Catégorie de quête : XIX. Enquête
Partenaire : solo
Intrigue/Objectif : C'est la pagaille dans le salon de la maison Ward ! Bellada cherche à découvrir lequel de ses chats a bien pu mettre un tel désordre ! Mais le coupable pourrait bien se révéler plus surprenant.

« Alors ? Je peux savoir qui a fait ça ? Hein ? Que le coupable se dénonce, ou ma sentence sera terrible ! » Les poings sur les hanches, les sourcils froncés derrière ses épaisses lunettes et l'air outrageusement contrariée, Bellada scrutait la rangée de fripouilles alignées  devant elle, l'œil grand ouvert pour démasquer le polisson qui avait fauté.  « Aller, que quelqu'un se manifeste ! Tulipe, est ce que c'est toi ? Ou Jasmin peut-être ? Et Pâquerette, qu'as-tu à dire, pour ta défense ? Et toi, coquelicot, est ce que tu — Oh non, pas toi mon beau, quelle idée ! Tu n'étais même pas présent à l'heure du crime ! Et puis toi, tu es bien trop sage pour me faire une chose pareille, n'est-ce pas ? Oh oui, vient par-là, viens voir maman. » La magicienne se baissa pour attraper le concerné et le serra contre sa poitrine avec tendresse.  « Bon, et vous autres, hein ? » Les suspects levèrent leurs moustaches pour mieux observer la magicienne avant de continuer ce qu'ils étaient en train de faire. Tulipe se remit à lécher sa patte avant afin de faire sa toilette, Jasmin joua avec un fil du tapis et Pâquerette s'avança jusqu'aux jambes de sa maîtresse, commençant à se frotter contre celle-ci tout en faisant entendre un lourd ronronnement qui avait d'habitude des effets apaisant sur la vieille dame. Cette fois-ci néanmoins, son visage ne se détendit pas d'un pli. « Oh non non non, polissonne ! Ca ne prend pas avec moi, ce petit jeu ! Je sais que tu essayes de m’amadouer avec cette tendresse mais je ne cèderai pas ! Je veux des réponses ! Sinon, pas de pâté ! » A l’entente de leur nourriture favorite, quelques miaulements répondirent en échos à l’exigence de l’humaine. Ce n’était pas vraiment la réaction qu’elle attendait. A l’observer converser de la sorte avec ses chats, on aurait presque pu penser que Bellada attendait réellement une réponse de leur part, comme si elle s’était attendue à les voir prendre la parole et se désigner les uns les autres… La vérité n’était pas très éloignée : à force de côtoyer ses animaux de compagnie, la magicienne s’était rendue compte qu’ils étaient tous dotés d’une intelligence indéniable et la vieille dame soupçonnait qu’ils n’avaient jamais prononcé de mot devant elle pour pouvoir garder le silence lors de leurs bêtises et ne pas avoir à se dénoncer. Fourbes félins, ils étaient toujours là pour faire de mauvais tours et assurer leurs arrières. « Et toi Cactus, as-tu vu ce qu’il s’est passé ? » Le matou, allongé sur l’accoudoir du canapé, leva paresseusement la tête de ses pattes et posa ses pupilles verticales sur la silhouette dodue de sa propriétaire, sa queue balayant l’air, avant de se recoucher, ne lui portant pas plus d’attention. La personne âgée soupira, caressant machinalement le pelage rayé du chat qu’elle avait toujours dans les bras.

Lavande sauta sur le rebord de la fenêtre et poussa un petit miaulement que la commère interpréta comme un cri surpris. Elle se retourna pour voir sa fourrure blanche comme neige bondir au sol et se frayer un chemin à travers le désordre pour venir jusqu’à elle. « Oh oui, toi non plus, tu ne reconnais plus notre salon, minette ? Ce n’est pas étonnant ! Tes frères et sœurs ont mis la pagaille ! Ils m’ont retourné le salon ! » En effet, les félins avaient mis toute leur énergie pour rendre la salle à vivre méconnaissable : les chandeliers s’étaient écrasés sur le sol, ses coffres avaient été ouverts et leurs contenus déversés dans toute la pièce, les coussins et le canapé avaient été éventrés répandant des plumes qui se mettaient à voleter à chaque nouveau pas et même la tapisserie ne s’en sortait pas indemne. Pour ajouter encore plus de désordre, Bellada avait trébuché à cause du tapis qui n’était plus correctement étalé sur le sol, lâchant son plateau d’argent sur lequel étaient posées les assiettes en porcelaine dans lesquelles elle avait déposé ses gâteaux tout juste sortis du four. Les miettes et les éclats tranchants s’étaient mélangés au reste des détritus. « Mêmes mes petits enfants ne mettent pas autant de bazar lorsqu’ils viennent ici ! Et les Ætheri savent qu’ils sont doués, dans ce domaine ! Des billes, des poupées, des crayons de couleurs, tous leurs jouets s’éparpillent ! Mais jamais ils ne m’ont mis le salon dans un tel état ! Jamais ! Nom d’une chouette à plume, même Gilbel n’y retrouverait pas ses insectes, c’est pour dire à quel point ça ressemble à un dépotoir. Et dire que j’avais passé la matinée à ranger et à passer le balai ! Vous n’auriez pas pu faire les fous avant que je fasse le ménage ? Je dois tout recommencer, maintenant ! » Coquelicot s’extirpa des bras de sa maîtresse et retomba agilement sur le lit de plumes blanches. Il se mit ensuite en tête de chasser l’une d’entre elles, ce qui arracha un soupire désabusé à la ménagère. « Et dire que mes copines doivent venir prendre le thé, je vais devoir annuler. Je n’aurai jamais terminé avant qu’elles n’arrivent. A moins que je ne nous installe dehors, dans le jardin ? » Le soleil brillait haut dans le ciel, rendant la température agréable. « Sauf si vous me l’avez retourné aussi. Oh, pour vos moustaches, j’espère sincèrement que vous n’y avez pas mis le souk ! » Prise d’une certaine inquiétude, la grand-mère trottina jusqu’à la fenêtre et passa le bout de sa frimousse dehors. Elle soupira, soulagée : son jardin potager était toujours en ordre. Bégonia dormait sur une branche du pommier de son jardin, tel un gardien assoupi attendant qu’un malotru ne s’introduise sur son territoire pour sortir les griffes. Sans doute était-ce grâce à lui que les autres matous ne s’étaient pas aventurés plus loin. « Bon, vos moustaches sont sauves pour cette fois-ci ! Mais que je ne vous y reprenne plus ! » prévint la magicienne en se retournant vers les chats. Eux ne portaient toujours aucune importance à ses remontrances ce qui la fit soupirer de plus belle. « Bon, maintenant, il ne me reste plus qu’à ranger de nouveau cette pièce, n’est-ce pas ? » Un miaulement compatissant lui répondit. Faisant attention à ne pas trébucher, la grand-mère quitta le salon pour retourner dans sa cuisine.

Ses fourneaux étaient encore chaud des derniers biscuits qu’elle avait cuisinés. Ça aussi, ça avait été gâché. Elle aurait bien continué à accuser ses animaux de compagnies mais ne se sentait pas le cœur de les accabler de plus de soupçons. Et puis, sur ce coup là, elle était également à moitié fautive, si elle avait regardé devant elle, elle se serait rendue compte de ce qui l’attendait et aurait pu éviter sa mésaventure. Résignée, Bellada attrapa son bocal rempli de croquettes qu’elle fit résonner. Aussitôt, des miaulements affamés se ruèrent jusqu’à elle. « Lavande, Tulipe, Cactus, Jasmin, Pâquerette, Coquelicot, oh tiens, Pensée, où étais-tu passée minette ? Oui oui oui, patiente deux secondes, toi aussi tu vas avoir à manger. » rouspéta la mamie aux cheveux gris tout en versant les repas dans les gamelles, manquant de tomber à la renverse à cause des félins qui s’emmêlaient entre ses jambes. Inévitablement, elle avait retrouvé son sourire attendrit en voyant les pelages s’attrouper autour d’elle.

BOUM ! La Ward sursauta et laissa échapper un petit cri surpris. « Quoi ? Qu’est-ce que – » Dans le salon, un vacarme retentissant avait recommencé. Bellada crut d’abord que l’un de ses petits chouchous avait encore fait une bêtise et elle préparait déjà un nouveau sermon, mais le feulement sauvage qui suivit lui indiqua que quelque chose d’anormal se déroulait dans la pièce voisine. Le cœur battant, elle s’empara du premier ustensile à sa portée –qui se révéla être sa poêle à frire- et s’approcha silencieusement de la double porte. Là, elle glissa la tête pour voir la scène qui se déroulait mais, juste au moment où elle le fit, Bégonia bondit puis se mit à courir en zigzagant,  allant se réfugier près de ses camarades le poil hérissé, les griffes sorties et le dos rond. Il y avait définitivement quelque chose qui clochait, ici ! Ce comportement était on ne peut plus anormal ! Y avait-il un intrus, dans sa maison ? Elle n’avait vu personne mais la possibilité que l’individu se soit rendu invisible par magie n’était pas à exclure. Les animaux avaient une sensibilité particulière, il était possible que Bégonia l’ai repéré ! Et cela expliquerait l’état dans lequel son salon était – il était après tout difficile de croire que de simples chats de maison aient pu y mettre autant désordre, n’est-ce pas ? Mais qu’est ce qui pourrait pousser quelqu’un à s’introduire chez elle ? Le couple Ward n’avait pas beaucoup de moyens, ils ne possédaient que peu d’objets de valeurs, rien qu’un brigand ne puisse convoiter… Non, ce devait être quelque chose d’autre. Cachée contre le mur, la mage blanche se concentra pour essayer de trouver la réponse… Cette dernière lui vint alors comme une évidence, lui arrachant un « Oh ! » de stupeur. Ce malhonnête personnage souhait-il lui voler la recette de sa délicieuse tarte aux pommes ? Oui, ça ne pouvait être que cela ! Prenant son courage à deux mains, Bellada bloqua le passage de la porte, brandissant devant elle son arme improvisée. « Plus un geste, voleur ! Je ne vous laisserais pas voler les recettes ancestrales de la famille Boggins ! Encore moins celle de la tarte aux pommes ! Si vous osez bouger, je n’hésiterai pas à charger ! » menaça la vieillarde, l’air aussi brave qu’elle le pouvait malgré ses petits bras tremblants. Il y avait en vérité quelque chose d’un peu effrayant, voire d’impressionnant dans la détermination de cette bonne magicienne, bien décidée à défendre ses secrets jusqu’au bout. Sa vue ne trouva néanmoins aucune trace du voleur présumé. Elle patienta quelques secondes, dans l’espoir que ses pas ne fassent à leur tour virevolter les plumes échappées des coussins. Se rendant à l’évidence –soit il n’y avait personne, soit il avait décidé de rester immobile tant qu’elle se tiendrait ici- la Ward se décida à baisser sa poêle. Elle fit quelques pas en avant, les sourcils froncés, toujours sur le qui-vive au cas où une manifestation témoignerai d’un malotru venu la cambrioler. Alors qu’elle approchait de la table basse, son attention fut attirée par un étrange grattement venant de derrière les fauteuils. Prudemment, elle s’en approcha et aussitôt son regard tomba sur une étrange créature qu’elle ne reconnaissait pas. De petite taille – il devait à peine être plus gros que son poings- et recouvert d’un mélange de poils bruns et de plumes colorées, l’animal s’était recroquevillé dans l’un des coffres ouverts de la vieille dame. Pendant une secondes, leurs regards se croisèrent, ni l’une ni l’autre n’osant bouger. Puis, tout doucement, Bellada se baissa pour l’attraper avec délicatesse. « Mais qu’es-tu donc, petite bête ? » questionna-t-elle, curieuse, avec toute la délicatesse du monde. La magicienne approcha l’étrange créature de son visage pour pouvoir mieux l’examiner. C’était un drôle d’animal, extrêmement laid et repoussant. Aussitôt, le cœur de la vieille dame s’emplit d’amour pour cette curiosité de la nature, qui se mit à trembloter dans ses mains. « Oh, ne t’en fais pas, je vais prendre soin de toi… » La mamie sembla réfléchir un instant avant de se décider sur le sobriquet qu’elle allait donner à son nouveau compagnon. « Lilas. »

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