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 [Q] Un homme est la somme de ses actes | Roxane

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 3806
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Lun 18 Nov 2019, 19:08


Partenaire : Roxane [Mancinia].
Intrigue/Objectif : Depuis la perte de son navire, Asham collectionne les petits travaux. Il fait part à Roxane de sa volonté de retrouver un emploi stable. Celle-ci l'aide en lui rapportant une offre intéressante.

L'Humain s'arc-bouta pour exercer une retenue sur la corde. Elle devait glisser doucement entre ses doigts. Sur la scène, des nuages noirs apparurent, signes de la tempête que devraient affronter les protagonistes de la pièce. Tout était imagé ; tout était fait pour que le spectateur sombrât dans l'histoire et que son cœur palpitât au rythme des péripéties des personnages. Les tambours, écho du tonnerre, grondèrent. Asham fit un nœud autour d'une attache prévue à cet effet, et se joignit aux autres machinistes pour animer les vagues de bois sur lesquelles voguaient le bateau factice. C'était un métier physique, parfois technique, mais à force de valser d'une branche à l'autre, le brun avait acquis une adaptabilité certaine. Il lui arrivait régulièrement de commettre des bévues ou de faillir, notamment lorsque son corps le faisait souffrir - il fatiguait bien plus vite qu'avant et, quoi qu'il fût quasiment remis de son accident, trop forcer éveillait la douleur. Il corrigeait le tir sans jamais se plaindre. Plus que son efficacité dans le travail, c'était sans doute cette persévérance et cette volonté de bien faire qui en faisaient un employé appréciable. Néanmoins, ce soir-là serait le dernier. Le blessé qu'il remplaçait reprenait le lendemain : ainsi, il devrait quitter la troupe de théâtre, qu'il côtoyait depuis plus d'un mois. La pensée qu'il lui faudrait à nouveau toquer aux portes pour trouver de quoi vivre le fatiguait, néanmoins, il y était résigné. En dernier recours, il savait qu'il pouvait s'en remettre à Latya pour l'aider, mais cette idée le répugnait. Elle avait déjà bien assez fait pour lui. Il ne voulait pas devenir un fardeau pour elle, ni pour personne d'autre. Plus le temps passait, plus il songeait à utiliser ses économies pour prendre la mer et ne pas revenir. Muharkel s'encombrait de trop de souvenirs difficiles. Mélia, Telriel, Alaïk... chaque pierre, chaque poutre, chaque moment et chaque visage lui rappelaient qu'ils avaient péri. La vie avait perdu sa saveur. Il ne voulait pourtant pas mourir ; il ne voulait plus subir non plus. Le sentiment impitoyable qui murmurait qu'il n'avait plus sa place ici le tenaillait un peu plus chaque jour. Un départ, peut-être était-ce la solution ? Un nouveau départ... Après tout, les Humains avaient encore tant de choses à construire ! Il pourrait sûrement rebâtir sa vie sur un continent, loin de ses fantômes. Ils le suivraient sans aucun doute, mais ils ne seraient plus qu'une toile de fond agitée par le vent des souvenirs.

Le spectacle terminé, la scène rangée et nettoyée, les coulisses ordonnées, les membres de la troupe commencèrent à se saluer et à quitter les lieux. Asham était occupé à fermer les derniers coffres contenant les décors. De toute façon, il attendrait Roxane. Durant ce mois passé ensemble, les deux collègues de fortune avaient sympathisé, et il n'était pas rare qu'ils effectuent ensemble le trajet du retour - parfois, quelques verres se glissaient sur leur chemin. Ils avaient une histoire similaire ou, du mois, leurs passés partageaient quelques événements marquants - son mari avait aussi péri sous l'assaut des caprices de l'océan. La plaie qui saignait son cœur était encore vivace, comme la sienne. Lorsqu'il eut poussé dans un coin la dernière caisse, le cintrier quitta la pénombre de l'arrière salle et gagna l'estrade. Sans surprise, la jeune femme s'y trouvait. « Prête à partir ? » demanda-t-il, souriant. Comme elle lui faisait signe que oui, il descendit les marches et rejoignit la rue. Le soir était tombé. Les premières étoiles se noyaient dans une encre indigo. La saison était encore à la Mer d'encre. C'était un mauvais moment de l'année pour les pécheurs et les marins. Personne n'osait pousser son navire sur les flots tant leur pénombre inquiétait, et ceux qui s'y risquaient subissaient l'ostracisme de leurs pairs tant les croyances étaient tenaces. La mer, lorsqu'elle était noire, portait malheur. Il fallait la laisser tranquille. Les deux Humains marchaient. « Alors, cette représentation, ça a été ? Est-ce qu'elle vaut qu'on aille la célébrer autour d'un verre ? » Il ne perdait pas le Nord. Son médecin et amie lui avait dit qu'il devrait faire attention à ne pas plonger dans l'alcoolisme. Il se pensait assez malin pour ne pas se laisser avoir.
Message I - 742 mots

  1. « Un homme est la somme de ses actes, de ce qu’il fait, de ce qu’il peut faire. Rien d’autre. » d'André Malraux




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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

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◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Mar 19 Nov 2019, 22:00

Roxane progressait d'une démarche lente sur le navire. Elle observait la Lune, les étoiles et distinguait la constellation qui devait la conduire à destination. Elle devait attendre le troisième éclat de tonnerre avant d'entamer sa longue tirade. Elle était l'héroïne de la pièce. Celle qui donnait vit aux chimères le temps d'une soirée, le temps de faire rêver l'ensemble de ceux étant venu regarder sa prestation. Il n'y avait pas un bruit dans la salle, tous était suspendus à l'action en cours devant leurs yeux. Seulement, ce serait nié l'incroyable ouvrage des équipes techniques. C'était eux les véritables magiciens de cette fresque dépeignant l'histoire de l'une des Princesses d'un peuple qui se serait éteint depuis, amoureuse d'un Aether qui se serait transformé en étoile pour échapper à ses avances qui la conduisait vers la folie. Roxane devait être parfaite. Ne rien omettre. Pas la moindre parole, le moindre geste, le moindre regard. Elle devait devenir son personnage. Le ton douloureux, la rage dans ses propos. Les spectateurs devaient le vivre comme s'ils y étaient. Elle relâchait un soupir, expliquant son trépas et tout fût terminé aussi vite que cela avait commencé. Ces trois heures haletantes étaient écoulées, c'était toujours aussi long et aussi court, tout n'était que contradiction dans le monde du spectacle, après tout. Elle y était habituée, c'était son travail. Tous s'étaient complimentés du bon succès de ce soir, mais ils ne tardèrent pas. Ils avaient encore des représentations pour les prochaines semaines !

Roxane était dans les loges pour enlever sa tenue et la mettre pendre sur un cintre pour la représentation de demain, se massant les épaules pour essayer d'enlever la tension dans ces derniers. Heureusement qu'elle n'avait pas commis d'impairs, que son visage n'avait pas trahi la douleur lorsqu'elle avait saisi la fausse manivelle, en début de représentation, pour faire tomber un rideau sur la tête de sa soeur moqueuse. Son poignet lui faisait assez mal. Elle devrait veiller à y appliqué une crème spéciale pour ne pas que cela la gêne de trop et elle sortit de sa loge. Heureusement que des années de pratique l'empêchait de s'effondrer de fatigue, parce que cela était éprouvant, mine de rien. Surtout que cela aurait été mal vu de s'endormir, visage dans le poudrier, alors qu'elle avait demandé à Asham de l'attendre. Elle était clairement aux faits de ce qui le préoccupait en vérité, elle-même avait subi le deuil de la personne chère à son coeur. Roxane avait eu longtemps peur de la mer suite à la disparition de son mari et son dernier voyage l'avait contraint à ne plus vouloir quitter l'île. Elle avait disparue, un beau matin. Personne ne savait où elle était, son lit était défait. Ses enfants étaient morts d'inquiétude et ses voisins aussi, car ce n'était pas son genre, la Garde avait fait des patrouilles, interroger des habitants. Rien à faire. Quand elle était revenue, elle n'avait su expliqué les raisons de son départ. C'était assez flou. Juste que quelque chose l'avait appelée et embarquée dans une drôle d'histoire.

L'accident avait été clos depuis, mais cela n'empêchait pas des rumeurs folles de courir, comme une prétendue liaison avec un être habitant loin de Muharkel. Ça la faisait rire. Rien ne l'empêchait de refaire sa vie avec un autre si son coeur guérissait, mais l'Humaine n'aurait certainement pas abandonné ses enfants. Par contre, au cours de cette étrange péripétie, Roxane avait rencontré Mancinia. L'Imprévisible était d'ailleurs dans pas mal de sujet de conversations, vu qu'elle s'était illustré chez les Magiciens et qu'un appel à l'emploi était en cours de part chez elle. Cela faisait longuement hésité la femme. Elle savait qu'Asham avait besoin d'un nouveau travail, l'hésitation à lui dire de prendre la mer et à s'en aller lui crevait le coeur, même si elle était certaine que son ami serait bien sous les ordres de la guerrière. Arrivée à l'heure, elle sourit devant l'endroit vide. Il ne devait pas encore avoir terminé, alors elle l'attendit. Consciente qu'il ne bâclerait pas son travail, aussi perfectionniste qu'elle. Elle n'eut pas à l'attendre longtemps et acquiesçait à sa demande et ils sortirent de la salle de représentation. L'air froid et iodé lui fit un bien fou.

C'était éprouvant, répondit-elle en soupirant. J'ai perdu mon bras sur la manivelle, encore une fois, il faut vraiment que j'arrête de vouloir être trop brusque avec où je vais finir par me cassé quelque chose !

Elle marquait une pause avant de le regarder.

Vous avez fait un boulot d'enfer avec le son et les vagues, je m'y serais vraiment cru ! du coup, mon jeu n'en a été que meilleur, merci !

Il faut dire que sans eux, la pièce serait bien fade et que ce n'était pas un travail de tout repos. Il était important de nouer des liens et de bien s'entendre avec tous, pour éviter des départs ou des frustrations que le public pourrait voir. Quant à l'idée d'aller boire un verre, hum.  Ce serait peut-être l'occasion de d'aborder son futur travail ? A moins qu'il n'eut d'autres idées en tête.

Pourquoi pas ? sourit-elle. C'est ton dernier soir, autant fêter ça dignement pour célébrer ton futur emploi !

Très rapidement, les deux amis prirent la direction du bar le plus proche. Il était vraiment sympathique avec son bois en chêne et ses éclairages lui donnant un air raffiné. Sa voisine gardait ses enfants, c'était une habitude. Évidemment, elle gardait les siens à leur sortie de classes. Une heure ou deux en plus n'y changerait rien, alors Roxane ouvrir la porte et la chaleur du lieu lui mordillait le visage, prenant conscience du froid extérieur, sans qu'il ne soit excessif.

Pouah ! J'en oublie la saison !

Elle enlevait sa cape pour éviter de s'évanouir. Il y avait du monde, mais encore des chaises de libres.

Comme d'habitude ! dit-elle à l'intention du serveur, avant de se retourner vers lui. Et c'est moi qui offre !

Post I | 990 mots


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Priam et Laëth
Jeu 21 Nov 2019, 00:35


Ils avaient la même détermination à faire de leur mieux. C'était une volonté néfaste dans la mesure où elle les poussait dans leurs retranchements et pouvait les conduire à se blesser - eux ou les autres, finalement. Il acquiesça, un fin sourire aux lèvres. « Je ne suis certainement pas le mieux placé pour te dire ça, mais tu devrais faire attention, oui. » Il porta sa main gauche à sa propre épaule droite, qui le faisait souffrir. Manœuvrer les machines était éprouvant pour lui. Le lendemain, il avait généralement des courbatures. « Avec plaisir. J'espère que le public était du même avis que toi. » Le monde dans lequel évoluait Roxane était soumis à la tyrannie des spectateurs. S'ils jugeaient la pièce mauvaise, ils le diraient à leurs proches, et peu à peu, une mauvaise réputation se construirait, qui se révélerait délétère pour les affaires de la troupe de théâtre. A priori, ils rencontraient le succès à chaque représentation, grâce à la qualité de leurs équipes, toutefois, nul n'était à l'abri d'un échec. Malheureusement. Asham ne le leur souhaitait guère ; autant parce qu'il exécrait les ratés que parce qu'il appréciait trop la bande pour leur vouloir du mal.

Son dernier soir. C'était vrai, et pourtant un peu étrange de l'entendre. Il l'avait vécu des dizaines de fois depuis la perte de son bateau, ce dernier soir. Il lui faisait toujours le même effet. Une petite boule au ventre, qui murmurait sa tristesse de quitter des collègues et grognait ses angoisses concernant le futur. Toutefois, Roxane avait raison ; quoiqu'il advienne, il fallait le fêter comme il se devait. Pas tant pour le prochain emploi, dont il ignorait encore tout, mais plutôt pour clore avec gaieté ce mois passé à leurs côtés. Peut-être que d'autres travailleurs du théâtres seraient présents à l'auberge ou le bar où ils se rendaient - le bar, certainement, car les deux acolytes changeaient rarement leurs habitudes. Ce serait un plaisir de les croiser et de trinquer avec eux, bien qu'il ne les eût pas invités à fêter la fin de son contrat. La chaleur de l'établissement réchauffa sa peau au point de le faire soupirer d'aise. « Ouais, il fait pas si chaud, dehors. » L'air extérieur était frais, à la limite de son seuil de tolérance. S'il quittait Muharkel, ce serait sans doute l'une des adaptations les plus difficiles, celle qui concernait la météorologie. Il s'était habitué au climat somme toute clément de son île. A son air marin, à sa brume matinale, à ses ciels de tempête. Comment c'était, déjà, ailleurs ? Les souvenirs étaient diffus. Il avait tout laissé de côté pour construire sa vie sur son rocher.

Comme la brune hélait l'un des employés, l'Humain chercha des yeux un emplacement libre. « Hum ? » Il sourit. « Pas de problème, je t'offre le prochain coup ! » Puisqu'il était évident, à ses yeux, qu'ils n'allaient pas s'en tenir à un verre. Quand bien même elle souhaiterait limiter sa consommation d'alcool, il lui paierait sa prochaine boisson, aussi sage fût-elle. « Tiens, on n'a qu'à se mettre là-bas, viens. » Il entraîna sa camarade à travers la salle bondée de rires et de pintes, afin de s'asseoir près de l'une des fenêtres. On y voyait le port, la pointe des mâts et les torches qui tremblotaient sous l'assaut du vent. Sans les entendre, il devinait les cliquetis et les claquements des cordages et des voiles. Cette vue le ramenait immanquablement aux mêmes souvenirs. Il pivota pour se trouver face à la jeune femme. « Au fait, comment vont tes enfants ? » Il n'avait pas eu l'occasion d'aborder le sujet depuis un bon moment. Ils avaient été très pris par les dernières répétitions et leurs obligations respectives, si bien que le temps avait filé sans qu'Asham y prêtât une attention particulière - jusqu'à maintenant. « C'est ta voisine qui les garde, c'est ça ? » Avec fluidité, deux verres atterrirent devant eux. « Et voici pour vous ! » - « Ah, merci. » - « Quelque chose à manger ? » s'enquit l'homme. L'ancien pêcheur haussa les sourcils dans une moue réflexive. Il n'avait pas mangé depuis le midi, mais son activité incessante lui avait presque fait oublier son appétit. Son ventre commença à se manifester. « Oh, oui. Vous avez encore du poisson frit ? » - « Bien sûr ! » - « Alors je prendrai ça. Tu veux quelque chose ? » demanda-t-il à Roxane. Une fois que celle-ci eut fourni sa réponse, le serveur tourna les talons pour transmettre la commande aux cuisines. Le brun reporta son attention sur l'Humaine. Il prit sa boisson. « A mon dernier soir et...? » Il laissa sa phrase en suspens pour que l'Humaine pût choisir ce qu'ils devaient célébrer d'autre, le verre levé et le sourire aux lèvres.
Message II - 817 mots




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Mancinia Leenhardt
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Mancinia Leenhardt
Sam 23 Nov 2019, 14:37

Asham avait rapidement compris qu'il ne servait à rien de protester. Au bout de plusieurs semaines de travail et de sorties entre collègues, cela devenait assez évident. Quand Roxane décidait d'offrir sa tournée, mieux valait accepter au risque de se prendre un sermon avec un air profondément dramatique. Un art qu'elle savait maniée à l'aide de ses talents d'actrice. Il lui promit cependant de lui offrir le second. Cela lui convenait. Elle aurait, dans tous les cas, le dernier mot de la soirée. À peine cet accord tacite entre eu convenu, son compagnon trouvait ensuite une place idéalement située pour observer un peu l'activité en extérieur, bien que réduite à cette heure tardive et que les navires dormaient paresseusement au port. Un peu de calme dans le tumulte ne faisait jamais de tort. En s'installant, Roxane se dit que c'était sa place favorite. Elle aimait bien observer la vie des gens discrètement lorsqu'elle buvait ou mangeait. Les rues animées ne permettaient pas de faire attention à cette espionne discrète. Elle s'imaginait dans le rôle de leur vie. Cet homme qui allait travailler, cette femme qui faisait son marché. C'était peut-être redondant et ennuyeux parfois, mais cela lui permettait de songer à autre chose. En attendant l'arrivée de leurs boissons, Asham en vint à demander comment allaient ses enfants. Priya et Rostam. Ils étaient studieux, quoique souvent agités et réfractaires à l'autorité ces derniers temps. Ce n'était pas étonnant étant donnée les circonstances. Roxane essayait de se montrer compréhensive et patiente, mais cela ne faisait que renforcer le sentiment qu'elle s'en moquait aux yeux des deux êtres cher à son coeur. C'était une situation délicate. La femme résumait tout cela par une phrase habituelle.

Ils vont bien.

Elle sourit cependant avec amertume, devinant aussi que son interlocuteur ne se contenterait pas de cela.

Je pense qu'ils sont encore affecté par la mort de leur père, ce qui me donne l'impression qu'ils s'éloignent de moi. C'est normal, il était immortel à leurs yeux. Ce doit être une de ses fameuses étapes du deuil.

Roxane acquiesçait ensuite, dans le but probable de s'en convaincre.

Rechem les garde donc pour que je puisse aussi le faire, seule, en me noyant parfois dans le travail. Je ne t'apprends rien, c'est difficile. Je l'aimais vraiment.

Asham avait raison. Sans doute devrait-elle un petit peu plus prudente avec sa santé, ce ne serait pas l'heure de tomber malade et surtout, d'avoir un accident au cours d'une représentation. Ce serait dramatique. Un léger silence s'installait, avant qu'on ne vienne déposer les boissons devant eux et qu'on ne lui propose la plus merveilleuse chose qui soit, à savoir, de la nourriture. Roxane avait des étoiles dans les yeux. Elle n'avait rien mangé depuis un moment et bien qu'elle surveille assez son alimentation, elle comptait également se faire plaisir ce soir.

Du poisson frit et du riz à volonté !

Elle plaisantait évidemment, c'était un moyen de détendre l'atmosphère, tout en levant le bras.

A ton futur emploi !

Ainsi complétait-elle la tirant, tout en claquant son verre contre le sien avant de boire une grande lampée.

Pouah, ça fait du bien par où ça passe ! Non, mais...Ne me regarde pas comme ça ! Je suis très sérieuse. J'ai peut-être un tuyau pour toi.

Roxane était une femme et elle s'intéressait assez aux rumeurs. Il faut dire que dans le milieu du spectacle, c'était parfois utile, voire même indispensable que d'être curieux pour se faire un nom ou savoir ce que les gens pensaient réellement de vous. Cela permettait de redresser des situations avant qu'elles ne s'enveniment. Et elle aimait se renseigner sur les autres Royaumes Humains, où elle rêvait de se produire quand le moment serait venu.

Tu connais Mancinia Leenhardt ? Elle est devenue Marquise de Nylmord, il y a quelques mois. Elle a lancé une vague de recrutement pour son marquisat, chez les Magiciens. Mais pas seulement ! Elle cherche des Humains expérimentés pour un travail concernant la royauté de Qaixopia. Toi qui veux changer d'air. Ce serait parfait, non ?

L'Humaine souriait, essayant de convaincre son compagnon de l'énorme opportunité que cela représentait.

Je pense qu'elle a de grandes ambitions. Elle risque fort de construire sa propre cité dans peu de temps. Je suis certaine que c'est la raison de toutes ces demandes. C'est totalement incroyable ! Un vrai modèle de réussite après une décennie d'absence, tu ne trouves pas ? Je ne me sentirais pas capable de faire tout ce qu'elle a fait, ni tout ce qu'elle fera encore.

Roxane mit ses coudes sur la table, laissant reposer son menton sur ses mains jointes.

Si cela devait advenir et même si cet endroit est chez moi, il est fort possible que je la suive.

Cette femme avait été un véritable coup de coeur durant leur rencontre, aussi impromptue et étrange fût-elle, sur un navire lointain et perdu dans une mer inconnue. À dire vrai, la Matasif lui avait fait un sacré effet. C'était vraiment une meneuse, aussi affaiblie que son absence est pu la rendre à l'époque et Roxane n'osait imaginer ce que les mois passants avaient réalisés. Elle avait la carrure d'une Souveraine. À ses yeux seulement, peut-être. Son ascension et ses ambitions ne pouvaient guère tromper et la construction d'Alaithiad allait sûrement en motiver plus d'un à prendre sa gestion. Elle était certainement en parfaite position pour l'exiger. Ce serait incroyable de constater cette renaissance.

Elle est tellement sympa et compréhensive, en plus...

Vraiment, elle pourrait en parler durant des heures.

Post II | 920 mots


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Priam et Laëth
Lun 25 Nov 2019, 09:54


Ce que les pertes ont de pire, ce ne sont pas les pleurs, le désespoir, les gémissements, la douleur. Ce sont les portes qu’elles ouvrent, cette réalité un peu alternative où se jouera le futur, ce monde parallèle dans lequel personne n’est lui-même quand chacun a besoin de l’autre et de ses repères. C’est le vide sous nos pieds, qu’il faut minutieusement paver, les yeux embrumés de larmes et le cœur criblé de peine. Ce sont des stratégies pour survivre, des non-sens pour résister à la vie – la mort a déjà fait son travail, elle n’est plus à craindre. Asham connaissait ces affres-ci : il les expérimentait, lui aussi. Il n’avait plus son fils et sa fille, que l’océan avait pris. Cependant, les étapes du deuil le poursuivaient. Entendre Roxane parler de ses enfants qui souffraient de la fatalité de l’existence l’attristait. On est toujours trop jeune pour être confronté à la mort, surtout celle des siens. Ses yeux papillonnèrent pour chasser les larmes qui s’y étaient invitées. « Hum. » Il passa une main sur son menton et frotta sa barbe. « Ça ne doit vraiment pas être facile pour eux, c’est sûr. Vous en parlez, parfois ? » Quelques mots pouvaient crever un abcès. Les sentiments et les émotions contenus ont tendance à enfler en une plaie purulente, jusqu’à ce que quelqu’un ose les piquer d’une aiguille. A la suite des propos de son amie, il hocha la tête. Il savait, oui. Il savait ce que c’était de se réveiller dans un lit vide, de ne pas pouvoir enlacer l’être aimé, d’oublier sa voix, doucement, comme passent les jours. C’était peut-être le pire : sentir la mémoire s’effilocher et ne pas pouvoir lutter contre.

Heureusement, la boisson et la nourriture promettaient un avenir plus joyeux, au moins pour ce soir. Il sourit à ses paroles et trinqua. Son futur emploi. C’était un monde d’incertitude, mais aussi un univers de possibilités. Il essayait de se rassurer ainsi. L’homme amena son verre à ses lèvres et but une grande gorgée. Ça faisait du bien, oui. Malgré sa bonne volonté, sa perplexité dut se voir, puisque Roxane la remarqua. Il haussa les épaules et eut une moue désolée, presque amusée, avant d’arquer les sourcils. Elle avait souvent connaissance de choses dont il ne savait rien. Elle piquait sa curiosité. « Evidemment. » répondit-il lorsqu’elle évoqua la Matasif. Cette femme avait l’admiration de son peuple, et pour qui voulait bien l’entendre, son ambition promettait de grandes réalisations. Il lui semblait avoir appris qu’elle était devenue Marquise chez les Magiciens, en effet, quoi qu’il n’en fût pas certain. Sa mémoire n’était pas excellente et il se put qu’il eût confondu avec autre chose et quelqu’un d’autre. En revanche, Asham ignorait qu’elle recherchait du personnel. « Qaixopia… » Il s’était attaché à sa presqu’île et à ses coutumes. Il avait été poli par celles-ci, il avait contribué à les façonner. Le royaume du désert n’avait pas grand-chose à voir, dans son esprit, avec celui de la mer. Peut-être était-ce ce qu’il lui fallait, comme le prétendait Roxane ? Peut-être avait-il besoin d’un changement d’air aussi vivifiant ?

« Une cité, vraiment ? » Il resta coi. Cela lui semblait être un projet d’une envergure presque intenable. Il avait déjà du mal à joindre les deux bouts. Il ne fantasmait pas les grands de ce monde, trop terre à terre, mais leurs volontés le laissaient pantois. Ils en avaient généralement les moyens, mais tout de même, il y avait de quoi être ébloui. « C’est impressionnant, c’est sûr. On n’en est pas encore là, nous. » s’amusa-t-il dans un sourire. Il n’en avait pas l’envie non plus. Lorsque la femme lui apprit qu’elle envisageait de partir aussi, il afficha une expression étonnée. « Tu quitterais Muharkel ? » Lui aussi, mais… Il se reprit : « Je veux dire, je ne pensais pas que tu le voulais. Je le comprends, évidemment, mais je ne le pensais pas. » Il s’arrêta une seconde. « Tu pourras continuer à être actrice, là-bas, j’imagine ? » Jouer était sa passion ; il n’envisageait pas qu’elle pût se reconvertir, malgré son amour attendrissant pour la Fille du Soleil. « Qu’est-ce qu’elle recherche, comme type de métiers ? Tu es au courant ? » Forcément, qu’elle devait l’être. Elle parlait de ce projet avec une telle ferveur qu’elle n’avait que pu se renseigner autant que possible. « Et comment tu a su ? Tu l’as rencontrée, Mancinia Leenhardt ? »
Message III - 732 mots




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Mancinia Leenhardt
Mer 27 Nov 2019, 23:25

Roxane avait choisi de détourner la conversation pour ne pas discuter de ses sentiments, de ses enfants et de son deuil. C'était sans doute égoïste de sa part de ne penser qu'à elle depuis quelques temps, mais elle estimait que les gens avaient parfois besoin d'être seuls et surtout, de prendre du temps pour eux dans pareil cas de figure. Évidemment, son rôle de mère était important à ses yeux et jamais elle ne s'y dérogerait. Ils étaient le dernier lien qu'elle avait avec son mari disparu, les abandonner dans pareille situation serait impossible. Inhumain. L'Humaine écoutait toujours leurs questionnements, consolait les pleurs et savait prendre la distance nécessaire en cas de problème dans leur relation. La colère et l'incompréhension dominait. Ils étaient perturbés et malheureux de ce départ. Et son rôle de mère était le plus important de tous. Roxane ne pouvait pas échouer. Ce serait impensable et l'échec lui briserait l'âme. Discuter avec eux ? Peut-être devrait-elle réellement prendre le temps de le faire. Lorsqu'elle-même serait prête pour ne pas craquer en plein milieu. Elle ne voulait pas être faible, elle devait être forte. En tant que dernier parent, c'était son devoir. Compte tenu du drame qu'avait été celui d'Asham, la femme prenait aussi conscience de l'immense chance qu'elle avait de pouvoir encore serrer dans ses bras Rostam et d'embrasser le front de Priya. D'être fière d'eux, de les voir grandir et évoluer à leur rythme sur cette île du bout du monde. La mer était capricieuse, indomptable. Elle pouvait tout donner, comme tout reprendre. Ils le savaient tous les deux, mais était-ce pour autant qu'ils devaient continuer à subir ?

Son regard était un peu plus sombre et morose. Asham lui changeait rapidement les idées en parlant de l'éventualité de la construction d'une nouvelle cité, évoquant le fait qu'ils étaient bien peu ambitieux pour l'envisager. À se demander aussi si cela était raisonnable d'étendre Qaixopia en dehors du Désert alors qu'Alaithiad était en construction. Seulement, si cela venait de Mancinia, alors c'est que cette dernière avait une idée derrière la tête. Elle aurait juste eu envie de la suivre pour savoir laquelle. Sa présence serait toujours une aide si cela se faisait. D'autant plus qu'elle envisageait de partir. Être avec une personne capable et appréciée la grisait vraiment. Elle sourit.

J'aime Muharkel, mais mon enfance s'est faite à Utopia. Je suis une Fille du Désert. Il y a aussi énormément de souvenirs douloureux dans cet endroit et ma présence n'est là que pour ne pas perturber mes enfants. Peut-être est-ce cela, la conversation que nous devrions avoir ? Celle où nous envisagerions un départ...

Peut-être qu'elle se mentait. Peut-être que le temps passant ici lui rappelait trop de souvenirs douloureux, lui faisant craindre aussi pour l'avenir des siens. Son fils devrait sans doute prendre la mer lorsqu'il serait plus grand et cette dernière pouvait le lui arracher également. Cette perspective l'effrayait. Bien sûr, cela n'éviterait pas un éventuel drame d'arriver, mais ce serait seulement pour se rassurer un peu. Serait-elle encore Actrice ? Probablement. C'était sa raison d'être. Et elle pourrait alors se produire devant un plus grand nombre de personnes. Évidemment, elle n'en était pas encore là et quitter sa troupe n'était pas encore envisageable. Discuter d'un hypothétique avenir ne l'engageait à rien.

Je suis certaine que la cité serait militarisée. C'est une Matasif, après tout. Très proche des Anges, à ce qu'on dit. Héritage de notre plus ancienne alliance. Dans tous les cas, il faudrait motiver le moral des troupes et occuper les plus jeunes ! C'est totalement dans mes cordes !

Son plus grand secret serait de se produire sur une scène privée lors d'une réception officielle. Et d'être conviée par Mancinia elle-même. Il n'y avait pas de petit rêve, n'est-ce pas ? Qui sait s'il ne deviendrait pas réalité à force de le vouloir et de s'en donner les moyens ? Cela lui fit plaisir qu'Asham l'écoute et lui demande plus d'informations concernant cette proposition d'emploi. Cela pourrait l'aider et le libérer de certains poids.

Aux dernières nouvelles, elle acceptait la présence d'Humains ou de Magiciens sur les terres du marquisat et entretenir le domaine qu'elle a acquis suite à la passation de pouvoir, mais dans les annonces envoyées chez nous, elle cherchait également des marins expérimentés pour établir des expéditions et des routes commerciales maritimes. Elle voulait en établir de nouvelles. Des capitaines et des équipages à ses ordres. Et aussi d'autres choses. Des médecins, des guerriers, des cartographes...Si ce n'est pas signe d'une envie de conquête territoriale, je me demande ce que c'est !

Roxane ne pouvait nier qu'elle avait les moyens, désormais, de mener ses ambitions à bien. Se demandant bien où se situerait cette nouvelle cité. Et cette femme, l'avait-elle rencontrée ?

Je l'ai rencontrer, oui. Je crois.

Non, elle en était sûre. Son petit air rêveur en était la preuve. De leur conversation et de leur partenariat sur cette mer étrange qui lui rappelait un rêve, mais dont la réalité la heurtait pleinement.

Il ne faut clairement pas lui marcher sur les pieds ou avoir l'audace de la réduire à une moins que rien. Par contre, si tu l'a traite d'égal à égal, alors là...Honnêtement, Asham. Tu devrais foncer. Elle sera sûrement intransigeante, mais peut-être que c'est ce dont tu as besoin.

Post III | 885 mots


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Sam 30 Nov 2019, 23:06


Les souvenirs douloureux. Il comprenait ce qu'elle voulait dire. Il avait les mêmes ; fantômes d'un passé qu'il trouvait trop proche et d'une vie qui paraissait désormais trop lointaine. Disparaîtraient-il avec le temps ? Il ne pouvait en être sûr. La peine qui s'en dégageait s'atténuerait certainement, comme toutes les douleurs du monde, mais aurait-il la force et le courage de l'endurer tout ce temps ? Ne valait-il pas mieux partir, comme ils avaient envie de le faire ? Recommencer sur le bon pied, braver l'inconnu pour se défaire de l'indésirable, devenu familier ? La difficulté qui se présentait à Roxane était celle d'émettre l'idée d'un départ auprès de ses enfants. « Tu sais, peut-être qu'ils en ont autant besoin que toi. De refaire leur vie, ailleurs. Ici, tout doit leur rappeler leur père... Du moins, je vois difficilement pourquoi ce serait différent. » C'était un fardeau familial. Il le portait seul ; ils étaient trois, le boulet au pied. Monter sur un navire leur permettrait-il de lester leurs chaînes dans les fonds abyssaux du grand bleu ? Asham n'y avait pas remis les pieds depuis l'accident. Étrangement, il était incapable de dire si cette idée l'angoissait, le grisait ou le laissait indifférent. « Les Anges ? » Il grimaça. Les Humains de Muharkel s'en étaient détachés et ne les voyaient pas nécessairement d'un bon œil. « Ils ont perdu la guerre contre les Démons. Je ne sais pas si renouveler une alliance avec eux est une si bonne idée que ça... J'avoue ne pas m'être tenu au courant de leur situation, mais ça m'étonnerait qu'ils aient retrouvé leur puissance d'antan. Ils doivent être encore bien affaiblis par ce qu'ils ont subi... non ? » Il n'ignorait pas que Mancinia Leenhardt avait un Ange Gardien, Neah Katzuta. Il était aussi connu, à sa manière. L'Humaine portait sur les Ailes Blanches un regard vraisemblablement plus confiant que le sien. Le brun n'avait jamais eu d'Ailé pour veiller sur lui, et depuis la victoire de Sympan, il avait été touché par le scepticisme qui s'était emparé de certains des siens. Ils se débrouillaient bien seuls, non ? Pourquoi s'encombrer d'un peuple que l'Histoire avait failli balayer ?

Il écouta avec attention ce que la jeune mère lui communiquait au sujet des métiers que recherchaient la Matasif. Des marins... Son pouls tremblota. Non. C'était faux. Il savait. Il y avait toujours ce vent de liberté qui s'engouffrait par les ventricules de son cœur dès qu'il s'imaginait sur un bateau, cheveux libres, peau salée, yeux rougis. C'était une sensation dont il ne se lasserait jamais. Il aurait peut-être peur de la goûter à nouveau, au début. Cependant, il était convaincu que cet état passerait pour laisser place à une plénitude habituelle. Peut-être serait-elle empreinte d'une mélancolie douce-amère lorsqu'il songerait à sa perte. Pourtant, pouvait-il espérer mener une existence sans tristesse, qui ne lui ferait pas ressentir le poids de la mort de ses proches ? Il en doutait. Ce serait son ombre. Elle le suivrait dans les conquêtes qu'organiseraient la Fille du Soleil, puisqu'elle semblait se préparer à de telles expéditions. Se placer sous ses ordres lui garantirait sans doute une forme de stabilité dans son emploi. Si elle était telle que Roxane la décrivait, et si la réputation dont il avait eu écho disait vrai, il n'avait aucune raison de ne pas la supporter, au contraire – il se méfiait, car ses patrons avaient déjà été d'insupportables personnes. L'ancien pêcheur acquiesça lentement aux paroles de l'actrice. Il s'apprêtait à répondre, mais un serveur revint, leurs assiettes sur le bras. « Et voilà pour vous ! » Il servit d'abord la brune. Asham sourit. « Eh bien, bon appétit. » Poussé par les volontés de son estomac, il planta une fourchette vorace dans son poisson et en engloutit un morceau sans attendre. Il n'y avait rien de tel que de pouvoir se rassasier. « Je crois que tu m'as convaincu. » admit-il dans un sourire. « Tu en parles avec tellement d'entrain... Je pense que tu devrais vraiment aborder le sujet avec tes enfants, tu sais. L'idée de changer d'air a l'air de compter, pour toi, alors... tu devrais foncer. » Il reprenait sciemment ses mots, toujours souriant. « Quant à moi... Reprendre la mer sera sûrement difficile au début, je ne te le cache pas. Mais c'est une passion, et si je peux retrouver les sensations qui y sont liées... Plus rien ne me retient ici, alors je crois que je n'ai pas à hésiter. » Il plongea ses yeux sombres dans ceux de la jeune femme. « Bon, je sais qu'il faut qu'on s'organise, qu'on voie quels navires partent pour les continents et quand, quelles sont nos disponibilités, mais... ce serait bien qu'on fasse le voyage ensemble, non ? Si tes enfants sont partants pour cette nouvelle aventure, évidemment. » Il l'espérait, pour elle.
Message IV - 853 mots




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Mancinia Leenhardt
Ven 10 Jan 2020, 17:47


Roxane était enthousiaste quant à la situation de son ami. Cela lui évitait surtout de repenser à la sienne et de ne plus savoir où se rendre avec ses enfants. Elle craignait plus que tout de détruire leur harmonie précaire depuis le décès de leur Père. C'était une chance qu'ils ne piquent pas des crises abominables ou ne conteste son autorité parentale outrageusement. Asham l'encourageait à engager le dialogue avec eux à ce propos. Est-ce que partir les soulagerait de cette perte ? Ou ne serais-ce qu'une fuite en avant ? Est-ce que ses enfants ne lui reprocheraient pas de vouloir tourner la page ? Ça ne faisait que si peu de temps à ses yeux. Ce n'était pas comme si l'Humaine allait se remarier avec un inconnu rencontrer un soir et seulement après trois mois de folle passion, mais Priya et Rostam ne le verrait-il pas comme une trahison ? Sans parler de tous les autres problèmes potentiels.

Ayant vécu un départ dans mon adolescence, crois-moi, le changement et la perte de repères, lorsqu'il n'est pas voulu, peut devenir source de stress et de conflits. J'ai assez bien vécu notre installation à Muharkel, l'envie de voyage me galvanisait ! Seulement, ça n'a pas été le cas de tous. Combien de familles ai-je vu s'entredéchirer ? Beaucoup sont repartis vers le Désert. Ils résident à Qaixopia ou à Haute-Terre.

Roxane n'avait visité aucun des autres Royaumes. Ce serait peut-être l'opportunité de le faire et de renouer avec des anciens amis. Elle se demandait bien ce que certains devenaient. Surtout Simin. Ça lui donnerait peut-être l'opportunité de savoir ce qu'était advenu son amie. En dehors de leurs ombres intérieures, la question des Anges avait de quoi grandement les diviser, autant que leurs Royaumes. Asham avait une version assez pessimiste de l'état de leur alliance avec eux. Affaiblis. Anéantis. Comment pourraient-ils faire quoi que ce soit dans leur état ? Mais après tout, leur situation rappelait celle de ceux qu'ils devaient protéger.

Je suis assez mitigé là-dessus, je t'avoue, confessa-t-elle. Autant c'est vrai qu'ils ne sont plus franchement aptes à s'occuper de nous en plus de tous leurs problèmes, autant demeurent-ils nos plus anciens alliés et certainement les seuls à nous aider en cas de besoin. Je t'avouerais que je ne me vois pas me Lié avec l'un d'entre eux, mais bon...On ne peut pas dire qu'on est beaucoup d'amis. Les Magiciens peut-être ? Ils sont juste trop polis et bénéfiques pour nous dire de dégager.

La nomination de Mancinia Leenhardt en tant que Marquise ne changeait rien à la vision globale et du mépris viscéral que nourrissait les êtres magiques à l'encontre de leur Ma'Ahid.

Nous sommes encore plus mal lotis que les Anges. On se débrouille mieux depuis que la Reine Scylla, qui suit le même chemin que la Reine Violette, a choisi de nous séparer en plusieurs colonies, mais soyons réalistes...Si demain les Démons débarquaient sur notre caillou...On ne saurait rien faire.

C'était peut-être un peu stupide de s'être autant éloigné des terres et de leurs alliés les plus proches, surtout que les Mers et les Océans appartenaient aux Sirènes. Et c'est ce qui avait coûté la vie de son mari. Roxane haussait les épaules en secouant la tête, espérant chasser ses mauvaises idées.

Je pense qu'on est déjà grillé de toute façon. Comme si les gens qui passaient par ici ne savaient pas que c'était une colonie ! Un Royaume indépendant, p't'être pas, vu qu'ils doivent encore croire qu'Utopia en ruines est notre Capitale. P't'être qu'ils nous croient mourants, mais ils savent qu'il y a des Humains en grand-nombre dans le coin. On fait quoi en cas d'attaque demain, nous ? Rien. On se fait balayer de l'Histoire encore une fois.

Un silence s'étendait entre eux avant qu'un serveur ne vienne les interrompre dans leur conversation. Encore un peu et elle en oublierait son estomac. Peut-être était-ce la faim qui la rendait si pessimiste ?

Bon appétit !

Et Roxane se jetait voracement sur son assiette. Un délice. Après quelques coups de fourchette, son compagnon fini par admettre qu'elle l'avait convaincu. Cela la fit sourire. Parlait-elle réellement avec entrain de la troisième Humaine invitée à cette table ? Probablement. La Matasif Leenhardt lui avait fait une réelle impression de meneuse, pourtant fragilisé par son retour récent parmi les Mortels. Avant de mentionner l'idée qu'elle puisse en converser avec ses enfants, Roxane reposait sa fourchette.

Tu as raison. Je vais en discuter avec Priya et Rostam. Ils me diront peut-être qu'ils ne souhaitent pas s'en aller, mais au moins, je saurai quel cap maintenir.

Reprendre la mer, elle avait osée et cela lui avait fait une belle rencontre. La passion lui reviendrait. À tous les deux. Seulement, sa dernière demande la laissait légèrement pantoise.

P...Partir ensemble ?

Si rapidement ? N'était-ce pas un peu trop précipité ?

C'est d'accord. On pourra s'organiser dès que j'en aurais parlé avec eux. Demain.

Elle essayait de s'en convaincre pour se donner du courage.

Post IV| 830 mots | Fin - merci Priam nastae


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