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 | La Couronne Blanche [Solo]

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Dim 26 Aoû 2018, 22:09


La Couronne des Magiciens


Ses doigts caressaient doucement le coton des draps, presque désemparés par cette place laissée vacante. Elle venait tout juste d’ouvrir les yeux et avait trouvé un mot, délicatement abandonné sur l’oreiller. Cole était parti dans la précipitation, durant la nuit. Il était parti à la chasse aux Bannis du Temps, en compagnie du Sin Luxinreïs. Il promettait de revenir avant l’aube, après avoir précisé que la mission allait être facile. Ils ne faisaient que suivre une piste encourageante. Vanille jeta un léger coup d’œil aux rideaux, d’où perçait la lumière vive et chaleureuse du matin. « En retard … » murmura-t-elle dans un soupir vaguement contrarié. Elle allait sans doute devoir modifier ses projets pour la journée, persuadée que son époux allait tarder à revenir. Elle quitta son lit, le cœur tordu par un étrange pressentiment. Elle attrapa le diadème qui reposait sur la coiffeuse, à côté de sa brosse. Ce n’était pas sa couronne, mais l’artefact du savoir. Elle dessina les contours de la tiare avec une infinie délicatesse, songeuse. Cole lui avait fait jurer de ne pas la porter, sans lui. Cependant, elle n’avait jamais été sage et il avait manqué à son propre serment. Elle hésita durant une seconde, avant de poser la couronne sur sa tête. « Hum … » Elle peinait à s’habituer à cette douleur indescriptible, à ce flot incompréhensible qui assaillait son esprit. Elle vacilla très légèrement, se rattrapant de justesse à une chaise pour ne pas tomber. Elle finit par s’asseoir, consciente que rester debout était présumer de ses forces. Trois coups résonnèrent timidement. « Entrer. » Dolorès apparut dans l’encadrement de la porte, une grande housse dans les bras. « Majesté. » la salua-t-elle en esquissant une révérence. Elle ne tarda pas à s’apercevoir d’un problème, sans oser poser la question. « Vous êtes attendue par votre fils, le Prince Galaad. » - « Merci. » répondit-elle simplement en prenant la housse. Elle expédia la servante en quelques secondes, désireuse d’être seule. Elle n’enfila pas la robe immédiatement et la laissa choir sur le rebord du matelas, le temps de retrouver une vision claire. Elle avait le regard voilé, tourmenté par des centaines et des centaines d’images chaotiques. Elle prit sa tête entre ses mains, comme si cela allait pouvoir soulager son horrible migraine. Elle était déçue. Elle tardait à maîtriser cet artefact, alors qu’elle aurait souhaité une réponse à ses questions. Elle ne percevait pas l’ombre d’un résultat. Cela n’avait rien d’étonnant : elle avait été prévenue que la puissance obscène de sa magie allait être un handicap dans le domptage de cette couronne. Elle avait cru qu’elle serait plus forte que cette difficulté, qui serait facilement surmontable. Elle s’était trompée. « Je mets fin à mon règne. » murmura-t-elle, sans se soucier du petit tintement qui lui indiqua que la tiare était tombée.

« Galaad … Tu peux te débarrasser de ta femme, si tu le souhaites. » - « Hum … » Ils étaient sur la vaste terrasse du domaine, d’où ils avaient une vue imprenable sur les plages. Le Prince secoua la tête, la mine dédaigneuse. « Non. » Cette idée semblait l’écœurer. Pourtant, il semblait avoir déjà réfléchi à la question. « Lava est une mère exceptionnelle. C’est juste que … » Il peinait à trouver les mots justes. C’était plutôt rare. Vanille hocha doucement la tête. « C’est un jeu dangereux. » Elle savait que son cœur était à la douce Léna, et qu’il appréciait de plus en plus la jeune Kida. Il s’égarait dans ses sentiments, une chose que Vanille n’aurait pas cru. Pas de lui. « Sois prudent. Elle risque de ne pas apprécier la prolifération de tes enfants illégitimes. Selon nos lois, elle pourrait même demander de larges compensations pour le déshonneur que tu lui infliges. » Galaad avait les lèvres légèrement pincées. « Je ne suis pas inquiet. Tobias joue parfaitement le rôle de père pour Thérésia. Kida est une Luxurieuse, et les rumeurs sont florissantes pour l’identité du père de Séréna. Je ne suis pas vraiment sur la liste des géniteurs potentiels. » - « Certes. Mais méfie-toi, Galaad. Tu risques de te perdre dans tes propres mensonges. » Il soupira. « De toute manière … A moins que Tobias accepte de me laisser sa femme ou que je puisse enfin lui infliger la correction qu’il mérite, je ne serai pas exaucé dans mes désirs. » - « Surtout si tu cherches à collectionner pour ne pas choisir … » Galaad eut un vague sourire. « Ismaël est plutôt chanceux, sur ce point. » ajouta-t-il dans un trait d’humour. Il ne pouvait pas s’empêcher de l’envier pour autant. « Nous devions parler de June et d’Alhéna. » reprit-il en croisant les mains. « Ainsi que de ton enfant à naître, puisque ta ravissante épouse est encore enceinte. Je suppose qu’il aurait été déplacé de s’en débarrasser tout de suite. Mais tu auras bientôt l’excuse de l’accouchement et de ses risques. » - « Mère … » - « Pardon. » Elle rit. « Il est temps de réfléchir à l’avenir de tes filles. » - « Je suppose que vous avez déjà une petite idée sur la question. » - « Bien évidemment. Il faut commencer les préparatifs. »

« Où est Cole ? » demanda la Khæleesi. La matinée touchait à sa fin. « Il n’est toujours pas rentré, ma Dame. » - « Hum … » C’était étrange. Il lui arrivait d’être en retard. Pas à ce point.
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Lun 27 Aoû 2018, 23:00


« Vanille … » Il avait attrapé le bras de la jeune femme, pour la plaquer contre un mur. Ils ressemblaient à des amants peu discrets, qui chercheraient à échapper aux regards malavisés. C’était loin d’être le cas, malgré certains gestes aux allures tendres. Il avait doucement caressé les mèches de cuivre qui encadraient son visage de poupée, mais son autre main continuait à serrer sa gorge. « Tu n’aurais pas dû te mêler de mes affaires, Vanille. » articula Jarod, la mine sombre. « Je vais tout faire pour te détruire. » Ses yeux brûlaient d’un éclat incandescent. Il ne supportait plus cette femme, dont les intentions étaient plutôt claires vis-à-vis de sa couronne. Il n’était pas prêt à laisser son trône, encore moins pour l’abandonner entre les mains de la Princesse des Monstres. Elle eut un léger rire, et posa doucement ses doigts sur les joues de l’Empereur. « Je t’en prie, Jarod. Frappe-moi. » C’était terriblement tentant. Cependant, il finit par s’écarter. Il n’était pas idiot. Elle avait commencé à placer ses pions de cette façon, lorsqu’elle était la fiancée de Niklaus. Il avait mis à mal sa réputation, en la malmenant en public. Jarod balaya les environs d’un regard. Ils étaient quelques-uns à avoir assisté à la scène, et il se doutait qu’ils allaient répandre la rumeur. Le Dragonnier était contraint à la prudence, lorsqu’il agissait contre la Khæleesi. Il ne tenait guère à s’attirer les foudres du culte, en étant accusé de mille et un maux à l’encontre de la nouvelle favorite des Prêtres de Brylan. Il devait faire preuve de prudence. « Je ne te permets pas de sortir tes monstres. » maugréa-t-il, en évoquant les deux dernières bêtes de la Souveraine, Castiel et Ariel. Ils n’étaient pas ordinaires : c’était la progéniture de Nehemiel. « Je ferai attention. » répondit-elle dans un charmant rire, dont les délicates intonations lui donnaient une furieuse envie de la gifler. « Néanmoins … Je me sens obligée de te confier une petite information. Il y avait trois œufs. Je n’ai pas fait éclos le dernier. Alors je l’ai offert à Edwina. » Son sourire satisfait ne laissait aucun doute sur l’issu du toucher de l’Impératrice Blanche sur la coquille. « Je savais que je faisais une erreur, en vous acceptant dans mon Empire. » Il semblait regretter sa décision. « Mon pauvre Jarod … Je crois que tu n’as pas encore compris. » Elle se pencha doucement vers lui, pour lui susurrer quelques mots à l’oreille. Elle allait lui avouer une vérité tranchante et sanglante, qui allait sans doute bouleverser l’Empereur d’Aïdoha. Il écarquilla les yeux, dévisageant la Sirène alors qu’elle s’éloignait légèrement de lui. « Est-ce que tu comprends, à présent ? » Il continuait à l’observer avec instance, perdu dans ses pensées. Il cherchait quelque chose dans les tréfonds de son esprit, une information qu’il n’arrivait pas à retrouver. La croyait-il ? Il n’était pas sûr. Mais ce qu’elle lui avait dit le perturbait. Il n’ajouta rien, préférant tourner les talons. A sa plus grande surprise, il tomba nez à nez avec Deimos. Il ne l’avait pas entendu arriver. « Chut … » murmura la Khæleesi en s’approchant de son Dragon. Jarod contourna la créature, avant de reprendre sa route.  

Vanille était accroupie au cœur d’une vaste plaine ensoleillée, accaparée par le vol de ses Dragons. Certains étaient couchés dans la prairie, ou étaient occupés à se disputer les restes d’un repas. « Doucement … » murmura-t-elle à Rera, qui cherchait à glisser sa tête près de ses genoux. Ils venaient de décimer plusieurs troupeaux, pour se nourrir. Ils avaient bien mérité un peu de repos, après avoir brillé lors de la dernière expédition de la Khæleesi. Ils avaient entièrement anéanti un village, pour mettre un terme aux actions d’une contrebande bien organisée. La Princesse des Monstres avait pu récupérer une petite vingtaine d’œufs, ainsi que sauver une demi-douzaine de dragonneaux qui avaient été arraché à leur mère. Elle avait mené les petites créatures aux équipes chargées de la réinsertion des bêtes sauvages, tandis que les œufs avaient été remis dans les nids. Elle avait aussi rapporté la preuve de l’accomplissement de sa tâche, puisqu’il lui avait été expressément demandé d’assassiner le patron de cette organisation. Cela avait été très facile, à ses yeux. L’Empereur ne trouvait pas de mission à la hauteur de ses compétences. Du moins, pas pour l’envoyer seule. Elle revenait, une nouvelle fois victorieuse. Cela n’arrangeait pas ses affaires. Que pouvait-il faire contre l’Enchanteresse et sa horde ? Depuis la venue de Nehemiel, les choses étaient encore plus délicates. Un sourire charmé aux lèvres, Vanille prit la petite enveloppe scellée qu’elle gardait dans la poche. Elle avait une nouvelle mission à accomplir, s’étant proposée pour plusieurs, parfaitement consciente que ça serait facile. « Cole n’est toujours pas rentré ? » demanda-t-elle tout bas. « Non. » répondit Elzéar, qui était appuyé contre un arbre, à bonne distance des Dragons. « Hum. » Il était parti depuis deux jours, et n’avait pas encore donné la moindre nouvelle. Ce silence ne plaisait pas à la Sirène. Elle allait lui faire payer son attitude.
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Lun 17 Sep 2018, 13:17


L’Empereur avait fait preuve d’ingéniosité : il avait envoyé la Princesse des Monstres sur un territoire lointain et hostile, en mission d’infiltration. Elle était donc seule, un impératif lié à la discrétion indispensable à la réussite de sa tâche, et bien entendu n’était pas accompagnée par ses Dragons. Vanille n’était pas inquiète. Elle se contentait d’être prudente. Elle avait modifié son apparence pour garantir son anonymat et déambulait simplement à travers les larges allées de la cité délabrée, sans chercher à attirer l’attention. Elle avait besoin d’emprunter le visage de quelqu’un de connu dans les parages, pas juste une tête parmi d’autres, afin de pouvoir pousser toutes les portes. Elle avait passé les dernières heures à en apprendre davantage sur sa cible : ses habitudes, sa façon de parler, de s’exprimer ou de marcher, ses relations avec les gens qu’elle était susceptible de croiser et le prénom de ses proches. Elle estimait à présent qu’elle en savait assez. Il ne lui restait plus qu’à se débarrasser de la jeune femme, le temps qu’elle accomplisse son devoir. Définitivement, peut-être. La Khæleesi ne s’était pas décidée mais elle savait que personne ne lui tiendrait rigueur de quelques éliminations, à Adraha. Ces gens étaient des ennemis du Royaume. « Lady Camariel ? » murmura-t-elle d’une voix fluette et légère, celle de l’adolescente qu’elle semblait être. « Oui ? » Son regard balaya la silhouette de l’étrangère qui venait de l’interpeller devant sa porte et elle plissa légèrement le nez, à la recherche du nom de la jeune fille. C’était un visage familier mais elle peinait à s’en souvenir. « Excusez-moi de vous déranger, c’est important. » Elle n’écouta pas les protestations de la dame aux cheveux noirs et s’engouffra dans le salon. Elle pouvait se permettre d’être impertinente et sans gêne : elle avait l’âge et le visage d’une petite effrontée qui se croyait tout permis. « Faellis. » Elle venait de retrouver son identité. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » soupira-t-elle, l’air de s’attendre à des complications. Vanille eut un sourire carnassier. Elle avait pris sa décision, influencée dans son choix par les pensées de son interlocutrice. Elle se jeta presque dans ses bras, pour glisser ensemble à travers le parquet massif de la demeure. La Sirène remonta seule, sous les traits de Lady Camariel. Elle jeta un coup d’œil dans le miroir dans l’entrée, afin de s’assurer qu’elle n’avait pas fait d’erreur, avant de repartir vers les rues pour longer le boulevard principal et s’arrêter près des édifices officiels. Elle se dirigea vers le Palais de la Justice. « Petronella ! » s’égosilla une voix grasse. Vanille manqua de continuer sa route sans réagir, mais se retourna à temps. Quel prénom grotesque. « Balthazar. » le salua-t-elle en retour. « Avez-vous eu de nouvelles informations ? » - « Plusieurs. Quelques pistes intéressantes. » Elle n’avait strictement aucune idée de ce qu’ils évoquaient, mais sa réponse parut satisfaire le vieux Balthazar, qui jubilait et frottait ses mains abîmées. « Parfait. » Vanille eut un petit sourire. Elle n’avait qu’à suivre tranquillement le cours des pensées des gens qu’elle croisait, pour apprendre ce dont elle avait besoin. Ces fous cherchaient le chemin de la Capitale des Dragonniers. « Va voir Lucius. Il n’aime pas trop que les indices passent d’oreille en oreille, depuis le fiasco de la dernière fois. » Visiblement, il y avait eu plusieurs traitres dans les rangs. Balthazar songeait à cette sombre affaire, au plus grand plaisir de la Khæleesi qui écoutait patiemment ce qui se tramait dans sa drôle de petite tête. « J’étais en route. » Lucius. Elle ne connaissait pas encore son apparence ou son nom de famille, mais elle commençait à pointer du doigt les responsables de ce cirque.

« Petronella … Viens dans mon bureau. » Vanille venait de croiser un illustre inconnu dans les couloirs, tandis qu’elle épiait les noms gravés sur les portes. Elle le suivit sans broncher, et dissimula son plaisir lorsqu’elle vit à qui elle avait à faire. « Je suppose que les nouveautés ne sont pas encourageantes, comme toujours. » Son esprit était une véritable mine d’informations. Cependant, la Khæleesi était prudente. Il était plus puissant que la majorité des individus qu’elle avait croisé jusque-là, et il était peut-être en mesure de sentir son intrusion. Elle ne faisait qu’effleurer la surface. C’était amplement suffisant pour obtenir ce qu’elle désirait. « Non, c’est tout l’inverse. » Il arqua les sourcils, attentif et curieux. Vanille commençait à comprendre la complexité de la situation. C’était un vieil ami de Jarod. Ils n’étaient plus vraiment proches, aujourd’hui. Des rivaux. Elle envisagea brièvement de s’en faire un allié, mais elle écarta rapidement cette idée. Lucius était quelqu’un de fourbe, particulièrement jaloux et hautain. Il finirait par lui poser problème. Elle préférait se débarrasser de lui au plus vite. Vanille savait qu’elle allait devoir faire preuve de doigté avec les Dragonniers. Ils acceptaient mal les traitrises, même venant du Souverain et aussi populaire soit-il. Elle ne pouvait pas se permettre de manigancer, pas avant d’être certaine de sa domination. Cet homme-là était un nuisible. Elle allait davantage gagner à le faire tomber, en tant que simple citoyenne du Royaume d’Aïdoha, plutôt qu’à le garder sous le coude en tant qu’Impératrice. « Nous avons peut-être quelqu’un … souhaitant trahir l’Empereur et s’assurer de notre soutien, le moment venu. » - « Formidable ! » Ils continuèrent à discuter durant de longues minutes, sans doute quelques dizaines. Vanille profitait de ce temps pour en apprendre davantage sur cette organisation, sur les têtes influentes et sur leurs objectifs. Ils étaient nombreux et très bien organisés. Il allait falloir mettre rapidement un terme à leurs actions. Cependant, Vanille n’était pas supposée agir seule, sur ce point. Elle devait revenir avec suffisamment d’informations pour permettre une attaque foudroyante. C’était le cas. Cette rencontre était le point final d’une longue enquête. Elle avait mis du temps à trouver le repère de ces brigands. Cela avait été le plus difficile.

« Où est Cole ? » Vanille venait à peine de rentrer, après un détour sur les Terres des Dragonniers pour faire un rapport sur sa dernière mission, tout aussi victorieuse que d’habitude. Elle s’était absentée de longues heures. « Toujours pas revenu, Mère. » - « Hum. » Colère et inquiétude, un mélange détonnant pour un cœur en cendre.

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Lun 05 Nov 2018, 20:56


Galaad souffla longuement, déjà éreinté par une journée à peine entamée. Quelques responsabilités venaient de s’ajouter à la liste de ses tâches quotidiennes et il aurait préféré s’épargner certaines besognes. Il s’attardait devant son café, une main posée sur la cuisse de sa maîtresse. Il évitait de regarder l’heure, parfaitement conscient d’être en retard. « Il paraît que le Seigneur de Spectre est arrivé à Port Dirælla, hier dans la soirée. Je croyais qu’il ne devait venir qu’aujourd’hui … » murmura tout bas la douce Léna, à moitié nue sur les genoux du Prince. « Veille à ne pas t’approcher de lui. Sa réputation n’est plus à faire. » Elle eut un petit rire. « Est-ce que par hasard … vous vous inquièterez pour moi, votre Altesse ? » continua-t-elle dans un sourire, ses doigts occupés à caresser les joues de l’Ondin. Il ne répondit pas, les traits impassibles. « Je ne risque pas de tomber dans les bras du Souverain Targaryen. Soyez tranquille. Votre frère et vous … C’est déjà beaucoup à gérer. » Galaad passa une main sous le menton de l’Eversha. « D’après les rumeurs … Il ne s’intéresse pas vraiment à l’opinion des femmes qu’il désire. » - « On raconte surtout qu’il saute sur toutes les demoiselles qu’il croise. Absolument toutes. Les Luxurieux d’Avalon ont de la concurrence. » Elle s’esclaffa. « Je suppose qu’il n’est pas nécessaire d’être particulièrement ponctuel, avec lui. Il est sans doute en train de faire en détour dans les rues de la cité, à goûter à la légendaire pudeur des Sirènes. » - « Tu as certainement raison. Cependant … Je ne peux pas me permettre d’agir de façon imprudente. La Khæleesi compte sur mon implication. » - « Vous auriez pu refuser de vous occuper de ça. Vous faites déjà tellement pour elle … » - « On ne dit pas non à Vanille Caël Deslyce, petite insolente. » Il embrassa doucement les lèvres de la jeune femme, avant la porter jusque dans son lit. « Il est encore tôt pour une petite fainéante comme toi … Rendors-toi. » Après un dernier baiser, il attrapa ses vêtements en soupirant pour se préparer. Il songea un instant à sa mère, devenue lunatique depuis la disparition de son époux. « Ce n’est vraiment pas le moment de la contrarier … » chuchota-t-il. Ils étaient déjà nombreux à avoir fais les frais de sa mauvaise humeur, certains terminant dans le ventre des Dragons de la Reine. « Oui ? » Quelqu’un venait de frapper. « C’est moi. » soupira Damon, sans prendre la peine d’ouvrir la porte. « Tu ferais mieux de te dépêcher, Grand Frère. Le Phénix est là. »

Le Souverain de Spectre restait silencieux. Il faisait tourner ses boutons de manchette entre son index et son pouce, les yeux posés sur la délicate silhouette de son interlocutrice. Il avait un léger sourire aux lèvres, une expression banale qui avait le don pour mettre mal à l’aise. « Navrée de vous faire patienter, Majesté … La Khæleesi est affreusement occupée, ces derniers temps. Bien qu’enchantée par votre visite imprévue, elle ne peut se libérer pour vous recevoir avant le repas de ce soir. Le Prince Galaad est donc … » Il la coupa : « Pourquoi attendre l’arrivée de votre frère ? Vous êtes présente, après tout … » Louchia fit glisser son regard sur la silhouette de l’Empereur. Un Sorcier. Il était très séduisant avec ses yeux noirs et ses cheveux bruns aux mèches un peu trop longues, qui glissaient sur les traits anguleux de son visage. Il était aussi très grand avec une carrure imposante, les muscles parfaitement visibles sous la découpe impeccable de son costume sombre. Un homme des plus charismatiques, doté d’une élégance rare. Un Sorcier. Coureur de jupon. Violent et lubrique. Louchia n’était pas dupe. Elle se sentait toutefois particulièrement vulnérable, détaillée par le regard inquisiteur de Lucia. « Avez-vous pu visiter Port Dirælla ? » demanda-t-elle calmement. « Oui. » Son embarras ne faisait que croitre à chaque seconde. Elle n’arrivait pas à savoir s’il n’était pas très loquace ou s’il avait simplement une autre idée en tête. « Comment trouvez-vous la cité ? » - « Magnifique. » Louchia prit une petite inspiration. Il commençait à se rapprocher. « Vous … » - « Chut. » Il avait pris son petit minois entre ses mains, et caressait ses lèvres du bout des doigts. « Majesté … » - « Ne m’obligez pas à être violent. » - « Je crois que … » - « Déshabillez-vous. J’aimerai coucher avec vous. Ici et maintenant. » - « Non, c’est ... » - « Non ? » Son sourire était froid et son regard, particulièrement évocateur. Louchia prit quelques instants pour réfléchir à une façon convenable de se tirer de ce mauvais pas. Elle était une femme de raison et était persuadée de pouvoir discuter avec l’Empereur de Spectre. « Ce n’est pas convenable. Je suis mariée. » - « Les Magiciens … » soupira-t-il, vaguement amusé par l’attitude de la Princesse. « Délicieusement drôle. » Louchia eut le souffle coupé, surprise par la gifle magistrale qui venait de claquer sur sa joue.

La Princesse était légèrement hébétée, à peine consciente de ce qu’il venait de se passer. Elle avait même titubé et s’était pris les pieds dans un tapis, tombant droit dans les bras du Souverain de Spectre. Il souriait, peu inquiété par les éventuelles conséquences de son geste. « Bien. » souffla-t-il à l’oreille de la Magicienne, en glissant ses mains sous ses vêtements.  « Ne me touchez pas ! » Il avait déjà agrippé sa poitrine et avait le visage enfoui dans sa gorge. « Quel vacarme … » La Khæleesi se tenait dans l’encadrement de la porte, simplement vêtue d’une légère robe de chambre noire. Lucia s’écarta de la Princesse, lorgnant sans discrétion les courbes de la Sirène. « On m’a dit que vous étiez très occupée. Je ne pensais pas que c’était à faire des folies de votre corps. Je peux me joindre à vous ? » Vanille arqua les sourcils. « Je dormais. » - « Pauvre chérie. Laissez-moi vous border. »  - « Vous ne vous arrêtez jamais … ? » - « Je peux vous faire une démonstration. » Elle soupira avant de tourner les talons, suivie de près par Lucia. Galaad – qui venait d’arriver – se figea. « Mère … » - « Des nouvelles de Cole ? » demanda-t-elle, sans exprimer la moindre émotion. « Toujours pas. » - « Je vois. » - « Mère, je … » - « Je vais me charger du Phénix, Galaad. » Il baissa les yeux. Le regard de la Dame était glacé. Il allait payer son incompétence du jour.

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Mar 06 Nov 2018, 17:05


« Je peux vous débarrasser de vos vêtements de nuit … Si vous le désirez, bien évidemment. » murmura le Souverain de Spectre, toujours occupé à admirer les courbes de Vanille. Ils venaient à peine de franchir le seuil des appartements privés de la Khæleesi et le Sorcier se sentait déjà obligé de faire des commentaires douteux. « Au risque de me répéter … Vos jambes sont vraiment superbes. Toujours pas tenter de les écarter pour moi ? » Son regard était particulièrement inquisiteur, comme s’il cherchait à déshabiller son hôtesse avec ses yeux. « Désirez-vous boire quelque chose, Majesté ? » demanda-t-elle, loin de se soucier des remarques lubriques de Lucia. Elle releva pourtant ses yeux verts vers lui, pour ajouter sans sourciller : « Je vous prierai de retenir la réflexion évidente que vous comptiez faire. » Il s’esclaffa. « Bien … Je me contenterai donc d’un whisky. »  - « De si bonne heure ? » Vanille attrapa néanmoins une bouteille pour verser le liquide ambré dans un verre et le tendre au Phénix. « Maintenant … Puis-je connaître les raisons de votre venue à Port Dirælla ? Je n’apprécie guère les visites imprévues. » Lucia prit une gorgée de sa boisson, la mine moqueuse. « Ce n’est qu’une entrevue informelle, Khæleesi. Il me tardait simplement de vous revoir. » - « Je crains que vous n’ayez pas choisi le bon moment. » Cole ... Elle allait devenir folle. Vanille tourna les talons et se débarrassa de sa robe de chambre. Lucia prit une autre gorgée de whisky, sans détourner le regard de la silhouette de la Sirène. Elle était nue. « Moi qui étais persuadé que je ne verrai rien de plus appétissant que vos jambes … Vos fesses sont à se damner. » Il soupira, feignant la contrariété lorsqu’elle se glissa derrière un paravent pour s’habiller. « J’aurai aimé voir le reste. » Il rêvait d’allonger la jeune femme sur sa méridienne pour passer un peu de bon temps en sa compagnie. Cependant, il n’était pas idiot au point de se permettre un geste déplacé à l’égard de la Reine. Pas sur son propre territoire. Il n’avait pas les cartes en main. « J’ose espérer que vous n’êtes pas venu me réclamer quelque chose, Majesté. » Elle était à présent vêtue d’une robe bleue, fluide et légère. « J’estime que cela serait parfaitement légitime, Khæleesi. Cette créature est incroyable. » Ils parlaient de Kubera. La Sirène s’assit en face de son invité et croisa doucement les jambes. « Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi exceptionnel, en vous offrant son œuf … Il ne doit pas être facile à monter mais je suis certain que vous avez déjà chevaucher des bêtes plus impétueuses. » Vanille ne répondit pas. Elle se contentait d’observer son étrange interlocuteur, partagée entre l’agacement et la curiosité. Elle peinait à supporter le tempérament vicieux et pervers du Souverain de Spectre. Mais elle n’était pas dupe. C’était aussi un talentueux manipulateur, parfaitement conscient de la valeur de ses faits et gestes. « Oh … Vous me paraissez songeuse, ma Dame. Si vous hésitez à vous jeter dans mes bras … Ne réfléchissez plus ! » Elle leva les yeux au ciel. « En réalité, je m’interrogeais sur vos origines. » - « Chérie … Je ne parle de mon passé qu’après mettre sauvagement envoyer en l’air. » Elle souffla longuement. « Bien. Il est temps de repartir, Seigneur Targaryen. » - « Appelez-moi Lucia. » - « Je préfère éviter les familiarités, Phénix. » - « Pour ma part … Je préfère que vous commenciez de suite à vous habituer. J’ai l’intention de vous faire crier mon nom durant des heures. » Elle arqua les sourcils. « Un peu présomptueux, Majesté. » - « Ecartez les jambes, vous verrez. » - « Partez. » Lucia laissa tomber sa tête sur son poing, le coude sur le rebord du canapé. Il affichait un sourire arrogant. « Je vois. Profitons de ce moment pour parler un peu de commerce et d’échange, dans ce cas. » Il insista face à son silence hésitant. « Vous me devez bien ça. » - « Tâchez de rester courtois. » - « Je peux être charmant et tendre, si vous le souhaitez … Mais je sens que la violence, c’est votre truc. » - « Lucia … » - « Ah … J’aime vous entendre prononcer mon prénom. » Il dévisagea brièvement la jeune femme, dont l’expression était maussade. « Bien … Je vais être sage à présent. » - « Parfait. » - « A une condition. Je veux dîner avec vous, ce soir. » - « C’était déjà prévu. » - « Non, dans un restaurant. Celui de votre choix. En tête à tête. Je vous invite. » - « Un établissement très fréquenté, avec mon garde du corps sur la table d’à côté. » Il sourit de plus belle. « Vous avez peur de moi, chérie ? » - « J’aime autant passer pour la victime. Un jeu d’enfant, grâce à votre attitude. » Il médita un instant sur cette phrase. « J’en étais sûr. C’est vraiment la violence, votre truc. »  

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Ven 21 Déc 2018, 23:35


« N’oubliez pas que j’évite de vous sauter dessus par pure courtoisie. Je vous prierai donc d’arrêter de me provoquer. Je risque de ne plus me contrôler si vous continuez ainsi … » Vanille arqua délicatement les sourcils. « Que dois-je arrêter au juste ? » Le Phénix soupira, faussement désabusé. « Arrêtez de me regarder avec ces yeux-là … Avec votre petite bouille mignonne de poupée boudeuse. Ça me donne envie de vous arracher vos vêtements. » Il s’esclaffa de plus belle en voyant l’expression de la jeune femme. « Lucia … » Elle vida son verre de vin d’une traite. « Vous me faites bander, ce n’est quand même pas de ma faute. » Elle soupira. « Je suis véritablement impressionnée … » - « Par mon charme irrésistible ? Je sais, ma beauté. N’hésitez pas à venir vous asseoir sur mes genoux. » - « Par votre incapacité à la garder dans votre pantalon. Vous n’en avez donc jamais assez … ? »   - « Hum … ? Oh ! Je suppose que vous faites référence aux jolies petites serveuses. Je tenais à leur faire passer une soirée agréablement mouvementée. Simple mise en bouche. » - « Ne comptez pas trop sur un dessert. » Ses yeux lorgnaient sans aucune discrétion le décolleté de la Khæleesi, reluquant sa poitrine comme s’il admirait deux boules de glace. « J’adore la vanille. Je ne vais pas me priver de vous dévorer. » - « Tentez quelque chose et je rase votre royaume. » Il afficha un sourire carnassier et quitta sa chaise pour se rapprocher de la Sirène. Il agrippa son menton d’un geste brusque, avant de se mettre à caresser sa joue du dos de sa main libre, pensif. « Je vous attends. » murmura-t-il sur un ton de défi. « Je connais votre petit secret, chérie. » Elle fronça les sourcils. « Que … » - « Je suppose que vous me détestez. Être à la tête de votre empire … Avoir chassé votre pion … Humiliant, n’est-ce pas ?» Il se pencha davantage vers elle, sous le regard inquisiteur du garde du corps de la Souveraine qui scrutait la scène de loin. « Mais … Spectre ne risque rien. » - « Ce n’est pas votre cas. » Il eut un charmant sourire. « Certes … » Cette idée ne semblait pas vraiment l’effrayer. « J’espère que vous comprenez en tout cas. » - « Oui ? » - « C’est véritablement par politesse que je ne vous prend pas immédiatement sur cette table comme un chien enragé. Vous ne pouvez rien contre moi. Pas officiellement, en tout cas. Le reste … » Il regagna tranquillement sa place. « J’en fais mon affaire. » Vanille dévisagea le Sorcier, sans cacher son hostilité. « Vous n’êtes qu’un dégénéré. » - « Merci du compliment. Il ne suffit pourtant de pas grand-chose pour améliorer nettement nos relations … Laissez moi me glisser entre vos cuisses et je vous promets d’être infiniment plus agréable à vivre. » - « Pourquoi cet acharnement envers moi ? » Il haussa vaguement les épaules. « La vie est fade sans fantaisie. » Elle n’était pas dupe : il éludait la question. « Pauvre de moi … » soupira-t-il en étirant les bras. « Vous n’étiez pas si difficile à convaincre, il y a quelques temps. Vous aimiez les hommes de pouvoir. Qu’est-ce qui a changé ? Vous êtes devenue sentimentale ? » - « Frustré ? » - « J’ai simplement du mal à croire que mon cousin a réussi à vous sauter, et pas moi. » - « Votre cousin ? » Elle prit le temps de réfléchir sur le nom du Seigneur de Spectre. Ce n’était certainement pas un patronyme de Nementa Corum, d’où il était pourtant originaire. « Oui. » Il était plutôt avare en détail. « Qui est-il ? » Il ricana. « Vous n’avez toujours pas saisi … ? » - « Que vous aviez des Rehlas dans la famille ? Bien sûr que si. Cela n’éclaire pas tout. » - « Certainement parce que vous faites l’erreur habituelle … » Il continua face à ses iris pénétrantes. « Oui, je suis né d’un viol. Mon père a violé ma mère. Mais le Sorcier n'est pas celui qu'on croit, dans cette histoire.» Il croisa lentement ses longues jambes. « Les Rehlas sont capables de commettre tout et n’importe quoi, pour la cause des Dieux. » Vanille hocha doucement la tête. « Je vois. Donc … » Elle se figea avant de scruter le visage de Lucia puis d’éclater de rire. « Ah. Vous avez compris. » - « Bien sûr … Il n’a que des oncles du côté de sa mère. » - « Ce garnement … Tout le monde croit que c’est un amour ! » Il pesta tout bas. « Ce type s’est quand même tapé une étoile. Et la Vénus ! » - « C’est adorable. Vous êtes jaloux. » - « Du tout. Il s’est laissé embobiner par les charmes d’une jolie blonde et est devenu fidèle. Grossière erreur. Ceci dit … Je dois bien reconnaître que son épouse est délicieuse … Elle a une bouche … Mais une bouche ! Je la mettrai bien à genoux. » - « Parfait. Allez l’embêter, elle. » - « C’est assez délicat de surprendre mon cousin. Par ailleurs, n’essayez pas de changer de sujet. C’est vous que je veux baiser pour l’instant. » Elle leva les yeux au ciel.  « Ce n’est qu’une question de temps avant que vous ne cédiez … » Elle souffla. « Vous avez l’air bien sûr de vous. » - « Oui. Vous savez pourquoi ? Parce que votre époux est toujours porté disparu, que vous êtes seule et que vous voulez lui faire payer son absence. » Il se délecta de la réaction de la jeune femme.
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Sam 09 Fév 2019, 00:48


Ils n’étaient pas vraiment sereins, occupés à scruter les gestes de la jeune femme dont les doigts glissaient lentement dans l’épaisse fourrure de la petite créature qui somnolait sur ses genoux. Elle semblait songeuse, le regard posé sur la petite assemblée qui patientait, au pied des escaliers qui menaient au trône. « Hum . » marmonna-t-elle du bout des lèvres. Elle fronça légèrement les sourcils, une impression anodine qui eut pourtant le don d’inquiéter ses interlocuteurs. Elle esquissa ensuite un petit sourire. « Très bien. » Ils reprirent leur souffle. « Je m’en vais accueillir notre inopportun visiteur. » décréta-t-elle doucement. Elle se leva et les innombrables perles de sa tenue tintèrent avec délicatesse. Gribouille était toujours dans ses bras, peu chamboulé par les évènements. Il n’avait pas remué d’une moustache et laissait pendre l’une de ses pattes dans le vide. Elle dévala les marches avec grâce, suivie de près par les Soldats de la Garde. « Faites en sorte que tout soit prêt pour son arrivée au Palais. Je suppose qu’il va rester quelques jours. » Cette perspective n’enchantait guère la Khæleesi. Elle ne tenait pas à s’encombrer de la présence de son ancien amant. Elle n’était pas certaine d’avoir réellement le choix. Elle sourit à nouveau face à l’empressement de son entourage. Ils paraissaient soulagés. Elle comprenait aisément pourquoi. Vanille avait tendance à réagir de façon excessive et brutale, depuis la disparition de son époux. Personne ne voulait faire les frais de son humeur exécrable. Ils étaient déjà nombreux à en avoir été victimes. Il lui arrivait de regretter ses faits et gestes. Mais elle ne parvenait pas à montrer le plus petit signe de culpabilité. Elle se sentait étrangement vide. Furieuse, aussi. Rien ne l’apaisait. « Dépêchons. » murmura-t-elle à l’attention de son escorte. Ils ne tardèrent pas à arpenter les grandes allées de Port Dirælla, noyée sous les rayons du matin. Ils se rendirent sur les quais, où plusieurs navires venaient d’accoster. Il n’y en avait qu’un seul qui intéressait la Sirène : celui qui battait pavillon sorcier. « Lord. » souffla-t-elle en inclinant très légèrement la tête. L’Empereur Noir avança prudemment. Il était plus grand que la jeune femme, d’au moins une tête et demi. Cela lui permettait de la toiser avec tout le mépris qu’elle lui inspirait. Il prit néanmoins sa main dans la sienne pour déposer un délicat baiser sur sa peau, sans jamais la quitter des yeux. « Toujours aussi belle. » Il flottait sur ses lèvres une étrange expression. Ils se dévisagèrent longuement. Il fit une petite grimace, en s’apercevant de la présence du monstre dans les bras de Vanille. « Tu … as l’air en forme. » remarqua-t-elle en arquant les sourcils, vaguement déconcertée. « Et toi, déçue. » commenta-t-il, tout aussi bas. Il n’avait pas lâché sa main. « Je ne m’attendais pas à ça. » Il afficha une moue narquoise et triomphante. « Ne sois pas mauvaise joueuse. » Elle s’écarta, un vague dégoût au fond des yeux. « A quoi devons-nous cette miraculeuse guérison ? » s’enquit-elle, faussement courtoise. « Oh … J’étais donc souffrant et tu semblais le savoir. » Ils commencèrent à déambuler dans les rues, suivis à bonne distance par leurs gardes respectifs. « Depuis quand ? » Ils n’avaient pas besoin de préciser le sujet de la conversation : cela tombait sous le sens. « Tu le sais très bien. » Il ricana. « Tu es tellement vindicative. J’aurai dû me méfier davantage. » - « Ta passion pour les femmes te perdra. » - « Tes obsessions rancunières aussi. » - « N’oublie pas que tu es celui qui m’a trahi, aux origines. » - « Je pense que nous sommes quittes. » - « Jamais. » Il s’esclaffa une nouvelle fois, puis restèrent silencieux durant le reste du trajet.

« Que me vaut l’honneur de ta visite, Niklaus ? Tu es assez entouré pour te passer de moi à présent, non ? » Il contempla longuement la jeune femme, avant de laisser un grand sourire s’incruster sur son visage. « Toi et moi, c’est différent. » Il se redressa sur son siège, gratifiant la Khæleesi d’un regard carnassier. « Il me tardait aussi de t’annoncer les bonnes nouvelles concernant ma santé. » - « Une lettre aurait suffit. » - « Cela m’aurait privé de toute la beauté de ta réaction. Ta mine est impayable, ma chère. » Elle soupira, les lèvres pincées. Elle n’était vraiment pas satisfaite par la tournure des événements. « Tu me pourris l’esprit et le sang depuis des siècles, Vanille. Ton poison a rongé ma raison. Je ne suis pas certain d’être en mesure d’affirmer que je suis réellement guéri. Je sens les répercussions de tes manigances. Certaines séquelles sont sans doute immuables. » Il se releva doucement, contournant la table pour se planter devant la Princesse des Monstres. Il attrapa son menton d’une main, l’autre s’agrippant à sa nuque. Si un regard pouvait tuer, le Souverain serait certainement mort sous le feu des prunelles de la Sirène. Mais elle ne bougea pas, attendant patiemment la suite. « Je comprends. Je sais pourquoi tu as agi comme ça. Ma véritable sottise aura été de te trahir et de croire que cela ne comptait plus. Les femmes … Tellement compliquées. Ça créé des problèmes. » Ses doigts traçaient les contours de la mâchoire de Vanille, étrangement tendres. Ce n’était pas le cas de sa seconde poigne, où transpirait son animosité. « Ne crois pas que je vais te laisser impunie. Tu mérites que je sois légèrement pugnace et haineux, à mon tour. » Il se pencha vers elle, encore plus. « Je vais faire de ta vie un enfer. » Une adorable promesse, susurrée avec une infinie douceur. « Je ne compte pas me laisser faire. » Il hoqueta, à la fois amusé et hautain. « Je sais mais cette fois-ci ... » Elle poussa un grognement contrarié. « Tout sera différent. » - « Exact. » Il posa subitement ses lèvres sur celles de la Dame des Abysses. « Il paraît que ton mari est absent ... » Elle se renfrogna immédiatement et se releva, pour s’éloigner du Sorcier. « Mon époux te terrifie-t-il donc à ce point ? » - « On raconte que tu es invivable, depuis son départ. J’espère qu’il ne reviendra pas. » - « Ta sollicitude me touche. Comment vont tes épouses ? » - « Beaucoup mieux, depuis que tu ne les approches plus. » Vanille ne pouvait pas s’empêcher de penser à Cole. Il n’était toujours pas de retour. Il lui manquait toujours autant. « Lord ! Vanille ! Quelle heureuse surprise. » - « Lucia ... » Ce n’était pas le cas de celui-là.
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Dim 10 Fév 2019, 04:16


Il esquissa un petit sourire narquois, avant de poser doucement les mains sur ses genoux croisés. « Voilà qui est plutôt surprenant … Que me vaut l’honneur de ta visite, Princesse ? » Le Patron était assis derrière son grand bureau, son regard rivé sur les courbes de la jeune femme, qui entrait prudemment dans la pièce. « Vous le savez très bien. » murmura-t-elle, les lèvres pincées. Vanille n’était guère enthousiaste à l’idée de demander une faveur à Silas. Elle n’avait néanmoins guère d’autres alternatives, pour être arrivée au bout de ses propres moyens. Elle savait que son interlocuteur était d’une puissance démesurée et même  - bien que  cette idée lui brûlait la langue  - supérieure à la sienne. Sa parenté avec l’objet de ses tourments était aussi un avantage. Il avait peut-être connaissance de certaines informations. Le Sorcier ricana, un éclat mauvais au fond des yeux. « Naturellement mais je veux te l’entendre dire. » Elle fronça délicatement les sourcils puis souffla longuement, avant de s’appuyer contre la tranche du bureau. « Je vois que vous jubilez. » Loin de s’en cacher, il acquiesça vivement. « C’est plutôt vexant que tu daignes venir me voir, simplement pour obtenir des nouvelles concernant mon petit frère. Laisse moi en profiter pour t’humilier un peu. » - « C’était une mauvaise idée. » Elle se releva brusquement pour s’éloigner, piquée dans son orgueil. Silas s’esclaffa de plus belle, et rattrapa la Sirène en quelques enjambées pour enrouler une main autour de son poignet. « Tout doux, ma panthère. Tu es vraiment susceptible. Les rumeurs semblent fondées. » Il enchaîna, devant la mine dubitative de la Dame des Abysses. « Personne n’ose te contredire, depuis quelques temps. A vrai dire … Personne n’ose plus te parler. » Il se mit à rire. « Au moins … Tes territoires sont en paix. Tout le monde craint tes réactions et ce n’est sans doute pas le moment de tomber en disgrâce. Implorer ta miséricorde serait vain, n’est-ce pas ? D’après ce que j’ai compris, même ce bon vieux Lord et ce sale gosse de Lucia ont préféré s’enfuir, avant que tu envoies la cavalerie raser leurs terres. » Vanille planta ses prunelles vertes dans l’acier de celles de Silas. « Et donc … ? Comptez vous m’aider ? » - « Mon frère est un idiot. Il faut être fou pour abandonner une si jolie paire de fesses. » Lesquelles reçurent une claque magistrale. Vanille arqua un sourcil. « De grâce … J’ai déjà dû supporter les remarques indécentes du Phénix et du Roi Noir. N’en rajoutez pas. » Il leva les mains, feignant l’innocence. « Je ne fais jamais rien gratuitement. Tu veux des informations ? Très bien. Mais cela va te coûter cher. Très cher. Mes tarifs dépendent de mon interlocuteur. Ne crois pas t’en sortir avec de l’or ou des diamants. J’exige ... » Il se pencha vers l’oreille de la jeune femme pour murmurer quelques mots. « Je ne suis pas certaine de bien comprendre. » - « Tu verras le moment venu. Contente toi d’accepter. » - « Vous faites beaucoup de mystères. » - « Je t’ai pourtant prévenu : cela va te coûter très cher. Et cela passe par ça. Tu ne connaîtras le prix véritable que le moment venu. » - « Très bien. »

Vanille posa délicatement la plume dans son encrier, avant de faire tomber quelques gouttes de cire et d’apposer son sceau. C’était une missive à l’attention de l’Impératrice Blanche, renfermant une demande assez inattendue. Elle savait qu’Edwina ne lui refuserait pas. Elle eut un petit sourire, à l’idée de ce qu’elle allait bien pouvoir faire une fois en possession de ce nouvel artefact. Elle avait déjà quelques idées. « Petite coquine … Qu’est-ce que tu manigances ? » Elle sursauta, autant surprise par cette remarque que par les mains – si familières – qui venaient de tomber sur ses épaules. « Cole ? » Vanille se retourna lentement. Son regard tomba sur les yeux moqueurs de son époux, et son petit sourire idiot et si ravageur. « Tu es revenu ... » souffla-t-elle, presque ébahie. « Un peu en retard … Je le conçois. » - « Un peu ? » Sa voix monta dangereusement dans les aigus. « Tu es parti depuis des …. » - « Je sais. » Il la prit doucement dans ses bras et posa son menton sur le haut de sa tête. Elle resta immobile pendant quelques secondes avant de se détacher de cette étreinte, avec fureur. « Espèce de ... » Elle n’était pas certaine de connaître un mot assez vulgaire pour qualifier son mari. Elle s’empara du presse papier et commença à frapper l’épaule du Magicien. « Comment oses-tu revenir la bouche en cœur après tout ce temps ! » - « Aie .. Je ... » Il ne pouvait pas vraiment se justifier, sous les assauts furieux de sa femme. Cela ne l’empêchait pas de rire, en esquivant tant bien que mal les coups. « Je ne veux pas te voir. Dégage. Fous le camp d’ici. » Il riait toujours. Elle continuait de le frapper. « Va-t-en ! » Il esquissa une grimace, face à un coup particulièrement retord, judicieusement placé et plutôt virulent. « Je te déteste ! » Le Magicien finit par immobiliser les bras de la jeune femme, lorsqu’il estima qu’il avait essuyé assez de sa fureur. Elle planta ses ongles dans la peau de ses avants-bras, avant de déchaîner ses dons macabres contre lui, les sourcils froncés. « Tu te sens mieux ? » murmura-t-il, un petit sourire en coin malgré les stigmates de la magie morbide de la Khæleesi. Elle se dégagea une nouvelle fois, recula d’un pas et finit par tourner le dos. « Dégage. » répéta-t-elle. « Tu n’es qu’un imbécile et je ne veux plus te voir. » Il soupira, sans se départir de son sourire. Il s’avança avec prudence, comme on s’approchait d’une bête sauvage et imprévisible. Il noua ses bras autour d’elle et déposa un léger baiser au creux de sa gorge. « Toi aussi, tu m’as manqué. » Son expression se fit très tendre, lorsqu’il passa les doigts sur les pommettes de la Sirène qui tourna la tête, les traits toujours tordus pas la rage. « Vraiment beaucoup manqué. » Il la serra plus fort contre lui. « Et je suis prêt à subir le courroux de ma petite furie qui, je le sais pertinemment, va me faire payer ma longue absence. » Il se détacha très légèrement de la jeune femme, pour se planter devant elle. « Je suis de retour. Je ne m’absenterai plus aussi longtemps. C’est promis. C’est pour le bien de ton royaume et de ton entourage. » Il n’eut pas le temps d’échapper aux griffes de la Dame des Abysses, qui entaillèrent son flan. Il ricana tout bas. Elle dévisagea longuement le Maître du Temps, avant de laisser tomber sa tête contre son torse. « Enfoiré. »  Il eut un autre sourire, tout aussi affectueux. « Oui. Moi aussi, je t’aime. »
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