Priam et Laëth ~ Ange ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 3432 ◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes ◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Sam 08 Juin 2019, 22:19
alok yu na throu
By Jil ♪
Kyra Lemingway ~ Déchu ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 4557 ◈ YinYanisé(e) le : 22/03/2016◈ Activité : Tenancière d'un Bar à vin (rang I) ; Négociatrice (rang I) ; Brasseur (rang I) ; Reine du monde des contes à mi-temps
Mer 04 Sep 2019, 23:17
Vous qui craignez vent, pluie ou fièvres, Restez coi, mes mignons ! Au lit ! au chaud ! vous, cœurs de lièvres ; Fusil en main et rire aux lèvres, Nous, joyeux gars, marchons !
Temps frais, ciel pur, bon ! voici l'aube Qui rougit les forêts ; Partez, gibier de toute robe, A nos coups rien ne se dérobe ; L'œil au guet ! soyons prêts !
Mais garde à vous ! tout n'est pas fête, Amis, dans notre état ; L'animal n'est pas toujours bête ; Il a griffe et dents, pieds et tête ; Il fuit, trompe ou combat.
Qu'est donc la chasse ? Une bataille Moins un brin de laurier. Qu'importe au fond balle ou grenaille ? Sabre ou couteau ? gazon ou paille ? Tout chasseur naît guerrier !
Alok yu na throu
Les Réprouvés. Ce n'était pas un peuple connu pour sa finesse, surtout ceux habitant les contrées de Bouton d'Or. Pourtant c'était là-bas que Yovan se rendait. Si tôt avait-il apprit sa participation en tant que représentant Humain à l'épreuve Réprouvée qu'il avait demandé à quelques hommes et femmes originaires de Muharkel de l'aider à s'améliorer au combat. Car si ce n'était pas ça qui l'attendait à son arrivé, alors ce serait au concours de celui qui vide le plus de fûts de bière en moins de temps possible auquel il devait se préparer. Mais finalement, peut-être ferait-il mieux de ne pas tant s'avancer sur cette épreuve. Après tout les Anges avaient bien fait de la leur un duel de Champions. Personne ne l'aurait imaginé.
La traversée se passa cette fois sans trop d'encombres. Certains pensaient que ce fut grâce à la présence de Yovan sur le navire. L'élu d'Isemli avait été protégé par ce dernier, empêchant Aylidis de s'en prendre au convoi. Lui se rangea parmi les sceptiques. La Déesse était Reine sur les flots et – en admettant qu'il soit bien sous la protection de l'Aether de la compétition – rien n'aurait empêché Aylidis de s'en prendre aux autres, si ?
Dans la grange, les yeux fermés, le pommeau de sa dague reposant contre son front tel un talisman l'aidant à guider ses pensées, le Kaahi s'était plongé dans son subconscient, se remémorant les conseils qu'on lui avait prodigué le long de son voyage. Mais c'était autre chose qu'il cherchait à faire. Pendant quelques jours il s'était mis à espérer secrètement qu'elle prenne sa place. Il le regrettait amèrement. Aujourd'hui il faisait tout pour la contenir dans les tréfonds de son esprit et ne relevai la tête qu'à l'évocation de son nom. Une profonde inspiration empli d'air ses poumons avant qu'il ne se lève pour rejoindre le Bipolaire. Un sourire naquis alors sur son visage. Finalement, peut-être était-il au bon endroit pour apprendre à la réprimer.
Les cris fusaient déjà alors qu'il venait à peine de faire un pas dans l'arène installée pour l'occasion. Il n'eut pas à se poser longtemps la question sur ce qui serait son adversaire. La bête apparu peu de temps après lui sous les hurlements des Réprouvés, avançant à pas lents, pour finalement s'arrêter à quelques pas à peine des portes qui se refermaient derrière elle. Le borgne n'avait pas la moindre idée de ce que pouvait être cette créature. Néanmoins, elle devait être suffisamment dangereuse pour qu'elle soit proposée dans cet affrontement internationale. Pourtant elle n'avait rien d'impressionnante au premier coup d’œil. Elle n'était pas imposante – elle devait faire la taille d'un grand loup, un peu plus peut-être –, n'avait pas d'immenses griffes acérées ou des crocs étincelants qui semblaient prêt à déchiqueter la moindre créature qui passait par là. Cependant elle dégageait quelque chose d'inquiétant, c'était certain. Quelque chose qui ne mettait pas l'Humain en sûreté. Et pourtant il avait eu l'occasion d'en voir des monstres effrayant à Taelora qui n'avaient rien à envier à ceux peuplant le Continent Naturel. Il en avait d'ailleurs fait les frais dès sa première nuit là-bas.
La main sur le pommeau de son épée, Yovan fixait l'animal qui avait à peine avancé de quelques pas depuis son arrivée. C'était à peine s'il s'intéressait à lui, tournant sa tête rapidement à gauche, puis à droite, en direction du public Réprouvé les encerclant la créature et lui. Qu'est-ce qu'il se passait ? Pourquoi agissait-elle ainsi ? Il ne comprenait pas. Se préparant à toute attaque de l'animal, – dans le cas contraire il réagirait le premier, ce qui lui donnerait l'avantage, en théorie – Yovan sortait son arme de son fourreau dans un glissement métallique. La bête arrêtait alors brusquement son regard sur lui. Il était livide, comme si aucune âme n'habitait ce corps. Le cœur du Kaahi commençait à battre rapidement, sentant que quelque chose avait changé. Il fit un pas de côté, afin d'être plus stable sur ses appuis, puis se tendit brutalement, brandissant son arme face à lui alors que résonnait dans l'air un crissement sonore, contact fracassant entre les griffes sombres de l'animal et le métal froid de la lame de l'Humain. La bête, à plusieurs mètres, le fixait, de nouveau immobile. Yovan, le souffle coupé par la surprise de cette attaque éclair, faisait de même. C'était à peine s'il avait eu le temps de le voir s'approcher puis s'éloigner. C'était à peine s'il avait eu le temps de parer le coup que celui-ci lui avait donné, l'empêchant d'atteindre ses organes vitaux, mais se retrouvant malgré tout avec la cuisse en sang. Que pouvait bien être réellement cette bête ?
La créature ne lâchait pas des yeux le Kaahi tout en commençant à lui tourner autour de ce même pas lent avec lequel il avait pénétré l'arène. C'était incompréhensible. Yovan tournai le visage pour le suivre de son œil valide. Et alors il fut saisi d'un éclair de génie. Sa physionomie, sa façon de se comporter. Cette bête devait être aveugle, tout du moins mal voyante. Ce devait être une de ces créatures de la nuit, furtives et invisibles, qui repartaient lorsque l'on se rendait seulement compte de sa présence. Soudain il songea aux hommes qui avaient fait la rencontre de l'animal dans ces conditions afin de pouvoir le capturer et il comprit que, oui, il ne valait mieux pas être sur son terrain de chasse. Finalement il eut un déclic. S'il laissait la créature l'attaquer en premier, il finirait perdant, c'était certain. Mais à peine eut-il cette pensée que cette dernière poussait un hurlement à glacer le sang avant de disparaître à nouveau dans un nuage de poussière. Par réflexe, Yovan reculait de quelques pas. Un réflexe qui le sauvait de l'attaque de la bête. Aussi en profitait-il pour contre-attaquer maintenant qu'elle était à porté de son épée. Tenant fermement son arme, il tranchai l'air dans un cri, de bas en haut, avec un mouvement ample. La lame ne rencontrait cependant que le vide, la bête ayant déjà prit les devants après avoir entendu les pas de l'Humain. Le voyant se précipiter sur lui, Yovan lâchai son épée avant qu'elle ne termine son mouvement, celle-ci tombant dans un fracas métallique et poussiéreux, afin de rendre plus de dextérité à son bras. Pourtant il n'aurait pas le temps de le dégager avant que l'animal n'arrive sur lui. Aussi il décida de l'utiliser pour faire rempart entre son corps et la créature, tandis que, de sa main de libre, il se saisis de son khanjar dans son dos. La bête lui atterrit dessus dans un bond, faisant tomber lourdement l'Humain au sol dans un râle de douleur. L'animal lacérait son bras de ses griffes et de ses crocs, essayant de pénétrer cette unique défense, avant de finalement chercher à atteindre la gorge du Kaahi, fragile partie d'un corps trop peu entraîné.
Le souffle fétide de la bête trop proche de son visage lui intima qu'il fallait réellement qu'il agisse. Maintenant. Il réussit à dégager sa dague et portai un coup vif au flanc de l'animal qui s'écartait de lui avec un hurlement plaintif. Le souffle court, Yovan se relevai le plus rapidement qu'il le put, les vêtements de ses membres en lambeaux. Il comprenait à présent comment il avait pu les déchiqueter ainsi lors de sa première attaque. Qu'il s'agisse des pattes avants ou des pattes arrières, les griffes de l'animal sont bien plus longues et aiguisées qu'elles ne le paraissent. Et ce dernier n'hésitait pas à se servir de tout ses membres pour agripper et écorcher sa proie. L'animal poussait un nouveau cri. Cette fois il sembla au Kaahi y percevoir une forme de colère. Il avalait difficilement sa salive. Son bras le lançait terriblement, comme si on était encore en train de charcuter sa plaie vive. Ses jambes sanguinolentes lui donnaient la sensation qu'on était en train de brûler chacune des parties de sa peau. Il avait l'impression qu'il allait s'effondrer à chaque seconde qui passait. Il ne devait pas. Il essuya la lame de la dague d'un revers de manche. Il avait encore une dernière carte à jouer.
Il décida de mener l'assaut cette fois-ci. Il changeai alors sa dague de main et dégainai son épée courte, puis se précipitai dans un cri, destiné à lui donner plus de force, vers la bête. Cette dernière poussait un nouveau hurlement terrifiant, et se jetai sur l'Humain. A nouveau il eut du mal à rivaliser avec la vitesse de la créature, d'autant que cette dernière l'attaquai dans son angle mort. Il ne la remarquait qu'à l'instant où son grognement lui parvenait à quelques centimètres de son oreille. Sentant le danger imminent de la situation, son cœur ne fit qu'un bond. En plein élan, il était trop tard pour se protéger. Au final, le borgne s'arrêta brusquement puis se décala légèrement sur le côté et, d'un geste rapide, fendit l'air avec l'épée Naine. Le tranchant de la lame lacéra le ventre de la bête qui le fit savoir dans un gémissement de douleur en allant s'effondrer à quelques pas de l'Humain, alors que lui-même serrait les dents tandis que le sang coulait en une sinistre rivière carmin le long de sa tempe gauche. Il avait eu de la chance. Ça s'était joué à quelques centimètres pour que l'animal le rende infirme de son unique œil valide, le faisant passer de seulement borgne à officiellement aveugle. Il n'aurait pas donné longtemps de sa peau au milieu de cette arène si ça avait été le cas. D'ailleurs, en poussant un peu la réflexion, il ne tiendrait plus longtemps si ce duel devait s'éterniser ainsi.
Le Kaahi se lançai une nouvelle fois vers l'animal, prêt à l'accueillir cette fois-ci. Pourtant il fut une nouvelle fois surprit. Car alors qu'il s'était préparé à la vitesse fulgurante de la bête, cette dernière ne réagit pas, se contentant d'esquiver son attaque de façon bien moins vive qu'elle ne l'était auparavant. Il avait enfin réussi à la blesser suffisamment pour qu'elle ait la vitesse d'un animal standard. Ils étaient enfin à égalité, plus ou moins. Ils étaient comme deux prédateurs agonisants, chacun attendant la faille chez l'autre pour l'achever. Mais Yovan ne pouvait pas attendre. Il avait déjà perdu trop de sang pour sa propre bonne santé, et s'était un miracle qu'il arrive encore à tenir ses armes tout en restant debout. Il reprit son assaut, enchaînant les coups d'épées, chacun esquivé par la créature. Jusqu'à ce que cette dernière profite d'un instant de faiblesse du borgne pour essayer de lui sauter à la jugulaire, tandis que ce dernier s'effondrait le genoux au sol, en appui sur le pommeau de l'épée plantée dans la terre. Dans un mouvement irréfléchi, à la vue de la bête et de ses sombres crocs apparents prêts à lui déchiqueter la nuque, Yovan se saisi de son khanjar. Il ne put que réceptionner l'animal, ce dernier lacérant son torse de ses griffes, pourfendant ses cuisses déjà sanglantes de ses précédant assauts, plantant ses crocs dans la chair de son cou, lui arrachant ainsi un hurlement de douleur... Avant de les retirer vivement pour pousser un jappement, résultat de la dague plantée profondément dans son poitrail. Après avoir de nouveau laissé s'échapper un râle de souffrance, le Kaahi prit une profonde inspiration afin de rester encore conscient quelques minutes. Juste le temps de sortir de l'arène. Puis, après une seconde inspiration, il réunit toutes les forces qui lui restaient pour arracher la lame au corps de l'animal, déchirant une partie de ses organes internes au passage. Il observa un instant la plaie. Elle était profonde. Le cœur ne se situait pas loin. Peut-être ne devait-il pas l'avoir touché, mais il n'était pas impossible qu'une artère ait été lacéré.
Yovan se relevait avec difficulté, la main sur son coup. La bête n'avait pas manquée son coup non plus. Peut-être le combat finirait-il sur une égalité ? Il espérait que non. En fait, non. Il allait gagner.Car même s'il perdait la vie hors de l'arène par hémorragie, il achèverait la bête et ne la laisserait pas plus longtemps subir son agonie. Il se pencha alors sur la créature – elle paraissait soudain bien fragile – et d'un geste sec plantait son arme dans le cœur de la bête, le perforant d'un trou qui lui était cette fois-ci létal. Cette fois, c'était fini. Comment l'avaient-ils nommés déjà ? « Dambor'Vul... ».
La première fois que j’avais posé mon regard sur cette créature, la seule pensée qui me traversa l’esprit fut de considérer cet animal comme un savant mélange entre un fauve et un insecte. Sa silhouette et sa stature étaient celles d’un quadrupède qui courrait beaucoup, et qui courrait vite. Pourtant, il n’avait ni pelage, ni écaille, sa peau n’étant constitué que d’une épaisse couche d’épiderme pour recouvrir ses organes et ses muscles. Cela étant dit, des appendices plumeux s’étendaient le long de ses épaules, donnant l’impression qu’il avait une paire d’ailes constamment repliée le long de sa taille. Son crâne, au contraire de son corps qui possédait une harmonie de couleurs sobres et variées, était d’un noir opaque et reluisant, l’aspect « insecte » de son physique se concentrant principalement à cet endroit de son anatomie. Des yeux à facettes enfoncés à l’intérieur d’un crâne protégé par une solide carapace, une bouche qui se terminait en pointe et qui s’encadrait de mandibules et de maxilles propres aux arthropodes, la créature avait de quoi être repoussante, les Réprouvés l’ayant nommé Nin’Eist pour une raison particulière, puisqu’à l’instant où elle ouvrait sa gueule, ce n’était pas que sa morsure et sa bave qui brûlaient les membres de ses proies, lorsqu’elle transperçait la chair de celles-ci par ses mandibules, elle expirait également une haleine écœurante, aussi fétide que l’odeur d’un cadavre en décomposition ou d’un poisson mal salé que l’on aurait oublié au Soleil; à en réveiller les morts.
De cette créature, je ne savais rien au moment où j’avais esquissé mes premiers pas dans l’arène, écoutant les grilles se refermer derrière nous, qui sonnaient le glas du combat. J’avais appris, à mes dépends, à connaître son fonctionnement, à prévoir ses mouvements et à contrer, du mieux que je le pouvais, le moindre de ses assauts, mais le Nin’Eist était aussi véloce que sournois, ses attaques s’accordant tantôt à mon style de combat agressif, tantôt à mon style passif. Après des tâtonnements, quelques menaces pour intimider l’autre, je finis par empoigner plus fermement ma hallebarde, ancrant mon pied d’appui au sol pour foncer à toute vitesse en direction de mon adversaire. Ce dernier poussa un cri suraigu, son corps bougeant de lui-même dans des bonds agiles et précis, bien décidé à marquer le premier – et véritable – assaut par un choc terrible et terrifiant, la hache de la hallebarde rencontrant, dans un bruit fracassant, la carapace frontale de la créature. Le son résonna, vibra, remonta tout le long de mon bras et excita les sens des spectateurs qui se mirent soudainement à crier face au lancement des hostilités. La main tremblante autour du manche de mon arme, je reculais d’un pas, bien décidé à fracasser le crâne de la créature qui tentait, par des mouvements larges et brusques, de repousser mes attaques. Mais je concentrais mon offensive sur sa tête, tentais de feinter un assaut pour mieux pénétrer sa défense et ainsi atteindre sa nuque. Cependant, à chacune de mes initiatives, l’animal bougeait de manière à m’empêcher de le blesser gravement, plaçant son front comme bouclier devant chacune de mes trajectoires. Si je parvins à ouvrir l’une de ses épaules et à écorcher son flanc droit, je compris néanmoins qu’il ne servirait à rien de l’attaquer de front, toutes mes tentatives n’étant venu, à aucun moment, à égratigner la carapace du monstre.
Je m’étais alors reculé d’un pas sautillant, l’animal profitant de notre bref éloignement pour répliquer immédiatement. Sa bouche s’étira monstrueusement, me laissant voir la grandeur de sa gueule, le tranchant de ses mandibules, mais surtout, je fus frappé de plein fouet par l’odeur atroce et pestilentielle qui s’échappait de sa gorge. Mon corps se figea une seconde, un haut-le-cœur m’étranglant. Mais cette seconde lui permit de percer et de briser ma garde, sa tête s’enfonçant violemment à la hauteur de mon ventre. Titubant, je voulus m’écarter, mais la bête s’était déjà stabilisée, ancrant ses griffes au sol avant de m’envoyer un nouveau coup de boule en se propulsant dans ma direction. Je perdis pied, mon corps tombant dans le sable et l’escarbille de la zone de combat. Et la créature, elle, bondit sur moi, gueule ouverte. Je retins ma respiration, prenant une poignée de sable que je lui lançais au visage. La bête siffla, tomba de plein fouet contre ma poitrine, un gémissement s’extirpant de sa gorge. J’évitais à mon visage de se fracasser contre cette épaisse carapace, interceptant la tête de l’animal à l’aide de mes mains. Sans ménagement, je me dégageais de sous son poids, portant avec fracas mon genou au niveau de son abdomen, le repoussant de toutes mes forces en le balançant sur le côté. À son tour, l’animal chuta, s’écrasa, roula. Je me redressais, l’odeur de son haleine faisant tourner ma tête alors que je me penchais légèrement, rattrapant la hallebarde que j’avais échappé au moment de ma propre chute.
C’était ma chance : un ennemi à terre était toujours une opportunité pour frapper. Et c’est ce que j’avais appliqué, me redressant rapidement pour me propulser sur l’animal qui s’était à peine relevé. Et pourtant, malgré sa posture précaire, la créature parvint à éviter mon coup, ses ailes vibrant doucement, prises d’une soudaine agitation dans l’élan. Je freinais mon pas, dérapais sur le sable, avant de réitérer l’attaque, la bête se frottant nerveusement le visage, du sable dans les yeux. Et malgré cela, malgré son inattention, elle évita de nouveau, comme guidée par un instinct, un sixième sens. Je me laissais brièvement glisser sur le sable du terrain, pivotant dans le même mouvement pour refaire volte-face. Que s’était-il passé? J’étais pourtant certain de le toucher, le secret du Nin’Eist se révélant soudainement à moi lorsque je perçus la vibration qui agitait faiblement ses appendices. Ce n’était pas dû à ses déplacements, et encore moins au vent. Je pris quelques secondes pour réfléchir, braquant mon regard sur ma proie. Cette dernière secoua sa tête, relevant les yeux, ouvrant sa gueule. Et fonça sans une once d’hésitation.
Une griffe sur ma droite, que je bloquais avec l’une des lames de mon arme. Dans le même mouvement, je portais tout mon poids sur mon flanc gauche, balayant l’animal avec le manche de la hallebarde. Le bois s’enfonça dans la côte du Nin’Eist qui cracha, sa salive éclaboussant sur mes mains et mon bras droit. Je poussais un cri, la chaleur de la bave brûlant la peau qui était exposée, mes mains serrant encore plus fort la hallebarde. Mes jointures se contractèrent. Malgré les brûlures, malgré la douleur, je poursuivis mon offensive, étirant ma jambe gauche pour coller un coup de pied au visage de la bête. Et sa mâchoire s’agrippa à ma jambe, ses mandibules se fichant dans ma chair. C’était un acte désespéré de l’animal, un geste d’instinct qui l’avait amené à s’accrocher à moi, mais non le moins inefficace, puisqu’en un instant, un éclair de douleur traversa l’intégralité de ma jambe, la salive brûlante de la bête coulant sur ma peau. Ma concentration se fractura, alors que j’écrasais mon pied sur l’animal, qui tint bon, ses griffes se plantant désormais dans ma cuisse. Presque aussitôt, les hurlements de la foule reprirent de plus bel au cœur de l’arène, dans une bruyante cacophonie qui éclatait entre un désordre furieux et un vacarme d’acclamations. La clameur était tonitruante, le sauvage et la passion des cris rehaussant notre frénésie du moment, l’adrénaline s’invitant sans demi-mesure à l’intérieur de nos corps tandis que nous nous échangions un rictus : moi, dans un sourire carnassier et la bête, dans un grognement guttural, alors qu’il tentait de se relever, ses griffes s’enfonçant davantage dans ma cuisse, le sang coulant de mes blessures.
Puis, sans crier gare, deux ailes apparurent dans mon dos, passant au travers mes vêtements pour s’étendre de toute leur envergure. Envoyant un second coup dans le ventre de la bête qui essayait de s’échapper de sous mon pied, je me propulsais dans les airs, l’animal toujours accroché à ma jambe, qui se mit à paniquer. J’avais un mal de chien, l’envie d’user de la Magie Blanche pour réduire temporairement l’effet de la morsure me traversant brièvement l’esprit. Cependant, les règles étaient formelles et c’est pourquoi, sans plus attendre, je me mis à faire une boucle dans les airs, au-dessus de l’arène, avant de fouetter ma jambe de toutes mes forces en direction de la terre, l’élan que je me donnais grâce à la boucle envoyant valser l’animal jusqu’au sol. La bête hurla, le coup sec et fort l’ayant forcé à lâcher prise. Il chutait. Vraiment vite. Mais je ne lui laissais pas le temps de rejoindre le sol que je me précipitais sur lui en deux battements d’ailes, collants mes appendices contre mon corps pour augmenter mon accélération. La pointe de la lance de ma hallebarde vers l’avant, j’expirais un grand cri de guerre avant que, dans un énorme soulèvement de sable et de poussières, nos corps disparaissent. Le silence se fit durant plusieurs secondes, alors que l’escarbille du terrain retombait doucement contre la surface du sol.
Au-dessus de ma proie, je me tenais debout, ailes grandes ouvertes, ma hallebarde enfoncée au sol, alors qu’il était possible de voir que les lames avaient transpercé de part en part l’abdomen de la créature. L’excitation palpitante des spectateurs explosa presque instantanément, tandis que je m’appuyais péniblement contre le manche de mon arme. Un sourire satisfait flottait sur mes lèvres, mais je sentais à peine ma jambe qui s’était fait mordre, de la peau brûlée entourant mes blessures.
« Bravo pour ton combat, mon frère! »
J’acquiesçais d’un hochement de tête, à peine vigoureux, gratifiant Isley et les deux autres soldats d’un sourire alors que mon pied valide et mon arme me traînait lamentablement contre le sol.
« Comment va ta jambe?
- Elle a connu des jours meilleurs, soufflais-je alors que, consciencieux, Edmund me tendit son épaule pour que je puisse m’en servir comme soutien.
- Et ton bras? »
Isley se mit à détailler ce dernier, les signes de brûlure encore bien visibles.
« Juste… J’aimerais que l’on rentre à l’auberge. J’ai… vraiment… mal… »
Et avant même d’avoir pu cibler ce mal, ma tête s’alourdit, mon cou peinant à le maintenir en place. Mes paupières se refermaient lentement devant mes yeux tandis que mes jambes, je les sentais, ployaient sous mon poids. Je n’avais même pas conscience de ce qui m’arrivait que je m’évanouie contre l’épaule de mon frère d’arme. En panique, Edmund me rattrapa avant que je ne tombe au sol, et se tourna rapidement vers Hiddleston et mon jumeau.
« Dépêchons-nous de rejoindre l’auberge pour nous occuper de ses blessures. »
Tout le monde acquiesça.
◆ 1 778 mots | Bête : Nin’Eist (Morsure Putride/Puante) J’ai posé la question à Priam à propos de l’utilisation des ailes et c’était OK Merci pour l’organisation de cette CDN
La clameur de la foule et des combats résonnaient jusqu'à eux. Artio laissait son regard balayer les autres concurrents. Qu'est ce qui lui avait pris d'accepter de participer ? D'accord, il voulait prouver que Raeden Liddell avait fait une erreur en ne restant pas Eversha et que lui-même pourrait être meilleur que son original ne l'avait été dans ce peuple. Mais là, il avait peut être poussé la chose un peu trop loin. La crainte de la mort l'habitait. Il se demandait s'il en était de même pour les autres représentants des autres peuples. Comparé à certains, il avait l'impression d'être un insecte tellement ils dégageaient de prestance et de calme. Il se demandait si le fait d'avoir la tronche d'un homme célèbre avait joué dans la décision de le choisir. Il ne savait pas s'il voulait réellement connaître la réponse en vrai. Il fallait qu'il arrête de penser à tout ceci et qu'il se concentre sur ce qui l'attendait quand ça serait son tour. Il ne voulait pas mourir aujourd'hui alors qu'il n'avait encore rien fait de sa vie.
Artio Creeks ! C'est votre tour !
Plongé dans ses pensées, l'Eversha n'entendit pas le premier appel. Ni même le second en réalité. Ce fut seulement lorsqu'une ombre dégageant de la colère vint se placer brusquement devant lui qu'il sursauta et revint à la réalité. Il bafouilla quelque chose d'incompréhensible – certainement pour s'excuser ou se justifier – mais finit par se taire et simplement suivre le Réprouvé. Plus il approchait de l'arène, plus son appréhension montait. Il aurait tellement aimé être déjà en plein combat, en pleine action. Au moins, l'adrénaline coulerait à flot et il n'aurait plus le temps de psychoter comme il était en train de le faire présentement. Juste avant de le faire rentrer, ils lui firent choisir une arme. Il aurait préféré pouvoir utiliser la magie et se transformer en ours mais les règles étaient ainsi fait. Le choix des armes était important. Cependant, il était bien incapable d'utiliser correctement bon nombre des objets proposés. Il rabattit donc son choix sur une hache à double tranchant. Ce n'était pas tout à fait celle qu'il utilisait couramment mais au moins, il savait plus ou moins s'en servir.
Il jeta un dernier coup d'oeil derrière lui, comme le dernier regard du condamné au monde des vivants, comme un adieu. Il était vraiment pessimiste à cet instant. Il ne voulait pas mourir mais il se savait être loin d'être aussi puissant que son homologue même s'il voulait montrer à ce dernier qu'il pouvait faire mieux. Peut être était-ce là l'occasion rêvée de le montrer ? Il fallait qu'il se ressaisisse et vite car les grilles venaient d'ouvrir et que le monstre qu'il devait affronter s'élevait devant lui. Mais c'était quoi ce machin ? On aurait dit un croisement entre une murène et un aigle. Et visiblement, cela avait la capacité des deux êtres parce que tandis qu'il prenait légèrement son envol, un arc électrique parti de ses ailes et fondit droit sur l'homme-ours. Ce fut l'instant de survie qui sauva Artio plus qu'autre chose. Avant même qu'il ne s'en rende compte, il avait fait un bond en arrière alors que la foudre venait frapper exactement là où il se trouvait quelques secondes plus tôt. Il l'avait échappé belle. Les poils de ses bras en étaient tout hérissés.
L'Evergrim resserra ses mains sur la poignet de sa hache. Il avait les paumes moites de sueur. Sa capacité de réflexion était au niveau de ses chaussettes et son trouillomètre au maximum. Il fonça donc ni plus ni moins dans le tas en poussant un cri bestial. Sa première attaque fut comme un coup d'épée dans l'eau. Le Klin'Eol avait juste eut besoin de battre légèrement des ailes pour prendre de la hauteur. L'air grésilla autour de lui. L'une des têtes de la bête avait tendu son cou en avant, refermant sa mâchoire sur son bras. La décharge qui parcouru Artio lui roussi plus d'un cheveux et il se retrouva au sol, en train de convulser. L'ombre de l'animal le recouvrait entièrement, l'écrasant presque de tout son poids. Il ne pouvait que voir la mort s'approchait de lui sans possibilité de réagir. Au loin, en arrière plan, comme à travers de la ouate, il entendait les Réprouvés siffler et huer, hurler, maudire et applaudir. Le monstre se posa au dessus de lui. L'ours polaire n'était qu'un fétu de paille entre ses serres. Sans réfléchir, mu par la peur, Artio balança son bras en avant. Le poing de ce dernier étant toujours refermé sur le manche de la hache, le tranchant de l'arme vint s'encastrer dans l'une des pattes de la bête.
Le cri de douleur de cette dernière retentit. Elle battit des ailes pour s'éloigner du danger. Lorsqu'elle voulut reprendre ses appuis un peu plus loin, elle faillit s'écrouler sous son poids. Le tranchant de la lame était bien aiguisé et avait quasiment entièrement coupé le membre. Même si cela avait eu pour mérite de l'affaiblir énormément, ça avait aussi exacerbé sa colère. L'Eversha se redressa difficilement. Son corps était encore parcouru de soubresauts et sa démarche était loin d'être assurée. Il n'avait même pas la force de soulever la hache et préféra donc la laisser traîner au sol tandis qu'il se dirigeait vers son adversaire. Rassemblant toutes ses forces, il la souleva pour l'abattre sur l'une des ailes de la bestiole. Il ne voulait pas que cette dernière prenne l'avantage en s'envolant. Même s'il n'était pas certain d'avoir la force de la battre au sol, il était sur d'avoir plus de chance que si elle prenait les airs. La Bête était furieuse. Elle balança ses têtes en avant, faisant tomber une pluie d'éclair autour d'elle. Les options de l'homme n'étaient pas nombreuses et il se jeta en avant, entre ses pattes. Un éclair frappa l'arme à l'instant où cette dernière pénétrait la chair tendre du ventre du monstre et que ses têtes se refermaient sur l'épaule, le bras et le flanc droit d'Artio.
Le choc envoya valdinguer l'être à plusieurs mètres de là. Son cœur palpita, rata quelques battements avant de s'arrêter. Les secondes s'égrenèrent, donnant l'impression d'être des heures. Puis l'homme-ours prit une grande inspiration en se redressant à moitié, toussant et se tenant douloureusement la poitrine. Son regard dérivait autour de lui, n'arrivant pas vraiment à se fixer quelque part. Il finit par s'arrêter sur la masse inerte un peu plus loin. La bête était morte. La dernière attaque lui avait ouvert les entrailles et le coup électrique l'avait fini en faisant griller le tout à l'intérieur. Les yeux de l'Eversha roulèrent et il bascula en arrière, évanoui.