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 Charité à crédit | Aria S

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Shanxi
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Shanxi
Sam 19 Jan 2019, 12:54


Recroquevillée comme si elle était sujette à de violentes douleurs abdominales, la jeune femme avait pour seul appui le mur dans son dos. Elle n’était pas vraiment souffrante. Si Shanxi refusait de lever la tête, c’était parce qu’elle ne voulait plus poser les yeux sur telle horreur. Elle ne voulait plus rien entendre, plus rien sentir. Hélas, personne ne pouvait réprimer ses sens à volonté à moins de s’amputer le membre qui l’exploitait. Il régnerait un silence de mort en ces lieux si ce n’était pour le râle plaintif qui le meublait chaque jour. Même les nuits s’était vues arracher au silence, car si la journée était consacrée aux divertissements démoniaques et au travail acharné des Anges, il ne leur restait que la nuit pour souffrir de leurs maux, et ce, uniquement quand les vils ne décidaient pas de venir en chercher quelques uns pour prolonger les festivités. La jeune ange était fatiguée. Elle aurait aimé que ses tortionnaires se lassent de sa personne, la laissent tranquille après ce qu’ils lui avaient fait. Au contraire, ceux-là lui donnaient toujours plus d’attention. La jeune femme les avait amusé, dépassant de loin leurs attentes, et à présent ils n’avaient de cesse d’en vouloir toujours plus. La poussant bien plus loin encore dans ces ténèbres dont elle peinait à ressortir.


Les yeux fermés, Shanxi aurait aimé être accueillie chaleureusement par Morphée, au point d’étouffer toute étincelle de vie habitant son corps dans ses bras, et de ne plus jamais se réveiller. Malheureusement, comme toutes les nuits, elle se trouvait privée d’une grande partie de son sommeil. Cependant, cette fois-ci ce ne fut pas au profit de ses geôliers car ce n’était pas elle qu’ils étaient venus chercher. Pour la première fois, l’ange n’aurait pas à conter aux vils les atrocités qu’elle avait commises la journée durant. Des voix vinrent pourtant la sortir de sa réflexion. La jeune femme ne comprenait pas vraiment ce qui se disait mais prêta tout de même une oreille attentive. « Y a toujours quelque chose d’intéressant dans le lot. Ça dépend de ce que tu cherches du coup. Tiens d’ailleurs on a une véritable perle dans celui-ci. Je ne me suis jamais autant amusé je crois. Je ne m’en lasse pas. Tu aurais vu la prestation qu’elle nous a offert. Inoubliable. Dommage qu’elle soit pas à vendre. » Shanxi ne cherchait pas à voir le visage de ces démons. Les entendre rire était déjà un poison pour son âme. Bien que finalement, les voir s’amuser de ce qu’elle avait pu faire n’était pas le plus douloureux. Personne n’attendait plus que ça de ces vils individus. La jeune femme, en revanche, ne pourrait plus jamais se revendiquer comme étant une personne aussi courageuse que compatissante. Au contraire, sa couardise n’avait d’égal que son égoïsme. Elle avait cessé de prêter son acte à de l’auto-préservation depuis longtemps, si ce n’est depuis toujours.


Finalement, l’ange cessa d’écouter, enfermant à nouveau sa conscience. Les yeux à nouveau clos, elle ne désirait qu’une chose : se faire emporter le plus loin et le plus rapidement possible. Des gémissements, bien que faibles, parvenaient tout de même à ses oreilles. L’un de ses comparse était en souffrance. Shanxi avait beau tout faire pour s’emmurer, les voix de ses compagnons l’atteignaient toujours. Pourtant, elle n’était jamais parvenue à trouver la force de leur tendre la main, ou ne serait-ce que leur faire face. La jeune femme avait peur tout simplement. Autant de ses tortionnaires, qui lui vouaient une haine aussi viscérale que naturelle, que de ses compagnons de cellule, qui auraient tous les droits de lui jeter la pierre pour ses actes. Pourtant, ça n’avait jamais été le cas jusqu’à maintenant. Certains avaient même essayé de l’approcher et de comprendre les maux auxquels elle était en proie. Shanxi les trouvait bien plus courageux qu’elle. L’ange en venait même à penser qu’il était tout naturel qu’elle ait déjà connu la mort, et qu’elle n’avait sûrement pas fait preuve de courage à ce moment là non plus. Ses mains se refermaient toujours plus sur ses avant-bras. La jeune femme aurait voulu trouver le courage de faire face au mal qui sévissait en ces lieux. Tout comme elle aimerait venir en aide à ceux qui souffraient sous ses yeux. Shanxi mettait tout sur le dos de sa couardise sans vraiment essayer d’y remédier. Le problème était sous ses yeux mais elle refusait de le voir, tout simplement.


738 mots.


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Dim 20 Jan 2019, 16:06


Diriger une maison close. Charmant travail, n’est-ce pas ? Les enfants de l’Œil s’occupent comme ils le peuvent. Pourtant, peut-être vous demandez-vous pourquoi cette démone à l’air si enfantin est au centre de ce récit-là. Eh bien, Ethel se trouve être la fille d’une femme ancienne. Il est difficile de croire que le corps de Margaux ait un jour pu porter la vie, et pourtant ce fut bien le cas. Des cheveux roux, un air androgyne… à une autre époque, on aurait pu la confondre avec l’une de nos protagonistes.


« Pas à vendre ? Dommage... » L’adolescente feignait de mordiller son ongle. « La demande d’anges explose, vous savez. Vous ne voudriez pas être responsable de l’insatisfaction de mes clients, mes bons messieurs ? Et puis, tout se négocie... » La maquerelle gratifia ses interlocuteurs d’un sourire qui n’avait rien de narquois. Elle ne comptait pas les convaincre en montrant sa dentition, c’était simplement une habitude. De toute manière, Ethel n’était là que pour regarder, et savait qu’ils la laisseraient passer. « Enfin, ce n’est pas grave. Je peux jeter un coup d’œil à tous vos nouveaux arrivants ? »


« Bonjour bonsoir ! Je ne fais que passer. » Afficher un air inquiet. Sourire de manière anxieuse. Souffler sur ses mains pour les réchauffer. Des gestes mécaniques, à effectuer pour avoir l’air inoffensive. Sa mère les lui avait appris tôt. Quel dommage qu’on ait dû la tuer, tout de même.
« Oh, coucou toi ! » Sous une immense chevelure se cachait un bel éphèbe, au regard ahuri. La stupidité est un moyen de défense comme un autre, après tout. « Tu es nouveau… ils t’ont fait souffrir, hein ? » Ethel caressait l’homme de sa voix tout en touchant sa joue, remontant ses doigts jusqu’à ses pommettes. Il semblait intact. La démone chercha à ramener les longs cheveux de l’ange derrière ses oreilles, en vain. « On t’en a coupé une ? Mince… » La rousse enfourna son index dans la plaie pour vérifier. Elle n’eut pas le temps de voir le sang couler sur son doigt que le prisonnier se mit à gémir comme un veau à peine détaché de sa mère. L’entreprise ne faisait pas recueil pour handicapés. Un organe externe en moins, c’était une faute éliminatoire. « C’est fâcheux. » La rousse détourna son attention du jeunot. Il resterait ici, à agoniser dans sa fange. Ce n’était pas le seul vertueux à portée de main, de toute manière.

Le maton lui avait parlé de cette ange-là. 'Dommage qu’elle ne soit pas à vendre', qu’il disait. C’était mal connaître son interlocutrice. « Bonjour. J’ai beaucoup entendu sur toi. » La démone se rapprocha de l’inconnue, qui gardait les paupières closes. « Tu peux ouvrir les yeux, je suis là. » Ethel savait que les emplumés ressentaient pour les siens un dégoût naturel, mais entre une très jeune inconnue ayant des manières et les brutes sadiques qui servaient de maîtres aux anges, le choix serait vite fait. « Tu as de jolis cheveux. » Après avoir écarté quelques mèches dont la couleur lui rappelait celle du bois de son établissement, la maquerelle fixa les iris de l’ange. « Gris, comme le métal de tes chaînes. C’est poétique, n’est-ce pas ? » La comparaison était peut-être un peu osée, mais n’en demeurait pas moins vraie. « Est-ce qu’ils t’ont violée ? » Ethel laissa ses traits se détendre, formant une expression d’inquiétude. Pourtant, sa seule angoisse était de déverser le contenu de son estomac sur cette femme. Une odeur affreuse régnait sur les lieux.



« Je m’attendais à ce que ta première question soit plus pertinente. » C’était une pirouette bien lâche, qui aurait dû lui permettre de ne pas avoir à répondre. Pourtant, la Nyam’Wa n’abandonnait pas. « Oui, j’ai eu des enfants. »« Je me disais bien. » Lorsqu’Aria analysait le regard que son Hozro posait sur elle, la chamane se sentait de retour en enfance, il y a des ères de cela, en tant que sorcière. « Tu es maternelle. » Beaucoup, en entendant une telle phrase, auraient déclaré que c’était la plus grande bêtise n’ayant jamais été prononcée depuis le jour où l’on dit à un souverain démoniaque qu’il possédait un bon fond. Pourtant, un tel jugement était incorrect.

« Elle est encore en vie. Je l’ai observée, récemment. Peut-être que je te raconterais. » Aria devinait que Margaux ne mentionnerait pas son passé comme on parle du temps devant un peu de thé et des biscuits. À vrai dire, même s’il y en avait, l’une d'entre elles ne pourrait pas les manger. Cela faisait partie des désavantages de la vie d'esprit.


760 mots. J'ai pas eu envie de lui trouver une couleur, on va dire que c'est un privilège qu'ont seulement les compagnons et les PJ =D.
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Lun 21 Jan 2019, 13:58


La jeune femme n’avait pas eu le temps de trouver le sommeil. Quelqu’un était entré dans leur cellule et s’était mis à inspecter un ange. Shanxi ne tendait pas l’oreille, pensant à tort que si elle ne laissait pas sa curiosité l’emporter, on la laisserait tranquille. Hélas ce petit manège ne dura pas longtemps. Un simple commentaire, bien que pas vraiment hasardeux, sur la condition de l’homme sortit l’ange de sa torpeur. Sa honte n’avait pas eu le temps d’alourdir sa culpabilité que rapidement, elle sentit une main effleurer sa joue, tandis qu’elle écartait les quelques mèches de cheveux qui dissimulaient habilement une infime partie de son visage. Plus par réflexe qu’autre chose, la jeune femme ouvrit les yeux, et le visage qu’elle découvrit, à sa grande surprise, ne fit pas grandir la peur en elle comme elle en avait l’habitude. Shanxi n’avait pas pour autant retrouvé sa sérénité mais elle ne s’attendait pas à rencontrer un individu aussi jeune en ces lieux. Elle avait pourtant déjà croisé le chemin d’enfants aux ailes immaculées, mais jamais dans sa cellule. Toutefois la jeune femme n’était pas sans savoir que seuls les vils pouvaient arpenter librement cette bâtisse. Le comportement de la fillette ramena l’inquiétude chez l’ange aussi vite qu’elle avait balayé son appréhension. En effet, la jeune femme pouvait s’attendre à toute sorte d’événements en ces lieux mais elle ne saisissait pas l’intérêt d’une telle question. Ses habitudes pourtant nouvelles reprirent toutefois le dessus, et l’enfant eu une réponse négative d’un geste de la tête de son interlocutrice.


Shanxi n’osait pas trop observer le faciès de la fille plus longtemps. Cela ne l’empêchait pas de s’interroger sur l’émotivité dont la démone semblait faire preuve. La jeune femme n’eut pas le temps d’y donner de la réflexion, que la petite se redressa avant de se diriger vers la sortie de la cellule. « Déjà de retour ? Tu t’es amusée, j’espère. » le démon se gaussait ses bras croisés sur son torse. La fille réagit à peine à la boutade de l’homme puis lui demanda à utiliser une pièce à part afin qu’elle y amène l’ange. Le vil arqua un sourcil. « Ah tu veux l’emmener en balade ? Très bien. » Il attrapa de grandes chaîne posées sur une table à côté avant de les tendre à l’enfant, un sourire narquois au visage. « Sors la, je me ferais un plaisir de vous montrer le chemin ensuite. » Le démon toisait sa comparse dans l’expectative. Shanxi n’avait pas eu le temps de souffler, et encore moins de comprendre ce qu’il venait de se passer, qu’elle vit à nouveau la petite démone entrer dans leur cellule, de grandes chaînes bien plus imposantes que sa carrure à la main. Le corps entier de l’ange se crispa en un instant lorsqu’elle comprit que ces morceaux de ferraille lui étaient destinés. Elle ne risquait pas de se débattre alors qu’on lui enfilait ses liens, sa peur muselait toute idée rebelle.


Rapidement, Shanxi fut sur pieds et marchait à la suite de l’enfant d’un pas hésitant, tant elle n’avait plus l’habitude de se tenir debout, réduisant lentement l’espace qui la séparait de la sortie de sa cellule. « Alors ? Tu aimes tes nouveaux accessoires ? » L’homme affichait toujours ce même sourire tandis que son regard ne dissimulait en rien son animosité. La jeune femme n’osait pas lever les yeux, laissant ses prunelles se perdre sur ses chaînes. Le vil haussa les épaules, avant de s’attarder un court instant sur la fillette, conservant ce même air insolent qu’il arborait depuis la présence de celle-ci. « Bon, je vous emmène. » Il leva le pas avec assurance. « Et sinon, vous allez faire quoi comme bêtise ? » Le démon continuait d’avancer mais se retournait de temps à autre pour observer les deux filles. Il semblait penser que la réponse lui était due et ne s’en cachait pas. Les cliquetis des clés qu’il agitait au fond de sa paume manquaient de faire sursauter l’ange qui les suivait d’un pas craintif mais régulier. Le trio insolite croisait parfois la route d’autres vertueux, qui étaient sans nul doute logés à la même enseigne que la jeune femme, traînant eux aussi de lourdes chaînes. Certains trouvaient le courage, ou l’audace, de croiser le regard de celle-ci. La compassion qu’elle pouvait observer au fond de leur mirettes étaient tout aussi douloureuse que les conséquences des actes qu’elle avait pu commettre, et auxquels elle devait faire face chaque jour. Car elle savait qu’elle ne pourrait leur retourner.

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Lun 21 Jan 2019, 19:39


Elle, faire des ‘bêtises’ ? Quel imbécile, celui-là. Pourtant, la maquerelle n’allait pas le lui faire remarquer. La démographie des enfants de l’Œil se régule très bien toute seule.  Les démons de son genre, ceux qui ne voient pas au-delà du bout de leur nez, meurent dans les Jeux rapidement.

Ethel étouffa un haut-le-cœur, se demandant si c’était à cause des anges, du vomis, des excréments ou du cloporte humanoïde qui leur servait de guide. Tant d’esclaves, et pourtant si peu de propreté. Ce n’est pas dans sa maison close que ce genre de choses arriveraient. « J’aimerais rester seule avec la fille. » La démone lança un regard à celle qui pourrait peut-être un jour obtenir le rang de future protégée. Si elle passait l’examen, cette emplumée pourrait avoir la chance – ou le malheur – de travailler au Petit Cabinet. On pouvait dire ce que l’on voulait des méthodes de la proxénète, elle traitait relativement bien ses employés. Bien évidemment, ses clients avaient carte libre, ce qui laissait parfois quelques désagréments. Toutefois, tout dommage physique effectué à l’encontre de la marchandise se payait sous forme de suppléments. Deux cent pièces d’or pour chaque jambe en moins, dix pièces d’argent pour chaque plaie sanglante. Heureusement, les vampires avaient droit à une réduction, puisqu’ils ne passaient que pour boire. A vrai dire, la maquerelle aimait bien les buveurs de sang. Ils se différenciaient des animaux en rut qui composaient la majorité de sa clientèle.

« C’est bon, on est enfin seules. Enfin, à peu près. » Ethel poussait la porte, non sans savoir que le maton guettait derrière, prêt à agir. Ils tenaient vraiment à leurs anges, décidément. Ce n’est pas comme si de nouveaux arrivaient chaque jour dans les eaux du Fleuve, n’est-ce pas ? La rousse considéra un instant son interlocutrice. Vu le peu de muscles qui reposaient sur ses bras, il n’était pas étonnant que les Vils ne l’aient pas utilisée en tant que travailleuse. L’ange allait avoir besoin d’énergie, et d’un régime alimentaire stable, si elle voulait mettre la main à la pâte.

« Dis-moi, ils te traitent bien ? » Ethel déposa son index sur l’avant-bras de l’emplumée, naviguant entre les ecchymoses, les contusions et les veines apparentes. « Tu n’as que la peau sur les os, ma pauvre. » Les réponses de cet interrogatoire étaient évidentes, mais permettraient à la démone de rebondir sur un autre sujet. La rhétorique constituait son domaine ; la force faisant office d’outil de seconde main, relégué aux situations critiques.

Ethel envisagea un instant la formule dans laquelle l’ange rentrerait. Masochisme ? Sadisme ? Plaisirs saphiques, peut-être ? Même avec l’expérience des années passées à ce poste, il lui était difficile de savoir à quelle sauce ses clients préféraient manger les employés. Il faut dire que la démone n’avait jamais pratiqué. Cependant, elle était loin d’être la séductrice à la beauté implacable qui, au grand dam de ses prétendants, ne fautait pas. Ethel n’avait tout simplement jamais eu envie, pour être morte avant que les hormones de l’adolescence aient fait leur office. Et, pour être tout à fait honnête, peu auraient eu l’insolence de la trouver attirante. Ça lui convenait, tant que l’or coulait à flot. L’avidité demeurait son vrai pêché. La pauvreté est l’un des nombreux cadeaux que sa mère lui offrit, en devenant folle.

« Je peux arranger ta situation. Je peux te faire vivre dans un endroit plus sain. » Son moment préféré : faire miroiter monts et merveilles à des anges ingénus. Certains ne comprenaient même pas le langage commun, ce qui agaçait particulièrement Ethel qui se retrouvait à discourir dans le vent. Néanmoins, dans ce cas précis, la démone ne mentait qu’à moitié. Entre une vie de travailleur dans la Terre Blanche, une existence de souffre-douleur qui finira sacrifié aux aetheri en Enfer et une profession difficile mais stable à Giniyi, le choix ne se pose pas. Quant aux quelques uns qui ne voulaient pas mettre de côté leur dignité, ils comprendraient bien vite qu’avec les Maîtres des pêchés, on ne négocie pas.

« Mais pour ça, tu vas devoir suivre mes consignes. » Ethel ne tolérait pas l’insubordination, mais savait qu’elle n’aurait pas à punir cette esclave. Dans ce territoire, la maquerelle aimait représenter pour les anges l’une des choses les plus similaires à ce qu’on pourrait appeler un allié. Encore faut-il considérer qu’un allié souhaitant vendre leur corps reste un soutien.

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Shanxi
Mar 22 Jan 2019, 15:11


Les multiples questions de la fillette étaient une chose, mais ses mains parcourant le corps de l’ange à la recherche du moindre défaut était sûrement ce qui la mettait le plus mal à l’aise. La jeune femme tremblait à chaque mouvement de son interlocutrice. Elle avait peur. La démone n’avait pourtant pas l’air d’être du genre à faire de la violence un passe-temps comme ses comparses pouvaient le faire, mais elle ne pourrait effacer les torts qui lui avaient été faits. Shanxi leva légèrement les yeux, prête à en entendre plus sur la proposition de l’enfant. Peu importe où elle se trouvait, la jeune femme était entourée de démons. Elle n’était pas même sûre d’avoir le luxe du choix concernant ce marché, mais quoi qu’il arrive, l’ange écouterait. Après tout, elle imaginait difficilement pire situation. Shanxi n’était pas sans savoir que certains anges se faisaient abuser par les vils, et si elle devait sombrer plus encore, ce serait sûrement dans ce sens-là. Lorsque cette pensée venait hanter son esprit déjà brisé, la jeune femme se rendait compte qu’elle n’avait personne à qui penser pour garder la tête hors de l’eau, et s’évader ne serait-ce que quelques instants de ce contexte morbide.


Pourtant, les souvenirs qui l’habitaient, bien que peu nombreux, n’étaient en rien dénués de vie ou de visages. C’était d’ailleurs pour cette raison précise qu’elle souffrait. A chaque fois qu’elle se remémorait sa vie passée, cette sensation d’avoir la réponse sous le nez mais de ne pouvoir mettre de mot ou de nom dessus était pareille à une dague enfoncée dans sa poitrine. L’ange ne se rappelait même pas de sa mort, alors que ça devrait être, ironiquement, l’un de ses souvenirs les plus précieux. Elle se rappelait néanmoins de certaines sensation, ce qui en soi était plutôt encourageant. Puis, certaines personnes revenaient plus souvent que d’autres, de ce fait, Shanxi s’évertuait alors à deviner quelle place elles avaient pu occuper dans sa vie. C’était presque devenu un jeu, et lorsqu’elle ne divertissait pas ses tortionnaires, la réflexion occupait la majeure partie de son temps. La jeune femme avait beau ne pas avoir d’autre choix que de s’accorder du temps pour son introspection, elle peinait toujours à réaliser ce qui avait pu lui arriver ou même ce qu’elle vivait actuellement. Dans les moments les plus sombres, l’ange essayait de se convaincre qu’il s’agissait d’un cauchemar, purement et simplement. Seulement, fermer les yeux ne suffisait hélas pas à chasser les vils.


Ils occupaient à présent une place plus que conséquente dans son quotidien, et elle pouvait les observer sous toutes les formes. La jeune femme laissait ses mirettes parcourir l’enfant qui se tenait face à elle par de rapides coups d’œils, tant elle craignait des représailles. Comment en était-elle arrivé là elle aussi ? A un si jeune âge qui plus est. Shanxi ne poussa pas sa réflexion plus loin, là encore par crainte. Elle avait prit le pli. Ses bourreaux n’avaient plus de besoin d’être dans l’action pour provoquer un sentiment de peur chez l’ange. Elle le faisait à leur place désormais. De temps à autres, l’on entendait frapper à la porte, ou parfois contre les murs, à plusieurs reprises, ce qui ne manquait pas de faire sursauter la jeune femme. Leur accompagnateur s’impatientait semblait-il, et il devait sûrement trouver plus divertissant d’effrayer l’ange de cette manière. Il n’avait pas l’air non plus de bien s’entendre avec sa compagne, et peut-être que le fait qu’elle monopolise ainsi leur attraction vivante lui déplaisait-il. Shanxi clignait des yeux nerveusement à chaque coup, comme si celui-ci allait s’abattre sur sa personne. Ce sentiment la maintenait sur le qui-vive, tout autant qu’il la fatiguait. Elle aurait souhaité de nombreuses fois qu’on la tue, mais elle était trop lâche pour provoquer ses tortionnaires ou même pour les supplier de mettre fin à ses souffrances. La jeune femme en venait même à être lasse de cette couardise qui lui était propre, se jetant la pierre autant à elle qu’aux responsables de ses maux. Elle savait que le courage avait coûté cher à certains. Cette vertu était d’ailleurs tout aussi responsable du sort qu’avaient subi ses plus fervents défenseurs, que l’inaction condamnait les Anges au malheur. A quoi bon lutter alors ? Peut-être que son sort était déjà scellé, quoi qu’elle fasse. Shanxi en venait toujours à cette conclusion, acceptant les faits plutôt que d’essayer d’y remédier.


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Mar 22 Jan 2019, 18:31


Ethel sortit un petit sachet de sa poche, dans l’attente d’une réponse de l’ange. « Allô ? Tu peux me répondre ? Tu comprends assez le langage commun, j’espère ? » Le silence était une grande qualité, pour quiconque travaille dans le milieu. Néanmoins, il fallait quand même parler si l’on voulait se faire engager. En même temps, se sentir à l’aise n’était pas une tâche simple, avec le guignol qui s’amusait à tambouriner contre les murs à quelques pas de là.

Raccourcir ses cordes vocales, déformer son palais, élargir sa cavité buccale. La recette pour une voix anormalement grave, au-delà des limites de la physiologie humaine. Le gardien avait la fâcheuse tendance de se fier aux apparences, autant en profiter. Sous-estimer une personne parce qu’elle nous paraît trop juvénile et faible est le meilleur moyen de terminer avec une dague entre les côtes — bien qu’Ethel ciblerait des zones autrement plus sensibles —. Aussi insolent soit-il, la maquerelle ne comptait pas tuer ce démon, mais l’effrayer ou le surprendre serait un bon début.

« Si tu continues, je cognerais moi aussi et ce sera pas contre le mur ! » Une phrase assez stéréotypée, mais qui pouvait tout de même faire son effet avec une telle intonation. Peut-être allait-il se sentir blessé dans son ego et vouloir défier la proxénète. Si tel était le cas, le maton se résignerait bien vite à abandonner. L’Autre d’Ethel impressionnait facilement et, si cela ne suffisait pas, un subtil contrôle des émotions infuserait la peur manquante à l’esprit de ce singe.

Que cela soit par crainte ou par surprise, voilà que la tranquillité reprenait sa juste place dans l’endroit. La rousse ne pouvait qu’espérer que le diablotin se montre raisonnable suffisamment longtemps. « Donc… nous en étions où ? » Ethel se rapprocha de l’ange, cherchant à dissiper le malaise qu’avait engendré son intervention.

« Ils te feront du mal. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne... » L’emplumée voyait très bien ce que l’adolescente voulait dire par là. Le sujet avait été abordé plus tôt : la luxure. Pour gérer une enseigne spécialisée dans ce péché, Ethel savait à quel point certaines personnes pouvaient manquer de civilité. Consentement ne rime généralement pas avec démon. « Je vais te demander quelque chose. »  

La démone sortit l’une de ses sacoches, fouillant entre les verreries et les armes mal rangées. De temps à autre, l’on pouvait tomber sur des choses assez surprenantes ; trop organiques selon les mœurs classiques. Il y a peu de temps, la maquerelle avait commencé une collection de doigts fraîchement sectionnés à tous les employés ayant été pris en train de fureter dans ses affaires dans l’espoir de découvrir une clé. Qu’ils étaient naïfs. Quand on rentre dans le Petit Cabinet, on n’en ressort pas.

« Tout d’abord, prends cette pipe. » Ethel vida le contenu de son sachet dans le foyer, tassant un mélange de tabac, de Datura et de secrets bien gardés par les enfants de l’Œil. La démone avait une certaine expérience lorsqu’il s’agissait d’effectuer correctement ces préparations-là. « Mets ça dans ton bec. Je m’occupe d’allumer. » La soi-disant vertueuse semblait trop fragile pour discuter le moindre ordre. Toutefois, si elle le faisait, Ethel la respecterait probablement plus. Après tout, les frêles créatures, malgré une certaine utilité, sont barbantes à souhait.

Vous vous demandez sûrement pourquoi une maquerelle se soucierait de droguer une prisonnière. C’est une question légitime. Voyez-vous, les plans de manipulation tordus sont une tradition de mère en fille. Une esclave, possédée par un groupe de démons s’amusant de sa faiblesse. Si Ethel voulait l’acheter, elle devrait débourser une somme effarante, car ses congénères ne seraient pas prêts à céder leur chose si facilement. Maintenant, changez un facteur : la faible ange devient une plaie, parfois surexcitée et stupide ; léthargique et amorphe l’autre moitié du temps. Au début, les maîtres n’en seraient que plus divertis, mais à mesure que son état se prolongerait, l’exaspération prendrait la place de la gaieté. Telles sont les effets d’un mélange à base de Datura, l’herbe aux fous. Il se peut aussi que j’aie oublié de préciser un autre inconvénient de cette magnifique solanacée : l’on raconte que la prise de cette plante assécherait la bouche, brûlant la gorge après plusieurs heures. Heureusement, Ethel sera là pour combler ce besoin, désaltérant régulièrement sa nouvelle amie à l'aide de tisanes préalablement infusées avec la racine de l’herbe aux fous. Plus de Datura signifie plus de soif, ce qui entraîne plus de Datura. Un magnifique cercle vicieux augmentant avec élégance les névroses de la prisonnière.

Alors, quand les gardiens se verront proposer — ou imposer — l’offre de mieux s’occuper de l’ange en échange de quelques pièces d’or chaque jour, ils n’y verront aucun mal. Quand ces sots feront le lien entre la maquerelle et les comportements étranges de leur protégée, Ethel les persuadera du contraire ou les intimidera. Et, enfin, quand ils seront excédés par celle dont ils se moquaient, ils la légueront à défaut de pouvoir la tuer, pensant faire un cadeau empoisonné à la proxénète. Bien sûr, il ne s’agit là que de l’une des nombreuses méthodes qu’une démone rusée peut employer afin d’obtenir un ange à bas prix. Ethel gardait encore quelques tours dans son sac, au sens propre comme au sens figuré.

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Shanxi
Mer 23 Jan 2019, 12:44


Shanxi tenait le petit objet entre ses doigts fins. Elle ne comprenait pas le but de la démarche de l’enfant. Compte tenu du caractère dont elle avait su faire preuve plus tôt face à son comparse démoniaque, qui depuis avait cessé de frapper contre la porte et les murs, la jeune femme ignorait si interroger la démone sur le contenu de la pipe était judicieux. Toutefois, connaître les tenants et aboutissants de la menace qui la guettait était bien plus important. « Pourquoi dois-je fumer cela ? Qu’y-a-t-il dedans ? » L’ange clignait frénétiquement des yeux, prête à recevoir un coup. Cette fillette ne se comportait pas vraiment comme ses frères et sœurs. Cela dit, elle avait raison sur un point et Shanxi le savait. Ses tortionnaires finiraient par lui faire beaucoup plus de mal que ce qu’ils lui avaient fait subir jusque là. La jeune femme ne connaissait qu’une partie de sa part du marché, qui consistait simplement à suivre les directives de l’enfant. Elle ignorait ce que celle-ci allait lui offrir en échange. La démone avait été vague à ce sujet. Une vie dans de meilleures conditions que celle-ci pouvait se présenter sous de nombreuses formes, car il serait ardu d’empirer la situation actuelle selon l’ange. Elle se trompait sûrement.

La jeune femme pensait avoir touché le fond, mais elle pouvait toujours connaître plus grand désespoir. Les vils pouvaient se montrer très inventifs parfois. En tout cas ils n’avaient jamais déçu ses espérances jusque là. Soudainement, Shanxi entendit à nouveau frapper à la porte de la pièce où elles se trouvaient, coupant court à sa réflexion. Le démon qui les avait escortée s’était certes amusé, abusant de ce geste plus tôt, mais cette fois-ci c’était différent. « Vous avez bientôt fini ? Parce que j’ai pas que ça à faire moi. Puis les prisonniers n’ont pas le droit de rester trop longtemps hors de leur cellule. Sauf pour le travail bien sûr. » L’homme n’était pas entré, mais l’ombre en dessous de la porte laissait penser qu’il était tout près. Même sans pouvoir voir son visage, son impatience était palpable, et sans trop d’efforts la jeune femme pouvait imaginer le sourire méprisant dont il devait sûrement s’embarrasser. Ce genre de démon était probablement le pire aux yeux de l’ange. Mauvais même avec les siens, sa loyauté devait sans nul doute s’arrêter à ses intérêts. Au moins, l’on pouvait dire de certains qu’ils avaient d’étrange préceptes. Lui n’avait aucun mérite.

Qui des deux Shanxi craignait le plus ? Leur présence provoquait le malaise chez la jeune femme peu importe la situation et leur comportement. Pourtant, ils n’étaient en rien comparables. L’une essayait du mieux qu’elle pouvait d’être perçue comme une alliée, un échappatoire à tout ce chaos. Cela n’étant pas forcément pour le mieux. L’autre ne semblait pas accorder autant d’importance à ce genre de frivolités, préférant profiter des joies de son autorité. C’était presque à se demander qui était réellement l’enfant. Celui qui essayait de trouver une nouvelle fonction à ses jouets ? Ou peut-être celui qui rejouait sans cesse les mêmes scènes lorsqu’il s’amusait avec eux, alors même qu’il aimerait varier les plaisirs ? Au final, celui qui importait le plus était celui qui avait le pouvoir de décision sur la vie de la jeune femme. Et dans ce cas précis, l’enfant semblait dominer l’adulte. La finesse de la démone dans le domaine était impressionnante. La méthode qu’elle utilisait avait tout l’air de porter ses fruits, qui plus est. Si le vil fournissait plus d’efforts, peut-être pourrait-il lui aussi attirer les plus désespérés, les tenter avec une vie plus facile, plutôt que d’essayer d’asseoir son autorité sur des anges qui ont déjà choisi une autre voie. S’il n’était pas aussi paresseux ce rêve serait à portée de main et il n’aurait plus besoin de mépriser l’enfant par jalousie. Ce serait elle qui le jalouserait. Pourtant, le démon semblait rester axé sur un respect, qui ne lui était pourtant pas dû, mais qu’il attendait tout naturellement de la part de la fillette Finalement, l’homme avait beau être libre de tout mouvement en ces lieux, il n’en demeurait pas moins aveugle. Voir plus que certains de ses prisonniers. Si Shanxi décidait elle aussi d’ouvrir les yeux, elle verrait que remédier à sa situation serait envisageable à condition d’accepter la difficulté. Cela dit, elle y laisserait sûrement quelques plumes.


729 mots.


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Mer 23 Jan 2019, 17:15


La démone enfourna le brûle-gueule dans la bouche de l’emplumée. « Sois patiente. Contente-toi d’inspirer. » Aux yeux de la maquerelle, cette ange était un enfant pénible, à qui l’on devait donner le biberon pour le calmer. À un détail près : dans le cas présent, le lait était un psychotrope.
De toute façon, si la prisonnière ne se décidait pas à fumer rapidement, Ethel forcerait la chose.

La porte trembla une première fois sous le coup du maton. Crier ne suffirait pas à le surprendre une seconde fois. Le temps était compté. La démone s’approcha dangereusement de son interlocutrice, un sourire triste aux lèvres. Laissant ses doigts glisser lentement sur le visage sale de l’esclave, Ethel attendit le moment parfait avant de pincer les voies nasales de sa victime. « Je t’ai volé ton nez. » Quitte à être prise pour une enfant, autant agir comme telle.

L’ange ne semblait pas avoir l’étoffe d’une championne d’apnée. Elle ne pourrait plus inspirer que par la bouche, condamnée à inhaler la fumée. Bien entendu, l’emplumée s’étoufferait certainement après la première bouffée. Les débutants avaient tous les mêmes réflexes.  

Relâchant son emprise, la démone recula d’un pas. « Désolée, mais le temps presse. Je ne peux pas te laisser loucher sur le décor et réfléchir au caractère éphémère de l’existence. » Sa voix s’adoucissait progressivement, devenant un murmure. « Je vais te donner une esquisse d’explication. » Les murs battaient toujours au rythme du garde, qui semblait à bout de nerfs.

La rousse continua ses messes basses, peu inquiétée par celui qui attendait dehors. « Si tu veux réussir à t’en sortir, il va falloir enlever l’eau que tu as mise dans ton vin. Tu es une créature du bien, mais être bénéfique ne signifie pas nécessairement vouloir le bonheur de tous ceux qui t’approchent. Et ce n’est pas comme ça que tu seras libérée. » Ces phrases avaient le goût et l’odeur d’un conseil, mais n’en restaient pas moins une tactique de manipulation. L’avarice peut pousser les gens aux plus grandes machinations. « En agissant comme tu le fais, tu ne donnes que plus de divertissement à tes maîtres. Tu leur veux du bien, en somme. » La maquerelle marqua une pause, laissant la vertueuse réfléchir tout en réduisant à nouveau la distance qui les séparait.

Elle susurrait désormais à l’oreille de la prisonnière, arrachant au passage la pipe aux lèvres de l’ange. « Bien sûr, je ne te demande pas de tenter de leur arracher la tête. Tu en serais incapable, et ça ne ferait que les rendre plus hilares. » La serrure tremblait tandis que l'engeance démoniaque portait l’objet à sa bouche. Elle ne consommait pas de drogue ; c’était uniquement une manière de déguiser son méfait. « Tu devrais... » Ethel s’arrêta net. La porte allait être forcée. Ce garde ne brillait vraiment pas pour sa patience. « Trêves de bavardage. »

« Désolé pour le retard, je me détendais. » La préadolescente pointa de son index le brûle-gueule qu’elle mordillait entre ses dents. « Elle est conforme. Dommage qu’elle ne soit pas à vendre. » Ethel scelle ce mensonge d'un sourire, mais, cette fois, il était bien empreint de malice.



Les murmures s'échangeaient, alors que l'obscurité tombait sur la hutte de la chamane. « Lui parler ? C’est en total irrespect avec mon rôle, et tu le sais bien. » Zhimael se contenta de faire la moue. « Je ne t’ai pas encore demandé de tuer quelqu'un. Tu dois juste lui dire que... »« Avec tout le respect que je te porte : c’est non. Il y a un pacte, je ne peux pas risquer de tout perdre pour rien. Et je ne quitterais pas l’île, même si beaucoup de choses ont changé. » Aria était intransigeante : elle n’allait pas effectuer ce qui n’avait pas été inscrit dans le contrat. C’était la porte ouverte à toutes sortes d’ennuis. « Tu peux essayer de contacter un Souw. » La Nyam’Wa se doutait bien que le tribunal l’avait refusée. « Comme si ça n’avait pas déjà été fait. Ils ne prennent pas ma requête en compte. Je suis trop instable pour eux, apparemment. » Margaux soupira. C’était une peste, en effet, mais son désespoir ne semblait pas feint.

« Bon, en supposant que j’accepte de t’aider : combien de temps je suis censée rester sur les Terres ? » Prononcer ces mots semblait brûler la chamane de l’intérieur. « Si tu veux lui prendre un rendez-vous… il faudrait juste aller au large, charger un coursier avec une lettre et patienter. Tu ne passerais que quelques lunes dehors tout au plus. » « Avec quel argent ? Ne sois pas ridicule. Et je ne veux pas charger un autre chaman de cette tâche. » L’Hozro laissa sa tête pencher, pensive. « Tu pourrais trouver de l’argent facilement, si tu m’as moi. Je pourrais te dire où sont les réserves de quelques bourgeois une fois qu’on sera en dehors de l’île. C’est largement assez pour… »« On n’est pas là pour s’acheter des colliers en or et une jolie maison sur la berge. Il est question de ta fille. S’il faut donner le temps, je le donne à elle, pas au banditisme. » L’ancienne sorcière se mit à rire, dans une vaine tentative de reprendre de la contenance face à Aria. « Dans ce cas-là, il faudra prévenir un chaman. » La discussion aurait pu tourner en rond pendant des heures, chacune énumérant les points positifs et négatifs des différentes issues qui s’offraient à elles. Pourtant, Zhimael réussit à mettre fin à ce cycle avant qu’il ne naisse.

« Dis la vérité aux aînés. Ils ne seront pas d’accord, mais si c’est pour ton Hozro, et si ça t’affecte, ils accepteront de te téléporter… à quelques conditions, probablement. » La chamane haussa un sourcil. Elle n'était pas convaincue.

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