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 La promesse ancrée dans la chair

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Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

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Sól
Lun 08 Juin 2020, 20:53


Deadly whispers par Gabriela Okuniewicz

La promesse ancrée dans la chaire

« Za est en cloque. » Sól releva la tête, les yeux écarquillés. Son frère avait lâché ça comme ça, comme s'il s'était agit d'un simple détail sans importance. Ni l'un ni l'autre n'était spécialement proche du clone de la Dovahkiin, mais les grossesses étaient suffisamment exceptionnelles pour qu'un tel fait ait son importance. Ici, les gens préféraient prendre leurs mesures pour éviter ce genre d'incidents. Les naissances par biais naturel n'étaient pas quelque chose que les Bipolaires appréciaient. Ils étaient davantage une inconvenance qu'une heureuse nouvelle. La désinvolture avec laquelle le brun avait lâché l'information fit douter l'Ange de sa sincérité. « Qu'est ce que tu racontes encore, comme connerie ? » « Ouai, des gens l'ont vu participer à la Coupe des Nations sorcières. Elle avait le bide aussi gros qu'une meule de foin. Il parait qu'une pichenette aurait suffit pour la faire tomber et la faire rouler. » ricana le Vil en imaginant la scène. Il imaginait une oie en train de caqueter, incapable pour autant de se défendre. Sól, elle, fronça les sourcils à cette annonce. « Ca veut dire qu'elle s'est amusée avant de partir pour Gona'Halv, non ? » Elle n'était pas certaine de ce qu'elle disait. Elle ne savait pas très bien compter mais l'estimation lui semblait correcte. « Et qui est le chanceux ? » « Le malheureux, tu veux dire ! Pouah, t'imagines, devoir supporter une gonzesse comme Za à longueur de journée là... Ce serait chiant ! » Sól leva les yeux au ciel. « Tu dis ça parce que t'as pas assez de couille pour la satisfaire. » « Quoi, qu'est ce que t'as dit ? » Sa voix s'était faite menaçante mais la jumelle ne sembla pas effrayée le moins du monde. « Faut arrêter la branlette. Ça rend sourd. » Máni usa du maillot qu'il avait entre les mains pour fouetter sa moitié, qui se préparait de l'autre côté de la chambre. Le tissu claqua sur ses mollets et la fit grimacer. « Arrête ça là, espèce de Bicorne castré ! » Ils se jetèrent un mauvais regard chacun avant de retourner à leurs affaires respectives. « Et donc, c'est qui le père ? » « Bah c'est Erek, c'est sûr. Qui d'autre, hein ? » La relation que les deux entretenaient n'était un secret pour personne. Après une seconde de réflexion cependant, le diablotin sembla repenser à un détail. « Mais il parait qu'elle arrête pas de raconter que c'est le mioche de Priam. Elle serait aller le voir et ils auraient baiser avant qu'elle se casse pour Gona'Halv. Mais les Anges peuvent pas avoir de gosses, j'te rappelle. Elle a but trop d'bière et elle sait plus trop avec qui elle a couché. Ou alors c'est ces sorciers puants qui lui ont retourné le cerveau. Dans un cas comme dans l'autre, c'est des conneries. » Sól acquiesça.

Dr. FacilierLes jumeaux se préparaient. Ce jour-là était important, pour eux. C'était une célébration. Le jour où ils deviendraient des Réprouvés. Pour de bon. Après ce soir, il n'y aurait plus jamais de retour possible. L'excitation courrait dans leurs veines. Ils avaient été incapables de se tenir tranquille depuis que Thorn leur avait annoncé qu'ils pourraient enfin affirmer leur choix devant tous. Leur décision était prise et, après ce jour, on cesserait de les regarder comme des Anges ou des Démons. Ils seraient des Bipolaires. Des vrais. Indéniablement. Ils avaient fait des efforts pour se préparer pour cette soirée ! Déjà, ils avaient pris un bain. Ce qui était, en soit, un exploit. Ils avaient l'impression d'être blanc comme les fesses d'un nouveau né, bien qu'ils ne tarderaient pas à se salir de nouveau. Leurs vêtements, également, étaient propres. Sól avait fait un effort en attachant ses imposantes boucles blondes en une couette, qu'elle avait décoré de quelques tresses grossières. Máni ne s'était pas tant embarrassé et portait ses cheveux ébouriffés, comme à l'accoutumée.

Lorsque l'heure arriva, ils quittèrent leur ferme, suivis de leurs parents. Ils rejoignirent le champ où se déroulerait la célébration. Un petit attroupement était déjà présent sur les lieux. D'autres Anges et Démons -quatre-, tous fils et filles de Réprouvés, étaient là. Tous avaient pris leur décision. Les Jumeaux étaient cependant les plus jeunes du groupe. Sól inspira profondément puis jeta un coup d’œil à son frère. Ce dernier l'observait également. « Ça y est. Enfin. » murmura-t-elle, fébrile. « C'est pas trop tôt ! »
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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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Priam et Laëth
Ven 19 Juin 2020, 13:50




La promesse ancrée dans la chair

En trio avec Sól & Máni


RP précédent : Je voudrais déjà être roi.
RP et brèves liés : Expériences de téléportation par les SorciersIls sont tous radins ici.


Depuis que Dastan était revenu d’une de ses escapades en agitant un morceau de bras comme s’il s’était agi d’une épée et insisté pour le faire trôner dans sa chambre, Vrael et Asha examinaient ses trouvailles avec attention. Les Réprouvés n’étaient pas particulièrement mal à l’aise vis-à-vis des cadavres, et encore moins à cheval sur l’hygiène, mais ce qui ne venait pas de chez eux provoquait toujours leur méfiance – d’autant plus lorsqu’aucune autre explication que l’utilisation de la magie ne pouvait justifier la présence du membre mutilé au beau milieu d’un champ. Ils l’avaient parcouru en long, en large et en travers et n’avaient trouvé aucune autre trace de dépouille. « Vide tes poches. » Le gamin ronchonna mais plongea immédiatement ses mains dans celles-ci. Il sortit deux grosses poignées de terre, de cailloux et d’insectes morts qu’il déposa le plus bruyamment possible sur la table, pour signifier son mécontentement. « Voilà. » Son père se pencha pour examiner ses trésors du bout des doigts. Comme il l’observait, une étincelle brilla soudainement dans le regard du rouquin. « J’ai appris un truc. » Un sourire goguenard étirait ses lèvres. Ces derniers jours, il avait grandi subitement, et semblait plus avoir huit ou neuf ans que cinq. Dans le même temps, son caractère s’était affirmé. « Hum ? » - « Za est enceinte. C’est Máni qui me l’a dit. » justifia-t-il. Vrael haussa un sourcil et lui accorda un coup d’œil. « D’Erek ? » Malgré lui, le Kiir’Sahqon trépigna d’excitation, parce que c’était là la partie la plus intéressante. « C’est ce que tout le monde croit, mais elle dit qu’il est de Priam. » L’homme cilla, puis se redressa lentement. « Dis pas de conneries, il peut pas avoir de gosses. Elle a juste dû baiser avec un gowno et ne pas assumer. » L’enfant haussa les épaules. « Elle dit qu’elle a vu Priam avant de partir pour Gona’Halv et qu’ils ont baisé. » Son interlocuteur fronça le nez. Il attrapa son fils par le col et le rapprocha brutalement de son visage déformé par une fureur soudaine. « Si c’est pour dire de la merde, autant la fermer. Mon fils a rejoint les Anges malgré lui, et c’est certainement pas pour baiser la première Réprouvée prête à écarter les cuisses et finir dans leur trou du cul d’Agbara ! » L’idée était insupportable. Toutes ces erreurs, toute cette souffrance, pour être condamné ? Violemment, il projeta le gamin contre le mur, qui le heurta avant de retomber sur le ventre, mains en appui. L’adulte se leva et balaya de la main la terre, les pierres et les cadavres amassés par Dastan. « Nettoie. Faut que ça brille avant qu’on aille à la cérémonie. » cracha-t-il avant de s’éloigner sans un regard en arrière. Le soleil tombait déjà vers les bras étendus de l’horizon.



Hazaan glissa son épée à sa ceinture. Il avait revêtu sa tenue de cérémonie. Le cuir noir de son armure rehaussait l’éclat blanc des différentes attaches et de la fourrure de cerfeuil qui couvrait ses épaules. Son regard vert glissa vers le ciel. L’heure approchait. Le monde serait bientôt plongé entre deux états, entre la lumière et l’ombre. Il était de coutume de réaliser la cérémonie à cet instant où le jour et la nuit bataillent jusqu’à se fondre l’un dans l’autre. Accompagné de deux autres Réprouvés, munis du matériel nécessaire, le Thur se dirigea vers le champ. Six jeunes gens avaient choisi de rester parmi eux.

Ils étaient déjà là, ainsi que leurs familles et des amis. Une table était en place, ainsi qu’un foyer délimité par de larges pierres. Le Bipolaire salua le regroupement, tandis que ses deux acolytes déposaient leur fardeau. Sur la table, ils laissèrent des statuettes – un corbeau, un tigre, un bicorne et un dragon –, trois coupelles – dont deux contenaient de la craie ou du charbon et de la terre –, une cruche, deux pilons, un couteau et une tige de fer au bout de laquelle les lettres « Kom’Dov » figuraient. Ils jetèrent des bûches et des brindilles à l’emplacement où le feu devait s’animer, puis entreprirent de l’allumer. Les flammes jaillirent.

Hazaan détaillait les adolescents. Trois Démons, trois Anges. Bientôt, des Réprouvés. Ce n’étaient pas les premiers à décider de rester. D’autres avaient préféré partir. Ceux-là n’existaient plus vraiment. Son regard glissa sur la foule. Il repéra des parents dont les enfants avaient trahi leur patrie, comme les Belegad. Le Kiir’Sahqon qu’ils avaient adopté était avec eux, debout devant sa mère qui avait joint ses mains sur son torse. Depuis l’attaque des Goled, il avait bien grandi. Moins que certains, plus que d’autres. Les rythmes de croissance étaient assez aléatoires. Le Thur reporta son attention sur les futurs initiés. Il avait reconnu sans peine les jumeaux Tynath’Thuk, qui s’entraînaient depuis plusieurs semaines, comme pour préparer un départ à Gona’Halv. Il  n’était pas surpris qu’ils se joignissent définitivement à la race de leurs géniteurs. Il ne s’étonnait pas non plus de voir Ezgaan Damakiir et Royena Faastur. En revanche, il avait douté du choix d’Atura Eskiel et Olek Versdem. Il les connaissait tous, comme chaque visage qui peuplait les terres dorées. Ce qui aurait pu paraître étrange à n’importe quel dirigeant ou haut-fonctionnaire paraissait naturel chez les Réprouvés de Lumnaar’Yuvon. On ne se détachait jamais de ses racines. Elles s’entrecroisaient avec celles des autres. À titre personnel, le Tyd’Saan avait à cœur de se renseigner sur les évolutions des jeunes. Réprouvés ou non, ils représentaient l’avenir.

« Aldantar. » Avancez. L’homme leur fit signe d’approcher. Derrière lui, les préparateurs moulaient d’un côté la craie et l’eau, et de l’autre la terre, le charbon et l’eau. Le troisième récipient était toujours vide. « Hin ste owl faal kreinmiin do Boholt’Kein. » Vous êtes sous le regard de Boholt’Kein. entama-t-il, selon les règles cérémonielles. « Ste hin edmaan do gildarr aav faal dov ? » Êtes-vous sûrs de vouloir rejoindre les Réprouvés ? Comme les jeunes acquiesçaient, ceux qui accompagnaient Hazaan s’avancèrent en tenant les coupelles et le couteau. L’un d’entre eux lui tendit l’ustensile. Le Thur plaça sa main au-dessus du dernier récipient et, de la lame, trancha sa paume. Le sang coula. Lorsqu’il y en eut assez, il referma le poing. Il s’approcha du premier adolescent. « Vahriin mir. » Jure allégeance. Quand ce fut fait, le Bipolaire trempa son index et son majeur dans la craie. Il traça sur la joue de l’initié deux traits verticaux. De son autre main, il répéta l’opération avec la peinture noire, sur son autre pommette. Il portait désormais la dualité de ses pairs. Puis, il plongea son pouce dans son sang, le posa sur sa lèvre inférieure, et traça une ligne jusqu’à son manubrium. Sa voix se ralliait à celle des Manichéens : il saurait la faire valoir dans la Laas comme dans la Dilon. « Io anhaor yu. » Je te reconnais. Le Thur recommença avec chacun des enfants de Bipolaires. À sa suite, le public répétait ces paroles d’acceptation.

En Zul’Dov, il se lança dans le discours d’usage : « Que Boholt’Kein marque ce jour comme la fin de votre existence et le début de votre vie. Qu’il vous accueille près de ses guerriers et vous guide à travers les ombres et la lumière. » Comme il prenait le broc, il versa un peu d’eau sur la statuette du corbeau. « Que Zel’Eph vous donne le courage et la force de protéger les nôtres. » Il fit de même avec la représentation du tigre. « Qu’Anha’Sona se souvienne de votre choix et le grave dans la mémoire de notre peuple. » Le dragon brilla sous les flots. « Que Naruu’Pogaan suive vos pas, où que vous alliez. » Il répéta une dernière fois son geste, nimbant le bicorne d’eau claire. « Rendez grâce aux Zaahin. » Il tendit la carafe au premier jeune afin qu’il arrosât chacune des effigies divines.

Lorsqu’ils eurent tous participé à la purification des statuettes de bois, le Thur les attrapa et les plongea une à une dans les flammes. Une fumée dense se dégagea du brasier. Un corbeau croassa au-dessus d’eux, puis fila vers l’horizon. Hazaan le suivit des yeux et sourit. Comme il se saisissait du fer à marquer, il offrit son extrémité au feu. Dès qu’il fut rougeoyant, il fit tendre le bras à chaque enfant de Réprouvés. Pour leur apposer le « Kom’Dov », il leur tint fermement le poignet. La brûlure devait être nette.



Message I – 1397 mots

Notes : Déroulement (partiel – complète avec ce que tu veux, j’ai improvisé !) de la cérémonie (faudra qu’on lui trouve un nom, d’ailleurs !).
- Elle se déroule au coucher du soleil (parfois au lever), quand le ciel est entre deux états, entre l’ombre et la lumière.
- Elle est présidée par le Thur du lieu de vie et est ouverte au public. Il y a plusieurs phrases clefs à prononcer.
- Après que les enfants de Réprouvés ont juré allégeance, le Thur trace deux traits verticaux sur chacune de leurs joues – noirs pour la partie démoniaque, blancs pour la partie angélique. Avec son sang, il dessine une ligne de la lèvre inférieure jusqu’au cou – elle représente la voix des Réprouvés. Ils sont alors reconnus.
- Le Thur verse de l’eau sur chacune des statuettes des Zaahin, en appelant leurs faveurs. Celles de Boholt’Kein, Zel’Eph et Anha’Sona sont les plus récurrentes, pour les valeurs que ces Zaahin représentent. La représentation animale du Zaahin le plus représentatif du lieu de vie est parfois convoquée. D’autres peuvent être ajoutées, selon les désirs du Thur, ceux des enfants de Réprouvés ou la situation.
- Les enfants de Réprouvés imitent le Thur en mouillant les statuettes, puis celles-ci sont jetées au feu – et non pas enterrées comme ils le font usuellement. La croyance veut que les flammes enrobent ainsi le fer à marquer des valeurs des Zaahin, qui s'imprégneront dans la chair des enfants de Réprouvés.
- Pendant que le feu consume les statuettes, le Thur y plonge un fer à marquer. Sur le bras des enfants de Réprouvés, il l’applique : le mot « Kom’Dov » est gravé dans leur chair.




La promesse ancrée dans la chair 1628 :


La promesse ancrée dans la chair 2289842337 :
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Sól
Sam 20 Juin 2020, 08:54


Deadly whispers par Gabriela Okuniewicz

La promesse ancrée dans la chaire


Sól se retenait pour ne pas trépigner sur place. L'excitation se faisait peu à peu remplacer par la nervosité. Ce n'était pas vraiment étonnant. Elle s'apprêtait à vivre l'un des moments les plus significatifs de sa vie. Après cette nuit, il n'y aurait plus jamais de retour en arrière. Si elle avait le moindre doute, il devait se manifester maintenant. Après, il serait trop tard. Avait-elle seulement encore des incertitudes ? Elle réfléchit quelques secondes. Pour la première fois depuis le départ de Laëth - car c'était cet événement là qui avait tout ébranlé, qui avait commencé à semer la réflexion vicieuse pour savoir quel destin choisir - un calme intérieur et une détermination infaillible lui répondit : non, elle n'hésitait plus. Elle avait fait son choix. La blonde se mordit la lèvre pour ne pas sourire bêtement puis s'aligna dans le rang formé par ses camarades. Elle leva la tête, haut, observant Hazaan avec un mélange d'admiration et de gratitude. Son cœur tambourinait dans sa poitrine à mesure qu'il s'approchait, lentement, d'elle. Máni passa juste avant son tour. Lorsque la foule le salua et que son visage se fendit d'un sourire espiègle, Sól ne put s'empêcher de lui faire écho. Le Thur se positionna devant elle. Sans ciller, elle se redressa et plongea son regard dans le sien. Elle était prête. Le contact des doigts sur ses joues la fit frémir mais elle ne détourna pas les yeux. Lorsque le pouce traça la ligne carmine, une goutte de sang perla entre ses lèvres. Le goût ferreux se répandit sur sa langue. Il était amer. Pourtant, bientôt, elle y trouverait un attrait qui, malgré elle, lui ferait en redemander. Plus. Toujours plus. La guerre et le sang.  « Io throu'daun'feint gon sil. » (Je me battrai pour toi.) répondit l'initiée, comme tous les autres avant elle. C'était là une promesse, une allégeance. Pas seulement au Thur, mais au peuple tout entier. A tous ceux qui étaient témoins ce soir, et tous les autres. La foule d'adulte l'accueilli d'une voix puissante qui fit flancher son cœur de bonheur.

L'Angelotte s'empara de la cruche.  « Io otto'fent mul, nuz ney hivrii. » (Je resterai forte, malgré les obstacles.) Elle renversa de l'eau sur la statuette de corbeau. « Io vahlokro'fent ney Mu, errdil noret. » (Je protégerai les miens, au profit des étrangers.) Le tigre se retrouva immergé. « Io vaat los wah Ul. » (Ma promesse sera pour l'éternité.) Le même traitement fut réservé au dragon. « Io gyon'fent het gah los io orot. » (Je resterai là où sont mes racines.) La blonde donna le broc au dernier Ange une fois qu'elle eut arrosé le bicorne. Les initiés encerclèrent le bûcher où Hazaan jeta les effigies. L'odeur du feu prit les adolescents à la gorge. Ce n'était pas désagréable. C'était l'odeur de la maison, là où les flammes brûlent pour préparer le repas.


La morsure du fer semble crépiter sur la peau. Pendant un temps infiniment court, plus éphémère qu'une seconde, rien ne se passe. Puis le feu se propage. Il ne reste plus que lui. La cérémonie, la foule, les Anges, les Démons, les Réprouvés : rien de tout cela n'existe plus. Ne subsiste plus que la douleur, vive, profonde, insupportable. On veut crier, alors que la tige s'enfonce dans la chaire pour la marquer à vie. Ce n'est pas le cri d'un guerrier. C'est celui d'un animal en peine. D'une bête à l'agonie. D'un être aux portes de la mort : la douleur est si vive qu'elle semble vous entraîner dans la Dilon. Pourtant, le hurlement ne dépasse pas les lèvres scellées en une grimace, seul un grognement s'en échappe furtivement. Il faut rester fort. Montrer que l'on peut tout affronter, même la pire des douleurs. Mais à l'intérieur... Le cri explose. Il fait vibrer le corps, déchire l'être en deux. Il se propage à travers la moindre fibre, comme ce feu incandescent qui, gourmand, irradie de la brûlure. Le brasier ne reste pas sagement là où il a été appliqué. Il grignote les alentours, repousse les limites. Il dévale le bras, remonte, semble vouloir conquérir l'entièreté de son être. Réduire en cendre tout ce qu'il trouve sur son passage. Il est plus vorace qu'un animal affamé, plus dangereux qu'un Bipolaire en crise, plus sournois qu'un sorcier. Il est là, et pourtant, il faut le contenir. Le diablotin se mord l'intérieur des joues. Le goût du sang se mêle à la peine. Il ne vacille pas trop. Reste debout. Son regard se plonge dans celui de son supérieur. Lui seul sait ce qu'il endure : il perçoit sans doute la lueur dans les yeux, le tressaillement du bras qu'il tient entre des mains, il entent le gémissement plaintif. Le fer a depuis plusieurs secondes été retiré et, pourtant, la torture ne s'arrête pas. Elle semble se propager tel un venin. Pourtant... Ce venin là n'est pas à rejeter. C'est une nouvelle part de soit que l'on accueille. Que l'on essaye d'apprivoiser. Que l'on rencontre pour la première fois. Máni reprend peu à peu conscience de ce qui l'entoure. Des gens. De l'odeur âcre du feu qui imprègne son nez et sa gorge. Et là, sur son bras, des mots qui ont été gravés dans sa chaire, pour que jamais il n'oublie sa promesse. Kom'Dov. Un Réprouvé. Un sourire satisfait tremblote sur ses lippes. Enfin.

Sól s'avança près du feu. La chaleur relançait la douleur sur sa peau, ravivant en vague pulsatiles la morsure de la brûlure. Elle l'ignora, malgré la pellicule de sueur qui recouvrait son corps. D'une main, elle s'empara de la lame. De l'autre, elle attrapa une mèche de cheveux. Elle ferma les yeux quelques secondes. Elle repensa aux Belegad. Ces deux anges qu'elle avait toujours envisagé comme sa famille, mais qui s'étaient révélés différents. Elle repensa à Norok et tous les autres, ceux qui étaient partis. Ceux qu'elle ne reverrait plus jamais, puisqu'elle reniait leur existence, leur nom, leur souvenir... Elle renonçait à tout ce qui aurait pu se trouver de l'autre côté. Si elle avait fait un choix différent. Sans un tremblement, elle sectionna ses cheveux puis les jeta dans les flammes voraces.

La nouvellement Réprouvée tourna les talons et fonça vers ses parents. Nin était là aussi : il avait fait le déplacement pour assister au Yol'Borhd. Une accolade, quelques baisers, une étreinte. Les sourires n'en finissaient plus. L'Ange et le Démon s’observèrent un instant. Pendant tout ce temps, leur nature les avait poussé à une méfiance et une antipathie instinctive, bien que les liens du sang et la culture les ait forcé à se rapproché. Désormais, ils étaient les même. Ils venaient d'accepter en eux une partie de l'autre.  « Io anhaor yu. »  « Io anhaor yu. » Máni attira la blonde vers lui et posa son front contre le sien. Ils restèrent quelques secondes comme ça avant de se séparer.  « Maintenant que tu es une Réprouvée, tu vas pouvoir apprendre à boire, ma fille ! » Thorn entraîna la gamine jusqu'aux tables qui avaient été installées, remplies de boissons et de nourriture, comme toujours.

La Tynath'thuk s'approcha des Belegad, une choppe à la main. Ses joues étaient anormalement rouges. Elle sourit aux parents. Elle était à la fois fière et timide : elle avait peur de raviver de vieilles blessures, de rappeler la douleur de ce qu'ils ne pourraient jamais célébrer. La blonde baissa la tête vers le rouquin. Il avait grandit. Bientôt, il la rattraperait en taille et, sans aucun doute, en force également. Elle attrapa son menton fermement et le fit la regarder. « Alors, t'a vu ça ? J't'avais bien dit que je partirais pas. » Ils en avaient discuté lorsqu'ils avaient goûté après leur entrainement. « Maintenant, va vraiment falloir que tu t’entraînes dur si tu veux que je serve sous tes ordres, Mal'Gogil. » Ils ne seraient bientôt plus là pour l'aider à s'améliorer... Quoi que, leur départ ne serait pas pour tout de suite. Ils devraient d'abord apprendre à maîtriser cette nouvelle part en eux.
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Priam et Laëth
Dim 05 Juil 2020, 11:48




La promesse ancrée dans la chair

En trio avec Sól & Máni



Dastan, encore blessé et tout naturellement rancunier à l’encontre de son père, fixait les protagonistes de la cérémonie d’un œil sombre. Pourtant, à mesure que celle-ci se déroulait, la noirceur de son regard se dissipait au profit d’une étincelle intriguée et impatiente. Il écouta les paroles d’Hazaan, l’observa tracer les peintures sur les visages des initiés, verser de l’eau sur les statuettes avant de les jeter au feu. Il frémit d’une douleur imaginaire en voyant les traits tordus des Anges et des Démons qui recevaient le baiser mordant du fer brûlant. Il scruta Sól lorsqu’elle trancha une mèche de ses cheveux pour la donner aux flammes. Après avoir reçu une part des Réprouvés, ils leur offraient un lambeau de leur existence, pour mieux leur consacrer leur vie. Ça n’avait pas vraiment de sens, mais d’une certaine façon, il les enviait. Ses petites mains se resserrèrent autour des poignets de sa mère, noués sur son torse. Lui aussi voulait officiellement faire son entrée chez les Bipolaires. Faire ses preuves. Montrer sa détermination. Prouver son engagement. Mais il n’était qu’un gamin, et son père pouvait encore le balayer d’une grande gifle. Des larmes enragées piquetèrent ses yeux, sans s’échapper. Un jour, il serait le meilleur guerrier de Lumnaar’Yuvon. Un jour, il remplacerait Hazaan Tyd’Saan. Un jour, il serait Dovahkiin. Pourquoi pas ? Tout le monde commençait en bas de l’échelle. Il ne tenait qu’à lui de s’élever.

L’étreinte de sa mère se défit, tandis qu’elle le guidait vers les tables recouvertes de denrées et de boissons. Vrael se servait déjà une bière. Pendant une seconde, Dastan songea qu’il aurait aimé qu’il s’étranglât avec. L’instant d’après, une culpabilité féroce lui meurtrissait la poitrine. Non, il ne voulait pas que son père mourût. Il l’aimait, malgré ses violences et ses injustices. Tout comme Asha. Et tous les autres. C’était leur fardeau, à tous, cette ambivalence oscillante. Le gamin piocha un peu de viande de bicorne séchée. Il la coinça entre ses dents et entreprit de la déchirer en tirant dessus à l’aide de sa main. Il adorait le goût salé que la chair répandait dans sa bouche. Une simple pensée en référence à cette charcuterie suffisait à exciter ses papilles. Il en salivait. Comme il en avalait avidement la première bouchée, il aperçut Sól, qui s’approchait. L’enfant sourit. « Bah heureusement, sinon je me serais chargé moi-même de vous buter, ton frère et toi ! » s’exclama-t-il à l’annonce de la blonde. Lorsqu’elle noua ses doigts autour de son menton, son sourire devint défiant. « T’inquiète pas, va. J’arriverai à te faire ployer le genou. Tûl m’a dit que les femmes sont faites pour ça, même que ! Aïeuh ! » Sa mère venait de lui taper l’arrière du crâne. S’il ne saisissait pas toute la portée de ce qu’il venait de dire, elle comprenait parfaitement le sens de cette phrase, elle. « Et puis quoi encore ? Tu vas finir avec les couilles tranchées si tu continues à tenir ce genre de propos. » - « C’est comme ça que ta mère me convainc de m’agenouiller. » intervint Vrael, un sourire amusé aux coins des lèvres. Asha grogna. Le brun se tourna vers l’adolescente blonde. Il eut une pensée pour son fils et sa fille. Il avait rêvé de les voir se faire apposer la marque des bipolaires, au moins autant qu’il avait désiré les voir partir. Peut-être un peu plus. Ils lui manquaient. Toutes ses paroles, toutes ses colères ; elles ne le trompaient pas. Il aurait aimé qu’ils devinssent de fiers Bipolaires, comme les enfants Tynath’Thuk. « Io anhaor yu. » Sa compagne répéta la même chose, puis les deux parents se tournèrent vers leur fils. Il les dévisagea durant une petite seconde, son morceau de viande coincé entre les dents, puis parut se rappeler de ce qu’il était censé faire. « Ah ! Mfoui ! » Il lâcha sa prise sur la charcuterie et reporta son attention sur l’Ange. « Io anhaor yu. » Une lueur revêche perça sa rétine. « Mais c’est pas parce que t’es une Réprouvée que les choses changent. Je te donnerai quand même des ordres, future cheffe de mes guerriers ! »

Les festivités se poursuivirent tard dans la nuit. On chanta, dansa, mangea et but à s’en éclater la panse. Les Réprouvés de Lumnaar’Yuvon ignoraient sans doute tout du concept de demi-mesure. Ils célébraient à chaque fois comme s’il s’agissait de leur dernière beuverie. Bientôt, à l’appel d’une force mystérieuse, ils recommenceraient, avant de batailler pour leur destin.



Message II – 754 mots




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