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 | Rites funéraires • Velus dirmaan |

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Mitsu
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Mitsu
Dim 20 Oct 2019, 13:30


Texte par Priam

Rites funéraires • Velus dirmaan


• Croyances et perception de la mort chez les Réprouvés

« Ge smak daun, gyn op nodotaim » (« être mis à terre, se relever ») énonce l’une des maximes réprouvées. Si elle est valable dans bien des situations, elle illustre parfaitement leur vision de la mort. Celle-ci n’est pas envisagée comme une rupture ; elle est plutôt l’occasion de fêter un changement et de célébrer les Zaahin que de pleurer une perte. Charrié par la dynamique de Boholt’Kein, celui qui meurt ne fait que passer d’un état à un autre, et plus précisément, d’une couche du monde à une autre. Chaque fin est un commencement.

La strate du monde dans laquelle les Réprouvés évoluent est nommée Laas (« Vie »). Elle est divisée en deux voies ; d’un côté, les Joor (« mortels »), cas le plus commun, et de l’autre, les Zaahin (« Héros »), statut auquel chacun aspire.
Lorsqu’ils trépassent, les Joor et les Zaahin basculent dans une autre couche du monde, la Dilon (« Mort »). Celle-ci se découpe en trois voies :
- Les Bipolaires qui n’ont rien accompli durant leur existence, qui ont déçu les espérances ou qui ne peuvent prétendre au statut de guerrier se retrouvent à Siz’Fus (« Preuve/Epreuve de force », les deux termes étant presque confondus en Zul’Dov puisque l’on part du principe qu’il s’agit dans les deux cas de montrer ou prouver quelque chose). Les Sizaak (« Eprouvés ») doivent poursuivre leur combat pour pouvoir rejoindre les forts et les honorables.
- Les plus braves et les plus aguerris rejoignent le Zin’Revak (« Honneur sacré »). Cela concerne la majorité des Réprouvés, qui a alors pour seul but de profiter de cette nouvelle vie et d’aider les Zaahin dans leurs missions. Si les Zinaak (« Honorables ») excellent en la matière, ils peuvent à leur tour devenir des Zaahin, mais ce cas est plutôt rare.
- Les Zaahin qui le sont devenus au cours de leur vie ne passent pas par ces deux strates : ils s’éveillent directement parmi les autres Zaahin. Pour plus d’informations à leur sujet, voir ICI.
Enfin, il existe une troisième couche, redoutée autant qu’elle est répugnée. Le Dukaan (« Déshonneur ») est la strate dévolue aux Tahrodiis (« traîtres »). Elle emprisonne tous ceux qui ont trahi leur peuple. C’est une strate crainte. Les Réprouvés y arrivent sans arme et ils y sont dépouillés de toute force, réduits à un état subhumain, de semi-cadavres sans repos. La torture y est continuelle ; les supplices s’enchaînent sans espoir de s’en absoudre. Il n’y a aucune rédemption possible.
Voici un schéma récapitulatif : ICI.

La Laas comme la Dilon sont fondées sur le mérite. Dans l’une comme dans l’autre, il est possible de gravir les échelons – et de les redescendre –, si bien qu’il ne paraît pas honteux de mourir avant d’avoir accompli quoi que ce fût. Cela est imputé à une volonté des Zaahin, qui auraient de plus grands desseins pour l’individu devenu Sizaak. Un Sizaak, un Zinaak ou un Zaahin qui trahirait le peuple réprouvé se verrait rejoindre le Dukaan.

• Rites funéraires

Le défunt

Le corps du défunt, à l’image des offrandes que l’on dédie aux Zaahin, est lavé afin d’être purifié. Il est ensuite habillé de vêtements simples – le plus souvent, une chemise et un pantalon de toile. Sur l’une de ses pommettes, un trait blanc – souvent à base de craie – est tiré afin de symboliser les Anges. Sur l’autre pommette, un trait noir – généralement à base de terre noire – est dessiné pour évoquer les Démons. Enfin, une ligne qui part du haut du front jusqu’à la base du cou scinde la figure du cadavre : rouge, elle représente le Réprouvé et sa nature divisée. La coutume veut qu’elle soit tracée avec le sang d’un membre de la famille, si possible d’un descendant, afin de montrer le lien et la continuité entre l’univers des vivants et celui des morts. Toutefois, si aucun parent n’existe ou ne peut être présent, le sang d’un proche suffira.

La dépouille est placée dans un cercueil en bois. Au sein de celui-ci sont placées des statuettes d’animaux et/ou des parties d’animaux liés aux Zaahin pour l’accompagner dans son voyage – le Cerfeuil de Fey’Mogrul est ainsi toujours présent – et/ou illustrer sa vie – s’il s’agissait d’un diplomate aguerri, on place une statuette de serpent, si le mort était un grand voleur, c’est un pygargue, et ainsi de suite. On y dépose aussi l’arme de prédilection du trépassé, et éventuellement quelques objets personnels.

La cérémonie

La cérémonie diffère selon le lieu d’appartenance du Réprouvé et selon sa place dans la hiérarchie. Cependant, on retrouve des traits communs.
La cérémonie se découpe en trois parties : le recueillement (le « sonaan’dahmaar » soit le « chant du souvenir »), qui permet de faire ses adieux au défunt, de partager des souvenirs et de mettre en lumière ses actions, l’enterrement (le « hash’gein » soit le « don à la terre ») et la célébration (la « dilon’lus » soit la « fête du/des mort(s) »), qui fête son entrée dans la Dilon et rend hommage aux Zaahin à travers un grand festin et une beuverie exemplaire.
A la fin de l’enterrement, une torche est plantée sur le dessus de la tombe. Elle devra être entretenue nuit et jour durant une semaine, afin de guider le défunt dans son voyage jusqu’à la strate des morts. Si la météo n’est pas favorable à son épanouissement, elle est protégée magiquement – ce qui souligne son importance, considérant qu’une partie des Bipolaires est réticente à utiliser la magie.
Les sépultures sont marquées d’une plaque en fer sur laquelle est gravé le nom du macchabée, ses hauts faits et la ou les ères durant lesquelles il a vécu. Le Sah’Vein est systématiquement fondu dans le métal.
Les lieux choisis pour la cérémonie sont toujours en lien avec la terre et la nature. La maîtrise du territoire et l’exploitation des sols sont des fondements essentiels de la culture réprouvée : enterrer les morts est autant un don à la terre qu’une réaffirmation du contrôle que les Bipolaires ont sur celle-ci.
Concernant les époux, on veille toujours à ce qu’ils soient enterrés ensemble, si possible dans la même tombe.

Spécificité selon les lieux

- Bouton d’Or – Lumnaar’Yuvon | Pragmatiques et naturels, les habitants de Lumnaar’Yuvon ont pour habitude de placer de la nourriture et de la boisson dans le cercueil, ainsi qu’une gerbe de blé. Le tout est installé dans un champ – ou une grange si le temps ne permet pas d’être à l’extérieur, cependant, le corps sera toujours enterré dehors. Souvent, il s’agit d’un espace familial, et il n’est donc pas rare d’y voir plusieurs plaques commémoratives. La totalité du village est conviée et aucun étranger n’est admis – sauf en de rares exceptions. Durant le recueillement, généralement débuté par un membre de la famille, chacun a le droit de s’exprimer. La tombe est creusée par un ou plusieurs proches. La fête qui suit est organisée par la famille ou les amis et peut durer plusieurs jours. Il n’est pas rare que des combats soient improvisés.

- Stenfek – Keizaal | Maîtres des belles paroles, les citadins de Keizaal déposent dans le cercueil des poèmes à la gloire des Zaahin et qui retracent la vie du disparu. La cérémonie se tient à la Lot’Gein (« Grande Terre »). Il s’agit d’un bâtiment situé aux abords de la capitale. Il a été pensé pour ne pas pâtir de l’expansion croissante de la ville : s’il est haut, il n’est ni très long, ni très large. Néanmoins, grâce à un procédé magique, lorsque l’on entre à l’intérieur, ce n’est pas une salle qui se dessine, mais une plaine dont la limite se confond avec l’horizon. Les murs et le toit se sont subitement évanouis. Les Réprouvés ont recréé un lieu où la nature a tous les droits. La famille, les amis et les proches sont invités et les étrangers sont tolérés, surtout s’il s’agit de quelqu’un d’important ou d’engagé en diplomatie. Cependant, la cérémonie est plus codifiée qu’à Lumnaar’Yuvon. Le recueillement est présidé par un membre de la famille – ou un haut dignitaire, si le défunt était une figure d’importance. L’individu déclame des textes qui relatent la vie du disparu, son œuvre, font office de prières aux Zaahin, etc. Il est ensuite permis à chacun de rendre hommage au mort en interprétant un texte – personnel ou choisi dans un ouvrage –, en faisant un geste politique – notamment pour le cas des étrangers – ou en s’engageant à poursuivre l’œuvre du trépassé. La tombe est aménagée par des travailleurs professionnels. La fête qui suit, tenue par la famille, ne dure qu’une journée.

- Sceptelinôst – Gein’Draakul | Réputés pour leur enrichissement aussi croissant que volatile, les résidents de Gein’Draakul enfouissent dans le cercueil des pièces de monnaie ou des objets de valeur et l’éventuel signe d’appartenance de l’individu décédé à un gang ou une famille. La cérémonie se déroule dans un lieu laissé à la discrétion de la famille, du gang, du patron ou autre. Sont présents tous ceux qui le souhaitent, même ceux qui n’appartiennent pas au peuple réprouvé, si la mort est rendue publique – compte tenu du contexte de ce territoire, il n’est pas impossible que certaines soient tenues secrètes un certain temps pour des raisons stratégiques. Le recueillement est orchestré par un proche – parent, chef(fe) de gang, patron(ne), etc. A sa suite, chacun peut s’exprimer pour partager avec l’assemblée. Les festivités sont organisées par celui ou celle qui a été à la tête du recueillement et sont, là encore, l’occasion de commettre toutes sortes d’excès, éventuellement plusieurs jours durant.

- Gona’Halv | Militaires endurcis, les soldats de Gona’Halv ont pour habitude de déposer dans le cercueil l’armure du défunt et son ou ses insignes militaires. Chaque collègue peut déposer une pièce de métal issue de la fonte d’une lame, en signe de soutien pour le périple qui s’annonce. La cérémonie se tient sur un promontoire en dehors de la ville et visible depuis la plupart des zones d’entraînement. Tous ceux qui le souhaitent peuvent venir, même les étrangers – bien qu’ils soient peu nombreux à oser pénétrer l’île. Le supérieur hiérarchique – ou le successeur – est la voix du recueillement. Il récapitule les faits d’armes et les actions guerrières du Réprouvé. Suite à l’enterrement, des combats sont organisés en l’honneur du défunt et des Zaahin. Ils peuvent durer plusieurs jours, et sont toujours accompagnés de nourriture et de boisson, en abondance.

Spécificité selon l’honneur et le mérite de l’individu

- Joor | Quoique le doute soit peu souvent permis, il peut être difficile de savoir si un individu meurt en Sizaak ou en Zinaak : de toute façon, c’est une décision qui incombe aux Zaahin. Aussi, les morts sont célébrés en fonction des actions qu’ils ont accomplies pour leur peuple, de l’amour qu’ils suscitent dans les cœurs et de leur place dans la hiérarchie. Les cérémonies destinées aux Thur sont normalement plus impressionnantes, plus longues et plus populaires – d’autant plus qu’ils ont plus de chance de rapidement devenir des Zaahin.

- Zaahin | La mort d’un Zaahin réunit les Réprouvés de tous les territoires et fait oublier toutes les dissensions. Le Zaahin est enterré là où il a vécu ou bien là où il le désirait – s’il s’est exprimé à ce sujet – selon les coutumes du lieu. Dans tous les cas, on lui rend hommage par des chants, et des festivités et des combats ont lieu, qui durent aisément une semaine.

- Tahrodiis | S’ils meurent en terres réprouvées, les Tahrodiis n’ont le droit à aucune cérémonie. Ils ne sont pas enterrés. Leur tête est tranchée et leur dépouille est jetée en bordure du territoire et laissée entre les pattes des bêtes qui passeraient par là.

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