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 [A] - La délivrance

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Ven 01 Mar 2019, 12:34



La délivrance


Catégorie de quête : A. Intrigue de race
Intrigue : Le temps est venu pour Byzance de sortir de sa prison.

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Cela faisait plusieurs jours que Vräska n’était pas réapparue dans sa chambre. Byzance ne s’en inquiétait pas vraiment, partagé entre une souffrance physique qu’il n’arrivait pas à s’expliquer – du fait de son absence de corps – et une souffrance morale latente, agrémentée de commentaires plus ou moins acerbes des voix qui hantaient son esprit. « Elle aussi nous a abandonné… ». « Nous n’aurons plus jamais d’amis… ». « Nous n’avons jamais eu d’amis. ». « C’est bien la faute de Byzance ! S’il ne s’était pas suicidé, s’il avait bien voulu exister au lieu d’être lâche, nous aurions pu avoir des amis ! Mais non, monsieur n’en a fait qu’à sa tête, sa tête de raté ! ». L’homme avait essayé, une fois, de rétorquer quelque chose. Seulement, la situation était devenue bien pire. En réalité, nul son ne sortait d’entre ses lèvres mais elles savaient ce qu’il se tramait dans son cerveau, de quoi il les accusait. Elles savaient quand il essayait de leur résister. Et, dans ces cas-là, elles devenaient encore plus virulentes. Il se contentait donc, depuis, de les écouter l’accuser, l’humilier, l’attrister, le dégoûter et lui rappeler sa réalité, une réalité que personne ne souhaiterait posséder.

À plusieurs reprises, les parents de Vräska étaient venus dans sa chambre, non pour fouiller dans ses affaires mais, sans doute, pour se rassurer. Leur fille leur manquait et ils espéraient que rien de mauvais ne lui était arrivé. Ce n’était pas commun, qu’elle parte loin d’eux. Ils n’avaient pas les moyens de lui offrir des voyages. Ils étaient contents qu’elle soit entourée et qu’elle ait trouvé une amie comme Shän, capable de la sortir de son quotidien. Ce genre de scènes, bien qu’émouvantes, produisaient des ravages sur Byzance. Il n’avait jamais eu de parents, jamais personne pour l’aimer. Devaraj avait jeté ses clones hors de l’Île Maudite dans un objectif obscur. Il aurait pu se rapprocher des autres, c’est vrai, de Dasaälm ou bien de Râmses. Seulement, il n’en avait pas eu le courage, pas eu la force. Il s’était vite senti minable, nu, vide, sans aucun objectif de vie. Il s’était vite envisagé comme une aberration, comme n’ayant pas le droit d’exister, comme un être maudit. Alors il avait commis l’irréparable, vite, pour en finir avec tout ceci. Il ne voulait pas être un pion, il ne voulait pas dépendre du bon vouloir de l’original, il ne voulait pas comprendre sa situation. Il avait fui, il s’était montré lâche. Il en payait le prix depuis si longtemps, maintenant… Le temps semblait s’être arrêté, passer si lentement que chaque seconde correspondait en réalité à une éternité. Pris au piège, les voix ne cessaient de répéter – en substance – la même chose. Parfois, lorsque Vräska était présente, elles évoluaient, changeaient de refrain, mais c’était toujours pour la comparer à lui, lui rappeler à quel point il ne valait rien. Pris dans une fatigue constante, il n’avait pas la force. Il se sentait tel un condamné au pied duquel ses bourreaux avaient attaché un boulet. Il se sentait couler, doucement mais surement, au fond d’abysses sans fond. Tout ceci était insupportable. Il n’était plus personne, qu’une horrible créature. Envisager le futur lui paraissait affreux parce qu’il était convaincu qu’il resterait ici pour toujours, que rien ne changerait. Le pire au quotidien, la douleur à l’infini ; rien que d’y penser, la chose lui donnait le vertige. Il pensait finir par s’évanouir, finir par dormir d’épuisement, mais non. L’épuisement devenait, chaque jour, de plus en plus grand. Le malaise grandissait, encore et encore, sans que jamais son non-corps ne l’abandonne dans un état d’inconscience salutaire. Pourquoi ? « Pourquoi ? Je l’ignore. Et si je ne le sais pas, c’est sans doute parce que personne ne veut que je le sache. Mais si cela se trouve… là est la clef. Par les Ætheri… Si nous ne trouvons pas la réponse, rien ne changera. Je ne veux pas rester ici ! Si nous restons ici, nous serons à jamais malheureux ! Que faire ? Oh mais que faire ? ». La voix était rapide, ponctuée d’une respiration angoissée. « Tu n’es pas capable de comprendre, Byzance. Tu n’es rien ! Tout ceci, c’est ta faute ! ». « Nous ne sommes pas capables… » répéta une autre voix. Pourtant, quelque chose avait changé. Byzance venait de comprendre une nuance. Était-ce un espoir ou de la folie ? Il n’aurait su le dire. D’un côté, il savait que sa souffrance l’avait changé, qu’il délirait, sans doute, mais de l’autre, cela ne lui avait jamais traversé l’esprit. « Je meurs, je meurs, je meurs ! » fit celle qui répétait toujours la même chose. Non. Justement. Il n’était pas mort. Il ne le croyait pas. « Si, nous sommes morts… » fit la triste avant d’éclater en sanglot. Non. Non. Non ! Byzance sentait quelque chose. Il sentait qu’il y était presque, qu’il touchait du doigt un concept non identifié jusqu’ici, comme s’il venait de découvrir une nouvelle porte, menant à une pièce qu’il n’avait jamais encore visité. Il n’était pas mort, ce n’était pas possible. Il était juste ici, en attente. En attente de quoi ? « Les sadiques font attendre leurs victimes mais tout le monde sait que la viande a un meilleur goût lorsque l’homme à qui elle appartient meurt en paix. J’aimerais bien tuer un enfant et manger sa chair… ». « Beaucoup d’enfants meurent jeunes… ». « Je suis fatigué de réfléchir. Je ne veux pas. Laissez-moi, seul, dans un coin. ». Un instant, Byzance crut perdre sa trouvaille mais il se fit offense. Il ne devait pas les écouter. Il était ici pour une raison. Au fil du temps, il réussit à s’en convaincre. Quelque chose lui manquait, une pièce du puzzle, un élément qu’il ne pourrait comprendre seul. Néanmoins, il savait. Il savait que tout changerait, que ceci n’était qu’un état passager.

Alors, comme une bête gigantesque qui se rend compte qu’elle a avalé du poison et qui relâche sa proie dans un élan baveux, les ombres projetèrent le corps de Byzance sur le sol.

« Que ? » fit le concerné avant d’être pris d’une quinte de toux. Il avait à peine réalisé son état que son physique le trahissait déjà. Il se sentait étonnement lourd. Il essaya mais ne put de lever, comme si une force surhumaine le clouait au sol avec un plaisir manifeste. Ses muscles lui semblaient endoloris voire atrophiés. Sa respiration était difficile. Son ventre se mit à gargouiller comme jamais il n’avait gargouillé auparavant. Il avait mal partout, à la tête, au sein de ses entrailles. Il avait envie d’uriner et de déféquer. Il se sentait mal, affreusement mal. Il fit sur lui, ne pouvant se retenir plus longtemps. Ce fut douloureux, comme si on lui avait enfoncé une aiguille dans l’urètre, comme si la nourriture qu’il avait ingérée jadis était devenue du béton. Il n’en pouvait plus. Il se mit à sangloter, incapable de bouger, prostré sur son propre état. Les voix étaient silencieuses, cependant. Il les avait totalement oubliées, pour l’instant. Il se sentait encore plus miteux.

Il dut attendre que le soleil décline pour réussir à ramper jusqu’au lit de Vräska. Il savait qu’elle gardait toujours des biscuits secs dans une boite en fer. Tel un nouveau-né, il se déplaça avec difficulté, chaque mouvement représentant une nouvelle épreuve, une nouvelle douleur. Ouvrir la boite fut horrible et lui prit un temps considérable. Mâcher lui provoqua des sueurs froides et il rendit le peu qu’il avait avalé presque instantanément, les relents acides de son estomac lui brûlant la trachée et la gorge. Il se mit à trembler. Qu’avait-il fait ? Était-ce une délivrance ou une nouvelle étape, venant s’ajouter au supplice déjà existant ? Totalement dénudé, incapable de bouger, il se noyait presque dans sa morve et ses larmes, son visage déformé essayant de croquer comme il pouvait, essayant d’oublier le crissement de ses dents et la morsure du biscuit sur ses gencives trop fragiles. Il finit par sombrer dans l’inconscience, une infinité de cauchemars qui ne le laissèrent jamais en paix.

Quand il se réveilla, Byzance se trouvait dans un autre endroit, une autre chambre. Il avait vécu ici jadis mais il ne reconnut pas tout de suite ce qui lui servait avant de bureau. Une femme aux cheveux roux et hirsutes le regardait avec inquiétude, une pointe de soulagement éclairant néanmoins ses yeux bleutés. « Vous êtes réveillé ! Vous nous avez fait peur, à mon époux et à moi, vous savez ! ». Elle se leva, posa ses mains sur un récipient qui se trouvait là, laissant une douce fumée monter progressivement du bol. « Tenez, buvez un peu de soupe. Cela vous fera du bien. Vous êtes si maigre… ». Le roux la fixait sans vraiment comprendre ce qu’il se passait. Son corps était totalement incapable de bouger pour l’instant. Surtout, il avait la désagréable impression que c’était bien trop beau pour être vrai, que quelque chose lui pendait au nez, qu’il n’avait pas saisi la totalité des tenants et des aboutissants. Il se demandait s’il n’était pas plus heureux dans son état précédent. Est-ce qu’il pourrait marcher de nouveau, un jour ? Ou est-ce qu’il resterait faible, ainsi, pour toujours ? Il perdit de nouveau conscience après avoir bu.

Les jours suivants se déroulèrent de la même manière ou presque. Des milliards de questions commencèrent à envahir l’esprit de Byzance. Était-il mort, précédemment ? Était-il revenu à la vie ? Qui l’avait fait changer d’état ? Pourquoi est-ce qu’il était ici, aujourd’hui ? Y avait-il un but caché à tout ceci ? Une punition pour ceux qui se suicidaient ? Un refus de la Mort de les accueillir mais une volonté de leur faire comprendre qu’il ne faudrait plus jamais recommencer ? Avait-il payé son dû ? Avait-il exécuté sa peine ? L’avenir serait-il meilleur ? Avait-il acquis une deuxième chance ? Serait-il capable de la saisir ? Où étaient les voix ? Avaient-elles décidé de le laisser en paix ? N’étaient-elles qu’une illusion qu’il s’était lui-même créée ? Quelqu’un viendrait-il lui expliquer un jour ? Et que répondre à cette femme, curieuse de savoir comment il avait atterri ici ? Pourquoi est-ce qu’il était incapable d’articuler un semblant de vérité sur son état ? Il lui avait menti, lui avançant qu’il ne s’en souvenait pas, lui avouant qu’il était bel et bien un Orisha mais qu’il ne se rappelait de rien… Devait-il trouver les autres clones de Devaraj ? Devait-il chercher de l’aide à l’extérieur ?

Un matin, alors qu’il allait beaucoup mieux depuis quelques jours, la femme revint. Elle s’appelait Verä et son mari Ushö. « Écoutez, j’ai une sœur qui va partir demain pour les Terres d'Avalon. Elle souhaite écouler sa marchandise là-bas et assister à quelques représentations aériennes. Je ne sais pas si vous êtes au courant mais la Coupe des Nations bat son plein et c’est une période très favorable au commerce. En tout cas, je lui ai longuement parlé de votre cas. Son mari est médecin et pense que cela vous ferait du bien de marcher un peu, de voir d’autres gens, de sortir de cette maison. Elle saura prendre soin de vous si vous désirez la rejoindre. ». Byzance accepta l’offre, se disant que, finalement, des jours meilleurs pourraient bien arriver. Douce illusion.

1888 mots

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