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 [Q] - Terreur nocturne [Solo]

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Typhon Gargantua
~ Eversha ~ Niveau V ~

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◈ Parchemins usagés : 913
◈ YinYanisé(e) le : 09/01/2019
◈ Activité : Chasseur [Rang III] & cuisinier [Rang III]
Typhon Gargantua
Jeu 21 Nov 2019, 21:05



Partenaire : RP Solo
Intrigue/Objectif : Meurtre. Dhavala est la proie d’une chasse à l’homme qui le pousse au-delà de ses limites. Affamé, épuisé et blessé, le jeune Eversha décide de prendre le risque de se transformer lors de la pleine lune. Dès lors, les rôles s’inversent. Les chasseurs devinrent les chassés, mais la fureur du Totem incontrôlé n’est pas si aisément apaisée.


Le jour des représailles


Dhavala trébucha en cherchant maladroitement à sauter par-dessus un tronc d’arbre jonchant le sol. De nouvelles égratignures s’ajoutèrent à celles recouvrant déjà le corps meurtri de l’Eversha. À bout de souffle, il n’y eut aucun cri, seulement une larme laissée libre de se mêler à la sueur ruisselante qui recouvrait le visage du jeune homme. Il tâtonna les fougères autour de lui pour reprendre son épée en main, puis reprendre sa course.

Derrière, des cris confirmaient l’avancer du groupe hostile. Ils étaient nombreux, une douzaine, peut-être même une vingtaine. Tous étaient animés du même sentiment : la vengeance. Il y avait un an, jour pour jour, que le chef de cette meute de brigands avait perdu son fils unique. La traque du meurtrier n’avait pas été simple, mais le jeune insouciant avait commis de nombreuses fautes, notamment de laisser vivre trois témoins et de s’enfoncer seul au cœur de la forêt.

Si loin dans les terres vierges du Rocher au Clair de Lune, il n’y avait ni règle ni loi. Aucune autorité n’allait interférer. Les brigands étaient libres d’assouvir leur colère comme bon leur semblait. Il n’y aurait ni pitié ni remords. Le meurtrier allait les supplier, ils les suppliaient tous, mais aucune grâce ne sera donnée. Avec tout ce temps passé à chercher comment obtenir la plus juste réparation, les brigands décidèrent de faire preuve de la plus haute barbarie. Ils allaient non seulement dévorer leur proie vivante, mais ils allaient prendre leur temps.

Le chef des brigands se voyait avec sa meute, célébrer la mort de ce meurtrier avec plusieurs jours de festivité. Ils allaient le démembrer, ils allaient le couvrir de leurs excréments, ils allaient l’abuser sexuellement et ça ne serait qu’après que toute trace de personnalité ait été effacée, qu’enfin, la mort lui sera accordée. Ainsi, et seulement ainsi, les brigands seront satisfaits.

Évidemment, la proie ne se laissait pas faire. Elle résistait. La chasse n’en était que plus satisfaisante, bien qu’inéluctable. La proie ne pouvait pas se cacher de leur odorat. La proie ne pouvait distancer leurs coureurs. La proie ne pouvait pas trouver d’aide.

***

Dhavala avait été surpris alors qu’il traquait son repas. Le jeune homme s’appliquait à ne plus dépendre de sa forme animale pour subvenir à ses besoins alimentaires, alors il peinait à développer ses compétences de chasseur. Son dernier repas remontait à plusieurs jours et cette journée se voulait être sa dernière chance pour se nourrir comme un homme. Malheureusement, ça signifiait que quand cette meute hostile lui tomba dessus, Dhavala n’était pas du tout au meilleur de sa forme.

L’altercation initiale ne laissa aucun doute, Dhavala était la proie de cette meute. L’éclaireur du groupe s’était jeté sur le jeune homme, cherchant à empêtrer Dhavala jusqu’à l’arrivée de ses renforts. Plus grand et plus lourd que son adversaire, Dhavala réussi à de défaire de l’emprise de son adversaire. Dhavala l’entailla l’éclaireur de son épée avant de prendre la fuite, mais non sans être griffé par les ongles de l’Eversha hostile.

La blessure de l’éclaireur permit à Dhavala de prendre tout juste assez d’avance pour ne pas avoir à se défendre contre la meute toute entière, mais le jeune homme dû laissé derrière lui une bonne partie de ses effets personnels dans son camp non loin. Les brigands eurent tôt fait de prendre possession du camp de leur adversaire et de l’aménager pour leur usage personnel. Ils envoyèrent alors de nouveaux coureurs pour rattraper la proie en fuite.

***

La journée tirait à son terme et Dhavala était toujours en liberté. Cette liberté était précaire, puisque le jeune homme était piégé par la forêt elle-même. Il était cerné par des falaises, une rivière et une pente montante très raide. La seule issue réaliste se trouvait non loin de son ancien camp, mais c’était là où il était attendu par le gros des bandits.

Les falaises n’étaient pas assez élevées pour que la chute y soit mortelle, mais Dhavala était certain de se casser quelque chose. Ses chances de survies, seules en milieu sauvage, seraient alors très limitées. La rivière avait un courant beaucoup trop fort pour être traversé à la nage et de dangereux rapides se trouvaient non loin. Finalement, la pente raide n’était pas insurmontable, mais avec des brigands sur les talons, Dhavala ferait de lui une cible trop facile. Il suffisait que sa chance tourne, pour se retrouver incapable d’aller plus loin sans rebrousser chemin.

En ce moment, la seule raison de la liberté précaire de la proie était due à son désespoir. Les chemins qu’il empruntait l’exposaient aux branches acérées, aux foulures de cheville et à des rochers instables, qui encourageaient les brigands à faire un détour. Le coureur gagnait ainsi un court répit. Malgré ce léger retard, le filet se resserrait inexorablement.

***

Bien qu’ils fussent convaincus du succès de leur chasse, les brigands s’impatientaient. Le meurtrier avait visiblement une meilleure connaissance de la région que les brigands, ce qui lui permit de les maintenir à distance toute la journée. C’était insuffisant pour s’échapper du danger, puisque la meute ne perdait jamais sa trace. Toutefois, l’attente se faisait longue.

Le chef ne pouvait s’empêcher de craindre que sa cible profite du couvert de la nuit pour s’éclipser dans la nuit. Cette crainte était, bien sûr, infondée. Un soir de pleine lune de la saison de Renha allait éclairer cette nuit et d’autant plus facilité les recherches. Le risque d’évasion était, pour ainsi dire, nul.


- On va l’avoir, Boss !
- Mouais… Ça fait un an que j’attends. J’imagine que je peux attendre un peu plus.
- Tout à fait, Boss ! Et si… Et si on commençait tout de suite à festoyer ?
- Hein ? Pour que ta bande d’incapables devienne ivre ? Vous allez l’attraper comment le meurtrier de mon fils !?!
- Non, non, non, Boss ! L’autre gars n’a rien mangé de la journée. De ce que j’ai vu de son camp, il n’y a aucune trace de provisions ou des restes de repas. Si ça se trouve, ça fait des jours qu’il n’a rien mangé. Moi, je dis qu’on fait un grand feu et qu’on propage l’odeur de la viande grillée !
- Humph ! Des fois, j’ai du mal à comprendre si tu n’es qu’un goinfre, ou s’il y a vraiment quelque chose entre tes deux oreilles…
- Les deux !
- Ce n’était pas un compliment ! Bon… N’empêche que l’idée n’est pas mal.

Le chef de meute profita de la conversation avec son subalterne pour s’autorassurer. Il suffisait que le meurtrier ait la mégarde de dormir pour la nuit pour sceller son sort. Inversement, s’il passait la nuit à éviter ses poursuivants, alors il tomberait tôt ou tard de fatigue. Pendant ce temps, les chasseurs de la meute avaient fait de belles prises, qui n’attendaient que d’être consommées. En festoyant, l’odeur de toute cette nourriture auquel le fuyard n’avait pas droit allait certainement ajouter à son désespoir.

Malgré tout, le jeune chef avait un mauvais pressentiment de cette affaire. Les survivants du massacre de la bande à son fils n’avaient pas fourni un compte-rendu particulièrement détaillé de l’évènement. Qui plus est, son meilleur éclaireur avait reçu une vilaine blessure en tentant d’appréhender lui-même le meurtrier. Certes, le chef était entouré d’incompétents et de bras cassés, mais ça faisait beaucoup à mettre sur le dos de la chance.

Sa meute était composée de chacals, de coyotes, de hyènes, de ratons laveurs, de vautours et de lui, un loup. Ce n’était pas là une collection de Totems particulièrement imposants par leur puissance brute, alors leur force était principalement tirée de leur nombre et de l’effet de surprise. Outre le désavantage du Totem, la majorité de la meute était composée de Réceptacles et de sang-mêlé. Bref, c’était une meute d’indésirables.


- Quelque chose ne va pas, Boss ?
- Humph ! Je n’arrête pas de me questionner. Mon fils n’était pas si incompétent.
- Oh ? Bah, moi, je le trouvais trop ambitieux. Même pas adulte, qu’il voulait sa propre meute.
- Espèce de… Rah ! Tu as raison… J’imagine qu’il a eu les yeux plus gros que le ventre. Je l’avais pourtant prévenu !
- Oui. Souvent même.
- Bon, soyons plus malins alors. On a appris de quel Totem il était ? Les laquais de mon fils n’ont parlé que de crocs et de sang.

Le chef fut déçu d’apprendre que le Totem du meurtrier restait une énigme. Après un an à traquer ce meurtrier, il était devenu apparent qu’il s’agît d’un Réceptacle, lui aussi, à sa manière de passer si peu de temps dans la peau de son Totem. Malheureusement, se faisant, il était difficile de se préparer en conséquence.

La meute vivant du brigandage, alors elle disposait de moyens limités pour combattre. Elle disposait donc de bâtons, de lances en bois et de frondes. Il y avait bien quelques arcs mal en point, mais le chef n’osait pas prendre le risque d’endommager ou de perdre cet outil de chasse. Ainsi, le meurtrier avait théoriquement l’avantage des armes avec son épée. Toutefois, un bâton bien manié pouvait aisément donner la réplique à une épée et le chef était fier de sa maitrise de cette arme. Il était particulièrement habile pour viser les rotules de ses adversaires.


- Eh, Boss ? Il y a quand même un truc qui me dérange. Je sais qu’on fait tout ça pour ton fils et tout… mais cette région grouille de gibier. Même qu’on manque de chasseur ! Donc, comment est-ce qu’un gars tout seul n’a pas de provision dans son camp. Sans lui, on n’aurait jamais trouvé cet endroit !
-  Humph ! Il nous aurait tendu une embuscade !?! Eh…
- Bah, on n’a pas été très discret, avec les hurlements nocturnes, et tout. Et si on avait été attiré ici ? Et s’il avait laissé les trois gars de ton fils filé pour tous nos tués ?

Le chef ne porta plus aucune attention envers son subalterne. Ce raton laveur avait peur de sa propre ombre, alors il avait une manie fort détestable de voir des complots partout. Malgré ce défaut, son intuition avait un minimum de mérite et de temps à autre, il voyait juste. La difficulté était de savoir démêler une juste intuition de la vulgaire paranoïa. En l’occurrence, ce dernier échange penchait en ce sens.

Finalement, la suggestion du festin ferait du bien au moral de la meute. Après un an de traque, et un maigre butin, les brigands avaient certainement hâte de retrouver un rythme de vie normal, de tendre des embuscades et de profiter du labeur des innocents.

***

Dhavala s’effondra contre un arbre mature. Il était épuisé. Il était meurtri. Il était sale. Il était affamé. Ses vêtements étaient tout aussi mal en point. Il y avait des déchirures, un mélange de poussière, de boue et de sang. Les cheveux longs du jeune homme étaient couverts de brindilles et les attaches avaient toutes lâché, laissant tomber des cheveux contre le visage, obstruant sans cesse la vue de l’Eversha.

À bout de force, il fallut de longues secondes avant que le vagabond remarque qu’il s’urinait dessus. Il y eut une vaine tentative de réagir, mais aucun mouvement ne suivit. Il ne pouvait pas se permettre de baisser sa garde, ou en l’occurrence, son pantalon. Le regard de Dhavala se détourna plutôt vers son bras, qui tenait toujours la vieille épée de son père. La lame nue avait souffert du périple au moins tout autant que l’Eversha qui la tenait. Il n’y restait donc plus grand-chose de tranchant à cette arme.

C’est tant bien que mal que le jeune homme se releva pour quitter sa position. Puisqu’il avait perdu du liquide, il avait besoin de retourner à la rivière. Il ne restait au jour qu’une mince lueur à l’horizon, alors la noirceur commençait déjà à étendre son emprise dans la forêt. Malheureusement, Dhavala savait que trop bien que ses opposants n’allaient pas le laisser tranquille pour si peu. Ce jeu de chat et de souris avait maintenu le vagabond en vie, mais il s’agissait d’un jeu qu’il ne pouvait que perdre.

Ladite rivière étant non loin, le jeune homme se laissa tomber à plat ventre sur la berge. Il engloutit autant d’eau que possible, avant de se relever et d’à nouveau changer de position.

Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir…


2071 mots
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Typhon Gargantua
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Typhon Gargantua
Ven 22 Nov 2019, 15:12



Une victoire éphémère


En tendant l’oreille, Dhavala n’eut aucune difficulté à entendre le bruit de ses poursuivants. Malgré la noirceur grandissante, ils n’étaient jamais loin derrière lui. Ils savaient que Dhavala ne pouvait pas s’enfuir très loin, alors ils économisaient leur force. Le vagabond en était toutefois certain, s’il fallait qu’il démontre des signes de faiblesse, alors ses assaillants seraient sur lui en un instant. Du coup, les brigands forçaient leur proie à se vider de ses forces.

Depuis peu, le vent apportait une odeur de viande grillée et le feu de joie qui accompagnait ce festin était perceptible, des centaines de mètres plus loin. Ces nouveaux éléments eurent pour effet de galvaniser les brigands et de terrifier Dhavala. Il était maintenant certain que ses adversaires n’abandonneraient pas avant d’avoir mis la main sur Dhavala.

Le mince espoir que caressait le jeune homme s’envolait en fumée. Toute la journée, il avait espéré que les Evershas hostiles finiraient par se désister. Tôt ou tard, pensait-il, ces brigands reprendraient leur route et laisseraient Dhavala tranquille. La situation était malheureusement toute autre. Dhavala était visiblement la raison même de la présence des brigands.

Le jeune homme ne portait aucune attention sur la raison de cette attention indésirée. Ils étaient Evershas. Un regard de travers suffisait à ce que des meutes entières s’affrontent dans un bain de sang. La raison pouvait être aussi bénigne que l’état Evergrim de Dhavala, comme elle pouvait être la réponse à un quelconque affront. Depuis qu’il vivait seul, le jeune homme avait permis le sauvetage d’un malheureux, il avait porté assistance à divers individus et il avait tué. Toutes ces raisons pouvaient avoir attiré le malheur sur Dhavala, alors il était futile de perdre le peu d’énergie qui lui restait à des réflexions inutiles.

Sous le couvert des fougères, le jeune homme aperçut trois assaillants non loin de sa position. Au bout d’une journée à échapper à ses poursuivants, Dhavala avait compris qu’on le traquait à l’odeur. Puisque les brigands avaient pris possession du camp de leur proie, ils disposaient de nombreuses sources odorantes pour guider leur flaire. Dhavala pouvait courir autant qu’il le voulait, il ne pouvait se cacher.

Comme si ce n’était pas une situation suffisamment désastreuse, c’était un soir de pleine lune. En tant que Réceptacle, Dhavala avait toujours été découragé de s’exposer aux rayons lunaires de la pleine lune. Les Totems mal contrôlés n’en devenaient que plus puissants, sauvages et dangereux, à la fois pour les autres, et pour l’Eversha lui-même. Comme Dhavala était très au fait de ses problèmes de transformations, il n’avait pas particulièrement envie d’ajouter l’effet inconnu qu’aurait la pleine lune.

Deux options s’offraient à Dhavala. La première était de se trouver un refuge pour la nuit et espérer que les brigands lui laissent un répit jusqu’à l’aube. Cette option étant improbable, particulièrement en considérant les trois Evershas à sa recherche, présentement dans son champ de vision. La deuxième option était de tirer profit du pouvoir des rayons lunaires et prier Phoebe qu’il soit toujours vivant lorsque viendra l’aube.

Dhavala n’eut pas le temps de débattre de la marche à suivre qu’il fut repéré. Un quatrième assaillant s’était glissé hors du champ de vision de sa proie et s’était jeté contre celle-ci, avant de faire signe à ses compagnons de le rejoindre.

***

Ce n’était pas la première fois qu’un brigand posait la main sur la proie de son chef, mais cette fois c’était un groupe de brigands repus et reposés qui avaient cerné leur cible épuisé et affamé. La fuite était devenue impossible. Dhavala avait été leurré dans un faux sentiment de confiance et ses assaillants n’allaient pas le laisser s’échapper une fois de plus.

- C’est bon, les gars, j’ai son épée !
- Ah ! Attention, il mord ! Mais lâche-moi ! Sortez-moi de là… Ughlgr-muh…
- Reculez ! Il se transforme… Merde, on laisse tomber. Vite, il faut aller dire au Boss que c’est un tigre !

Les brigands s’enfuirent alors aussi vite qu’ils en étaient capables. Les trois confrères encore debout étaient sans armes, et du Totem du chacal. Ils n’avaient pas besoin d’attendre la fin de la transformation de leur adversaire pour comprendre qu’ils ne faisaient pas le poids. Ils laissèrent leur consœur à son sort, alors qu’elle s’empressait de se transformer en hyène afin d’échapper au félin dont la gueule croissante avait une ferme prise contre sa veine jugulaire.

La bravoure n’était pas un trait particulièrement répandu parmi les brigands, mais leur action n’était pas dénuée de logique. Leur consœur était l’une des meilleures combattantes du groupe et leur proie était à bout de force. Plus tôt ils rejoindraient leur camp, plus tôt le reste des brigands pourraient venir en renfort.  

***

La transformation de Dhavala était lente, trop lente. La femme était beaucoup plus rapide pour prendre sa forme animale, celle d’une hyène d’une quarantaine de kilos. Même dans sa forme humaine, le jeune homme pesait plus du double du Totem de la jeune femme, mais la hyène avait des crocs qui se développaient beaucoup plus rapidement que les crocs de tigre de Dhavala. Le jeune homme était trop sous l’influence de l’adrénaline et de la peur des effets de la pleine lune sur son Totem, alors en plus des difficultés usuelles, dont la présence de vêtements sur son corps, il y avait maintenant une sorte de blocage mental.

Constatant qu’elle reprenait un certain contrôle de la situation, la jeune femme mordit Dhavala à son tour. Cette blessure, s’ajoutant aux trop nombreux maux de l’Eversha, lui fit perdre connaissance. Puisqu’il lâcha prise, la hyène se dégagea et reprise sa forme humaine. Elle avait reçu une vilaine morsure au cou, ses vêtements étaient en lambeaux et elle était furieuse contre ses compagnons qui l’avaient abandonné à son sort, mais elle était vivante et sa proie avait été vaincue.

Sans arme et inconscient, l’Evergrim, le sang pur, ne représentait plus aucun danger et il n’était pas près de s’enfuir nouveau. La jeune femme, une Wynmeris, un sang mêlé, éprouvait une haine farouche envers ces Evershas mieux nantis qu’elle. Elle attendait donc avec anticipation le châtiment que réservait le chef au meurtrier de son fils. La femme était tentée de défouler sa colère contre la proie de son chef, mais elle se ravisa. S’il fallait qu’il trouve la mort avant que la soif de vengeance du chef ait été étanchée, c’était elle qui risquait d’écoper.

« N’empêche que tu m’as fait peur. J’imagine que si tu n’avais pas été aussi épuisé, tu m’aurais peut-être tué, Evergrim. Tu as manqué ta chance, alors tant pis pour toi ! »

C’était bien connu, l’Eversha et son Totem étaient indissociables. La jeune femme ne put que constater à quel point l’Evergrim était jeune et inexpérimenté. S’il avait eu une meilleure maitrise de son Totem, peut-être aurait-il tué quelques-uns de ses assaillants avant d’être vaincu par le chef.

« Hum… C’est qu’ils ne sont pas si mal tes vêtements ! Le chef n’en aura pas besoin. Comme les miens sont fichus à cause de toi… Bon. Voyons voir ça de plus prêt. Hum… Avec un peu de rafistolage… Ça va être plutôt ample au niveau du ventre… »

Tâtonnant ici et là pour tester la qualité du tissu, la jeune femme fut suffisamment satisfaite pour faire sien du bien de son adversaire vaincu. Elle déshabilla donc ce dernier avant de se débarrasser de ses propres guenilles. Pour un vagabond solitaire, ce jeune homme était plutôt bien nourri. La jeune femme se sentait flotter dans ses nouveaux habits.

***

Du coin de l’œil, la Wynmeris aperçut quelque chose qui n’allait pas. C’était le corps de l’Evergrim qui n’allait pas, puisqu’il avait disparu. Il était pourtant bien à a place un instant plus tôt et la jeune femme était bien placé pour confirmer l’inconscience de son prisonnier. Elle n’eut pas le temps de tourner la tête qu’elle sentit un souffle chaud dans son cou et une présence se frotta contre son flanc. Un grand frisson parcourut la brigande, alors que la présence lui lécha le cou.

Reprenant son sang-froid, la combattante s’écarta pour faire face à son adversaire, bien trop conscient à son gout. Le corps dénudé de celui-ci était baigné par la lueur de la lune. Fait particulièrement troublant, ses yeux reflétaient la leur de la lune. Il ne s’agissait plus d’yeux humains, mais ceux de l’animal qui observait sa proie.

Femme, la brigande avait l’habitude des regards de ses nombreux confrères. Elles étaient peu nombreuses dans la meute d’exilés et de renégats. Toutefois, le regard actuel ne lui évoquait aucun désir sexuel. Elle avait la désagréable impression d’être regardée comme elle regarderait un morceau de viande. Le jeune homme était alors parfaitement immobile, si ce n’est du regard rivé sur la jeune femme.

« Tu veux une revanche ? Tu veux ravoir tes vêtements ? Pas de chance, ils sont à moi maintenant ! »

Aucune réponse. C’était à peine si l’homme nu semblait respiré. On l’aurait juré inconscient… s’il ne se tenait pas debout. La brigande ne pouvait pas laisser son prisonnier s’échapper, alors elle choisit de passé à l’attaque. C’est en cours de mouvement que la jeune femme comprise son erreur. Elle aurait dû reculer. Elle aurait dû s’enfuir. Au lieu de cela, son poing se rapprochait inéluctablement du visage de l’Evergrim, qui perdit toute trace d’humanité alors que sa bouche béante s’ouvrit, jusqu’à fendre son visage d’une oreille à l’autre.

La gueule du tigre se referma violemment contre le bras de la brigande. Tout son avant-bras, jusqu’au coude, avait été englouti par l’immense tête féline, ses crocs perforants la chair du membre exposé. Or, la tête n’avait de cesse de croitre, tout comme le reste du corps animal. La végétation craquait sous le poids décuplé de l’Eversha.

La croissance du tigre fut telle, que la Wynmeris fut soulevée de terre par son bras. Ce n’était plus un simple tigre, il s’agissait d’un véritable monstre. D’un geste brusque, la jeune femme fut balancée de gauche à droite, jusqu’à ce que son avant-bras lui soit arraché et que son corps ne soit projeté contre un arbre.

La brigande eut le souffle coupé par l’impact. Elle n’avait même pas eu la chance de crier et c’était à peine si elle avait la force de maintenir sa conscience éveillée. Du sang commençait finalement à se déverser du membre arraché, mais malheureusement pas assez pour achever rapidement la sang mêlé. Le tigre lui avait dévoré le bras et… il avait disparu.

À ce moment précis, les sens de la jeune femme étaient sens dessus dessous. Elle ne savait plus où elle était ni pourquoi elle y était. Puis, il y eut le grognement. Lentement, la Wynmeris réalisa que ce qu’elle avait pris pour deux arbres était en fait les pattes avant du monstre. En abaissant sa tête au niveau du sol, c’est l’ensemble du champ de vision de la brigande qui fut rempli. Les crocs qui allaient mettre un terme à son existence faisaient la taille de longs couteaux. Visiblement confus, toutefois, le tigre géant hésitait à tuer la brigande.

« Hum… Je comprends… Ce sont les vêtements… »

Elle portait les vêtements de l’Evergrim et il devait se dire qu’il se voyait humain, alors qu’il était dans la peau de son Totem. La jeune femme émise un faible rire à la pensée qu’elle aurait probablement eu la vie sauve si elle ne s’était pas montrée hostile. Le tigre ne semblait pas vouloir achever la Wynmeris et s’apprêtait visiblement à s’en aller.

« Ah non, pas question… Ugh… »

Dans un ultime effort avec son corps brisé, la combattante se prépara à donner un second coup de poing, de son bras valide. Elle avait trop souvent laissé des Evergrims à moitié morts sur son passage et elle savait pertinemment que certains ont souffert des jours durant avant de pousser leur dernier souffle. Il n’était pas question qu’il en soit de même pour elle aussi.

Ce geste d’agression convaincu le tigre d’achever sa proie. Sa morsure sépara la tête et une partie de la poitrine, du reste du corps. L’idée qu’il venait de possiblement dévorer son propre corps d’humain motiva le monstre à délaisser toute moralité. La faim qu’il ressentait semblait sans limites et il savait pertinemment où aller pour obtenir satisfaction.

2045 mots
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Typhon Gargantua
Ven 22 Nov 2019, 21:27



Une riposte sanglante


Une douzaine de brigands s’était regroupée autour des restes d’un cadavre. Leur consœur n’était nulle part en vue et il ne restait d’elle que des vêtements déchirés. Les trois éclaireurs avaient confirmé que le meurtrier du fils de leur chef était du Totem du tigre, mais leur départ précipité ne leur avait pas permis de confirmer la mort de la brigande.

D’après ses vêtements, le corps sans vie appartenait à l’Evergrim recherché par les brigands, mais alors, où était leur compagne ? Pourquoi est-ce que le corps était en si mauvais état ? La tête, la poitrine et le bras gauche du mort avaient visiblement été arrachés du reste du corps, tout comme l’avant- bras droit. C’était une mort trop violente pour avoir été causé à la fois par la hyène et par le tigre.

- Humph ! Tout ça n’a pas de sens…
- Eh… Est-ce que tu veux que je m’assure qu’il soit bien mort, Boss ?
- Parce que ce n’est pas assez évident !?!
- Bah… eh…

En se calmant, le chef se demanda si son subalterne n’avait pas raison. Ce raton laveur avait tout faux une fois sur deux, mais sinon, son instinct était particulièrement efficace. Une hyène ne pouvait pas faire autant de dégât et le chef avait été on ne peut plus clair quant à son désir de tuer personnellement le meurtrier de son fils. Le chef envoya donc son subalterne s’occuper de la tâche ingrate de fouiller la dépouille.

- Eh… Boss ? On chassait un gars ou une fille ?
- Hein !?! C’était un homme… je crois…

Le raton laveur n’avait pas perdu de temps pour fouiller l’entrejambe de la dépouille. Le chef n’en était pas particulièrement surpris, venant de son subalterne, mais il était également vrai qu’il ne restait pas grand-chose d’autre du corps. Les survivants du massacre de la soi-disant meute du fils du chef avaient décrit un Evergrim jeune, grand, aux cheveux longs et aux yeux bleus et aux dernières nouvelles, personne ne l’avait vu hors de ses vêtements. Est-ce que la meurtrière de son fils était en fait une femme ?

C’est alors qu’un éclair de lucidité frappa le chef, qui ordonna à son subalterne de retirer le pantalon du cadavre. La moitié de la meute était composée de Wynmeris Anba, alors ils avaient une tache de naissance bien particulière et évidemment, le chef savait exactement où trouver la tâche d’une ancienne conquête. La hyène détestait son sort de Wynmeris, donc elle détestait tout autant sa tache de naissance, qu’elle maintenait couverte en tout temps. C’est pourquoi elle ne s’exposait jamais la cuisse droite.

- Boss ! Une tâche de naissance. On ne cherchait pas un Evergrim ?
- Humph ! Parce que tu crois encore que c’est ma proie ? Idiot… C’est notre sœur ! Elle a dû échanger ses vêtements après avoir déchiré les siens… Oh…

Le chef fit tout de suite venir son meilleur pisteur pour qu’il traque l’Evergrim. De toute évidence, la description des laquais de son fils avait du mérite. Ils avaient parlé d’un Evergrim assez faible et craintif, mais qui devenait un véritable monstre une fois transformé. Dans l’état où se trouvait maintenant la hyène, il ne s’agissait plus d’une simple exagération de jeunes insouciants, mais de la réalité.

- Mes frères ! Mes sœurs ! Cette nuit, nous obtiendrons vengeance ! À mort l’Evergrim !
- À mort l’Evergrim !!!

Alors que les brigands se préparaient à se mettre en chasse, le pisteur se faufila discrètement derrière son chef, un éclat de terreur dans les yeux. Le vautour affirma qu’ils affrontaient bel et bien un monstre. Jamais il n’avait encore vu d’empreintes aussi massives et profondes. La créature qui avait tué la hyène était d’une taille dépassant l’entendement. Le chef sourit alors en pointant la lune dans le ciel.

« Humph ! La lune est pleine pour chacun d’entre nous. Mène-nous à ma proie. Il me tarde de me servir de cette épée contre son ancien propriétaire ! »

***

Les brigands suivirent leur pisteur jusqu’à leur camp. La présence de celui-ci à la tête du groupe était bien plus symbolique qu’utile, puisque la trace du monstre pouvait aisément être suivie par n’importe quel d’entre eux. Entre la lueur de la lune et des étoiles, les immenses empreintes et la végétation écrasée, aussi bien dire qu’ils suivaient une route.

L’autre raison pourquoi c’était le pisteur qui était en tête, c’était parce qu’il avait été mandaté par son chef de s’y trouver. Rien au monde n’aurait motivé ses confrères à prendre sa place en considérant le monstre qu’ils suivaient. Ils étaient deux dans la meute à recevoir le don du gigantisme lors de la pleine lune, le raton laveur et l’un des chacals. Ces derniers atteignaient alors une taille légèrement plus imposante que leur chef loup. La marche de retour vers le camp fut bien plus lente que la course qui l’avait précédé. Les armes en bois aiguisées étaient tenues bien serrées et même le chef avait une poigne trop serrée sur le manche de sa nouvelle épée.

- Boss… Nos gars ne devraient pas nous avoir accueillis, déjà ?
- Humph…

Trois brigands avaient été laissés derrière pour surveiller le camp, alors que trois autres étaient toujours à la recherche de l’Evergrim, n’ayant pas été informé du succès de l’autre groupe d’éclaireurs. Il y avait donc six brigands dont la survie était incertaine et peu croyaient encore à retrouver un de ceux-là en vie. La piste du monstre menait maintenant directement sur le camp et la lueur du feu de joie ne donnait aucune indication que le tigre géant avait changé sa trajectoire. Ainsi, pendant que le chef et ses brigands s’en étaient allés chercher l’Evergrim, ce dernier avait décidé d’aller droit sur le camp. Visiblement, c’était le terrible sens de l’orientation du groupe qui leur avait évité un face-à-face.

Après une brève hésitation, le pisteur s’engagea dans la clairière du camp pour y découvrir un spectacle aussi macabre que prévisible. Les tentes avaient été dévastées, des buches enflammées avaient de toute évidence fait quelques ravages et des morceaux sanglants des gardiens du camp pouvaient être aperçus partout, déchiquetés par le monstre.

« Humph ! Allez, les gars, vous connaissez la routine. On nettoie et on rallume le feu. Pisteur ! Tu me traques cet Evergrim, mais ne l’approche pas. Je veux deux volontaires pour aller chercher nos gars encore dans la forêt. Tous ceux qui n’ont rien à faire, avec moi. On va planter des pieux tout autour du camp. »

Le chef cherchait à se montrer rassurant, mais il était lui aussi ébranlé par la situation. La hyène avait été tuée proprement en comparaison avec les malheureux du camp. Selon les traces, le monstre s’en était donné à cœur joie. Le subalterne du loup était tendu quand il s’approcha de son chef pour lui annoncer la dernière nouvelle.

- Boss… C’est nos gars. Ils… Ils n’ont pas juste été tués, ils ont été dévorés.
- Humph ! C’est pas toi qui pensais que ça faisait plusieurs jours que l’Evergrim n’avait rien mangé ?
- Ouh… Oui.
- Fais passer le mot. Je veux que personne se retrouve seul. Tout le monde reste dans la lumière du feu.
- Boss !

Le chef se massa vigoureusement la nuque. Il avait besoin de faire comprendre à une bande de Réceptacles Wynmeris de retrouver confiance en leur meute et en leur chef. L’Evergrim était malin, mais il était seul. Il avait l’avantage du Totem, mais pas celui des armes. Au final, il n’était qu’un Eversha dans la peau d’un animal, sans plus, sans moins.

« Humph ! Les gars, on s’active ! Demain, on mange de l’Evergrim et vous n’avez pas intérêt à mourir avant d’y avoir gouté. »

***

Les deux éclaireurs, deux chacals, couraient à vive allure dans la forêt, à la recherche de leurs compagnons. Ces trois coyotes n’avaient donné aucun signe de vie depuis plusieurs heures déjà. En temps normal, ce serait une absence normale, mais dans l’occasion, ils pouvaient certainement être morts. Inattentif, l’un des chacals perdit pied et se retrouva face contre terre. Un lit de mousse amortit la chute de ce dernier.

C’est ainsi immobilisé que le brigand fait une terrible réalisation. Il n’y a plus personne à ses côtés. Son confrère, n’a ni continué sa course, ni cherché à venir en aide. Il n’était tout simplement plu là. Restant étendu au sol, le Wynmeris se força à respirer plus calmement, cherchant à se faire aussi petit que possible.

Sur le dos, le chacal pouvait apercevoir la lune au-dessus de lui, jusqu’à ce qu’une ombre menaçante l’obscurcit. Le grondement qui suivit fut des plus révélateurs et le brigand hurla alors tout l’air de ses poumons alors que de la salive et du sang tombèrent à grosse goutte contre le corps du chacal, qui avait instinctivement pris une forme animale dans l’espoir que sa petite taille lui évite de souffrir plus que nécessaire.  Bien plus petit, toutefois, l’animal fut happé par la langue rugueuse du monstre et avalé en entier.

Le deuxième brigand, toujours vivant, avait trouvé refuge derrière un arbre non loin, assistant en silence à la mort de son confrère. Parfaitement immobile, il n’osait ni bouger ni respirer. Il priait silencieusement pour que le monstre continue de l’ignorer. C’est alors qu’il eut une idée si stupide qu’elle ne pouvait que réussir. Il allait suivre le monstre et rester derrière lui, dans son angle mort. S’il pouvait tenir jusqu’à l’aube, alors le monstre redeviendrait un Evergrim normal.

Lentement et délicatement, le brigand se dévêtit et adopta sa forme de chacal. Petit, agile et léger, il y aurait ainsi beaucoup moins de risque d’attirer l’attention d’un monstre aussi gros. Enfin, il aurait pu réussir, s’il s’était souvenu du gigantisme que lui conférait la lueur de la pleine lune. Il était alors plus imposant que même le Totem de loup de son chef et significativement plus lourd. Ce n’était plus là un animal petit et léger, mais un gros prédateur, bien qu’il fût toujours surclassé par un tigre normal.

Le monstre eut tôt fait de découvrir une telle présence, qu'il convoitât dès lors. Il y avait là une bête d’une centaine de kilos qui représentait un bien meilleur repas que ces précédentes victimes. Les deux géants s’élancèrent, l’un pour tuer, l’autre pour fuir, mais au moins trois fois plus grand et maintes fois plus lourd, le tigre géant eut tôt fait d’écraser le chacal géant et de se repaitre de sa viande.

***

Les travaux au camp des brigands avaient bien avancé, quand trois coyotes furent surpris de constater un tel remue-ménage en leur absence. Retrouvant leur forme humaine, on leur demanda où étaient les deux chacals envoyés les prévenir, ce qui ne fit qu’ajouter à leur confusion. Le chef lui-même dû prendre de son temps pour informer ceux qui étaient probablement les derniers survivants de la forêt. La mort probable de leurs deux confrères leur tombait lourdement sur la conscience. Si seulement ils étaient revenus une dizaine de minutes plus tôt, alors personne n’aurait dû perdre la vie aussi bêtement.

« Humph ! Les gars, le soleil se lève dans moins de huit heures. On en est à quatre morts et deux disparus, mais nous sommes encore douze contre un. Pas de risques inutiles. On tient le camp jusqu’à l’aube et c’est nous qui allons le bouffer cet Evergrim. »

Malgré leurs récentes pertes, les brigands demeuraient confiants de leurs chances de victoire. Leur adversaire avait profité de la confusion et de la dispersion de ses adversaires, mais s’en était fini. Aussi grand pouvait-il être, ce n’était qu’un tigre. Pour chaque brigand qu’il pouvait mordre, c’est onze lances de bois aiguisées qui allaient lui transpercer les flancs.


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Typhon Gargantua
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Typhon Gargantua
Lun 25 Nov 2019, 15:27



La nuit des morts


Les travaux pour fortifier le camp des brigands étaient trop longs. Le chef aurait voulu planter de nombreux pieux et ainsi tenir le tigre géant en respect, mais il était évident que ça ne serait pas aussi facile. Pour des pieux suffisamment grands pour empaler une bête capable d’arracher la moitié supérieure du corps d’une femme d’une morsure, il fallait des pieux de plusieurs mètres de long, ce qui demandait beaucoup de temps, d’effort et de risque. Malgré la futilité du geste, le chef continua d’aboyer ses ordres et de prétendre que l’idée avait du mérite. Il ne fallait surtout pas que sa meute cède à la peur et prenne la fuite à la moindre frayeur.

Le pisteur revint alors dans le camp, sans aucune égratignure visible. Le chef en fut grandement soulagé de savoir que tous n’étaient pas des incompétents tout juste bons à repaitre un tigre géant.

- Boss, il ne reste plus que nous. Nos deux frères ont été dévorés.
- Humph ! Du nouveau ? Ce gars doit bien y avoir un point faible qu’on puisse exploiter.
- J’en ai trouvé un. Il a faim.
- Je retire ce que j’ai pensé. Vous êtes tous des incompétents…
- Boss, l’Evergrim n’est pas aussi malin que tu le crois. Il ne fait que sauter d’une proie à l’autre. Il n’essaie même pas de s’enfuir ou de nous attaquer.
- Humph ! Tu veux qu’on le nourrisse ou quoi !?!

Le chef se garda d’insulter davantage son pisteur. Le loup commençait à comprendre le plan du vautour. L’idée n’était pas de nourrir le tigre, mais de l’immobiliser. Si l’Evergrim était aussi obsédé par la nourriture, que le prétendait le pisteur, alors pourquoi ne pas l’amadouer en plein centre du camp, où la meute pourrait se positionner de sorte que dès que le tigre mord à l’hameçon, tous pourraient l’empaler de leur lance.

« Les gars, changement de plan ! Déterrez nos provisions et faites en cuir la moitié. Je veux un gros tas de viande dans le milieu du camp. Je veux toutes les cordes disponibles et assurez-vous d’avoir chacun une lance solide. On va faire une trappe à chat ! »

Avec des cordes, des lances et un gros feu, la meute avait tout ce qui lui était nécessaire pour restreindre les mouvements du tigre géant. Ensuite, il suffirait de planter le bout pointu des lances dans l’animal, jusqu’à ce qu’il soit trop faible pour se défendre. Le loup avait encore espoir de capturer l’Evergrim vivant, mais avec autant de morts dans sa meute, il serait imprudent de ne pas tout faire pour s’assurer de la mort de la bête.

***

Le nouveau plan du chef de meute avait visiblement une faille importante. Alors que les Wynmeris s’affairaient à préparer le piège, en même temps que la viande dudit piège, la présence de leur ennemi se fit sentir. L’imposant monstre se faufila maladroitement entre les arbres et se jeta droit sur la viande, bousculant au passage les mêmes Evershas qui cherchaient à le tuer. Pris de cours, les brigands avaient encore leurs outils en main et ne purent répliquer.

Bien visible dans la lumière, ce fut la première fois que le chef aperçut le meurtrier de son fils et il fut pris d’une intense colère, mais également d’une profonde terreur. L’immense félin remplissait une grande partie du camp de son corps. Il dépassait certainement les dix mètres de long et mesurait facilement plus de trois mètres au garrot, sans parler de l’immense gueule qui eut tôt fait d’engloutir la cinquantaine de kilos de viande comme s’il s’agissait d’un simple hors-d’œuvre. Toujours insatisfait, le monstre tourna son attention vers la prochaine source de viande aisément accessible.

Le combat fut aussi rapide qu’inéquitable. Les Wynmeris furent forcés de fuir dans la forêt dans l’espoir d’éviter d’être la prochaine victime des crocs et des griffes du tigre géant. Armé de son épée, le chef des brigands fut incapable de porter le moindre coup contre son adversaire, paralysé par la peur. Que pouvait donc faire ce vulgaire bout de métal contre un tel monstre ? Le loup laissa tomber cette arme inutile et s’enfuit comme les autres, sans se soucier de tous ceux qui avaient perdu la capacité de fuir.

***

La débâcle du camp ne s’avéra pas trop dommageable pour les brigands, qui ne perdirent que l’un d’entre eux, mais plusieurs autres souffraient de blessures, certaines plus sérieuses que d’autres, engendrées par leur fuite précipitée.

« Les gars… Je… Je me suis planté. Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie. Laissons tomber… Allons-nous-en, pour peu que ce soit encore possible. »

Le chef des brigands n’affichait plus son air supérieur comme il avait l’habitude de le faire. Son pantalon, mouillé à l’entrejambe témoignait de l’absence totale de toute fierté. Il avait vu la mort et n’avait pas eu le courage de l’affronter. Les onze Wynmeris à ses côtés semblaient partager la peur de leur chef et aucun n’osa réclamer la chefferie de la meute. Plusieurs gémissaient de douleur, mais autrement, un lourd silence régnait parmi les survivants de la meute. Si aucun autre mot ne fut prononcé, silencieusement, chacun n’avait qu’un seul désir, survivre jusqu’à l’arrivé de l’aube ou au minimum mourir rapidement.

Un rugissement du tigre géant capta l’attention de la meute. Ce monstre insatiable en avait fini avec le camp et ne tarderait pas à venir chercher sa prochaine victime. Les Wynmeris se déshabillèrent alors pour prendre la forme de leur Totem respectif. Le pisteur, un vautour, avait l’avantage de pouvoir prendre la voie des airs, alors il souhaita bonne chance à ses compagnons avant de quitter le monde terrestre pour la sécurité des airs.

En ce soir de pleine lune, le loup du chef était couvert d’une fourrure d’un blanc étincelant, qui reflétait les rayons lunaires. Comme tout Eversha exposé à la pleine lune, ses capacités étaient renforcées, mais un loup restait un loup. Il avait eu les yeux plus gros que la panse avec cet Evergrim, alors il était maintenant temps de retourner à une vie de simples brigands et de piller les Evershas plus faibles qu’eux. Ils avaient commis la même erreur que le fils du chef et sous-estimant leur proie.

***

Les chacals, les coyotes, les hyènes et le raton laveur géant suivirent le grand loup blanc dans sa course pour échapper aux crocs du monstre qui les avait pris en chasse. Il était ironique de penser que quelques heures plus tôt, les rôles étaient inversés. Le loup ne pouvait faire autrement que d’avoir la mort de ses compagnons sur la conscience. C’était son désir de vengeance qui avait mené la meute sur la trace de cet Evergrim. Lui, un vulgaire brigand qui tuait et pillait comme bon lui semblait, s’était cru plus fort qu’il ne l’était vraiment et a cherché à obtenir une justice qu’il ne méritait pas.

Le pire dans cette mésaventure, c’était que rien ne se serait produit sans l’intervention des brigands. L’Evergrim avait choisi de lui-même de s’isoler des autres Evershas. Il était facile de comprendre pourquoi avec un tel Totem et un tel appétit. Si les brigands devaient mourir aujourd’hui, c’était entièrement de leur faute, à l’image du fils du chef qui périt dans des circonstances similaires.

Un tremblement persistant dans le sol, et gagnant en intensité, prévenait la meute en fuite de la distance décroissante qui les séparait du monstre vorace. La forêt avait perdu de sa densité, alors le tigre géant n’était plus ralenti par les arbres qu’il écrasait sur son passage. Les brigands n’arrivaient pas à distancer leur assaillant. S’ajoutant à leurs malheurs, la fourrure du loup illuminait la nuit, privant le groupe de sa capacité à s’échapper.

Le chef devait prendre une décision. Soit il condamnait sa meute, soit il se condamnait, lui. Ni l’une, ni l’autre de ces perspectives ne semblait une bonne idée. Il était le seul de la meute capable de guider ses compagnons vers la maitrise de leur Totem, alors la meute n’avait aucune chance de se relever de sa perte. À l’inverse, si rien n’était fait pour distraire le monstre, qui pouvait dire s’il y aurait même un survivant à cette histoire ?

Le chef prit sa décision. Il devait vivre. Il allait vivre. Il n’avait jamais été un saint. Il n’avait jamais été un gentil. Aujourd’hui ne marquerait pas le début d’un changement de conscience. Le loup ralentit donc légèrement sa cadence de course, prétendant un épuisement fictif. L’endurance du loup était formidable, mais il ne restait personne dans la meute qui pouvait confirmer ce fait.

Ce nouveau plan était particulièrement macabre. Le tigre géant les pourchassait pour les dévorer, alors le chef allait s’assurer que le monstre obtiendrait satisfaction. Le loup sacrifierait donc sa propre meute jusqu’à ce que le tigre soit contenté. Aussi monstrueux fût-il, ce tigre était un animal et son estomac était voué à avoir une limite.

Le raton laveur, direct subalterne de son chef, sembla comprendre la manœuvre, puisqu’il vint se positionner au côté de son chef. Affecté par le gigantisme de la pleine lune, cet animal était alors d’une taille et d’un poids similaires à celui du loup qu’il côtoyait. S’il l’avait voulu, il aurait même pu confronter son chef et possiblement même le vaincre. Il n’en fit toutefois rien. Le loup et le raton laveur se côtoyaient depuis longtemps déjà et ils avaient appris à se faire confiance.

***

Un après l’autre, le tigre géant engloutit le membre de la meute à la traine. Il donnait ainsi aux autres un court répit avant de reprendre sa course pour attraper sa proie suivante. Avec sa taille, le tigre géant était capable d’immenses enjambées et le rythme ralenti du loup permettait au monstre de facilement suivre le rythme et de se remplir la panse. L’un après l’autre, les brigands étaient dévorés, jusqu’à ce que le tigre disparaisse dans la nuit.

Les six survivants cessèrent leur course, à la fois soulagés d’être en vie et inquiets de la disparition de leur ennemi. Nuit ou pas, un animal de cette taille et de ce poids ne disparaissait pas sans laisser de trace. En l’occurrence, ladite trace était des plus facile à suivre. Il suffisait de suivre les arbres brisés, qui semblaient indiquer que le tigre géant ait rebroussé chemin après avoir dévoré quatre brigands.

Les survivants de la meute reprirent donc leur forme humaine, afin de déterminer quoi faire pour la suite. Certes, ils étaient vivants, mais ils n’avaient plus rien et avec leur nombre actuel ils ne formaient plus une meute, mais une simple, et pratiquement inoffensive bande.

- Boss… Qu’est-ce qu’on fait ?
- Humph ! Et qu’est-ce que j’en sais, moi ?!? J’ai tout perdu… On a tout perdu !
- Mais Boss… Et si… Et si on y retournait ?
- Humph ! Ça tourne pas rond dans ta tête, idiot ! Je. Me. Suis. Planté. Fin de l’histoire. Et puis, vous faites quoi encore ici ? Bordel ! J’en ai fait tuer quatre juste pour sauver ma peau !
- Mais, c’est grâce ça qu’on est vivant, Boss…

Incapable de trouver une réplique, le chef se contenta de se coucher dans un tapis de fougères en regardant la lune au-dessus de lui. La nuit était encore jeune. Lui qui avait, seulement deux heures plus tôt, suggéré de tenir un camp pendant huit heures n’aurait pas pu plus se fourvoyer. Mais à quoi pensait-il, attaquer un tigre géant avec un bout de métal et des brindilles ? Un tigre normal n’aurait même pas été effrayé par un si piètre arsenal. Comment avait-il pu penser un seul instant qu’il avait un avantage ?

« Humph… Bordel, tu as raison. Il faut qu’on y retourne. Même si on s’enfuit, on n’ira pas loin avec six Wynmeris tout nu dans cette région reculée du Rocher. »

La triste réalité était qu’ils étaient déjà condamnés. Ils étaient des brigands. Tout ce qu’ils avaient acquis, ils l’avaient volé ou pillé. Dès leur retour en milieu plus… civilisé, ce serait à leur tour d’être victime de pillards et de voleurs. Les efforts qu’ils devront déployer pour survivre allaient être réduits à néant, tout comme ils avaient eux-mêmes réduit à néant les efforts de leurs propres victimes.  L’alternative était de rejoindre une meute, mais qui pourraient donc vouloir accepter des Wynmeris bons à rien dans leur meute ?

La seule chance de la bande, était de retrouver leurs affaires, de reprendre possession de la deuxième moitié de leurs provisions enterrées et de faire profil bas pendant qu’ils se remettaient du récent carnage. Avec de la nourriture, des outils et des armes, même amoindri, le groupe avait une chance de se rebâtir… pour peu que le tigre cesse de les dévorer et que d’autres brigands ne les prennent pas pour cible.


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Lun 25 Nov 2019, 19:34



L’aube des survivants


Le vautour atterrit parmi les survivants de sa meute. Du haut des airs, il avait été témoin des derniers évènements, mais aussi des mouvements du tigre géant. Le brigand volant avait donc pu voir comment, une fois rassasié, le monstre retourna jusqu’à la rivière pour se désaltérer, puis jusqu’au camp pour se reposer près des braises du feu.

- Humph… Tu n’étais pas parti te mettre en lieu sûr ?
- Je suis en lieu sûr, Boss.
- Humph ! Bon. Tu arrives juste à temps pour choisir comment tu veux mourir.

Le chef expliqua à son compagnon qu’ils avaient besoin de reprendre possession de leurs biens. À sept, le groupe allait avoir du mal à reprendre ses activités de brigandage. Pour se rebâtir, le groupe avait besoin de retourner en milieu civilisé le plus tôt possible. Pour ce faire, les Wynmeris devaient reprendre possession de ce qu’il leur restait de provision. Ensuite, la bande devait pouvoir se défendre contre les autres brigands et pour cela, il leur fallait leurs armes. Enfin, le groupe avait besoin d’être au meilleur de leur forme et pour ça, il leur fallait leurs tentes et leurs outils.

Le vautour hocha la tête quant à la réflexion de son chef, mais cela ne faisait que confirmer le pire. Avec le monstre bien installé dans le camp, récupérer quoi que ce soit impliquait de s’exposer à l’Evergrim.

« Humph ! Avec la tête qu’il fait, j’imagine que le tigre a pris possession du camp. Bon, faut être un idiot pour penser qu’on peut encore le battre. Mon fils est tombé sur cet Evergrim avec six de ses gars et il s’est fait tuer. On l’a attaqué à dix-huit et il en a tué onze. Faut se rendre à l’évidence, on est des incapables. »

Le loup s’écarta du groupe afin de réfléchir seul. Le chef savait que son pisteur avait une intelligence supérieure au sien, mais c’était également un froussard. Sa meilleure idée était surement de fuir avec ce qu’il restait de la meute. C’était le genre d’idée qui brisait les meutes. Quand le chef s’abaissait à une fuite inconditionnelle, il ne restait pas longtemps chef. Ce n’était pas six Wynmeris terrorisés qui allaient détrôner le loup, mais fuyard un jour, fuyard toujours. Si le loup abandonnait maintenant, alors comment pourrait-il à nouveau défier les autres chefs de meute ?

***

Après une heure passée seul en silence, le loup revint vers sa meute. Épuisé, le chef avait eu besoin de ce repos pour s’éclaircir les idées. Il avait convenu qu’il préférait mourir des crocs du tigre, plutôt que d’être tué par un autre brigand pour sa faiblesse évidente. Au moins, le tigre n’allait pas faire étirer la mort de sa victime par pur plaisir.

- Les gars, on a deux choix. On y va cette nuit, ou on attend l’aube. Donc, vous voulez vous faire bouffer par un tigre géant, ou par un tigre normal ?
- Boss… Et si… Et si on attendait qu’il s’endorme ?

La proposition du raton laveur avait du mérite. Le problème, c’était que l’Evergrim allait se réveiller avec le bruit. Oui, le chef pouvait envoyer le raton laveur et les chacals dérober les biens de petite taille en silence, mais ce ne serait pas suffisant. Tôt ou tard, il allait falloir faire du bruit.

« Boss, pourquoi on n’attend juste pas que l’Evergrim parte de lui-même ? »

Ça, c’était le vautour, dont l’intelligence était inversement proportionnelle à sa couardise. Il n’y avait que lui pour faire une telle proposition. Malheureusement, le pisteur ne réfléchissait que pour son bien personnel. En tant que vautour, il pouvait s’envoler et aisément parcourir une grande distance pour se nourrir, pendant que le reste du groupe allait devoir dépendre de leur chef. Ils seraient alors en compétition directe avec l’Evergrim.

« Humph ! Qu’est-ce que vous feriez sans moi… Si on ne revient pas avec une peau de tigre, on va se faire écraser. Vous pensez qu’ils vont faire quoi, les autres brigands, en nous voyant débarquer la queue entre les jambes ?!? Ils vont nous piller et nous laisser pour morts. »

La vie de brigand était une vie qui dépendait du nombre de sa meute et de sa réputation. Si la meute état décimé, alors il fallait compenser avec une réputation de dur à cuir. Il n’y avait aucune sympathie entre brigands. Les forts écrasaient les faibles. Ne pas faire une cible de soi-même était la première préoccupation d’un chef brigand.

« Humph… Bordel, je me contredis moi-même ! On s’en fout de nos affaires… Il faut qu’on lui fasse la peau à cet Evergrim… Sinon, aussi bien tout laisser tomber et vivre comme des animaux… Et puis merde… Je m’en vais tuer ce putain de tigre et vous venez avec moi ! »

Un sourire se forma aux lèvres des brigands entourant leur chef. Le loup recommençait à aboyer ses ordres et les Wynmeris étaient plus que satisfaits d’obéir. Individuellement, ils étaient des lâches, des couards et des faibles. Ce n’était qu’en présence de leur chef qu’ils étaient capables d’accomplir quoi que ce soit. Peu leur importait si leur chef avait tort ou raison, s’il était effrayé ou confiant. Sans ce loup, ils n’étaient pas mieux que mort de toute façon.

***

Le vautour revint vers les siens après avoir fait un tour d’observation du camp et du tigre monstrueux qui occupait ces lieux. Le monstre s’affairait alors à régurgiter les os de ses victimes. Avec onze victimes, de formes variées, ça faisait beaucoup d’os à expulser et la bête ne semblait pas apprécier ce moment.

« Boss, il est encore là. La mauvaise nouvelle, c’est que le tigre crache les os qu’il n’arrive pas à digérer. Si c’est pour ça qu’il ne vous a pas déjà tous dévorés, il pourrait encore avoir faim. »

Le loup frissonna à l’idée que le monstre pouvait encore être affamé. Ce tigre géant faisait preuve de très peu d’intelligence dans son comportement. Il agissait principalement avec son instinct animal, plutôt que sa raison logique. Le chef avait donc espéré pouvoir tirer avantage de cet aspect de l’Evergrim. Un animal rassasié avait plus de chance de s’enfuir suivant une blessure qu’un animal affamé. Si le vautour avait vu juste, il était possible que les brigands courent droit vers leur mort.

« Humph ! Alors on lui donnera une indigestion ! »

Le loup ordonna alors au raton laveur, à la hyène et au vautour de prendre leur forme animale pour distraire le tigre géant. Pendant ce temps, les trois chacals allaient conserver leur forme humaine afin de prendre les lances qui trainaient dans le camp. Ils iraient ensuite prendre le monstre par surprise et l’attaquer sur les flancs. Si la bête était indisposée par sa digestion, il était possible qu’elle soit ralentie et qu’elle ait du mal à se battre.

La décision de combattre en pleine nuit s’était imposée malgré la réticence et la frayeur des brigands. Dès l’aube, le raton laveur retrouverait sa taille normale et il deviendrait alors inutile dans sa forme animale. Sous la lueur de la pleine lune, toutefois, il était assez gros pour blesser le tigre géant. Ainsi, ils seraient trois à attaquer le monstre de front, augmentant leur chance de survie et donnant une meilleure chance aux Wynmeris sous forme humaine de surprendre la bête.

***

Les brigands arrivèrent furtivement aux abords du camp, tout juste hors de vu. Ainsi, ils pouvaient observer leur imposant adversaire, baigné par les rayons lunaires, alors qu’ils étaient eux-mêmes sous le couvert de l’obscurité. La bête, entourée des ossements de ses victimes, exposait son ventre gonflé. Sa profonde respiration semblait assourdissante dans le silence de la nuit.

Le tigre géant resta de marbre quand le loup blanc prit place dans le camp, bien en vue de son adversaire, grognant et montrant ses crocs. Chacun plongea le regard dans l’autre et rien ne se passa pendant une longue minute. À l’insu de la bête, le raton laveur géant et la hyène prenaient place à l’arrière de celle-ci pour le surprendre. Pendant ce temps, trois humains craintifs attendaient le bon moment pour se précipiter sur les armes étalées au sol.

Le combat se déclencha lorsque le loup blanc s’élança sur le tigre, cherchant à le mordre à la gorge. Dès lors, la hyène et le raton laveur s’élancèrent à leur tour et à leur grande surprise, rien ne se passa. La mâchoire du loup se referma contre l’épaisse fourrure du cou, incapable d’atteindre la chair qui s’y cachait. De même, les compagnons du loup se retrouvèrent sur le dos du tigre, mais sans réelle capacité.

Le chef avait encore commis une erreur des plus grossières. Comment avait-il pu penser que ses petits crocs de loup allaient pouvoir percer la fourrure de son adversaire gigantesque ? Il n’était même pas sûr de pouvoir atteindre la gorge de son subalterne raton laveur avec sa propre forme géante ! Pourquoi n’avait-il pas pensé à ce détail si crucial ?

Une erreur n’en attendait pas une autre, lorsque les chacals sous forme humaine s’élancèrent vers les armes du camp. Pour leurs yeux d’humains craintifs, une bataille de Totems faisait rage. Ils n’avaient pas remarqué l’impassibilité du tigre, prenant ses mouvements de surprises pour une démonstration de douleur. Ce fut là l’erreur de trop.

Le tigre ne craignait pas les trois animaux qui l’avait « attaqué, » mais les lances aiguisés, toutefois, pouvait lui faire du mal. La bête monstrueuse se leva donc d’un bond, éjectant les indésirables de son dos et rugie avant d’attaquer ses opposants. Trois humains, nus et armés de bout de bois, n’avaient aucune chance contre le tigre géant qui enjamba sans effort les autres brigands. Un coup de patte suffit à lacérer mortellement les trois attaquants.

Maintenant que le monstre avait été forcé de se lever, son grognement laissait paraitre son désir d’en finir avec les brigands qui l’importunèrent lors de sa digestion. Son appétit avait été satisfait, mais si la viande se présentait devant sa gueule, il n’allait pas la refuser.

Impuissant, le loup assista à la destruction de sa meute. Le raton laveur géant, le plus attrayant des trois agresseurs, fut happé par les crocs du monstre, qui lui arracha le ventre en entier. Ensuite, ce fut au tour de la hyène, qui fut décapitée après avoir été plaquée au sol sous la patte du tigre. Enfin, les pattes arrière du loup furent écrasées, alors que le chef cherchait à éviter la queue massive de la bête gigantesque.

Toujours vivant, le chef ne put qu’assister, impuissant, au repas de l’Evergrim, alors qu’il dévorait ses anciens compagnons. Du coin de l’œil, le loup pouvait apercevoir la silhouette du vautour, qui observait la scène du haut des airs. Pourtant déjà repu, le tigre mangeait par pure gourmandise, prenant garde, cette fois, à éviter d’avaler les os de ses victimes.

Le monstre s’en retourna près des braises du feu, pour s’y coucher en observant le loup immobile. Au bout d’un moment, le vautour descendit au sol, mais pas pour aider son chef. Il alla se repaitre de la chair de ses anciens compagnons. Le tigre géant avait laissé une bonne partie de la viande des cadavres, alors le charognard eut des morceaux de choix, avant de reprendre son envol. Sans même un regard en direction du loup, le vautour s’évanouit dans la nuit.

***

Alors que l’aube chasse enfin la nuit et que le pouvoir de la pleine lune s’estompa finalement, le loup reprit une couleur de fourrure normale, alors que le tigre retrouva sa taille d’origine, toujours monstrueuse par rapport au loup. L’Evergrim s’était assoupi depuis plusieurs heures déjà, par excès de confiance ou d’épuisement, alors que le Wynmeris blessé ne pouvait détourner le regard des derniers vestiges de sa meute.

Le tigre avait vaincu. Le loup avait survécu. Le vautour avait fui. Ainsi s’achevait la nuit. Il ne restait plus que le soleil baigne le champ de bataille de sa lumière, pour que soient exposées les atrocités vécues lors de cette nuit de pleine lune de la saison de Renha.


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Typhon Gargantua
~ Eversha ~ Niveau V ~

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◈ Parchemins usagés : 913
◈ YinYanisé(e) le : 09/01/2019
◈ Activité : Chasseur [Rang III] & cuisinier [Rang III]
Typhon Gargantua
Mar 26 Nov 2019, 15:26



La conclusion


Dhavala ne se réveilla que lorsque le soleil eu atteint son zénith. Son corps tout entier était endolori, suite aux efforts intenses du jour précédent. Son ventre était bien rond et gonflé, suite à sa transformation nocturne. L’Evergrim n’avait que peu de souvenirs de cette première nuit de pleine lune dans la forme de son Totem. De toute évidence, sa faim et sa soif avaient été étanchées dans l’excès, au détriment des brigands qui l’avaient pris pour cible.

Des brides de mémoires revenaient à l’esprit du jeune homme, mais à la vue des ossements sanglants et des quelques cadavres, il était évident qu’il avait causé bien des ravages. Pour répondre de ce carnage, l’Eversha bâilla et rota. Il n’avait aucune pitié envers des Evershas hostiles à son égard et aucun ne remord quant à leur sort. La tradition Himsaru voulait qu’il vienne en aide à ceux qui étaient dans le besoin, afin que cette aide soit réciproque. Pour ses ennemis, toutefois, les origines brigandes du clan recommandaient des actions brutales et impitoyables.

Puis, l’Evergrim constata qu’il restait un survivant au brigand. Cet homme, blessé aux jambes, ne devait pas avoir plus de deux ou trois ans de plus que Dhavala. Les deux Evershas nus, il était évident de voir qui était Evergrim et qui était Wynmeris, par la tache de naissance à l’épaule du vaincu. Les jambes de ce dernier portaient les traces de plusieurs fractures et une inflammation conséquente. Sans aide, ce brigand était condamné.

Dhavala resta à bonne distance du survivant. Plus vieux, il gardait un avantage physique sur l’Evergrim, lorsque tous deux étaient en forme humaine. Cet avantage était alors douteux dû à la condition du blessé, mais Dhavala ne ressentait pas le besoin de s’exposer inutilement. Comme le Wynmeris ne parlait pas, l’Evergrim resta lui aussi silencieux et se concentra sur sa routine matinale, aussi tardive soit-elle.

***

Dhavala revint de faire sa toilette à la rivière et commença à mettre de l’ordre dans le camp. L’espace comptait ses possessions et celles des brigands, le tout dans un désordre le plus complet. Au courant de la journée, l’Evergrim mit le camp en ordre et parcourut la région à la recherche de ses vêtements. Il trouva d’autres possessions des brigands éparpillés ici et là, avant d’enfin trouver ses dernières possessions sur le cadavre d’une jeune femme.

L’Evergrim rassembla ensuite les cadavres et les ossements des brigands dans le camp. Il alla de nouveau se baigner à la rivière, afin de se nettoyer, lui, ainsi que ce qui restait de ses vêtements. Il revint au camp, vêtu de ses pantalons, de ses bottes et de sa tunique rafistolée à la hâte.

Le jeune homme s’affaira ensuite à enterrer les nombreux corps qui jonchaient le camp. Par chance, les brigands avaient une pelle, ce qui facilita et accéléra la tâche. D’ordinaire, Dhavala aurait laissé les cadavres sur place, mais avec tout ce que les brigands lui avaient laissé, l’Eversha avait envie de prendre possession des lieux et de profiter de l’aménagement de ses ennemis. Pour ce faire, il fallait enterrer les corps afin qu’ils n’attirent pas trop de parasites.

Durant tout ce temps, Dhavala ignora le Wynmeris blessé qui lui également ne disait pas un mot. L’Evergrim n’avait aucune compassion pour les restes de ses adversaires vaincus, ce qui ne manqua pas de faire monter la colère du survivant, bien que la douleur et la fièvre s’avérèrent finalement plus fortes que son désir de rester fier et digne devant son ennemi. Avant la fin de la journée, il gémissait et pleurait.

Maintenant que le brigand vaincu réagissait de la sorte, Dhavala fut forcé d’intervenir. À ce moment, le Wynmeris avait cessé d’être un ennemi et était devenu un Eversha dans le besoin. La tradition martiale Himsaru était brutale et impitoyable, mais elle ne prônait pas la souffrance des vaincus. L’Evergrim se présenta alors devant le blessé. Il se tenait debout, recouvrant le Wynmeris de son ombre. Dans une main, Dhavala tenait une outre d’eau pleine et dans l’autre, son épée. Comme il était coutume dans son clan, le jeune homme présenta les deux objets à son prisonnier.

La symbolique des objets était évidente dans l’esprit de Dhavala, mais il ajouta quelques mots pour s’assurer que le brigand prenne la décision qu’il souhaitait vraiment. S’il choisissait l’outre d’eau, alors Dhavala ferait tout ce qui est en son pouvoir pour venir en aide au blessé. S’il choisissait l’épée, alors au contraire, l’Evergrim achèverait les souffrances de son ennemi. Dhavala s’imaginait que le brigand choisit l’épée, mais c’est l’outre qu’il choisit.

***

Les jambes du Wynmeris étaient mal en point, mais aucun os n’avait transpercé la peau. La jambe gauche semblait la plus endommagée, alors que la jambe droite se portait plutôt bien en comparaison. N’étant pas guérisseur, il y avait peu que le jeune homme pouvait faire, sinon de stabiliser les jambes du Wynmeris avec des atèles et de le nourrir.

S’il avait été moins enfoncé dans les terres sauvages du Rocher au Clair de Lune, Dhavala aurait pris le risque de déplacer le brigand chez un guérisseur. Puisque ce n’était pas possible, le jeune homme priorisa la survie de son nouveau compagnon, au détriment du rétablissement de ses jambes. En d’autres mots, l’Evergrim allait laisser les jambes du Wynmeris guérir, qu’elles soient droites ou non, et seulement ensuite entreprendre la longue marche pour trouver un guérisseur compétent.

***

Après deux jours à baigner dans ses excréments et avec une fièvre persistante, Dhavala fut contraint de déplacer et de nettoyer son patient, au risque d’aggraver son état. Il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire que de nourrir, d’abreuver le Wynmeris et d’attendre pour que ses jambes guérissent d’elles-mêmes. Toutefois, l’Evergrim ne pouvait pas laisser le blessé se dépérir par manque d’hygiène.

Le jeune homme confectionna une planche de transport grâce aux outils, aux vêtements, aux cordes et au bois accumulé par les brigands. Dhavala n’avait pas utilisé ce bois pour nourrir le feu, aussi tentante fut cette idée, parce qu’il pensait qu’il y avait une meilleure utilité au labeur des défunts brigands. Grâce à cette planche, l’Evergrim pouvait transporter son blessé, sans risque pour ses jambes.

Si Dhavala n’avait aucun intérêt pour la survie de son ancien adversaire, son attention pour le blessé tenait de sa fierté. Le jeune homme tenait à démontrer qu’il était capable de vivre par lui-même, selon les traditions de son ancien clan. Le Wynmeris a choisi de vivre, alors s’il devait mourir, il allait mourir par manque de volonté de vivre, pas par le manque d’effort de son guérisseur.

C’est cette pression qui permit à Dhavala d’améliorer la discipline qui lui manquait pour chasser efficacement. Il ne pouvait plus se permettre de dépendre de son Totem pour se nourrir. Il condamnerait le brigand à la famine. C’était la Saison de Phoebe et il était dans une région vierge et abondante et nourriture. L’Evergrim n’avait donc aucune excuse pour ne pas se nourrir, lui ainsi que son compagnon.

***

L’état du Wynmeris fini par se stabilisé au bout d’une semaine de tourment, alors que celui qui avait dévoré sa meute continuait de s’affairé à le maintenir en vie, sans jamais chercher à se plaindre. Pourquoi tant d’effort pour un infirme ? La nécessité de répondre à cette question finit par inciter le blessé à prendre la parole.

- Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu m’aides ? Pourquoi est-ce que tu ne m’as pas laissé crever ?
- Tu as choisi de vivre. Je te soigne. Tu vas vivre.
- Hein ?!? Tout ça parce que j’ai choisi l’eau ? J’avais soif, bordel ! Tu n’avais qu’à me laisser crever !

Il n’y eut aucune réponse. L’Evergrim se contenta de vaquer à ses occupations, sans se soucier du blessé. Le loup n’avait jamais imaginé qu’il survivrait, encore moins sans l’usage de ses jambes. Qu'allait-il faire maintenant ? À quoi bon vivre, s’il était condamné ? Il n’avait pas d’éducation. Il n’avait pas de métier. Il allait faire quoi, après, vivre en mendiant ?

« Non ! Pas question. Tue-moi ! Bordel, mais tue-moi ! »

Toujours aussi impassible, l’Evergrim laissa le Wynmeris à ses cris et à ses gesticulations. Celui-là était aussi cruel et insensible à répandre la mort qu’à maintenir en vie, alors le loup eut tôt fait de se taire et de se laisser soigner. Il n’avait pas le courage nécessaire pour mettre lui-même fin à ses jours et visiblement, son corps n’avait pas encore l’intention de le lâcher, aussi mal en point fût-il.

Le blessé s’était tu depuis un moment quand Dhavala eut fini de préparer le repas du soir. Ironiquement, le Wynmeris n’avait jamais autant mangé de sa vie que sous la supervision de son ennemi. L’Evergrim était presqu’aussi vorace sous forme humaine que sous sa forme de tigre et les portions qu’il donnait au blessé, bien que moindre en comparaison, étaient supérieurs à celles que l’ancien chef de meute se permettait. Ce n’était pas étonnant si le loup reprenait des forces avec un régime aussi consistant et stable.

***

Dhavala finit par en apprendre beaucoup sur son compagnon. Le brigand n’avait pas l’habitude de vivre sous silence, alors il parlait sans cesse, de tout et de rien. Parfois, il parlait de sa meute, que l’Evergrim avait dévorée, parfois de sa vie avant de devenir brigand. Ce n’était pas des connaissances qui intéressaient le jeune homme, mais le Wynmeris avait visiblement besoin de dépenser de l’énergie.

À l’inverse, Dhavala parlait peu, en comparaison avec le brigand, mais il finissait tôt ou tard par parler lui-même. Ses capacités en communications avaient besoin d’entrainement. Lors des précédentes rencontres du jeune homme, ce dernier avait eu de nombreuses difficultés à expliquer ses intentions. Il finit par se dire qu’il pouvait au minimum s’entrainer sur son compagnon.

Comme prévu, l’Evergrim et le Wynmeris n’avaient que peu en commun. L’un priorisait sa liberté et s’imposait sur les autres, alors que l’autre priorisait son code personnel et se restait distants des autres. Ironiquement, le tigre solitaire s’était imposé sur son compagnon et avait privé le loup alpha de sa liberté. Ultimement, toutefois, Dhavala n’avait aucune intention de rester plus longtemps que nécessaire avec son compagnon actuel. Dès qu’il serait assez fort pour supporter le long voyage vers la civilisation, le duo se mettre en route. À ce sujet, le temps était compté, puisque la Saison des Neiges allait bientôt succéder à la Saison de Phoebe.

***

La bonne santé du Wynmeris s’avéra temporaire, puisque son corps affaibli tomba malade et son état se détériora rapidement. Sa blessure aux jambes se compliquait et c’était au-delà des capacités de Dhavala d’y faire quoi que ce soit. Le loup ne survivrait pas sans les soins immédiats d’un véritable guérisseur. Aussi bien dire que le brigand était condamné.

Le jeune homme était visiblement agacé par ce récent développement, mais il continua de s’occuper du blessé, dans un vain espoir qu’il retrouve sa santé. Ce fut malheureusement peine perdue. Entre son devoir envers les traditions qu’il avait juré de respecter, et le minimum d’attachement qu’il avait fini par développer envers son adversaire vaincu, Dhavala se retrouva triste malgré lui pour cette mort prochaine qu’il était incapable d’éviter.

Envers le mourant, l’Evergrim se présenta à nouveau avec une outre d’eau et une épée en main. Il n’était pas dans les traditions Himsaru de faire durer la souffrance plus que nécessaire, que ce soit d’un ami ou d’un ennemi. Encore une fois, le Wynmeris choisi l’outre. Le brigand mourant n’avait tout simplement pas le courage de choisir sa propre mort. Il voulait survivre, même si c’était devenu impossible.

Dhavala continua de s’occuper du mourant les quelques jours qui lui resta à vivre, puis il l’enterra aux côtés des autres membres de sa meute, se surprenant à verser une larme, preuve que le jeune homme n’était pas totalement dénué de compassion.


Fin du RP
1974 mots
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