dessin, surtout si les oiseaux qu’Acram me décrivait était aussi joli qu’il le disait.

« En tout cas, après avoir traversé la vallée, on aura certainement besoin de nous reposer un peu avant de nous engager sur la chaîne de montagnes.

- Sûrement. Plusieurs ne sont pas habitués à de tels efforts physiques. Ils vont être exténués.

- En effet.

- Tu te rends compte que si on avait été que nous, on aurait certainement pu faire cette distance en un jour? »

- Certes, si tout le monde pouvait posséder des ailes ou utiliser la Magie, les choses auraient été bien plus aisées, mais ce n’est qu’un mal pour un bien, sachant tout ce que chacun d’eux nous apporte comme avantage en retour. »

Je laissais mon doigt continuer sur la largeur de la chaîne de montagnes jusqu’à arrêter le mouvement au-dessus de ce qui avait été classifiée comme une zone verte, des champs ou des plaines peut-être, l’identification n’étant pas encore définitive.

« Je suis le seul à trouver cela fascinant la manière dont le territoire a évolué autour du point d’eau?

- Non, c’est singulier et particulièrement curieux.

- Les montagnes qui entourent ces champs; ces champs qui entourent ces chutes; ces chutes qui entourent et tombent dans cet immense lac…

- Et tu as certainement dû entendre que ce dernier aurait été formé dans la bouche d’un ancien volcan, aujourd’hui complètement inactif.

- Pas qu’une fois même! Mais ça reste un drôle de phénomène – non? – ce lac formé dans le trou d’un volcan aussi renfoncé dans le sol? »

J’haussais des épaules, me disant que les scientifiques venus nous soutenir pour ces explorations devraient très certainement nous fournir quelques réponses quant à ce phénomène. Du coin de l’œil, cependant, je perçus un mouvement : une silhouette se dirigeait droit vers nous. Tout de suite, je reconnus notre compagnon de Troupe, Hiddleston Locke.

« Eh, Isiode, c’est notre tour de patrouille.

- D’accord. J’arrive dans un instant. »

Rapidement, je me relevais, époussetant négligemment mes vêtements avant de me tourner vers le soldat Galathiel, qui s’était également remis sur pied en étouffant ses derniers éclats d’hilarité : il allait sûrement rejoindre les cuisines maintenant, filer un coup de main aux autres apprêteurs et pseudo-cuisiniers même si son tour n’était pas encore venu.

« Je vais ramener les cartes pour toi, si tu veux.

- Vraiment? »

Il me fit signe que oui. Alors, j’enroulais les cartes avant de les lui tendre.

« Merci.

- Aucun problème, ça me fait plaisir. »

Galathiel allait s’éclipser pour retourner les cartes à l’endroit prévu, mais je l’arrêtais brusquement. Le rythme de ses pas se suspendit aussitôt et il tourna son visage dans ma direction, les sourcils froncés.

« Pardon?

- J’ai dit : « J’espère que tu te sens mieux, maintenant. » Parce qu’au moment où tu es venu me voir, tu avais le cœur lourd et tu semblais… légèrement mélancolique. »

Durant de longues secondes, le Fantassin aux yeux verts ne prononça pas un mot, me dévisageant simplement par-dessus son épaule. Mais, finalement, un sourire illumina son visage et tira, vers le haut, le coin de ses lèvres.

« Ah! Tu n’as pas à t’en faire, vraiment! Parce que je me sens beaucoup mieux, maintenant. »

Nous nous dévisageâmes un instant, avant que je lui réponde également par un sourire.

« Tant mieux dans ce cas. »

Puis, je me tournais vers Hiddleston, indiquant à ce dernier que nous pouvions y aller. En temps et en heure, si Acram le désirait, il pourrait toujours venir m'en parler.


2 039 mots | Post II



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Isiode et Isley
Ven 17 Jan 2020, 01:46



~ La scène se passe tout juste après le RP de Lumière dispersée ~

Je ne saurais dire précisément quand j’avais commencé à m’évanouir doucement dans le royaume des songes, mais à la vue de ma situation, je crois avoir fini par m’assoupir dans la tente invoquée par l’Ultimage. Je me souviens avec clarté de l’odeur renvoyée par le thé, qui reposait à l’intérieur de la théière, des couleurs sobres mais ô combien variés des divers coussins et plaids qui jonchaient négligemment le sol alors que la faible lumière dégagée par les bougies environnantes offrait une certaine ambiance, tranquille et reposante, qui avait tôt fait de briser, une par une, mes défenses. Sa Majesté assoupie à mes côtés, je m’étais permis de relâcher mes traits et de fixer, d’un air lunatique, la toile tirée du plafond. Sans mal, je me rappelle avoir songé que cette soirée était complètement irréelle. Des rêves cauchemardesques m’avaient tenu à semi-éveillé une bonne partie de la nuit et ensuite, je m’étais battu contre ce qui m’avait d’abord paru être une étrangère, avant de comprendre contre qui j’avais à faire. Doucement, je me repositionnais sur l’amas de draps sur lequel je m’étais étendu, observant la Reine qui dormait paisiblement, son visage à demi dissimulé par les couvertures et la pénombre de la tente. J’avais encore un peu de mal à saisir pourquoi tout ce qui nous arrivait… arrivait. Quel était le véritable but de son atterrissage, à travers le temps et l’espace, si ce n’était des lubies pour le moins douteuses de ce fameux Æther? J’aurais simplement pu me contenter de l’explication de la Destinée, mais celle-ci, justement, était aussi floue et nébuleuse que le reste de cette situation. Je soupirais alors, continuant de la fixer. Et puis doucement, tout doucement, sans que je me rende nécessairement compte de la quiétude et du confort qui reposaient et engourdissaient mes sens, je pense m’être endormi, tout simplement. Cependant, je croyais qu’à l’intérieur de cette tente, protégé de la brise marine et du temps, qui semblait s’être figé dans cette tranquille soirée, j’aurais eu tout le loisir de me reposer. Je croyais pouvoir échapper aux cauchemars qui m’avaient, plus tôt, assaillis violemment au cours de la nuit, mais je me rendis vite compte qu’une fois mes paupières closes, une force, une entité, m’avait de nouveau tiré vers les portes des épouvantes nocturnes.

Je me souviens encore de la douleur, des blessures lancinantes, des cris qui éclataient violemment contre mes tympans et du bruit des lames qui s’entrechoquaient à travers des pluies de sang. Le hurlement d’agonie était perpétuel; impossible de s'en échapper, tant il était omniprésent, tant il semblait ne pas vouloir me lâcher. J’avais l’impression qu’il suivait mon ombre, partout où ce que mon pas foulait le sol. J’avais beau combattre de toutes mes forces, faucher l’ennemi qui bondissait brusquement devant moi, l’adversaire ne cessait de se multiplier, encore et encore et encore sous mes yeux. La vague ne s’interrompait pas, toujours plus forte, déchaînée et agressive que la précédente. Puis, après un certain temps, qui semblait s’être étendu à des heures, voire des jours tant la fatigue se faisait ressentir dans toutes les fibres de mon corps, je finissais, moi aussi, par tomber, mon épée plantée au sol alors que mes jambes cédaient tout simplement aux limites de mon corps. C’était affreux de se sentir aussi vulnérable et impuissant, alors que je cherchais un peu d’énergie dans mes muscles, dans ma respiration, afin de me redresser et poursuivre le combat. Un pas de plus, me disais-je dans ce rêve, un ennemi de plus, un pas de plus, tentais-je de m’intimider en forçant mes muscles à répondre à mon commandement. Et pourtant, une fois à terre, j’étais incapable de bouger.

Autour de moi, la guerre se poursuivait, inévitablement. Le glas rugissait la fin, la mort, continuant de vibrer au fond de ma tête jusqu’à s’amplifier d’une drôle de manière, comme si l’appel de tous ceux et celles qui tombaient sur le champ de bataille s’additionnaient entre mes deux oreilles pour hurler leur supplice et désespoir. Je pouvais voir leur cadavre chuter devant mes yeux alors même que nos corps étaient éloignés par les obstacles et la distance. C’était comme si j’étais devenu omniscient, voyant et percevant tout, sans pour autant être acteur de la pièce, incapable de porter un quelconque impact sur les scènes qui défilaient derrière mes paupières : j’étais à l’abri de tout, étrangement sain et sauf, alors que tous ceux que je connaissais mourraient et disparaissaient. Je me rendais irrémédiablement compte de mon impuissance, de ma solitude, de ma faiblesse, de mon incapacité, à ce jour, à protéger ce qui m’était définitivement le plus cher. Tous ces morts, tous ces cris, tous ces ennemis qui fonçaient dans les mares de sang, éclaboussant les cadavres, piétinant les visages de ceux qui n’avaient eu la chance de survivre à cet énième affrontement…

Et, tout à coup, un rire, un simple souffle dans le vent, qui m’avait pourtant glacé le sang. Je me retournais alors, soldat vaincu par sa propre vulnérabilité et déficience, pour tomber nez à nez avec un titan aux ailes rachitiques et aux cornes desquelles flottaient une pierre en forme d’œuf. La créature souriait, surplombant le champ de bataille depuis son promontoire céleste de par sa taille gigantesque, et étrangement, elle me fixait parmi tous les hères qui se faisaient déchiqueter, brûler, écraser, en raison de la guerre. Il me fixait, moi, de son regard pesant et luminescent, m’adressant un rictus terrible et terrifiant. « Vous êtes faible, Yüerell. »

Et dans un sursaut, je m’éveillais violemment, l’haleine courte, l’œil hagard, alors que mon corps, dans un frisson qui se glaça en raison de la sueur, me ramena subitement à la réalité. Je regardais les environs, légèrement angoissé en raison du cauchemar, qui venait de me soustraire au monde des songes. Cependant, des étranges sentiments de surprise, de culpabilité et de gêne, brusquement, me submergeaient, altérant complètement ma frayeur pour me figer dans un état comateux de confusion et d'incompréhension. Qu’est-ce qui se passait? Et pourquoi la tente avait-elle disparu? En glissant une rapide œillade en direction du sol, je me rendis finalement compte que sa Majesté, également, s’était volatilisée.



« Hey, Isiode, est-ce que tu es bientôt disponible? »

Je relevais la tête en direction de mon compatriote avant de lui répondre d’un signe du menton. Edmund Rogue avait fait passer sa tête devant l’entrée des cuisines pour s’assurer que je me trouvais toujours à mon poste.

« Je termine de couper ces légumes et je suis à toi », lui répondis-je tout en tournant mon visage en direction de l’Ygdraë avec qui j’avais été jumelé pour apprêter les aliments qui serviront à la préparation des repas pour le lendemain.

Mon binôme me fit signe qu’il n’y voyait aucun problème, l’apprêt des aliments étant presque terminé de toute façon. Le remerciant d’un sourire, je confirmais donc au soldat que je le rejoindrais une fois mon travail dans les cuisines achevé. Il parut extrêmement ravi, m’échangeant un sourire avant de m’indiquer qu’il m’attendrait sur le pont principal, du côté de la poupe du bateau. Tranquillement, je repris donc mon travail, tranchant avec méticulosité la carotte que je glissais rapidement sous le fil acéré du couteau de cuisine. Sur mon visage, un air impassible avait été dessiné, mais intérieurement, une sensation désagréable me poignait avec fermeté. Je savais d’où elle provenait, de qui cette sensation se dégageait, et inéluctablement, je ne pouvais m’empêcher de grincer mentalement des dents. Muramasa… Mais que se passait-il, enfin, à l’autre bout de cet Océan?

Deux jours plus tôt, la nuit où l’Ultimage était apparue « clandestinement » sur l’édifice flottant de L’Elior – pour mieux s’enfuir, sans laisser de trace – une drôle de vague émotionnelle et fortement dérangeante m’avait balayé l’esprit à l’instar d’une onde puissante venue arracher le sol d’un rivage. Je ne savais pas exactement ce qui se produisait là-bas, mais comme des bribes de pensées que j’avais été en mesure de capter, j’étais parvenu à percevoir avec plus ou moins de netteté la détresse et l’extrême confusion de l’Orine avec qui j’avais été lié. Cette soirée-là, Muramasa était d’une humeur complètement effervescente, d’une énergie mêlant le bouleversement, le désordre et l’abasourdissement. J’avais ressenti sans comprendre exactement ce qu’elle ressentait. Des chocs et des claques m’avaient été renvoyés par vagues et rythmes irréguliers. Pendant plusieurs minutes, je m’étais figé, incapable de me soustraire à cette soudaine tempête, la sensibilité de mon esprit aux ressentis de l’Hanatsu ayant frappée si fort et de manière si impromptue que je n’avais plus été que la victime des affres de l’étourdissement de l’Orine. Cependant, après un moment à prendre de grandes respirations, m’évitant de songer plus que nécessaire à ce qui se tramait dans la mémoire de Muramasa, je m’étais replongé dans ma Magie de suppression de sentiments afin de couper au mieux toutes les émotions qui vibraient présentement dans le cœur de la jeune femme. Qu’est-ce qu’elle et Isley faisaient, par tous les Saints? Qu’est-ce qui se passait sur ce fichu bateau? Rien de grave, en mon sens, étant donné que je n’avais ressenti aucune peur effroyable de la part de la rousse, si ce n’était cette profonde détresse que j’avais immédiatement mis sur le compte de l'embarras et de son naturelle inquiétude vis-à-vis son rôle d'Orine.

Cela étant dit, c’est pourquoi, depuis cette nuit, que je prêtais une certaine attention au Lien que nous entretenions avec la jeune femme, mon frère et moi. Je voulais savoir ce qui se passait, là-bas, ce qui l’avait rendu si tendue et troublée. J’étais en mesure de percevoir le Lien avec plus ou moins de force et d’intensité que d’accoutumé : ses ressentis, ses doutes et ses incalculables inquiétudes dérisoires – vraiment, qui cela intéressait de savoir comment avait été arrangé des chaussettes? – s’enchevêtraient étrangement avec mes propres pensées. J’essayais de faire abstraction des troubles sans importance, me concentrant sur ceux qui, en mon sens, me semblaient plus à même de susciter mon intérêt. Toutefois, répartir des émotions qui n’étaient pas les miens, les discriminer et tenter de les oublier était bien plus compliqué qu’escompté. Discrètement, une lueur acérée éclata dans le fond de mes iris alors que mon couteau poursuivait sa tâche dans la chair des carottes, qui se morcelait sous son tranchant affûté. Je me permis de relâcher un soupir. Avec plus de concentration et de force que d’habitude, je maintenais ma Magie afin de ne rien laisser transparaître – et, peut-être, de m’éviter les états d’âme tout aussi bondissants que changeants de cette femme. Dans une énième manipulation de couteau, je coupais le dernier morceau de la carotte, les conservant dans un récipient que je portais dans un bloc en bois avec le reste des aliments apprêtés par mon partenaire et moi. Puis, je soulevais le cube, le rangeant avec les autres dans ce que nous avions surnommé la Glacière. Un imposant bloc de glace, que l'on renouvelait fréquemment, se trouvait à l’intérieur de ce rangement afin de garder les légumes, les fruits ainsi que le peu de morceaux de boucherie que nous avions, au frais.

« C’était le dernier à remplir! Se ravi l’Elfe tout en s’étirant. Vous pouvez vous laver les mains et rejoindre votre ami.

- Merci, et bon travail à vous aussi », lui répondis-je dans un sourire avant de plonger mes mains dans le seau d’eau qui se trouvait à nos côtés.


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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Sam 18 Jan 2020, 16:47



Esquissant de bons coups de fouet avec mes mains pour retirer les gouttelettes d’eau qui persistaient encore sur le bout de mes doigts, je rejoignis mon compatriote à l’endroit prévu, reconnaissant sans mal son dos large et sa chevelure brune à travers les silhouettes des autres hères qui déambulaient dispersement sur le navire. Il semblait complètement absorbé par quelque chose – la surface des eaux marins ou un objet quelconque, vu sa posture – et ne m’entendit pas arriver. C’est pourquoi, d’un geste, je me glissais à ses côtés, lui indiquant ma présence par une simple tape amicale sur l’épaule.

« Me voilà, Edmund. De quoi voulais-tu me parler? »

Le Patrouilleur se retourna d’un mouvement mécanique, sourire aux lèvres, avant de me tendre une lettre, que je me mis à dévisager.

« Nous avons reçu du courrier. C’est un message de mes frères », précisa le Fantassin.

Aussitôt, l’intérêt se mit à briller dans le fond de mes pupilles et je pris la missive de ses mains presque instantanément, la dépliant pour la lire à mon tour. La calligraphie épaisse et inutilement grosse qui avait été couchée sur le papier de la lettre m’indiquait qu’il s’agissait de l’aîné de la fratrie Rogue qui nous faisait parvenir ces mots.
Salut mon frère! Bonjour soldat Yüerell,

Comme promis Matteo et moi avons commencé la production des boucliers depuis notre dernier entretien. Jour et nuit, nous avons travaillé sur ces ouvrages en espérant qu’ils puissent servir au mieux aux hommes et aux femmes qui sont partis avec vous durant la campagne. Et, finalement, nous sommes parvenus à terminer le travail à temps. Au total, nous avons envoyé une trentaine de boucliers, qui ont été séparés de manière à ce que chaque détachement en ait une dizaine à portée de main. Il s’agit de prototypes et c’est pourquoi nous avons préféré faire comme ça, étant donné que vous êtes partis à des endroits bien différents, affronter des climats et des défis tout aussi distincts. Du coup, avec de tels échantillons – je déteste ça, j’ai l’impression de parler comme un scientifique : la mauvaise influence d’Edmund, encore! – on s’attend à de bons résultats et des retours instructifs. Avec tout ça, on espère surtout que nous pourrons trouver des moyens pour améliorer nos armes afin de les rendre encore plus efficaces qu’ils ne le sont présentement.

Bref, Matteo et moi attendons de vos nouvelles! On est très impatients de connaître vos avis en tout cas!

Et soyez prudents là-bas! On aimerait revoir notre frère en un seul morceau pour le prochain souper de famille.

Avec tout notre respect, soldat Yüerell, et avec toute notre affection, mon frère,

On a bien hâte de vous revoir!

Matteo et Detheris Rogue
De la forge Iná des frères Rogue

Je repliais la lettre, portant prestement mon attention sur le Patrouilleur, qui me devança presque sur l’instant, ayant pressenti – et c’était assez prévisible – la question qui me brûlait présentement les lèvres.

« J’ai déjà eu la chance de jeter un coup d’œil sur la marchandise. C’est pas pour nous vanter, mais les frères Rogue sont les meilleurs!

- C’est bien pour cela que je vous ai confié le projet plutôt qu’à d’autres : vous ne nous décevez pas, lui répondis-je, le flattant sans gêne dans le sens du poil. Ils sont toujours auprès des Hérauts, les boucliers? »

Sachant qu’Edmund et moi-même n’avions point de chambre dans laquelle entasser nos affaires, je me disais simplement qu’il avait dû laisser les boucliers dans la salle réservée aux Transmetteurs de la Compagnie, le temps de me chercher pour me remettre le message en main propre.

« Oui! J’ai demandé à un collègue de garder le colis pour moi jusqu’à ce que tu arrives.

- Parfait. Allons-y alors. »

Je quittais le pont d’un pas pressé afin de rejoindre la salle des communications, étroitement suivi par Edmund qui imprimait ses pas dans mon ombre. J’étais particulièrement curieux de voir de mes propres yeux le produit final que nous avions passé des jours et des jours à réfléchir et élaborer, mais je devais l’admettre, la surprise avait brièvement éclairé mon faciès au moment où le Patrouilleur m’avait fait savoir que la lettre venait de ses frères. Décidément, ce duo m’étonnera toujours. Matteo et Detheris s’étaient surpassés pour le coup, et je comptais bien les remercier pour leur dévouement et leur acharnement au travail. Parce que je ne me faisais aucune illusion : ces deux-là avaient dû passer des journées entières dans leur forge, sans répit, pour nous fournir un résultat aussi tôt et de qualité appréciable, si je me fiais à ce qu’en avait dit Edmund et à sa réaction. Enfin, même si l’esthétique était un aspect important pour tout équipement, il fallait encore évaluer la véritable valeur et efficacité de ces boucliers.

« Niles! S’exclama mon collègue en interpellant un jeune homme blond dont les yeux gris paraissaient transparents tant ils en étaient opalescents. Je l’ai trouvé. Merci de les avoir surveillé pour moi.

- Ça me fait plaisir, Ed’! S’enthousiasma le second Héraut en se penchant néanmoins au-dessus du sac ouvert. En tout cas, tous ces boucliers semblent être de bonne facture. Est-ce qu’ils sont magiques aussi? »

Je m’approchais à mon tour de la marchandise, hochant de la tête, un premier temps, pour répondre à sa question, mais me rendant compte qu’il ne me prêtait aucune attention, je finis par joindre ma voix au geste :

« Oui, du moins, pour quelques-uns je suppose. »

J’étirais les coins du bagage pour mieux contempler les ouvrages. Comme écrit dans leur lettre, les frères Rogue nous avait envoyé dix boucliers. Fait surprenant : il y avait des paires, puisque chaque bouclier que nous extirpions du sac avait son jumeau identique : mêmes motifs, même seaux, mêmes couleurs.

« Ah! Je me disais aussi qu’ils ne nous auraient pas laissés en plan sans explication. »

Edmund sortit d’entre les coutures du bagage une seconde missive, qui comprenait à elle seule deux pages. En remarquant cela, mes sourcils se froncèrent légèrement et les yeux du jeune Niles s’écarquillèrent d’étonnement. Juste ciel, les frères Rogue nous avaient-ils, en plus, transmis un guide d’instruction pour ces boucliers?

« C’est moins pire qu’il n’y paraît, nous rassura immédiatement le Transmetteur aux cheveux bruns avant de tourner son visage vers les armes. Detheris a vraiment une calligraphie de merd… Bref, en gros, ils nous ont identifiés chacun des boucliers ainsi que leurs effets. »

D’un mouvement, Edmund nous offrit la lettre pour que nous prenions nous-mêmes connaissance de son contenu tandis qu’il alignait les boucliers en paire. Si l’on suivait ce qui était indiqué dans cette missive, les frères Rogue avait confectionné cinq types de bouclier : deux non-magiques et trois autres qui possédaient certaines propriétés et dont la puissance de chacun dépendait entièrement de la Magie de leur utilisateur. Le premier duo que notre regard croisa semblait être l’un des boucliers non-magiques.

« Aasà qu’ils l’ont nommé celui-là, n’est-ce pas? »

Je confirmais les dires du Patrouilleur brun. En effet, l’apparence de ce bouclier correspondait parfaitement à la description qu’en avait fait le forgeron dans sa lettre. La rondache, dont l’alliage en métal séparait en quatre le bouclier, rappelait la configuration des pétales d’une fleur. Il était possible de remarquer qu’entre chacune des séparations, qui rejoignaient l’umbo du bouclier, des arabesques avaient été gravées à même le bois selon un motif symétrique et régulier.

« Ceux-là doivent être les boucliers baptisés Idaabe », poursuivais-je en portant mon regard sur le second duo qui reposait contre le mur.

Il s’agissait des boucliers les plus longs de toute la marchandise et pourtant, cela ne semblait pas les rendre plus lourds à porter. Enfin, ce n’était que mon impression initiale, puisque cette dernière s’altéra assez rapidement lorsque je pris le temps de soupeser son poids contre mon bras. Le bouclier était pesant, cela ne faisait aucun doute et pourtant, son poids ne me paraissait pas être totalement inconvénient, le transport et l’enchaînement de mes mouvements n’étant que peu affectés par sa taille ou par ses kilogrammes. Le blanc ivoire du bouclier s’harmoniait avec délicatesse à l’or et au bleu de l’arme, la présence de pierres incrustées dans le bouclier indiquant la possibilité d’usage d’un sort ou d’un pouvoir magique. Serrant la sangle de l’arme dans mon poing, je libérais une faible quantité de Magie en direction du bouclier, ce dernier réagissant presque aussitôt en prenant, soudainement, du poids et du volume.

« Il s’agit de boucliers qui, au contact de la Magie de son porteur, peuvent grossir selon la quantité libérée de Magie : plus celle-ci est conséquente et plus grand sera le bouclier. À son expansion maximale, l’arme peut former un dôme pour protéger ses alliés des attaques physiques ou magiques. Notes : Voir à étendre plus encore la superficie protégée par le bouclier? »

Niles récitait mot pour mot les commentaires des frères Rogue et je conservais, dans un coin de ma tête, ces précieuses informations. Il semblerait que la portée de la défense de ce bouclier était l’un des enjeux majeurs pour les tests à venir. Je reposais l’arme sur le mur, me décalant d’un pas pour me placer devant la nouvelle paire. Il s’agissait, en toute vraisemblance, des boucliers réflecteurs d’attaques magiques. Les couleurs dominantes de cette arme étaient le blanc et le doré, les motifs qui composaient son style mettant de l’avant l’énorme cercle qui se trouvait au centre de l’arme. Un seul coup d’œil sur la surface des boucliers me permit de constater qu’à l’instar des boucliers Idaabe, ces armes possédaient aussi une petite pierre.

« Les boucliers Othelto sont des boucliers qui permettent de renvoyer les attaques magiques sur l’adversaire. Pensez à un miroir qui réfléchit la lumière; le bouclier fera pareil. Mais les sorts renvoyés seront plus faibles que les sorts initiaux. Notes : Possibilité d’augmenter la puissance des sorts renvoyés grâce à la Magie du porteur? Si oui, jusqu’à quelle puissance – et selon quelle concentration de Magie? Si non, voir à améliorer le canalisateur pour réduire la dispersion de l’énergie. »

Ah! Les derniers mots inscrits dans ce paragraphe m’éclairèrent sur ce point, qui m’apparaissait pourtant obscur depuis quelques minutes. Les frères Rogue avaient rajouté un mécanisme à l’intérieur du bouclier : si la pierre permettait l’absorption de l’énergie magique, le canalisateur permettait, quant à lui, de concentrer en une seule direction la Magie reçue afin de la renvoyer, par la suite, depuis le cercle central de l’arme.

« Boucliers Iṣẹlẹ ou Agbo? Dis-je alors au moment de passer à la prochaine paire.

- Iṣẹlẹ, répondit instantanément le Patrouilleur blond en récitant, une fois de plus, les propriétés magiques de ces boucliers aux teintes d’argent et de cuivre, qui se confondaient entre eux dans de jolis ornements qui rappelait la peau écailleuse des crocodiles.

Le style était également d’inspiration réprouvée. Une fois de plus, il s’agissait d’une rondache particulièrement résistante qui pouvait accumuler l’énergie magique et physique reçue contre la surface du bouclier. Cependant, lorsque l’énergie accumulée atteignait la limite que pouvait entreposée l’arme, le bouclier relâchait violemment cette énergie en créant ainsi une importante onde de choc qui repoussait l’adversaire. Cependant, au contraire de ses homologues, il était impossible de retrouver la pierre sur la surface de la rondache.

« Hum… Detheris nous pose les mêmes questions que précédemment, à savoir s’il nous serait possible d’amplifier l’onde de choc par la Magie. Mais ils veulent également savoir les risques d’endommagement du bouclier si la pierre se trouve à l’intérieur même de celui-ci. »

Nous hochâmes de la tête à l’unisson, Edmund et moi, avant de nous arrêter face au dernier duo de boucliers.

« Mon dieu… Il a l’air vachement lourd celui-là! Pire que les Idaabe! »

Et je lui donnais raison, l’apparence massive de l’arme supposant un poids tout aussi conséquent. L’épaisseur et la grosseur des boucliers Agbo n’avaient absolument rien à voir avec le reste des ouvrages – et du style habituel de la Forge Iná. Fabriqué dans un alliage particulièrement solide et lourd, qui donnait la couleur brune cuivrée du bouclier, l’imposante coupole qui se situait au centre de ce dernier avait été pensé et forgé pour repousser et défoncer, selon la Force de son porteur, tout ce qui se trouvait sur son passage. À la manière des béliers, ces engins de siège servant à attaquer les murs ou bien les entrées des forts, Àgbo était l’arme à privilégier dans les assauts de front, puisqu’ils absorbaient, en plus, les chocs qui pourraient amener à repousser le porteur du bouclier. Enfin, il fallait encore que ce dernier parvienne à le porter et à le supporter : une grande force physique était demandée pour apprendre à le porter et à le manipuler sans gêne, c’était évident.

« Tout cela est remarquable, chuchotais-je en relevant la tête vers les deux Transmetteurs, qui semblaient naturellement attendre ce que je m’apprêtais à faire. Edmund, tes frères méritent toutes nos félicitations ainsi que notre admiration. »

Le Fils de Réprouvé était fier.

« Bien, je dois aller voir l’Olori Ivanhnoé pour lui annoncer que les boucliers promis sont bel et bien arrivés. Je ne sais pas ce qu’il décidera de faire ensuite, mais nous devrons offrir ces boucliers à certaines personnes pour qu’elles puissent les essayer et donner leurs avis. »

Je fis un signe à Niles, m’abaissant déjà vers le sol pour retourner les armes dans le sac en cuir.

« Rangeons cela, toi et moi, et allons rejoindre le dignitaire ensuite. Edmund? »

Le concerné se tourna dans ma direction.

« Pourrais-tu t’occuper de répondre à tes frères? De leur dire à quel point nous sommes reconnaissants pour leur travail et qu’ils obtiendront rapidement la deuxième moitié de leur salaire? »

Le Héraut aux yeux sombres acquiesça d’un hochement de tête.

« Aucun problème!

- Parfait », décrétais-je, visiblement ravi et soulagé, alors que nous venions tout juste de tirer sur les cordes du sac de transport pour le refermer.

Niles le passa négligemment sur son épaule, visiblement surpris, les premières secondes, lorsqu’il prit conscience de la légèreté du bagage : malgré toutes les armes qu’il y avait à l’intérieur, celui-ci faisait à peine le poids d'un jeune enfant.


2 364 mots | Post IV



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Dim 19 Jan 2020, 00:56



Au cours de la soirée qui suivit l’arrivée de nos boucliers, l’Archange Nathanaël Ivanhnoé convoqua tous les hommes et femmes des explorations pour leur partager les informations que nous lui avions communiqué, Niles et moi, plus tôt dans la journée. Au terme de cet échange, les dix boucliers furent offerts à dix guerriers en fonction de leurs capacités magiques et physiques, qui s’alliaient au mieux avec les armes, ainsi que de leur habileté à manipuler un tel instrument : c’est ainsi que je me retrouvais avec l’un des modèles du bouclier Idaabe, le bouclier qui pouvait grossir et former un dôme selon la Magie libérée par le porteur, et qu’Hiddleston se retrouva avec l’une des rondaches Iṣẹlẹ. Deux Humains avaient reçu les armes non magiques Aasà, un Elfe et un troisième Enfant de Sympan avait obtenu les massifs boucliers Agbo tandis que les boucliers réflecteurs Othelto furent pris en main par deux Magiciens. Le deuxième Idaabe fut confié à un second Ygdraë alors que la dernière arme – un bouclier Iṣẹlẹ – avait été offert à un Ange.

« Pour les besoins des tests, j’aimerais que tous les porteurs fassent un suivi régulier de leurs manipulations, de leurs ressentis vis-à-vis ces armes ainsi que de leurs impressions, nous fit savoir le dignitaire royal lorsque nous eûmes les armes de défense en main. N’hésitez pas à prendre des notes, à critiquer aussi, que ce soit au niveau de l’esthétique ou du travail pratique. Allez voir vos collègues également : ils pourraient vous faire part de quelques idées qui serviraient sûrement à la Forge Iná. »

Il eut une courte pause durant laquelle nous lui fit savoir que nous étions parfaitement aptes et consentants à accomplir cette tâche.

« Je pense qu’ils seront prêts à tout entendre, tant que cela reste pertinent », conclu l’Olori Ivanhnoé en nous donnant la permission de prendre congé.

Nous saluâmes l’Archange en abaissant le buste vers l’avant, tournant déjà les talons pour retourner à nos discussions et nos besognes. Si tard durant la nuit, il n’y avait plus de tâches ménagères ou de préparation de nourriture à faire, les hommes ayant alors l’opportunité de profiter un peu de leur voyage en mer avant que nous accostions sur les rives de l’Île d’Orhmior. C’est pourquoi plusieurs s’étaient rassemblés sur les ponts afin d’échanger et de discuter.

« Tu vas déposer ton bouclier dans ma chambre, je suppose.

- Ce serait apprécié, en espérant que vous ayez encore un peu de place… »

N’ayant pas de chambre dans laquelle déposée mes bagages et mon équipement militaire, je comptais énormément sur la gentillesse d’Hiddleston et d’Acram pour qu’ils empilent, dans l’un des coins de leur cabine, mes effets personnels. Nous savions l’espace limité, mais nous parvenions à entreposer malgré tous les sacs et effets de quatre Soldats de la Compagnie dans cette chambre, sachant qu’Edmund était dans le même cas que moi. Finalement, la cabine des deux autres Fantassins de la Troupe Xēna ressemblait plus à un entrepôt qu’à une véritable chambrette de voyage. Ils s’en accommodaient néanmoins.

« Au moins, nous n’aurons pas à devoir supporter tout ce bazar très longtemps. »

À cette réflexion, je souris. Durant l’après-midi, les patrouilleurs avaient enfin aperçu les côtes d’Orhmior, à plusieurs lieux de notre position. Même si nous devrons compter quelques jours en plus avant d’arriver – enfin! – sur la terre ferme, ils étaient revenus aux navires, excités comme des puces, pour annoncer la nouvelle à tout l’équipage, qui n’en avait alors pas fini de montrer leur enthousiasme évident en souriant plus que de raison ou en chantant et fêtant durant notre soirée libre. Il faut dire que, durant un moment, nous doutions légèrement de notre cap, le détachement envoyé aux terres d’Iyora ayant déjà, semble-t-il, atteint leur destination. Quant à celui des Gorges Dorh, il n’avait encore vu la terre de leur objectif, une tempête les ayant balayé et secoué au cours des premiers jours en mer, ralentissant ainsi leur progression. Par chance, ils n’avaient compté aucune perte, si ce n’est d’énergie, en raison de toute l’eau qu’ils avaient dû écoper et des voiles qu’ils avaient dû tenir à pleine main pour conserver leur contrôle des vaisseaux. À ce souvenir, je ne pus m’empêcher de songer aux ressentis qui m’avaient, brutalement pris à la gorge, sans que je ne l’associe directement au Lien que nous entretenions, Ren et moi, en tant qu’Orine et Maître. Ce n’est vraiment que plus tard, lorsque nous reçûmes la nouvelle concernant cette tempête, que je m’étais mis à faire le lien; plus encore la nuit dernière, quand la Reine des Magiciens avait subitement disparu du navire et que je m’étais surpris à ressentir une confusion et une panique abominables me noyer sous l’assaut discontinu des sentiments de l’Hanatsu. Depuis, je maintenais avec un certain acharnement ma Magie de suppression émotionnelle afin de me détacher au mieux des ressentis que l’Orine pouvait expérimenter de l’autre côté de l’Océan.

« Merci pour tout, Hiddleston. Est-ce que tu retournes au pont?

- Non, je pense que je vais me coucher de ce pas en réalité : je suis vraiment fatigué.

- Bonne nuit dans ce cas. Repose-toi bien.

- Bonne nuit, Isiode. »

Et je quittais la cabine de mon collègue, prenant les escaliers qui me dirigeaient directement au pont supérieur, là où la grande majorité de l’équipage festoyait en se racontant des histoires, en buvant et en discutant. L’ambiance était conviviale, chaleureuse, nos nombreux jours de cohabitation sur ces navires, perdus au beau milieu de l’Océan, ayant renforcé les liens de plusieurs personnages. Même les Humains qui, au tout début, étaient laissés de côté par les Elfes et quelques Magiciens, pouvaient à présent converser avec ces derniers sans craindre un regard de travers ou un reniflement de mépris. Je m’appuyais contre le bastingage du bateau, les bras croisés, observant notre petite communauté dans un silence qui tranchait fortement à la frénésie qui enveloppait l’autre côté du navire. Longuement, je les contemplais dans mon coin, des pensées et des réflexions faisant chemin jusqu’à mon esprit. Vous devez certainement songer à la même chose que moi, qu’il serait merveilleux que tous ces hères reviennent en vie de ces expéditions, pas vrai? Ils avaient noué des amitiés, trouvé des ambitions communes et des rêves partagés. Ils s’esclaffaient ensemble, avec des hommes et des femmes qu’ils n’auraient jamais cru parler ou rigoler auparavant. Et les voilà aujourd’hui en train de trinquer et rire à gorge déployée comme s’ils s’étaient toujours connus. Je fermais les yeux un instant, tournant mon visage de manière à ce que les rayons de la Lune embrasse mes traits.



Notre départ remontait déjà à quelques semaines, trois pour être plus exact. Plus nous nous rapprochions de notre destination et plus les nouvelles provenant des continents fusaient par dizaines dans la salle des communications. Tout au long de notre voyage, nous avions reçu des informations en masse de ce qui s’étaient produits au cours de notre absence sur les continents et de ce qui se profilait à l’horizon. À chaque jour, les conversations étaient vives, rapides, s’échangeant de bouche en bouche comme l’on pourrait s’attendre d’enfants qui se passaient le ballon. Après tout, il y avait certains sujets qui méritaient toute cette frénésie, confusion et excitation. Comme l’arrivée soudaine de mille Anges sur le territoire des Jardins. Un beau matin, tout simplement, une cage remplie d’esclaves et de prisonniers angéliques avaient été déposée au pied du Temple Blanc, apportant, du même fait, l’annonce de la victoire de l’Ultimage sur un pari qu’elle aurait fait avec le Diable. Lorsque j’avais entendu la nouvelle, une sueur froide avait glissé le long de mon dos, mais mon visage, lui, n’avait trahi aucune émotion, si ce n’est un dégoût et une Colère certaine à l’endroit des Cornus, qui avaient eu le culot et la cruauté de laisser le cadavre de l’un de nos frères dans la cage. Plusieurs avaient fait résonner leur mécontentement par des grognements et des œillades noires portées vers l’horizon. À sa mémoire, des prières avaient été psalmodiées et un important message de soutien avait été transmis aux Jardins de notre part : même loin, nos cœurs étaient avec eux.

Et entre ça, les rumeurs concernant la situation étrange et encore bien incertaine des Démons, l’apparition subite de plusieurs faisceaux lumineux qui auraient kidnappés des gens un peu partout dans l’entièreté du globe, les on-dit sur la préparation d’un nouvel assaut en Terre Blanche ainsi que la passivité, toujours plus troublante et agaçante du Roi Heylik, il y avait eu le déroutant mais non le moins apprécié, retour de l’Ultimage sur son trône. Inoccupé depuis maintenant des mois, celui-ci avait retrouvé sa digne propriétaire lors du célèbre Bal des Douze cycles lunaires. À l’entente de cette annonce, tout le monde sur le navire en fut ravi, même les plus sceptiques qui se demandaient où diable avait-elle encore disparu. Pour ma part, j’avais préféré ne rien avancer, me réjouissant de quelques hochements de tête et de sourires diffus, me demandant qui, de la vraie Reine ou de sa doublure, était revenue pour remettre les pendules à l’heure. J’aurais voulu en connaître davantage, essayant de coucher sur le papier quelques interrogations à lui transmettre, mais à chaque fois que je commençais, je m’arrêtais à mi-chemin, ne trouvant pas les mots adéquats pour lui faire part de mes questionnements.

Finalement, je n’avais rien fait, gardant en mémoire qu’il pouvait aussi bien s’agir d’Edwina Nilsson que de son Eorane, et que je n’avais aucune idée des répercussions qui pourraient s’enchaîner si mes mots tombaient entre les mains de sa doublure. C’était idiot, vous en conviendrez, sachant que j’étais parfaitement en mesure de lui parler en personne, face à face. Cependant, une fois devant un papier et un crayon, il me semblait que toutes mes pensées bloquaient et ne parvenaient à faire le transfert cerveau à main. Je soupirais. Essuyant un énième échec, je finis par chiffonner la nouvelle lettre, alimentant progressivement le feu d’une des lanternes de la cuisine, que j’avais allumé pour que celle-ci m’éclaire dans la pénombre de cette douce nuit. De toute, je ne crois pas qu’il puisse s’agir de la véritable Impératrice Blanche… Songeais-je tout en regardant le papier brûler centimètre par centimètre sous la voracité des étincelles. Lorsqu’il n’en resta plus que des cendres, je me levais de l’assisse que j’avais accaparé, soufflant sur la flamme afin d'éteindre la lanterne pour partir me coucher. Il se faisait tard, les patrouilles de nuit ayant, depuis quelques heures déjà, pris le relais des équipes du soir. J’échappais un bâillement, me disant qu’il faudrait que je cesse définitivement ces nuits trop courtes : l’Île d’Orhmior n’était plus très loin. Même d’ici, entourés par les eaux de l’Océan, nous étions en mesure de distinguer son ombre sous la voie lactée des cieux, grande et imposante. Moins d’un jour, quelques heures seulement… Nous atteindrons finalement notre but. Un sourire satisfait aux lèvres, je rejoignis ma couche auprès de mes camarades, me cachant sous les draps, prêt à profiter d’une dernière et douce nuit de sommeil sur le bateau.


… …
… … …

Mais malgré toutes mes bonnes intentions, je fus lentement tiré de mon sommeil au beau milieu de la nuit. Si je l’avais combattu un instant, je finis par me redresser doucement sur ma couche, l’air absent. Malgré ma posture assise, ma tête dodelinant trahissait mon véritable état de fatigue. J’entendais une voix dans ma tête. Et ce n’était pas agréable du tout. Elle m’appelait… Et brusquement, j’ouvris les yeux, sursautant. … Le pont?


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Isiode et Isley
Sam 25 Jan 2020, 02:02



Cette nuit-là, je n’étais finalement pas parvenu à fermer l’œil. Les paupières m'étaient lourdes et malgré cela, j'étais bien incapable de retrouver le sommeil dont je me jugeais méritant. Je pouvais sentir mon cœur battre à tout rompre contre ma cage thoracique sous les assauts incontrôlables et brutaux de mon angoisse. Étendu au sol à l’intérieur de ma couche, j’entendais toujours aussi distinctement sa voix résonner entre mes deux oreilles : sourde, profonde et impressionnante, elle triturait sauvagement l’antre de ma tête. Qu’est-ce que cela veut dire? Me chuchotais-je intérieurement, incapable de me soustraire à cette soudaine compression qui m’écrasait un peu plus haut que la poitrine, juste à la naissance de ma gorge, histoire de me couper le souffle et de m’étouffer dans mon manque d’air subit. Sentant une rougeur diffame me brûler la peau du visage, je bloquais ma vue derrière le poids de mes bras, m’enfermant dans un silence profond et insondable que même les ronflements de mes camarades et les légères respirations des endormis ne pouvaient perforer de par leurs sons, devenus imperceptibles à mon ouïe. Qu’est-ce que cela veut dire? M’interrogeais-je de nouveau, des images de ma dernière rencontre avec l’Ultimage défilant dans mon esprit à une promptitude incommensurable. À peine avais-je le temps de contempler cette bribe de souvenir qu’elle disparaissait au profit d’une nouvelle scène, des fois entrecoupés d’épisodes qui s’étaient déroulés au Lux In Caelum ou bien à ma première audience auprès de la Reine. Toutes ces mémoires s’alignaient, filaient à la vitesse de la lumière, ne laissant dans leur traînée qu’une suite irrégulière de couleurs floutées qui partaient, dès lors, en poussières. Sous mes bras, brusquement, je fermais les yeux, désireux de faire cesser ce flot discontinu d’images subliminales que mon cerveau repassait en boucle dans mon esprit. Et pourtant, la vision de sa Majesté s’incrustait perpétuellement derrière mes paupières, alors même que je tentais de m’en dérober. Qu’est-ce que cela veut dire? Ne cessais-je de me répéter, complètement perdu dans le torrent de confusion qui me submergeait, revoyant au fond de ma tête les derniers moments que j’avais passé sur le pont principal au cours de cette présente nuit.

Et en ouvrant les yeux, inspirant et expirant doucement à travers les quelques ouvertures que dessinaient mes bras, appuyés sur mon visage, je me surpris à murmurer un simple et faible « Non… » dans le vide du pseudo-dortoir dans lequel des hommes et des femmes avaient trouvé refuge pour les nuits du voyage. Non, je ne peux pas faire cela, poursuivais-je mentalement avant de refermer les yeux, le sourire de l’Ultimage s’ancrant brusquement dans le noir renvoyée par mes paupières closes. Vous souvenez vous de notre première rencontre, juste avant les festivités du Lux In Caelum? Me souvins-je lui avoir demandé, quelques semaines plus tôt, au cours de cette drôle de nuit, alors qu’elle était apparue au pont du navire de L’Elior. Vous souvenez-vous de ce que vous m’avez dit à propos des Dieux, que vous étiez convaincue qu’ils ne nous avaient pas réunis pour rien? Avais-je poursuivi. À quoi pensiez-vous à ce moment-là? Avais-je conclu. À quoi pensiez-vous à l’instant où vous avez pris connaissance de l’identité du gagnant de l’époque? Cette question m’avait taraudé durant un certain temps et la Souveraine, surprise, avait fini par fournir sa réponse. Ses lippes avaient formulé de longues phrases qui m’avaient, à ce moment-là, atteintes jusqu’à l’âme, parce qu’elles m’avaient paru si… si particulières, si authentiques et personnelles, vibrantes d'une vérité qui semblaient nous étreindre, elle comme moi. Et en l’entente de sa réponse, je m’étais lentement rendu compte de la solitude de la Souveraine, du fardeau et calvaire qu’elle s’était mise à porter, seule, à la suite des intempéries de l’après Rimkalàri.

Son dos n’avait jamais cessé de charrier le malheur de notre peuple, sans que nous soyons véritablement reconnaissant de ses efforts et de ses sacrifices – du moins, pour une bonne partie de la population, les autres, je le savais, aimant l’Impératrice Blanche et adhérant à sa volonté. Je ne pouvais me targuer de l’avoir apprécié auparavant, ne voyant en sa gentillesse et en ses propos qu’un moyen obscur de tenir en laisse le reste de ma nation. Comme tous les autres qui apercevaient le complot là où il n’y avait qu’entraide, je ne pouvais croire en la bonté de ce second parti, en la bienveillance de sa main tendue, surtout après que nos appels et notre détresse n’aient été entendu de personne. Notre peuple se consumait, notre cité s’effondrait. Les larmes lavaient les pavés du sang frais des morts, tant elles avaient été versées à flot sous l’assaut du désespoir, de la Colère et de la peine des miens. Atroces furent ces émotions qui nous avaient engloutis durant ces jours de massacre et de destruction, la prise de conscience de cette solitude, de cet abandon, de cette… de cette boucherie, nous faisant comprendre que nous n’étions rien en ce monde. Malgré des siècles à aider ces terres, malgré des siècles à défendre la veuve et l’orphelin au détriment de notre propre salut, lorsque ce fut à notre tour de faire sonner l’alerte, personne ne s’était déplacée pour nous sauver. Personne n’avait levé le petit doigt pour s’insurger et prendre l’épée afin de défendre ceux qui les avaient, autrefois, aidés. L’Ordre d’Hébé? Les Humains? Les Elfes? Personne. Personne… À l’exception des Magiciens, qui étaient arrivés pour sauver le peu qui restaient à préserver.

Que cela s’agisse de culpabilité ou d’un véritable acte généreux de la part de la Reine Blanche, le fait est qu'en prenant, petit à petit, conscience du rejet de ce monde à notre encontre, les Anges s’étaient, petit à petit, assombris, renfrognés et aigris, voyant même dans le geste magicien une sorte de contrôle, de domination et de faux-semblant. Bien sûr que dans un tel contexte, il était difficile pour la Reine de s’entourer d’amis malgré un peuple qui se disait bénéfique et miséricordieux, les blessures de la guerre ayant empoisonné notre sang, notre essence, nos esprits, enclosant notre bonté de cœur pour que nous observions, finalement, le monde comme il était vraiment et comme nous ne l’avions jamais aperçu auparavant… Et comme une majorité de mes semblables, je n’avais plus respiré que dans un unique Espoir : rendre de nouveau les Anges grands afin d’écraser ce Mal et cette destruction qui n’avaient de cesse de mettre à feu et à sang les terres du Yin et du Yang. Nous devions faire repousser nos ailes afin de s’engager, ensemble, vers une nouvelle lumière, étant donné que les principaux acteurs qui devaient se dévoués à cette tâche se fermaient les yeux. Seuls ou accompagnés, en toute sincérité, je ne croyais plus qu’en une seule chose : ma force, et celle de mon peuple. Il était temps pour les Anges de reconquérir le firmament qu’ils avaient perdu.

Et c’est pourquoi, je ne pouvais pas réaliser la Destiné que l’on m’avait transmis, ce soir, alors que l’Œil de Phoebe avait illuminé de mille feux les rémiges de l’animal divin. Que ce soit pour la victoire du Bien ou pour l’instauration d’une Prospérité que nous souhaitions éternelle, je ne pouvais pas faire cela. Pas à moi-même, et certainement pas à l'Apakan et sa Majesté. Le mariage n’était pas un engagement comique, son poids et sa portée allant bien au-delà d’une simple attirance physique ou d’un pseudo-caprice. Pour les Anges, il représentait un Tout, l’Amour avec un grand A, et l’accomplissement – le rêve – d’une vie, non pas avec l’être aimé, mais avec ce qui pouvait se rapprocher de ce que représentait l’âme-sœur. Et même si je ne croyais pas en cet Amour, j’étais tout de même capable de comprendre et de saisir l’importance du poids qu’elle pesait dans la balance… Aimé autrui n’était pas un jeu. Aimé autrui voulait dire que l’on respectait celui-ci, que l’on était prêt à s’engager, pour le restant de sa vie, à ses côtés, pour le meilleur et pour le pire. Il ne pouvait être manipulé ou contraint, il ne pouvait être immuable uniquement parce que les Cieux l'avait ordonné, n'est-ce pas? Mes doigts, alors, vinrent s’immiscer dans les mèches blanches de mes cheveux, les serrant fermement au creux de mes poings. À quoi jouait les Dieux? D’abord, on m’avait promis à Brethil Lemingway pour réaliser un « mariage » des plus suspects, et à présent, je serais destiné à l’Ultimage? Était-ce pour accomplir cette Destiné que l’on avait continué à se croiser, la Reine et moi? Était-ce pour cela que la fève avait été retrouvée dans ma galette ce jour-là? Cette fois, ce fût mon visage qui se crispa, mes dents se comprimant l’une contre l’autre, sauvagement.

Quoi que la Déesse ait pu dire, je ne pouvais pas faire cela, pas en sachant ce que l’Élu des Cieux et l’Ultimage vivaient et ressentaient l’un pour l’autre; pas en sachant, au plus profond de mon âme, que je n’étais pas amoureux de cette femme. Son cœur appartenait déjà à un autre tandis que le mien s’était rendu imperméable à ce même Amour que l’on me prétendait. Cela ne pouvait décemment pas se faire. Que les Dieux m’en soient témoins, que Freya me pardonne pour ce que je m’apprêtais à lui refuser, mais ma Destiné n’était pas aux côtés de sa Majesté, pas dans le sens où il était, actuellement, entendu. Elle était une alliée, une amie, si j’ose m’en targuer, et cela suffisait à mes yeux pour porter l’étendard d’une vie et d’une existence meilleures pour les terres du Yin et du Yang : cela me permettait, au moins, de la libérer un peu du poids qui l'écrasait. La bague au doigt devait être portée par les gens qui savaient aimer et qui sauraient, adéquatement, transmettre cet amour à leur douce moitié; la bague au doigt n’était pas faite pour des gens comme moi. Je m’étais détourné de mes émotions pour une bonne raison, afin d’embrasser une toute autre vocation, laissant cette place aux sentimentaux afin de me concentrer à cent pour cent au futur de mon peuple et de la félicité de la Création.

En songeant à cela tout en me répétant ceci, le rythme bestial de mon cœur contre ma poitrine finit par ralentir. Enfin, j’ouvris de nouveau les yeux, baissant simultanément mes bras pour les laisser tomber sur mon torse. Mon regard, alors, se porta vers le plafond en bois qui surplombait ma tête. Je n’étais pas fait pour ce Destin, j’en étais convaincu. Malgré tout, je ne pouvais pas ne pas y penser. Qu’est-ce que cela veut dire?



L’aurore glissait à la surface des eaux et contre la coque des bateaux. Le voile de Phoebe laissait peu à peu la place à la lumière de Jeriel. À cette heure matinale, le Soleil éclairait timidement le firmament d’une lueur rose et violacée. Je n’avais toujours pas fermé l’œil, mon regard se perdant sur la surface du plafond, mes doigts tripotant les contours, devenus familiers, du médaillon de Circë. C’était devenu un tic, un geste mécanique : à chaque fois que l’incertitude me poignait, j’attrapais le pendentif et le faisait tourner entre mes doigts. Sa présence parvenait à détendre mon esprit, ce dernier s’éclairant progressivement sur ce qui l’affligeait aussi rudement, en faisant le vide. Et c’est alors qu’un cri perça la douce tranquillité des flots et du sommeil des quelques lèves-tard des bateaux.

« NOUS ACCOSTONS! Pouvait-on entendre depuis le pont supérieur du navire, une voix transportant la flamme de près d’une centaine d’hommes et de femmes dans ses octaves. NOUS Y SOMMES! NOUS ACCOSTONS!! »

Brièvement, je fermais les yeux, relâchant le médaillon de l’emprise de mon poing. Repoussant les draps et plaids qui me recouvraient afin de m'asseoir, j’attendis quelques secondes au milieu de ma couche, comme pour réchauffer mon corps, pour l’apprêter à se lever. Pourtant, je ne faisais que fixer un point dans le vide tandis que les endormis émergeaient doucement de leur sommeil, les cris et la joie des éclaireurs ayant secoué l’intégralité des édifices flottants. Lorsque les premiers hères quittèrent la chaleur de leurs couvertures pour se diriger en direction du pont principal, je ne pus m’empêcher d’esquisser un drôle de sourire, abandonnant, à mon tour, ma couche pour rejoindre l’effervescence qui montait de plus en plus haut à l’extérieur. Je ne pouvais pas me permettre de me détourner de mon objectif. Parce qu’elle était là, ma vie, mon Destin, sur cette terre que nous devrons dompter afin d’offrir un nouveau futur à notre nation. Voici où allait mes convictions, mes pas, mon esprit et mon cœur battant. Après quoi, sa Majesté pourra vivre tranquillement auprès de celui qu’elle aimait et leurs – futurs? – enfants pourraient grandir, je l’espérais, dans un monde moins dur et sanglant, plus juste et conciliant.

Salvatrice, la lumière du jour accueilli mon visage alors que mes yeux se posaient, enfin, sur cette terre de la Mer Miroir.

Sur l’Île d’Orhmior.


2 145 mots | Post VI



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Isiode et Isley
Dim 09 Fév 2020, 17:53



Plus nous nous approchions de la côte et plus le roulement des pierres sous la coque des navires se faisait intense et bruyant. Nous pouvions sentir le fond du rivage à plusieurs mètres sous nos pieds, qui ralentissaient inéluctablement l’avancée du géant flottant et de son comparse, relativement plus petit, qui rejoignait tout aussi doucement la hauteur de la ligne des hautes eaux. L’excitation était à son comble au cœur des passagers, surtout à l’instant où les premiers marins et explorateurs mirent pied à terre, leurs jambes s’enfonçant dans le sable et l’eau qui revenait, par vagues, leur chatouiller le dessus des genoux. Plusieurs paires d’yeux se perdirent sur la plage de galets qui nous cachait, de par une pente raide, le reste de l’environnement qui se profilait plus haut sur ces sommets. Mais les Ailés avaient une bonne idée de ce à quoi le territoire pouvait ressembler, l’ayant aperçu, depuis les cieux, alors que les deux vaisseaux se rapprochaient des côtes.

« Qu’est-ce que vous avez à fixer le ciel comme ça? Vous aurez tout le temps de sourire comme des goguenards quand on aura amarré les navires! TIRER! »

La voix du capitaine Borssa était tonitruante, volontairement espiègle et sardonique, lorsqu’il expulsa de sa gorge ses quelques directives pour nous ramener à l’ordre. Parce que, malgré la sévérité que nous pouvions entendre dans chacun de ses mots, nous nous sommes rapidement dissuadés de grimacer ou de faire un quelconque commentaire vis-à-vis sa fracassante intervention : nous avions un travail à réaliser. Simultanément, des mains se tendirent en direction du premier édifice flottant tandis que des cordes, préalablement lâches, se dressèrent brusquement à la tension qu’exerça les hommes sur elles. Il était temps d’amener nos locomotions à terre, elles aussi. Et c’est pourquoi, dans un effort sollicitant l’intégralité de notre force physique et de nos énergies communes, nous usâmes de Magie et contractâmes nos muscles pour tracter, trainer, remorquer, toujours plus fort, la caravelle d’exploration et ce, jusqu’à ce qu’elle touche finalement à la rive de l’Île d’Orhmior. Son ancre fut jetée et une poignée d’hommes de la mer intervinrent pour s’assurer du bon amarrage de l’appareil.

« Au suivant! » Cria le capitaine de L’Elior en pointant du doigt la caraque qui parvenait à se stabiliser au-dessus de l’activité des eaux de la Mer Miroir.

Les bras ballants, nous répétâmes l’exercice une seconde fois. Des cordes solidement attachées au vaisseau avait été jetées depuis le pont principal et interceptées par des Ailés qui les ramenèrent sur la terre ferme en prévision de la prochaine traction. Elles étaient, cela étant dit, données à plusieurs individus dotés de pouvoirs qui leur octroyaient une augmentation considérable de leur force physique, mais aussi d’hommes et de femmes qui possédaient, tout naturellement, une musculature pouvant leur permettre d’accomplir une telle tâche. En deuxième ligne, d’autres manipulateurs de Magie, notamment celle de la psychokinésie, les soutenaient en œuvrant eux aussi pour tirer l’édifice jusqu’au rivage. Au compte à rebours, nous nous positionnâmes tous en même temps, les paumes tournées vers la caraque et les pieds solidement ancrés dans le mélange plus ou moins hétérogène de sable blanc et de roches qui composaient la lithosphère de la plage.

« … Deux. Un. TIRER! »

Cette fois, l’éclat qui nous commandait appartenait à l’Archange Ivanhnoé, qui s’était mêlé au reste de la foule pour prêter main-forte à l’effort collectif. Dans un cri, les hommes tendirent les cordes, avançant, pas à pas, sur la plage pour amener le navire auprès de sa grande jumelle. Les visages rougissaient en raison de l’énergie déployée dans cet unique effort tandis que des sueurs commençaient à couler sur les visages des manipulateurs de télékinésie.

« Encore un peu! Nous y sommes presque! » S’époumonait l’Olori, galvanisant le cœur des hommes qui redoublèrent de force et d’énergie.

Non loin de notre position, le reste du détachement s’occupait de débarquer les bagages, les tentes et tous autres équipements qui nous seraient désormais nécessaires, maintenant que nous étions finalement arrivés à destination. En chaîne ou par voie aérienne, l’équipage s’activait à progressivement vider le premier vaisseau de son contenu.

« Arrêtez! Arrêtez tout! »

Comme un seul homme, nous laissâmes retomber les cordes et nos bras.

« C’est bon. Cela suffira comme ça », se réjouit l’Immaculé en souriant, le dos de sa main venant essuyer les perles de sueur qui brillaient sur son front.

Une fois de plus, nous prîmes un instant considérable pour nous arrêter et contempler ce qui se profilait sous nos yeux, afin de constater ce qui avait été désormais accompli. Nous savions que le reste du chemin serait long à franchir, mais aujourd’hui, nous venions de faire un pas, un très grand pas.

« Mais rien n’a encore été fait. »

Doucement, je portais mon regard sur le visage du dignitaire royal, qui ne daignait m’accorder une œillade, mais dont le sourire suffisait à me faire comprendre qu’il avait toute son attention braquée sur moi.

« Effectivement. Néanmoins, cela ne serait tarder.

- Très juste, souffla l’Archange qui se tourna finalement dans ma direction. Allons aider les autres à sortir le matériel des vaisseaux. »

J’acquiesçais d’un hochement de tête, suivant le tracé que formait les pas d’Ivanhnoé à travers les filaments de sable et les rangées de galets qui, par millions, couvraient une grande partie de la plage d’Orhmior. Nous nous approchions du plus gros vaisseau, la caravelle, montant directement à bord pour aider à transporter le reste du matériel. Cependant, à un moment du travail, une soudaine frénésie se mit à secouer le pont Orlop, caractérisée par quelques « Ooooh! » et quelques « Hahahaha! » qui se diffusaient en grands éclats dans l’intégralité du couloir. Sceptique, je redressais la tête, échangeant un regard avec l’Archange qui m’aidait à transporter l’un des tonneaux qui faisaient office de réserve d’eau potable.

« … Que se passe-t-il? »

Ivanhnoé ne considéra pas qu’il était nécessaire de me répondre, m’abandonnant derrière pour s’avancer vers le petit groupe de marins qui s’était formé non loin de notre position. Ils semblaient lire quelque chose au milieu de leur cercle et cela suffisait, somme toute, à les exciter.

« Messieurs, si vous avez le temps de rire, vous pouvez très bien le faire en même temps que de travailler. Tout cet équipement ne se portera pas tout seul. »

Les hommes sursautèrent, l’un d’eux cachant prestement l’ouvrage qu’il tenait en main. Cependant, l’Olori ne fût pas dupe, allant lui-même cueillir le recueil grâce à la Magie.

« Qu’est-ce? » Posa-t-il, sans vraiment attendre de réponse à cette question, puisqu’il savait qu’à l’instant où il poserait ses yeux sur le livre, il saurait rapidement la nature de son contenu.

Et l’objet sur lequel il tomba le laissa sans voix : muet non pas de surprise, mais plutôt de déception. Dans un soupir, l’Olori secoua la tête.

« Sérieusement?

- C’est pas à nous, d’abord! On l’a trouvé au milieu des couvertures et des draps alors qu’on rangeait les couches et les sacs! »

Le sourcil de l’Archange s’arqua tandis que je les rejoignais à pas de loup, apparaissant, quelques secondes plus tard, dans le dos du dignitaire royal. J’étirais le cou pour avoir un meilleur aperçu de ce qui se tramait, et du recueil que conservait Nathanaël entre ses doigts. À mon tour, mon visage se referma à la vue du livre, à l’instar d’un hère qui ne saurait dire s’il était entouré d’obsédés ou d’adolescents puérils.

« Quoi qu’il en soit, souffla l’Archange tout en redonnant le recueil aux concernés, qui attrapèrent maladroitement l’objet dans le creux de leurs mains. Amusez-vous comme il vous plaira, vos activités ne nous concernent pas, mais faîtes-le après que nous ayons terminé le débarquement, je vous en prie.

- Bi-Bien, Sire Ivanhnoé. »

Il n’en fallu pas plus pour que les marins se remettent immédiatement au travail.

« Pourquoi quelqu’un aurait-il apporté ce genre de bouquin pour les expéditions? » Me fâchais-je en me pinçant l’arête du nez.

Ivanhnoé haussa des épaules.

« Les hommes nourrissent leur imaginaire et leurs fantasmes comme ils le peuvent, surtout lorsqu’ils sont perdus ainsi en mer.

- … J’espère simplement que cela restera dans leur imaginaire et que cela ne donnera pas d’idées tordues à quelques détracteurs », alignais-je d’une voix glaciale, songeant aux femmes qui se trouvaient parmi le détachement.

Même si je ne croyais pas que quelqu’un puisse réaliser un tel geste à l’endroit de l’un des nôtres – Ygdraës, Anges, Magiciens, Humains et marins confondus – je préférais tout de même partir du principe que nous ne connaissions jamais complètement une personne, et que tout pouvait déraper en un instant, que ce soit en raison de la goutte d’alcool de trop ou d’un besoin animal de se vider, de se déchaîner ou que sais-je encore. Sur ces pensées, je jetais un dernier regard en direction des marins, qui s’activaient avec plus de dynamisme à leur tâche initiale, parlant tout de même encore de ce recueil des aphorismes du désir en se demandant à qui pouvait appartenir le livre. C’était tout con, en plus : ils se parlaient en même temps de débarrasser les plaids des différents lits, et ils n’avaient remarqué que bien plus tard la présence du bouquin à travers les couvertures, sans savoir quand ils l’avaient embarqué avec eux, mais surtout, depuis quelle couche. Ça les turlupinait.

« À trois », finis-je par indiquer à Nathanaël afin que nous nous synchronisions pour soulever le tonneau en même temps.



Les premiers jours qui firent suite à notre débarquement furent extrêmement remplis. Pour tous. Nous avions peu mis d’énergie à l’exploration en elle-même, concentrés et obligés de former, en premier lieu, notre base des opérations. Après la plage, il y avait ces vastes étendues herbeuses et rocailleuses qui se situaient au-delà du talus de terre qui séparaient les deux écosystèmes et c’est à proximité de ce talus, sur l’écotone du terrain, que nous avions, pendant quelques jours, montés nos premières tentes et explorés nos environs à la recherche de produits comestibles ou de points d’eau qui pourraient s’ajouter à nos réserves. Ainsi, au fur et à mesure que le campement se structurait et que des permissions, à aller bien plus loin, nous étaient données, nous pûmes prendre connaissance de la faune et de la flore qui nous entouraient. Sur la plage, baptisée le Rivage au Sable Blanc, nous avions ainsi pu constater la présence d’Asele, petits reptiles faisant à peine une cinquantaine de centimètres sur patte, qui vivaient en colonies éparses à travers la zone littorale et dont l’alimentation se composait presque exclusivement de crustacés et de décapodes, qu’ils cueillaient soit sur la terre ferme, soit directement à la ligne des hautes eaux qui, périodiquement, venait lécher le sol graveleux et clair de la plage. Par ailleurs, nous avions fait extrêmement attention à ce dernier détail, d’où le choix judicieux d’avoir installé le campement au-dessus de la plage, en amont du talus, puisque la marée se soulevait pour couvrir presque la moitié du rivage lorsque son flot faisait remonter drastiquement le niveau de la mer.

Ainsi, après plusieurs jours à nous préparer et à finaliser notre campement, Nathanaël demanda à rencontrer tous les membres de l’Unité tactique, dont il en était le chef, pour commencer à mettre en place les différents scénarios et schémas auxquels nous avions songé pour le premier déploiement des troupes vers les plaines infinies du Val du Mistral.


1 906 mots | Post VII
Crédit pour l'Asele : Alligator Cubone by H pimento



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Isiode et Isley
Sam 15 Fév 2020, 06:44



Nous nous étions rassemblés sous notre tente pour le repas du midi, nos écuelles remplies d’un riz chaud et de quelques filaments de poissons qui ajoutaient ce goût marin et salé à la céréale. Trois troupes avaient été dépêchées au Val du Mistral, immense prairie d’herbacés et de rochers qui perçaient le paysage relativement peu escarpé du territoire : les explorations avaient enfin débuté, chacun y mettant du sien, que ce soit dans ses fonctions en tant que membre de l’Unité scientifique ou de l’Unité de défense. Chacun avait son rôle a joué, et tout le monde s’occupait à merveilles. Une nouvelle terre était synonyme de découvertes, de mystères, et chaque personnalité, qu’elle soit intéressée ou flegmatique, nourrissait cette étrange curiosité à vouloir s’enfoncer, toujours plus loin, toujours plus vite, sur les terres d’Orhmior. Cela étant dit, nous prenions notre temps, histoire de faire les choses dans l’ordre et sans précipitation.

L’Unité médicale analysait, aux côtés de l’Unité scientifique, les différentes plantes et végétation qui poussaient dans les secteurs de la plage, du talus ainsi que de quelques spécimens se trouvant en périphérie du Val du Mistral. L’Unité de défense les accompagnait toujours dans leurs déplacements afin de leur servir d’épée et de bouclier en cas de danger, se permettant, néanmoins, d’étendre leurs excursions pour explorer, comme leur indiquait leur mandat, d’autres horizons qui n’avaient pas encore été foulés. La prudence leur était constamment conseillée avant leur départ et, pour l’heure, rien de préjudiciable ou d’inquiétant nous avait pris par surprise, avec soulagement. L’Unité tactique se réunissait à tous les jours pour étudier chaque nouvelle information afin de redessiner les cartes, de recenser, au mieux, les espèces fauniques et floristiques que les troupes avaient croisé et, ainsi, d’être en mesure de planifier les prochaines sorties terrain en prenant en compte notre logistique. Tout allait bon train et si nos tâches paraissaient prendre l’intégralité de notre temps, il y avait des moments, comme celui-ci, durant lequel nous nous permettions de souffler. Cependant, le sujet qui avait été mis sur le tapis n’était pas nécessairement des plus joyeux ou reposants.

« Mais cette Belegad… Mâchouilla Edmund après avoir mis une cuillère dans sa bouche, nous fixant tous les trois, Hiddleston, Acram et moi. C’est pas une nouvelle Recrue de votre cohorte? Enfin, tout récemment intégrée? »

Hiddleston hocha simplement de la tête tandis qu’Acram expira un soupir, résigné.

« La Conscrite Laëth Belegad, oui, laissa entendre ce dernier en prenant une nouvelle bouchée. C’est n’importe quoi… »

Nous continuons de manger.

« Mais est-ce que quelqu’un sait comment ces deux-là ont pu se croiser? Comment ils sont venus à se rencontrer? » Fini par demander Hiddleston après avoir avalé sa propre cuillerée de nourriture.

C’était la question qui pendait sur toutes les lèvres, en réalité. Le Baron du Duché de Darin et la Recrue ne vivaient pas du tout dans le même monde. À notre connaissance, elle était venue de Bouton d’Or il y a de cela plusieurs mois avant d’être recrutée et de participer aux évaluations de la milice afin de pouvoir l’intégrer. Elle n’était personne. Au contraire, l’Honorable avait une panoplie d’histoires qui circulaient à son sujet, passant de son amour pour l’Ultimage, de sa participation, il y a plusieurs années, à la Main de cette dernière, qui a propulsé sa notoriété, ainsi que de son parcours émérite en tant que professeur, d’abord de Basphel, ensuite des Palais de Coelya. Si nous ne suivions pas assidûment sa progression, il n’y avait qu’ignorants et indifférents pour ne pas savoir qui était Kaahl Paiberym. D’où cette surprise qui nous avait balayé lorsque l’annonce concernant la relation entre les deux nous était parvenue.

« C’est une bonne question, concédais-je à mon tour, fixant mon bol de nourriture. Mais venant de la bouche de Magiciens, cela ne m’étonne pas vraiment. Ils inventent autant d’histoires qu’ils façonnent de merveilles à l’aide de leur Magie. Ce ne serait pas le premier récit fou et tordu qu’ils auraient inventé pour le plaisir des potins. »

Je mangeais, percevant plusieurs éclats de voix à l’extérieur, qui ne nous alarmèrent pas sur l’instant.

« Mouais… Après, les deux se connaissent vraiment, allez savoir comment.

- Et le Baron s’est même pointé à Iyora pour démentir les dires, intervint Edmund, faisant sursauter Hiddleston, qui ne semblait pas connaître cette information.

- Pour de vrai?

- Oui. Il serait venu pour apporter une preuve concernant l’innocence de la Conscrite Belegad.

- Et on connaît cette preuve? »

L’Héraut secoua la tête en signe de négation.

« Quoi qu’il en soit, poursuivais-je calmement. Les médecins qui se sont occupés de son cas ont annoncé leur verdict et elle n’attend aucun enfant… »

Le reste de ma phrase se brisa au fond de ma gorge tandis que l’agitation extérieure, par contre, prenait de plus en plus d’ampleur.

« Qu’est-ce qui se passe à la fin? » Grommela l’Enfant de Stenfek en se remettant sur pied, traversant l’intérieur de la tente d’un pas assuré avant de pousser les toiles du revers de la main.

Et, tout de suite, nous sûmes que quelque chose n’allait pas : son faciès s’était drôlement tordu sous le coup de la confusion et de la stupéfaction. Par ailleurs, le bleu de ses yeux et le pâle de sa peau nous renvoyaient d’étranges reflets… roux? Edmund et Acram s’échangèrent un regard en biais avant de se lever à leur tour pour rejoindre notre compère. À leur suite, je m’étais lentement redressé, traçant mon chemin jusqu’à la sortie de la tente pour voir de mes propres yeux se qui créait un tel ébahissement à mes compagnons. Et à cette vue, je ne pus conserver un visage de marbre. Les yeux plissés, faciès tourné vers le firmament, je considérais avec suspicion les arcs rouges et ardents que renvoyaient une Lune écarlate à travers le ciel de midi. Le ciel de midi, oui, parce que le Soleil, haut et grand, se tenait dans son axe zénithal aux côtés de son homologue, plus petite, mais soudainement tout aussi brillante. Que se passait-il?

« Tout le monde! Venez voir! Pouvions-nous entendre à travers les rideaux et voiles des tentes, des gens cherchant à ranimer l’intérêt de leurs compères afin de les forcer à sortir le nez de leur repas.

- Par Phoebe, qu’est-ce que c’est que ça? Lâchait une jeune femme qui, à quelques mètres de nous, venait également de se soustraire à la quiétude de son abri pour connaître les raisons de l’énervement général qui était en train d’ébranler tout le campement.

- C’est quoi cette histoire? S’exclamait une autre.

- Pourquoi la Lune est-elle ainsi? Se questionna un Ygdraë, dont les oreilles s’étaient étrangement plaquées vers l’arrière, à l’instar d’un animal effarouché par une menace qu’il n’arrivait malheureusement pas à percevoir.

- Capitaine Borssa! Regardez ça! » Poursuivaient certaines voix, dont la course des personnages continuaient de les mener de tentes en tentes afin d’attirer l’attention de ceux qui n’avaient pas encore pris connaissance du phénomène.

Cependant, en moins de cinq minutes à peine, tout le camp fut alerté et secoué de bas en haut. Les mâchoires se tordaient sous l’incompréhension et la déstabilisation tandis que d’autres, plus posés, restaient silencieux, faisant fi de la soudaine agitation qui ébranlait le site d’opération pour interpréter le signe qui nous était envoyé.

« Olori Ivanhnoé! Docteure Gaërel! » Éclata une énième inflexion sur ma droite, poussant finalement mon regard à se détourner de la Lune rousse.

On les appelât, certes, mais l’action ne fût guère nécessaire, l’Archange et sa seconde, la docteure et cheffe de l’Unité médicale, Rachel Gaërel, ayant déjà les yeux et le nez levés en direction des cieux lumineux et cramoisis. Ils arboraient tous deux la même expression de surprise et d’inquiétude. Quelque chose se tramait et, presque instantanément, le dignitaire royal appela un Héraut de sa connaissance pour être mis au courant des nouvelles qui voyageaient dans le réseau privé des Patrouilleurs de la Compagnie. Dans le cas d’Hiddleston, Acram et moi, nous tournâmes tous nos regards vers le soldat Rogue, qui venait de tomber en transe, envahi par les communications de nos frères et sœurs, éparpillés aux quatre coins des continents.

« Elle est partout comme ça : aux Jardins de Jhēn, au Berceau Cristallin, au-dessus du Voile Blanc, et même les autres détachements l’aperçoivent depuis leur position », murmura le Transmetteur de la Patrouille Hēres, qui décortiquait tant bien que mal les informations qu’il parvenait à attraper ici et là en travers le réseau complexe et collectif de la Compagnie de Yüerell.

Nous restions silencieux, même Acram qui, pour une fois, ne semblait trouver quoi que ce soit à dire. Cependant, le Fantassin termina par briser le silence qui s’était installé entre nous, la voix mordante :

« Qu’est-ce que la Déesse tente de nous communiquer? »

Parce que la question à savoir s’il s’agissait d’un bon ou d’un mauvais augure ne se posait même pas. Un rouge pareil ne pouvait inspirer qu’une seule chose dans nos esprits. Et cette impression était loin d’être bonne.



[A] - Les Gardiens des Cieux | Solo Kozok10

Les jours se succédaient rapidement. Depuis l’événement de ce que nous avions fini par appeler « L’Éveil Écarlate », la Lune ne quittait plus le ciel, toujours teinté de son coloris vermeil. Pour autant, nous ne pouvions geler à tout jamais nos explorations; malgré cela, nous étions encore plus prudents lorsqu’il était question de sortir du campement, toute manifestation étrange ou particulière de la faune et de la flore étant directement communiqué à mon unité. Parce qu’autant ce divin phénomène semblait apeurer certains animaux, d’autres, au contraire, étaient devenus plus téméraires, et plus agressifs aussi. C’était le cas, notamment, des Koèk et des caméléons épineux, reconnus par les membres de notre détachement pour être des espèces particulièrement violentes et voraces, mais toujours prudentes. Pourtant, depuis l’Éveil Écarlate, il avait été possible de noter leur quasi omniprésence dans les environs du talus alors qu’auparavant, ces animaux restaient sagement sur le Rivage au Sable Blanc. C’était préoccupant, et si nous avions déjà lever les armes pour repousser un caméléon épineux, considérant qu’il ne refera plus la même erreur, nous gardions à l’esprit qu’il était possible que d’autres animaux s’essayent à leur tour.

« Si nous gardons une poignée d’hommes d’armée au campement pour faire des rondes, nous devrions réussir à établir un périmètre de sécurité autour du site, qui arriverait à décourager d’autres créatures de s’approcher et d’attaquer. »

L’Olori reçut plusieurs hochements de tête à la suite de sa prise de position.

« Plusieurs d’entre nous sommes militaires et saurons défendre le camp si besoin est, alors n’allons pas diviser l’Unité de défense pour cela.

- C’est exact. Vous vous trouvez déjà au campement, et la sélection de l’Unité tactique s’est également réalisée pour que vous, soldats, puissiez compenser notre faible mobilité, renchérit le dignitaire avant de poursuivre : Enfin, pour en revenir à notre sujet initial… »


1 813 mots | Post VIII
Crédit pour le Koèk : Parathor by Jia Hao
Pour le caméléon épineux : Desert Hunter by Jia Hao


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Isiode et Isley
Sam 15 Fév 2020, 17:06



Le dignitaire de la couronne étendit le croquis le plus à jour de la carte d’Orhmior sur la table, dirigeant son doigt sur la pointe est du Val du Mistral, là où se tenait actuellement l’un de nos trois groupes d’exploration. L’Immaculé nous mit immédiatement aux nouvelles, la progression de cette troupe les ayant menés jusqu’aux pieds de l’imposante chaîne de montagnes, qui, même de notre position, était aisément discernable au milieu de l’horizon. Pendant des jours, nous avions envoyés des groupes s’éparpiller dans le Val du Mistral afin de trouver un chemin abordable, à pied ou en monture, qui nous permettrait d’accéder directement aux montagnes, sans réussite apparente. Les groupes restaient deux ou trois jours à l’extérieur, emportant avec eux des vivres et de l’eau pour s’assurer qu’ils ne manquent de rien durant ces excursions, et s’il leur était demandé de communiquer avec le site des opérations, la troupe agréait sans broncher à nous transférer un rapport une fois à toutes les trois heures pour que nous puissions suivre leur progression. Cependant, si la communication tardait à être transmise, c’était à nous de nous assurer que rien de nuisible ne leur soit arrivé, quitte à envoyer une seconde troupe sur les lieux si les correspondances expédiées n’étaient pas répondues. Pour l’instant, rien de tel n’était survenu – heureusement – mais nous nous étions préparés à toute éventualité, ces mois et ces réunions interminables de planification n’ayant pas été réalisés pour battre de l’air. Cela étant dit, les résultats de notre labeur se tardaient à mûrir devant nos yeux, la recherche d’accès aux montagnes faisant plus d’une fois chou blanc.

Jusqu’à aujourd’hui, pas plus tard qu’une heure, lorsque nous reçûmes un avis de notre deuxième troupe d’exploration. En effet, il semblerait qu’elle soit parvenue à former une route relativement stable et accessible jusqu’au socle de la chaîne de montagnes. D’après les dernières communications que nous avions eu avec cette équipe, il paraîtrait qu’ils aient trouvé une entrée à même le roc et la pierre de l’un de ces monts. Haut de quelques mètres, le passage avait une largeur suffisante pour permettre la progression de deux carrioles l’une à côté de l’autre. Suivant la longueur du chemin, cependant, un étroit ruisseau, qui y avait façonné son lit, longeait les parois de pierre brute pour aller se déverser jusqu’au cœur des prairies du Val. En somme, il s’avérait que cette excursion soit couronnée de succès, à notre grande joie, comme pouvait en témoigner le rictus satisfait de l’Archange qui releva les yeux dans notre direction.

« L’équipe n’a pas omis de marquer son passage depuis son dernier point d’arrêt. De ce fait, dans les prochains jours, il nous faudra envoyer un groupe pour que celui-ci commence à tracer le sentier esquissé, et que nous puissions enfin commencer à transporter l’équipement le plus lourd et encombrant jusqu’à notre prochaine zone d’exploration.

- Je peux me charger de guider l’équipe sur ce chemin! Se proposa une Humaine en levant le doigt afin d’attirer le regard de l’Archange, qui accepta d’un hochement de la tête.

- Ça me va, Violaine. Vous pourrez aller voir Quentin ou Jaime pour qu’il vous fournisse un schéma plus précis de la zone que vous allez devoir traverser. »

Ravie, l’Enfant de Sympan emporta sous son bras un morceau de parchemin sur lequel avait été dessiné, en tout point identique, la carte que nous avions actuellement sous les yeux.

« Horald, occupez-vous de libérer quelques personnes pour qu’ils puissent aider au traçage du chemin dès demain matin. Violaine et vous serez également responsables de l’équipement. »

Le Magicien qui portait ce nom acquiesça avant de sortir de la tente, rejoignant la jeune femme pour qu’ils puissent commencer à établir la suite de l’opération.

« Ensuite… »



[A] - Les Gardiens des Cieux | Solo Donsik10

Cette fois, l’Olori Ivanhnoé poussa nos yeux vers le nord de la prairie du Val du Mistral, là où, nous le savions tous, se trouvait présentement notre troisième équipe d’exploration qui, pour sa seconde journée à l’extérieur du site, n’avait pas encore de bonnes nouvelles à nous partager. À l’instar du groupe deux, la troisième troupe – qui comptait Edmund et Wilhelm dans ses membres – avait été mandaté de la même mission, mais n’avait pas récolté plus d’informations que ce que nous avions fini par connaître au fil de la campagne. La prairie s’étendait à perte de vue à travers le mouvement des herbacés, des hautes herbes et des arbustes. Il y avait des buttes en roc et des colonnes de pierre qui charmait le paysage, accueillant à leur cime les nids de quelques espèces aviaires, dont le fameux héron d’Archimeda, l’oiseau d’ivoire dont m’avait parlé Acram au cours de notre voyage, et qui avait le bout des plumes colorié par un magnifique bleu clair, ou bien encore la colombe d’Alysée (Mâle / Femelle), dont les parures dorées à ses ailes scintillaient et resplendissaient à la lueur de l’Astre-Père. La troupe aurait également souvent croisé des troupeaux de Donsikhi venus paresseusement brouter la végétation basse de la prairie ainsi que les Ojù, petite espèce de nyctale à la queue extrêmement longue et aux oreilles toutes aussi touffues. Malgré ces belles découvertes, qui comblaient de bonheur tous les amateurs d’animaux et de créatures du détachement, la troisième équipe n’avait, pour l’heure, buter que sur des parois infranchissables en raison des pentes du secteur bien trop escarpées ou droites pour que l’on puisse simplement songer à créer un sentier abordable qui puisse relier les deux habitats sans contrevenir à la sécurité de nos hommes et femmes.

« Songez-vous à les rappeler, puisque nous avons trouvé un autre passage?

- Selon vous? M’interrogea l’Archange, à qui j’adressais un regard en coin avant de reporter mon attention sur la carte, traçant de mon doigt un énième parcours qui pourrait être fait par l’équipe pour leur dernière journée à l’extérieur avant de revenir au campement.

- Ils pourraient suivre cette courbe, la longer du sud jusqu’au nord et, s’ils ne trouvent rien, revenir directement au site.

- Je suis d’accord, concéda le dignitaire royal, d’autres acquiesçant sans se prononcer.

- Sinon, intervint à son tour Hiddleston, le premier groupe d’exploration devrait arriver dans moins d’une heure, tout au plus, de leur excursion dans la zone humide.

- En effet, nous y arrivons. »

D’un geste rapide, Nathanaël Ivanhnoé porta son doigt vers le sud de la carte, esquissant des arcs de cercle autour de la zone qui venait d’être exploré et traversé, pendant trois jours, par la troupe de notre compagnon Acram.

« Ont-ils trouvé quoi que ce soit là-bas? Je sais que le parcours est plus ou moins pénible à cause des nombreux points d’eau et de la sphaigne…

- D’après ce que m’a rapporté Valentin, rien du tout. Ils ont cueilli quelques échantillons de plantes et d’eau afin de pouvoir les étudier et les analyser tranquillement au camp, mais c’est tout. Il s’agit, semble toute, d’un marais parfaitement ordinaire, et ils tenteront de s’enfoncer plus profondément dans ce dernier dans trois ou quatre jours. »

Ce secteur de la prairie avait été identifié, à un moment, par les éclaireurs qui étaient passés avant nous, notamment parce que les arbres de la zone étaient bien plus hauts et épais que tous les autres « grands » végétaux du territoire. Et je tiens à mettre ce dernier adjectif entre guillemet, puisque les grands végétaux du Val du Mistral peinait à atteindre les trois mètres de hauteur, tandis que ceux du bayou devaient être d’environ une dizaine de mètre, peut-être moins.

« Très bien. Merci pour le rapport. »

Hiddleston fit basculer son buste comme toute réponse.

« Bien, si nous avons fait le tour de nos préoccupations, vous pouvez prendre congé et vaquer à vos tâches. »

Nous le remerciâmes, mais avant même que j’esquisse la révérence de la Compagnie en signe de salutation, l’Olori me retint d’une œillade.

« Pour en revenir à notre conversation concernant les animaux, soldat Yüerell, j’aimerais que vous vous occupiez des patrouilles et des rondes autour du campement dès maintenant. Prenez les hommes que vous voulez et assurez-vous de former suffisamment de groupes afin de vous relayer efficacement. »

Je me penchais vers l’avant en toute humilité.

« À vos ordres. »



Une quarantaine de minutes après notre réunion dans la tente des opérations, nous perçûmes, aux abords du campement, le bruit caractéristique des troupes rentrant au bercail. Bruits d’armure et d’épées, voix lointaines qui se rapprochaient au rythme du martèlement des pas, nous sûmes tout de suite qu’il s’agissait de la première troupe d’exploration qui revenait de leur excursion. Immédiatement, plusieurs têtes s’extirpèrent des tentes et d’autres se levèrent pour observer le retour de l’équipe. Dix hommes et femmes s’entretenaient avec ferveur quant aux différents échantillons qu’ils avaient récoltés durant leur périple de trois jours et discutaient également de deux espèces d’amphibiens qu’ils n’avaient encore jamais aperçu sur ce territoire : il s’agissait de la rainette céruléenne et de la grenouille au portail blanc. À leur arrivée, quelques membres de l’Unité tactique les rejoignirent expressément afin de s’entretenir, plus en détails, avec eux au sujet de leur parcours dans le marais.

En fixant le visage des hommes et des femmes revenus au site, mon regard s’attarda quelques instants sur le faciès d’Acram. Il était parti, en tant que membre de l’Unité de défense, avec la poignée de scientifiques et de cartographes, qui désiraient étudier la zone humide de la prairie. Je m’approchais de mon collègue dans l’intention de l’accoster, mais je refrénais instantanément mon geste premier, penchant légèrement la tête sur le côté.

« Tout va bien, Acram? Tu m’as l’air bien pâle… »

Le Fantassin leva son regard dans ma direction, me gratifiant d’un sourire.

« Ça va, juste un petit coup de fatigue, m’assura-t-il nonchalamment, traînant déjà son corps sous sa tente. En plus, je crois que j’ai attrapé un vilain rhume.

- Avec le Soleil que nous avons eu toute la semaine? »

Je portais mes iris, droit vers le couvert nuageux, toujours occupés par les deux corps célestes.

« Ah mais détrompe-toi! Il fait froid dans ce bayou, bien plus qu’ici, et je crois que mon corps n’a pas supporté le choc thermique. »

Et comme de fait, son corps lui donna raison en l’entraînant dans une soudaine valse d’éternuements, dont il réduisit l'intensité à l’intérieur de son coude. Je lui adressais un sourire.

« Va te reposer dans ce cas, lui conseillais-je.

- C’est ce que je comptais faire. Tu me réveilleras pour le repas du soir!

- Sans faute », lui assurais-je en l’invitant, sans plus tarder, à rejoindre le confort et la sérénité de sa tente.

Le jour, suivant son cours, commença à décliner tranquillement. Le Soleil, emblème de celui-ci, quitta progressivement le firmament pour laisser en place sa consœur, toujours aussi brillante, toujours aussi rouge et sanglante. Nous en parlions peu afin de nous concentrer sur nos explorations, mais cette apparition nous inquiétait tous. Cette couleur était de mauvais présage et que la Lune soit constamment visible dans le ciel ne nous rassurait pas le moins du monde. Quel genre de cataclysme allait s’abattre sur nous, sur les continents, sur le monde entier? Ne pas savoir nous angoissait, mais nous continuons de vivre malgré tout, une boule coincée dans la gorge.

« Où est Acram? »

Le soldat Locke s’était assis à mes côtés, au coin du feu. Nous tenions nos écuelles, prêts à casser la croûte, mais l’interrogation de mon collègue me ramena soudainement à la réalité.

« Ah oui! Il est parti dormir après être revenu de son excursion. Il fallait que je le réveille pour le repas. Je reviens. »

J’abandonnais mon plat avant de me diriger d’un bon pas en direction de la tente du Fantassin, repoussant délicatement la toile qui couvrait son entrée.

« Galathiel, es-tu réveillé? Le repas est prêt. »

L’intérieur de la tente était sombre et silencieux. Je me permis d’entrer, avisant une vieille lampe au sol, que j’allumais grâce à son mécanisme.

« Acram? Debout. Le repas est servi. »

Et comme seule réponse, une puissante quinte de toux éclata sous les toiles de la tente.

~ La suite des événements se poursuit dans le RP suivant, À couteau tiré ~


2 017 mots | Post IX
Crédit pour le Donsikhi : Planets - ENDLESS SPACE 2 by Sylvain Sarrailh
Pour le Ojù : Griffon by Charline K. | FluttiArt
Pour le héron d’Archimeda : Heron on the Olentangy by Corey Godfrey
Pour la colombe d’Alysée : White Bird - character development by Aga Nieroda
Pour la rainette céruléenne : Leapfrog by Aaron Miller
Pour la grenouille au portail blanc : Fuzzy Leopard Frog by Anastasia Sibiryakova



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Mer 29 Avr 2020, 04:32



~ La scène se passe après le RP de La maladie qui emporta dix des nôtres ~

L’ombre de la Mort semblait nous avoir progressivement abandonnée. Le deuil avait été essuyé en même temps que les larmes. Le temps, à n’en point douter, léchait les plaies et soignait les blessures, alors que le travail permettait au cerveau de s’occuper l’esprit afin de lentement endormir les douleurs et du cœur et de l’âme. À présent, nous nous tournions vers l’avenir, ce même avenir qui s’étendait devant nos yeux et qui prenait forme au cœur de cet anneau d’éminences rocheuses.

« La vue est magnifique d'ici, s’émerveilla un Edmund Rogue souriant.

- Et comment », renchérissait Hiddleston en tournant son regard dans ma direction.

Je sentis l’intérêt qu’il portât à ma personne et, d’un geste, j’acquiesçais à la suite de leurs propos. Ils avaient raison. Depuis les cieux dans lesquels nous nous étions suspendus, il était possible de voir, dans son ensemble, les immenses plateaux de verdure se séparer, se superposer, s’entrelacer et façonner harmonieusement le paysage particulier de toute la zone orientale du territoire.

Prenant forme au milieu des sommets, d’innombrables cours d’eau dessinaient des sillons étroits à travers l’orographie du terrain, glissant entre les rocs et les monticules de pierre afin de rejoindre des confluents plus larges et rapides au pied des montagnes. Ces derniers creusaient la terre, formant des dépressions au sol, tout en se jetant, depuis des chutes, à l’intérieur de l’immense lac qui avait pris naissance dans le creux des plateaux – ou de ce qui, selon les rumeurs, aurait auparavant été la gueule d’un volcan désormais éteint. La vie aquatique, par ailleurs, foisonnait au cœur de l’immense cratère. Des poissons aux petits requins envahissaient les eaux de surface du lac, mais nous n’avions que peu d’informations sur la faune et la flore aquatique des profondeurs. En effet, il n’avait pas été possible pour les quelques plongeurs mandatés à cette tâche de descendre trop bas en réalité, la luminosité offerte par Jeriel se perdant rapidement après avoir atteint une certaine profondeur. La plongée, dès lors, devenait foncièrement plus périlleuse en raison de l’obscurité de plus en plus omniprésente, mais l’Olori s’était assuré que nous parviendrons à descendre jusqu’au fond de ce lac qui, pour une surprise, était étonnamment profond.

Me redressant dans les airs, secouant quelques fois les plumes de mes ailes, je finis par adresser quelques propos à mes collègues, qui me portèrent aussitôt des regards en biais :

« Retournons au campement. C’est bientôt l’heure pour la prochaine équipe de partir et je dois récupérer les plans du soldat Ægir pour m’assurer que tout soit en ordre pour le départ de son groupe, demain matin.

- Raaah! Non mais, t’es toujours occupé ces derniers temps, maintenant que t’as pris la place du Docteure Gaërel en tant que second de l’Olori. », soupira le brun.

J’haussais des épaules. Ce n’était pas bien difficile de percevoir leur déception, mais les soldats Locke et Rogue finirent par me montrer leur approbation d’un signe de la tête. Dans un puissant battement d’ailes, nous fondîmes comme un seul homme en direction des plateaux, là où notre groupe des explorations avait placé l’ensemble de son équipement et de ses tentes pour façonner ce qui était devenu notre second site des opérations.

Il faut savoir que le détachement, pour ce nouveau déplacement, s’était scindé en deux entités : la première, composée par la moitié des hommes et commandée par Rachel Gaërel, était restée aux frontières du Val du Mistral, afin d’établir les premières structures permanentes aux abords du talus qui séparait l’immense plaine de la plage de sables fins, en contrebas. Outre le bayou du Sud, il avait été décrété, à juste titre, que le reste de la zone ne comportait aucun danger imminent qui ne puisse être contrôlé. Pour n’en nommer que quelques-uns, qu’il s’agisse des Koèk, des caméléons épineux ou bien des chiens Dines, ces grands renards à la robe bleue qui possédaient un étrange cristal incrusté entre les deux yeux, les prédateurs qui avaient croisé notre chemin ne nous causaient aucun mal ou étaient aisément maîtrisables lorsque l’acier s’entrechoquait à leurs crocs et griffes acérés. De ce fait, ils ne représentaient, à l’heure actuelle, aucune menace pour qui que ce soit.

La seconde moitié des hommes, conduite, quant à elle, par l’Olori Ivanhnoé, avait été déployée pour s’enfoncer davantage aux confins de l’île afin de conquérir l’immense plateau qui se trouvait à l’intérieur de la ceinture de montagnes, qui l’enserrait tel un étau grand et épais. Cela faisait déjà quelques semaines que nous avions quitté les côtes du val pour nous engager dans la deuxième portion du territoire, le second site des opérations grandissant à vue d’œil au pied des rivières et du lac, notamment grâce à la participation effective des nombreux Ygdraës venus en renfort à la suite d’une décision du gouvernement elfique de déployer de nouvelles unités dans les détachements angéliques. Ainsi, depuis notre arrivée, les plateaux et le lac avaient été ratissés de long en large depuis les airs et les nombreux cours d’eau avaient été répertoriés plus précisément sur les cartes.

Coupant brusquement ma réflexion, mon attention fût doucement portée en direction des montagnes, qui s’élevaient jusqu’aux nuages. Au loin, trop imprécis, cependant, pour que j’y distingue quoi que ce soit, quelques ombres planaient à une altitude bien plus élevée que la nôtre. À leur vue, je restais contemplatif durant plusieurs secondes avant que la voix d’Edmund me ramène à l’ordre : j’avais failli lui foncer dessus, il fallait dire.

Quoi qu’il en soit. Aucune excursion, en réalité, n’avait encore été menée à l’intérieur même de la Ceinture, mais l’Archange Ivanhnoé commençait à se laisser séduire par les secrets que semblaient cacher cette imposante chaîne de montagnes et ces ombres, que j’avais pu voir à l’horizon, étaient l’une des raisons pour laquelle la curiosité de l’Immaculé s’emballait autant; après tout, elles appartenaient à de surprenantes créatures. Celles-ci avaient été aperçues à répétition, non loin de la zone convoitée, que ce soit au cours de patrouilles – comme aujourd’hui – ou bien encore pendant certaines excursions qui demandaient à ce que le pied et les environs des montagnes soient longés ou bien traversés. Jamais, en réalité, ces animaux avaient véritablement été repérés au cœur même des plateaux, si ce n’est qu’à quelques occasions, particulièrement rares, depuis que nous avions posés le pied ici.

Cependant, ce qui était sûr, c’est que les créatures n’étaient pas connues de notre bestiaire et présentaient quelques distinctions. En effet, selon les observations rapportées par plusieurs témoins, il s’agirait de deux espèces différentes, si ce n’était pas trois – nous penchions, cela étant dit, sur un dimorphisme sexuel assez conséquent pour le troisième cas, vous comprendrez plus tard. De ce fait, les spécimens de la première espèce avaient été vus pour la première fois au nord des plateaux, survolant le plus grand confluent du territoire d’Orhmior. Regroupées en une petite bande de cinq individus, les créatures avaient été décrites comme particulièrement larges et robustes. De grandes et puissantes ailes définissaient leur silhouette et si leur grosseur avait permis de mieux les distinguer au milieu du panorama, la couleur particulièrement foncée de leur fourrure – ou était-ce du plumage? – avait facilité leur observation. Cependant, aussi vite qu’elles étaient apparues, les bêtes s’étaient éclipsées en quelques battements d’ailes dans les profondeurs de la chaîne de montagnes.

Au contraire, ce qui était une toute autre espèce animale avait été aperçue bien plus tard au cours de notre exploration du territoire, dans la portion méridionale de la zone orientale. De ce fait, comparativement à la première espèce, le second animal paraissait un peu plus petit et son pelage se confondait presque parfaitement à la couleur des nuages, à l’exception de la pointe de ses rémiges. Ces dernières prenaient d’harmonieuses teintes bleutées et, en plus de voir la couleur s’étendre sur toute la surface des plumes, le coloris s’assombrissait au fur et à mesure que l’on se rapprochait de l’extrémité des ailes. D’allure posée, la créature avait cette finesse dans sa silhouette, cette délicate majesté dans sa posture, qui, au loin, rendaient chacun de ses mouvements gracieux et aériens. Les personnes qui avaient découvert sa présence sur le territoire nous avaient raconté à quel point elles avaient été enchantées d’être témoin d’une telle scène, sans oser, dans les premiers instants, s’en approcher davantage, de peur que les créatures perçoivent leur présence et décampent. Cependant, leur seul regret était de ne pas avoir eu la chance de mieux observer la bête blanche, parsemée d’or sur le pourtour de son plumage, qui s’était tenue seule au beau milieu de la horde. Plus grand et imposant, l’animal semblait surveiller sa meute et s’était brutalement redressé lorsque l’un des explorateurs avait tenté de s’avancer pour mieux l’observer. Aussitôt, la bête s’était levée et s’était mise à grogner, signant ainsi la retraite instantanée du groupe de voyageurs.

Par chance, à l’exception de ce petit incident, aucun de ces animaux ne semblaient véritablement s’intéresser à nous et si, au contraire, cela ne s’avérait pas être le cas, alors ils semblaient plutôt nous étudier de loin, minutieusement, comme pour jauger si les nouvelles créatures que nous étions méritaient qu’ils s’y intéressent vraiment.

« Dis Edmund… »

Naturellement, l’œillade du militaire convergea en direction de l’ancien Ange de Stenfek, leur échange ramenant aussitôt mon attention sur leur personne.

« Est-ce que tu as de nouvelles informations concernant les rescapés qui ont été sauvés de la dernière attaque angélique sur la Terre Blanche? »

Le Patrouilleur de Yüerell effectua quelques battements d’ailes en plus pour se positionner à la hauteur de son interlocuteur.

« Ils sont encore tous en traitement pour leurs blessures physiques et leurs séquelles psychologiques, nous apprit le Transmetteur en relâchant un soupir qui se perdit dans la brise du vent. La plupart s’en tireront avec des cicatrices, mais plusieurs d’entre eux… Les spécialistes s’inquiètent vraiment de leur état. Vous vous rappelez de la libération des mille Anges? Du temps que ça a pris pour qu’ils reprennent du poil de la bête? Et même aujourd’hui, il y en a qui sont encore très instables… »

Hiddleston et moi gardions le silence tout en confirmant cela d’un signe de la tête. Il n’y avait pas besoin de paroles dites pour exprimer ce qui s’était mis à vrombir au plus profond de notre poitrine. Rien qu’au souvenir de ce qui avait été dit et appris concernant le millier d’Anges qui nous étaient parvenus aux Jardins, nous pouvions facilement songer aux pires scénarios à propos des traitements que ces nouveaux libérés avaient pu subir sous la main des Naczír.

« Ils sont sous le choc, complètement traumatisés et bien souvent inaptes à pouvoir être autonomes. Il y en a qui n’ont toujours pas prononcé un mot alors que d’autres cauchemardent sans arrêt dans leur sommeil. Et pas plus tard que quoi? Deux ou trois jours? Eh bien… On a appris qu’il y a une des rescapés qui a tenté de se suicider. »

Les yeux du soldat Locke s’écarquillèrent d’horreur.

« Q-Quoi? Balbutia-t-il.

- Le traumatisme est vraiment profond… Par chance, ils ne sont jamais laissés tout seul, au cas où des… accidents de la sorte pourraient survenir.

- Mais elle va bien au moins? Qu’est-ce qui s’est passé?

- Elle a voulu se poignarder, mais ne t’en fais pas : sa vie n’est pas en danger. La personne qui la suit l’a arrêté à temps et elle est étroitement surveillée. »

Si le soulagement s’imprima de lui-même sur les traits d’Hiddleston – un soulagement teinté d’un brin d’inquiétude – les miens s’étaient, petit à petit, dessinés dans le fiel et la hargne sur mon faciès, une noirceur vindicative venant assombrir le bleu de mes pupilles. Et dire que nous ne pouvions pas faire plus pour eux… Ces rescapés n’étaient qu’une minuscule portion de tous ceux qui subissaient, encore maintenant, les vices et sévices des Cornus. C’était tout bonnement intolérable, mais nous ne pouvions rien faire en l’état, malgré notre nette progression et la remontée significative de notre situation. Nous n’avions toujours pas la puissance, les effectifs militaires et la force de frappe nécessaires pour faire cesser ces violences, et c’était bien cela le plus enrageant : nous savoir aussi faibles. Mes dents se mirent à grincer entre elles, les jointures de mes poings blanchissant sous l’extrême tension que je leur imposais, mais dans un grand fracas, je me détendis de nouveau, mes doigts se relâchant progressivement. L’ordre et le contrôle. L’ordre et le contrôle.

Aujourd’hui, pourtant, nous n’étions pas encore conscients de tout ce qui se profilait à l’horizon.


2 019 mots | Post X
Crédit pour le chien Dines : MtG: Flourishing Fox by Ilse Gort
Pour le Thekēra : Trico - The Last Guardian by Sevil-s
Pour le Sarheli femelle : Windfarer Hatchling by Monika Pałosz
Pour le Sarheli mâle : Kintsukuroi by Alsares .



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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Ven 01 Mai 2020, 05:47



D’habitude, je bougeais peu dans mon sommeil, roulant sur le côté de temps à autre dans l’optique inconscient de prendre une pose plus confortable. Malgré les rêves et les cauchemars, mon corps ne semblait être animé d’aucune véritable vitalité, et s’il ne s’agissait pas de ma respiration et des quelques papillonnements de mes paupières, certains m’avaient déjà affirmé qu’ils m’avaient cru mort bien plus d’une fois. Pourtant, cette nuit, quelque chose s’était éveillé au plus profond de ma poitrine, un sentiment des plus violents, des plus barbares et bestiaux. Ses souvenirs revenaient me hanter. Et cette scène, toujours plus horripilante, ne cessait de rejouer. J’étais retourné dans ce « nous » atroce, revoyant des fragments dispersés de son histoire. Hors d’haleine, je me faisais submerger par ses ressentis divers, mais, à un instant, je ne pus me permettre de n’être que spectateur de ce cirque grotesque.

Je ne saurais dire comment j’étais parvenu à me retirer de cet état commun, comment j’étais parvenu à me détacher d’elle. Mais au moment où il lui avait agrippé les cheveux pour rabattre son visage à la hauteur de son entrejambe, l’explosion fut inévitable, la fureur incommensurable. Je m’étais simplement jeté à son cou, m’extirpant de son être à elle, m’extirpant de notre « nous » pour n’être plus que moi-même. Et à partir de cet instant…

Je le cognais, le frappais, lui éclatais la figure de mes poings sans ressentir une once de pitié. Je me fichais de ses grognements à lui, je me fichais de ses cris à elle. Tout ce qui importait, c’était de la protéger. De la préserver de ce dégueulasse dont le cœur n’était empli que de perversité. C’était mon devoir de la protéger, de tout ce qui la menaçait, de tout ce qui la terrifiait.

Et je le cognais, le frappais, lui prenais le visage à pleine main pour l’écraser sauvagement contre le bois du plancher. Je voulais faire disparaître ce sourire sinistre de son faciès, je voulais arracher ses deux yeux voyeurs qui n’avaient cessé de la contempler avec tant d’impudeur et de désir vicieux. À un moment, des mains se plaquèrent sur mon bras pour m’arrêter, pour me freiner, mais je les repoussais brutalement, sans considération aucune. Tout ce qui envahissait mon attention était cet homme.

Et dans ma paume, que je venais de relever, une arme se matérialisa. Elle était de la même matière que les Lames Fantômes, mais il ne s’agissait pas des épées originelles. J’empoignais le manche de la hache tout en me redressant au-dessus de la Bête. Mon arme se souleva dans les airs. Avant de s’abattre, d’un coup précis et vif, à la gorge de l’étripé. Encore. Et encore. Et encore. Jusqu’à ce que son visage ne garde, comme souvenir, que les morceaux en lambeau de sa chair ensanglantée. Le Boucher avait encore frappé.




Je sursautais violemment, déglutissant alors que ma respiration se hachait au fond de ma gorge. Réalisant qu’il s’agissait, une fois de plus, de ces rêves chaotiques, de ces morceaux de vie empilés qui s’acharnaient inlassablement sur moi, je plaquais mes deux mains contre mon visage, le malaxant avec fureur tout en fixant les toiles en hauteur de ma tente. C’était inimaginable, tout simplement impensable. Tous ces souvenirs qui se crapahutaient avec fracas entre mes deux oreilles… Il me semblait que c’était trop… réel pour ne pas être vrai. Et pourtant, je n’arrivais tout simplement pas à me l’imaginer. Tout ce que je voyais, était-ce vraiment tout ce qu’elle avait vécu? Tout ce que je vis dans ces rêves, est-ce réellement ce que l’Ultimage a subi? À cette question, je ne pouvais que me murer dans le silence. Un silence trouble, un silence confus, un silence des plus perturbateurs. Tandis que, sans difficulté, les réminiscences s’enchaînaient de nouveau devant mes yeux. Des larmes et des sourires; des fureurs et des bouderies, qui n’étaient pas miens, se formaient derrière mes paupières closes. Et soudainement, la Colère. Rouge et incendiaire. Ma Colère. Cette Colère qui avait frappé au moment où la Bête avait voulu la violenter. Je frictionnais mes dents entre elles, cachant mes yeux derrière les paumes de mes mains tout en poussant un grognement presque inaudible en réaction aux sentiments embrouillés qui s’ameutaient, hostiles, dans mon esprit. Dans cet état, je n’essayais même pas de connaître les tenants et les aboutissants de la situation. Tout ce que je voulais, c’était la protéger. Et ce sentiment, cette responsabilité, depuis les premières fois où ces rêves s’étaient imposés, n’avaient cessé de s’accroître et de s’implanter dans ma conscience. Doucement. Sournoisement. Mais sûrement.

Vivement, je les repoussais de ma conscience. Ordre et contrôle. Ordre et contrôle. Dans quelques minutes, tout reviendra à la normale.



« Olori Ivanhnoé? Soldat Yüerell? »

Comme un seul homme, Nathanaël et moi relevâmes la tête en direction du nouveau venu. Ce dernier avait timidement passé son visage entre les tissus de la tente, comme soucieux de s’assurer, d’abord et avant tout, que nous nous trouvâmes bel et bien sur place. Ainsi, dès qu’il nous aperçut au milieu de la pièce, le jeune militaire se permit quelques pas dans le creux de l’abri. Puis, successivement, il se pencha devant le responsable du détachement avant de m’adresser le salut militaire de la Compagnie. Je lui répondis par le même geste, cognant mon poing à mon cœur, mais le rabaissa aussitôt en notant l’intensité du regard du soldat. En l’observant plus soigneusement, je reconnus l’un des Hérauts de notre détachement.

« De quoi avez-vous besoin, soldat Pelicia? L’invitais-je alors en le gratifiant d’un signe de la tête.

- Nous venons de recevoir des informations particulièrement troublantes, chefs! » Aligna rapidement le militaire en détendant ses épaules.

À ces propos, nos sourcils, simultanément, se froncèrent sur les visages de l’Olori et de moi-même. Troublantes? Troublantes de quelle sorte? Était-ce en rapport avec les autres détachements? Celui d’Isley n’avait plus été victime du mauvais sort depuis plusieurs semaines – depuis cette fameuse tempête en mer – et leurs explorations se déroulaient relativement bien, si ce n’était de quelques incidents mineurs qui troublaient ici et là l’organisation de leurs troupes. Tandis que, de l’autre côté de l’Océan, nous n’avions pas manqué d’être au courant de ce qui s’était déroulé du côté des terres d’Iyora, il y a quelques mois de cela. Les Goled avait fait plus de peur que de mal. Même si les pertes on put être comptées sur les doigts d’une main, elles restaient réelles et affreusement douloureuses pour les cœurs auxquels elles s’étaient attachées, pour les cœurs qui les avaient aimés, affectionnés et adoptés : c’est dans ces lourdes circonstances, au beau milieu de notre propre crise avec la maladie, que j’avais appris qu’une Recrue de ma Troupe avait pleuré et crié la mort de son mentor. Était-il survenu autre chose chez eux?

Mon cerveau carburait à vive allure en ce moment, toutes ces réflexions se déroulant dans ma conscience alors que les lèvres du soldat s’étaient rapidement rouvertes pour enchaîner sur son rapport :

« Les Démons auraient subi de lourdes pertes, récemment. »

Le scepticisme, en un souffle, fut balayé de nos traits, laissant l’étonnement envahir l’intégralité de nos faciès.

« P-Pardon?

- Nous manquons actuellement de données pour comprendre ce qui s’est passé, mais nous pensons qu’ils auraient réalisé une Purge. »

À cette mention, de nouveau, le froncement de sourcils barra nos fronts. Une Purge… Cet événement de barbarie sauvage, de violence gratuite et de déchaînement sans nom. Ce mot, à lui seul, représentait l’apocalypse qui soufflait, de temps à autre, au milieu des cendres et de la chaleur de l’Enfer. Si, dans les faits, l’accomplissement d’un tel accident ne s’était présenté qu’à quelques reprises au cours de l’Histoire, elle était néanmoins connue pour être d’un désastre et d’une dévastation sans pareille. Nous connaissions notre ennemi ancestral et pourtant, à chaque fois, nous ne pouvions nous empêcher d’être écœurés par l’inhumanité et la cruauté de leurs actes.

« Merci beaucoup, Pelicia, pour votre rapport. L’Olori fera une annonce générale auprès des Unités au cours de la soirée.

- L’information a également été transmise aux membres restés au premier campement? Voulut s’assurer l’Archange, qui obtenu sa réponse dans le hochement de tête du jeune militaire. Bien. Vous pouvez retourner à votre poste. »

Une seconde révérence, et le soldat Pelicia quittait la tente. Pendant un long moment, mon supérieur et moi gardâmes le silence avant de braquer nos regards l'un dans l'autre. Plus rien de nos plans et des dessins des architectes, que nous devions évaluer pour donner nos avis sur les nouvelles structures que nous devrions bâtir, n’avaient d’importance, puisque nos esprits ne pouvaient songer qu’à ça. Était-ce cela qui retenait, depuis des mois, les Démons? Était-ce pourquoi nous n’avions plus eu de nouvelles du Souverain de l’Enfer pendant tout ce temps? Les questions se multipliaient.



« Bonjour monsieur Fingharus. Comment avance les travaux? »

Je m’étais avancé jusqu’au responsable de la construction, un homme rondelet, aux sourires faciles, du nom de Cicillien Fingharus. À mon approche, pourtant, il ne m’adressa pas le rire jovial et rempli d’entrain qu’il gratifiait à l’Archange lorsque ce dernier l’interpellait. Bien au contraire. Pendant une fraction de seconde, son sourire éternel s’était légèrement mis à trembler et à s’effriter, mais il parvint à se ressaisir à temps, croisant ses bras au-dessus de son ventre dodu, cachant sa gêne sous une couche de fierté sans borne. Pourtant, il ne me regardait pas.

« B’jour, monsieur Yüerell! Nathanaël n’est pas d'la partie, aujourd’hui? »

Je ne lui répondis pas tout de suite, le fixant jusqu’à m’arrêter à sa hauteur. À ses côtés, pourtant, je préférais reporter mon attention sur la structure qui s’élevait devant nous.

« Non. Sa présence a été réclamée à Iyora, ce matin, et j’ai hérité de sa tâche pour constater de moi-même de l'avancement des travaux », expliquais-je calmement d’une voix égale à moi-même, observant, avec un brin de fascination, le travail des Magiciens.

La Valse Créatrice à l’action, emplie de leur distinctive Magie Bleue, les Mages Blancs s’activaient comme des fourmis dans une fourmilière en érigeant les fondations de la première grosse structure permanente de la zone Est du territoire d’Orhmior. Les blocs de pierres, ramenées depuis les continents, s’altéraient entre les mains des architectes bleus pour devenir de nouveaux matériaux aisément malléables, facilement manipulables. La Magie faisait des merveilles et, rapidement, nous avions pu voir nos bâtiments se redresser, s'additionner : nous étions témoins de la naissance d’une ville. Et même si celle-ci n’avait guère atteinte la superficie de celle qui avait été bâti, ces dernières semaines, à Iyora, les structures d’Orhmior prenaient définitivement forme. À notre plus grand bonheur.

« On avance assez vite, et merci à vos braves garçons qui nous ramènent le matériel! »

Naturellement, mes pupilles se portèrent vers le second groupe de travail, composé d’Ygdraës, d’Anges et d’Humains, à plus faible proportion.

« Et euh… T’as une date concernant l’arrivée de la prochaine cargaison de matériaux?

- Oh, oui, merci de me le rappeler, fis-je en posant mon regard sur son visage joufflu et, pour la première fois de notre échange, il conserva le contact. Elle devrait nous être livrée demain matin.

- Ah! Tant mieux! On va pouvoir terminer la fortification du bâtiment dix-sept. »

Le Fingharus me pointa l’édifice en question, dont l’une des façades n’avait pas encore été complètement érigée. J’allais lui demander ce qui en était de la construction de l'infirmerie, mais à peine venais-je d’ouvrir la bouche que j’entendis mon nom au loin. En faisant volte-face, je tombais nez à nez avec Edmund. Le Patrouilleur venait de replier ses ailes et son visage arborait une expression… indescriptible.

« Tout va bien, Rogue? »

Le milicien de la Patrouille Hēres agita sa tête de droite à gauche, en signe de négation.

« C’est l’Olori Ivanhnoé… Il est rentré. Il veut vous voir d’urgence, toi et les chefs d'Unité. »

Je clignais des yeux quelques secondes avant d’hocher de la tête et de saluer Cicillien Fingharus à la hâte, m’excusant de partir aussi vite.


2 016 mots | Post XI


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Isiode et Isley
Sam 02 Mai 2020, 22:41



Depuis quelques semaines, et après nous être assurés que le territoire pouvait accueillir notre nation sur son sol, nous avions dressé les portails magiques (Version I / Version II) qui nous permettaient, à ce jour, de pouvoir traverser des centaines de kilomètres en quelques secondes à peine. C’est pourquoi il nous était désormais possible de voyager entre nos différentes terres, en un claquement de doigt, et que le dignitaire royal avait été en mesure de faire l’aller-retour entre Orhmior et Iyora en si peu de temps, malgré la distance.

Et c’était un peu plus loin de l’un de ces portails, celui qui liait notre île à celle d’Iyora, que l’Archange nous attendait tous, à l’écart des veilleurs qui assuraient la surveillance des allées et venues de ceux qui traversaient les dispositifs de téléportation. Lorsque nous arrivâmes, mon collègue et moi, ils étaient déjà tous présents autour du dignitaire royal. Ce dernier arborait une grave expression alors que les autres chefs – Rachel Gaërel, Steiner Hōss et Lucina Bacher – ne semblaient pas plus savoir que moi ce qui troublait ainsi le responsable de notre détachement. Posant enfin pied à terre, ma paire d’ailes disparaissant, du même fait, dans mon dos, je m’approchais rapidement de mes compatriotes en balayant chacun de leur visage. Saluant, à tour de rôle, les chefs que je n’avais plus vu depuis un long moment – surtout ceux qui étaient restés au Val du Mistral – mon regard s’arrêta enfin dans les yeux clairs de mon chef d’Unité.

« Pourquoi nous avoir tous rassemblé? » Le questionnais-je calmement.

Toutes les œillades convergèrent alors sur l’Archange aux cheveux bruns, qui redressa la tête.

« C’est un événement exceptionnel. Très exceptionnel. J’ai été appelé ce matin à Iyora par le Général Vaughan concernant la Terre Blanche. »

Il soupira. Il semblait énervé. Ou était-il plutôt soucieux?

« Il semblerait que les Sorciers convoitent notre ancien territoire. »

Arrêt des clignements d’yeux, des respirations, des battements de cœur. L’ébahissement couvrait l’intégralité de nos faciès. De son côté, Edmund ne pipait mot, hochant discrètement la tête, à l’écart. Ce dernier était déjà au courant des tenants et des aboutissants. Après tout, il avait accompagné l’Archange à son rendez-vous et, en plus, il avait capté les messages télépathiques qui transitaient dans le réseau mental particulier des Patrouilles de la Compagnie. Déjà, ça s’enflammait. Une minorité crachait et s’énervait sur la situation, refusant catégoriquement toute coalition avec les forces sorcières, tandis qu’Edmund et une bonne partie du peloton d’information restait ambivalente sur la question. Si les opinions différaient relativement d’un esprit à l’autre, tout le monde s’accordait sur un même point : les Sorciers ne pouvaient être crus. Ils avaient bien conscience des implications que cela représentait si notre peuple s’alliait à celui des Mages Noirs, mais parallèlement, ils y trouvaient une opportunité inespérée pour reprendre, lentement, le contrôle sur ce qui nous échappait depuis des années, à la suite du Czírnúma. Le Patrouilleur releva la tête, remarquant aisément notre tension, aux chefs d’Unité et moi.

« Et le Prince Noir aurait contacté le Régent pour solliciter notre aide au front.

- Pardon? S’insurgea Steiner Hōss en se redressant brutalement, comme si l’on venait de lui piquer le dos à la pointe d’une épée.

- Vous m’avez bien entendu. Il compte prendre la Terre Blanche et attaquer les Démons. Et il demande notre collaboration pour réaliser son plan. »

À mon tour de m’avancer, le front plissé.

« C’est insensé, c’est un piège, grognais-je, les yeux brûlants d’un mépris palpable. Pourquoi les Sorciers demanderaient notre aide pour une telle tâche? N’ont-ils pas leur propre armée, plus grande et plus puissante que la nôtre? Leurs propres hommes à aller étriper aux mains des Diables? »

Mes dents grinçaient entre elles. Je ne comprenais pas le raisonnement derrière une telle manœuvre, s’il ne s’agissait pas tout simplement de nous flouer comme des imbéciles et exiger, ensuite, un tribut de notre part.

« Que veulent-ils vraiment? Et qu’est-ce que nous y gagnerons si nous acceptons un telle association? Sifflais-je, et même le regard que m’adressa l’Olori ne parvint pas à calmer le bruit soudain qui résonnait au creux de mon esprit.

- Pour notre aide, souffla le dignitaire royal, le Prince nous promet de libérer une partie des Anges esclavagés sur la Terre Blanche et de nous léguer toute sa zone Sud. »

Il eut un silence, le même qui s’était soudainement abattu sur les épaules de l’Olori lorsqu’il avait eu connaissance des termes de l’alliance : Edmund ne s’était donc pas attendu à d’autres réactions que celle-ci nous concernant. Nous restions sans voix.

« Nous ne pouvons pas faire confiance aux Sorciers, répliqua sèchement Lucina Bacher, comme pour nous ramener à l’ordre. Je ne sais pas ce qu’ils planifient, mais ils n’agissent que dans leurs intérêts et ces derniers sont rarement louables. »

Je m’étais rarement mis d’accord avec elle, mais dans cette situation…

« Aussi surprenant que cela puisse paraître, nous obtiendrons encore plus que ce que nous ne pourrions jamais imaginer avec notre unique force, si nous nous joignions à eux.

- Parce que vous pensez qu’ils respecteront cet engagement sans nous planter un couteau dans le dos par la suite?

- Nous n’en savons rien, et c’est bien cela le problème. Malgré tout, nous ne pouvons pas rejeter en bloc leur proposition, trancha froidement l’Archange, visiblement aussi déchiré que nous sur la meilleure décision à prendre, même si, en réalité, son parti était déjà pris. Il s’agit là du meilleur moyen de libérer et sauver les nôtres, en l’état. »

Mes épaules, subitement, se relâchèrent. Les nôtres… Je détournais le regard. Nous n’émettions aucun vocable. Nous étions prêts à risquer et briser notre cou pour sauver les nôtres; la question ne se posait même pas. Non, plutôt, ce qui se posait était de savoir si, oui ou non, les Sorciers allaient jouer franc-jeu et ce, jusqu’au bout.



La décision était tombée et cela faisait deux semaines que les hommes des Jardins de Jhēn et d’Iyora préparaient leurs stratégies en prévision de l’assaut sur la Terre Blanche. Le Régent, avec les conseils des Olori, avait décrété que les Anges participeraient à l’attaque. Ils n’avaient pas pesé les pours et les contres à la légère, sachant qu’une telle opportunité ne se présenterait pas une seconde fois – pas comme ça du moins – et que les plans et directives envoyés par le Prince Salvatore étaient assez clairs et transparents pour ne pas être feints. Il a dû concocter tout cela pendant longtemps… Des mois… Songeais-je intérieurement tout en lisant distraitement une nouvelle missive de mon Capitaine de Troupe.

Cependant, je n’étais pas le moins du monde concentré sur la lecture de cette dernière, la situation de la Terre Blanche et le rôle des Immaculés, dans ce plan, accaparant toute mon attention. Des mois. Je fixais un point de ma lettre, sans en lire les mots. Le plan s’agissait d’une frappe synchronisée entre l’Ordre d’Hébé, près de cinq milles hommes, et les Anges, qui compteraient environ six cents soldats. Le but premier de notre présence commune était de détourner l’attention des Vils pour permettre aux Sorciers de préparer une attaque massive et expéditive sur l’ennemi. À partir de cet instant, les armées devraient battre en retraite, récupérer les blessés et guider les esclaves jusqu’à nos bateaux. Nos instructions étaient précises – nous pouvions facilement deviner la méthodique préparation qui s’était réalisée en amont – et pourtant, je ne pouvais m’empêcher de songer de la portée de l’événement sur notre situation. Certes, nos frères et sœurs nous reviendrons – et nous nous promettions de sauver les autres – mais il avait également fallu penser à la nourriture, aux logements et au service que nous pourrions leur fournir, une fois qu’ils seraient revenus, loin de la Terre Blanche. Le chef Steiner, responsable de l'Unité de défense, et moi-même avions regroupé des caisses de nourritures et d'eau qui seraient prêts à être transportées, au moment voulu, à Iyora. Pourtant, je m'inquiétais encore. Et s'il en manquait? Et si nous ne parvenions pas à combler tous les besoins? Les Magiciens, les Humains ainsi que les Elfes avaient proposé leur aide et leur soutien, mais serait-ce suffisant? Secouant ma tête de gauche à droite, je relâchais un vague soupir entre mes lèvres. Tout ira bien, me rassurais-je. Nous avions pensé à tout et avions planifié les réserves pendant deux semaines. Nous réussirons à subvenir aux besoins de tous. Au moins, du plus grand nombre.

Me ressaisissant, je repris convenablement la lecture de la lettre de mon supérieur. L’assaut en Terre Blanche, la Purge des Démons… Tant de choses qui nous secouaient présentement. Cependant, plus je parcourais les lignes de sa missive et plus, cette fois-ci, mon attention s’accorda à se concentrer à cent pour cent sur le contenu de la lettre. Mes sourcils se froncèrent et, après lecture, mes yeux ne pouvaient plus se détacher des marques d’encre qui s’étaient imprimées dans les fibres du papier. La Recrue Belegad?



« Vous… »

Doucement, je fis volte-face, tombant directement sur la silhouette d’un jeune homme aux mèches blondes. Il garda quelques secondes la poignée de la chambre de convalescence dans sa main, comme surpris par ma présence. Cependant, une fois l’étonnement passé, l’homme d’armée – il ne ressemblait pas du tout à un médecin – finit par pencher légèrement sa tête vers l’avant, en signe d’excuse, tournant déjà les talons pour quitter la pièce, mais je le retins instantanément pour lui indiquer qu’il ne me dérangeait aucunement.

« Vous êtes Adriel Namênor, celui qui s’occupe de sa formation actuellement, dis-je d’une voix modérée, sans autre timbre que celui de la passivité. Enchanté de faire votre connaissance. Isiode Yüerell, de la Troupe Xēna, me présentais-je en tapant fermement mon poing à ma poitrine.

- Oui, c’est bien moi : Adriel Namênor de la Troupe Kahena. Pareillement enchanté, reprit-il, à son tour, en m’adressant la salutation de la Compagnie. Êtes-vous ici pour prendre des nouvelles de Laëth? »

J’acquiesçais silencieusement tout en reportant mon regard sur le visage fermé et endormi de la Recrue. Nous avions appris le retour des troupes, il y a peu, et en apprenant ce qui s’était produit sur la Terre Blanche, une grande proportion des effectifs du détachement d’Orhmior s’était déplacée, en masse, par le biais des portails de téléportation, jusqu’aux terres d’Iyora. Il y avait des blessés, autant des rescapés que des militaires, et même si nous savions l’endroit sauf, j’avais l’impression de me trouver sur un champ de bataille. Les blessés étaient transportés jusqu’au principal édifice de soin, l’infirmerie générale, mais en raison du nombre de personnes à traiter, d’autres bâtiments avaient ouverts leurs portes pour accueillir les survivants. L’Unité médicale d’Orhmior s’était aussi jointe aux autres soignants et soignantes d’Iyora alors que les autres aidaient du mieux qu’ils le pouvaient, qu’il s’agisse de transport ou de partage de denrées. En l’absence du dignitaire royal, qui avait quitté l’île au profit d’Iyora depuis le début des événements, laissant la charge d’Orhmior à Steiner et à moi-même en tant que responsables respectifs de l’aire ouest et de l’aire est de l’île, nous nous étions préparés à offrir toute notre aide une fois l’attaque de la Terre Blanche terminée. Et nous avions bien fait, puisqu’à l’instant où nous avions posé le regard sur les armées qui revenaient de l’assaut, nous avions aussitôt pris conscience de la gravité de la situation.

« Oui. J’ai appris qu’elle avait été choisie pour partir à la Terre Blanche, et je voulais m’assurer qu’elle aille bien… »

Mais les événements sur l’ancien territoire angélique avait dérapé.

« Soldat Namênor, je suis également venu pour une autre raison… »

Lentement, je me retournais vers le blond, lui tendant la missive du Capitaine Endeover. Le mage prit la lettre et la parcourut sans mot dire avant qu’un sourire ne s’esquisse sur ses lèvres.

« Je vois… Laissa-t-il tomber en soupirant, visiblement soulagé pour la Recrue. Je suis content qu’une décision a pu être prise. Je sais que c’est le bordel avec les explorations, le développement, et maintenant, avec la prise de la Terre Blanche…

- Oui, tout nous est un peu tombé dessus en même temps, et la mort d’Hena fut… soudaine. Je fermais brièvement les yeux, prenant une inspiration. Merci de l’avoir pris en charge. Je suis désolé pour l’attente et les problèmes que cela ait pu vous occasionner.

- Vraiment, aucun problème, Yüerell. Même si elle est fatigante, c’est une gentille fille, curieuse, qui a soif d’apprendre. Elle est remplie d’énergie et de motivation. Mais depuis le décès d’Hena…

- Cela ne m’étonne pas. Elles étaient très proches?

- Très. Hena a perdu ses enfants durant le Rimkalàri et, d’une certaine façon, elle avait fini par adopter Laëth comme sa propre fille… Vous ne savez pas à quel point ces deux-là s’aimaient, souffla Adriel en observant la Belegad endormie, laissant le silence planer un moment entre nous. Maintenant que vous êtes son mentor, pouvez-vous me promettre quelque chose? »

J’hochais de la tête, naturellement.

« Faîtes attention à elle. Laëth a beaucoup subi ces derniers temps et elle est encore très fragile. Je… Il hésita un moment, braquant finalement ses mires dans les miennes, déterminé. Vous êtes un excellent soldat, Yüerell, mais faîtes vraiment attention à Laëth pour qu’elle… récupère rapidement. »

Je ne prononçais pas un mot, continuant d’observer l’assurance qui brillait dans le regard de mon homologue. Avant de sourire et d’hocher de la tête à mon tour.

« C’est entendu. Je suivrais vos conseils à la lettre. »

Je jetais un dernier coup d’œil en direction de Laëth Belegad.

« Je reviendrais lorsque les choses se seront calmées. Je dois retourner à Orhmior pour aider nos hommes dans le transport de nourritures et d’eau, mais si elle se réveille durant mon absence, je compte sur vous pour lui annoncer la nouvelle. »

Je passais à sa hauteur, serrant brièvement son épaule, chaleureusement.

« Elle a eu de la chance de vous avoir à ses côtés. Merci pour tout, Namênor. »

Et je quittais la chambre, refermant la porte dans mon dos. Inconsciemment, ma main vint chercher le pendentif qui se balançait tranquillement à mon cou. Un nouveau chapitre semblait s'écrire dès cet instant.


2 376 mots | Post XII | FIN

Crédit pour les portails angéliques (c’est pas exactement comme ça, mais c’est dans le style 8D) :
- Portal by Huy Chau
- Gate by Sara Meseguer


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