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 [C] - L'ivresse peyotlique

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Aaliah Z'Odra
~ Ombre ~ Niveau I ~

~ Ombre ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2211
◈ YinYanisé(e) le : 22/02/2011
◈ Âme(s) Soeur(s) : On ne peut conquérir un coeur qui abrite l'amour d'un défunt...
◈ Activité : Bâtisseuse d'empire
Aaliah Z'Odra
Dim 31 Mar 2019, 14:57


Crédits : Ritual of Remembering par Cynthia Sheppard
L'Ivresse Peyotlique


Catégorie de quête : C. Intrigue d'empire
Partenaire(s) : Solo
Intrigue/Objectif : Pour soulager les migraines incessantes d'Aaliah, le Chaman lui prépare une décoction à base d'herbes réputées pour leur efficacité. Il commet une erreur de dosage aux conséquences plutôt avantageuse pour lui, entraînant la jeune femme dans un voyage spirituel sans se douter qu'un ancien Aether viendra lui aussi s'immiscer dans l'esprit de l'Ombre droguée pour lui montrer la voie à suivre pour bâtir son l'empire...


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La chaleur du désert devenait insupportable pour la jeune femme qui cherchait de plus en plus à s’isoler des humains pour ne pas mettre en péril sa fausse nature. Soit disant originaire des étendues désertiques, il lui était difficile de se plaindre des vents brûlants sans provoquer l’étonnement. Aussi, elle restait forte et serrait les dents pour ne pas faire part de ses douleurs et gênes quotidiennes. L’Ombre gardait son statut de femme médecin, allant de tentes en tentes pour apporter aider et remède aux alités faisant fi de son endurance pourtant mise à rude épreuve. Seul le Chaman connaissait l’état de la jeune femme qui masquait son mal-être derrière d’amples voiles typiques des femmes du désert. Contrairement à elle, il pouvait se laisser aller à se plaindre et ne s’en cachait pas toujours d’ailleurs... Chaman perdu au milieu des humains, sans le moindre esprit pour converser, il avait pris l’habitude de dialoguer avec l’herboriste du petit village, fasciné par son impressionnante collection de plantes issues parfois de région lointaine qu’il parvenait pourtant à conserver. Le Chaman devait rusé pour lui fournir une explication plausible sur l’abus de certaines plantes et ne pas trahir les migraines incessantes de la jeune femme. Le vieil homme commençait à être soupçonneux sur l’utilisation que Zachariah faisait de ses plantes médicinales, le prenant certainement de plus en plus pour un consommateur compulsif. Sa nature chamanique ne le rendait que plus coupable. Le vieil homme connaissait certaines coutumes de ce peuple aux mœurs bien peu orthodoxes...

« Hum. Fit l’ancêtre en voyant le Chaman passer sous sa tente. Que Dame Aaliah ait besoin de certaines plantes pour procurer ses soins, je peux le comprendre. Mais certaines ne sont pas destinées à nos malades, n’est-ce pas ?
J’apprécie de temps à autre la fumée que dégagent certaines herbes sous la chaleur d’une flamme. Répondit le Chaman, sachant qu’il ne pourrait plus se servir de son addiction pour les tisanes. La dernière fois, l’homme l’avait regardé sceptique. Aussi, il avait décidé d’avancer l’excuse d’une évasion sous herbes psychotropes pour justifier ses demandes de plus en plus rapprochées. Cela me permet de m’évader un peu et d’oublier l’endroit où je suis.
Vous devez beaucoup apprécier Dame Aaliah pour rester aussi longtemps à ses côtés. Son Ma’Ahid à lui seul doit déjà vous êtes bien incommodant.
Effectivement… mais je suis un amoureux tenace. »

Le Chaman n’avait su mentir longuement sur les sentiments qu’il éprouvait pour la jeune femme, l’œil expérimenté du vieil homme l’ayant remarqué dès leur premier échange. Aaliah aurait largement préféré qu’il conservât ses sentiments pour lui, mais il était plus facilement pour le Chaman de créer un lien de confiance sans mentir sur tout. A la remarque sur sa ténacité, l’ancêtre ricana, légèrement amusé avant de lui tendre les herbes habituelles. Le Chaman agita la main en signe de refus; s'il avait besoin de nouvelles plantes, il recherchait avant tout des plus actives dans le soulagement migraineux.

« Il m’en faudrait des plus efficaces, celles-ci ne m’emmènent plus aussi loin qu’avant. L’accoutumance, probablement. » Rajouta-t-il devait le regard interrogateur du vieil homme. Les tisanes qu’il élaborait pour l’Ombre perdaient de leur efficacité et de ce fait, ses migraines persistaient avec le risque de défaillir avant l’accouchement de sa patiente. Il savait l’Ombre assez têtue pour aller jusqu’au bout. Il se devait donc de l’aider pour passer au-dessus des désagréments infligés par le port constant de sa couronne et le désert ardent. D’autant plus qu’il voyait l’Ombre s’éloigner de lui à chacune de ses failles. S’il savait qu’elle ne pouvait éprouver d’émotions véritables, il craignait toutefois qu’un autre homme pût lui rendre service mieux que lui. Cela était déjà arrivé puisque la jeune femme avait été cherchée de l’aide auprès d’un sorcier dont elle vantait les talents pour lui obéir sans la décevoir. Une compétition qu’il appréciait peu. Il voulait être le seul homme dans le sillage de l’Ombre.

Attentif, le Chaman parcouru les dernières herbes dont le vieil homme avait fait récemment acquisition auprès d’un marchand nomade. Certaines étaient encore fraîches, assurant ainsi un effet plus efficace si elles étaient utilisées et consommées rapidement. Le Chaman porta donc son attention sur celles-ci, sachant que l’herboriste du désert avait tendance à réduire en poudre systématiquement toutes ses acquisitions pour une meilleure conservation. Il ne pouvait pas lui en vouloir, l’air brûlant du désert était bien plus propice aux séchages des herbes. Le parfum de certaines plantes lui rappela quelques rites chamaniques autour d’un calumet bien chargé pour des nuits appelant au rapprochement et à la procréation. Le Chaman arqua un sourcil étonné devant les espèces nouvellement achetées, cherchant à savoir si le vieil homme ne cachait pas lui aussi quelques secrets non avouables derrière sa tignasse argentée.

« Consommation personnelle, se contenta d’expliquer l’homme qui se sentait observé et interrogé en silence. Il faut bien satisfaire ma bien-aimée pour des nuits inoubliables et à mon âge… l’homme laissa sa phrase en suspens, sachant qu’il n’avait guère besoin d’en dire plus pour être compris par le Chaman. Celui-ci fut quelque peu surpris par cette révélation inattendue et se contenta d’esquisser un sourire complice pour éviter d’obtenir d’autres détails sur les activités nocturnes du vieillard. Il ignorait si l’homme souhaitait se lier d’amitié sincère avec lui ou s’il effectuait une tentative d’approche dans le but d’obtenir des confidences du Chaman. Il préféra rester prudent pour éviter d’avoir à le regretter plus tard si Aaliah apprenait qu’il conversait aussi familièrement avec le vieil homme.

Aussi, son attention se reporta sur les plantes et en connaisseur, il sélectionna celles conseillées pour soulager des longues migraines sous le regard indéfinissable du vieillard. Le Chaman ne sut réellement si c’était de la compassion, de la curiosité ou une observation minutieuse de chacun de ses gestes. Toutefois, il lui semblait que l’homme manigançait quelque chose, mais il ne parvenait pas à mettre un mot sur ce qu’il préparait. Avait-il comprit qu’Aaliah cachait un secret et attendait-t-il du Chaman qu’il fît une révélation pouvant confirmer cela ? Le vieil homme était étrange. A la fois serein et préoccupé, comme s’il attendait un moment bien précis pour réagir. A plusieurs reprises, le Chaman le défia du regard en fronçant les sourcils pour tenter de comprendre, mais l’ancêtre ne lui lança que des sourires ravis, l’invitant à prendre ce dont il avait besoin. Le Chaman restait son meilleur client. Peut-être que l’argent reçu était une raison suffisante pour expliquer sa sympathie. Peut-être était-il vraiment curieux de savoir si le Chaman était l’unique consommateur. Lorsqu’il eut fait son choix, il tendit les plantes sélectionnées à l’herboriste qui s’empressa de prendre un panier d’osier pour les y déposer. Pour crédibiliser ses dires, il avait pris soin de prendre quelques plantes psychotropes. De toute façon, il était encore coincé dans le désert pour quelques temps, autant en profiter pour voyager un peu dans les méandres de son inconscience. C’était là un domaine que même le Ma’Ahid ne pouvait altérer.

« Pour les maux de tête lorsque les effets se seront dissipés ? fit le vieil homme en regardant les plantes, non sans un sourire en coin. Il faudrait que j’en donne à mon épouse, quand vient le soir, elle est bien souvent migraineuse ». Le Chaman ne savait pas s’il y avait un sous-entendu à relever et préféra ne pas questionner le vieil homme. Soit il souhaitait entendre de sa bouche que certaines plantes étaient pour Aaliah, soit il souhaitait véritablement lui parler des migraines nocturnes de sa femme, probablement pour échapper à des moments intimes. Dans les deux cas, il ne voulait pas tenter une discussion plus développée. Il opta dont pour la compassion afin de ne pas paraître impoli tout en payant l’herboriste dans l’espoir de pouvoir quitter sa tente le plus rapidement possible. Non pas que l’atmosphère devenait étrangement gênante, mais l’Ombre l’attendait pour recevoir ses infusions habituelles qui lui permettait de supporter le désert et sa nature humaine. Toutefois, il n’eut pas le temps de se retourner complètement qu’il sentit les mains du vieil homme lui agripper le bras.

« J’allais l’oublier. J’ai cadeau pour vous, annonça-t-il tout sourire avant de se diriger vers un petit meuble dont il ouvrit le premier tiroir dans un petit grincement.
Un cadeau, s’étonna le Chaman, en quel honneur ? ne put-il s’empêcher d’ajouter, sceptique et intrigué
J’ai de l’amitié pour vous, et un peu de pitié aussi, précisa-t-il devant le regard surpris du jeune homme. Le désert et ses habitants doivent être déplaisants et j’ai pu me procurer bien mieux que ses plantes psychotropes. »

Pour défendre ses dires, il déposa ce qu’il nommait son cadeau dans le panier pourtant déjà bien fourni. Le Chaman passa une main intriguée sur le voile qui masquait l’objet qui trônait comme un trophée sur la masse d’herbe. Il crut d’abord à une mauvaise blague en pensant découvrir plusieurs cailloux. Lorsqu’il en prit un dans la paume de sa main, le Chaman eut un meilleur aperçu du cadeau qui faisait sourire le vieil homme. Il s’agissait de petits cactus rondouillards dépourvus d’épines, mais gorgés d’une substance capable d’entraîner son consommateur dans les méandres psychédéliques d’autres mondes. Il le reconnut facilement pour l’avoir déjà vu lors de rituel et cérémonial chamanique. Le peyotl était réputé pour ses capacités à modifier l’état de conscience de ses consommateurs. Il provoquait des hallucinations et une intensité émotionnelle propices à l’ouverture de l’esprit pour entendre la voie des Dieux. L’ivresse peyotlique était toutefois à éviter à forte dose pour ne pas subir les méfaits d’un voyage périlleux. Mais l’expérience valait souvent le risque d’une chute trop brutale à la fin du voyage spirituel. Était-ce donc cela que le vieil homme cachait au Chaman depuis sa venue sous sa tente ? Rassuré, Zachariah laissa un fin sourire étirer ses lèvres. Cette nuit sera sûrement la meilleure de toutes celles endurées dans ce désert.

« Faites-en bon usage… se contenta d’ajouter le vieil homme en tapotant l’épaule du Chaman. Vous me raconterez comment l’ivresse vous a embrassé, n’est-ce pas ? Je suis bien trop vieux pour tenter cette expérience maintenant ! ». Il eut l’air légèrement déçu de n’avoir jamais tenté l’expérience lors de sa jeunesse et le Chaman lui promis de lui faire part de son voyage peyotlique qu’il comptait entreprendre dès ce soir. Il avait bien besoin de se ressourcer et de communiquer avec ses racines. Zachariah remit le cactus à l’abri dans le linge et quitta la tente du vieil homme non sans recevoir un dernier conseil.

« Faites-en bon usage, mais attention au dosage ! » L’averti-t-il. L’herboriste n’était pas connaisseur, mais il avait reçu quelques avertissements de son fournisseur. Il comptait toutefois sur l’expérience du Chaman pour connaître la bonne quantité à ingérer pour un voyage de qualité. En manger trop peu risquait d’empêcher la libération de l’esprit vers de nouvelles sensations alors qu’à l’inverse, un morceau de trop suffisait pour provoquer des hallucinations qui pouvaient sembler réelles. Le Chaman était plutôt confiant, c’était dans sa nature de maîtriser les plantes enthéogènes même si cela faisait un long moment qu’il n’avait plus jouer avec des mixtures puissantes. Il salua donc le vieil homme en lui promettant de veiller à une bonne utilisation de ses précieux cadeaux.


1880 mots


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Aaliah Z'Odra
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◈ Activité : Bâtisseuse d'empire
Aaliah Z'Odra
Dim 31 Mar 2019, 21:35


Crédits : Ritual of Remembering par Cynthia Sheppard
L'Ivresse Peyotlique


La jeune femme se massait les tempes en soupirant, un rituel devenu son quotidien désormais. Elle avait chaud, soif et faim bien trop souvent pour apprécier les plats qui lui étaient servis, malgré leur parfum délicat qui réveillait en elle des émotions qu’elle ne parvenait pas à gérer. Il lui était encore difficile de comprendre toutes la complexité de la nature humaine. A vivre auprès des habitants du désert, elle avait découvert des saveurs dont elle ignorait jusque-là l’existence. A plusieurs reprises, l’ancienne Ombre faillit attirer l’attention sur elle à cause d’étonnements qu’elle ne parvenait pas toujours à contenir. Heureusement, le Chaman était là pour rectifier la situation et trouver des réponses satisfaisantes à ses interrogations. Si l’Ombre connaissait le nom et origine de certains aliments, leur goût restait une source de surprises pour ses papilles gustatives parfois trop sollicité. La jeune femme avait appris à ressentir les cinq saveurs qu’étaient l’amertume, l’acidité, le sucré, le salé et le savoureux. Elle savait même différencier les épices et saliver à l’avance sur un plat en sentant le fumet dégagé sans aucun contrôle sur cette étrange émotion qui l’enivrait. L’époque de l’insipide lui semblait lointaine et parfois même lui manquait. L’Ombre appréciait l’isolement de sa tente qui lui permettait d’apaiser le flot d’émotion qui la submergeait. Elle n’avait rien mangé depuis de longues heures, restant sourde aux gargouillements de ses entrailles affamées.

Aaliah cherchait à faire le vide dans son esprit pour se reconcentrer sur l’essentiel lorsque les villageois lui laissaient un peu de répit. Chose parfois peu aisée tant la jeune Maha réclamait sa présence à ses côtés. Les tentatives d’approche de l’Ombre s’étaient avérées efficaces, puisqu’elle était devenue pratiquement la confidente de la future mère qui lui avait fait part autant de ses inquiétudes que de ses envies postnatales. Aaliah restait courtoise et bienveillante pour s’assurer une confiance aveugle de Maha, mais veillait à ne pas être sentimentalement trop proche. Si elle se liait d’une véritable amitié, il lui serait plus dur de lui enlever l’enfant à naître, elle le savait. Des émotions mal maitrisées risquaient de la faire hésiter au plus mauvais moment. Toutefois, l’Ombre devait accomplir le destin qu’elle avait entraperçu. L’enfant était amené à réaliser des actes importants et plus encore, c’était dans son sillage que l’Ombre grandirait et se hisserait dans les hautes sphères qu’elle bâtirait. La jeune femme ne pouvait pas échouer et si le destin ne se voyait pas modifier par un événement majeur, elle était certaine de réussir. Le sorcier lui avait assuré l’élaborer une potion capable d’immobiliser le nourrisson qui aurait dès lors l’apparence d’un enfant mort-né. Il lui suffisait ensuite de confier l’enfant au Chaman pour qu’il s’éloignât du désert tandis qu’elle envelopperait une poupée dans un linceul pour faire diversion. En théorie, tout semblait simple et elle espérait que la pratique ne ferait pas face à des obstacles majeurs. Le Chaman lui avait assuré qui la suivrait jusqu’au bout même si n’était pas d’accord avec ce projet et la jeune femme venait enfin de terminé la poupée censée donner l’illusion d’un nourrisson. Elle n’était pas une grande couturière, mais était parvenue à lui donner l’apparence d’un corps d’enfant, à quelques détails près. Rembourrée de sable et enveloppée dans un drap de lin blanc, il ne lui restait qu’à prier quelques Ætheri pour que la famille endeuillée ne cherchât pas à embrasser une dernière fois le visage de leur défunte descendante.

Rejetant sa tête en arrière dans un soupir, la jeune femme porta son regard sur le haut de sa tente luxueuse. Un bien qu’elle appréciait désormais pour la fraîcheur qu’il lui apportait malgré l’intensité du soleil. Elle voyait ses rayons briller à travers le voile protecteur et devinait la chaleur qu'il dégageait encore même si le soir approchait à grand pas. A la nuit tombée, sa tente lui offrirait une température convenable loin du froid nocturne que les vents ne tarderaient pas à faire venir. Le désert semblait s’amuser avec ses montées et chutes de températures vertigineuses, raison pour laquelle elle aimait peu ce lieu. Malheureusement, il lui faudrait encore supporter quelques couchers et levers de soleil avant de quitter le désert définitivement et, elle l’espérait, pour longtemps.

Un bruit de tissus froissés la tira de ses pensées et elle tourna la tête pour s’assurer qu’il s’agissait bien du Chaman. Celui-ci lui avait promis de revenir avec des herbes bien plus efficaces pour soulager ses migraines et autres maux. Elle fut donc ravie de le voir avec un panier bien rempli, signe qu’il avait trouvé ce qu’il voulait. Zachariah s’empressa de s’installer dans le coin de la tente aménagé expressément pour lui afin d’y préparer ses décoctions en toute tranquillité. Il savait que l’Ombre appréciait le silence, surtout lorsqu’elle se massait les tempes, signe que la douleur se faisait intense. Le Chaman avait appris à se faire discret pour ne pas provoquer la colère de la jeune femme. Aaliah le regarda un instant puis reporta son attention sur ses propres affaires. Elle s’approcha d’un petit meuble noir et attrapa quelques feuilles de parchemin qu’elle avait laissé momentanément à l’abandon. Son plan pour l’enlèvement étant pratiquement sur pied, il ne lui restait plus qu’à se concentrer sur l’essentiel. Les écrits d’un passé révolu qu’elle ne parvenait pas à déchiffrer. Ils étaient probablement la clef pour l’aider dans ses recherches sur le devenir de l’âme des animaux défunts. Ses pensées étaient parfois troublées par des petits tintements des couverts métalliques que le Chaman utilisait pour préparer sa décoction anti migraine.

Armé d’un couteau épais, le Chaman s’appliqua à fractionner les différentes herbes sélectionnées avec soin. Il avait désormais l’habitude d’exécuter ces préparations et avait la main habile pour découper et jeter les plantes dans l’eau sans perdre la moindre feuille. Il n’en fut pas toujours ainsi et les premiers jours, il lui arrivait même de se brûler. Sous la chaleur des bougies, il regardait de temps à autre l’évolution de sa mixture tout en préparant la sienne sur le côté. Zachariah ouvrit le linge qui renfermait les petits cactus et entreprit de les découper avec soin. Il connaissait leur goût atroce, aussi, il les mélangea à d’autres plantes afin de rendre leur dégustation plus douce. Les soupirs de la jeune femme attirèrent son attention et il se retourna pour l’observer un instant. Penchée sur de vieux parchemins craquelant, elle ne le remarqua même pas. Elle semblait dépassée, voire perdue. L’Ombre avait déjà lu ses manuscrits dans les moindres détails, perçant uniquement de vagues informations pas assez précises pour l’aider à comprendre le mystère lié à la mort des animaux. Le Chaman ne pouvait pas lui fournir l’aide nécessaire, peinant lui aussi devant les étranges écritures qui recouvraient les parchemins. L’effacement du temps et les déchirures ci et là n’étaient pas non plus innocents dans les difficultés de compréhension du texte. C’était dans ces moments-là que les Aetheri étaient priés ou blasphémés selon l’humeur, mais dans les deux-cas, Leurs réponses n’étaient pas limpides. Le Chaman fit rouler un instant un morceau de cactus entre ses doigts, pensifs. Et s’il tentait une communion avec les dieux à deux ? Ils augmentaient leur chance de réussite ! Et si l’Ombre pouvait s’ouvrir au voyage spirituel pour mieux avancer dans ses projets, il n’y avait là aucun mal, bien au contraire. Aussi, il réduisit en purée une partie des cactus et l’ajouta à la décoction de la jeune femme. Durant un bref instant, il hésita sur le dosage puis, décida de partager la quantité des peyotls en deux, effaçant ainsi toute trace de son méfait et évidant tout gaspillage. L’Ombre était tellement peu réceptive aux voyages spirituels qu’il doutait de l’efficacité de la mixture, toutefois, si elle communiquait avec les divins et y trouvait les réponses à ses questions peut-être sera-t-elle plus aimable à son égard.

Lorsque les deux boisons furent prête, il apporta l’une des tasses à la jeune femme, la sortant de ses réflexions. Il lui assura qu’elle lui porterait une aide précieuse dans ses tentatives de traduction en lui permettant d’ouvrir son esprit aux langages des Aetheri. La jeune femme lui lança un regard curieux, mais ne posa pas de questions pour obtenir plus de détails. Sa tête la faisait atrocement souffrir et elle comptait sur les herbes médicinales du Chaman pour calmer ses douleurs. Elle émit toutefois un hoquet de dégoût devant l’amertume du liquide, mais Zachariah la rassura en lui rappelant qu’il s’agissait d’une décoction apaisante et non d’un thé. Il n’avait pas tort et Aaliah souffrait trop en cet instant pour faire la difficile sur un point gustatif et accepta d’ingérer l’étrange mixture du Chaman. Elle n’avait encore jamais eu à regretter ses décoctions parfois infâmes qui lui procuraient des bienfaits non négligeables. Elle fut cependant prise à plusieurs reprises de fortes nausées et dû lutter pour ne pas vomir la décoction amère. La jeune femme se frotta une dernière fois le front avant de se replonger dans sa lecture tandis que le Chaman s’allongea sur le lit. Il appréciait le confort de la tente avec ses couvertures et ses oreillers colorés et il n’était pas rare qu’il profitât de la luxueuse literie de l’Ombre avant de rejoindre sa propre tente, un brin moins accueillante et plus rustique.

L’Ombre ne sut depuis combien de temps elle avait les yeux rivés sur les parchemins lorsque les écritures se mirent à danser. Elle crut d’abord à un début de fatigue et secoua la tête dans l’espoir de se concentrer, mais le résultat fut pire. L’un des précieux parchemins disparut dans les lignes sinueuses du bois de la table sans qu’elle n’ait plus faire le moindre geste pour le retenir. Elle se leva brusquement, étonnée par l’étrange tour de magie qui venait d’avoir lieu devant elle malgré le Ma’Ahid environnant. Puis, elle vit les mots couler le long du bois et s’éparpiller sur le sol comme de l’eau s’échappant d’un vase renversé. Aaliah suivit aussitôt les lettres vagabondes, cherchant à les attraper sans savoir vraiment comme faire, la ponctuation glissant entre ses doigts pourtant agiles. Même si elle parvenait à les récupérer, comme pourrait-elle rassembler les phrases dont la signification parfois lui échappait ? Elle vit l’encre se hisser sur les draps et conquérir le torse nu du Chaman toujours allongé. L’Ombre posa sa main sur la peau de l’endormi et quelques lettres s’agrippèrent à ses doigts.

L’homme ouvrit les yeux quelque peu surpris par la présence de jeune femme juste au-dessus de lui. Il lui lança un sourire ravi et passa une main dans ses cheveux d’ébène lui assurant qu’elle était belle. Zachariah fit ensuite glisser ses mains le long de ses bras, caressant sa peau avec douceur comme s’il ne croyait pas en sa présence. D’ordinaire, elle le repoussait, mais elle ne le fit pas cette fois-ci. Sous l’emprise de l’ivresse peyotlique, la jeune femme se laissa guider par des sentiments altérés par la puissante de la décoction sans opposer de résistante. Pour la première depuis bien longtemps, elle se sentait étrangement bien, euphorisée par la substance ingérée. L’interdit et le refus n’existaient plus, il ne restait plus que le regard bleu profond et séduisant du Chaman qui n’était plus en capacité de comprendre l’étrangeté de la situation. Enivrés tous les deux, ils laissèrent leur corps parler à leur place, bercés par des hallucinations tentatrices qui guidèrent leurs mains vers la peau de l’autre en traçant des sillons enflammés. Quelques oreillers encombrant tombèrent du lit, suivi bien vite par des vêtements volontairement jetés pour permettre à leur corps d’exprimer plus librement leur passion stimulée. Leur étreinte charnelle fut intense autant que passionnée sans les barrières habituelles de la bonne conscience et de la bienséance, rendues muettes par le surdosage de la décoction psychotrope. Ils s’enlacèrent jusqu’à l’épuisement, quand leurs muscles essoufflés et leur corps transpirant supplièrent un repos mérité. La tête posée sur le torse brûlant de son ami déjà partiellement endormi, Aaliah ne mit guère plus de temps à fermer les yeux. Épuisée, mais toujours sous l’effet de l’ivresse peyotlique, la jeune femme rejoignit alors un autre monde…  


2000 mots


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Aaliah Z'Odra
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Aaliah Z'Odra
Lun 08 Avr 2019, 20:46


Crédits : Ritual of Remembering par Cynthia Sheppard
L'Ivresse Peyotlique


Un bruit de vague la réveilla et elle se redressa, surprise et intriguée. Le désert n’était pas réputé pour accueillir de l’eau en masse suffisante pour émettre de tels clapotis. Elle s’extirpa de son lit, non sans éprouver quelque difficulté à cause de sa longue robe qui, mélangée aux draps aux couleurs similaires, l’empêchait de poser ses jambes convenablement sur le sol. La jeune femme ne comprenait pas pour quelle raison elle avait optée pour une literie identique à sa garde-robe, mais ce n’était pas le problème qui l’interpellait le plus en cet instant. Le claquement des vagues se fit plus intense, comme si elles se rapprochaient de sa tente. Lorsqu’elle poussa le fin voile sur le côté, un étrange paysage s’offrit à elle. Aaliah ne se rappelait pas d’avoir planté ses affaires à cet endroit. Les lieux ne lui étaient pas familiers, comme si elle ne les avait jamais connus. Pourtant, en des siècles d’existence, elle avait visité bien des terres, parfois inhospitalières et certaines même avaient connu une fin tragique, englouties par des flots capricieux. Et son instinct d’Ombre lui confiait que ce lieu étrange subissait actuellement ce terrifiant destin. Elle se retourna et sa tente fit place à une immensité bleu chaotique qui rognait déjà les abords de la plage de sable fin sur laquelle elle se trouvait. La jeune femme aperçut quelques personnes apeurées qui courraient vers l’intérieur des terres. La même phrase s’échappait de leurs lèvres inquiètes et confirmait ses déductions: l’île sombrait !

L’étendue sableuse perdait rapidement du terrain, signe que l’eau montait à une vitesse relativement importante, expliquant la hâte de ceux qui quittait le rivage. Certains l’invitèrent à se réfugier dans les profondeurs de l’île et l’Ombre ne se fit pas prier. Mûe par un instinct grégaire, elle suivit le groupe en espérant qu’il savait véritablement la direction à prendre pour trouver un moyen de fuite. Concentrée sur les gens qui la précédaient, elle ne vit pas le vieillard qui la percuta et l’envoya valdinguer sur le sol à cause de sa canne qui s’était prise dans ses jambes. Assurément, il l’avait fait exprès pour l’arrêter dans sa course. Cependant, elle n’eut pas le temps de ronchonner qu’il l’apostropha déjà pour l’enguirlander comme un enfant désobéissant. Aaliah le regarda, hébétée et la voix du vieillard se fit plus insistante. L’Ombre su qu’elle ne pouvait faire autrement que de lui obéir. Rester impassible, c’était s’attirer son courroux et il émanait de l’homme à la canne une aura qu’elle ne souhaitait pas mettre au défi. Aussi, elle se releva sans protester et suivi du regard la direction que l’homme pointait à l’aide sa béquille rongée par le temps. Au loin, elle vit un village partiellement engloutie par les flots, dont le toit de certaines maisonnées s’effondrait déjà sous la pression des vagues envahisseuses. Puis, majestueux dans ce décor chaotique, un palais affrontait la colère des éléments avec fierté. Impressionnant autant par sa taille que par la richesse qui décorait ses murs, il semblait invincible. Et il était probablement, car ses architectes avaient pensé sa structure pour qu’elle pût tenir tête aux méfaits du temps et à ses ennemis. Cependant, aussi solidement construit fut-il, rien ne pouvait l’aider à survivre à une île qui sombrait alors qu’il trônait au centre de celle-ci. Il serait engloutit comme tout ce qui l’entourait, c’était inévitable. Sa hauteur lui permettrait seulement d’observer l’inéluctable.

« Quitter l’île sans le Médaillon, et vous échouerez… »

Tels furent les mots du vieillard pour motiver la jeune femme avant de disparaître aussi subitement qu’il était apparu pour la faire choir sur le sable. Etrangement, Aaliah n’avait pas besoin d’informations supplémentaires pour comprendre. Il lui fallait trouver ledit objet et quitter l’île avant son anéantissement total par l’océan colérique. Enoncé ainsi, cela semblait aisé à réaliser, même si elle ignorait encore par quel moyen elle pourrait quitter ses terres devenues inhospitalières. Pour le médaillon, elle savait où le trouver… Le palais l’appelait et elle ne voyait que cette bâtisse immense comme unique chemin à prendre. D’ailleurs, le simple fait d’y penser lui ouvrit la porte d’entrée. Les gongs dorés grincèrent, annonçant sa présence aux résidents qui s’y réfugiaient avant même que ses pieds pussent frôler le sol palatial. Elle fit quelques pas hésitants devant la splendeur des lieux qui lui étaient totalement inconnus. Sans guide, elle se perdrait à travers les nombreux couloirs qui s’étendaient devant elle tel un labyrinthe sans fin. La jeune femme passa plusieurs portes, bousculée parfois par des gens inquiets, les mains remplis de jouets et de peluches qui s’empressèrent de jeter par les fenêtres. Aaliah les regarda à la fois étonnée et intriguée. Elle s’approcha d’une fenêtre pour observer les objets qui coulaient au fond des flots azurés sans pour autant les calmer. L’Aether qu’ils vénéraient de cette manière ne semblait pas répondre magnanimement à leurs offrandes. Elle entendit quelques prières murmurée avec hâte et ferveur, mais cela ne semblait guère plus efficace. Ne connaissant pas l’Aether prié, l’Ombre s’éloigna du groupe qui s’était progressivement formé pour ne pas les déranger, ni être prise à partie. Avant de se mettre à genoux pour parler aux Aether, la jeune femme avait une mission prioritaire. Aussi, elle chercha la salle du trône, convaincue que l’objet de sa mission se trouverait là. Cependant, elle dû bien se rendre à l’évidence qu’il n’était pas aisé d’atteindre cette salle. Comme si certains lieux étaient inaccessibles…  

« Il me faut rejoindre la salle du trône. Interpella-t-elle un homme armé, assuré qui pourrait l’aider à trouver son chemin. Il la toisa un instant, fronçant les sourcils comme s’il cherchait à l’identifier. Je me prénomme Aaliah. Aaliah Z’Odra. Je dois sauver le médaillon». Ajouta-t-elle pour convaincre le soldat de l’aider. Celui-ci hocha aussitôt la tête respectueusement et l’invita à le suivre. Ensemble, ils traversèrent plusieurs couloirs dont de nombreuses portes étaient protégés par une aura magique qui les rendaient invisibles à ceux qui ne savaient où poser le regard. Un moyen d’empêcher d’indiscrets  à venir dans des lieux protégés sans avoir des gardes constamment présents. L’Ombre resta silencieuse, observant chaque détail qui lui permettrait de retrouver son chemin, dans le cas éventuel où son guide ne serait plus disponible pour le retour. Malgré son calme apparent, l’homme était anxieux, probablement à cause des vagues qui engloutissaient progressivement l’île sans pouvoir empêcher sa progression. La jeune femme avait remarqué que les gens vivant au sein de palais avaient accepté la fatalité. Même s’ils cherchaient à communiquer avec les Aetheri, personnes ne tentaient de fuir le Palais. Ils s’en remettaient entièrement à la justice divine, laissant leurs Dieux décider pour eux de leur survie ou non.

« Bienvenue en Axèménide
Bienvenue ? S’étonna l’Ombre devant le terme plutôt inapproprié au vu de situation actuelle. Les flots vont engloutir votre île ! On ne peut pas dire que je sois bien venue…
C’est son destin, cela ne doit pas m’empêcher d’accueillir convenablement ceux qui frôlent ses terres une derrière fois. Répliqua l’élégante femme couronnée, signe de son statut royal, voire impérial au sein de l’île. Que venez-vous faire ici en ces instants tragiques ?
Je suis venue pour emmener le médaillon qui vous portez loin de ce lieu »

L’inconnue ne fut pas surprise par ses intentions, comme si elle l’avait su à l’avance et c’était probablement le cas. Elle attrapa la longue chaine du bijou et l’ôta de son cou avant de le tendre à l’Ombre sans même une once d’hésitation. Aaliah caressa l’étrange médaillon et sentit sous ses doigts les reliefs qui couvraient sa surface. Elle ignorait la signification des écrits et la symbolique des figures gravées. Ce que l’impératrice ne manqua pas de lui faire remarquer.

« Il est le symbole du cycle de la vie et de la mort du règne animal, représenté par Nahuatl l’axolotl, emblème d’Axèménide et Henou la balance sacrée, protectrice divine de l’équilibre de la faune et de la réincarnation animale. Ba, sur le plateau dextre, est le nom de l’âme, considérée comme l’énergie de la transformation, nécessaire à son jugement et Ka, sur le plateau senestre, est le nom de l’esprit, considéré comme l’énergie vitale, unique à chaque créature. Il est le lien immuable de la triade impériale que forment les Aetheri, Henou et le Padischah élu. Au sein de l’empire, tout est trinité et Iénisseï a pour mission de présenter à la Triade morcelée le Padischah qui la comblera. »
Iénisseï, répéta-t-elle hasardeuse sans être certaine de la prononciation. Qui est-ce ?
C’est ainsi que nous nommons le Médaillon.
Vous nommez toutes les choses ? s’étonna-t-elle, surprise d'entendre une appellation pour chaque objet.
C’est en les nommant que nous leur faisons prendre de l’importance au sein de notre vie. Ce qui n’est pas nommé se perd dans l’immensité du monde avant de disparaître, effacé par le temps. »

L’Ombre ne discuta pas cette façon de voir les choses, souffrant déjà d’un mal de crâne qu’elle supposait venir des informations reçues et qu'elle parvenait difficilement à assimiler. Pour l’aider à faire le tri dans ces révélations, Aaliah contempla le médaillon. Elle fut stupéfaite de le voir soudainement passer à travers ses mains fantomatiques et couler dans l’eau qui envahissait la salle du trône. La jeune femme se pencha rapidement pour récupérer l’objet, mais elle n’entra en contact qu’avec du liquide glacial. Inquiète, elle se redressa pour chercher une explication dans le regard de l’impératrice. Celle-ci s’était déjà installée dans son trône, résignée à sombrer avec son empire avec une élégance étonnante. Elle ne semblait pas crainte la colère des flots, bien au contraire. Elle les accueillait à bras ouvert, acceptant le destin funeste des Aetheri qu’elle vénérait. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres devant l’étonnement de l’Ombre.

« Avez-vous réellement cru que vous pourriez détenir dans vos mains Iénisseï ? Il faut être jugé digne de représenter le règne animal pour devenir son porteur. Communier avec les Aetheri, faire fi des querelles des Rois et Reines, s’éloigner des jeux de compétition, oublier ses désirs pour se hisser dans les sphères de la neutralité. Au même titre que l’Esprit de la Mort, le Padischah, empereur du bestiaire, œuvre pour le règne animal sans faillir et dans le secret ; son être entier est dévoué au cycle et son pouvoir s’exerce dans l’ombre et le silence... Iénisseï  ne vous a pas jugé digne pour recevoir sa symbolique et reformer la Triade Impériale morcelée.
Pourquoi ne pourrais-je pas être digne de gérer le cycle animalier ? Je n’ai jamais dévoilé le secret des Ombres, je saurais être à la hauteur de ce rôle.
Les temps ne sont plus les mêmes que jadis. Ezechyel n’a pas supporté le culte grandissant d’Axènamon. Nous avons fait de notre protecteur un Aether bien trop important. L’Aether de la Mort l’a banni pour l’ombre qu’il portait à son propre culte. Pour asseoir sa toute puissante, il a repris la gestion du cycle et toutes traces de la présence du cycle animalier sur les Terres du Yin et du Yang sont condamnées à disparaître. L’île les réunissant toutes, elle sombre avec le peuple qui la représente.
Vous voulez dire que mes recherches ne servent à rien ? Ce que cherche depuis tant de temps a sombré au fond de l’eau. Je me suis mariée… sous le prénom de Padischah qui plus est, parce que j’avais aperçu ce nom dans d’anciens écrits et qui me semblait important d’en faire mon identité impériale et cela n’aurait servir à rien ! J’ai passé des heures à tenter de déchiffrer ces lignes à demi effacées » L’Ombre était plus déçue qu’en colère, elle avait tant souhaité en savoir plus sur l’après mort des animaux qu’elle était dépitée par ces informations qui mettaient un terme à son projet. La jeune femme avait espéré obtenir un nouveau but dans son errance et elle se voyait contrainte de se tourner vers d’autres horizons. Cependant, elle ne se sentait pas apte, ni n’avait la motivation nécessaire pour revenir à son errance initiale. Alors qu’elle laissa tomber ses épaules, abattue ; la voix de l’impératrice s’éleva, interrogatrice.

«  D’anciens écrits ? Comment avez-vous pu en retrouver ?
Mes interrogations m’ont emmenée dans le désert et un jour, j’ai trouvé un coffre enfoui qui contenait quelques parchemins. Le temps ne les a pas épargnés, mais j’ai compris qu’ils parlaient du cycle de la vie et de la mort des animaux.
—  Ce coffre ? Demanda-t-elle en faisant glisser sa longue robe sur le côté pour lui laisser apercevoir le bas du trône. Contre ses pieds, l’Ombre reconnu le coffret qu’elle avait brisé pour en récupérer le contenu. Aucun mortel n’aurait su lui faire quitter l’île… Un Aether vous guide pour ramener Axèménide en surface, Eux seuls peuvent faire surgir des éléments du passé. Iénisseï ne vous a pas fui, il vous a mise à l’épreuve. Partez le retrouver et montrez vous digne de la symbolique qu’il porte. Que sonne donc le glas de l’île ! Au vingtième coup, il faut faudra quitter l’île avec le Médaillon où Axèménide reposera à jamais au fond de l'eau »

Aaliah s’apprêta à ouvrir la bouche pour formuler des interrogations, mais elle n’eut guère le temps d’émettre le moindre mot. Dong! Un bruit de cloche puissant raisonna dans la pièce et une vague brisa les vitraux avec une force brutale. Elle se sentit soulever par la voracité des flots qui anéantissaient tout sur son passage. Tout disparu sous ses yeux, emporté par les éléments dont l’origine divine ne faisait plus aucun doute. Prisonnière de l’eau, elle aperçut un objet brillant au loin qui semblait l’attendre. Elle reconnut le médaillon et d’empressa de nager en sa direction.

Dong ! Le second coup de cloche raisonna autour d’elle et un corbeau lui griffa les mains pour l’empêcher d’agripper le médaillon. Surprise par la douleur et la plaie qui apparue sur son bras l’Ombre laissa s’échapper un cri. Aaliah se rendit compte qu’elle n’était pas sous sa forme d’Ombre, mais encore sous l’influence de la couronne qui faisait d’elle une humaine. Sans pouvoir magique, elle n’avait aucun moyen de rester dans le ciel. Aussi, elle chuta, suivi par le médaillon et un flot de corbeau apparemment peu sympathiques à son encontre pour une raison qu’elle ignorait. La réception serait dure…


2356 mots


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Aaliah Z'Odra
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Aaliah Z'Odra
Ven 17 Mai 2019, 14:49


Crédits : Ritual of Remembering par Cynthia Sheppard
L'Ivresse Peyotlique


« Aaliah… »

La voix venait de loin, vibrante comme un écho qui s’entrechoque sur les parois d’une montagne. L’Ombre grimaça un instant, le nez enfouit dans une touffe d’herbe gênante. Elle prit appui sur ses mains pour tenter de se redresser malgré les douleurs qui se réveillait dans chacun de ses membres. La jeune femme entendit un hennissement de cheval qui cavalait vers l’horizon. Elle ne se souvenait plus de la raison qui l’avait poussé à chevaucher cet étalon têtu à travers une forêt aussi dense. Des corbeaux croassèrent dans les hautes branches, l’air menaçant. Tout se mélangeait dans sa tête, ne sachant plus si elle était tombée du cheval dû à une mauvaise maîtrise ou si les volatiles aux plumes sombres y étaient pour quelque chose. Puis, comme pour l’empêcher de réfléchir plus longuement, un « dong ! »  retentit et  la voix l’appela une nouvelle fois.

« Viens à moi… »

Aaliah chercha du regard tout autour d’elle après une silhouette, mais il n’avait personne. Au loin, elle aperçut un objet étincelant. Une lueur étonnante dans un lieu assombrit par les branchages feuillus des arbres. Elle se rappela alors le discours avec l’impératrice de l’île. Il lui fallait rencontrer Henou, membre de la Triade impériale et Iénisseï avait accepté de la guider. Aussi, la jeune femme bondit sur ses pieds pour récupérer une position plus décente et prit la direction du médaillon. Elle ne fit pas plus de deux pas que les corbeaux lui tombèrent dessus, acharnés à lui barrer la route. La jeune femme se débattit, les maudissant de leur vil comportement tandis qu’Iénisseï disparaissait déjà dans l’horizon. Il ne l’attendrait pas, ce bijou récalcitrant ! L’Ombre devint un peu plus colérique, mais elle ne parvenait pas à user de ses pouvoirs magiques pour se dépêtrer des corbeaux. Dong ! Et ces cloches imperturbables qui raisonnaient dans ses oreilles ne l’aidaient pas à demeurer calme.

« Les animaux ont leur instinct, il est inutile d’y aller contre si tel est le destin…
Ils ne veulent pas me laisser passer ! répliqua-t-elle s’en même prendre la peine de chercher d’où la voix l’interpellait. Elle semblait venir à la fois de nulle part et de partout, comme si la forêt même lui parlait à travers chaque élément de la nature.
Tu es sur leur territoire, as-tu demandé l’autorisation d’empiéter sur celui-ci ? L’Homme avance, écrasant la faune sous ses pieds sans prendre la peine d’annoncer sa venue. Il est impoli d’entrer chez l’habitant sans frapper à sa porte. Ceux qui veulent se hisser dans les sphères hiérarchiques du cycle des animaux doivent apprendre à les respecter comme un être entier, un être égal, peu importe sa taille, du plus noble au plus infime, tous méritent le respect. Certaines créatures étaient là avant l’Homme, certaines resteront bien après… »

Comme pour appuyer l’importance des dires de la voix un « dong ! » claqua une nouvelle fois dans l’air. L’’Ombre comprit qu’elle était mise à l’épreuve pour juger de ses compétences. Elle avait pourtant été prévenue… Pour entrer dans le cycle, il fallait se donner corps et âme aux animaux, non plus les voir comme des créatures menaçantes, mais des êtres protégeant leur territoire comme le ferait n’importe quelle race. Des êtres parfois dépourvus d’une défense digne pour exprimer leurs desiderata. Obéissante, la jeune femme recula alors de deux pas et les oiseaux se calmèrent, retournant dans les hauteurs. Si l’Ombre avait toujours eu un caractère tempétueux et une fierté parfois source de bien des problèmes, elle pouvait de temps à autre se montrer disciplinée. En cet instant, elle savait qu’il lui fallait mettre de côtés ses mauvaises habitudes si elle souhaitait parvenir au bout de son projet. Un nouveau dong sembla approuver ses pensées. Elle devait désormais évoluer et une deuxième chance ne lui serait pas offerte. Il lui manquait toutefois quelques connaissances dans le domaine de la communication. Ses relations avec ses semblables, peu importe leur race, n’avaient jamais été très concluantes et même plutôt conflictuelles. Aussi, elle espérait que la faune dans sa globalité serait plus clémente. A défaut de parler correctement le langage des corbeaux, elle se pencha en avant pour les saluer d’une révérence comme elle l’aurait fait pour un monarque respecté.

« Permettez ? Émit-elle toutefois pour appuyer sa demande de passage. Je ne cherche pas à vous nuire, mais il me faut emprunter le chemin qui traverse votre territoire
Vous ne venez pas voler nos œufs ? L’interrogea alors l’un des oiseaux, sceptique.
Nullement, répondit-elle, non sans une pointe de surprise d’entendre le corbeau lui répondre. Je ne suis que de passage, je ne dérangerai pas vos couvées.
Dans ce cas, passez donc gente dame. »

Dong ! Décidément, le clocher appréciait de vibrer à la fin de chaque conversation.  La jeune femme le remercia d’un signe de tête et repris sa marche. Cette fois, les corbeaux se contentèrent de la regarder, quelque peu surpris, mais rassurés. L’Ombre l’était tout autant… Bienveillante, elle fit attention où elle déposait les pieds pour ne pas offusquer une autre créature. Progressivement, ses yeux s’ouvrirent devant l’immensité de la faune et elle distingua l’infinitésimal. Les créatures insignifiantes prirent de la grandeur et il fut alors aisé pour la jeune femme d’avancer dans la forêt en évitant d’affecter le règne des insectes. Même sa longue robe traînant derrière elle se mouvait au rythme de ses pas pour ne pas perturber la vie des êtres infimes, cachés pourtant derrière d’hautes herbes. Elle marcha longuement à travers la forêt, hypnotisée par l’invisible dévoilé et l’appel lointain vers lequel le médaillon la guidait. Au loin, un dong ! lui rappela l’existence d’un clocher imperturbable qu’elle ne cherchait même plus à localiser. Il lui fallait sortir de la forêt, mais sa progression fut mise à mal par la présence d’une lourde porte recouverte d’une épaisse couche de lierre sauvage. Au vu de l’imposante masse verte, l’endroit était peu fréquenté, voire oublié. Elle posa ses mains pour écarter les lianes et caressa la pierre rugueuse pour y déceler un mécanisme d’ouverture. Porte taillée à une époque ancienne, les serrures ne semblaient pas être à la mode à ce moment-là car la jeune femme ne rencontra aucune poignée, même rustique, permettant d’ouvrir ce portail imposant. Il lui fallait pourtant trouver un moyen d’entrer, car de l’autre côté, son nom était murmuré avec insistance. Seules une gravure rappelant un canidé et une inscription mystérieuse décoraient la porte, mais l’Ombre ne voyait comment ces détails pouvaient l’aider à franchir cet obstacle.

« Gare, gare au chien ! » Lui traduisit alors la voix mystique.

La jeune femme recula tandis que l’animal de pierre prenait vie et s’extirpait hors de la porte pour venir se poser sur un socle accompagné d’un habituel « dong ! » assourdissant. Désormais fait de chair, le chien la toisa de son impressionnante carrure, attendant probablement une réaction de sa part. L’Ombre le regarda tout en évitant de s’attarder dans ses yeux pour ne pas le provoquer plus que nécessaire. Elle ignorait ce que l’animal souhaitait de sa part, mais s’approcha malgré tout, comme guidée par un être invisible. Aaliah sentit une force saisir son poignet et amener sa main sur le pelage de la créature. Pour affirmer ses pensées, une voix lui susurra à l’oreille de nouvelles recommandations.

« Respecter les animaux est un art, leur apporter soutien et soin en est un autre. Le peuple axèménide sait offrir à chaque créature l’aide nécessaire pour pallier un manque à leur bien-être. Tu as l’âme dormante d’une soigneuse, mais l’esprit trop altier pour saisir l’importance de l’infime. Explore la voie du mécaniste, sonde le corps de l’animal, apprend son fonctionnement. A travers cette voie, tu apporteras à l’animal réconfort et soin dans le respect de l’innocuité. Explore la voie du vitalisme, sonde l’esprit de l’animal, entre en communion avec sa force vitale. A travers cette voie, tu restaureras l’équilibre de son Ka dans le respect d’une magie empathique. »

Ecoutant la voix et le dong dérangeant qui ne cessait de raisonner au loin, l’Ombre entreprit d’user de sa magie retrouvée pour communier avec la force vitale, composante invisible de la créature. La voie du vitalisme lui semblait la plus appropriée, elle qui était façonnée par la magie et ne vivait qu’à travers elle. Aussi, elle se concentra sur l’animal pour s’ouvrir à sa force vitale qui l’animait. C’était comme découvrir un cours d’eau argenté qui coulait et nourrissait chaque parcelle de l’animal pour lui apporter la vitalité nécessaire. Elle ne perçut  aucun  déséquilibre, mais eut l’impression de violer l’intimité de la créature en l’étreignant de sa magie. La gêne la déconcerta un instant, peu habituée à ressentir l’empathie, qu’elle fût d’origine humaine ou animale.

Dong ! Le bruit, pourtant devenu répétitif, la fit sursauter de surprise. Attentive, elle en avait oublié les alentours et une voix lui murmura qu’elle avait une autre voie à explorer. Aaliah regarda l’animal et fit glisser ses mains le long de son corps pour obéir aux ordres donnés. La jeune femme manquait de confiance dans des techniques ancestrales qui ne lui avaient encore jamais été transmises, mais la voix avait su éveiller une certaine envie d’apprendre. Aussi, elle étudia le corps du chien pour mieux le comprendre. Elle sentit sous les poils et la peau, des muscles frémir sous le passage de ses mains encore malhabiles. Son poitrail se soulevait aux rythmes de ses respirations et l’Ombre pouvait suivre les battements de son cœur. L’animal semblait calme et en confiance. Aussi, elle poursuivit la manœuvre, pressant ses doigts sur le canidé pour découvrir les os qui se cachaient sous sa chair. Elle découvrit des zones appréciées par la créature qui se détendit au passage de ses mains. Il ne fallut guère longtemps à la jeune femme pour percevoir les os malmenés par un mauvais combat. Elle appuya plus fermement sur la colonne vertébrale de l’animal pour le libérer d’un mal invisible. Alors qu’Aaliah allait retirer ses mains, elle sentit une force la retenir. Dong ! Le bruit la fit de nouveau sursauter autant que la voix intarissable qui s’éleva autour d’elle.  

«  Le peuple axèménide ne craint pas le mépris des hommes qui bafouent les droits des animaux. Ils connaissaient la valeur de chacun de leurs gestes et la portée de ceux-ci sur le cycle animal. Le risible ne l’est que pour les profanes. Les créatures sont entières dans leur amour, les soins apportés doivent l’être tout autant…
Je l’ai soigné, répondit-elle sans toutefois mettre assez de conviction dans ses paroles.
As-tu tout vérifié ? »

Même si la voix émit une tonalité interrogatrice, la question n’acceptait pas de réponse positive. D’autant plus que la jeune femme savait qu’elle avait volontairement évité certaines zones. L’Ombre grommela un peu entre ses dents, mais un nouveau dong ! rappela à son esprit que le temps n’était pas une notion à gaspiller en futilité. Aaliah était une adulte, pas toujours responsable, ni réfléchie, mais elle avait laissé assez de siècles s’écouler pour apprendre à passer outre les moqueries. Il était temps désormais pour elle d’assumer pleinement l’avenir qui s’ouvrait devant elle. Aussi, la jeune femme repris sa palpation et parcouru le corps entier de l’animal. Elle passa entre les pattes, frôla les parties génitales du canidé et souleva sa queue pour terminer son auscultation. Tout semblait être à sa place et rien n’attira son attention, mis à part une petite zone dégarni probablement dû à une cicatrice d’un ancien combat avec un autre mâle.

« Il en a deux et elles pendent bien ! Satisfait ? » Fit-elle alors savoir à la voix qui ne prit toutefois pas la peine de lui répondre. L’Ombre entendit cependant un lointain rire amusé et ravi. Puis, il y a un bruit sourd et la lourde porte qui lui barrait la route s’ouvrit en deux, libérant le passage. Interloquée par cette ouverture soudaine, elle resta un instant immobile sans réellement savoir si elle pouvait pénétrer ce lieu mystérieux. Dong ! Imperturbable, la cloche sonnait, mais cette fois-ci, le silence ne se fit pas tout de suite.

« Que sonne donc le glas de l’île ! Au vingtième coup, il faut faudra quitter l’île avec le Médaillon »

La voix de l’impératrice s’éleva soudainement dans les airs pour lui rappeler que l’heure n’était plus vraiment à la réflexion. L’Ombre tourna la tête un instant et vit à l’horizon le palais sombré progressivement dans les flots qui l’envahissait. La tour abritant la cloche défiait encore les eaux de sa droiture en faisant raisonner la fin de l’île. Aaliah se mit rapidement à compter le nombre de sonnerie de cloche restante et ses jambes ressaisirent. Il lui fallait se dépêcher si elle souhaitait avoir une chance de quitter Axèménide avec Iénisseï. Aussi, elle s’engouffra dans la sombre entrée à toute hâte.

« Viens à moi, Aaliah… »

La voix raisonna sur les parois et la jeune femme la suivit sans réellement regarder les passages qu’elle empruntait. Elle craignait de ne plus entendre l’appel et d’échouer dans sa mission. Un dong lui rappela que l’échec n’était pas loin et qu’elle n’avait pas vraiment d’autre alternative à part prier un Aether de la réussite pour autant qu’il en eu un dans les sphères célestes. Elle écarta mille toiles d’araignée en s’excusant pour le dérangement et s’écorcha autant de fois les mains sur les parois irrégulières de la grotte en maudissant la couronne qui avait refait d’elle une humaine. Puis, alors qu’Aaliah se croyait seule, des silhouettes se dessinèrent devant elle, tête baissée comme si elles effectuaient un pèlerinage religieux. La jeune femme fut interloquée par la présence du médaillon autour de leur cou. Elle aborda quelques personnes, mais sa voix interrogatrice resta son réponse tandis que ses tentatives pour arrêter les pèlerins dans leur marche se soldèrent par des échecs. Elle passa à travers eux sans vraiment comprendre la raison, puisqu’elle n’était pas sous sa forme d’Ombre. Troublée par ces gens silencieux dont elle ne pouvait interrompre leur mouvement, Aaliah ne put s’empêcher de tourner la tête dans tous les sens pour essayer de comprendre la signification de ses événements. Le dong qui raisonna à travers les parois de la grotte ne l’aida pas à réfléchir posément. Elle tenta encore à plusieurs reprises d’agripper l’un des médaillons porté par les marcheurs, mais elle ne put s’en saisir d’aucun. Iénisseï la fuyait-elle ? Avait-elle échoué quelque part… ou la mettait-il encore à l’épreuve ? La jeune femme fronça les sourcils, il n’était pas donné à tout le monde de pouvoir prendre possession d’un artefact sacré, oublié depuis des millénaires au fond des flots. Puis, Aaliah se rappela qu’Iénisseï était unique et ne s’offrait qu’à celui qu'il jugeait apte de s’élever parmi les plus grands garants du cycle animalier. Aussi, elle se détourna de tous ces gens qui l’éloignaient de sa mission première et s’enfonça plus profondément dans le labyrinthe souterrain. Les Ombres se firent plus éclairantes sur son chemin et elle ressentit à nouveau l’appel du Médaillon. Puis, les parois s’éloignèrent et elle pénétra dans une immense pièce. Un dong vint souligner l'importance de ce moment, tandis que la jeune femme s’avança avec lenteur devant la structure démesurée qui s’offrait à elle.

« Henou… » murmura-t-elle en levant les yeux pour contempler la Balance Sacrée, protectrice divine de l’équilibre de la faune et de réincarnation animale.

La jeune femme sentit la puissante magique qui dormait dans le cœur de la roche taillée avec passion par des hommes d’un autre temps et la force divine qui entourait ses formes, embrassées par des Aetheri réunis autour d’un amour commun pour le monde animal. L’Ombre fit encore quelques pas pour s’approcher de la majestueuse Henou avant de s’agenouiller, prise d’une conviction religieuse soudaine à son égard. Aaliah pencha la tête pour la saluer avec honneur et respect pour ce qu’elle présentait. De part et d’autre de son interminable aiguille, les plateaux attendaient de pouvoir peser l’âme pour la guider vers son nouveau corps. Un dong la dérangea dans son humilité et elle releva la tête. Son regard croisa alors l’éclat d’Iénisseï qui trônait en haut de la Balance Sacrée. Aaliah écarquilla les yeux avant de se redresser pour mieux jauger de la candeur de ce couple étrange. Il lui semblait entendre des murmures échangés entre les deux objets sacrés, comme s’ils étaient animés pour une conscience qui lui échappait. Elle avança d’un pas hésitant, craignant de profaner l’endroit de sa maladresse lorsqu’un dong inlassable vint la pousser. Aaliah posa une main sur Henou et ressentit une étrange sensation lorsque sa peau caressa la pierre dans laquelle elle fut taillée. C’était comme entrer en communion spirituelle et s’ouvrir à une révélation divine. Mue par une ferveur qu’elle ne se connaissait pas, l’Ombre entreprit d'escalader l’immense Balance. Chaque avancée était soutenue par des murmures encourageants, l’invitant à se rapprocher. Arrivée à la fin de son ascension, elle tendit une main bienveillante pour récupérer Iénisseï. Lorsque ses doigts se refermèrent sur le précieux bijou, un vingtième dong raisonna…

Et l'île sombra.



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Mer 10 Juil 2019, 15:29


Crédits : Ritual of Remembering par Cynthia Sheppard
L'Ivresse Peyotlique


La jeune femme se redressa vivement, ses poumons réclamant de l’oxygène comme s’ils en avaient été privés trop longtemps. Elle respira de grandes bouffées d’air à s’en fait tournée la tête tandis que son cœur cherchait à sortir de sa poitrine avec violence. Son corps entier la faisait souffrir, tremblant devant une menace mortelle qui s’était soudainement envolée, mais que son esprit continuait de communiquer à ses muscles qui se contractaient pour l’affronter. Le front en sueur, l’Ombre regardait les alentours pour réunir les informations nécessaires à son propre apaisement. Elle reconnut le tissu coloré de sa tente que les rayons soleil matinal du désert rendaient brillant. Aaliah comprit alors qu’elle avait la proie d’un cauchemar, plutôt coriace car son esprit ne parvenait pas à effacer des brides de scènes qui se reflétaient devant ses yeux. Elle cligna à plusieurs reprises, cherchant à chasser ces mauvais souvenirs quand une étrange sensation fit à nouveau frémir ses muscles. Son regard se posa alors sur une main, posée avec nonchalance sur le haut de sa cuisse. Au vu de la carrure de ses phalanges, elle appartenait à un homme… Ses yeux suivirent avec une certaine appréhension le bras qui menait vers l’intrus. La jeune femme avait déjà deviné l’identité de l’endormi à ses côtés, mais son esprit refusait d’y croire tant que son regard ne faisait pas face à la réalité. A côté d’elle, le chaman somnolait, le torse dénudé. Lors son cerveau fit la connexion entre sa propre nudité, l’Ombre comprit. Elle hurla de rage et de colère avant d’expédier Zachariah hors de son lit avec violence. D’un geste ample, elle s’enroula dans le drap avant de se redresser et de jeter en direction du chaman un vêtement lui appartenant retrouvé mélanger aux siens.

« Habilles-toi ! lui ordonna-t-elle alors qu’il peinait encore à se redresser après son violent réveil. Et vas-t-en !

Tu as le réveil rude, répliqua-t-il tout en effilant son pantalon. Il avait l’air serein, ce qui énerva plus encore la jeune femme. Heureusement que c’était une tisane apaisante… lâcha-t-il échapper devant le froncement de sourcil d’Aaliah.

La tisane ! » s’exclama-t-elle en parvenant à remettre de l’ordre dans son esprit.

L’Ombre se souvint alors du goût amer du breuvage qu’elle avait bu malgré tout, confiante. Trop peut-être, alors que le Chaman n’avait jamais caché ses sentiments, ni son envie d’approfondir leur relation. Toutefois, il avait toujours su se montrer franc dans ses approches. Une manière éventuelle d’endormir sa méfiance pour effectuer une tentative perfide. Les Chamans étaient doués pour user de substances aux effets enivrantes et faire ainsi flancher bien des barrières. Elle grommela à plusieurs, cherchant après des mots, voire des insultes, mais rien ne semblait assez fort dans son vocabulaire pour souligner sa colère actuelle et son sentiment de trahison.

« Comment as-tu pu ! Fini-t-elle par cracher entre ses dents. Tu m’as drogué pour parvenir à tes fins, que je sois dans ton lit !

D’un point de vue purement géographique, ce n’est pas toi qui es dans mon lit, mais moi qui suit dans le tien

L’humour est totalement déplacé en cet instant. Je te faisais confiance et tu en as profité ! Tu mérites que je t’égorge sur le champ alors pars de ma tente avant que mes doigts ne t’arrache les yeux.

Ce n’était pas voulu, chercha-t-il à se défendre en reculant toutefois d’un pas pour être hors de portée de bras de la jeune femme et éviter son courroux qu’il peinait à calmer. C’était une tisane à base de peyotl, ce sont des champignons qui permettent de communiquer avec les Aetheri, c’était pour t’aider à percer le mystère de ses parchemins qui te préoccupent tant et avancer dans ton projet. Et en plus, c’est toi qui t’es jeté sur moi… »

Ce n’était peut-être pas la meilleure ligne de défense en cet instant, mais le chaman n’avait pu retenir ses mots. Toutefois, cette révélation perturba quelques secondes la jeune femme qui hésita entre lui sauter dessus ou se moleter elle-même en se rappelant qu’effectivement, c’était elle qui avait ressenti une étrange envie de tendresse. L’Ombre se pinça l’arête du nez en fermant les yeux pour tenter de retrouver un semblant de calme et de dignité. Il lui était difficile de mettre le chaman dehors et si elle avait juré de lui arracher les yeux, cela s’avérer un acte plus compliqué que prévu. Sous son drap, elle était encore nue et donc peu apte à réagir. Elle se demandait si Zachariah en avait conscience et si c’était cette raison qui le poussait à se défendre sur ce qui venait de se passait entre eux plutôt que de prendre la poudre d’escampette comme elle le lui avait ordonné.

« Soit, je suis venue à toi… fini-t-elle par murmurer à contre cœur. Et tu n’as pas trouvé cela étrange ? Tu n’as pas cherché à me repousser en te disant qu’il s’agissait là d’un effet de ta maudite tisane ?

J’avoue que, pour en avoir bu aussi, la situation ne m’a pas paru étrange. J’ai dû mettre un peu trop de peyotl, les hallucinations étaient très réalistes, commenta-t-il pour lui-même sans s’apercevoir que le visage de l’Ombre se teintait à nouveau d’un rouge colérique

Tu fais une tisane pour un voyage spirituel sans connaître le dosage exact et en plus, tu en consommes aussi en sachant qu’on risquait tous les deux de perdre de vue la réalité des choses ! Je n’arrive pas à y croire, comment j’ai pu m’allier avec un Chaman aussi débutant ! Va-t’en d’ici immédiatement et ne parles jamais de cette nuit, à personne, même pas au reflet de ton miroir ! Parce que destin ou non, je ferais sonner l’heure de ta mort… Laisse-moi ! » répéta-t-elle avec véhémence pour empêcher le Chaman de se défendre une nouvelle.

Comprenant que la patience de l’ombre avait atteint ses limites, Zachariah se faufila hors de la tente, non s’en s’excuser à plusieurs repris en répétant qu’il souhaitait juste l’aider. Soigner ses migraines et lui offrir la possibilité de communiquer avec les Aetheri pour lui montrer la voie à suivre. C’était au départ tout ce qu’il voulait pour elle, le dérapage du voyage spirituel n’avait nullement était prémédité, même s’il ne pouvait réellement regretter leur rapprochement. La jeune femme ne pouvait toutefois s’empêcher de fulminer et se laisser tomber lourdement sur le lit lorsqu’elle retrouva sa solitude. Ses migraines étaient toujours là et elle avait dû mal à remettre de l’ordre dans ses idées pour séparer le vrai des hallucinations vécues. Si elle se revoyait dans les bras du Chaman, elle se remémorait également sa quête pour se saisir d’un étrange médaillon. Il y avait cette île, proie des flots impitoyable et un dong inlassablement qui sonnait la fin de tout un peuple. Elle était parvenue à atteindre l’immense balance, cœur de l’île. Puis, l’eau s’était engouffrée dans la grotte et avait brisé l’équilibre des plateaux en les attirant vers le sol, enseveli à jamais sous des tonnes de gravats. Si les hallucinations avaient été guidées par un Aether, la révélation était claire, le cycle de la vie et de la mort des animaux reposait au fond de l’eau. La jeune femme soupira tout en se frottant le front, sa vie ne semblait être faite que d’errance et d’échec. A part des rêves et des mauvais souvenirs, il ne lui restait rien de concret de son voyage spirituel. L’Ombre avait pourtant entrevue un autre destin pour elle, où avait-elle échoué ?


« Quitter l’île sans le Médaillon, et vous échouerez… » murmura-t-elle alors en se souvenant des paroles du vieillard de son rêve… ou cauchemar. Aaliah ne savait pas encore quelle définition donnée à ce qu’elle avait ressentie sous l’ivresse peyotlique. Elle ferma un instant les yeux, le médaillon avait été si proche de ses doigts. Elle se rappelait de sa chaleur lorsque sa main s’était refermée sur lui, puis, il y avait un énorme bruit. Celui de la roche qui cède pour laisser place à la puissance dévastatrice de l’eau. Ensuite, c’était le néant. Le réveil. La désillusion.

« Aaliah… Je suis à toi »

La voix écho raisonna étrangement dans la tente, milieu portant peu adapté pour un tel phénomène. Elle redressa la tête, surprise par cette voix devenue familière qui n’aurait en toute logique pas dû s’élever à nouveau. Étonnamment, l’Ombre n’avait pas besoin de chercher d’où venait l’appel, instinctivement, elle le savait. D’un geste lent, elle souleva son oreille et ses yeux s’écarquilla devant la découverte.

« Impossible… »

Et pourtant, il était là. La jeune femme le regarda étonnée, clignant des paupières à plusieurs reprises pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’une illusion, résidu de la tisane aux peyotls. Iénisseï étincelait, comme s’il était ravi de se trouver là. D’une main hésitante, Aaliah l’attrapa avec précaution, mais le médaillon ne semblait pas vouloir fuir, ni disparaître. Elle passa un doigt sur ses reliefs, se rappelant la signification de ses symboles. L’Ombre fut troublée un instant d’avoir pu obtenir ce précieux objet qui avait su franchir la barrière des rêves pour atteindre la réalité et faire d’elle le prochain membre de la triade impériale. Morcelée, il y a des millénaires, elle avait été choisie pour réunir la prochaine. Henou l’avait donc accepté et il lui fallait donc à présent rencontrer le troisième membre de la Triade qu’elle rejoignait pour la rendre définitivement légitime au titre de Padischah. Les Aetheri eux-mêmes, ou du moins, Celui qui jadis offrit la connaissance du cycle animalier avant de tout reprendre pour avoir vu son culte périclité à la faveur d’un Autre.

« Présente-toi à moi Aaliah… »

L’appel vibra en elle, comme un écho dans sa tête. Puissant et imposant. Elle en tomba à la renverse en tenant sa tête dans ses paumes devant la force qui émanait de son esprit. Comme dans son rêve, il était impossible d’ignorer l’appel. Il fallait qu’elle rencontre Celui qui lui priait de se présenter. Aussi, elle ne discuta pas et lorsque les douleurs s’estompèrent, elle se redressa sans même prendre la peine de prendre le stricte nécessaire pour cavaler à travers le désert. Aaliah craignait que l’appel ne s’évapore sans lui laisser la possibilité d’aller plus loin dans son projet. Iénisseï autour du cou, bien à l’abri des regards indiscrets dans son décolleté, elle quitta la tente précipitamment, non sans croiser le Chaman qui faisait les cents non loin, probablement encore gêné par leur dispute et leur rapprochement dû à son mauvais dosage. Elle ne put l’éviter et il s’inquiéta bien vite de la voir harnaché son cheval.

« Où vas-tu ? S’enquit-il précipitamment.
Chercher la potion »

Aaliah savait qu’elle n’avait pas besoin d’en dire, Zachariah était déjà bien au fait de ce qu’il se tramait. Pour enlever l’enfant à naître, elle lui avait fait part de son échange avec le sorcier qu’il jalousait tant. La jeune femme n’était pas certaine que le sorcier avait terminé sa réalisation, mais il lui avait promis d’être de le faire dans le temps imparti. Celui-ci était presque écoulé, de quoi lui permettre de mentir la véritable raison de son départ précipité. Si elle parlait du médaillon et de l’appel, sûr que le Chaman lui collerait au train, ce dont elle n’avait guère envie. Un peu d’éloignement lui ferait le plus grand bien. Zachariah dû penser comme elle, car il n’insista pas. Il savait qu’elle reviendrait pour la venue au monde de l’enfant de Maha. Rien ne pourrait l’empêcher de l’enlever et il était convenu de longue date qu’elle partirait pour chercher le philtre dont elle avait besoin en prétextant un remède pour calmer les douleurs de la future mère. Aussi, le chaman hocha la tête pour lui indiquer qui ferait comme dans le plan, même s’il restait persuadé que ce départ avancé était en partie causé par l'incident de cette nuit.


1976 mots
Gain pour l'empire: Iénisseï, Médaillon Sacré


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