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 [VI] - Pour le meilleur et pour le pire | Isiode

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Ven 15 Mar 2019, 21:02

Catégorie de quête : VI - Recherche
Partenaire : Isiode
Intrigue/Objectif : À leur insu, Brethil et Isiode ont été unis par les liens sacrés du mariage. Dans le but de sceller leur alliance, une série d'instructions leur a été transmise par lettre, instructions qu'ils seront forcés de suivre pour répondre aux exigences du Dieu Amshloumkarhya. En guise d'échange de voeux, le duo devra partir à la recherche de Larmes d'Ange qu'ils s'échangeront par la suite pour officialiser leur union.

Brethil se regarda une dernière fois devant le miroir. Elle observait minutieusement son visage, à la recherche d’impuretés pouvant trahir son manque de sommeil. Ses yeux étaient légèrement cernés et ses traits, un peu tirés vers le bas. Ses lèvres semblaient, pour leur part, correctes ou du moins, elles n’étaient simplement pas craquelées. Le seul élément qui ne paraissait pas affecté par les longues nuits d’insomnie de l’Ange était l’éclat vif de son regard saphir. Ce qui n’était guère surprenant, puisque l’immaculée vivait désormais sur le qui-vive, constamment. Depuis qu’elle avait été faite prisonnière du labyrinthe de la Mort, ses sens demeuraient toujours en alerte, au point de l’épuisement. La peur lui collait en permanence au creux du ventre, tapie derrière la moindre de ses pensées, le moindre de ses actes. La jeune femme ne supportait même plus l’absence de lumière, hurlant, s’époumonant telle une damnée dès que les ténèbres prenaient ascendance au cœur de son environnement. L’Okan était terrorisée par la nuit, refusant dorénavant de quitter l’enceinte du Temple si le firmament de l’Aether de la Nuit ne se parsemait d’aucune étoile brillante. C’en était ridicule, risible. L’Aile Blanche se sentait idiote d’angoisser si sévèrement pour une chose qui ne l’avait jamais terrifiée. Avant ce jour, cet instant fatidique l’ayant plongé dans un cauchemar de la réalité du moins. Tout en exhalant un soupir, Brethil empoigna le peigne qui reposait contre son mobilier, mettant un terme aux secousses parcourant ses doigts fins. Puis, elle brossa ses cheveux entremêlés jusqu’à ce qu’ils deviennent présentables, beaux oserait-elle affirmer. L’Ange saupoudra ensuite son faciès dans la ferme intention de camoufler ses cernes et, lentement, sa peau adopta un teint plus clair, plus vivant. Enfin, elle ponctua sa séance de beauté d’une coiffe simple, sur laquelle elle ajouta une tresse au-dessus de sa tête avant de se contempler à nouveau. Son apparence ne ressemblait plus à celle d’un Sans-Âme – loin de là. Elle avait terminé.

L’Okan déambula hors de sa chambre et, tout en ouvrant brusquement la porte de la pièce modeste, manqua de percuter Heili de plein-fouet. « Excuse-moi. Je ne savais pas que tu étais là. » balbutia l’ancienne soldate en reculant maladroitement. « Non, c’est entièrement de ma faute. Tu m’as surprise. Je ne m’attendais pas à ce que tu ouvres la porte si vite. » La Prêtresse émit une courte pause après avoir dévisagé son élève de haut en bas. « Tu t’apprêtes à sortir ? » Le maquillage n’avait guère échappé au regard vigilant de l’Ànjonú, tout comme les habits propres que la blonde portait sur son dos. « En quelque sorte. » Entre ses doigts crispés, la concernée tenait une lettre dans sa poigne. Sur le papier, on apercevait une série de mots organisée en liste qui en recouvrait presque l’entièreté de la surface. « J’ai reçu cette missive hier. » expliqua vaguement l’immaculée. « Je dois rencontrer quelqu’un au Lac Bleu. » La mentor hocha lentement de la tête en signe d’approbation. « D’accord. Ne sois pas en retard pour la cérémonie de ce soir, ma chère. » - « J’y veillerai. Cette rencontre ne devrait pas être trop longue. » Brethil savait que Kara planifiait une messe en l’honneur de la Reine Asriel depuis un bon moment déjà. La mort de cette dernière avait ébranlé plus d’un habitant angélique, sans compter le retour inattendu de son père parmi eux. Tous les Anges se laissaient dominé par un sentiment d’insécurité qu’ils se partageaient gracieusement, renforcé par les rumeurs qui ne cessaient de se répéter à leurs oreilles également. Pour sa part, l’Okan refusait de croire que la Belle ait bel et bien tué leur Monarque, à moins que la Souveraine des Magiciens soit passée au camp adverse. Il ne s’agissait que de spéculations, mais avec la tentative d’assassinat de celle-ci jumelée à sa brusque volatilisation, la situation se condamnait à rester instable. Honnêtement, la jeune femme se questionnait sérieusement sur la nature des motivations qui l’incitaient à suivre les instructions de cette lettre, considérant la gravité des derniers événements. Néanmoins, Brethil avait besoin de se changer les idées, bien que la Prudence exigeât naturellement qu’elle prenne quelques précautions. On parlait d’un mariage auquel l’Ange n’avait jamais consenti après tout, avec un inconnu qui plus est.

De fait, lorsque l’Okan arriva finalement devant l’immensité du Lac Bleu, elle se dit que si cet homme se présentait au lieu de rendez-vous, il était probablement aussi imprudent qu’elle. De quoi bien la rassurer.

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Sam 16 Mar 2019, 23:07




Pour le meilleur et pour le pire

# C’est ce qu’on pourrait appeler la destinée


Faisant rouler la clef entre mes doigts, je me plongeais de nouveau dans la lecture de la missive, interdit. Qu’est-ce que c’était que cette blague? Depuis que j’avais été ramené aux Jardins, après des intempéries apocalyptiques sur une île perdue, après ce fou et inimaginable cauchemar auprès de Souverains maléfiques, de Dragons effarouchés et de tortue cracheuse de feu, je n’avais plus eu de nouvelles quant à ce fameux « jeu » auquel l’on m’avait fait participer sans mon consentement, il y a des mois de cela. Enfin, par aucune nouvelle, j’excluais cette grande clef d’or sertie d’une pierre à la douce et miroitante couleur bleue que j’avais retrouvé sur la table de chevet de ma chambre, un beau matin. Mélange exotique entre l’azur saphir et le violet améthyste, la pierre laissait entrevoir d’impressionnants reflets lorsque tournée vers le Soleil, comme à cet instant précis, alors que je l’examinais minutieusement, cherchant à donner du sens à toute cette histoire incongrue. Puis, de nouveau, je relus la missive. Est-ce que cette tribu, ce… – comment l’appelez-vous déjà? – Amshloumkarhya avaient un quelconque rapport avec la suite de ce stupide jeu? Je n’en savais rien, mais ce qui était d’autant plus surprenant et irritant, c’est qu’il semblerait que j’ai été marié, selon les vœux de cette divinité, à une parfaite inconnue. Encore une fois, qu’est-ce que c’était que cette blague?

Mais alors que j’allais chiffonner la missive, la conversation que j’eus avec le Capitaine Endeover, à mon retour aux Jardins, me revint à l’esprit. Sais-tu ce qui t’arriveras si tu ne parviens pas à satisfaire les conditions du jeu? Me remémorais-je alors que mes yeux s’ouvraient pour se déposer sur l’enveloppe cachetée et la lettre que je serrais dans mon poing. Non, avais-je répondu d’aplomb, ne sachant si le malaise que j’avais ressenti étaient le résultat de la peur ou de l’incompréhension de la situation. Et aujourd’hui encore, je n’avais aucun moyen de connaître les conséquences qui pourraient s’abattre sur moi si je n’arrivais pas à gagner ce jeu. À aucun moment, ces organisateurs de l’ombre avaient laissé entendre qu’il y aurait une échéance à cette morbide récréation, et si tout semblait s’être relativement bien passé pour moi, ces derniers mois, je n’avais pu complètement oublier le fait qu’une possible épée de Damoclès soit suspendue au-dessus de ma tête, attendant l’instant où je serais projeté à nouveau dans cette mésaventure pour me transpercer le crâne.

Serrant un peu plus fort la lettre, la relisant pour la énième fois, jusqu’à en connaître chaque mot, chaque tournure de phrase, par cœur, je finis par me lever de mon lit, me dirigeant d’un pas assuré vers la porte de ma chambre tout en fourrant la clé et la missive dans ma poche. De l’autre côté, plusieurs va-et-vient des miliciens de la Compagnie faisaient vibrer l’atmosphère de la caserne, toujours aussi fébrile en raison de l’approche du début des expéditions.

« Oh! Où vas-tu comme ça, mon frère? Tu n’es pas encore allé chercher ton équipement? »

Battant des yeux, je me tournais vers mon jumeau qui venait d’apparaître dans le couloir, un imposant havresac sur les épaules. Il semblerait qu’il s’agisse de l’équipement qui lui a été fourni.

« On m’attend quelque part. Je ne sais pas combien de temps cela prendra, mais si je ne reviens pas ce soir… »

Isley me dévisagea, inquiet, percevant nettement ma nervosité alors que son regard glissa paresseusement sur les armes dont je m'étais munis.

« Qu’est-ce qui se passe, Isiode? »

Reprenant contenance, j’adressais à Isley un grand sourire.

« Rien, rien. Seulement, si je ne reviens pas ce soir, ne t’en fais pas. Il se pourrait que cela prenne du temps, mais je reviendrais au plus tard demain. D’accord? »

Hésitant, Isley prit quelques instants pour réfléchir avant d’acquiescer silencieusement.

« Je pourrais aller chercher ton sac, si tu veux.

- Merci beaucoup. »

Puis, lui tournant le dos, je me dirigeais jusqu’à la sortie de notre caserne militaire avant de déployer mes ailes et de prendre mon envol. Je voulais m’assurer de ne pas être pris par surprise ou, du moins, pouvoir examiner de loin cette personne qu’il me fallait rencontrer au Lac Bleu et juger rapidement si oui ou non, celle-ci représentait une menace. C’est pourquoi je n’avais pas minimisé mon armement, ayant rangé Bellum dans son fourreau et Aurea, mon hallebarde, dans la sangle qui traversait mon torse et mon dos depuis mon épaule. Ainsi, j’étais assuré que je pourrais me défendre en cas de besoin.

Le trajet jusqu’au lac se fit assez rapidement et au loin, je pus constater quelques silhouettes aller et venir sur les rives de l’étendue bleutée. Une fois à bonne distance, j’étendis mes ailes pour me suspendre dans les airs, à la recherche de celle que je devais rencontrer et parmi les quelques hères qui se promenaient sagement devant le Lac Bleu, une silhouette aux longs cheveux blonds restait, quant à elle, parfaitement immobile. Seule sa tête bougeait, comme les aiguilles d’une horloge, alors qu’elle semblait chercher quelqu’un. Et à un moment, lorsque l’angle me permit de mieux évaluer son visage, je sentis mon cœur rater un battement sous le coup de la confusion. Ne me dîtes pas… Si le Destin pouvait avoir de l’humour, je pense qu’il ferait des blagues de ce genre. Plus sérieusement, se pouvait-il vraiment que… D’un battement d’ailes, je me rapprochais aussitôt de la position de la jeune femme, refermant mes ailes une fois le pied à terre.

« Brethil…? Brethil Lemingway? Est-ce bien vous? » M’exclamais-je en la rejoignant d'une rapide et franche foulée.

Lorsque son visage se tourna dans ma direction, je n’avais plus aucun doute et mes yeux, instantanément, se plissèrent. Non… Je devais me tromper. Elle ne pouvait pas être… Doucement, je plongeais ma main dans ma poche, sentant la texture du papier entre mes doigts ainsi que la froideur de la clé.

« Que faîtes-vous ici? »

Était-ce trop direct? J’exhalais un soupir, la dévisageant d’un regard qui se voulait étonné, mais parfaitement détaché. Si, de l’extérieur, je pouvais paraître surpris, je fis néanmoins en sorte de ne laisser rien transparaître de ma nervosité.

« Excusez ma brusque introduction. Je ne pensais pas vous croisez, pour être honnête, lui avouais-je en esquissant un maigre sourire. Comment allez-vous depuis la dernière fois? Est-ce que tout va bien avec Mérédith? »

Non, décidément, Lemingway ne pouvait pas être cette personne. Je me rassurais en me répétant cette idée, retirant finalement ma main de ma poche, comme pour me détacher complètement de cette stupide réflexion.


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Dim 17 Mar 2019, 16:53

Le temps semblait s’être ralenti, étirant chaque minute qui défilait avec une lenteur aberrante depuis que l’Ange avait posé le pied sur la surface côtière du Lac. Brethil scrutait les environs, à la recherche de cet homme lui ayant été promis, dévisageant tous les faciès inconnus qui se présentaient devant sa position immobile. Elle exhalait un soupir lorsqu’un passant traversait son champ de vision sans ralentir un seul instant ses pas, décourageant peu à peu l’immaculée qui restreignait durement son impatience. Elle n’aurait jamais dû venir ici, courber l’échine face à des demandes aussi nébuleuses que dérangeantes. Évidemment, l’Okan n’avait pas quitté les Jardin de Jhēn dans l’intention d’épouser un parfait inconnu, qui soit-il, pour satisfaire les lubies d’une divinité dont elle n’avait jamais entendu parler. Pour autant qu’elle sache, cet Amshloumkarhya n’existait peut-être même pas : sûrement une chimère créée par les fantaisies de cette tribu douteuse qui l’avait érigé en égal des Dieux. La jeune femme avait agi sur un coup de tête – elle l’admettait –, poussée par une vulgaire impulsion que sa curiosité s’était accaparée après avoir relu la missive à plusieurs reprises. En vérité, l’Ange était simplement lasse de la paranoïa, du désarroi qui emprisonnait le cœur de sa patrie, bien qu’elle en partageât le sentiment. Toutefois, elle avait ressenti le besoin de s’évader de tous ces enjeux et de cette instabilité, cédant à la tentation que la lettre avait fait naître en elle. Brethil avait déjà respecté le premier engagement de la liste en se déplaçant jusqu’au point de rendez-vous après tout : elle espérait seulement ne pas avoir à le regretter.

Un bruissement finit néanmoins par attirer son attention parmi la cohue de Mages Bleus. En fait, ce ne fut pas tant le son des plumes qui piqua réellement son intérêt : l’Okan avait reconnu le visage de ce nouvel arrivant ailé qui l’aborda d’un ton mêlant à la fois la surprise avec la confusion. Pourtant, cela serait mentir d’affirmer que l’expression de la jeune femme ne se voila guère d’un air à peu près identique. « Isiode ?! » s’exclama-t-elle en reflet à l’étonnement de l’Ànjonú. La voix de l’immaculée avait tremblé, trahissant une hésitation cachée derrière sa surprise. Que faisait-elle ici ? La question faillit lui arracher un ricanement. Elle n’en avait strictement aucune idée. « Non, que faîtes-vous ici ? » La réplique franchit ses lèvres toute seule, plus dure et froide qu’elle ne l’aurait cru. Cet homme lui avait menti. Il s’était joué d’elle, alors qu’elle luttait encore contre ses démons durant une période de vulnérabilité. La jeune femme ne désirait pas lui parler. Ses traits se rembrunirent néanmoins lorsqu’Isiode mentionna Mérédith. Une pointe de colère asséna violemment la jeune Ange. La mâchoire crispée, elle défiait le regard de Yüerell quand sa main vint s’écraser contre la joue de ce dernier dans un claquement sonore. Quelques curieux qui marchaient tout près pivotèrent la tête dans leur direction, alertés par la scène qui semblait se dérouler devant eux. Une Aile Blanche giflant une autre Aile Blanche était – il faut se l’avouer – peu commun. « Ça, c’est pour avoir menti à Mérédith. Vous en avez du culot de vous présenter devant moi après avoir profité de sa confiance ! » cracha-t-elle en ignorant délibérément ses précédentes interrogations. Le mépris de Brethil était presque palpable. Cependant, son don de l’Extrême Protection réagit rapidement et annihila le vice de son esprit, abandonnant derrière son passage un fugace sentiment de trahison. L’Okan inspira lentement, à la fois irritée et soulagée par l’intervention de sa Magie qui, sans ses effets, ne l’aurait jamais empêchée de succomber à la Colère. À présent calme, la jeune femme recula inconsciemment d’un pas, désarçonnée par son brusque changement d’humeur. « Mérédith va bien et je me sens mieux, merci. » marmonna-t-elle entre ses dents, les bras croisés. Puis, silence. L’immaculée ne croyait pas qu’il lui soit nécessaire de rajouter un mot à leur conversation vu la façon dont celle-ci avait débuté. La Prêtresse évitait de regarder Isiode dans les yeux, gênée par le malaise qu’elle avait elle-même créé en le frappant. Elle soupira. « … Je suis désolée. » Elle ne l’était pas vraiment, mais tant pis. Il avait amplement mérité qu’elle lui mente à son tour, surtout si cela pouvait les soustraire de cette ambiance embarrassante. Doucement, la jeune Ange releva la tête en fixant le faciès du soldat. « Écoutez, j’attends quelqu’un qui ne devrait pas tarder à arriver. » finit-elle par expliquer. « Je crois qu’il serait plus judicieux pour vous de partir. » Par réflexe, ses doigts se crispèrent autour du papier de la missive, alors qu’une pensée se manifestait simultanément dans sa tête. Et si c’était lui, l’époux mentionné dans le courrier? Non. L’immaculée refusait de se laisser convaincre par l'idée, mais le doute avait déjà germé. Devait-elle questionner l’Ànjonú, juste pour être sûre que ses soupçons demeurent infondés? Oui, certainement, au risque de paraître complètement folle. Mais qu’avait-elle à perdre, outre son temps, assurément?

« Il s’agit d’un homme. » poursuivit tout de même l’Okan d’une voix hésitante. « Apparemment, lui et moi sommes mariés. » Il n’y avait rien de normal dans les propos qu’elle avançait, si ce n’était qu’aux oreilles de ce mystérieux individu. Malgré tout, Brethil doutait qu’il s’agisse réellement d’Isiode. Le connaissant, il n’aurait jamais accepté de se plier à des instructions aussi suspectes. Dans tous les cas, les mots de l’immaculée faisaient très mauvais genre. Cette histoire était simplement ridicule.

910 mots – Post II
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Isiode et Isley
Lun 18 Mar 2019, 04:22

« Ne dîtes pas de bêtise, s’il-vous-plaît », laissais-je tomber tout en exhalant un soupir, frottant avec délicatesse le point d’impact qui eut entre mon visage et sa main.

Si je n’avais eu aucune difficulté à sentir la soudaine recrudescence de Colère qui avait submergée l’Immaculée, la gifle, par contre, fut une véritable surprise lorsque je l’eus sentis claquer ma joue, comme si, dans cet unique geste, Brethil avait relâché toute la frustration qu’elle pouvait ressentir à mon égard.

« Je n’ai jamais menti à Mérédith quant à mon identité, poursuivis-je, sentant peu à peu la morsure de sa claque s’estomper. Elle a simplement supposé que je fusse mon frère à ce moment-là; je ne lui ai pas donné raison, mais je ne lui ai pas donné tort non plus. »

Si elle semblait être parvenue à se calmer, je pense que je venais, tout de même, de rejeter de l’huile sur le feu, mais qu’importe, c’était la stricte vérité et je n’appréciais pas vraiment que l’on me traite de menteur là où j’avais seulement omis certains détails afin d’assurer ma couverture – oui, je pouvais appeler le fait d’avoir usé de notre apparence similaire, à Isley et à moi, comme étant une couverture. Est-ce que j’en ressentais un quelconque remord? Pas le moindre, surtout aux vues des résultats que cela avait amené. Brethil ne paraissait-elle pas plus claire et rayonnante que la première fois où nous nous étions rencontrés? Même le fait qu’elle soit en Colère me semblait merveilleux, là où l’ancienne Brethil n’était qu’une coquille vide qui ressentait et percevait toujours aussi bien les sentiments, mais qui les concentrait en une énergie si négative et destructrice qu’elle aurait pu risquer d’y laisser sa vie dans le processus. Aujourd’hui, au contraire, son être semblait s’être remplie de Lumière et de volonté; avait-elle finalement trouvé sa voie, son but, sa véritable Foi? À cette pensée, je ne pus m’empêcher de sourire doucement, tournant mon visage vers le firmament céruléen des cieux.

« Cependant, vous avez raison : j’ai profité de la confiance de cette femme pour vous approcher, ce qui ne s’est pas avéré être une si mauvaise chose, aux vues de votre état actuel », lui concédais-je sans pour autant préciser plus que cela ma réflexion, baissant finalement mes yeux dans les siens au moment où elle s’excusa, comme coupable de la gifle qu’elle venait de m’administrer et qui marquait – je pouvais très bien me l’imaginer – ma peau d’une claire teinte rosée.

Pourtant, immédiatement, mes sens me prévinrent du contraire, alors que je percevais avec plus ou moins de distinction le véritable état d’esprit de l’Immaculée. Malgré tout, je ne lui fis aucune remarque à propos de cela, préférant la laisser tranquille pour l’instant – et ne pas contrarier plus qu’il ne fallait son humeur, déjà suffisamment rembruni par ma seule présence ici. Seulement, si le fait de parler des circonstances qui ont menés à notre premier entretien était parvenu à me faire oublier le pourquoi j’étais venu jusqu’au Lac Bleu, Brethil me rappela soudainement ce fait en mentionnant qu’elle attendait quelqu’un, comme je le pensais. Mes tripes se contractèrent à cet instant alors que mon regard ne se détachait plus de la jeune femme.

« O-Oh! M’exclamais-je, mi-inquiet, mi-confiant, tentant de me persuader qu’elle ne pouvait pas être cette personne promise que la lettre me mentionnait. Dans ce cas, je ne voudrais pas vous importunez et vous faire manquer votre rendez-vous », renchéris-je d’une intonation plus assurée.

C’est pourquoi, joignant le geste à la parole, je gratifiais l’Immaculée d’une courte révérence, ne remarquant pas son poing se serrer autour d’un bout de papier, mais je ressentis, avec vivacité, la nervosité grandissante de l’Aile Blanche, ce qui ne fit qu’accentuer mon propre trouble. Intrigué, je redressais la tête dans sa direction, la dévisageant étrangement.

« Qu’y-a-t’il, Lemingway? Vous semblez soudainement si nerveuse… »

Elle prononça deux phrases, uniquement. Deux phrases simples et pourtant si étranges! Mais ces deux phrases eurent un tel effet sur moi que l’intégralité de mon être se figea, comme une statue de pierre. Je ne lâchais plus l’Okan des yeux alors que ma bouche restait scellée. Seulement, le moment où je parvins à l’ouvrir, seules des paroles inaudibles en sortir.

« A… A… »

Je ne pus continuer le reste de ma phrase, sous le choc, glissant plutôt ma main dans ma poche pour y extirper ma propre missive. Lentement, je la défroissais avant de la tendre devant le visage de l’Immaculée. À son expression, à l’écarquillement de ses yeux, je sus tout de suite que je venais de toucher dans le mille.

« Alors, c’est… c’est vraiment… vous? »

Je n’attendais même pas de confirmation de sa part, mes pupilles allant et venant de son visage à sa lettre, successivement.

« C’est ridicule. Il doit s’agir d’une erreur. Ou d’une très mauvaise plaisanterie. »

Je ramenais ma missive devant moi, la lisant et la relisant pour y trouver une faute, une quelconque anomalie qui puisse me confirmer que tout ceci était bel et bien une erreur. Pourtant, je connaissais déjà le contenu de ce message et savais donc qu’il n’y avait aucune faute ou indice d’escroquerie dans celui-ci.

« Quelqu’un doit se moquer de nous… Je le sais, j’ai déjà été victime de ses lubies déraisonnées », marmonnais-je entre mes lèvres, ne sachant si l’Ange devant moi les avaient entendues depuis sa position.

Mais si tout ceci n’était qu’une étape du jeu, cela ne voulait pas forcément dire qu’il me fallait réellement épouser Brethil, n’est-ce pas? S’il ne s’agissait que d’un jeu, les termes du mariage ne pouvaient décemment pas être acceptés comme étant ceux de l’union angélique. Alors, il n’y aurait aucune légitimité, aucun véritable contrat qui puisse nous lier éternellement l’un à l’autre. Même si la lettre faisait bien mention d’un échange de vœux, il n’y avait absolument rien d’officiel, pas vrai?

« É-Écoutez, je suis sûr qu’il doit y avoir une raison à tout cela. La lettre fait mention d’un mariage, certes, mais cela ne peut pas être officiel. Et puis, Amshloumkarhya? Vraiment? On dirait la ridicule invention de ces sauvages des îles, m’irritais-je. Quoi qu’il en soit, nous ne sommes pas obligés de prendre cela au sérieux. Ce n’est qu’un jeu. Ce mariage ne pourrait avoir aucune légitimité aux yeux des nôtres, alors nous n’avons pas à nous en faire. »

Je ne savais pas vraiment qui je désirais convaincre : elle ou moi?

« Vous êtes d’accord avec moi, Lemingway? Nous ne pouvons pas être réellement fiancés… »


1 093 mots | Post II


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Mer 20 Mar 2019, 22:53

Plus son semblable insistait à se justifier auprès d’elle, plus la jeune femme apprenait à mieux mépriser son personnage. Brethil était restée sidérée devant son absence d’admission à la faute, à la tromperie qu’il avait malgré tout orchestré en se gardant de corriger l’erreur de la Wun. Il avait beau prétendre que ses actes n’avaient répondu à aucune intentions mensongères, l’immaculée abhorrait la façon dont il rejetait implicitement le blâme sur Mérédith, puisque cette dernière avait été incapable de le distinguer de son frère jumeau. L’excuse – qui n’en était pas vraiment une – d’Isiode irrita donc l’Ange qui tentait péniblement de résister à l’appel du Péché Colérique. Elle savait que ses dons veillaient à la préserver de l’impureté de ses émotions et, de ce fait, pour éviter qu’elle ne replonge dans le vice, elle se démenait à déformer sa rage en simple dégoût. L’opération ne fut guère complexe à exécuter tant les propos du soldat la répugnait, laissant derrière leur élocution que des frissons de mépris. « Votre silence est autant coupable que des mots. Ayez au moins la décence d’admettre vos torts. » rétorqua-t-elle de sa même voix tranchante, glaciale. Le cœur de l’immaculée s’était indéniablement apaisé, certes, mais il n’avait pas renoncé à défendre l’intégrité de ses principes. L’homme était un menteur : la logique qu’il plaidait, digne d’un esprit perverti par l’art de la manipulation auquel la Prêtresse se concédait le devoir de s’y opposer. Elle se sentait provoquée, invitée à relâcher la corruption qui sévissait parmi ses pulsions de nature primitives et dégradantes. En vérité, la jeune femme n’arrivait pas à diriger les machinations dont elle, sans en avoir été conscience, s’était fait piéger. Comment l’un des siens pouvait nourrir si peu, voire aucun remord après avoir commis un acte si déloyal en s’appropriant la promesse de son frère? L’Okan ressentit tout d’un coup l’envie de gifler l’Ànjonú une seconde fois pendant qu’il dardait son attention en direction de la voûte céleste. Néanmoins, les mots qu’il articula lors de sa douce contemplation la dissuada de concrétiser ses desseins. Elle n’avait pas prévu qu’Isiode reconnaisse sa part de responsabilité dans cet abus de confiance – bien qu’à moitié seulement, mais le geste était là tout de même. Cela ne signifiait guère que la religieuse daignait le pardonner aussi aisément, mais elle se permit de lui offrir un peu de clémence en demeurant silencieuse. Autrement, une autre répartie acerbe se serait fait le plaisir de s’échapper d’entre ses lèvres pincées.

Lorsque l’homme annonça son départ imminent, l’immaculée ne parvint pas à masquer son soulagement de voir bientôt partir la source à l’origine de la brève manifestation de son vice. « Merci. » Elle était sincère cette fois-ci. « J’espère que vous ne m’en voulez pas trop pour la gifle. ... Vous devez comprendre les raisons de mon irritabilité. » Brethil avait bel et bien noté la pointe de nervosité qui transparaissait dans l’intonation de voix de son semblable. Elle choisit simplement d’en faire aucune mention explicite, pensant que leurs chemins étaient voués à se séparer dans quelques instants. Cependant, à l’écoute de ses vagues éclaircissements, Isiode parut déstabiliser, alimentant les soupçons de la jeune femme dont le souffle se coupa net. Lentement, ses prunelles azurées parcoururent les lignes encrées du papier que lui tendait confusément l’Ànjonú, s’écarquillant au fur et à mesure que l’Okan en saisissait le véritable sens. À court de mots, celle-ci leva un regard dérouté sur l’homme aux cheveux ivoire, le laissant exploser au cœur de son monologue déchaîné. Il avait raison : il s’agissait forcément d’une erreur. Elle refusait d’être mariée à lui et, par ce fait même, de continuer à se plier devant les instructions de ce complot idiot. « Qui soient ces gens, je n’ai aucune intention d’accorder de la légitimité à leurs désillusions ou à leurs lubies, qu’importe. » annonça-t-elle au bout d’un long silence. Son ton était ferme. « Croyez-moi, ce Dieu n’existe pas. Je suis un enseignement ecclésiastique depuis plusieurs lunes, je suis donc disposée pour vous le confirmer. » C’était ce dont elle voulait se persuader du moins, car, en réalité, elle ne détenait pas la moindre certitude absolue sur cette vérité. Cela n’avait aucune importance néanmoins. Elle n’accepterait jamais de légitimer d’une quelconque manière cette union martiale non-consentante. « Vous avez dit avoir été victime des manigances de ces individus. » poursuivit-elle, le regard insistant. « Que savez-vous sur eux ? Sont-ils dangereux ? Dîtes-moi tout ce que vous savez. Ne négligez aucun détail. » En dépit de son refus catégorique de soumission, la Prêtresse demeurait anxieuse à cause du doute, de l’infime possibilité qui pourrait jouer en leur défaveur. Les forces Célestes ne devaient en aucun cas être sous-estimées – aussi absurdes soient-elles. Beaucoup trop d’imprudents impies se faisaient châtier pour leur arrogance et, par conséquent, la jeune femme ne voulait prendre aucun risque d'offenser, peut-être, une mystérieuse Divinité. L’idée ne l’enchantait pas évidemment, mais si, par malheur, elle se trompait, Isiode et elle-même se retrouveraient limités dans leur véritable marge de manœuvre. L’Ange inspira profondément. Ils aviseraient uniquement si la vérité se révélait être celle qu’ils appréhendaient tous les deux.

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Sam 23 Mar 2019, 20:02

À l’instant où je lui avais annoncé mon départ, l’Immaculée avait paru particulièrement ravie de savoir que j’allais quitter les lieux. Cela étant dit, je ne m’étais aucunement senti vexé, compte tenu de la situation car, après tout, je comprenais parfaitement les raisons de son irritabilité, comme elle l’avait si bien souligné. Si mes manières de faire la déplaisaient, pour ma part, seule la finalité avait compté et cela me suffisait amplement de la savoir plus près de la Vie que de la Mort pour regretter, ne serait-ce qu’un instant, la portée de mes actions. Mais à l’heure actuelle, il semblerait que nous devrions faire front commun pour essayer de saisir dans quelle nouvelle intrigue nous venions d’être plongés.

« Je doute que vous me croirez si je vous raconte ce qui m’est arrivé… »

Pourtant, les iris de la jeune femme restaient braquées sur mon visage, droits et inflexibles. Néanmoins, cette histoire pouvait-elle vraiment paraître invraisemblable considérant que nous nous trouvions dans une telle situation actuellement? Je relâchais un soupir entre mes lèvres, invitant l’Aile Blanche à s’asseoir sur le gazon, à mes côtés.

« L’histoire est longue et incroyable, sachez-le tout de suite… L’avertissais-je de nouveau, prenant une profonde inspiration avant de me lancer dans la narration de cette étrange aventure dans laquelle j’avais été propulsé, bien malgré moi, juste après les festivités du Lux In Caelum. Je ne sais guère pourquoi, mais je venais tout juste de rentrer dans ma chambre d’auberge et à l’instant où je me suis glissé dans mon lit, la seconde d’après, je me suis retrouvé sur le plateau d’un mont enneigé. Il ne s’agissait pas du territoire des Montagnes de l’Edelweiss; de là-haut, j’étais en mesure d’apercevoir l’eau de la mer gronder à l’horizon. Je me trouvais… Ou plutôt, nous nous trouvions sur une île de la mer Maudite… »

Mais rien n’était moins sûr, étant donné que je ne pouvais que m’accorder sur ce que le Capitaine Endeover m’avait reporté, comme quoi d’étranges phénomènes auraient été aperçu dans ce secteur, précisément, allant d’un énorme brouillard noir et opaque à une pluie impressionnante d’orages sinople. Passé ces détails, je lui appris même que j’avais été agressé par un homme. Pris de folie, ce dernier était persuadé que je le poursuivais et s’était mis en tête de me tuer.

« Je ne sais ce qui est arrivé à cet homme, mais il voyait en moi un être que je n’étais pas, soupirais-je. Il était complètement fou. Et il n’était pas le seul à déraisonner. J’avais l’impression qu’il s’agissait véritablement de la fin du Monde, murmurais-je en me pinçant l’arête du nez, lui contant également l’apparition d’un Ange au charisme écrasant et à la blancheur absolument éclatante avant que je ne sois téléporté de nouveau, mais cette fois-ci, sur le pont d’un bateau. Là-bas… Ce fut horrible. »

Je lui racontais la traversée catastrophique qui eut au cours de ce voyage en bateau, lui indiquant la présence de grands Monarques et l’apparition de grands monstres, sans omettre le moindre détail, comme la poignée de main entre le Monarque Démoniaque et Raeden Liddell – ce lâche me répugnait depuis – ainsi que notre naufrage sur les berges d’une nouvelle île, soulignant également la présence de l’Ultimage dans les membres de notre équipage. Cependant, dans son cas, je m’étais abstenu de dévoiler à mon auditrice que l’Impératrice Blanche portait la Couronne des Cieux, l’un des artéfacts les plus sacrés de notre race. Je ne savais pas s’il était judicieux de lui faire part de cela, en réalité.

« Une fois sur la plage de cette nouvelle terre, nous nous sommes mis à explorer l’île, mais nous avons été rapidement attaqué par un monstre, une sorte de tortue géante qui portait des pics sur sa carapace et qui crachait des flammes depuis une bouche remplie de canines, poursuivais-je, tentant de rassembler mes souvenirs pour lui faire un portrait détaillé de la situation dans laquelle nous nous étions retrouvés. Là-bas, il y avait un portail que j’ai traversé et qui m’a ramené aux Jardins, en plein cœur du bâtiment de ma milice. »

Puis, je lui montrais la clé sertie d’une tanzanite, lui soulignant qu’à mon retour, on m’avait donné de nouvelles instructions sur un bout de papier, m’indiquant qu’il me faudrait aider à l’organisation et à la préparation d’expéditions. Je me permis de développer un peu quant à la situation de ma Compagnie à ce moment-là, comme quoi un Olori nous avait proposé une collaboration quant à l’exploration et la découverte de nouvelles terres pour pouvoir les annexer et les coloniser.

« Ce qui me trouble beaucoup, c’est qu’une fois après en avoir parlé à mon supérieur, ce dernier m’a appris que le verdict était tombé il y avait quelques jours à peine. Personne d’autres à part les membres de la Compagnie et l’Olori Ivanhnoé étaient au courant de notre accord. Et pourtant, ces instructions, malgré le ton évasif du message, semblaient avoir été écrites pour cette occasion, pour ces explorations… »

Je me tus, fixant la clé.

« Elle est apparue, un matin, sur ma table de chevet et je croyais qu’il s’agissait d’un indice sur la prochaine étape à accomplir. Mais voilà des mois et des mois que je n’eus aucune nouvelle de ce jeu… Jusqu’à tout récemment avec cette lettre », concluais-je en plaçant le bout de papier devant nous, sur le gazon.

Puis, je tournais mon regard en direction de l’Immaculée, dont le visage était complètement fermé. Cela dit, j’étais en mesure de percevoir ses ressentis.

« Avec mon supérieur, nous avons tourné et retourné cette histoire des dizaines et des dizaines de fois, sans pouvoir tomber sur un consensus. Était-ce les Dieux qui tiraient les ficelles de ce jeu? S’agit-il plutôt de Souverains en manque de divertissement qui se sont unis pour mettre en place cette énorme mascarade? »

Je me frottais le menton, pensif.

« Au final, étant donné que je n’eus plus aucune nouvelle et que je n’ai plus disparu subitement selon les envies d’on-ne-sait-qui, nous ne nous sommes pas plus penchés sur la question, mais aujourd’hui… »

Je tentais de capter le regard de l’Okan, penchant légèrement la tête sur le côté.

« Qu’en dîtes-vous, Lemingway? Je croyais, au début, que ce mariage arrangé était une étape de ce jeu, mais à votre expression, je peux facilement deviner que vous n’aviez aucune idée de l’existence d’un tel jeu, pas vrai? »

Était-elle une nouvelle candidate pour remplacer ceux que nous avions perdus en cours de route? Ou étais-je encore le seul participant et que Brethil avait simplement été entraîné dans toute cette histoire pour pimenter la partie? Mon cerveau était embrouillé, mais je parvins à garder mon calme pour me concentrer et essayer de trouver un sens, une raison, à tout cela : il devait forcément en avoir une.


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Dim 24 Mar 2019, 14:21

« Essayez-moi. » renchérit-elle, avant de prendre place aux côtés de l’Ànjonú sur les brins d’herbes qui tapissaient le sol. Pour assurer le confort de sa posture assise, l’immaculée croisa les jambes, posant les coudes contre ses cuisses. Elle vint également se servir de l’entrecroisement de ses doigts fins pour créer un appui à l’intention de son menton. Le regard mi troublé, mi inquisiteur, la jeune femme semblait captiver par le faciès du soldat qu’elle contemplait intensément. En vérité, son attention était concentrée sur le mouvement de ses lèvres, fébrile d’entendre le récit qui en découlerait. L’audition de l’Ange se dédiait entièrement à l’écoute des propos articulés par son semblable, comme si elle tentait d’y percer un secret. Barricadée dans le silence, elle dialoguait avec l’homme à travers le changement de ses expressions faciales. De l’étonnement, elle passa rapidement au choc, pour finir sur de l’incompréhension, du désarroi. La Prêtresse peinait à croire la narration qui venait de lui caresser les tympans, ou plutôt, elle appréhendait que toutes ces fantaisies et toutes ces horreurs fassent désormais parti de ses préoccupations à cause de ce mariage qui la liait inexorablement à un candidat de ce jeu morbide. L’ensemble de cette histoire la laissait sans voix, dans un mutisme à la fois désarçonné et terrifié. Qui détenait la puissance nécessaire de forcer autant de Souverains à participer à de pareilles folies, outre un Dieu ? Le teint de peau de l'Okan avait pâli à vue d’œil, sa blancheur étant renforcée par l’éclat du jour qui la baignait de sa lumière chaleureuse. Ses ongles s’enfoncèrent dans la terre du couvert herbeux, alors que ses traits, si pensifs auparavant, s’obscurcirent considérablement. Elle ignorait quoi penser de ce jeu, ne pouvant guère s’en imaginer le but même. Que devait-elle dire à Isiode exactement ? Que son récit l’avait terrorisée ? Que, à chaque phrase qu’il avait formulée, la raison de l’immaculée lui dictait de plus en plus de se plier aux exigences du contenu de la lettre ? Cela faisait trop à encaisser. Beaucoup trop. L’unique constante étant ce vague sentiment de mauvaise impression qui gagnait peu à peu de terrain au creux de sa tête.

« Non, aucune. » parvint-elle à souffler, comblant le vide qu’elle avait elle-même façonné. Un soupir avait néanmoins réussi à franchir ses lèvres avant qu’elle ne trouve enfin la volonté de s’exprimer. « Je vais être honnête avec vous. » poursuivit la jeune femme sur la même intonation incertaine. « Ce que vous m’avez raconté… c’est de la pure folie. » Il n’existait aucun autre terme plus adéquat pour décrire le fil conducteur de la narration de l’Ange : de la folie, à sa plus simple expression, à sa plus terrifiante manifestation. « Mais avant que vous ne posiez la question, oui, je crois en la véracité de votre récit. » L’Okan possédait le don de détecter les mensonges d’autrui et, en ce qui concernait l’élocution de cette histoire, l’Ànjonú s’était montré indéniablement franc. Il n’aurait jamais pu inventer une série d’événements aussi rocambolesques simplement pour la convaincre d’accepter les termes d’une prétendue union qu’il ne désirait pas également. La Prêtresse ne voulait pas le marier. Jamais elle ne répéterait ces mots assez souvent. Le mariage qui leur était imposé ne respectait même pas les lois angéliques – si tant il s’agissait là de l’unique problème auquel ils se voyaient confrontés. « Savez-vous ce qui arrive lorsqu’on refuse de participer au jeu ? » Simple question rhétorique. La finalité d’une telle initiative ne pouvait jamais être bonne. Elle ne l’était jamais. « Comment pouvons-nous être certains que ce mariage soit une continuité de votre jeu pour commencer ? » posa-t-elle sur la défensive. Isiode n’en savait probablement rien pourtant ; elle également. La jeune femme ne l’avait guère souhaité, mais ils se retrouvaient désormais prisonniers dans une impasse de doutes sur la véritable nature de ce complot. « … Peu importe. » lança l’immaculée à travers un long soupir. « Si vous voulez mon avis, ces événements ressemblent effectivement à l’œuvre d’une divinité. Je suppose que le nom « Amshloumkarhya » n’est, en réalité, qu’une autre identité d’un Aether existant – sans savoir lequel précisément. Je ne peux en être certaine à cent pour cent cela dit, mais il s’agit d’une possibilité parmi tant d’autres. » L’Okan haïssait déjà la suite des propos qu’elle allait émettre. Cependant, elle ne voyait pas d’autre alternative qui réduirait à néant les plausibles risques qu’une colère céleste finisse par s’abattre sur eux, avec son lot de conséquences désastreuses. « Je propose que nous nous mettions en quête des Larmes d’Ange, comme nous le demande la lettre, pour minimiser nos risques s’il s’agit bel et bien d’un Dieu. » précisa-t-elle. « Peut-être obtiendrons-nous des éclaircissements une fois que cela sera accompli. On nous a sans doute unis, mais nous ne sommes pas tenus d’accepter aveuglément la légitimité de cette union forcée. Aux yeux de notre peuple et de ses lois, nous ne sommes définitivement pas mariés. Les mœurs étrangères ne sont pas reconnues dans les alliances angéliques : seule la preuve du véritable Amour compte. » C’était sa manière d’affirmer, une bonne fois pour toute, que leur couple n’en deviendrait jamais un, peu importe les actes qu’ils choisiraient de concrétiser. « Qu’avons-nous à perdre ? Après tout, si nous oublions l’absurdité du contexte, ces instructions concordent parfaitement avec les intérêts de notre nation. » Il s’agissait de l’unique point positif que l’immaculée était parvenue à extraire des méandres de l’insolite. « Acceptez-vous ma proposition ? » s’enquit-elle en se redressant.

908 mots – Post IV
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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Jeu 28 Mar 2019, 16:15

Je la fixais en silence, conscient qu’elle n’attendait certainement aucune réponse de ma part, puisqu’elle devait sûrement avoir une idée de ce que l’on réservait à ceux qui se désistaient ou allaient à l’encontre des règles du jeu. Après, je ne pouvais, moi-même, en être sûr à cent pour cent, étant donné que je ne savais même pas si j’étais toujours de la partie ou si j’avais simplement été repoussé de la main par ces fameux acteurs de l’ombre. Cela étant dit, je ne pouvais me sortir de la tête toutes ces images d’hommes et de femmes qui avaient été jetés à la mer au cours de notre voyage en bateau ou bien de ceux qui avaient péri à la suite d’attaques aussi fourbes que dévastateurs dues à la colère d’autrui ou au plaisir d’un déviant. Était-ce là, la véritable fin qui attendait ceux qui refusait de se plier à ce macabre divertissement? À cette unique pensée, je sentis l’un de mes poings se contracter, songeant à tous ces hères qui avaient été emmenés dans ce jeu uniquement pour connaître une fin aussi triste qu’injuste. Personne ne méritait de mourir pour l’amusement et la distraction d’autrui… Personne. Un soupir s’échappa de mon expiration.

« Comment pouvons-nous être certains que ce mariage ne soit pas une continuité de ce jeu? » Renchéris-je en la fixant droit dans les yeux, sachant parfaitement que l’Immaculée, malgré sa défensive, songeait également à cette option.

Cela étant dit, je ne pouvais être plus sérieux qu’à cet instant, conscient que les possibilités pouvaient être aussi multiples que restreintes car, après tout, rien de cette situation me semblait faire de sens. Par conséquent, cette dernière pouvait aller dans toutes les directions possibles et inimaginables, sans que nous sachions, Lemingway et moi, quel était le chemin qui nous serait le plus profitable. Pour autant, je pouvais comprendre les appréhensions de l’Aile Blanche, puisque je les partageais également, observant d’un œil vague et pensif la pierre précieuse incrustée dans la clé.

« Une possibilité parmi tant d’autres, mais il s’agit, encore là, que d’une supposition. »

Nous tournions en rond. Plus que d’essayer d’avancer, nous ne ferions que tergiverser sur un sujet dont nous n’avions aucune information; sur un sujet qui n’avait de queue et de tête que les instructions qui nous avaient été transmises par ces missives… et auxquelles nous devions-nous plier? Décidément, c’était cela, le plus inquiétant : avancer les yeux bandés, nous laisser entraîner dans une manigance comme si nous n’étions que des personnages de conte ou de théâtre dont les mouvements étaient manipulés par une force extérieure à la nôtre. Ne pouvoir sortir de l’ombre et ne pas comprendre ce qui se tramait définitivement dans les coulisses de cette absurde comédie : c’était ce qui m’inquiétait et m’abstenait de continuer sur cette voie, là où je pressentais ne pas avoir nécessairement ma place. Est-ce que nous connaîtrons le fin mot de cette histoire ou serions-nous éternellement plongés dans l’obscurité qu’étendait notre ignorance? Une fois de plus, je soupirais.

« Je connais parfaitement nos mœurs et ne compte pas, de toute façon, développer quoi que ce soit pour vous. Pour cela, vous n’avez pas à vous en faire, Lemingway : je sais très bien que ma place n’est pas à vos côtés et que vous méritez certainement plus que ce que je ne pourrais jamais vous offrir, laissais-je tomber de but-en-blanc en appuyant l’une de mes joues sur mon poing. Malgré tout, nous sommes coincés l’un et l’autre dans cette situation et il semblerait que le plus sûr serait de suivre ces instructions, poursuivais-je en lui jetant un bref regard sur le côté. Croyez-vous que nous ayons réellement le choix, dans de telles conditions? »

Un silence persista quelques instants, jusqu’à ce que mon visage se fende d’un léger sourire. Lentement, je finis par me redresser, tendant l’une de mes mains en direction de l’Immaculée pour l’aider à se relever.

« Bien. Allons chercher ces Omije. »

La réflexion de l’Ailée n’était pas mauvaise en soi, même si je doutais encore de l’authenticité de cette lettre. Amshloumkarhya, une tribu méconnue, un mariage sans consentement, une recherche des Larmes d’Ange… Quel était le vrai but de cette histoire et en quoi chacun de ces éléments étaient liés à nous, exactement? Certains fonds de cette requête étaient plus faciles à comprendre que d’autres, mais tout le nébuleux de cette histoire laissait néanmoins un arrière-goût amer dans la bouche. Lemingway disait que la quête des Larmes d’Ange servirait notre peuple, ce qui n’était pas faux, mais de mon point de vue, je ne pouvais m’empêcher de ressentir un malaise grandissant tordre les entrailles de mon estomac. Parce qu’au final, est-ce que cette quête serait véritablement bénéfique pour nous? Ou servirait-elle plutôt les plans de ce troisième parti? Je réfléchis probablement trop, me fis-je remarquer intérieurement. Même si je n’y croyais qu’à moitié.

« J’ai ouïe dire qu’il y aurait, au-delà de Vervallée, un souterrain regorgeant d’Omije… À la suite de la Guerre, cette grotte s’en serait soudainement remplie… » Lui partageais-je d’une voix imperceptible, tournant mon regard en direction de la vallée qui menait jusqu’aux plateaux du Lac Bleu.

Cependant, après ce bref égarement, je troquais la clé d’or pour une carte qui se trouvait quelque part, au fond de ma besace. Déroulant le parchemin avec attention, je montrais à l’Okan une zone du doigt, lui indiquant, de ce fait, le périmètre dans lequel devait, hypothétiquement, se situer l’entrée de ces fameux souterrains.

« Quelques Anges de ma Compagnie sont allés y chercher leurs propres Larmes, mais je n’en sais pas plus sur le sujet, outre le fait que cette grotte devrait se trouver dans ce secteur du plateau, l’informais-je tout en m’assurant qu’elle se souvienne du lieu avant de ranger la carte avec le reste de mes affaires. Une fois sur place, je devrais être en mesure de retrouver leur localisation sans trop de difficulté. Il me suffira de suivre mon instinct. »

Mes mots pouvaient sembler flous, voire carrément déraisonnées, mais je connaissais l’étendue de mon pouvoir et étais, de ce fait, confiant de ma capacité à repérer ce que nous désirions trouver.


1 034 mots | Post IV


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Sam 30 Mar 2019, 18:24

« Oh, je ne voudrais surtout pas rendre jalouses vos nombreuses prétendantes. Comme cela, elles auront toujours une chance de parvenir à vous séduire. » lâcha-t-elle, sarcastique, après que l’Ànjonú eut émis, froidement, son commentaire. Entre la narration de ce dernier et la gravité de l’échange qui avait suivi, l’Ange était, de peu, parvenue à oublier le mépris qu’elle nourrissait envers le personnage du soldat. L’ironie qui avait peint sa voix était, de fait, mélangé à une pointe flagrante d’agacement que Brethil ne tenta même pas de cacher. Elle ne se sentait pas particulièrement blessée par les mots de son compère mais, en avançant de tels propos, celui-ci ne pourrait décemment pas se plaindre d’être incapable de s’octroyer sa sympathie. La suite, néanmoins, réussit à arracher l’esquisse d’un sourire sur la figure de la jeune femme. « Au moins, nous nous entendons parfaitement sur ce point. » Isiode avait d’ores et déjà anéanti tous les espoirs hypothétiques qu’elle tombe amoureuse de lui. Il était bel homme, la blonde ne le niait pas, et depuis les événements de Lux in Caelum, sa popularité avait atteint un sommet inégalé parmi les leurs et les Mages Bleus notamment. Tout pour plaire à la gente féminine en somme. Pour sa part, Brethil ne se berçait pas d’illusions : elle avait vu, à travers toutes ses facettes, le vrai visage de l’homme et la vérité l’avait profondément déçue. L'amertume qu’elle ne cessait de porter à son égard en était la preuve vivante. Pourtant, faisant fi de son exaspération, l’Okan se força à ravaler les railleries qui chatouillaient encore le bout de ses lèvres, tandis que Yüerell reprenait doucement la parole. Les traits de la jeune femme retrouvèrent, ainsi, progressivement leur air sérieux, effaçant la ligne de son rictus au profit d’une mine résignée, vaincue. Elle était déjà lassée par le cours de cette histoire, de questionner sans arrêt leurs choix, bien qu’ils ignoraient tous des véritables enjeux. Elle ne saurait dire si la conclusion qu’elle avait atteint était, sans l’ombre d’un doute, sensée. Rien ne pouvait l’être dans un contexte si absurde. Évidemment, la Prêtresse gardait beaucoup de réticences à obéir aussi aveuglément au contenu douteux d’une missive dont la provenance l’était tout autant. Mais que pouvait-elle faire, outre espérer qu’il ne s’agisse guère des manigances d’une véritable déité facilement irritable? Elle n’en savait rien. Elle doutait de l’apprendre un jour, même. De ce fait, l’immaculée ne trouva qu’un seul mot à prononcer, murmurant en un souffle la simplicité de sa répartie : « Non. » Puis après, plus rien.

Autour d’eux, le temps sembla reprendre de ses droits, alors que le Lac se réanime brusquement en caressant ses oreilles de la mélodie du vent, de l’eau ainsi que du chahut de l’activité humaine. Le mutisme des deux angelots s’étira encore quelques instants, jusqu’à ce qu’Isiode finisse par se relever. Il tendit la main à la servante des divinités dans un geste de bonté que celle-ci refusa d’accepter, se redressant, par ses propres moyens, sur la plante de ses pieds. Elle vint ensuite déloger les brins d’herbes restés accrochés aux pans de sa tunique en secouant vivement son vêtement, avant de reporter son regard céruléen en direction de l’Ànjonú. Une fois que ce dernier se fût assuré de bénéficier de toute son attention, il lui dévoila, promptement, l’existence d’un sous-sol rempli d’Omije, non loin de la Cité de Vervallée. Il ponctua ses propos en dépliant le papier d’une carte de la région du Lac Bleu, le doigt pointé sur le secteur approximatif de ce fameux réseau de souterrains. D’un hochement de tête, la jeune Okan, qui avait rapidement mémorisé toute l’information nécessaire, donna le feu vert à son semblable et celui-ci vint aussitôt ranger le parchemin à l’intérieur de sa besace.

« Votre instinct à part, il se trouve que je connais assez bien la zone que vous m’avez montré. » avoua-t-elle, lentement. « Le mari de Mérédith s’y rend souvent pour vendre leurs surplus de betteraves, avant de poursuivre sa route vers Vervallée. » expliqua-t-elle tout en ajustant sa tresse. « L’entrée de ces souterrains doit se situer dans la périphérie du village. J’y suis déjà allée quelques fois, je peux nous y amener pour commencer quelque part. Ceci dit, j’ignore où trouver ces grottes précisément. » Elle n’avait jamais pris la peine de les chercher. En vérité, c’était même la première fois qu’elle en entendait parler. D’un autre côté, l’Ange ne s’y était pas vraiment intéressée auparavant, pour la simple et bonne raison qu’elle eût été déprimée. Depuis, son état s’était, en quelque sorte, amélioré, mais cela faisait des lunes elle n'avait plus remis les pieds en ces lieux. Par chance, elle se rappelait toujours de la route à emprunter. « Nous en avons pour une douzaine de minutes de vol, je dirais. Êtes-vous prêt ? » posa-t-elle, avant de déployer ses ailes et de se propulser dans les airs. La jeune femme bifurqua en direction de l’Est, le dos tourné à l’astre du jour qui dardait ses lueurs incandescentes contre les courbes de son plumage immaculé, avant de se murer au cœur d'un silence entêté. L'Ange n'avait pas fini d'en vouloir à son « partenaire » et elle était bien décidée à le lui montrer.

877 mots – Post V
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Dim 31 Mar 2019, 23:49

À l’entente du sarcasme de son commentaire, mon sourcil s’était relevé tandis que mon regard, un brin sceptique, l’avait dévisagé. Je ne comprenais pas l’amertume soudain dont elle avait fait preuve à mon égard, n’ayant dit, à mes yeux, que ce que je pensais être la vérité. J’exacerbais l’amour comme un Déchu exacerbait la modération. Je ne voyais en ce sentiment que peine et destruction. Alors je ne me voyais pas faire la même erreur que mon frère, pas parce que l’Immaculée me paraissait fade ou repoussante – au contraire – simplement parce que l’Amour ne m’était guère nécessaire. C’est pourquoi, en exhalant un soupir, j’avais tout bonnement détourné le regard, sans protester ou lui donner raison. Je trouvais sa réaction puérile, voire peut-être même un brin agressif en vérité, alors que je lui avais adressé ce commentaire uniquement pour la rassurer de notre situation. Je savais pertinemment qu’elle ne me prêtait guère de bons sentiments et connaître, aujourd’hui, que j’étais son mystérieux promis n’avait certainement pas aidé dans le processus, mais en disant que je ne tomberais jamais amoureux d’elle, qu’elle méritait meilleure affection que la mienne; tout cela, je m’étais permis de le lui souligner en croyant que cela allait l’alléger, voire même la soulager. Mais il semblerait, au contraire, que cela n’avait fait que ressortir, plus encore, la frustration qu’elle semblait contenir au plus profond d’elle-même. Avais-je été trop dur dans mes propos? Brutal, insensible ou bien véhément? Décidément, comprendre le cœur des gens était difficile à certains moments…

Cela étant dit, à présent, l’Okan avait reprit un air plus sérieux, délaissant son expression irritée et moqueur pour, finalement, me fixer droit dans les yeux. Depuis qu’elle avait tout bonnement ignorée la main que je lui avais avancée pour l’aider à se relever, l’ambiance qui nous enveloppait était particulièrement étrange, mais nous parvenions à la garder plus ou moins cordiale et affable tout au long de notre échange sans, par chance, remettre le feu aux poudres. C’est ainsi qu’après m’avoir admis qu’elle connaissait la route pour se rendre jusqu’à notre objectif – ou du moins, dans ses environs – que je lui avais fait un signe par hochement de la tête. Prêt?

« Oui », lui répondis-je tout en déployant mes ailes, suivant son vol dès qu’elle décolla du sol pour embrasser l’étreinte des cieux.

Dès cet instant, nous pûmes aisément surplomber la surface du Lac Bleu, captant au loin les courbes et les lignes qui façonnaient les plateaux de la contrée de Vervallée. Pour autant, ce n’était pas vers le nord que nous nous déplacions, l’Okan nous guidant en direction d’un horizon vers lequel nous abandonnions et les Jardins de Jhēn et la citée magicienne. Laissant le vent nous porter, laissant la chaleur de Jeriel parcourir le dessus de nos ailes, nous étions pourtant séparés, tous les deux, par un mutisme complet. Car le silence qui se tenait entre nous était dense, trouble, mais du haut des airs, je ne m’en préoccupais que très peu, sentant bien que l’exaspération de l’Immaculée ne s’était guère apaisée. Je pouvais capter les sentiments de l’Ailée avec plus ou moins de facilité et pensais, de ce fait, qu’il serait peut-être mieux pour moi de ne pas alimenter, plus que cela, le feu qui brûlait en elle. L’avais-je blessé, par mes commentaires? L’avais-je fâchée, par ma seule présence à ses côtés? Sûrement… Pensais-je tout en lui coulant un regard en biais, soupirant face au silence glacial qu’elle m’adressait. Accélérant de manière à me mettre à sa hauteur, je m’assurais de conserver une certaine distance de sécurité entre elle et moi afin d’éviter toute collision indésirée.

« Si je me suis montré indélicat ou brutal à votre endroit, vous m’en voyez désolé. Il m’arrive d’utiliser les mauvais mots ou le mauvais ton pour exprimer mes véritables pensées, lui partageais-je en exhalant un soupir. Je nous sais incompatibles, sur bien des points, mais ne me voyez pas comme votre ennemi. »

J’avais mes yeux rivés sur elle à l’instant où je lui fis part de ces quelques mots, la scrutant du regard pendant quelques secondes avant de détourner le visage pour regarder, de nouveau, droit devant moi.

« Mes intentions ne sont pas mauvaises, sachez simplement cela », concluais-je d’une voix assurée, donnant un puissant coup à mes ailes afin de suivre la cadence imposée, sans ralentir.

Maintenant que cela avait été dit, je ne cherchais plus, tout au long du vol, à l’importuner ou à la déranger. J’avais bien compris que mes actions, présentes et passées, ne l’avaient guère plu, mais pour moi, ces actions ne méritaient pas toute la Colère qu’elle me gratifiait. Parce que je ne l’avais fait que dans l’optique de lui venir en aide. Je n’avais fait cela que pour la sortir des ténèbres dans lesquelles elle n’avait cessé de s’enfoncer, au point où même la main délicate et salvatrice de Mérédith n’avait pu la rejoindre et l’en extirper. Bien sûr, je m’étais attendu à une telle réaction de sa part si, un jour, elle venait à connaître l’imposture, mais voir de mes propres yeux ce que cela impliquait m’avait, pour le moins, particulièrement troublé. Même si je l’avais aidé à ouvrir les yeux, Lemingway ne ressentait, à mon égard, aucun empathie ou respect. Était-ce cela, qui m’attendait, au bout de cette voie? La haine de mes pairs à la suite de mon tribut? La solitude, en raison de l’incompréhension? Alors que tout ce que j’appliquais, je le faisais en fonction du bonheur et de la prospérité des miens?

Étrangement, à cet instant, une pensée me traversa l’esprit. Est-ce que la défunte Élue des Cieux, l’Apakan Heylik, avait ressenti cela en voyant son propre peuple lui tourner le dos? Abandonnée, trahie, alors qu’elle avait œuvré, du mieux qu’elle le pouvait, pour notre survie? Doucement, mon regard s’était posé sur le fourreau de mon épée, les paroles de l’Ultimage résonnant, quelques secondes, au fond de mon crâne. Pour le Bien et la prospérité, oui… Oui, j’étais prêt à tout encaisser.


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Sam 06 Avr 2019, 19:54

L’immaculée ferma les yeux un court instant, relevant légèrement la tête afin d’humer le parfum de l’air frais qui transportait les fragrances humides du Lac et celles, notablement plus délicates, des boisés environnants. Le vent chaud s’infiltrait entre les tissus de ces vêtements, procurant à l’Ange un doux sentiment de bien-être quand ce dernier lui effleurait tendrement la peau. Elle appréciait tant la caresse de la brise qu’un sourire, aux traits légers et rêveurs, parvint à se dessiner sur la commissure de ses lèvres. Voler était l'un de ses plus grands plaisirs : l’acte l’exaltait en dépit de tous ses états d’âme pour qu’elle puisse s’octroyer, en ces moments uniquement, une véritable liberté. Les troubles qui affectaient le quotidien des siens devenaient subitement de lointaines réminiscences. Ses nuits écourtées par des terreurs nocturnes cessaient également d’exister et la paranoïa qui la dévorait depuis sa longue errance à travers le dédale de la Mort s’était simplement volatilisée. Au cœur des cieux, l’ailée devenait maîtresse de sa Destinée, s’exemptant des entraves que lui apposait une réalité bien trop cruelle et éprouvante. Au cœur du firmament, les Aetheri daignaient enfin lui accorder un peu de leur clémence, jusqu’à ce que ses pieds finissent par toucher le sol une fois que leur envol s’achevait. La jeune femme exhala un long soupir, écartant ces pensées sombres de l’enceinte de son esprit. Elle désirait jouir de l’instant présent, d’oublier la souffrance de ses tracas durant ce court moment de répit qu’elle estimait mériter amplement. Elle concéda néanmoins à ouvrir les paupières lorsque son compagnon de route vint la rejoindre à ses côtés, conservant prudemment une marge de sûreté entre eux. Bien que l’Okan n’eusse pas envie d’échanger le dialogue, elle ne se formalisa pas de la présence du soldat à proximité. Elle n’avait rien à lui dire, ou plutôt, elle ne souhaitait rien lui dire. En vérité, elle hésitait à accepter la bonne volonté de son plaidoyer dans l’état actuel des choses. D’une part, l’Ange savait que les propos du milicien étaient sincères, mais de l’autre, c’était cette honnêteté justement qu’elle n’arrivait pas encore à supporter d’une certaine façon. Elle était parfaitement consciente qu’Isiode ne regrettait pas d’avoir orchestré sa mascarade, bien qu’au fond, elle admettait que son geste eût été nécessaire, et surtout salvateur. Cela dit, l’homme semblait porter si peu d’égard envers les méthodes qu’il avait employé pour atteindre son but que la Prêtresse ne pouvait guère se résoudre à lui être tout à fait reconnaissante. Toute cette mentalité que la fin justifie les moyens l’exacerbait et, de ce fait, elle doutait de réussir, un jour, à se réconcilier pleinement avec l’Ànjonú. « Ce ne sont pas vos mots ou votre ton qui me rendent si sceptique à votre égard. » commença-t-elle en implantant son regard céruléen dans le sien. Cela n’avait pas été dans ses intentions premières d’engager sérieusement la conversation, mais il s’agissait là d’une occasion inespérée de mettre enfin les choses au clair : « Le problème réside surtout dans vos méthodes et, j’oserais même dire, dans votre philosophie. Je comprends parfaitement que vous ayez agi comme vous l’avez fait pour concrétiser un but, mais les moyens dont vous vous êtes servis avec moi et Mérédith ont été déloyaux. N’aviez-vous donc jamais songé aux conséquences que vos agissements pourraient provoquer avant de les mettre en exécution ? » s’enquit-elle fermement, sans pour autant se montrer agressive. « Vous n’aviez aucune raison de nous « omettre la vérité », alors pourquoi avoir décidé de vous approprier la promesse de votre frère en vous faisant passer pour lui ? Croyez-moi, je n’ai jamais douté de la nature de vos intentions, mais j’aimerais beaucoup savoir ce qu’elles sont exactement. Ennemi ou non, je ne peux me résoudre à vous accorder ma confiance, parce qu’à chaque fois que je pense à vous, il me vient en tête votre imposture et je ne peux m’empêcher de douter de ce que cache véritablement votre sincérité. » Conclut-elle sur un ton catégorique, avant de se plonger à nouveau dans le mutisme. La Prêtresse était presque étonnée du calme et de la maîtrise qu’elle avait démontré en répondant aux paroles du jeune homme. Le fait qu’ils soient entrain de voltiger dans les airs jouait certainement en faveur du soldat, alors que l’esprit de l’immaculée semblait vagabonder à travers un élan d’extase et de ferveur. À vrai dire, elle était simplement lasse d’alimenter, sans cesse, le feu de leur différent. Après tout, c’était sur une base volontaire qu’elle avait accepté la compagnie de l’Ange afin d’accomplir une mission aux origines incongrues. Elle ne l’aimait pas, certes, mais le mépris qu’elle nourrissait contre lui était loin de se révéler handicapant. La jeune femme se sentait tout à fait capable de maintenir une relation purement professionnelle avec Yüerell, le temps qu’ils tirent chacun une explication claire de ce jeu plus que douteux.

Brethil virevolta lentement en direction du sol après avoir aperçu les premiers toits champêtres des habitations s'esquisser à l’intérieur de son champ de vision. L'Ange se posa délicatement à la surface du sol, près d’une petite arche en bois qui délimitait l’entrée de ce village un peu éloigné. « Nous y sommes. » souffla-t-elle en rompant le silence. Tout autour d’eux, les plateaux de la vallée surplombaient l’horizon, telles des murailles impénétrables longeant les rives du Lac Bleu. L’air était plus frais ici qu’aux frontières de la Cité de Vervallée. « Si je me souviens bien, les souterrains sont supposés se situer à peu près dans cette direction. » affirma-t-elle, pointant la gauche du bout de son doigt. « Quoi qu’il en soit, je vous laisse prendre les devants. » Elle était impatiente d’en finir avec cette histoire.

948 mots – Post VI
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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Sam 11 Mai 2019, 15:40

Je l’avais scruté du coin de l’œil, écoutant ses dires sans un mot, la gratifiant d’un intérêt aussi attentif que singulier. C’est pourquoi je me permis de répondre à ses questionnements, penchant légèrement la tête sur le côté.

« Au contraire, j’avais parfaitement conscience des conséquences qui allaient s’en suivre. Je ne m’attendais réellement pas à une autre réaction de votre part, pour être tout à fait franc, lui avouais-je de but-en-blanc, prenant quelques secondes pour réfléchir avant de poursuivre : Après tout, n’est-ce pas ainsi qu’une personne réagi lorsqu’elle se sent trompée? »

Un maigre sourire, sans joie, sans moquerie, se fraya un chemin sur la commissure de mes lèvres alors que mes ailes, par simple mécanisme, se rabattirent brusquement pour me propulser vers l’avant. Cependant, j’avais beau m’être attendu à une telle réaction de sa part, le vivre, en contrepartie, était véritablement une autre histoire, car s’imaginer la répartie d’un interlocuteur peu familier omettait tant de détails, tant d’expressions et de sensations… Par conséquent, au moment de le vivre, de les voir, tous ces visages qui façonnaient le faciès de son pair, rendait la scène toujours plus poignante et la conviction, toujours plus difficile à assumer. Mais, finalement, il ne fallait pas oublier le but, la véritable nature de ce dernier, qui avait mené à de telles actions. Sinon, ce serait regretter le but en lui-même, vous ne pensez pas?

« Aucune raison? Murmurais-je faiblement, en écho avec les paroles de l’Aile Blanche. Et si je m’étais présenté en tant qu’Isiode, comment aurait réagi Mérédith? Comment m’aurait-elle accueilli en sachant qui j’étais réellement? »

Je relâchais un soupir, ne sachant comment poursuivre, mais laissant, néanmoins, un flot de propos s’échapper de ma bouche.

« Il ne s’agit pas seulement de mon visage ou bien de mon nom : mon affiliation idéologique également est bien connue auprès des nôtres et… je craignais certainement que Mérédith me refuse l’entrée en raison de ma fameuse philosophie. Parce que j’aspire sincèrement à vous aider. J’ai simplement cru qu’il serait bon de vous secouer, de vous ébranler et de vous faire voir que vous aviez tort d’agir comme vous le faisiez… Et je sais, je sais pertinemment, que si mon frère serait venu comme convenu, vous ne seriez pas là, aujourd’hui, à mes côtés. Parce que si Mérédith n’est pas parvenu à vous sortir de votre dépression, je ne voyais pas comment mon frère aurait pu, en appliquant exactement la même approche, changer quoi que ce soit à votre état. »

Je marquais mon monologue d’une courte respiration avant de reprendre de plus bel :

« Par conséquent, mes méthodes peuvent vous semblez déloyales, mais de mon point de vue, elles étaient exactement ce qu’il nous fallait pour cette situation épineuse. »

J’émis une pause, conscient que mes propos ne feraient que l’énerver davantage.

« Aurais-je pu faire les choses différemment? Aurais-je pu me présenter auprès de Mérédith et considérer qu’elle ne me repousserait pas dès la première seconde en raison de nos préceptes divergents? Certainement, mais sur l’instant il s’agissait du seul moyen auquel j’ai songé et auquel je pouvais me raccrocher. Je la connais peu, il est vrai, mais je ne souhaitais prendre aucun risque. Et aujourd’hui, je ne regrette absolument rien… Enfin, peut-être est-ce inutile d’en parler et de me justifier : je vous ai déçue et leurré là où vous n’attendiez de moi qu’un minima de confiance. Vous n’avez guère apprécié ce que j’ai fait, et vous m’en voyez navré. »

Navré, pas désolé, car j’étais persuadé d’avoir fait la bonne chose, la meilleure chose, dans ces circonstances. Enfin, l’apparition de toits et de quelques devantures attira notre attention et en deux trois battements d’ailes, nous finîmes par nous poser au sol à quelques pas à peine du porche d’entrée du village. Lorsque Brethil m’adressa quelques mots, je finis par acquiescer d’un hochement de la tête à ses dires, prenant déjà les devants pour nous enfoncer dans le plateau sur lequel reposait le village. Consultant la carte de temps à autre pour m’assurer de notre direction, je quémandais également l’aide de mes pouvoirs pour nous rapprocher de notre destination. Plus nos pas nous rapprochaient de notre objectif et plus cette drôle d’impression, celle-là même qui me titillait l’esprit et qui me soufflait indistinctement au creux de l’oreille que nous nous trouvions sur la bonne voie, se concrétisa. Puis, elle apparut, l’entrée de la grotte, juste devant nous, plus ou moins dissimulée, sous un amas épais indescriptible de feuilles et de racines qui se rejoignaient en lianes qui semblaient indestructibles. Épousant la courbe irrégulière de la colline dans laquelle elle avait été formée, de quatre à cinq mètres de hauteur au-dessus du sol terrestre, le porche d’entrée de la cavité souterraine était si peu large qu’elle devait permettre à une personne seulement de s’introduire à l’intérieur de la grotte.

Aussitôt, je déployais mes ailes pour me propulser vers le haut, atteignant sans mal la hauteur de l’entrée avant de m’y faufiler avec plus ou moins de difficulté en raison de ma carrure et de l’épée qui ceinturait ma taille et de l'hallebarde qui traversait mon dos. C’est pourquoi m’introduire à l’intérieur de l’entrée fut particulièrement pénible, mais, par chance le plafond de la grotte s’élevait de plus en plus que nous progressions dans le passage de celle-ci. Cependant, à un instant, alors que je m’accoutumais à la cadence de mon avancée, je n’eus plus aucune confirmation de la présence du sol sous mon poids. Surpris par ce vide soudain, perdant un peu l’équilibre dans cette obscurité totale, je me rendis compte, en tâtant un peu mes environs, que le sol ne se dérobait pas, mais qu’il s’inclinait, plutôt, très fortement vers le bas.

« Faîtes attention : à partir de ce point, nous descendrons », informais-je Brethil qui, je pouvais l’entendre, suivait non loin derrière moi.

C’est pourquoi, la seconde suivante, je me tournais sur le côté, changeant de position de manière à me retrouver sur le dos, mes jambes tournées vers le vide de ce pseudo toboggan. Aussitôt, je m’engageais dans la descente, prudemment, freinant mes excès de vitesse à l’aide de mes pieds et de mes mains si je me sentais brusquement entraîné vers le bas. Cette descente n’était en rien douce et confortable, la terre et la pierre roulant de temps à autre dans mes mains ou sous mes pieds, comme dans l’intention de me faire tomber. Les aspérités du passage n’étaient également pas en reste, écorchant l’intérieur de nos mains et, quelques fois aussi, marquaient nos visages et nos bras, arrachant des morceaux de chair de nos paumes tandis que l’intérieur de notre bouche s’asséchait à l’assaut de la poussière que nous soulevions à notre passage. Sable, pierre, terre : nous n’étions pas le moins du monde épargnés.

Par chance, après ce qui me sembla être une éternité, la pente s’adoucit graduellement et nous débouchâmes subitement dans un grand espace, beaucoup plus large et haut que tout ce que nous avions connu depuis notre entrée dans cette cavité souterraine. Doucement, je m’avançais vers l’avant, et constatais, cette fois-ci, qu’il n’y avait réellement plus de sol sous mes pieds.

« Nous voici à la fin de notre route, expirais-je en reprenant mon souffle. La grotte doit se poursuivre… en contrebas. »

Un bruit de fond, par ailleurs, qui me parut lointain, berçait le silence et la tranquillité des lieux. Une rivière souterraine… Songeais-je en me tassant avec précaution sur le côté pour permettre à Brethil de sortir du tunnel et de se poser sur la corniche, à mes côtés. Nos yeux s’étaient habitués à l’obscurité, mais nous faisions tout de même attention à l’endroit où nous posions les pieds.

« C’est ici… Lui appris-je finalement, mes sens s’étant mis à s’affoler avec plus de vigueur maintenant que nous nous trouvions ci-bas. Séparons-nous pour retrouver les Larmes. Nous couvrirons un plus grand terrain de recherche de cette façon. »


| 1 324 mots | Post VI


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Dim 21 Juil 2019, 13:52

Leur courte traversée en direction des passages souterrains s’effectua dans le plus profond des silences. Agacée par les propos de son partenaire durant leur envol, l’Ange ne s’était plus fatiguée à lui adresser la parole, à l’exception des quelques déclarations qu’elle avait prononcé à leur arrivée devant l’entrée du village, dans un mutisme buté. Par chance, le soldat ne tenta pas de poursuivre le dialogue, concentré à les guider sur la bonne voie à l’aide de sa carte et de son pouvoir. La femme ignorait si parler en plus d’user de son don constituait une entreprise trop éprouvante pour le vertueux, mais ce n’était pas elle qui allait s’en formaliser. Les raisons avaient peu d’importance dans leur finalité, tant qu’elle pouvait jouir d’un moment de répit sans être contrainte à entendre les raisonnements de Yüerell. Ses doutes quant aux réactions de sa meilleure amie avaient été compréhensibles, certes, mais un mensonge restait un mensonge – Brethil ne le répéterait jamais assez souvent. L’homme avait été naïf – ou trop précautionneux – de croire un seul instant que son soutien aurait été décliné en raison de son affiliation idéologique. Elle ne niait pas l’existence des tensions entre Extrémistes et Pacifiques, néanmoins, quand il s’agissait d’aider un pair à passer outre son trauma, les Ailes Blanches ne faisaient pas la fine bouche en règle générale : on ne parlait pas d’endoctrinement ici, mais bien d’une main altruiste qu’on tendait simplement à autrui. C’était d’autant plus vrai au sujet de sa colocataire qui, sans en être d'accord avec leurs principes, avait été amenée à côtoyer quelques membres de la famille Lemingway, réputée à promouvoir des valeurs extrêmes. La brune n’appréciait sans doute pas la proximité de son amie auprès des Extrémistes, mais elle avait depuis longtemps abandonné l'idée de la tenir éloigner de ces individus, développant au fil des années une sorte de tolérance à leur encontre, comme si elle compatissait, d’une certaine façon, à leur cause alors que, paradoxalement, sa conscience soit incapable d’en approuver la moralité. Dans tous les cas, la mise en scène qu’Isiode s’était efforcé de planifier avait été inutile en somme. Cela dit, ce qui irritait davantage la prêtresse était le fait qu’il ait parfaitement été conscient des répercussions de ses actes, mais qu’il ait tout de même choisi de mettre à exécution son plan sans égard à cela malgré tout. Et s’attendait-il sincèrement qu’être navré excuserait sa malhonnêteté? Le connaissant, elle dirait que non…

Le contour de la caverne finit bientôt par se dessiner à travers le paysage, surplombant une corniche dont la hauteur s’élevait à environ cinq mètres au-dessus du niveau du sol. L’entrée était en partie éclipsée derrière une couche d’épaisse verdure qui amincissait l’espace de la cavité. Le passage était juste suffisamment large pour permettre à une personne à la fois de se faufiler à l’intérieur. L’Ange déploya craintivement ses ailes, avant de rejoindre tout aussi anxieusement le milicien sur le dessus de la colline, devant le seuil de la grotte. Son regard azuréen fixait avec horreur l’accès endigué de lianes, alors que les souvenirs du labyrinthe surgissaient au fond de sa tête. Elle avait appréhendé ce moment depuis un long bout de temps, mais le vivre, en contrepartie, l’effrayait bien plus encore. Le noir. Si elle osait réaliser un pas supplémentaire, elle serait aussitôt immergée dans la grande pénombre. Son visage avait déjà blêmi et lentement, ses bras se recouvraient de frissons. Elle essayait d’empêcher ses jambes de trembler. L’Immaculée ferma les yeux quelques secondes, s’évertuant du mieux qu’elle le pouvait à apaiser les palpitations de son cœur, avant de les rouvrir. Isiode avait disparu à l’intérieur du souterrain. Réagissant avec vivacité, elle pénétra dans la caverne à sa suite avant que la peur vienne définitivement la clouer sur place. Grave erreur. Elle avait à peine progressé de trois mètres que déjà, elle avait l’impression de suffoquer. L’étroitesse du tunnel ne l’aidant en rien à se calmer, Brethil semblait sur le bord de l’évanouissement. Sa respiration était devenue qu’un mince filet d’air franchissant la commissure de ses lèvres sèches, tandis qu’elle cherchait frénétiquement à rattraper l’Ange. Elle ne voulait pas rester seule, pas alors que les ombres semblaient conspirer à sa perte, voulant l’engloutir à travers leur étreinte mortelle. La femme pressa son pas en panique, inconsciente du fait que le soldat se soit momentanément arrêté. Elle faillit le percuter de plein fouet, alors que ce dernier amorçait sa lente descente vers les profondeurs du gouffre sous un nuage de poussière et de rocaille. Elle déglutit, la peur au ventre. Pourtant, ce fut avec bravoure qu’elle suivit l'initiative de l’Ànjonú, faisant fi des particules sédimentaires qui lui asséchaient les yeux tant elle était terrifiée. Ses douleurs corporelles pâlissaient en comparaison à ses anxiétés d’esprit qui l’interdisaient de construire la moindre pensée cohérente. Et s’ils erraient au sein de cette grotte durant des lunes et des lunes, comme lors de son Épreuve? Elle se sentit subitement nauséeuse. C’était pathétique. Il ne s’agissait pas de la Coupe des Nations. Elle n’avait rien à craindre en ces lieux en théorie, mais sa peur, elle, ne faisait aucune distinction.

Alors que sa vue s’habituait progressivement aux ténèbres, la suggestion du milicien, qu’il émit dès sa sortie du tunnel, la pétrifia sur-le-champ. « Oui, vous avez raison. » Renchérit-elle sans réfléchir. Un silence flotta durant lequel elle se rendit compte de ses paroles. « Enfaite, je ne préférai pas. Restons ensemble. » L’Okan déployait de grands efforts afin de masquer sa peur, à commencer par sa voix. Elle tentait de la garder la plus neutre et détachée possible. « Votre don pourrait m’être utile également. Autrement, je ne saurais comment trouver les gisements des Omije par mes propres moyens. Ces souterrains sont immenses. » Continua-t-elle en guise d’explications. Ses arguments paraissaient sans doute boiteux, même s’ils détenaient un fond de vérité, mais à cet instant précis, sa crédibilité lui importait peu. Elle était prête à tout pour ne pas être laissée à elle-même. La femme attendit donc sagement que Yüerell prenne de nouveau les devants, avant de lui emboîter le pas comme une ombre. Ils longèrent la corniche sur quelques mètres encore, s’arrêtant en face d’un second passage dont le tracé semblait s’enfoncer davantage dans les abîmes. Ils atteignirent son seuil en effectuant un bond, soulevant un petit nuage de poussière qui soutira une légère quinte de toux à la messagère des Dieux. Les deux Anges poursuivirent leur chemin au sein du long tunnel, assez large pour qu’ils puissent se tenir côte à côte, qui s’inclinait doucement vers le bas. Leur progression s’étendit sur une quinzaine de minutes approximativement, avant qu’ils ne se butent à une intersection. Se fiant à l’instinct du vertueux, ils convinrent à bifurquer sur le passage de droite, où le bruissement de la rivière était plus distinct que jamais.

Après une courte session de marche, ils débouchèrent finalement à l’intérieur d’une cavité, immense, donnant sur un cul-de-sac. Ici, le bruit du courant souterrain était simplement envahissant. L’Immaculée se rapprocha du centre de la grotte, le regard étrangement pétillant. « C’est ici. » Souffla-t-elle en se penchant au-dessus d’un monticule – parmi une multitude – de pierres translucides à l’aspect incandescent. Elle en empoigna une entre ses doigts, puis exhala un grand soupir, soulagée. Son Enfer était entrain de s’achever.


1226 mots – Post VII
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Isiode et Isley
Dim 28 Juil 2019, 15:24

Je la dévisageais, l’air décontenancé. Puis, un soupir franchit la barrière de mes lèvres alors que je reportais mon regard sur l’immensité de la grotte, en aval par rapport à notre position.

« … Si vous le désirez », finis-je par trancher, lui faisant signe de me suivre, puisqu’il semblerait qu’elle m’ait délégué pour engager l’initiative.

Silencieux, je traçais donc notre chemin en suivant la paroi qui juxtaposait la corniche, faisant fi des irrégularités du mur qui s’accrochaient à mes vêtements pour atteindre le rebord culminant de la bordure. Bien vite, nous laissâmes la corniche derrière nous après avoir exécuté un saut pour rejoindre l’étage secondaire de la grotte, qui s’enfonçait encore plus en profondeur à l’intérieur de la caverne par l’intermédiaire d’un long et large tunnel. Mes sens vibraient avec frénésie et, même s’il me fallait me concentrer pour ne pas perdre de vue notre objectif principal, je ne pouvais empêcher ma curiosité de se pencher sur le cas de ma compatriote, à mes côtés.

Elle était terrorisée, comme je l’avais rarement senti l’être et, sans en être véritablement conscient durant les premiers instants, je finis par me rendre compte que ce que je souhaitais trouver, à présent, n’était plus tant les Omije, mais plutôt la raison qui troublait autant l’Immaculée depuis que nous avions traversé l’entrée de la grotte. Elle avait peur – de ça, j’en étais persuadé grâce à mes pouvoirs – même si elle tentait de le cacher sous un air brave; au fond de son être, elle était complètement effrayée, comme un enfant qui aurait trop peur d’avancer dans un couloir sombre, mais qui ne pouvait se résoudre à rester seul parmi les ombres conférées par les ténèbres des lieux. Par conséquent, cet enfant se forçait à avancer dans l’espoir de s’extirper rapidement de l’obscurité; c’est le pressentiment qui me poignait lorsque je jetais quelques œillades en direction de l’Aile Blanche, intrigué par son cas. Cependant, je ne pouvais me permettre de m’attarder trop longtemps sur la Lemingway, les interférences que sa condition m’inspirait troublant de plus en plus ma recherche des Larmes. C’est pourquoi, après une pause à tenter de rediriger mon attention sur les Omije, je finis par retrouver notre chemin, mes sens vibrant de nouveau avec vigueur, comme pour m’avertir de la proximité des objets de mon présent besoin. Indiquant à Brethil que nous pouvions reprendre notre route, je nous guidais à travers la caverne sans prêter attention aux distractions externes, comme le son de cette rivière qui ne cessait de s’amplifier au fil des minutes, comme un son de cloche qui nous indiquait que nous étions proches de notre but.

Et ce but, après plusieurs minutes à marcher, s’arrêter et examiner, finit par s’illustrer sous les formes et contours d’une immense cavité qui se terminait sur une impasse. Là, sur notre gauche, il nous était possible d’avoir un merveilleux aperçu de la fameuse rivière que nous entendions depuis la corniche, son lit la dirigeant à grande vitesse à l’extérieur de l’impasse par un trou. Cette rivière souterraine devait prendre son origine en amont, là où nous l’avions entendu la première fois, et poursuivre son chemin jusqu’ici et bien au-delà de cet espace. Cela étant dit, si le courant tonitruant de la rivière avait, pendant les premières secondes, attiré mon attention, cette dernière se reporta instantanément sur ce qui se dressait devant nous : les Omije. Elles étaient là, disposées en petites buttes de manière complètement aléatoire au travers de l’espace. La Lemingway fila immédiatement vers l’un des monticules tandis que je me dirigeais, pour ma part, en direction d’un autre petit tas, attrapant un des Omije entre mes doigts. Comme toujours, elles avaient cet impressionnant éclat ainsi qu’une surface aussi pure que le cristal. Un sourire se dessina sur mes lèvres, empli d’une infime tristesse, avant que je secoue la tête et que je range quelques Larmes à l’intérieur de ma besace. Les morts ne content pas d’histoire, mais ces Larmes, leur quantité, témoignent de celle-ci… Ne pus-je m’empêcher de songer avant de faire volte-face, fixant Brethil.

« Maintenant que nous les avons trouvées, sortons d’ici. Je crois que cela vous fera le plus grand bien. »

Et sans même porter un regard dans mon dos, je repris les devants, amenant ma compatriote à ma suite alors que nous zigzaguions à travers la grotte pour finalement en sortir, une vingtaine, voire une trentaine de minutes plus tard; les pentes que nous avions descendu pour l’allée devaient être montées pour le retour, ce qui expliquait pourquoi nous avions pris plus de temps pour rejoindre le dehors. Néanmoins, enfin à l’extérieur, je me permis d’ébouriffer ma tignasse, la poussière et la terre s’étant prises entre mes mèches maculaient la blancheur de ces dernières. Puis, je m’étirais, terminant par porter un regard en direction de Lemingway.

« Que vous est-il arrivée, lorsque nous avons pénétré dans cette grotte? Vous sembliez… Non, vous étiez complètement terrifiée… »

Le silence s’était installé et, après cette pause, je finis par soupirer, vaincu.

« Retournons aux Jardins, maintenant », décrétais-je avant d’étendre mes ailes et de prendre mon envol.


851 mots | Post VII


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Sam 03 Aoû 2019, 17:42

Au creux de ses paumes, l'Immaculée s'empara d'une poignée d'Omije qu'elle vint rapprocher tout près de son visage. Les douces lueurs émanant de ces pierres semblaient apaiser son trouble, détendre son cœur qui tambourinait frénétiquement depuis qu'elle avait franchi le seuil de ces cavernes infernales. Elle pouvait apercevoir ses mains trembler en-dessous des gemmes qu'elles tenaient, écoutant le bruit léger des Larmes qui s'entrechoquaient l’une contre l’autre. L'Ange réaffirma son emprise en serrant les poings, tandis qu'elle exhalait, entre ses lèvres chevrotantes, une grande goulée d'air. Elle se releva ensuite de sa posture accroupie pour se remettre sur ses deux pieds, avant d'enfouir ses trouvailles à l'intérieur de sa besace, se privant instantanément de la faible source lumineuse l'ayant tant rassurée. Sa peur, qui ressurgit de plus belle au sein de son esprit, la pétrifia momentanément. Ses jambes vacillaient sous son propre poids, incapables de se mouvoir : elles refusaient d'obéir à sa volonté, mais se soumettaient aveuglément à l'appréhension que sa conscience éprouvait. Brethil ravala de justesse le juron qui chatouillait le rebord de sa bouche. Elle ferma un court instant les paupières afin de se concentrer à réguler les tressaillements de sa respiration. Elle ne devait pas céder à ses terreurs. Elle ne peut pas les laisser la dominer alors qu'elle avait déjà atteint son but. C'était absurde. Elle qui craignait tant les ténèbres se trouvait à présent dans l'incapacité de les quitter? En d'autres circonstances, la jeune prêtresse se serait sans doute esclaffée de ce paradoxe. Néanmoins, à ce moment-ci, elle ne ressentait aucunement l'envie de sourire. Il n'y avait rien d'amusant dans sa situation, aussi ironique soit-elle. Elle voulait partir, s'échapper de cette insoutenable noirceur le plus rapidement possible. Alors pourquoi son corps refusait-il de bouger? Désemparée, la vertueuse fut contrainte de se servir du Sanctuaire d'Ahena sur elle-même afin d'accroître l'influence de son Courage. Elle acquiesça aux propos de son congénère, avant de le suivre, sans se faire prier, à grandes emjambées. Le son de la rivière, bien que tonitruant, berçait le souterrain d'une musique aux notes réconfortantes auxquelles l'Immaculée choisit de se focaliser en guise de cure contre sa phobie. Elle marchait dans le sillage de l’Ànjonú comme une enfant terrorisée malgré les effets de ses pouvoirs et pourtant, elle poursuivait sans faillir sa route avec assurance et empressement. Elle savait que la lumière dissipant les ombres l'attendait au bout de cette traversée. C'est pourquoi elle ne pouvait s'abandonner au joug de ses appréhensions, tant bien même que celles-ci tentaient de la faire flancher à chaque pas qu'elle effectuait. Elle résistait, luttant silencieusement contre son ennemi invisible composé de pénombre tout en s'évertuant de maintenir la cadence imposée par Yüerell en tête de ligne. Ce dernier avait remarqué son malaise bien évidemment : même sans magie, il était facile de le lire en contemplant ses yeux qui, eux, contrairement au reste de ses traits faciaux, laissaient transparaître plus d'émotions. Cela dit, Brethil, peu encline à articuler le moindre mot, conserva son mutisme jusqu'à la sortie des grottes où elle fut immédiatement éblouie par l'éclat incandescent du jour. La chaleur de Jeriel qui lui caressait la peau parvint également à lui arracher un soupir peint de soulagement. Alors qu'elle délogeait la rocaille s'étant accumulée dans ses boucles dorées et ses vêtements, la question du soldat la figea sur-le-champ. Elle n'était pas surprise que l'homme cherche à s'interroger, loin de là – n'importe qui l'aurait fait après l'avoir vue dans un tel état pour la première fois. Seulement, l'Ange hésitait à se confier à lui particulièrement, compte tenu de leur mésentente. Imitant néanmoins son initiative, la femme déploya à son tour les ailes, avant de se propulser au cœur du firmament.

« C'est à cause du noir. » Confia-t-elle à son partenaire en se plaçant à portée de voix. Ils fendaient le ciel depuis une dizaine de minutes environ et ce fut qu'à cet instant où la prêtresse se décida enfin à délier sa langue. « Vous savez que j'ai participé à une Épreuve mystère de la Coupe des Nations, n'est-ce pas? » Poursuivit-elle. « C'est là-bas que tout a commencé. Ma phobie et... mon stress. » Elle avait failli prononcer « cauchemar », mais s'était abstenue à la dernière seconde. Il est vrai qu'elle était assez anxieuse depuis son retour aux Jardins, quoique le terme tension ou paranoïa aurait été plus approprié. Elle ne tenta pas non plus de conter ce qui lui était arrivée concrètement. Elle relâcha un soupir, changeant spontanément de sujet. « Concernant la suite de nos instructions, je crois qu'il serait préférable de reporter notre prochaine rencontre à plus tard. » Avait-elle envie de continuer à se plier aux volontés de cet Amshloumkarhya? Non. Seulement, la prudence – et un peu de curiosité, elle l'admettait – l'incitait à vouloir jouer le jeu. La crainte du Divin détenait un poids remarquable, bien que le désir des deux Mortels qu'ils étaient à légitimer ce mariage soit complètement inexistant. Par chance, ils n'étaient soumis à aucune contrainte en matière de temps. Pas pour l'instant. « Je vous recontacterai lorsque je serais prête. » Dans cinq jours? Cinq lunes? Jamais? Elle n'en savait rien. Elle ignorait si elle le saurait même un jour. Seul le Destin pouvait le lui dire.

Les toits des habitations des Jardins s'esquissèrent à l'horizon. Ils arrivaient bientôt à destination. « Sur ce, je vais devoir prendre congé. Que les Dieux puissent vous guider vers la voie du succès. » Déclara-t-elle avant de s'éloigner. Parviendrait-elle à pardonner les torts de son comparse? Oublier le ressentiment qu'elle éprouvait envers son personnage? Cela aussi, elle l'ignorait. Son avenir semblait n'être voilé que de mystères.

1012 mots – Post VIII
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[VI] - Pour le meilleur et pour le pire | Isiode

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