Sans tes ailes pour voler
Undone

Intrigue ; Vulpina a décidé de quitter Nostradamus. Afin de s'assurer qu'il ne la poursuive pas, elle prévoit d'envoyer Alice, la protégée du sorcier, dans les griffes de son ennemi.
Chronologie : Ce rp a lieu avant son entrée à Spectre, donc avant le couronnement de Kaahlias.
TW ; Il y a une scène de meurtre. Si vous êtes sensibles prenez soin de vous et abstenez vous de lire, merci. :)

« Tu sais, Nostradamus tiens beaucoup à toi. » déclara Vulpina d’un ton doucereux. Elle s’adressait à une jeune femme. Si sa physionomie laissait penser à une adulte, son mental n’était qu’à peine plus développé que celui d’un nourrisson. Lentement, la sorcière se leva de son fauteuil et s’approcha d’Alice. Cette dernière, captant ses mouvements, se figea instantanément, ses yeux suivants sa progression menaçante. Elle n’avait jamais aimé cette femme. Malgré ses sourires et son ton mielleux, elle parvenait à sentir la froideur de son cœur. Son regard se révélait tranchant, violent. Parfois, en la contemplant, l’impression de pourrir de l’intérieur la submergeait. Elle la craignait. Pire. Elle en était terrifiée. Elle préférait encore passer du temps avec les gouvernantes qui la forçaient à étudier ou à manger. Pourtant, le Mage Noir la forçait de plus en plus à rester en la compagnie de cette dangereuse femme. Plus elles étaient en contact et plus la vipère se montrait venimeuse. Parfois, le monstre lui créait de terribles migraines, qui l’empêchaient de faire quoi que ce soit : Alice se retrouvait clouée sur place, roulée en boule sur le tapis, à sangloter. Cette horrible femme semblait en tirer un certain amusement. Elle avait essayé de faire comprendre à son Maître qu’elle haïssait cette surveillante, mais il avait refusé de céder. Apparemment, c’était pour sa sécurité. Car il craignait qu’il lui arrive du mal. La femme-enfant ne comprenait pas : c’était en restant à ses côtés qu’elle souffrait ! Aujourd’hui pourtant, le serpent avait laissé ses crocs venimeux loin d’elle. Elle en avait profité pour jouer avec ses peluches. La voir se rapprocher d’elle n’augurait cependant rien de bon et elle grimaça par réflexe, s’attendant déjà à ressentir les picotements dans sa tête.

Vulpina s’accroupit face à l’adulescente. Elle la toisa un instant sans rien dire puis, lentement, pencha la tête sur le côté. Avec un sourire, elle leva la main pour replacer une mèche de cheveux derrière l’oreille de la plus jeune. « Si tu venais à disparaître… Il serait totalement bouleversé. » La vipère sentit la méfiance qu’elle inspirait à son interlocutrice. Elle était presque surprise. Elle n’était pas si idiote que cela, finalement. « Il a déjà perdu cette femme chimérique qui l’obsède tant… Aaliah… Ou Agrippina, peut importe le nom qu’il lui donne. » Elle avait mis du temps à comprendre qu’il s’agissait de la même personne, dans l’esprit du sorcier. « Cette perte l’a déjà affaibli. Je le sens. Il n’est plus le même, depuis. » Sa folie semblait s’être un peu plus développée. Le soir, l’intruse entendait son gardien faire les cent pas, parlant à des voix qui n’existaient que dans sa tête. La vicieuse en avait capté quelques échantillons en s’insinuant dans son esprit. « Maintenant, il s’accroche désespérément à toi. Tu es tout ce qu’il lui reste. Dans l'espoir de te protéger du danger, c'est à moi qu'il t'a confié. Parce qu'il me fait confiance. Plutôt, parce qu'il me pense incapable de le trahir. » Une moue déforma le visage de la blonde. Le dédain. L’amertume. « Si je suis venue le trouver, ce n’était pas pour me retrouver sous la coupe d’un homme faible. J’avais placé plus d’espoir en lui… Haa, déception, déception. » Vulpina se redressa. « Je dois partir. Cependant, il ne prendra pas la nouvelle très bien. Il est du genre rancunier. » La sorcière laissa échapper un rire glacial. « Sauf si… Il se trouve occupé avec autre chose. » D’un geste ferme, l’adulte attrapa Alice par les épaules et la força à se mettre debout. « S’il te cherche en priorité, il ne pourra pas venir après moi, n’est-ce pas ? » La concernée resta muette. Elle ne comprenait pas ce qu’on lui racontait mais pressentait que ce n’était pas dans son intérêt. « Alors, tu dois disparaître en vitesse, d’accord ? Heureusement, je ne suis pas la seule à vouloir freiner notre cher ami. Tu découvriras vite que je n’étais pas la pire. Bientôt, tu détesteras Eve encore plus que tu ne me déteste, petit chaton. »

La mage noire effectua un pas en retrait. Son visage s’était tourné vers la porte. D’un geste de la main, elle en ouvrit le battant. Une ange se tenait derrière, les yeux écarquillés, apeurée. « Tiens tiens. » Face à la nouvelle venue, Vulpina avait abandonné le masque. Elle ne semblait plus aussi bienveillante. « Le nouveau jouet. » La sorcière soupira. « Je suis étonnée que tu sois encore en vie. J’aurais plutôt parié qu’il t’aurait mis dans son assiette, depuis le temps. Tu as vraiment dû lui taper dans l’œil. » Un sourire carnassier se dessina sur les lèvres de la médisante. « Mmh… C’est intéressant. » Les mains derrière le dos, elle regagna son fauteuil. « Entre, et ferme la porte derrière toi. » L’esclave s’exécuta, malgré la terrible envie de fuir, elle ne pouvait s’empêcher de suivre les consignes données par l’ensorceleuse.  « Oui, malheureusement pour toi, tu as raison… » déclara la blonde après avoir lu dans les pensées de la curieuse. « Je ne peux pas me permettre de tuer Alice. En revanche, rien ne m’empêche de me débarrasser de toi. Et puisque tu en as déjà trop entendu… » L’ange frémit d’horreur. « Reste où tu es. » Les mots de la mage s’implantaient dans l’esprit de sa victime. Ils devenaient des ordres qui semblaient venir de sa propre conscience. Même si elle était consciente de la manipulation, elle ne parvenait pas à s’empêcher d’obéir. « Approche. » L’esclave obtempéra. « Prends ça. » La sorcière lui tendit un couteau. La gorge nouée, la servante s’en empara et observa son reflet sur la lame. Elle avait les larmes aux yeux. « Tranches toi la gorge. » L’ange se mit à trembler, de la tête aux pieds. Dans un dernier effort, elle tentait de résister. Son esprit se rebellait, essayait de luter contre l’offensive. Vulpina fit claquer sa langue contre son palet, exaspérée face à cette effronterie. « Tranche-toi la gorge. Maintenant. » s’impatienta-t-elle. Impassible, elle observa sa cible porter l’arme à son cou. Avec un gémissement plaintif, la condamnée fit coulisser le tranchant sur sa peau qui laissa dévaler un ruisseau sanguin. Le rouge éclata, giclant de partout. Une fois l’acte terminé, l’Ange lâcha l’objet et tenta vainement de refermer la plaie à l’aide de ses mains. Le sourire aux lèvres, Vulpina l’observa. Elle patienta calmement, jusqu’à ce que la sotte tombe à terre, puis perde conscience.

Alice observait la défunte. La tête penchée, elle semblait essayer de comprendre ce qu’il venait de se passer, sans y parvenir. Vulpina reporta son attention sur elle. « Approche, mon enfant. » Sage, la brunette s’exécuta et trottina jusqu’à sa gardienne, qui s’était de nouveau redressée. Passant une main dans son dos, la mage noire poussa doucement l’enfant jusqu’à une armoire dont elle ouvrit la porte. « Tu sais, cette maison recèle d’objets démesurément puissants. Je m’étonne toujours de voir qu’il n’en fasse rien. Il pourrait être tellement plus redouté s’il en usait à bon escient. » Vulpina soupira une fois de plus. « Comme je disais. Du gâchis. Déception. » Sans rien dire de plus, la parasite empoigna la femme-enfant et la força à entrer à l’intérieur de l’armoire. Ignorant ses protestations, elle referma la porte à clé. Elle patienta quelques secondes : les tambourinements cessèrent subitement. La sorcière jeta un dernier coup d’œil à l’intérieur : elle était vide. « Bon voyage… » murmura-t-elle, amusée. Retrouvant son sérieux, la Raagus appliqua sa main sur la rune de sang séchée et usa de la Valse Destructrice. Le sceau endommagé, le Dementiæ serait incapable de réutiliser ce passage.

Des coups furent donnés à la porte, forçant la comploteuse à faire volte-face. Une seconde, elle s’inquiéta qu’il eût pu s’agir de Nostradamus mais se rassura presque aussitôt : si ça avait été le cas, il ne se serait pas donné la peine de s’introduire et serait directement entré. Fermant les yeux, la sorcière sonda l’esprit de l’inconnu. Elle se détendit en reconnaissant son esclave. « Entre, Slen. » Le déchu entra. A la vue du spectacle qui s’offrait devant lui, il vacilla. Personne n’était censé mourir. Serrant les dents, il retint un juron : Vulpina le perçut cependant très distinctement au travers de ses pensées. « Un imprévu. » expliqua-t-elle simplement. « Elle en avait trop entendu. » « Vous auriez pu la forcer à garder le silence. A se taire. » « Mmh oui, sans doute. Mais ça n’aurait pas été amusant, n’est-ce pas ? » provoqua l’enfant du chaos d’un air malicieux qui fit grimacer son esclave. « Et puis, une fois partie, ma magie n’aurait pas été suffisamment puissante pour m’assurer sa loyauté. Elle aurait vendu la mèche dès qu’elle en aurait eu l’opportunité. Elle a entendu de qui je parlais. Je ne pouvais pas prendre le risque qu’il les retrouve trop facilement. Une fois qu'Alice sera de nouveau en sécurité et Eve dans une tombe, c'est après moi qu'il viendra. » La sorcière s’appuya contre le bureau, toisant l’homme. « Et puis de toute façon, la folie aurait probablement emporté Nostradamus. Je n’aurais pas été étonné qu’il finisse par la tuer et la dévorer. Finalement, le destin que je lui ai réservé était beaucoup moins cruel que celui dicté par cet homme. » « Un sort qu’il vous réservera sans doute s’il vous retrouve. Après ce que vous venez de lui faire… » « Oui. La prochaine fois que nous nous retrouverons… L’un de nous deux ne ressortira pas vivant. » admit la sorcière. « Heureusement, je compte bien vivre encore longtemps. » Le silence s'installa entre les deux complices. L’homme semblait tiraillé entre le soulagement et l’angoisse. « Bien. Si nous ne voulons pas finir découpés maintenant, il vaudrait mieux filer avant que quelqu’un d’autre nous trouve ici. » Vulpina enjamba le corps sans vie comme s’il s’était agit d’un vulgaire déchet, ses souliers imprimant une marque dans la marre d’hémoglobine qui commençait à imbiber la moquette. Sans un regard pour sa victime, elle passa un bras sous celui de son valet. « Vous ne devriez pas abuser de cette magie. » « Mmh ? » « Votre corps. Il n’est pas encore habitué. L’essence de votre hôte est encore celle d’une magicienne. Elle est plus disposée à user de magie blanche et de magie bleue. Si vous abusez de vos dons néfastes, cela pourrait vous affaiblir, et endommager son corps. » La Raagus éclata d’un rire inattendu. « C’est adorable, cette façon que tu as de tourner la chose. En t’écoutant, on croirait presque que tu te fais du souci pour moi… » Slen darda son regard devant lui, pour échapper à celui de sa Maîtresse. « Dommage que celle pour qui tu t’inquiètes réellement soit aussi peu encline à répondre à tes attentes, n’est-ce pas ? » « Je n’ai aucune att- » « N’essaies pas de me mentir, Slen. » La blonde se pressa contre le corps de son serviteur tout en lui tapotant le bout du nez de l'index. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour murmurer à son oreille. « Je sais ce qu’il se passe dans ta tête. Je connais la moindre de tes failles. N’essaies pas de jouer les indifférents avec moi. » La manipulatrice se recula. « Si tu en as envie… Je pourrais t’embrasser à sa place… Je serais douce, comme elle l’est avec Nefraïm… » Le déchu tourna la tête. Sa colère irradiait de partout, ce qui arracha un second rire taquin à celle qui l’avait provoqué.

Enfin, la tueuse baissa le regard sur sa victime. « Bien. Que la chasse commence, mon cher ami. » De sa poche, elle sortit une carte, qu’elle laissa choir sur la dépouille de l’Ange.

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