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 Ses lamentations | Aliénor

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Dim 13 Mai 2018, 17:10




Ses lamentations




Avez-vous peur des monstres? Des poilus, des géants, des rachitiques ou des spectres qui nous hantent et nous terrifient? Ceux qui jappent, ceux qui hurlent ou ceux qui ricanent dans l’ombre de la nuit? Qu’est-ce qu’un monstre, à votre avis? Qu’est-ce qui l’identifie comme tel; ce qui le rend convainquant, réellement effrayant? Que faut-il rédiger, en tant qu’écrivain, pour le rendre vrai? Je suis curieux de ces petits détails, curieux d’imaginer un monstre que tous craindraient, que ce soit de par son haleine fétide, ses yeux injectés de sang, ses griffes d’acier ou sa laideur difforme. Cependant, dès que je réfléchis ainsi, une autre idée me traverse l’esprit, m’empêchant de poursuivre mon écrit : et si un monstre était plus que cela? Il ne faut pas se contenter de dire qu’un monstre est un monstre uniquement parce qu’il ressemble à ce que l’on s’imagine des monstres, saisissez-vous? Un monstre est-il obligatoirement gigantesque? Un monstre est-il obligatoirement affamé? Un monstre est-il obligatoirement un monstre? Tout dépend de la définition de ce que l’on perçoit être un monstre, j’imagine. Pour les enfants, ce sont les créatures fantastiques et les antagonistes des histoires, les contes racontés au coin du foyer par un parent désireux d’inculquer quelques leçons de vie à sa progéniture ou de la faire rêver avant d’aller au lit; pour les étudiants, les monstres sont personnifiés par les professeurs qui les ensevelissent sous la charge des devoirs et des travaux; pour les adultes, les monstres prennent forme humaine sous l’apparence de tyrans, de chefs barbares de peuples sanguinaires, d’esclavagistes modernes et d’autres personnages aux mœurs tout aussi brutaux et immoraux, mais au final, qu’est-ce que réellement un monstre si ce n’est pas le fruit d’un homme? Un animal peut être un monstre en raison de sa grosseur, de son agressivité et de son anatomie épouvantable tout comme un enfant aux traits fins et aux cheveux d’or peut être un monstre uniquement de par son esprit : lequel est le plus terrifiant à votre avis?

Nous avons l’intelligence et la conscience là où l’animal n’a que la bestialité et l’instinct. L’animal est sauvage là où l’homme est lucide, car même les peuples les plus primitifs portent dans leur âme une conscience, une intelligence et la connaissance qui font d’eux des êtres avec un caractère et des idées, mais surtout, les hommes sont éveillés. Ils sont libres de leurs actions, de leurs choix : ils en sont parfaitement conscients. Ils peuvent devenir ce qu’ils veulent et c’est ce qui nous rend si effrayant. Monstre? Non, bien évidemment, nous ne nous définirons jamais ainsi, à l’exception de quelques divergents fiers ou désespérés de cette vilaine particularité. Nous nous proclamerions plutôt comme des innovateurs, des visionnaires, des libérateurs, des justiciers – n’est-ce pas plus gratifiant? – mais jamais comme des monstres. Un monstre est vil, un monstre est méchant, cruel et déviant, que ce soit dans sa manière d’agir que dans sa manière de penser, au contraire de tous ces grands hommes qui se lèvent et qui, un jour, choisissent de changer la face du monde en brandissant le drapeau de la foi, de la liberté, de la justice, de l’égalité… Nous utilisons tellement de mots pour justifier la naissance d’un monstre, puisqu’il ne se forme pas toujours dans les feux de la haine, ne s’éveille pas toujours sous les cendres de la guerre ou dans les ténèbres envahissant l’obscurité; quelques fois aussi, il prend vie sous les rayons de la lumière, sous un éclat aveuglant de lucidité. C’est peut-être triste à dire, voire même sombre, mais ne sommes-nous pas les plus à craindre? Ne sommes-nous pas ces monstres dont nous avons si souvent peur, ceux qui nous hantent et nous terrifient, ceux qui ricanent dans l’ombre de la nuit; ne serait-ce pas simplement nos propres rires qui résonnent dans notre esprit?

Hum… Peut-être tiens-je quelque chose? Veuillez excuser ma soudaine divagation, j’ai la fâcheuse tendance à réfléchir plus loin que ce que mon idée principale me demande. Pourtant, je suis intrigué par ce genre de pensée, par ce genre de contradictions et de réflexion. Cela m’inspire et attise ma curiosité. Après tout, « avez-vous peur des monstres? » est une question, ma foi, intéressante, considérant qu’un monstre peut être illustré d’une centaine de façon : laid ou beau, grand ou petit, lucide ou fou, sot ou instruit… Quant à moi, j’ai déjà l’image de mon monstre dans mon esprit : il est ancré dans ma tête et pourtant, il n’a rien d’effrayant, rien d’inhumain. Au contraire, il est peut-être même plus humain que tous les hommes que j’ai croisé dans ma vie. Mais il est un monstre – n’est-ce pas? – à cause de sa taille, de ses griffes, de tous les poils qui le recouvrent des pieds à la tête… Mais comment vous illustrer mon monstre? Comment puis-je le faire parler, bouger et vivre? Hum… J’ai bien une idée, en effet… Laissez-moi prendre un peu d’encre…

« Voilà. »

Avez-vous peur des monstres, donc? Si oui, je vous invite à lire ce qui suit; si non, lisez aussi, peut-être que vous apprendrez quelque chose de constructif. Après tout, chaque histoire est une leçon de vie.

C’était un jeune homme du nom d’Henry Halloy. Étudiant émérite et exemplaire, il avait la vie qui lui tendait les bras, un futur des plus brillants qui l’attendait là-bas, un avenir prospère et gratifiant en somme. Il vivait comme tout jeune homme de son âge, d’amour et d’apprentissage, de responsabilité et de choix. Il apprenait à se découvrir, à se former par lui-même et ne laissait personne lui dicter la voie à emprunter : il façonnait son propre chemin sous ses pieds, peu importe les défaites et les victoires dont il parsemait chaque grain de son destin. Sachez-le, ce Henry Halloy, vicomte du Duché d'Eliassen, a déjà existé et peut-être existe-t-il toujours à l’heure que j’écris ceci, mais quelques fois, nous sommes peut-être les monstres que nous façonnons… Pourquoi? Parce que nous avons le choix : être aimé ou être haï? Être humain ou être un monstre? C’est à nous de décider, puisque nous sommes éveillés. Henry aurait pu tout faire, aurait pu tout essayer pour ne pas se plonger dans le désespoir et la solitude dans lesquels il s’était enfoncé, mais il a préféré abandonner et se cacher. Il a préféré ne plus se définir comme un homme, mais plutôt comme ce qu’il voyait à chaque fois qu’il se regardait dans la glace : un monstre, affreux et immonde que le monde n’avait pas catégoriquement rejeté. En fait, il était le seul à s’être abandonné. Quittant les Palais de Coelya, quittant ses amis, il n’a plus jamais été revu sur les terres magiciennes. Il avait comme… disparu.

Parallèlement, des rumeurs sur l’apparition d’un monstre ont commencé à être distillées ici et là sur les terres du Duché d’Eliassen et l’une de ses brides est parvenue jusqu’à mon ouïe : comme quoi tout ne tombe pas nécessairement dans l’oreille d’un sourd. Et moins encore dans l’oreille d’un désintéressé.


1 166 mots



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Aliénor Vaughan
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Aliénor Vaughan
Mar 22 Mai 2018, 17:29



« Et alors il m’a dit… ». Isabeault était en extase, gesticulant dans tous les sens tout en retirant, sur le chemin, les nombreux froufrous qui habillaient sa robe. « Tu m’écoutes Aliénor ? ». « Oui oui. ». Non, pas le moins du monde. La Magicienne trouvait sa sœur agaçante au possible. Elle ne l’écoutait pas : elle l’entendait parler, pensant que si les Ætheri étaient assez cléments, peut-être qu’ils la sauveraient de cette conversation à sens unique qui n’en finissait pas. La blonde avait rencontré un jeune homme à l’une des nombreuses soirées auxquelles elle se rendait. Outre des qualités évidentes – telle que la beauté principalement – il se trouvait que « monsieur » était riche et possédait un titre bien supérieur au leur. Le parti idéal en somme ; du moins, pour celle qui piaillait depuis des heures à son oreille. « Et alors il m’a dit qu’il avait rarement vu une femme aussi sublime que moi, que ma beauté étincelait dans le ciel, à l’image des astres qui accompagnaient la lune. ». La mine d’Aliénor devint légèrement étrange. Était-ce d’étonnement ou parce qu’elle se retenait d’en rire ? Impossible à dire. Isabeault était devenue une sorte de pimbêche hautaine et passionnée, avide des hommes de bonne famille et souhaitant plus que tout se marier avec un bon parti, au détriment de ses notes en cours et de son savoir-vivre. « J’espère que tu vas ramasser ce que tu es en train d’étaler dans le jardin… ». « Quoi ? Ça ? Mais non voyons ! Il faut bien que les domestiques servent à quelque chose. ». La jeune femme ne savait pas pourquoi mais ça la démangeait. Oh oui, elle avait envie d’envoyer sa main dans la face trop maquillée de sa sœur pour lui rappeler qu’elle n’avait pas été élevée chez les ploucs. Au lieu de quoi, et parce qu’elle serait punie si elle se permettait le geste, elle se contenta de soupirer bruyamment. « Oh ça va, Aliénor. » fit Isabeault avec la tête de quelqu’un qui s’apprêtait à enfoncer son interlocuteur. « Ce n’est pas parce que personne ne s’intéresse à toi que tu es obligée de te montrer agaçante. Tu ne sauras pas la fin de l’histoire puisque c’est comme ça. » dit-elle avant d’émettre un son hautain, de redresser le buste et d’accélérer le pas en laissant sa sœur en plan.

Après quelques longues secondes où elle resta pantoise, la Magicienne fit un demi-tour pour aller ramasser les vêtements et accessoires de sa sœur. Ils sentaient le parfum à outrance. « Sa beauté étincelait dans le ciel… » répéta-t-elle entre l’énervement et la moquerie. Se laisser avoir par ce genre de phrases sorties tout droit d’une pièce de théâtre pour midinette ou vieille femme désespérée, c’était bien digne de sa sœur. Quelque part, peut-être qu’elle avait aussi envie qu’on lui dise ces choses. Isabeault avait peut-être raison. Elle était simplement de mauvaise foi, sans doute. Pour autant, en y réfléchissant, la jeune femme se révoltait contre cette réalité probable qu’elle jugeait fausse. Ce n’était pas par envie qu’elle était irritée contre sa sœur, bien au contraire. Elle trouvait son comportement déplacé et la recherche d’un parti intéressant, coûte que coûte, vaine. Et si elle tombait sur un homme violent ? Ou un homme qui ne souhaitait que l’éconduire physiquement en lui promettant monts et merveilles ? Et si elle tombait enceinte avant de se marier et que le père de l’enfant ne voulait rien entendre ? Aliénor pensait à mille et une considérations et elle aurait sans doute préféré qu’Isabeault se concentre sur ses études au lieu de courir les soirées à la recherche du prince charmant.

Une fois qu’elle eut fini de récupérer perles et nœuds décoratifs, Aliénor rentra dans la maison qui servait de point d’ancrage à sa famille lorsqu’elle se rendait sur les Terres du Lac Bleu. Ses parents n’y demeuraient pas toute l’année puisque leur maison principale se trouvait à Caelum. En réalité, ils n’étaient presque jamais là. Seulement, les sœurs Vaughan vivaient ici pendant les vacances scolaires ou durant certaines fins de semaine. « Aliénor, chérie, vous me rendriez un service ? ». Sa mère venait d’apparaître, petite femme aux rondeurs bien établies. Il faut dire qu’après avoir porté autant d’enfants, sa silhouette d’adolescente avait bien changé. Pour autant, elle n’aurait modifié ce qu’elle était devenue pour rien au monde car elle prenait sa fonction de mère très au sérieux. C’était ce qui la définissait en tant que femme et elle était fière de contribuer à l’expansion du peuple des Magiciens. À l’étage, il y eut des cris qui se terminèrent dans des pleurs tonitruants. La Comtesse sourit, habituée à tout ce remu ménage. « Oui mère ? ». « Cela fait bien longtemps que je n’ai pas eu de nouvelle du Vicomte Halloy. Il devait nous livrer du vin et, pour l’instant, je n’ai rien reçu. Pourriez-vous vous rendre chez lui avec ceci et le lui apporter ? En vous assurant qu’il va bien ? ».

Bien entendu, Aliénor avait accepté et marchait à présent dans l’allée principale qui menait à l’imposante demeure du Vicomte. Elle s’étonnait qu’Isabeault ne lui ait pas fait la cour à celui-ci. Un jeune homme bien comme il faut, paraissait-il, peut-être même trop intelligent pour lui sortir des phrases aussi clichées que celles que son cavalier – dont elle avait oublié le nom – avait prononcé. Dans sa robe couleur chocolat, la Magicienne avançait lentement, admirant le paysage et les vignes qui s’étendaient à l’horizon. Le panier était plutôt lourd. Il devait contenir des provisions à n’en point douter. La Comtesse Vaughan, ne vivant pas sur les Terres du Lac Bleu, elle n’avait pu entendre les rumeurs.

Les yeux d’Aliénor furent attirés par quelque chose entre les rangs des vignes. Un lapin. « Oh ! » fit-elle à la fois surprise et enchantée. Telle une enfant, elle posa son panier par terre, au beau milieu du chemin, et s’enfonça dans l’un des rangs dans l’espoir de l’apercevoir de plus près ; entreprise qui fut infructueuse puisque l’animal s’enfuit de plus belle.


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Miles Köerta
Sam 26 Mai 2018, 07:22

Et c’est dans l’intérêt et la curiosité de tout ce qui l’entoure qu’un écrivain, à mon sens, parvient à percer, s’inspirant des racontars, des fables, des horreurs et des merveilles dont se pare notre monde pour composer sa dernière création : tout ce qui est à sa portée peut être sujet à un nouvel écrit. Bien entendu, je n’ai guère la prétention que ce conte-ci m’élèvera chez les plus éminents et me fera, ainsi, connaître à travers continents et océans, mais ce n’est qu’en construisant de petits villages que l’on finit par façonner un plus grand royaume; ce n’est que des petites choses que naissent les plus grandioses. Cette expression, je la tiens d’Eden, car les gens qui nous entoure sont une source inépuisable d’inspiration : ce sont par eux et pour eux que nous écrivons après tout. Cela étant dit, vous pourriez considérer mon initiative comme une intrusion à la vie privée de ce jeune homme, comme si j’utilisais son histoire afin de me hisser jusqu’aux sommets que je rêvais depuis si longtemps de gravir. Et vous auriez raison. Cependant, je suis convaincu que toutes les histoires se doivent d’être racontées. Bonnes ou mauvaises, joyeuses ou tristes, elles mettent simplement en évidence ce qu’est être un humain, sous ses meilleurs et ses pires moments de la vie.

Enfin, pour autant, je ne savais que très peu de choses sur ce Henry Halloy avant mon enquête, le peu d’informations que j’étais parvenu à glaner se limitant qu’aux on-dit que j’avais entendu à travers des rumeurs d’étudiants en quête d’exclusivité, qui n’avaient qu’en tête d’assouvir leur curiosité en comblant les zones d’ombre de fantaisie et de théories plus ou moins fondées. Mais moi, au contraire des autres, je ne pouvais me contenter de ces spéculations : à force de les entendre se questionner et élaborer en riant mille et une suppositions farfelues, dont celle de ce fameux monstre errant, je me posais de véritables questions au point où cette histoire finie par m’obséder. Alors j'ai creusé, des jours, des semaines, dans l’espoir de trouver quelque chose qui pourrait me mener sur la voie de la vérité. J'ai rencontré tous les amis et les connaissances que j’étais parvenu à relier à Henry, mais aucun ne savait où il était parti ni pourquoi il avait si brusquement disparu du jour au lendemain. Henry n’avait plus de famille, à l’exception d’une nièce que je n’avais su précisément identifier. Il était promis à une jeune femme de bonne famille, mais du peu que j’étais parvenu à récolter, les termes du mariage ne semblaient pas avoir aboutis. Pourquoi? Est-ce que l’histoire de Henry Halloy se résumait à un conte romantique, mettant en scène un couple porté par un amour impossible, à moins que l’un des partis quitte sa vie, quitte son mariage, pour qu’ils puissent, tous deux, embrasser un futur onirique? À cet instant, c’était la conclusion la plus plausible à laquelle je pouvais penser, et la plus sensée aussi; ces histoires de monstre, en toute franchise, je les avais abandonnées depuis longtemps.

Mais pouvais-je vraiment m’arrêter à cela? Après tout, on lui connaissait une résidence permanente, un domaine au Duché d’Eliassen entouré de vignes à perte de vue, que je n’avais toujours pas investiguer, mais que je connaissais de réputation pour m’être, plusieurs fois, arrêté devant les rangs afin de laisser la vue, la tranquillité des lieux, soulever l’inspiration dans mon esprit : c’était un endroit paisible et magnifique, de quoi plaire à l’écrivain amateur que je suis. C’est ainsi que j’étais parti avec mon inséparable carnet de notes et mon crayon en graphite jusqu’au domaine Halloy. Comme toujours, le paysage avait de quoi surprendre, non pas à cause d’une quelconque grandeur ou majesté, mais plutôt en raison de sa simplicité qui n’en relevait pas moins une grande beauté à qui savait s’arrêter et profiter. J’avais contemplé les rangs que je longeais par le chemin, fasciné et pris d’une soudaine poésie en voyant pareil splendeur grenat colorer ce champ olive resplendissant. Quoi rêver de mieux? M’étais-je demandé, la fantaisie commençant à agiter les neurones de mon cerveau, jusqu’à ce que, dans un grand bruit et un grand cri étouffé, ma concentration soit brusquement brisée.

« Aïe… Aïe… » Avais-je gémi en me redressant malhabilement, apercevant des fruits, des fromages emballés, rouler et s’éparpiller le long de l’allée et même s’engouffrer dans les rangs de vigne à proximité.

Et moi qui avait espéré une entrée discrète, prévisible mais discrète, en bonne et due forme. Je m’étais même vêtu de mes plus beaux habits, mon uniforme scolaire, histoire de montrer mes bonnes intentions au propriétaire du domaine – si propriétaire il y avait toujours – et j'avais été, à cet instant, les quatre pattes à terre, confus et silencieux, à essayer de comprendre comment un panier de victuailles pouvait se trouver au milieu de l’allée d’une demeure que l’on soupçonnait être inhabitée?

Cela étant dit, consciencieux et pris d’un terrible sentiment de culpabilité, je m’étais mis à courir derrière les provisions afin de les replacer dans le panier, m’abaissant entre les vignes pour les rattraper; Eden me dit toujours que je suis une tête en l’air et, une fois de plus, je lui donnais raison de par ma maladresse. J’espère avoir tout récupéré… Me souviens-je avoir pensé lorsque, du coin de l’œil, je m’étais aperçu qu’un autre fromage était resté au sol, au travers du champ. Aussitôt, je m’étais penché pour le ramasser, me redressant finalement, soulagé. Mais lorsque je m’étais retourné, une nouvelle surprise me fit sursauter de peur, un cri épouvanté sortant instinctivement de mes lèvres, quelque chose comme un « AAAAAAAAAAAH!! » poussé par la nervosité et la paranoïa. Bien peu viril, encore moins courageux, un cri terrifié et pathétique à souhait, surtout que la source de cet élan de frayeur n’était autre qu’une jeune fille dont les yeux bleus me dévisageaient intensément. Est-ce que je lui avais fait peur? Est-ce qu’elle avait crié elle aussi? Franchement, j’avais été tellement surpris que je n’avais entendu que mon hurlement.

« Je… J-Je… »

J’avais essayé d’aligner quelques paroles pour m’excuser, mais tout ce que j’étais parvenu à sortir ne fut que ces mots, balbutiés maladroitement d’une voix peu assurée :

« Veuillez m’excuser pour cette… hum… pour cette réaction… J-J’ai cru que vous étiez le monstre et que… hum… V-Veuillez m’excuser, sincèrement! »

Et lorsque je suis nerveux, j’ai tendance à tordre mes doigts, à les serrer dans ma paume et à malaxer le tout au fond de mes poches, mais ce fut à cet instant que je m’étais rappelé du fromage que j’avais toujours en main. De nouveau, j’avais violemment réagi, mes joues prenant une teinte rosée lorsque je vins à tendre la brique de fromage devant la jeune femme.

« Ceci doit être à… vous? J-J’ai trébuché sur votre panier et envoyé un peu partout toutes vos provisions. Mais! Mais, mais, mais, j’ai… j’ai tout ramassé. Je crois. Enfin, je suis très maladroit… Encore désolé… »

Je dois vous avouer quelque chose d'autre sur moi : comme vous l’avez certainement constaté, je ne suis pas très doué pour communiquer avec les gens. Autant, je m’exprime avec passion et assurance par écrit, autant par voie orale, par contre, je perds toute cohérence et articulation, ce qui ne fait qu’accentuer, bien souvent, le rouge de la gêne sur mes joues.


1 223 mots



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Aliénor Vaughan
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Aliénor Vaughan
Lun 09 Juil 2018, 23:51



Aliénor s’enfonçait un peu, à la recherche du lapin. Il n’y avait aucune chance qu’elle le retrouve mais son petit côté fantasque avait pris le dessus. Et puis, cela lui permettait de réfléchir à Isabeault et, plus généralement, à elle-même. Elle ne savait pas si elle voulait se marier et avoir des enfants. Oh bien sûr, quand elle se prenait à rêvasser, assise sur la table du jardin, entourée de fleurs plus colorées les unes que les autres, elle se voyait bien au bras d’un homme qui l’emmènerait dans les soirées mondaines. Elle se voyait parfaitement s’attirer l’envie ou la jalousie d’autres femmes. C’était sans doute idiot mais elle n’avait qu’à fermer les yeux pour l’imaginer. Parfois, la fiction allait bien plus loin. Elle se voyait se promener sur un cheval blanc autour du Lac Bleu en compagnie de l’homme en question. Pourtant, tout ce qui paraissait beau, en provenance directe des contes pour enfants, avait ses limites. Le quotidien n’était que rarement à la mesure de ce que l’esprit se plaisait à créer lors de ses rêveries. De temps en temps, l’idée du prince charmant s’effaçait au profit de celle de l’indépendance et de l’audace. Aliénor se voyait bien en femme fatale, ayant réussi professionnellement, convoitée mais jamais obtenue. Les idées qu’elle se faisait de l’avenir étaient tellement diverses et variées qu’elle était comme perdue, incapable de prendre une décision. Pourtant, il le faudrait bien. Elle ne pourrait rester dans l’hésitation des années durant. En tout cas, une chose était sûre : elle n’avait plus envie d’entendre sa sœur se vanter du matin au soir.

Alors qu’elle se laissait guider par ses songes, Aliénor entendit un bruit qui lui fit comprendre rapidement qu’elle n’était pas seule. Était-ce le Vicomte qui avait repéré, au loin, son intrusion ? Confuse à l’idée qu’il puisse penser qu’elle outrepassait les convenances, elle se mit à revenir sur ses pas au beau milieu des vignes, essayant de se rappeler de la direction du chemin. Si elle était restée sur ce dernier, il n’y aurait eu aucun problème. Seulement, elle se voyait mal justifier sa présence entre les grappes de raisin en avançant l’idée qu’elle avait décidé de poursuivre un lapin. Elle ne connaissait pas Henry Halloy. Peut-être était-il le genre d’homme à plaisanter aisément ? Ou tout son contraire ? Elle se sentait nerveuse.

Quand elle arriva de nouveau en sentier battu, elle constata la présence d’un homme aux cheveux blonds. Elle l’observa un instant. Il ne l’avait pas encore vu. Était-il le Vicomte ? Il ne correspondait pas à ce qu’elle avait pu imaginer. Dans son esprit, l’homme était roux, au port altier, une moustache pour tout sourire. La différence était flagrante. Encore une fois, elle se dit que sa vision du monde était très éloignée de la réalité. Après tout, elle ne l’avait jamais vu. Lorsqu’il se retourna et émit un cri d’effroi, la jeune femme ne put s’empêcher d’en pousser un également. Il ne lui faisait pas peur en lui-même, simplement, sa réaction l’avait surprise. Confuse, elle se fit la réflexion qu’il aurait été préférable qu’elle se présente au lieu d’attendre en silence qu’il se rende compte de sa présence. « Le… le monstre ? ». Les propos qu’elle entendait l’étonnaient. Quel monstre ? Elle se demanda vaguement si elle n’avait pas entendu cette histoire murmurée aux Palais de Coelya.

Aliénor oublia soudainement le monstre lorsqu’il lui parla du panier. Elle le regarda, notant un léger dérangement. Elle ne s’en formalisa pas. Heureusement que sa mère n’était pas là. La Comtesse Vaughan était une femme petite et ronde, à l’allure joviale mais quiconque touchait au bon déroulement de sa maison et de ses affaires comprenait rapidement ô combien elle pouvait s’avérer effrayante, surtout lorsqu’elle brandissait son rouleau à pâtisserie devant le nez de l’imprudent. La Magicienne sourit à cette évocation mentale puis reprit le panier avant de le tendre de façon plus officielle au Vicomte. « Ce n’est pas à vous de vous excuser… Si je n’avais pas vu ce lapin, je n’aurais pas laissé mon panier au beau milieu de votre chemin et vous n’auriez jamais renversé son contenu. ». Elle sourit. « Ma mère, la Comtesse Vaughan, n’avait plus de nouvelles de vous depuis fort longtemps et elle m’a demandée de venir vous rendre une visite de courtoisie et de vous amener ces quelques douceurs. ». Elle pinça ses lèvres avant de se présenter de façon plus officielle. « Je suis Aliénor Vaughan, étudiante aux Palais de Coelya. ». Et incapable de choisir quelle sera ma voie, manqua-t-elle d’ajouter, se retenant pour ne pas paraître dérangée. Il semblait peu à l’aise. Elle l’était davantage, sans doute grâce au fait qu’elle avait de nombreuses sœurs et qu’elle avait appris que même s’il est particulièrement gênant, le ridicule ne tue pas. « En tout cas, je suis sûre que ma mère sera heureuse de savoir que vous allez bien. ».


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Miles Köerta
Sam 04 Aoû 2018, 19:49

Permettez-moi de faire une petite parenthèse à mon récit afin de vous conter une courte anecdote. Oui, je parle encore de moi, mais ne vous inquiétez pas, je reviendrai rapidement sur les rails de l’histoire. Bref, tout cela pour dire qu’en relisant ma rédaction, je n’ai pu m’empêcher de sourire lorsque j’y ai remarqué un certain défaut, qui ne se trouvait pas directement dans mes écrits, mais plutôt dans ma réaction du moment. N’ai-je pas mentionné, plus tôt, que les histoires concernant ce monstre errant du Duché d’Eliassen me passaient par-dessus la tête? J’étais convaincu qu’il ne pouvait y avoir de monstre, surtout sur des terres aussi tranquilles et belles que celles qui entouraient le célèbre Lac Bleu et pourtant, je venais de pousser le cri le plus aigu que ma gorge n’ait jamais poussé parce qu’au fond, j’avais peur que ces racontars soient finalement vrais : personne n’ait véritablement à l’abri de sa propre imagination, il semblerait. Après des semaines à tourner et retourner les scénarios et possibilités dans ma caboche, l’histoire du monstre errant avait bel et bien fini par s’ancrer dans un coin de mon esprit et bien malgré moi, je nourrissais dès lors une certaine inquiétude, un certain doute, sur la véracité de cet on-dit, un peu à la manière des méchants de conte que nos parents nous lisent la nuit : passé un certain âge, nous savons que le terrible Marchand de Charbon n’est que fable et pourtant, on ne peut s’empêcher de le craindre, envahis par une peur irrationnelle et inexplicable. C’est fascinant de constater à quel point notre subconscient, couplé à une imagination quelques fois trop débordante, peut créer ce genre d’anomalies dans notre propre raisonnement. Aux termes de cela, nous finissons par nous contredire et, bien souvent, la peur, tout comme la tristesse et la colère, sont de parfaits vecteurs émotionnels, qui font ressortir, spontanément, nos plus profondes craintes et aussi, notre véritable être. Voilà, voilà, je voulais simplement vous partager mon impression, parce qu’en y repensant, cela m’a bien fait rire.

Enfin, si elle était franchement surprise et particulièrement troublée par ma réaction, la jeune femme n’avait aucunement jugé ou critiqué mon sursaut de peur. Je sais à quel point ce monde peut être cruel et blessant parfois, surtout lorsque tu sors du lot, que tu ne t’ajustes pas dans le pot – ou simplement parce que tu as l’air ridicule. C’est pourquoi je l’avais remercié en pensée, empli d’un soulagement immense : je l’avais remercié de ne pas être l’une de ces filles dédaigneuses et mesquines qui se plaisaient à passer leurs journées à se moquer des autres simplement pour paraître intéressantes là où elles n’étaient que cruelles et méchantes; je l’avais remercié de ne pas s’être mise à éclater de rire juste devant mon nez, même si elle ne l’aurait pas fait méchamment, je le sais aujourd’hui; je l’avais également remercié de ne pas avoir fait grand cas de mon hurlement, parce qu’en toute franchise, c’était ce dernier qui m'avait autant perturbé, même pour moi qui l’avait échappé par nervosité. Peut-être que je m'accoste un peu trop sur les détails, mais je trouve important de spécifier à quel point ce cri n’avait pas été viril… surtout lorsque l’on sait comment les événements se sont déroulés par la suite.

Effectivement, si notre premier contact avait parut plus ou moins loufoque compte tenue de la situation, la suite n’en fut que plus étrange, mais ô combien délirante. Tout avait commencé par la jeune femme qui m’avait invité à reprendre le panier rempli de victuailles que j’avais ramassé. Elle m’avait gratifié d’un charmant sourire, mettant la faute de cette embarrassante première impression sur son compte. Elle était gentille, vraiment, mais je ne pouvais la laisser mettre cette petite maladresse sur son dos, puisque j’avais été le seul à m’emmêler les pieds dans ce panier. C’est pourquoi j’avais aussitôt secoué la tête, lui certifiant que ma maladresse n’avait absolument aucune limite en raison d’un manque flagrant de prudence et d’attention de ma part : mes yeux m’ont toujours plus servi à fixer le ciel, le panorama et la vie des autres que mon propre chemin. Cependant, si j'avais commencé à me détendre un peu, les propos qu’elle avait ensuite énoncé eurent tôt fait de me faire rougir, mon visage caramel prenant violemment une teinte plus cramoisie, comme de vilains coups de soleil qui l’auraient marqué.

« Euh… Je… Attendez une seconde… » Avais-je bafouillé d’une voix basse et confuse, mais la jeune femme avait poursuivi son annonce, se présentant sous le nom d’Aliénor Vaughan, fille de la Comtesse Vaughan.

Pendant plusieurs secondes, j’avais conservé un long silence, gêné.

« La Comtesse Vaughan… Dîtes-vous? »

La question était purement rhétorique, mais c’était un moyen pour moi de m’assurer que je n’avais pas mal entendu.

« Oh bon sang… Elle… Elle vous a envoyé pour savoir où j’étais rendu dans la rédaction de ma nouvelle, c’est ça? »

Aussitôt, la panique avait refait surface dans mon esprit.

« Par Suris! Je… Je suis vraiment navré que vous ayez été obligée de vous déplacer pour cela, damoiselle Vaughan. Je… Je fais de mon mieux pour écrire, vraiment, mais je suis bloqué dans l’écriture de cette nouvelle présentement. J’ai beaucoup de difficultés avec le sujet, voyez-vous? Il me manque cette petite pousse d’inspiration afin de faire fleurir le reste de ma composition, mais ne vous en faîtes pas, les pages de ma rédaction se trouveront sur le bureau de votre mère à la date que nous avons convenu! »

J’avais étiré un grand sourire pour lui prouver ma bonne foi. Cependant, une poignée de secondes m’avait suffi pour saisir quelque chose.

« Hum… Par ailleurs, m’avez-vous suivi depuis chez moi? Comment avez-vous su où me trouver? »

Je l'avais fixé étrangement, battant des paupières.

« Est-ce ma mère qui vous a indiqué que je partais pour le manoir du Vicomte Halloy? »

Vaguement, j'avais porté mon regard jusqu’à la demeure du noble avant de reporter mon attention sur la jeune Aliénor.

« Quoi qu’il en soit, pourriez-vous dire à votre mère que tout se passera pour le mieux et qu’elle n’a pas à s’en faire pour la nouvelle? Je ne l’ai jamais déçue, n’est-ce pas? Et même si ce n’est qu’une mauvaise passe, ça ne sera pas long avant que je retrouve mon inspiration, je le lui promets. »

À cette période, je travaillais pour un petit journal dans un village près de chez moi et la rédactrice en chef de ce journal, Isis Vaughan, m'avait engagé afin que je puisse garnir leur recueil hebdomadaire de courtes nouvelles dans leur rubrique, « Les Plumes Bleues », où était publiée des histoires de différents auteurs et écrivains en herbe, comme moi, afin de nous faire connaître du public. Aujourd'hui, j'ai quitté ce journal, mais j'espère qu'il continue de prospérer. Peut-être, qui sait, que j'y retournerais. Enfin, les études d'abord, le travail ensuite. Du coup, je croyais dur comme fer que la Comtesse Vaughan dont faisait mention Aliénor s'agissait de ma patronne qui, sans vouloir paraître excessive ni pressée, avait fait envoyer sa fille pour m'indiquer qu'elle attendait impatiemment mes feuilles. Isis Vaughan n'était pas l'unique femme de cette famille que je connaissais, mais elle était bien la seule susceptible de me faire un tel présent. Dans tous les cas, j'ai tout de même été grandement surpris en apprenant qu'elle était Comtesse et encore plus de constater qu’elle avait une fille d’à peu près mon âge.

C'est fou comment nous nous sommes tous les deux fourvoyés, Aliénor et moi.


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Aliénor Vaughan
Sam 11 Aoû 2018, 19:21



Le visage d’Aliénor, au début souriant, changea légèrement d’expression au fur et à mesure que son interlocuteur énonçait ses idées. De parfaitement assurée, elle finit totalement déboussolée. Comment une telle chose avait-elle pu se produire ? Non seulement, elle ne savait pas du tout de quoi il parlait – à moins que sa mère ne lui ait pas tout dit et elle en doutait – mais, en plus, il semblait qu’il n’était pas le moins du monde le Vicomte Halloy. Le problème c’est qu’elle n’avait aucune idée de comment résoudre la situation. Confuse, ses joues devinrent progressivement cramoisies. Elle avait l’impression d’être entrée dans l’intimité de ce jeune homme de force et de s’être rendue coupable, sinon d’un crime, d’une sottise caractérisée. « Euh… » commença-t-elle doucement, comme si elle avait soudain peur de parler et d’avouer le quiproquo. Il lui avait semblé tellement sincère et motivé pour défendre sa cause qu’elle en était encore toute retournée. « Hum… » essaya-t-elle de nouveau, comme si pousser des petits gémissements allait l’aider. Légèrement tendue, elle finit par prendre une grande inspiration afin de se jeter à l’eau. « Je crois que nous nous sommes tous les deux fourvoyés… Enfin… Je veux dire que je vous ai pris pour le Vicomte… » finit-elle par avouer. « Il devait livrer quelques bouteilles de vin à ma mère et, comme elle est sans nouvelles de lui depuis quelques temps, elle s’inquiétait de sa santé. D’où ce panier… ». Elle désigna l’objet en question, d’autant plus gênée puisqu’elle lui avait affirmé plus tôt qu’il était à son attention. Elle baissa les yeux, ses cheveux tombant de chaque côté de ses joues, dissimulant légèrement ses traits. Elle essayait de réfléchir sur la meilleure manière de s’en sortir. Elle finit par rire un peu gauchement, se rappelant de la devise de sa sœurs Fantine, à savoir que tous les moments gênants pouvaient être évités en un seul rire. Était-ce si grave ? Elle ne le pensait pas. Du moins, avec un peu de recul, de son côté, elle trouvait la situation cocasse. Elle ne voulait juste pas qu’il se sente mal à l’aise. Son regard devint soudain légèrement pétillant et elle releva la tête. « Peut-être que cette situation pourra vous inspirer ! ». Elle précisa. « Je veux dire… Pour votre nouvelle. Je ne sais pas qui est cette Dame Vaughan dont vous avez parlé mais peut-être sera-t-elle amusée d’apprendre que vous l’avez confondue avec ma mère… ». Elle essayait de toutes ses forces de rendre les événements récents amusants. S’il s’avérait qu’il était trop affecté, elle le serait aussi.

Aliénor passa son index et son majeur dans ses cheveux pour replacer une mèche rebelle derrière son oreille. Cette aventure lui avait rappelée sa rencontre avec Harald Lazur. Elle lui avait légèrement menti, prétextant être la petite fille d’un vieil homme grincheux pour l’impressionner. Seulement, étrangement, elle ne se voyait pas raconter des histoires à cet inconnu. Ce serait bien trop gros. Surtout qu’il aurait pu, à tout moment, vérifier les informations auprès de son employeur.

« Écoutez, je suis vraiment désolée… Je m’appelle Aliénor… » fit-elle, comme si dire son nom allait changer les choses. Elle se rappela d’ailleurs quelques secondes après qu’elle le lui avait déjà dit. Elle se traita mentalement d’idiote. Comment avait-elle pu oublier ? C’était d’ailleurs pour cela que le quiproquo avait pris de l’ampleur. Elle se pinça la lèvre inférieure, confuse. « … comme je vous l’ai déjà dit. » ajouta-t-elle pour essayer de rattraper sa maladresse. Elle qui avait pensé, plus tôt, rétablir la situation, elle avait maintenant l’impression d’être engluée jusqu’à la taille dans des sables mouvants. Elle choisit de se taire, trouvant qu’elle en avait déjà assez fait. Elle baissa de nouveau les yeux vers le sol blanc du chemin, préférant attendre. Elle avait pourtant beaucoup de questions à lui poser. Malgré la situation, elle avait écouté attentivement ce qu’il lui avait dit plus tôt. Il écrivait des nouvelles, ce qui avait éveillé sa curiosité. La Magicienne aurait aimé lui demander si elle pouvait en lire quelques-unes, à l’occasion, mais elle ne connaissait même pas son prénom. Elle voulait en savoir plus sur lui. S’il n’était pas le Vicomte Halloy, qui était-il alors ? Et que venait-il faire ici ? Avait-il rendez-vous ? Connaissait-il l’homme en question et serait-il en mesure de la renseigner sur son état ? Quel âge avait-il ? Est-ce qu’il était encore étudiant ? Elle ne se souvenait pas l’avoir déjà croisé. Cela dit, il semblait un peu effacé, le genre à préférer se retrancher derrière un livre, ce qui aurait pu expliquer qu’elle n’ait jamais fait attention à lui au milieu de la masse grouillante des Palais de Coelya.


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Miles Köerta
Jeu 06 Sep 2018, 06:44

Je peux le dire sans gêne à présent, mais j’étais convaincu que ma plaidoirie devant la supposée fille à ma patronne avait fait son effet. Je n’ai jamais été très confiant à propos de mes prouesses oratoires, mais cette fois, la panique et l’assurance aidant, je pensais, sans détour, être parvenu à persuader la jeune demoiselle d’attester ma cause devant sa mère. Pourtant, à la fin du quiproquo – plus besoin de vous le cachez, à ce point de l’histoire – l’élan de conviction et d’aplomb que j’étais parvenu à extirper de ma bouche s’était brusquement essoufflé pour n’être plus qu’un faible « Oh… » mou et désuet sur le bout de mes lèvres, précédé par un étrange silence durant lequel j’avais pris conscience de la situation, gêné de m’être si soudainement emporté. L’ambiance, tout de suite, fut, en quelque sorte, assez incommodant, du moins, de mon point de vue. Je ne savais plus du tout où me mettre, embarrassé de m’être ainsi exposé – et royalement trompé – devant une inconnue tandis qu’Aliénor restait muette depuis sa révélation.

Habituellement, je me serais excusé, babillant quelques pardons maladroits à son attention avant de me bloquer définitivement pour mieux prendre la poudre d’escampette en toute dignité, c’est-à-dire tourner les talons, marcher en faisant de grandes enjambées et espérer ne pas la croiser. Le malentendu n’était pas si dramatique en soi, vous me l’accorderez, puisque dans quelques jours, voire quelques heures, n’importe qui aurait fini par rire à chaudes larmes de la situation, mais, sur l’instant, elle restait particulièrement gênante… C’est comme si, au coin d’une rue, vous courrez derrière ce que vous croyez être un ami, que vous l’accostez, et que vous constatez qu’il s’agit d’une toute autre personne, parfait inconnu! Le plus bizarre dans tout cela, c’est quand l’individu, de face, ne ressemble pas le moins du monde à cet ami… Il y a de quoi être perturbé durant quelques nanosecondes. Enfin, vous en conviendrez, sur le moment, vous vous sentirez immédiatement embarrassé, comme je l’étais à cet instant-là, face à Aliénor. Cependant, la brunette, au contraire de ce que j’avais initialement cru, n’avais pas attendu d’être confortablement installée dans son salon, auprès de ses amies ou de son copain, pour rigoler légèrement de la situation. Son rire, même s’il n’avait rien de convainquant – maintenant que je me le remémore aujourd’hui – m’avait décrispé en plus de faire naître un semblant de sourire sur la commissure de mes lèvres. Toujours aussi mal à l’aise, je m’étais néanmoins laissé emporter par sa tentative d’alléger l’atmosphère, échappant un gloussement à la suite alors que mes doigts se rejoignaient pour s’entremêler nerveusement.

« Pour être amusée, avais-je commencé, en pensant à ma patronne aux Plumes Bleues, elle sera amusée. »

Et elle l’a été. Depuis que je lui avais raconté cette histoire et ce, jusqu’au jour de mon départ, elle ne s’adressait à moi que par des phrases comme : « Vicomte Von Karma, venez dans mon bureau, il y a quelque chose qui ne va pas avec ce paragraphe! » ou bien « La Comtesse Vaughan est fière de ton travail! » et j’ai également eu droit à des « Ma fille a hâte de lire votre prochaine histoire! » Ahlala… Comme quoi le malheur des uns fait le bonheur des autres, n’est-ce pas? Par chance, la plaisanterie en était restée une et cela m’avait même permis de connaître un peu plus la rédactrice.

« Ne vous excusez pas! Vraiment, c-ce n’est pas grave… Après tout, je… je devrais même me sentir flatté, en fait, puisqu’il paraît que je ressemblerais à un noble, avais-je articuler en rigolant timidement. Enfin… Un vrai noble n’oublierait pas ainsi les convenances… Avais-je ensuite rajouté avant de secouer la tête, comme pour me faire comprendre que ce n’était pas si important. Quoi qu’il en soit, j-je m’appelle Nikolski. Nikolski Von Karma. Enchanté, Aliénor… »

À ce moment précis, je m’étais trouvé de nouveau face à une problématique, qui m’avait taraudé l’esprit durant une bonne dizaine de secondes, avant que je m’exécute, tremblant de gêne. Je m’étais rapproché de la brunette et avait prit sa main avant de la baiser doucement, mon geste ayant même été accompagné par une courte révérence. Puis, rapidement, je m’étais reculé, rouge comme une pivoine. Je n’étais sûr de rien, mais elle était Comtesse par le sang, elle était une noble, et je m’étais imaginé devoir lui embrasser la main, comme dans les livres, lorsqu’un membre d’une caste inférieure se présente devant un membre d’un rang supérieur. Instinctivement, j’avais agi, mais par tous les Ætheri du ciel, que cela m’avait intimidé!

« J’espère ne pas vous avoir froissée… Je… Je… Je ne suis pas du tout habitué à ce genre d’étiquette… Euh… M’étais-je brusquement arrêté. V-Vous avez bien ce genre d’étiquette, si? »

Et est-ce que je m’étais imaginé des choses, selon vous? Gêné, je m’étais discrètement râclé la gorge.

« Dans tous les cas, je crains que vous soyez venue ici pour rien… Enfin, je ne sais pas trop si on peut conclure cela aussi vite… »

Laissant mon regard étudier la demeure du Vicomte quelques secondes, je reportais mon attention sur la jeune femme.

« Mais le Vicomte Halloy est… – comment dire cela? – porté disparu depuis quelques temps déjà… »

Brièvement, je lui racontais la subite absence d’Henry Halloy aux Palais ainsi que l’étrangeté de sa disparition, du fait que ce jeune homme, que l’on m’avait décrit comme étant amical, franc et loyal, était parti sans donner de nouvelle à qui que ce soit. Il s’était simplement évanoui dans la nature – « Pouf! » M’étais-je exclamé en joignant le geste à la parole en écartant grand les bras – et depuis, plus personne n’avait entendu parlé de lui, pas même sa promise, il semblerait.

« Par conséquent, plusieurs rumeurs vont et viennent à son sujet. Il serait parti vivre d’aventures et de plaisirs pour un temps; d’autres racontent que sa disparition aurait un rapport avec un monstre récemment apparu sur le territoire; d’autres supportent la thèse qu’il serait parti à la recherche de ses parents… alors qu’ils auraient trouvé la mort au cours d’un entraînement de magie… Bref, vous saisissez le bordel? On entend plein de théories qui disent tout et leur contraire, avais-je soupiré avant de me taire, baissant rapidement les yeux. Et hum… je sais que cette histoire ne me concerne pas, pas plus que les autres, mais je veux connaître la vérité. Ç-Ça… Ça m’obsède… Et c’est assez malsain, dis comme ça, avais-je marmonné, embarrassé, omettant volontairement le fait que j’espérais que la vérité sur le Vicomte puisse m’inspirer une histoire, voire une biographie – mais peut-être allais-je trop loin… C’est pourquoi je suis ici… Le vignoble n’a pas encore été déserté par la main-d’œuvre, du moins, pas complètement. Les activités sont au ralenti, en vérité, et il y a beaucoup moins d'employés qu'auparavant, ce qui présume que quelqu’un continue d’administrer les affaires du domaine, malgré le ralentissement de la production. Et je me disais qu’il pourrait y avoir des indices intéressants… »

Je ne comprenais pas pourquoi je lui avouais tout cela, mais je me voyais mal lui mentir, à ce stade. Malgré tout, une certaine crainte persistait dans le creux de ma poitrine.

« A-Allez-vous me dénoncer? » Lui avais-je posé d’une petite voix à peine audible.

Pourtant, je n’avais, dans aucun cas, contrevenu à la loi. Bon, j’avais bel et bien pénétré sur le terrain privé du Vicomte, mais si je n’avais pas trouvé ce que je recherchais, je serais tout de suite parti, sans faire de casse… Je crois… Je préfère me rassurer en me disant que je n’aurais jamais franchi le pas.


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Aliénor Vaughan
Jeu 24 Jan 2019, 01:25



Ses lamentations


« Vous… vous dénoncer ? ». Aliénor ouvrait à présent de grands yeux étonnement ronds. Elle s’imagina un instant aller voir un soldat et lui rapporter les faits. Il l’aurait très certainement gratifié d’un sourire avant de la rassurer en lui indiquant qu’il n’y avait rien de mal à ce qu’un étudiant se rende chez un autre afin de vérifier son état après plusieurs jours d’absence. Il lui aurait très certainement dit, également, qu’aucun monstre ne se cachait sous son lit et qu’il serait bon qu’elle se détende à l’avenir. Elle grimaça légèrement. « Ce n’est… vraiment pas dans mes intentions. Enfin… Je veux dire… C’est que, c’est louable à vous de vérifier que le Vicomte se porte pour le mieux. Cela dit, maintenant que vous en parlez, je crois bien avoir entendu quelques rumeurs aux Palais de Coelya… ». Elle essayait de ne plus penser au baise-main. Cela se faisait encore, de nos jours, mais elle devait avouer que, sur l’instant, le geste lui avait fait tout drôle. Elle ne s’y était pas attendue et, finalement, légèrement rougissante, elle n’avait rien trouvé de mieux à faire que de parler du nom de famille de l'homme en ces termes : « Oh comme le Dædalus alors ! Enfin, vous savez, Von Dreth… la particule… ». Elle n’était pas très futée et cela se ressentait dans ses résultats scolaires. Il faut dire qu’Aliénor passait le plus clair de son temps à rêvasser ou à s’angoisser toute seule quant à son avenir. Elle avait du mal à se concentrer pendant les cours et souffrait de temps en temps d’un manque flagrant de confiance en ses propres capacités, un état qui la paralysait. Lorsqu’elle paniquait, son idiotie atteignait parfois quelques sommets. À force d’avoir peur de blesser autrui, elle se mettait même dans des situations délicates et rocambolesques et, ce, sans aucune raison la plupart du temps.

Heureusement, elle avait retrouvé un peu de tenue lorsqu’il avait évoqué la situation du Vicomte. Cela lui avait rafraichi la mémoire sur quelques racontars. Cela dit, elle n’était pas très populaire aux Palais de Coelya et il était rare qu'elle soit au courant des derniers potins. Certains Magiciens ou Magiciennes possédaient une sorte de renommée, soit parce qu’ils étaient d’excellents élèves, soit parce qu’ils étaient des sportifs reconnus, soit parce qu’ils dégageaient un charisme époustouflant pour leur âge. Finalement, il y avait beaucoup de critères de démarcation mais, elle, ne répondait à aucun d’entre eux. Moyenne en tout, elle n’était qu’une Vaughan parmi tant d’autres. Ça lui allait ; la plupart du temps du moins. Ses ambitions n’avaient jamais été bien grandes et, en réalité, écouter Nikolski lui parler de sa passion, plus tôt, lui avait rappelé qu’elle n’en avait pas vraiment, elle. Elle aurait aimé que son chemin soit tout tracé ou, au moins, désirer quelque chose passionnément et se battre pour l’obtenir. La réalité était nettement moins glorieuse ; nettement moins facile, aussi. Parfois, elle avait envie que l’on décide pour elle. « Pour revenir au Vicomte… Oui, effectivement, c’est un peu flou. Je ne fais pas vraiment attention aux rumeurs, vous savez… elles disent tellement tout et son contraire. ». La plupart du temps, c’était par ses sœurs qu’elle apprenait des choses. Parmi les filles du Comte Vaughan, il y avait d’indécrottables chipies. Elle avait également ses instants de folie. La vie, entourée de tous ces bouts de femmes, était délicieuse. Bien sûr, parfois, il y avait des larmes et des langues de vipères mais, la plupart du temps, les rires dominaient. « Je hum… Je ne serai probablement pas d’une très grande aide mais vous m’avez donnée envie d’en savoir plus ! » ajouta-t-elle. C’était vrai. Le mystère que représentait Henry Halloy avait éveillé sa curiosité. « Ma mère dit toujours que le doute ne sied qu’aux idiots alors… Je vous propose d’aller vérifier. ». « Vérifier quoi ? » fit une voix derrière eux. Une jeune fille se tenait là, de longs cheveux d’un noir de jais encadrant son visage. Elle fixait les deux Magiciens d’un air assez sévère. Cela paraissait presque inhabituel chez une adolescente. Elle semblait, en effet, avoir une quinzaine d’années mais quelque chose d’étrange se dégageait d’elle, comme si elle portait le poids de nombreuses responsabilités sur ses épaules. « Qui êtes-vous et que faites-vous ici ? ». Aliénor lança un petit coup d’œil à Nikolski. Elle hésita cinq secondes puis fit un pas en avant. « Bonjour. Je suis la fille de la Comtesse Vaughan. J’ai été envoyé par ma mère pour prendre des nouvelles du Vicomte Halloy. Il y a un léger retard dans la commande de vin qu’elle a passé et elle s’inquiétait pour sa santé. ». La jeune fille à la peau basanée acquiesça. « Mon oncle n’est pas là pour l’instant mais je vais m’occuper de votre commande. Je suis sa nièce, Mélodie. ». Elle tourna ensuite son regard vers le Magicien. « Et vous ? C’est aussi pour une commande ? ». Aliénor avait joué la carte de la sécurité mais, à vrai dire, elle mourrait d’envie de poser quelques questions, ne serait-ce que pour savoir où était Henry et pourquoi est-ce qu'il ne se rendait plus en cours.



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Miles Köerta
Mer 27 Fév 2019, 15:30

Si le baise-main semblait nous avoir surpris tous les deux – Aliénor s’était tout de même mise à parler de la similarité entre mon particule et celui du Roi des Ailes Noires, comme pour remplir un malaise gênant (décidément, j’étais doué pour créer ce genre d’ambiance à l’époque…) – la prochaine surprise ne se fit pas attendre alors que, dans notre dos, une troisième voix s’était soulevée pour nous interpeller. D’un mouvement suffisamment vif pour que je le compare à la réaction d’un petit animal craintif, je m’étais retourné en direction de ce troisième personnage, considérant aussitôt l’expression de son visage, qui avait été, à plusieurs reprises, marqué par le passage de longues et soyeuses mèches alors qu’elle s’était rapprochée de notre position. Et psst! J’espère que cela restera entre nous, mais… elle était absolument magnifique, cette jeune fille. Étonnamment, malgré son air dur, je n’avais pu m’empêcher de songer à cela lorsque j’avais posé, pour la première fois, mon regard sur elle. Que ce soit sa peau de teint basané, ses grands yeux et sa longue chevelure jais, je fus aussitôt pris d’un drôle de sentiment, d’une drôle d’impression, en la contemplant. Cette Mélodie était belle, décidément. Et, pendant plusieurs secondes, je ne m’étais plus concentré que sur elle, en vérité, comme hypnotisé par son minois et son charmant front.

C’est pourquoi, lorsque tous les regards s’étaient posés sur moi, attendant que je justifie ma présence dans le vignoble du Vicomte, j’avais soudainement rougi, détournant les yeux sur le côté pour les poser quelque part où ils ne seraient pas considérés comme indiscrets et appuyés.

« Moi? N-Non, non, non, pas du tout! Avais-je commencé en agitant rapidement les mains devant moi. Je ne suis qu’un étudiant », avais-je renchéris en passant, par la suite, une main sur ma nuque tout en relâchant un petit rire.

Quelle piètre justification, direz-vous, mais sur l’instant, ce fut la seule chose qui me vint à l’esprit, tandis qu’Aliénor et Mélodie devaient me trouver de plus en plus bizarre à réagir ainsi. Râclant ma gorge, j’avais fini par réajuster le col de mon uniforme scolaire avant de m’approcher de l’adolescente à la délicate chevelure noire. Puis, dans une révérence quasi-similaire à celle que j’avais offerte à Aliénor, plus tôt, je m’étais simplement incliné devant la jeune fille, prenant sa main dans la mienne tout en levant la tête dans sa direction.

« Enchanté de faire votre connaissance, Vicomtesse. Je me nomme Nikolski Von Karma. »

Les Vicomtes ne sont peut-être pas considérés comme des nobles selon les autres aristocrates magiciens, mais ils sont, néanmoins, révérés auprès des simples citoyens – comme ma simple personne – et c’est pourquoi, témoignant de mon respect à leur égard, j’avais réitéré le geste. Sur le coup, peut-être m’étais-je trouvé moins nerveux qu’au moment où j’avais baisé la main de la Comtesse, mais le sentiment d’en faire trop m’avait tout de même pris les tripes. Pour autant, je m’étais contenté de poursuivre sur ma lancée de politesse et de bonne manière.

« Je suis un camarade de classe d’Hen… du Vicomte Halloy et je suis venu ici pour lui, en vérité… »

Je m’étais repris de justesse, ne sachant s’il était impoli de parler aussi familièrement d’un notable : le fait que nous nous trouvions dans les mêmes classes m’avait fait oublier qu’il s’agissait d’une personnalité. Cela étant dit, en présence de ses proches, je ne pensais pas que c’était une bonne idée de m’exprimer ainsi. Partout, il y en a qui se soucient très peu de l’étiquette et des manières de la haute-société, préférant que l’on les considère comme tout le monde, comme n’importe qui : en somme, qu’on ne les catégorise pas selon un rang social. Cependant, le contraire est tout aussi vrai, certains personnages réagissant particulièrement violemment, par ailleurs, à un quelconque manque des formules de politesse.

« Vous êtes forcément au courant, mais cela fait plusieurs semaines déjà que votre oncle n’est plus retourné aux Palais de Coelya. Il ne vient plus en cours et ne donne de nouvelles à personne et… »

J’avais hésité sur la marche à suivre, dévisageant Mélodie du regard.

« Nous nous inquiétons beaucoup pour lui, avais-je fini par dire. Est-ce qu’il va bien? Savez-vous où il est parti? Quand reviendra-t-il? Avais-je posé en flèche, sans prendre une respiration entre chacune de mes interrogations. Sa disparition a été si soudaine et nous nous posons beaucoup de questions… Désolé de vous bombarder, m’étais-je excusé, gêné, en entrelaçant mes doigts entre eux. Sa présence manque à beaucoup de personnes, Dame Halloy. »

De toutes les personnes sur lesquelles j'aurais pu tomber, j'ai été particulièrement ravi de rencontrer cette fameuse nièce que je n'avais eu la chance d'identifier, bien des semaines plus tôt. Mélodie… Elle était certainement le maillon manquant de cette chaîne afin de comprendre la situation du Vicomte.

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Aliénor Vaughan
Sam 02 Mar 2019, 18:37



Ses lamentations


Une vague hésitation apparut sur le visage de Mélodie. Ce jeune homme, Nikolski Von Karma, la rendait toute chose. Il l’avait regardée d’une façon étrange qui lui avait fait perdre la fougue qu’elle avait placé dans ses mots, un peu plus tôt. Son oncle avait, pourtant, été on ne peut plus catégorique. Il voulait garder son secret intact, que personne ne sache. Cependant, le fardeau était lourd à porter, pour elle seule. La jeune fille dévisagea l’autre protagoniste. Les deux semblaient réellement inquiets pour Henry. « Hum… » fit-elle, légèrement ambivalente quant à la décision à prendre. « C’est un peu délicat… » dit-elle enfin, tout en tortillant ses doigts entre eux. D’un côté, elle savait que le concerné ne serait pas ravi, de l’autre, elle ne se voyait pas continuer ainsi. Peut-être que si elle les mettait dans la confidence, ils pourraient l’aider ? Peut-être qu’ils trouveraient même un moyen d’inverser le sort ? Elle n’en était pas sûre. Il faut dire qu’elle avait rapidement compris, et Henry aussi, que la morsure d’un Eversha ne se soignait pas. Il était un monstre, à présent, ou, plutôt, un homme dans le corps d’un monstre. Ses colères étaient, néanmoins, tout à fait traumatisantes. L’intérieur de la demeure n’était plus ce qu’elle avait été jadis. Quelques pièces avaient été ravagées par son fait. Elle passa une main dans ses cheveux, prenant une mèche qu’elle entortilla. Elle devait faire un choix ; mentir, encore, ou dire la vérité, au risque de s’attirer les foudres d’Henry. Cela étant, s’il restait dans cet état, il faudrait bien qu’il s’ouvre de nouveau au monde. Elle pouvait peut-être essayer d’en parler et, en fonction des réactions, dire qu’elle avait tout inventé après avoir éclaté de rire ? Arriverait-elle seulement à faire semblant ? Le problème la minait. Elle n’en pouvait plus de cette solitude, de ce secret, bien trop lourd à porter.

Mélodie porta son regard un instant vers la demeure. « Écoutez… Je ne devrais pas en parler mais… ». Elle s’assura que personne n’écoutait aux alentours. « Euh… » fit-elle, toujours pas très convaincue. Elle culpabilisait d’avance de sa trahison, se demandant si elle devait, ou non, avouer les choses. Il était encore temps de reculer, après tout. Elle baissa le ton de sa voix. « Il se trouve que mon oncle s’est fait mordre par un Eversha et… il ne peut plus vivre de nouveau comme avant. Ce n’est plus possible, vous comprenez ? ». Elle se mordit les joues. Elle l’avait dit, mais pas assez pour qu’ils puissent réellement se figurer l’étendue du mal. « Disons que son physique a changé… Il ne ressemble plus du tout à ce qu’il était avant. C’est une bête à présent, monstrueuse. ». Elle baissa encore plus la voix. « Il ne pourrait pas sortir sans créer la panique. Et puis… Il est totalement dévasté. La colère l’a changé, le chagrin aussi. Il avait des projets d’avenir et il ne pourra sans doute jamais les réaliser. Personne n’a envie de parler à un monstre… ». Elle inspira puis expira, lentement, profondément. « Depuis c’est moi qui gère la propriété mais… enfin, je ne suis pas très douée pour ce genre de choses. Je débute. Je dois aller en cours, signer les papiers à la place de mon oncle, laisser des notes pour les domestiques, m’assurer que personne ne le voit et converser avec lui, quand il est d’humeur, bien entendu. Il n’est pas méchant, il est juste… eh bien, j’imagine qu’il est juste comme quelqu’un à qui il est arrivé quelque chose d’effroyable et qui remet en question toute son existence… ». Elle soupira.

Aliénor fixait Mélodie, légèrement médusée. Elle ne savait que penser de ces révélations. « Mais vous avez essayé de… Je ne sais pas, faire appel à un soigneur ? ». Elle marqua une pause. « Oui non, ça n’a pas de sens. S’il a été transformé, j’imagine que ce n’est pas réversible… Peut-être en priant les Ætheri ? Ils pourraient être miséricordieux… ». Elle laissa quelques secondes de vide, avant de reprendre. « Et puis… Peut-être qu’il n’est pas aussi monstrueux que cela. Les Magiciens ne sont pas des être dépourvus d'intelligence… Nous pourrions comprendre… comme vous l’avez pu vous-même. ». « C’est ce que je lui ai dit mais… Henry est ravagé. Il ne s’accepte pas tel qu’il est. ». « Je euh… ». Aliénor manqua de demander s’ils pouvaient le voir mais n’osa pas. « Peut-être qu’il vous écouterait, vous, comme vous le connaissez. » dit-elle en fixant Nikolski. « Cela dit, je doute que vous soyez prêts, tous les deux… ».



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Miles Köerta
Mer 20 Mar 2019, 19:52

Tout ouïe, braquant mon regard sur le faciès de la jeune fille, j’avais attentivement écouté Mélodie nous décrire ce qui semblait avoir été la chute du Vicomte Halloy et malgré l’évidente souffrance du protagoniste, qui portait sur ses épaules l’insupportable condition qui était devenue sa réalité, et malgré la perceptible culpabilité de la Magicienne dans son geste de trahison, je ne pouvais que me sentir envahi par une soudaine montée de curiosité qui me semblât malsaine, sur le coup, mais ô combien intrigante et captivante. Ainsi donc, je venais de découvrir la véritable histoire du jeune Vicomte Henry Halloy, non pas parti pour vivre une idylle avec une potentielle amante, non pas parti pour s’abreuver d’une vie remplie d’aventures et de danger; le jeune homme avait été mordu par un Homme-Bête, qui l’avait transformé en ce qu’il décrivait lui-même de monstre. Un monstre rempli de colère et de mépris, un monstre comme on pouvait se les imaginer, au grand corps poilus et à l’haleine fétide en raison des chairs qu’il dévorait à longueur de journée. Mais ce monstre qui m’avait été décrit par Mélodie ne correspondait pas à ceux des contes ou du merveilleux, que l’on peignait forcément horrible et affreux – aussi bien dans le corps que dans l’esprit – pour donner des leçons de moral aux plus grands comme aux tous petits; non, celui-ci m’avait tout de suite paru bien seul et triste, et non pas effrayant.

« Est-ce si terrible que ça? M’étais-je questionné, ne sachant, sur l’instant, s’il s’agissait d’une interrogation que je me posais ou que j’adressais à la Vicomtesse. Il ne peut pas être aussi monstrueux que vous le dîtes. Après tout, si nous laissons son apparence de côté, il reste le même garçon d'autrefois. Le même Henry Halloy. »

Je m’étais ensuite tourné vers Aliénor, percevant bien au fond de son regard que la situation du Vicomte la troublait également et en abaissant le buste vers l’avant, j’avais ainsi témoigné de mon désir à vouloir rejoindre Henry pour lui parler.

« Si… Si vous nous le permettez, Dame Halloy, nous... hum... nous aimerions beaucoup rencontrer le Vicomte. Parce qu’il n’est pas comme il se dépeint lui-même. Il est simplement… seul. Et triste », avais-je laissé tomber, visiblement intrigué par l’état de l’ancien Mage.

Et je l’étais tout autant en raison de mon subit changement de pensée. Moi qui étais venu ici dans l’espoir d’attraper le scoop de l’année, voici que mon cœur s’était serré rien qu’à m’imaginer écrire l’histoire d’Henry Halloy sur du papier. Avais-je vraiment le droit de faire cela, finalement? Est-ce que pour l’écriture, je pouvais me permettre de ne pas considérer le respect et la dignité d’autrui? À cet instant précis, j’avais commencé à en douter. L’histoire d’Henry n’était pas la première de ce genre que l’on pouvait entendre ou même lire, dans quelques récits, mais chaque histoire avait son protagoniste et chaque histoire avait sa propre âme qui la définissait et qui la distinguait des autres contes : celle-ci, c’était celle d’Henry, de Mélodie et de tous ceux qui avaient perdu contact avec un ami, un élève, voire même un futur mari. Lentement, j’avais esquissé un sourire à l’attention de la Vicomtesse.

« Je me dis qu’un peu de compagnie ne pourra que lui faire du bien et, également, lui prouver qu’il a tort, tort de se traiter ainsi, de se rabaisser au même niveau que les véritables monstres de la réalité. »

Car, après tout, on n'était pas monstre; on le devenait. C’était un choix, plus qu’un état, selon moi. Mais un homme qui se convainquait du contraire pouvait rapidement oublier l’être qu’il était auparavant, ses idées de monstruosité l’emportant soudainement dans une chute vertigineuse. Ainsi, attendant que Mélodie choisisse de nous faire entrer dans la demeure ou nous refuser l'accès, je m'étais redressé, tournant légèrement la tête vers l'une des fenêtres du domaine.

Et maintenant que j’y repense, c’était peut-être cet Eversha, qui avait mordu le Vicomte, qui rôdait ainsi sur le territoire du lac et qui avait fait naître une panoplie de rumeurs sur son compte. Hum… Malheureusement, même aujourd’hui, je ne peux vous confirmer cette hypothèse, puisque du jour au lendemain, le fameux « monstre errant » n’avait plus été revu sur les terres. Tout comme ses rumeurs, il s'était simplement éteint après un temps.


730 mots



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Aliénor Vaughan
Ven 12 Avr 2019, 11:58



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« Le même garçon… » murmura Mélodie. En un sens, peut-être. Seulement, son mauvais caractère de jadis – qui ressortait parfois lorsqu’il était déçu, désappointé ou en colère – avait pris une intensité et une profondeur jamais encore égalées avant sa transformation. La Magicienne hésitait sur la marche à suivre. Elle s’en voulait, en un sens, d’avoir révélé le secret de son oncle. Aliénor, elle, se demandait si elle ne devrait pas rentrer. Sans doute était-ce mal de se mêler de ce qui ne la regardait pas. Et si elle découvrait un secret qu’elle n’était pas en mesure de garder ? Et si, en discutant avec ses sœurs, elle leur révélait toute l’histoire ? Et si cette révélation provoquait des conséquences néfastes ? Elle restait convaincue que son peuple était bon et qu’il n’arriverait rien à Henry Halloy mais… avait-elle raison ? Et puis, il n’y avait pas que des Mages Blancs sur les Terres du Lac Bleu. Si le Vicomte était poussé à bout, peut-être serait-il capable de blesser quelqu’un, pas forcément par volonté mais plus par souci de se défendre ? Elle ne savait que faire, que dire. La situation dépassait tout ce qu’elle avait vécu jusqu’ici, même les délires stupides d’Isabeault. Aussi, la Comtesse s’en remit légèrement à Nikolski, préférant le laisser décider pour deux de la marche à suivre.

Mélodie resta silencieuse un instant après la demande. Elle était toujours rongée par l’incertitude. Pouvait-elle réellement imposer à Henry la présence de ces individus ? Le voudrait-il ? Il avait beau ne pas être bien plus âgé qu’elle, il restait son oncle. Il avait beau avoir revêtu une apparence monstrueuse, il restait un homme avec une conscience et une volonté. Elle devait le respecter, lui demander son avis, quand bien même elle vivait mal le fait d’être la seule dans la confidence. La brune en avait déjà dit beaucoup, sans doute trop. Elle s’imagina un instant expliquer ceci au Vicomte et se sentit légèrement mal. Elle devrait lui parler de sa bêtise. « Je hum… ». Elle s’était mise de son propre fait dans une situation délicate. « Écoutez… Je suis désolée mais je pense qu’il ne vaut mieux pas organiser une rencontre à l’improviste. Il pourrait mal le prendre. Je ne dis pas qu’il essaierait de vous… ». Elle ne finit par sa phrase, enchaînant. « … mais il n’est plus véritablement le même qu’avant. Je ne doute pas qu’il soit seul et triste mais c’est un monstre et ce qu’il pouvait briser jadis sous le coup de la colère se limitait à un verre ou à un vase. Aujourd’hui… Il pourrait vous défigurer d’un coup de patte, même sans le faire exprès, juste à cause d’une pulsion dévastatrice qu’il ne contrôlerait pas. ». « Oh. » fit Aliénor. C’était comme si cette jeune fille avait révélé ses pensées. La Magicienne n’était pas très courageuse et, si, parfois, elle avait un tempérament joueur et espiègle, la situation avait refroidi son ardeur. Elle était curieuse, certes, mais pas au point de finir défigurée. Tout ceci l’effrayait, à vrai dire. Elle avait peur d’avoir peur – ce qui était assez étrange, avait peur d’avoir une réaction non appropriée, avait peur de ce qu’elle allait découvrir et se sentait mal. Sans doute Aliénor avait-elle légèrement pali, priant presque pour que Nikolski n’insiste pas. « Je hum… ». Mélodie était un tantinet désespérée de devoir les faire partir, car la conclusion qui s’imposait était qu’elle devrait faire de nouveau face à la situation, seule. Pourtant, elle avait pris sa décision. Si Henry se montrait coopératif, s’il comprenait et acceptait que des étudiants des Palais de Coelya viennent lui rendre visite, alors la situation changerait. Néanmoins, il paraissait peu sage d’essayer de forcer les choses en lui imposant la présence d’Aliénor et de Nikolski. « Ce que je vais faire c’est que je vais lui en parler, d’abord. Il ne sera pas forcément d’accord aujourd’hui et je ne veux pas vous faire attendre dans l’allée. Je vous enverrai une lettre aux Palais quand il acceptera. ». Elle marqua une pause. « Sachez que j’espère qu’il le voudra. Ça ne pourra que lui faire du bien de voir d’autres gens et de se sentir de nouveau accepté… si vous l’acceptez tel qu’il est aujourd’hui. Ce ne sera pas facile… ». Mélodie remercia Aliénor pour le panier et lui assura qu’elle allait s’occuper de la livraison au plus tôt. Elle prononça de nouveau quelques mots sur la situation d’Henry, ses inquiétudes, ses doutes, son mal-être, répétant ce qu’elle avait dit auparavant comme si elle voulait être certaine qu’ils aient bien compris et qu’il n’y ait pas d’ambiguïté possible. Enfin, elle leur dit au revoir.

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