Les Labyrinthes

Catégorie de quête : VI. Recherche et exploration
Partenaire : Raeden Liddell
Intrigue : Se trouvant dans le Désert depuis quelques temps en compagnie d'Amir, Yasmine réfléchit à des choses diverses et variées, et notamment au passé. Elle est alors prise d'une interrogation tenace concernant un élément en particulier : les labyrinthes que Clauswitz Eorgor a façonné pour elle au moment de la construction d'Utopia. Pour une raison qui échappe un peu à la compréhension d'Amir, elle décide d'en chercher l'entrée et de commencer à les explorer. Ce sera l'occasion pour elle de présenter son Ange Gardien à l'homme et de faire quelques trouvailles inattendues.

______________________________________________

« Tu es sûre ? ». Amir regardait Yasmine d’un air étonnement perplexe. « C’est que… Akim s’est enfin fait à l’idée de commencer ce voyage, je ne me vois pas lui dire que nous allons le retarder encore, surtout pour une légende… ». « Ce n’est pas une légende. » répondit la jeune femme d’un ton catégorique. L’homme amena un fruit à ses lèvres, croquant dedans avant de continuer la conversation. « Désolé ma grande mais les labyrinthes de Clauswitz Eorgor en sont bien une. Personne ne les a jamais vu. Alors oui, il y a bien quelques passages sous Utopia qui ont permis aux Humains de fuir la ville par le passé mais rien de comparable à ce que racontent les histoires… ». Il hocha les épaules. « Franchement, rien que d’imaginer le truc, ça me donne le tournis. ». Il avait entendu parlé de la coopération entre Violette Taiji et Clauswitz Eorgor qui aurait dû aboutir, si elle avait été menée à termes, à quadriller l’entièreté du Désert de galeries aux multiples directions. L’on disait même que des salles secrètes avaient été alors envisagées, protégées par des pièges. Des couloirs à l’allure de dédales auraient ainsi vu le jour, permettant à quiconque en connaîtrait les secrets de se rendre où il le souhaitait. Seulement, l’on parlait bien ici d’un mythe, d’une possibilité. La Reine Vampirique de l’époque n’aurait pas apprécié le pied de nez de son Seigneur et lui aurait formellement interdit de continuer toute construction. Seulement, la probabilité même de la coopération était aujourd’hui remise en question. Elle paraissait peu à même d’avoir un jour existé dans un contexte où les Vampires et les Humains étaient en guerre. Cela étant, Clauswitz avait aussi sa petite réputation, celle d’un homme qui faisait ce qu’il voulait, quand il le voulait, et qui trouvait toujours le moyen d’arriver à ses fins, peu importe les détours nécessaires. Amir connaissait quelques bribes de l’histoire, rien de bien folichon. C’était pour cela qu’il considérait Yasmine sous un jour nouveau, comme si elle faisait partie de ces femmes à l’imagination un peu trop débridée, une imagination qui les conduirait à leur perte. « Tu as une piste, au moins ? » demanda-t-il, en se disant que cela suffirait à l’éconduire. « Bien sûr. » fit-elle d’un ton étrangement assuré. « Mais si tu ne veux pas m’accompagner, j’irai seule. ». Amir soupira, conscient que s’il la laissait s’embarquer dans cette aventure en solitaire, cela aurait les mêmes effets que venir avec elle, à savoir : retarder le Voyage Initiatique. « Donc… » résuma-t-il. « Tu veux que nous nous rendions tous les deux, seuls, dans le Désert, à la recherche d’un labyrinthe mythique dont toi seule connaîtrais l’entrée ? ». « Il en a plusieurs, des entrées, mais c’est à peu près ça, oui. Sauf que… ». « Sauf que ? » « Je pense appeler mon Ange Gardien. Ça te permettra de le rencontrer, comme ça. ». « Il s’appelle comment ? ». Elle sourit tout en s’approchant de lui. « Tu devrais t’inquiéter, Amir, parce que mon Ange Gardien est mille fois plus séduisant que toi. ». L’homme émit une sorte de rire. « C’est ça oui. À mon avis, pour avoir accepté de te supporter, il doit avoir une case en moins, surtout. ». « Tu verras. » chantonna-t-elle.

Les jours suivants, Amir ne croisa Yasmine qu’au moment de dormir et aux repas. Le reste du temps, elle était plongée sur des petits carnets, lisant, prenant des notes. Ces carnets étaient les siens et elle lui avait formellement interdit d’en lire le contenu. Il n’avait pas cherché à lui désobéir même si sa curiosité commençait à être piquée à vif. Puisqu'il n'avait rien de particulier à faire et que l'Humaine semblait de plus en plus déterminée, il avait fini par faire part de la nouvelle à son frère. En soi, le voyage avait commencé, puisqu’Akim avait déjà quitté sa femme et ses enfants, mais depuis quelques jours, ils stagnaient. Le plan était, dans un premier temps, de visiter Utopia et Qaixopia. Pour le moment, ils ne faisaient que séjourner dans les quelques petits villages qui étaient éparpillés dans le Désert, sans approcher les cités mères. L’homme s’était, de toute façon, fait une raison. Le hibou qui les regardait dignement depuis le ciel annonçait la Coupe des Nations et celle-ci allait sans doute chambouler leurs plans. Un peu plus, un peu moins... après tout, ils n'étaient plus à ça près. L’homme sortit de la tente pour prendre un peu l’air. Il se demandait quand est-ce que le fameux Ange Gardien se ramènerait. Il avait particulièrement envie de se moquer de Yasmine, convaincu qu’elle l’avait un peu trop bien vendu pour que cela soit véridique.

767 mots

Les Labyrinthes

Aussi silencieusement qu'un rapace, l'Ailé fondit sur le camp où Yasmine avait dit l'attendre. Pas qu'il ait réellement eu besoin de cette information. Après tout, leur lien lui permettait de savoir plus ou moins constamment où elle était. Cela faisait peut être un petit moment qu'ils ne s'étaient pas vu, mais ce n'était pas pour autant qu'il ne veillait pas sur elle. Et puis, on ne pouvait pas dire qu'il était de bonne compagnie depuis l'épreuve des Ombres. Cependant, il ne pouvait pas rester dans son coin alors que l'Humaine faisait appel à lui pour partir à l'aventure. Il avait donc pris son envol sans plus de formalité pour se rendre dans le Désert. Le ciel était dégagé, à peine quelques moutons dans le bleu étendu. Son atterrissage avait à peine déplacé du sable sur le sol. Il fit bruire ses ailes, secouant chacune des plumes, pour chasser la tension que le vol avait pu faire s'accumuler dans ses muscles. C'était l'une des premières choses qu'il apprenait à ses recrues : toujours prendre soin de ses ailes sinon, elles ne vous emmèneraient plus nul part. Chacun était en train de vaquer à ses occupations. Alors que l'Ange faisait son apparition, un homme à la haute stature sortait de sa tente. Cela tombait parfaitement bien. Il pourrait ainsi demander son chemin. Et puis, peut être que cet homme connaissait Yasmine. Après tout, la description correspondait à cet Amir dont elle lui avait déjà parlé, dans les quelques échanges épistolaires qu'ils entretenaient.

Bonjour ! Ne seriez vous pas Amir ? Je cherche Yasmine.

Il n'avait pas ramené grand chose avec lui. Le strict nécessaire pour un voyage et pour partir explorer des labyrinthes, s'il en croyait ce qu'elle avait lâché dans sa lettre. Il était évidemment venu équipé de plusieurs armes – paranoïa bonjour ! - pour se prémunir contre ce qu'ils pourraient trouver dans ses souterrains mais aussi de quelques provisions de nourritures. Il se doutait évidemment que sa protégée avait prévu tout ce qu'il fallait pour cette expédition. Le contraire l'aurait étonnement surpris de sa part, en réalité. Le regard de l'Anjonu explorait le camps, scrutant les gens qui s'y trouvait, notant la disposition de chaque tente, de chaque feu, de chaque installation. Il prenait en compte chaque détail, chaque façon de tendre une embuscade, de se défendre, de préparer une attaque, de maintenir un siège. Chaque mouvement des ombres, chaque glissement de grain de sable. Puis son esprit lui rappela d'une présence à ses côtés et il reporta son attention dessus, sa main se portant naturellement à sa ceinture, où saillait le pommeau d'une dague. Puis l'image d'un ennemi s'évapora pour laisser place à celle de l'homme réellement présent. L'Ange fronça les sourcils en se disant qu'il avait oublié de faire quelque chose, quand cela lui revint. Il tendit la main à l'homme à la peau du désert.

Je suis son ange-gardien, Raeden Liddell. Elle m'a demandé de venir. Il semblerait qu'elle prépare une expédition.

Il referma la bouche et attendit, scrutant l'Humain. Elle avait évoqué aussi le Grand Voyage et quelques autres choses mais il n'avait pas besoin de tout dire, d'autant plus à un inconnu. Si cela se trouvait ce n'était même pas le Amir, l'un de ses compagnons de voyage. Ou bien c'était quelqu'un qui se faisait pour lui pour tenter de le piéger. Pourquoi ? Il n'y avait pas de réponse possible à cette question étant donné qu'en réalité, cette interrogation, cette crainte n'étaient que le fruit de son imagination. Il se devait d'en faire abstraction, de la contrôler, de la museler, sinon, sa vie allait devenir un enfer, plus qu'elle ne l'était déjà. S'il n'y remédiait pas, il était foutu et surtout, il risquait de foutre en l'air tout ce pour quoi il était en train de se battre, tout ce pour quoi il travaillait. Il ne pouvait pas se mettre à attaquer les gens tout ça parce qu'il était devenu paranoïaque. Il savait ce qui lui arrivait, même si ce n'était pas forcément aussi clair dans son esprit tous les jours. Il avait vécu différentes guerres, il avait récupéré des esclaves de Démons et vu les traumatismes de tous ces gens. Il ne fallait pas être né de la dernière pluie pour comprendre de quoi il était atteint. Sauf qu'il ne pouvait se le permettre.

778 mots

Les Labyrinthes

Amir sortit de sa tente pour s’étirer un peu. Son regard croisa alors celui d’un étranger et il fronça les sourcils, légèrement sur ses gardes. Une attaque n’était pas forcément à écarter, même si l’inconnu aurait eu du cran de venir seul. À mieux le regarder, il lui semblait le connaître. Il l’avait déjà vu quelque part. Quand l’homme parla, il se détendit d’un seul coup. C’était lui, l’Ange de Yasmine. L’Humain passa une main dans ses longs cheveux noirs. Il l’avait sur le bout de la langue. Il se maudissait, parfois, de ne pas s’intéresser assez au Monde qui l’entourait. Akim, son frère jumeau, lui, aurait su, sans aucun doute. Le père de famille était particulièrement cultivé et aimait réellement se pencher sur les figures importantes. Lui ne pensait qu’aux femmes et à préserver son indépendance. Il préférait paresser sous une tente plutôt qu'apprendre durant de longues heures. Seulement, quand il faisait face à ce genre de situation, il culpabilisait. Il ne manquait pas d’ambitions et pour les réaliser, il devrait bien s’y mettre un jour.

Alors qu’il réfléchissait sur l’identité de cet Ange, il remarqua que l’homme, aussi musclé et imposant soit-il, semblait sur ses gardes. Il lui paraissait bien méfiant, sans qu’il n’y ait de raison apparente. Le campement était tranquille et rien ne laissait présager un danger quelconque. Peut-être qu’il sentait quelque chose de particulier, quelque chose qui lui-même était incapable d’envisager. Amir commença à sentir une pointe d’inquiétude dans le creux de sa poitrine, comme si celle de l’Ailé était communicative. Il se concentra pour éloigner ses idées noires. C’était ridicule. C’était l’homme qui n’était, définitivement, pas très net. Pouvait-il réellement protéger Yasmine ? L’Humain garda sa question pour lui, bien sûr. Il n’était pas sûr d’apprécier que le Gardien soit ici, aujourd’hui. Il était légèrement possessif, certes, mais il semblait quand même un peu dérangé. « Raeden Liddell ! » fit-il, dans une exclamation incongrue. C’était ça, le nom qu’il cherchait. « J’y suis ! Vous êtes celui qui a combattu les Démons à la Montagne et vous êtes un forgeron renommé ! C’est ça ? ». « Oui c’est ça. » fit l’Humaine en s’approchant. Elle fixa son compagnon de voyage d’un air réprobateur. « Amir… Tu es vraiment malaisant. ». L’ancienne Reine sourit à l’Ailé. « Raeden, voici Amir, un Humain de Babelsba, comme moi. Il est un peu étrange, il ne faut pas faire attention. ». « Tu peux parler, toi. » fit le concerné d’un air à la fois joueur et agacé. Il aimait bien entrer dans des joutes verbales avec elle mais la présence d’un troisième individu le troublait. D’ailleurs, il crut bon de tester un peu le lien, voir s’ils étaient déjà attachés l’un à l’autre ou pas. Il se tourna vers Raeden. « Vous saviez qu’elle allait à des rendez-vous avec de parfaits inconnus ? Et après c’est moi qui suis étrange ! En attendant, ce n’est pas moi qui cherche à me marier avec quelqu’un que je ne connais pas. ». « T’es vraiment con quand tu t’y mets ! » lâcha-t-elle, tout en tournant les talons pour poser le sac qu’elle tenait sur l’un des chameaux.

Lorsqu’elle fit de nouveau face aux deux hommes, elle s’attarda sur Raeden. « Je suis vraiment heureuse de te voir. Je me suis dit que ce petit voyage serait l’occasion de prendre de tes nouvelles. ». « C’est ça, change de sujet. ». L’Humain esquissa un sourire taquin avant de se rendre dans sa tente pour chercher ses affaires. Il la ferma correctement. Ils avaient, tous les deux, convenu qu’ils reviendraient ici après leur périple. Le souci résidait dans les caprices du Désert. Celui-ci pouvait tout recouvrir de son sable au moindre coup de vent. C’était un risque à prendre mais ils préféraient le prendre, étant donné qu’ils avaient besoin de vivres et qu’une fois qu’ils seraient entrés dans le labyrinthe, une tente n’aurait plus aucune utilité. « Normalement, il y a une entrée à quelques heures de route, dans l’un des temples de Drejtësi. Le dédale est fait de pierres et s’étend sous la quasi-totalité du Désert. Je ne sais pas trop ce que l’on y trouvera mais je me dis que s’il est bien là où il doit être, cela pourrait être intéressant de le faire sortir de l’oubli. ». « Ouais. Si ton truc existe. ». « Il existe. ». Yasmine espérait qu’il renferme quelques secrets intéressants, voire de l’or. Clauswitz et elle étaient proches, par le passé. Elle ne doutait pas que l’homme, aussi intelligent et joueur qu’il était, ait laissé quelque chose pour elle entre les murs de son dédale. « Je vais voyager avec Raeden. Toi, tu resteras seul parce que c’est tout ce que tu mérites. ». Elle lui sourit d’un air doucereux avant de faire signe à l’Ange de grimper avec elle. Quelques minutes après, elle le questionna. « Comment vas-tu ? Comment vont les tiens ? ».

826 mots