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 [VI] - La Mère Michel a perdu son chat

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Dim 16 Déc 2018, 21:11

[VI] - La Mère Michel a perdu son chat 1544990767-message
La Mère Michel a perdu son chat
[Diana]


Catégorie de quête : VI. Recherche
Partenaire : Solo
Intrigue : Diana loge, pour une nuit, chez la Mère Michel, une vieille magicienne qu'elle avait rencontré lors de la Galette des Neiges. Cette dernière a perdu son chat. Diana va donc l'aider tout en continuant à s'adapter au monde en dehors de Maëlith.


« M’accorderiez-vous cette danse, ma Dame ? » Cette voix ne m’était pas inconnue. Je me tournais rapidement vers sa provenance. Un grand sourire vint éclairer mon visage. Un homme blond, d’une vingtaine d’années, se tenait devant moi. « Samuel ! » Je plaçais, dans un geste tendre et dénué d'intentions cachées, mes mains sur ses joues. Un faible rire souleva mes épaules. Je ne remarquais pas que la musique devenait de plus en plus étrange. Lorsque Samuel se détachait de moi, j’observais avec plus d’attention l’endroit où nous nous trouvions. Il s’agissait d’une salle de bal où le bleu semblait dominer. La musique recouvrait l’orage qui faisait rage à l’extérieur.

Je saisissais la main que me tendait le jeune homme. Il m’entraîna vers la piste de danse et encercla ma taille d’un bras. De l’autre, il me tenait fermement la main pour me guider. Mon sourire était immense. Mes yeux regardaient l’homme que j’oubliais être le fruit de mes rêves. Il n’y avait aucune ambiguïté dans notre relation. Il était un ami que j’affectionnais énormément. Nous valsions rapidement. Le rythme de la musique nous l’imposait. Ma danse était maladroite. Sans doute devrais-je m’améliorer avant de rejoindre mon maître. Mon sourire se mua en une moue timide alors que je pensais à lui.

« Reine des Sottes. » Je rivais mes yeux sur mon partenaire de danse. Mon expression était des plus perplexes. J’avais perdu tout sourire. « Qu’as-tu dit ? » Le sourire qui s’était dessiné sur ses lèvres me donnait des frissons désagréables. « Un Rêve ? Non, je serai plutôt le Prince des Cauchemars d’après les dires de certains… » « Je ne comprends pas. » Je me sentais terriblement mal à l’aise. J’essayais d’arrêter de danser mais la poigne de Samuel me l’interdisait. Cette valse commençait à me donner le tournis. J’essayais de me libérer en vain. « Lâche-moi s’il te plait. » Mes supplications n’avaient aucun effet. L’incompréhension et la peur me submergeaient. Dehors, l’orage tonnait de plus en plus. En mesure que ma peur augmentait, la musique s’affolait et répondait à l’orage. Les traits faciaux de mon partenaire de danse changèrent. Ce n’était plus Samuel qui me tenait contre lui mais une créature bien plus effrayante. Bien plus dangereuse. La peur laissait place à la panique. « Laissez-moi. » Les larmes commençaient à me monter aux yeux. Un étrange sentiment de honte me submergeait aussi. Je voulais partir. Je voulais m’enfuir. Je ne voulais pas mourir. J’entrouvris mes lèvres pour émettre une dernière supplique. Tout ce qui en sortit fut un faible murmure. « Jun. » Un éclair inonda la pièce de lumière, m’aveuglant. Un tremblement terrible secoua le bâtiment. Les fenêtres éclatèrent en morceaux et de l’eau en jaillit. J’allais me noyer.


Je me réveillais dans un sursaut de panique. J’étais en nage et je sentais les larmes couler sur mes joues. Ma respiration était saccadée. Je rabattais mes deux jambes vers moi afin d’y poser mon front. « Ce n’était qu’un cauchemar, Diana. Rien de plus. » J’essayais de me rassurer. Le souvenir de ce cauchemar me hantait encore. Ils étaient de plus en plus nombreux ces derniers temps. Ils étaient aussi de plus en plus terrifiants. Je frissonnais. Ces cauchemars me paraissaient tellement réels. Ils me semblaient parfois plus proches du souvenir que du fantasme. Pourtant, j’en étais certaine, jamais je n’avais réellement souris à ce dénommé Samuel, ni même valsé avec le dangereux Jun. Ils n’étaient qu’une simple création de mon esprit dérangé.

Je me redressais pour m’asseoir sur le bord du lit. Tout en me frottant les yeux, je remarquais que les premières lueurs du jour transperçaient le ciel. La fatigue m’enserrait encore l’esprit mais je me sentais bien incapable de me rendormir. Aussi, je me levais pour me diriger vers la fenêtre de la chambre. Je l’ouvris et frissonnais sous le courant d’air froid. J’étais revenue sur les Terres du Lac Bleu. La saison des Neiges était encore là. Pour encore combien de temps ? Je l’ignorais. J’inspirais profondément. L’air était vivifiant. M’accoudant aux rebords de la fenêtre, je regardais l’horizon d’un air absent. Moi qui avais toujours eu le sourire aux lèvres, ne fallait-il pas que je vois enfin les choses en face pour une fois ?

« C’était une grossière erreur. » murmurais-je pour moi-même. À ma sortie de Maëlith, j’aurais dû partir directement à la recherche de mon maître. Au lieu de cela, j’avais fait de nombreux détours afin de me construire des expériences, des souvenirs. Avais-je réellement cru que cela m’aiderait à satisfaire au mieux les besoins de mon futur maître ? Je soupirais. Pour le moment, mon maître n’avait besoin que de moi. Je ne m’en voudrais que trop s’il lui arrivait un malheur pendant que je vadrouillais là où le vent me portait. De plus, je mettais la multiplication de mes cauchemars sur le compte de mon voyage prolongé. Il était temps de rejoindre mon maître. J’en avais besoin.

Je refermais ma fenêtre et enroula mon corps dans un peignoir. Son esthétique laissait quelque peu à désirer mais là n’était pas sa fonction. Il ne servait qu’à tenir chaud. Je sortis ensuite de la chambre pour prendre la direction de la petite cuisine qui faisait aussi office de salle à manger. La maisonnette était baignée dans un étrange silence. Cela ne m’étonnait guère : le soleil ne s’était pas encore tout à fait levé. Les occupants devaient sans doute être plongés dans les bras d’Harabella. Pourtant, à mesure que je me rapprochais de ma destination, je distinguais qu’une faible lueur provenait de la cuisine. Curieuse, je continuais mon chemin sans broncher.

« Mère Michel ? » Une vieille dame était assise à table. Elle regardait la tasse fumante qu’elle tenait entre ses petites mains fripées. Quand elle entendit ma voix, elle redressa la tête. Bien qu’elle me souriait, elle me paraissait songeuse. « Tout va bien ? » J’avais fait connaissance de la vieille dame lors de mon court séjour sur ces terres. Nous étions à l’époque en pleines festivités de la galette des Neiges. Nous nous étions toutes deux entendues et je lui avais promis que je repasserais la voir. À présent que je rebroussais chemin vers mon futur maître, j’avais sauté sur l’occasion pour revoir cette magicienne. Elle n’avait pas hésité à m’héberger. Aussi, la voir si pensive me troublait. Elle soupira et tapota la place assise à ses côtés. Je la rejoignais. « Vous n’arrivez pas à trouver le sommeil, mon petit ? » Je posais ma main sur la sienne. « Un cauchemar. Ne vous inquiétez pas pour moi. » Je lui souriais tendrement. Je voulais la réconforter mais je n’avais pas l’habitude de telles choses. À Maëlith, on nous enseignait les bonnes manières, les Arts et l’élégance. Je n’avais pas pour habitude de voir une amie tracassée par quelques soucis. Au contraire, dans ma ville mère, toutes étaient des rêveuses respirant la joie de vivre. C’était du moins ce que j’avais pu observer après mon apparition mystérieuse. Je n’avais aucune idée sur la manière de consoler un être cher. « Voulez-vous que je vous joue un morceau de luth ? » L’idée me semblait bonne. Ne disait-on pas que la musique apaisait les cœurs ? La vieille dame eut un faible sourire. « C’est très aimable mon enfant. » Elle posait sa main libre sur la mienne. « Mais je crains que cela réveille le reste de la maisonnette. » « Ah. Oui. » Ma réponse stupide lui arracha un petit rire. Elle retirait ses mains des miennes et les replaçait autour de sa tasse. Le silence s’installait peu à peu. Je me sentais légèrement gênée par la situation. Je n’avais vraiment pas l’habitude. Était-ce cela le quotidien des autres peuples ? Mon maître avait-il, lui aussi, des problèmes qui le tracassaient ? Des questions sans réponse surgissaient dans mon esprit lent. Plus les secondes s’écoulaient et plus je culpabilisais de n’être toujours pas à ses côtés.

« C’est mon chat… » Je clignais des yeux rapidement. La voix de la Mère Michel me rappelait à la réalité. « Votre chat ? » Je n’étais pas certaine de comprendre. Elle hocha la tête. « Je crois qu’il s’est perdu. » Un chat pouvait se perdre ? On m’avait pourtant raconté qu’ils étaient très instinctifs. Tant de choses me restaient à apprendre. « Il n’est pas rentré manger son pâté préféré hier. » Je plaçais une main devant ma bouche. « C’est affreux. » Ma réaction était excessivement naïve. La vieille magicienne hocha de nouveau tristement la tête. Je pris quelques secondes pour réfléchir à une solution. « Je vais partir à sa recherche ! » Bien que déterminée, je me levais doucement pour ne pas surprendre la vieille femme. « Vous feriez ça, mon petit ? » « Bien entendu. Je ne vais pas laisser votre cher… » J’hésitais un moment. « Comment s’appelle-t-il ? » « Gros Minet » Je hochais la tête. « Je ne vais pas laisser Gros Minet tout seul dehors. Encore moins par ce froid. » Je posais ma main sur son épaule. « C’est la moindre des choses après ce que vous avez fait pour moi. » Je lui souriais. « Merci beaucoup de me permettre de passer une nuit chez vous. » Sa petite mine fripée s’illuminait. « Oh ! Ne vous inquiétez pas pour cela. C’est un plaisir de vous recevoir chez nous. Cependant, ne m’aviez-vous pas annoncé que vous partiriez dès l’aube, lorsque tout le monde serait levé ? » « J’ai bien dit cela. Mais je ne peux pas rester insensible à la perte de votre chat. Je serai une bien odieuse personne si tel était le cas. » « Oh ! Mon tout petit. » La vieille dame se levait brusquement et me serra dans ses bras. Surprise, je restais statique devant ce témoignage d’affection. Pourtant, la seconde suivante, je répondais à son étreinte. « Vous serez toujours là bienvenue ici. » Je souriais pendant que je me séparais d’elle. « Je vous aurais bien accompagnée pour rechercher mon Gros Minet mais avec tous mes rhumatismes… J’ai bien peur que ce ne soit pas une bonne idée. » Elle soupira. « Je vous souhaite de ne jamais vieillir, mon petit ! » Un sourire mystérieux s’épanouissait sur mes lèvres. Comment pouvait-elle s’avoir que mon âge dépendrait d’une et unique personne ? « La vieillesse apporte aussi la sagesse. » Elle ria. « Haha. Je suppose que ça dépend des personnes. Parfois on naît con et on meurt con. » Je restais perplexe devant le vocabulaire cru de la vieille dame. Le langage familier qu’employaient bien des peuples me surprenait toujours. J’avais la plus grande des difficultés à m’y habituer. Je n’avais jamais entendu cela à Maëlith où l’on nous enseignant l’éthique et le savoir vivre. Aussi, je ne savais comment réagir face à ce registre de langue. Ce dernier me m’était le plus souvent dans l’embarras. Aussi, je me contentais, comme à mon habitude, de sourire en espérant que mon futur maître n'avait pas un langage aussi cru.

« Ne bougez pas ! Si vous pointez le nez dehors, je me dois de vous vêtir un peu plus chaudement ! » Aussitôt avait-elle parlé, aussitôt avait-elle disparu. En attendant son retour, je posais mon peignoir puis mes mains sur le dossier de la chaise. Dans une prière secrète, je fermais les yeux. J’espérais que cette mission ne me prendrait pas trop de temps et que, comme je l’avais dit, je serais de retour à l’aube. « Voilà pour vous ! » Je sursautais et regardais la Mère Michel qui avait refait son apparition. Malgré son âge, elle était assez vive. « Prenez. Je les ai tricoté moi-même. » Je souriais tout en me saisissant des vêtements qu’elle me tendait. Il y avait un pull, un bonnet et des gants. Tout en les enfilant par-dessus mes vêtements de la veille, j'avais la certitude que je n’allais pas gagner un concours de beauté vêtue ainsi. Mais qu’importe : J’avais un chat à retrouver !

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Dim 27 Jan 2019, 14:03

[VI] - La Mère Michel a perdu son chat 1544990767-message
La Mère Michel a perdu son chat
[Diana]



Une légère fumée sortait de mes lèvres entrouvertes. Je souriais. La couche de vêtements que je portais me tenait chaud. Elle entravait aussi légèrement mes mouvements. Cependant, j’étais heureuse de ne pas grelotter. La saison des neiges était magnifique mais j’avouais n’être en rien habituée à la température qui l’accompagnait. Je levais les yeux vers le ciel. Il était encore assombri par l’absence de l’étoile solaire. Pourtant, quelques rayons arrivaient à transpercer la nuit. Ils laissaient présager que son arrivée était imminente.

Je commençais à faire quelques pas en avant. Il avait neigé durant la nuit. Aussi, à chacun de mes pas, je laissais un indice quant à ma nouvelle position. Le sol était glissant mais, grâce à la faible lumière qui accompagnait le lever du soleil, je pouvais discerner les formes et les contours. Je pouvais donc entamer ma recherche sans trop de danger. Mes lèvres se pinçaient et j’écarquillais les yeux. « Par où commencer ? » M’interrogeais-je. J'ajustais le bonnet sur ma tête de façon à ce qu’il couvre bien mes oreilles. Après un soupir, je me décidais de faire le tour de la maisonnette, à la recherche du chat. « Gros Minet ! » Appelais-je. Ma voix était faible. Je ne voulais pas réveiller le quartier endormi. Aussi, je me contentais de crier un murmure. « Gros Minet ! » Retentais-je. J’écoutais les bruits qui m’entouraient, à l'affût du moindre miaulement. Aucune réponse ne me parvint. Je fronçais les sourcils tout en continuant de faire le tour de la maison, à la recherche d’un indice. Je retournais tranquillement à mon point de départ et m’arrêta devant la maisonnette. « Gros Minet ? » tentais-je une dernière fois avant de me résigner.

« Mais qui appelez-vous comme ça, jeune fille ? » Je sursautais, loin d’imaginer de rencontrer quelqu’un en cette heure matinale. Un homme, d’une quarantaine d’année et à la peau basanée, s’était arrêté sur la route pavée qui séparait les habitations et le quartier en deux parties. « Vous avez perdu votre chat ? » devinait-il grâce au nom que j’appelais. J’hochais la tête. « Pouvez-vous m’aider ? » Je souriais et commençais à me rapprocher. « Non. » Je m’arrêtais. « Quel rustre ! » pensais-je aussitôt. « Enfin, je ne peux pas vous accompagner car mon travail m’attends mais vous devriez aller dans cette direction. » Il pointait un petit chemin du doigt tandis que le sourire me revenait aux lèvres. « On voit pas mal de chats dans les rues là-bas. Peut-être que votre animal a suivi une femelle pour… enfin vous comprenez. » Je ne répondais pas, me contentant de poser ma main sur mes lèvres tandis que je réalisais les paroles sous-entendues du quarantenaire. « Allons, allons. Ne prenez pas cet air choqué. A votre âge, vous devez déjà commencer à en connaître sur le rayon. » Le rouge me montait aux joues. De quel droit m’associait-il à un sujet aussi vulgaire que tabou ? « Merci et au revoir, monsieur. » Je lui offris une courbette maladroite avant de partir aussi vite que possible dans la direction qu’il m’avait indiqué.

J’errai durant quelques minutes dans l’espoir de tomber sur un premier chat. Je soulevais chaque petite boite. Je poussais chaque poubelle qui reposait tranquillement sur un mur. Au bout de seulement quelques efforts, j’étais à bout de souffle. Mon visage était aussi rouge et gonflé qu’une tomate. J’avais mal aux bras et aux jambes. Chaque geste me coutait. Retrouver ce chat était beaucoup plus difficile que ce que j’avais imaginé. Ou alors était-ce la vie en dehors de Maëlith qui était beaucoup plus compliqué comparée à mes attentes…

« Gros Minet ?! » appelai-je avec véhémence. Plusieurs personnes se retournaient pour me dévisager. Le début de ma recherche commençait à dater. Les rues s’étaient densifiées et les maisons s’étaient réveillées. Beaucoup de citoyens allait ouvrir leur boutique, acheter du pain frais ou remplacer leur compagnons pour le travail des champs. Le soleil s’était complètement levé et éclairait tous les environs. Pourtant, même si je savais que chaque seconde passée dehors retardait mon départ, je ne m’en préoccupais pas. J’étais en vérité beaucoup trop inquiète pour le chat de la Mère Michel pour cela. Je sentais que mes mains étaient glacées mais je ne voulais pas rentrer sans avoir retrouvé le chat. Je l’avais promis à la grand-mère. « Rends-moi mon jouet, Jacob ! » « Pour ça il faudrait que tu m’attrapes ! » Deux enfants, une fille et un garçon, passèrent derrière moi en courant. Inattentifs au monde qui les entourait, ils me bousculèrent sans ménagement. Je tombais les fesses les premières dans la nappe de neige. « Hey ! » ripostais-je doucement alors que j’étais assise à même le sol. Les deux enfants étaient déjà partis plus loin. Malgré la situation, je souriais. Une jeune femme accourut vers moi. « Ça va ? Vous n’avez rien ? » Elle m’aida à me redresser. « Non, non. Ne vous inquiétez pas. » Je réajustais mon bonnet. La jeune femme soupirait en souriant. «  Hum… La jeunesse. Je crois que vous avez été la victime malencontreuse de la naissance d’un amour. » Je la regardais. « Vous savez ce que l’on dit : quand un jeune garçon embête une jeune fille, c’est qu’il est amoureux. » Je riais. Je ne le savais pas. Les jeunes garçons de Maëlith étaient aussi rares que la pierre la plus précieuse et ceux qui naissaient dans notre cité mère n’avaient pas de telles préoccupations ou de tels comportements. « C’est mignon. » finissais-je par dire. La jeune femme hocha la tête. « En effet. Mais je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure façon de séduire. » Elle ria. « Bon, si vous n’avez rien de cassé, je vous souhaite une agréable journée. » « Merci beaucoup. » Après un salut respectueux, nous repartîmes chacune dans une direction différente.

Je m’enfonçais encore plus dans les rues. Le froid avait commencé à étreindre mon corps. Sans doute, l’humidité de la neige avait finalement pénétré les différents tissus que je portais. J’entourais mon corps de mes bras, cherchant à économiser le peu de chaleur que je pouvais. J’étais à deux doigts de claquer des dents quand je vis pour la première fois une étincelle d’espoir. Là, devant moi, dans la neige, de petites pattes de chat avaient tracé un joli chemin qui menait un peu plus loin. Je m’approchais à grandes enjambées des traces pour les examiner un peu plus en détail. Pendant quelques secondes, je restais perplexe. S’il y avait bien une chose que l’on n’apprenait pas aux Orines à Maëlith, c’était de savoir reconnaitre des empreintes. La chasse n’était, en effet, pas l’une de nos occupations. J’haussais les épaules, me convainquant moi-même que ce n’était pas grave. Ces empreintes avaient été faites par un animal de petite taille et doté de quatre pattes. Nul doute : ça ne pouvait n’être qu’un chat. J’en étais certaine. Aussi, je commençais à suivre les traces en prenant garde à ne pas les effacer. Sur le trajet, je tombais sur de la neige jaunie par les besoins de la créature que je traquais. Je ne m’arrêtai pas et continua ma route. « Tu as entendu la rumeur ? Un banquet sera bientôt organisé ! » Deux femmes marchaient à mes côtés sans m’apercevoir. Elles étaient trop occupées à commérer. « Oui ! Nous pourrons bientôt festoyer en l’honneur de la coupe des nations ! » « Et de notre jolie saison. » Sans vraiment le vouloir, je prêtais attention à leurs paroles. J’avais soudain envie de prolonger mon voyage pour assister à ce banquet. L’une d’entre elle hocha la tête, l’air grave. « Honnêtement, je ne sais pas si j’aurais le cœur à la fête. » L’autre paraissait excessivement choquée. « Mais pourquoi donc, mon amie ? » Cette dernière soupirait. « Je n’aime pas la tournure qu’ont pris les derniers évènements. » Elle marqua une pause. Je restais pendue à ses lèvres. J’avais beau voyager, je n’étais pas très au fait des dernières nouveautés. « Après tout, l’élue des cieux est morte à ce que j’ai entendu ! » « Morte ? Mais comment ? Elle a été assassinée ? Par qui ? » Je retenais ma respiration. « Aucune idée. S’il y a un meurtrier, il court toujours. » Son amie frissonnait. « Mais je ne fais que répéter ce que mon fils m’a raconté. Il avait lui-même entendu ça d’un ami qui l’avait entendu d’un ami d’un ami. Tu sais ce que l’on dit sur les rumeurs, Géraldine. Si cela se trouve, la reine s’est juste étouffée avec un raisin. » Elle rigola pendant que l’autre abordait un air grave. « Hum… Je ne suis pas sûre. J’ai une autre hypothèse.  Jun Taiji. » Je m’arrêtais. « On raconte qu’il a réussi à s’évader de la prison du Cœur Bleu. » « Mais c’est impossible ! » Disait-elle en s’éloignant. Je frissonnais de tout mon être. Pourtant, j’avais l’impression de ne plus être atteinte par la fraicheur environnante. Avais-je bien entendu ? Non. C’était impossible. Tout bonnement impossible. Je ne devais pas laisser mes cauchemars prendre des allures de réalité. Le Jun de mes cauchemars n’était que pure imagination. Il ne devait être que le message de mon esprit dérangé qui me disait de rejoindre mon maître sous peine de tomber sur des hommes effroyables. Je ne voyais que cette explication. Il n’y avait que cette explication. Le Jun dont elles parlaient devait être simplement un autre homme. Après tout, je n’étais pas très au courant de l’Histoire qui secouait le monde. Je soupirais pour essayer de ne plus y penser pendant que je reprenais ma traque.

Je marchais durant quelques minutes. J’essayais de ne plus penser à ce que j’avais entendu. La sécurité de Maëlith me manquait atrocement. Sans m’en rendre vraiment compte, j’arrivais au bout de mon chemin. Mes yeux se posèrent sur une boule de poil. Elle me regardait aussi, la langue sortie et l’air ahuri. « Wouaf ! » Son aboiement m’arracha un sourire. Je m’accroupis. « Eh bien dis donc. En voilà un drôle de chat. » Je posais ma main sur sa petite tête rondouillarde. Ce chien n’était pas plus haut qu’un chat. « C’est Dobby. Mon chihuahua. » Je levais la tête pour regarder le propriétaire de l’animal. Il s’agissait d’un jeune homme de mon âge. Il était plutôt charmant. Je me redressais. « C’est la première fois que j’en vois un. » Il souriait. « Vous cherchez un chat ? » J’hochais la tête. « Oui. Depuis ce matin. Je crois que je n’arrivais jamais à le trouver. » Il ria pendant que son chien creusait dans la neige à ses pieds. « Vous savez, les chats sont des créatures intelligentes et farceuses. Je suis sûre que votre cible vous observe depuis le début de vos recherches en ronronnant comme un diable. » Je levais les yeux au ciel en souriant de toutes mes dents. « Si seulement c’était aussi simple ! » « Écoutez, je … » Interrompu par l’aboiement de son chien, le jeune homme ne finit pas sa phrase. Son animal avait le regard rivé sur un gros chat qui traversait tranquillement la rue. « Gros Minet ?! » criais-je avec enthousiasme. Sans dire au revoir au propriétaire du chihuahua, je courrais à toute allure vers le chat. Celui-ci accéléra aussi le pas et se mit à dandiner du derrière tout en allant se réfugier dans une rue voisine. Je le poursuivis, bien décidée à ne pas le laisser s’enfuir et à le ramener à sa maman : la Mère Michel.

Notre course folle dura bien longtemps et, plus d’une fois, je faillis abandonner. Heureusement, l’embonpoint du félin ne lui permettait pas d'être rapide. Après quelques essais se soldant par des échecs cuisants, je me jetais finalement sur la bête terrorisée. Je l’avais finalement attrapé ! Je me redressais et, blottissant l’animal contre moi, je me mis à marcher rapidement vers la maison de la Mère Michel. Je sentais le cœur de l’animal battre à tout rompre. Le pauvre ne devait pas comprendre ce qui lui arrivait. « C’est pour ton bien, Gros Minet. » J’accélérais le pas et finis par atteindre ma destination.

J’ouvrais la porte rapidement. « J’ai retrouvé votre chat ! » ovationnais-je à l’attention de la vieille dame. Cette dernière apparut dans l’étroit hall d’entrée. Elle tenait un vieux chat amaigri contre sa poitrine. Ce dernier ronronnait de complaisance sous ses caresses tendres. « Ah ! Vous êtes enfin rentrée ! Je me faisais du souci pour vous, mon enfant. Gros Minet est rentré peu après votre départ. » Ses yeux se posèrent sur le chat que je tenais. Je suivais son regard. J’avais enlevé un chat qui n’était pas Gros Minet. « Oh ! Pauvre Minou, je suis désolée ! » M’excusais-je envers le chat qui s’était finalement habitué à mes bras. « Je reviens Mère Michel, je vais ramener ce pauvre animal là où je l’ai trouvé. » Je repartais.

Lorsque je m’assurais d’avoir reposé le chat à sa place, je me mis à marcher tranquillement vers la maison qui m’avait accueilli. Il était temps pour moi de repartir. Je ne pouvais pas rester plus longtemps pour assister au banquet qui allait être organisé. Je devais rejoindre mon maître. « Aerchise Song ? » Une main se posait sur mon bras et arrêta ma marche. Je me retournais pour faire face à une personne que je ne connaissais absolument pas. Je lui accordais un sourire. « Vous devez faire erreur. » La personne me regardait de manière perplexe. Elle m’examina de haut en bas, comme si elle cherchait à percer l’un de mes secrets. « Puis-je vous aider ? » Elle me lâcha le bras. « Non, excusez-moi. Je vous ai pris pour une autre. Au revoir. » La personne partit précipitamment. Je reprenais ma marche. Quelle curieuse rencontre ! Je balayais cette dernière de mes pensées pour les concentrer sur mon prochain voyage.


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