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 [XXXII | RP Célibataire] Un dîner sous les étoiles [Dahlia]

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Dim 30 Déc 2018, 19:41


Catégorie de quête : XXII. Autre -> RP Dirigé "Les célibataires"
Partenaire(s) : Dahlia [Aylivæ]
Intrigue/Objectif : votre personnage reçoit une mystérieuse lettre signé d'un "L", l'invitant à un énigmatique rendez-vous romantique. Vous pouvez mettre ce que vous voulez dans la lettre, du moment qu'elle peut convaincre votre personnage de faire le déplacement. De manière générale, le rendez-vous a lieu sur les terres de la race à laquelle appartient votre personnage ^^ Pour ceux qui sont en couple mixte, trouvez un arrangement ;) Une fois que vous arrivez, le décor est réellement somptueux, mis en scène avec goût (selon la race toujours). Votre binôme arrive également. A partir de là vous faites un peu comme vous voulez ^^ Soit les deux décident de dîner, de passer une bonne soirée, soit y a un quiproquo etc.





[XXXII | RP Célibataire] Un dîner sous les étoiles [Dahlia]  Nighto17



La voute céleste faisait choir sur les dunes les reflets lactescents de la lune, dans un jeu d’ombres et de lumières dignes des récits contés par les poètes d’antan. Livaï n’avait pas assez de mots pour exprimer toute la beauté qui se dégageait de l’oasis parsemée de lanternes. Il était totalement subjugué par la saisissante beauté de ce décor méticuleusement préparé pour lui. Tel un humble pèlerin face à la grandeur du désert, il déambulait sur le petit chemin escarpé qui menait au coeur de cet éden perdu dans un océan de désolation. Il en avait oublié la beauté du monde, venant à regretter sa retraite durant ses dix dernières années dans les ruines d’Utopia. Sortir de l’enceinte abandonnée de ce que fut  jadis sa glorieuse citée et se laisser envelopper par la tiédeur du vent venant de l’ouest, était comme une renaissance. L’humain ne se lassait plus d’en savourer l’instant, retardant un peu plus ce moment qui agitait pourtant son coeur en secret.
Livaï n’avait aucune idée de ce qui l’attendait. Une simple lettre lui était parvenue mystérieusement entre les mains, le conviant à rencontrer une jeune femme qu’il n’avait pourtant jamais vue auparavant. Une bien étrange affaire qui avait suffit à enflammer les idées de son riche ami qui s’était empressé d’en arranger les formalités. Plutôt ravi de voir Livaï s’engager dans une voie qu’il avait jusque là si bien évitée, il avait mis tous les moyens à sa disposition pour faire de ce rendez-vous arrangé un écrin luxuriant et privatisé à la hauteur d’un conte des mille et une nuits.
Pourtant les femmes n’avaient jamais été la priorité de Livaï et, bien que quelques demoiselles croisaient de temps à autre sa route, il ne s’attardait jamais plus d’une nuit, comme si s’égarer dans leurs bras cajoleurs pouvait l’éloigner de lui-même. Un tel effort de la part de Bélor aurait  donc pu paraitre risible, mais il n’en était rien. Livaï en était reconnaissant envers cet ami de longue date. Lui seul croyait en la grandeur du destin auquel il se prédestinait et dans son infini clairvoyance, Bélor ne tarissait jamais d’efforts pour le soutenir et l’accompagner dans ses folles quêtes.

Une de plus encore et il était toujours là en indéfectible support.

Le nez levé vers l’astre lunaire, Livaï avançait tout en se laissant bercer par la cadence chaloupée de son cheval. S'il avait su se parer d’habits plus formels que son habituel caftan, ses airs détachés ne l’avaient cependant pas quitté. Vautré légèrement en arrière, accoudé à la croupe de sa monture, il ne laissait rien paraître de la fébrilité qui rythmait toujours plus son pouls.
L’humain à l’arrogant sourire appréhendait cette rencontre et chaque pas qui le rapprochait de la tente dressée à son attention, ne faisait que serrer davantage sa gorge.

Il y avait fort à parier qu’il serait le premier. Bélor avait insisté sur ce fait, ne lui laissant que peu de chance de jouer les parfaits goujats. Cela dénotait quelque peu avec sa façon d’être et pourtant cela ne semblait pas le déranger plus que ça. Pour une fois, Livaï s’était décidé à jouer le jeu des dieux. Maitres de son destin, ils ne pouvaient être pour lui que les auteurs de cette inexplicable missive. Il avait toujours cru en leur sagesse et en la clairvoyance d’une en particulier ; Drejtësi. Ces longues nuits à en dessiner le visage pendu entre ses bras, à en contempler chaque détail au fil du balancement de son hamac, à en caresser l’interminable beauté au travers de cette représentation de marbre, n’avaient fait que le rendre plus dévoué à son égard. Mais elle était bien loin de lui à présent, ou bien se cachait-elle dans le nuage de sable qui s’élevait au dessus de la dune, accompagnant la folle course du cheval qui menait cette mystérieuse étrangère vers lui. Le dessein des dieux était impénétrable et Livaï en prenait une fois de plus toute la mesure.

Appuyé sur le piquet solidement ancré dans le sol, le jeune homme au regard ténébreux avait pris une posture faussement désinvolte pour accueillir cette invitée si redoutée. Les bras croisés, il attendait que la lueur diaprée des lanternes fasse toute la lumière sur l’identité de cette demoiselle. Il n’avait pas vraiment d’attente à son égard ; Elle pouvait être qui elle voulait puisqu’il ne se destinait pas à l’aimer. La curiosité l’avait poussé à accepter l’invitation et il n’attendait rien d’autre d’elle qu’une bonne soirée et un bon repas. L’humain n’y voyait que ce qu’il jugeait bon de croire pour se préserver de toutes déceptions, car, dans son infini déni, c’était bien tout autre chose qu’il espérait pourtant au fond de lui. Après tout il était humain et ses désirs ne différaient pas de ceux de ses congénères du même sexe.

Livaï avait baissé sa tête pour contenir cette prise de conscience qui avait bien involontairement étiré ses lèvres dans une irrévérencieuse expression qu’il se devait d’effacer avant l’arrivée de la demoiselle. Chassez le naturel et le voilà qui revenait au galop, tel un boomerang en pleine figure, ne lui laissant qu’un bref instant pour se détacher de l’ombre de la devanture et ajuster sa posture pour tempérer la fougue du cheval qui venait de s’arrêter à ses pieds.

Les bras tendus pour ne pas effrayer l’animal, il ne croisa que tardivement le regard de la jeune femme perchée sur son destrier. Ses yeux aux reflets d’émeraudes croisés, alors qu’il saisissait les rênes dans un élan chevaleresque, le prirent brusquement par surprise, le laissant totalement captif de ces prunelles de jade.
Bouche bée, complètement subjugué, Livaï finit par sourire un brin embarrassé face à tant de joliesse et la preuve plus qu’évidente que ce qu’il voyait là était au-delà de ses attentes.
L’humain finit par incliner la tête, la relevant tout juste dans un haussement de sourcil pour s’assurer qu’elle n’était pas offensée par ses manières.
S'il s’était attendu à tout la concernant, rien n’aurait pu être à la hauteur de cette fragilité qu’elle incarnait et de cette indescriptible sensation qui le tenait à présent en haleine. Elle lui faisait penser à ses cariatides que l’on trouvait dans les temples, représentant une de ces vestales sacrées que l’on reconnaissait aux bruits de leurs innombrables bracelets. Cachées derrière leur voile blanc, les hommes ne pouvaient qu’en imaginer la beauté. Elle ne différait pas de ces prêtresses laissant tout le loisir à son imagination féconde de se faire mille et une idées à son sujet.
Qui était-elle ? Et qu’attendait-elle d’un tel rendez-vous ? Quelles étaient les raisons qui avaient poussé cette femme à répondre à l’invitation d’un illustre inconnu ? Tant de questions et aucune réponse qui le poussèrent bien vite à prendre la parole en lui tendant la main pour l’aider à descendre de cheval.

_ Je ne vous attendais plus …

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Sam 19 Jan 2019, 13:52

[XXXII | RP Célibataire] Un dîner sous les étoiles [Dahlia]  Gj07
Un dîner sous les étoiles
[Dahlia]


Le silence était le roi en cette nuit étoilée. Le seul son des sabots qui heurtaient doucement le sable le perturbait. Pourtant, en mon esprit, une cacophonie hurlait. L’angoisse m’assiégeait. Bien que l’astre solaire s’était endormi depuis longtemps, l’air n’était que légèrement frais. Ma peau était malgré tout teintée de frissons. Mon rendez-vous était-il, lui aussi, angoissé ? La question tournait en boucle dans mon esprit. Plus d’une fois, j’hésitais à rebrousser chemin. Cependant, je me forçais à continuer. Je luttais contre la peur qui m’empoisonnait. Je devais y aller. Je l’avais promis à Samuel lorsque je lui avais demandé son avis sur cette lettre. Et, surtout, je me l’étais aussi promis. Je devais tenir mon engagement. Cette peur ne devait plus penser à ma place.

Je donnais un léger coup sur le flanc du cheval pour qu’il entame sa folle course. Mon cœur palpitait au rythme du balancement de mon corps. Bientôt, j’étais aspirée dans un nuage de poussières argentées. La reine lunaire donnait la lueur du métal précieux au sable.

Au loin, le rayonnement d’une lanterne perça l’obscurité. Dès que je l’aperçus, l’angoisse s’intensifia. « Courage, Dahlia » me chuchotais-je. Mon corps se contractait à mesure de mon approche. Des pensées terrifiantes et insensées envahirent mon esprit. J’en oubliais pendant quelques instants mes légères leçons d’équitation. Je ne passais guère loin de la chute avant de me ressaisir. J’affirmais ma poigne sur les rênes pour me redonner du courage. Je fermais brièvement les yeux et me concentra sur ma respiration. Laissant le cheval me guider vers la lumière, je faisais le vide dans mon esprit agité. Habillée d’une longue robe rouge qui cachait mon corps tout en le moulant légèrement, j’avais fait un effort vestimentaire tout en espérant ne pas en avoir fait trop. Je tenais à ma discrétion. Aussi, j’avais abandonné mon habituel turban pour un voile du même rouge que ma tenue, quoique moins opaque.

Après m’être légèrement calmée, je me permis d’ouvrir de nouveau les yeux. L’oasis n’était plus très loin. Je laissais ma monture continuer sa course sans la ralentir. Je ne pouvais pas ralentir. Si je le faisais, la peur allait de nouveau m’assaillir. Je ne voulais pas le lui en laisser le temps. Aussi, je pénétrai à toute allure dans la végétation qui avait réussi à combattre l’univers désertique. L’équidé fonçait sur le sentier tracé. Lorsqu’enfin le lieu du rendez-vous, ainsi que l’homme qui y attendait dans l’ombre, se dévoila, je tirai sur les rênes. L’étalon ralentit brusquement tout en s’agitant devant l’homme qui approchait. Mon cœur fit de même. Si j’avais pu faire demi-tour, sans doute l’aurais-je fait en courant. Cependant, il était à présent trop tard. J’enfouissais donc mes regrets dans mon esprit alors que j’observais prudemment l’approche de l’individu. . Avant même de prendre en compte son apparence, je détaillais ses gestes, à la recherche du moindre indice qui indiquerait un caractère instable et brusque. Cependant, les bras tendus en avant, sa position était légèrement rassurante.

Pendant qu’il saisissait les rênes que j’avais lâchés, j’autorisais mes yeux à glisser vers le visage de mon rendez-vous. C’est à cet instant que nos regards se croisèrent. Cette fois ci, c’est un frisson agréable qui courut sur chaque parcelle de ma peau. Comme si elle se préparait et attendait impatiemment de recevoir une caresse de l’homme qui me faisait face. Je refreinais aussitôt ce bas-instinct qui n’était que contradictions avec mes valeurs.  Mes yeux se contentèrent d’observer ceux sombres et déstabilisant de l’inconnu. Je cherchais à percer ses secrets les plus sombres sans y parvenir. Je baissais donc mes mires avant de les relever pour établir un nouveau contact visuel. Mes joues s’empourprèrent devant l’insistance de son regard. Les secondes me paraissaient traîner longuement et j’avais la sensation d’être mise à nue. Bientôt, le frisson qui m’avait fait oublier ma peur ne fut qu’un lointain souvenir. Je me sentais mal à l’aise et captive. Mon cœur palpitait dans ma poitrine comme l’aurait fait celui d’un oiseau remarquant au dernier instant le chat qui bondissait vers lui. Quelle folle idée d’accepter ce rendez-vous alors que l’idée même d’être seule face à un homme me terrifiait. Certes, depuis ma libération j’avais de nombreuses fois converser avec la gente masculine, mais, jamais, je n’avais été seule et, toujours, je connaissais d’avance les intentions bénéfiques de mes interlocuteurs. A cet instant, j’étais en terrain inconnu. Je ne savais rien de l’homme qui était aux pieds de mon destrier. Je ne connaissais ni son nom, ni son histoire, ni même ce qu’il attendait de moi et de ce rendez-vous. J’avais simplement espéré qu’il n’avait aucune intention concupiscente à mon égard. L’immensité du désert avait suffi à réveiller de désagréables souvenirs et, pour rien au monde, je ne voulais que l’individu porte sur moi une main baladeuse.

Pourtant, en voyant son sourire légèrement embarrassé et son inclinaison de tête qui était semblable à une excuse, je me détendis légèrement. Il n’avait pas encore gagné ma confiance mais il ne semblait pas montrer des signes d’hostilité. J’observais sa main qui se tendit vers moi comme une offrande. Sa voix masculine me fit légèrement sursauter quand elle s’éleva et brisa le silence qui s’était installé. Sa remarque m’arracha un sourire timide. Combien de fois avais-je espéré qu’il était partie après avoir trop attendu ? « Estimez-vous heureux. Je n’étais pas certaine de venir. » Je quittais sa main des yeux pour croiser son regard et lui offrir un sourire volatile et fragile.

Après une hésitation sans doute perceptible, je glissais dans un doux mouvement, semblable à une caresse, ma main dans la sienne. Sa peau était chaude, rassurante. Son contact était aussi agréable. Assise en amazone, je plaçais mon autre main sur son épaule pour entamer une descente prudente. Sa musculature ne me laissa pas indifférente, tout comme sa taille. Dès que je mis pied à terre, je dus incliner la tête pour le regarder. Nichée sur mon cheval, je n’avais pas remarqué comme mon mètre soixante-quatre était ridicule face à lui. J’étais aussi séduite par cette carrure qui pouvait me protéger que terrifiée par l’idée que je ne pourrais rien faire s’il tentait quoique ce soit.

« Merci. » murmurais-je dans un souffle. Je m’écartais d’un pas pour briser la proximité qu’avait instauré ma descente et qui me faisait frémir. Son odeur était captivante. Je décidais de baisser mon voile rouge pour le porter d’avantage comme un châle me protégeant de la fraicheur nocturne. Je vérifiais aussi que les manches de ma robe cachaient mes bras jusqu’à mes poignets. Je ne voulais absolument pas que les cicatrices qui teintaient ma peau soient visibles.

Je pivotais légèrement vers le cheval pour pouvoir caresser son flan. Les bracelets qui ornaient mes poignets jouaient une douce mélodie. Je regardais la fourrure brune de ma monture avant de tourner mes yeux vers l’humain. « Je me nomme Dahlia. Et vous ? »

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Ven 25 Jan 2019, 13:33

Dans un mouvement d’épaules Livaï s’était contenté de pouffer à la lumière de cette non moins franche et impromptue réponse, à laquelle il ne s’attendait pas le moins du monde. Cette déclaration révélait bien des choses sur cette mystérieuse jeune femme. Car derrière son voile rouge et cette étonnante répartie dont elle le gratifiait, elle ne faisait que lui démontrer son manque d’expérience concernant les rendez-vous arrangés.
C’était quelque peu cocasse au vu des nombreux mariages planifiés qui fleurissaient un peu partout depuis l’éveil des humains et le fait, bien sûr, que lui aussi s’était décidé au dernier moment. A croire que le désir du plus grand nombre était de repeupler les royaumes par tous les moyens et ce diner arrangé en était la parfaite illustration.
Dans une moue revêche, Livaï refoula cette élucubration au plus profond de son être. Cet engagement, du moins sous cette forme, n’était pas ce qu’il attendait de cette soirée. Et bien qu’il s’était décidé à venir, il se demandait à présent s'il ne valait pas mieux se montrer parfaitement honnête en lui révélant son désintérêt pour les mariages arrangés. Mais alors qu’il s’apprêtait à clarifier cette situation, elle lui échappa de nouveau, de la façon la plus inattendue. Penchée au-dessus de son corps, la jeune femme avait suspendu le temps entre eux. La chaleur de ses doigts sur sa peau, l’avait saisi violemment aux tripes, dans une morsure électrisante qui répandit sur sa chair, une vague frissonnante. Livaï s’était fait surprendre et il ne savait plus très bien comment réagir face à cette vision presque irréelle qui flottait dans les courants d’air du désert. Ses yeux perdus quelque part dans les ondulations du voilage fantomatique finirent par retrouver une étincelle de lucidité qui le poussa à étirer ses lèvres.
Totalement sous le charme, l’humain peinait à se défaire de cette envoutante peinture mouvante qui s’offrait à lui.
Sans un mot, il la laissa se reculer, gardant inexplicablement ses bras tendus devant lui, comme s'il était incapable de reprendre le cours du temps. Elle n’était pas la première femme à croiser sa route et pourtant il lui semblait qu’elle était la toute première dans son genre à le surprendre ainsi.

Dans les prémices d'un sourire, Livaï baissa la tête avant de soupirer gravement.

_ Dahlia, répéta t-il en plongeant son regard dans le sien.

Ses yeux se détournèrent de sa ravissante invitée pour faire face aux astres au-dessus d’eux. Ce ciel au mille et un éclats, le renvoyait à sa juste place en ce monde. L’humain n’était que peu de chose face aux desseins des dieux. S'ils avaient prémédité cette rencontre, peut-être valait-il mieux se montrer prudent en gardant ses distances, ne sachant pas à quoi s’attendre.

_ Eh bien Dahlia, je suis enchanté de vous rencontrer, finit-il par reprendre la parole. Je suis Livaï.

Tout en silence, il s’était avancé vers la tente. Les bras derrière son dos, il avait cependant freiné ses pas afin qu’ils cheminent ensemble dans l’allée de lanternes. L’humain ne se montrait ni cavalier, ni galant, il se dégageait de lui une certaine assurance qui n’était ni tout à fait du respect, ni tout à fait de l’arrogance. De par cette façon de faire, peu habituelle, il désirait lui prouver une seule chose : elle était son égal et à ce titre elle pouvait avoir l’assurance que rien ne serait tenté à son égard sans qu’elle n’en ait explicitement fait la demande.

_ Je suis ravie que vous ayez eu le courage, que dis-je, l’audace, de venir à cette rencontre organisée. Ce mystérieux « L » dont le but m’échappe encore, a toutefois été plutôt bien avisé de nous présenter et je serais un fieffé menteur si je n’avouais pas que je suis surpris et conquis.

D’un geste souple il l’invita à rentrer dans la tente, découvrant lui aussi l’endroit qui avait été préparé à leur intention. Parmi de nombreux coussins aux formes et couleurs variées, une petite table trônait en son centre, recouverte de toutes sortes de mets. Les petits plats avaient été mis dans les grands pour leur offrir un repas digne des exigences d’un souverain, ne rendant que plus attractif ce rendez-vous aux yeux de l’humain.
Plutôt ravi, Livaï se dirigea avec entrain vers l’opulence de poufs. Après un petit tour sur lui même, il se laissa lourdement tomber en arrière en s’y vautrant gaiement dessus à la manière d’un enfant. À peine installé il ravisa sa posture, l’invitant à prendre place en tapotant du plat de la main un amoncellement duveteux de coussins disposés non loin de lui.

_ Il y a largement de quoi profiter de cette soirée … N’ayez crainte, je promets de garder une respectueuse distance, rigola t-il en glissant sa main dans les cheveux pour les plaquer sur le sommet de son crâne. Par quoi souhaitez-vous commencer ? Un verre de vin ? Une assiette de … Ce plat dont je ne connais pas le nom, avoua t-il hilare. Je ne suis pas au fait de ce qui se fait en matière de cuisine. Je ne suis pas un habitué des mondanités … Ce que je mange habituellement est loin d’être aussi raffiné.

Son regard s’éleva vers les hauteurs de la tente, comme si une profonde réflexion agitait à présent ses méninges.

_ A vrai dire, c’est le premier vrai repas que je fais depuis … dix ans … Croyez-le ou non, Utopia a perdu en hospitalité, ce n’est plus qu’un tas de ruines et on n'y trouve que quelques moineaux peu nourrissants et des rats gros comme des chats. Je me suis toujours demandé où ils trouvaient leur nourriture … ces sales bêtes, ricana t-il en prenant appui des coudes sur ses genoux. Mais je parle trop … Excusez-moi, c’est un défaut. Le vide me fait peur, avoua t-il en penchant sa tête dans un large sourire. D’où venez-vous?

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Lun 28 Jan 2019, 23:15

[XXXII | RP Célibataire] Un dîner sous les étoiles [Dahlia]  Gj07
Un dîner sous les étoiles
[Dahlia]


Un frisson parcourait l’ensemble de mon corps pendant que j’entendais mon propre nom émerger de ses lèvres. Mes yeux se posèrent sur elles quelques instants avant de replonger dans les siens. Une électricité captivante embaumait l’air. Le temps semblait ralentir. L’instant me paraissait crucial. Ma bouche s’entrouvrit. L’air me manquait. A quel moment avais-je arrêté de respirer ?

Enfin, l’inconnu levait les yeux. Que l’Unique en fût béni. Rougissante, je tournais vivement la tête pour admirer le flan de ma monture. Elle semblait soudain me passionner. « Reprends-toi, Dahlia. » me fustigeais-je en pensées. J’avais de nombreuses fois entendu mon nom dans la bouche d’autres. Je ne pouvais donc pas me laisser troublée par ma propre appellation. Pourtant, dans sa bouche, cette dernière me semblait plus intime. Comme un secret que nous venions de partager.

Perturbée, je ne répondis pas à ses présentations. Pourtant, je gravais en ma mémoire son prénom. Cette rencontre n’était pas anodine. Je devais me souvenir. Je me souvenais déjà. Comment oublier le contact de sa peau chaude ? Perdue dans mes pensées, je n’avais pas réalisé qu’il s’était avancé. Sa marche douce me permettait de le rattraper facilement. Pendant qu’il avait les bras dans le dos, je croisais les miens devant moi. Marchant à sa hauteur, je regardais la tente que nous approchions. Lorsque sa voix chaleureuse s’éleva de nouveau, un fragile sourire naquit sur mes lèvres. Non. Ce n’était pas de l’audace qui m’avait mené jusqu’à lui mais bien le courage. C’était encore lui qui me maintenait ici. Ou bien était-ce autre chose ? Pourtant, sa deuxième phrase fit accélérer mon palpitant. Pour cacher ma mine rougissante et mon air troublé, je profitais de son invitation pour me précipiter sous la tente. La découverte du lieu me libéra de mon trouble. J’étais fascinée par la richesse de la table et des décorations. D’un œil prudent, je regardais le charmant jeune homme s’installer tranquillement dans un pouf. Sa position me fit sourire, presque rire. Je plaçais une main devant ma bouche pour essayer de le contenir. Je finis par m’approcher, acceptant son invitation. Doucement, je m’installais sur un des coussins à proximité de Livaï.

Alors qu’il parlait, m’annonçant que je n’avais rien à craindre, je profitais de l’instant pour mieux l’observer. Son sourire etait charmant. Son regard était mystérieux. Je l’admirais. Son apparence était un savant mélange de sauvagerie et de douceur. J’observais ses cheveux rasés sur les côtés tout en replaçant une mèche des miens derrière mon oreille. Je l’écoutais débiter un flot de paroles impressionnant tandis que mes yeux glissaient agilement sur ses traits et que mon sourire continuait de s’agrandir. Lorsqu’il eut fini, je ne savais pas où commencer. Aussi, pour répondre à sa première question, je me penchais légèrement pour servir le vin. Lorsque ce fut fait, je lui tendais doucement son verre tandis que je prenais le mien de mon autre main. « Je viens de cet endroit déchu, de cet endroit qui n’est plus que ruines. » Je détournais mon regard du sien, perdu dans des souvenirs. « Du moins, je suis née à Utopia… Mais je n’y ai pas grandi. » Non. Je ne venais pas vraiment d’Utopia. Ce n’était pas ce lieu qui avait façonné la personne que j’étais aujourd’hui. La mélancolie se peignait timidement sur mon visage tandis que je regardais de nouveau l’homme. J’émis un faible sourire avant de tremper mes lèvres dans le liquide alcoolisé. Je ne bus qu’une faible gorgée pendant que le silence reprenait sa place. « Excusez-moi. » finissais-je par dire en agrandissant mon sourire. « Je suis plus silencieuse que d’habitude. Je dois dire que votre présence m’impressionne grandement. » Je baissais les yeux timidement avant de les river franchement dans les siens. « Cependant, loin de moi l’idée de vouloir vous effrayer par mon faible débit de parole. » Je rougissais tandis que j’hésitais à détourner mon regard. « Je ne voudrais pas vous faire fuir. Après tout, vous aviez raison en disant que cet « L » a été bien avisé de nous présenter. » Je posais ma deuxième main sur mon verre, sans en dire plus.

Mon regard se posait sur les divers plats qui s’offraient à nous. « Je ne connais pas non plus tous ces plats. » Je me mordais la lèvre inférieure pour retenir un grand sourire, en vain. « Tout comme vous, mon palais n’est pas habitué à de tels victuailles. » Je marquais une pause pour admirer le jeune homme. Je commençais à m’habituer à sa présence. Même si je n’étais pas encore prête à renoncer totalement à ma timidité et ma prudence, j’avais fini par comprendre que ce Livaï ne me voulait pas de mal. Jusque-là, il n’avait jamais montré un signe de brutalité. « Et cela depuis… » Je levais les yeux vers la voute de la tente, faisant mine de réfléchir. « Depuis environ... toujours. » finissais-je par dévoiler avec un grand sourire. Je laissais ma plaisanterie flotter dans l’air avant de tousser doucement pour reprendre une mine sérieuse et secrète. « Quand j’étais petite, je n’avais pas vraiment les moyens de manger tout cela… Ou même de manger tous les soirs à vrai dire. Et puis ensuite… » Je fronçais les sourcils. « Ensuite… » Disais-je plus bas. Ma main gauche quitta mon verre pour se poser sur mon bras droit, vérifiant que le tissu cachait ma peau torturée. Mon regard se perdait un instant avant que je ne cache mon expression sous un doux sourire. « Maintenant, je voyage énormément. Je n’ai pas vraiment les moyens pour me permettre de telles extravagances. Mais, au moins, je mange à ma faim et, je suis entourée de personnes plutôt bienveillantes. J’affectionne énormément les terres magiciennes mais, je suis pressée d’en voir plus quoique... Quoique, je n’ai pas pour idée de voyager pour toujours. Je compte bien m’installer à un moment.  » Je portais de nouveau mon verre à mes lèvres pour prendre une fine gorgée. « Et vous ? Vous aimez voyager ? Ou vous êtes plutôt du genre sédentaire ? » Je riais faiblement. « Je dirais que, si vous n’aimez pas les rats, vous ne devez pas aimer les endroits lugubres et souterrain ! » Je penchais ma tête sur le côté. « A moins que vous ne m’ayez trompé en maudissant les rats d’Utopia pour cacher une passion secrète pour les rongeurs. Dans ce cas, il faut me le dire maintenant. Pour que je me fixe enfin sur votre personne. » Je lui souriais.

Mots : 1054

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Mer 06 Fév 2019, 03:54


Livaï avait détourné son regard de la belle inconnue. Ses yeux avaient balayé à plusieurs reprises les mets richement agencés, sans pour autant dévier son attention des révélations que lui avouait sa si charmante hôtesse. S'il avait cru un instant qu’il devrait faire la conversation pour deux, il s’était vite rassuré en la voyant si enjouée à répondre à ses interrogations. Le temps de lancer quelques dattes au-dessus de son nez pour les gober en plein vol, Livaï finit par retrouver un semblant de sérieux. Il ne savait plus très bien quel mot avait accroché son attention, quelle révélation avait finit par figer ses gestes et ses pensées mais, à présent que Dahlia terminait sa longue tirade, il ne parvenait plus vraiment à bouger. Il mit un long moment à sortir de ses rêveries éveillées, dans un large sourire embarrassé et un frisson qui secoua énergiquement ses épaules.
L’attitude de l’humain trahissait un certain malaise qu’il tenta vainement d’exorciser en frottant l’une contre l’autre les paumes moites de ses mains. Si, jusque là, il avait observé chacun des gestes de son interlocutrice, il s’étonnait de ne plus pouvoir affronter l’éclat si particulier de ses prunelles de jade et le rouge chatoyant de sa tunique transparente.
Dans une déglutition pénible, Livaï tenta de faire passer le noeud qui s’était logé dans sa gorge. Cette reprise d’air, presque suffocante, le fit sourire déraisonnablement, le motivant presque aussitôt à lancer un regard de côté vers son interlocutrice.

_ Cela fait beaucoup de questions, avoua t-il en déliant ses mains. Dois-je en conclure que je ne suis pas le seul à avoir peur du vide?

Tout en disant cela, Livaï avait avancé ses épaules vers Dahlia. Sa posture était maintenant penchée vers elle dans un équilibre précaire, qu’il s’empressa de rectifier en prenant appui sur son bras. Ses yeux sombres la dévisageaient toujours avec autant d’intérêt que cette première fois où il avait croisé son regard.

_ Vous rendrais-je mal à l’aise à ce point ? souffla t-il sur un ton presque sérieux, avant d’étirer ses lèvres dans un outrancier sourire.

Il se recula à bonne distance, sans pour autant se défaire du regard insistant de sa si particulière invitée.
Ses doigts pianotèrent le vide au-dessus des plats, marquant tout aussi bien son hésitation à choisir sa prochaine bouchée que celle à lui répondre en toute honnêteté.

_ Je ne suis pas d’Utopia, trancha t-il finalement. Je ne connaissais même pas cette cité avant … avant son déclin, précisa t-il en inclinant sa tête dans un mouvement entendu. Je suis né dans le désert. Ma famille vivait humblement sur les rivages d’une mer paisible … Et après cela … après cela, j’étais captif … durant de longues années. s’interrompit-il en la dévisageant gravement.

Sa main s’était élevée au dessus du vide alors qu’il laissait en suspens ses paroles à peine achevées. Ses doigts caressaient à présent l’espace vacant qui séparait encore leurs corps d’un contact imminent. Il s’étaient immobilisés au-dessus du poignet de Dallhia, dans la folle envie de se saisir de ce qu’il pensait être un secret bien caché. Ses yeux sombres, entourés d’ombres ne voulaient plus se défaire des prunelles d’émeraudes qui vibraient au rythme de cette lente approche. Livaï y cherchait encore l’assurance de la justesse de cette déduction quelque peu hasardeuse, en y plongeant si profondément qu’il en avait tout bonnement perdu le sens de cette inexplicable rapprochement. Entre les mots qu’elle avait si habilement choisis, Livaï avait cru déceler de vieilles blessures. Si proche et à la fois si loin d’elle, de cette vérité qui asséchait ses lèvres et l’obligeait à les humecter, Livaï ne savait plus trop quoi penser.

_ Dalhia, souffla t-il dans un murmure. Nous sommes-nous déjà rencontrés, dans cette vie ou une autre ?

Livaï se redressa dans un sursaut de lucidité. Il venait de subitement prendre conscience que cette jeune femme venait de toucher une corde sensible. Sans le savoir, elle avait fait remonter de vieux souvenirs, attisant la brûlure des plaies qu’il croyait pourtant cicatrisées. Nerveusement, il passait maintenant sa main sur son avant-bras, dans d’interminables frictions qui ne faisaient que mettre en avant l’aplat anthracite incrusté dans ses pores. Les traits sombres jouaient avec les reliefs d’une cicatrice, une seule parmi tant d’autres, mais qui à elle seule était tout aussi éloquente pour illustrer son passé trouble.
Le regard hagard, Livaï sondait ses obscurs souvenirs, sans vraiment y trouver de réponse. Dans un soupir entrecoupé d’un frissonnant trémolo, il se retourna tout de même vers elle. Dahlia occupait à présent toutes ses pensées.
Ce nom qui sonnait comme une incantation magique le perdait toujours un peu plus, à chaque fois qu’il raisonnait dans son esprit. Avait-elle conscience qu’en foulant le sol des terres magiciennes elle s’était empreinte d’une aura troublante, ou peut-être était-ce juste le fait de cette folle pensée, qu’ils avaient tout deux un passé similaire, qui la rendait si particulière à ses yeux ?

Livaï s’était laissé choir en arrière, lesté par le poids de tant de questions la concernant. Il s’était vautré allègrement dans cette contemplation engourdissante, laissant lentement son sourire retrouver ses lèvres, qu’il s’empressa d’entrouvrir une nouvelle fois :

_ Je n’ai pas l’habitude de parler de mon passé, ce qui est fait est fait et ne peut être changé. Vous êtes la première à me ramener des années en arrière, avec… avec si peu d’aigreur.

L’humain s’accouda sur un coussin, juste assez pour relever son buste.

_ J’entends par là, précisa t-il en jouant de l’inclinaison de ses sourcils, que vous ne me donnez pas envie de tout casser autour de moi, finit-il par avouer dans une demi-hilarité. Il y a quelque chose chez vous qui m’apaise … Quelque chose qui me laisse à penser que nous avons beaucoup en commun.

Livaï n’attendit pas qu’elle réponde, il se laissa de nouveau tomber sur le dos et passa ses mains derrière sa tête dans une longue expiration.

_ Je ne m’étends jamais sur la vie passée des gens que je rencontre. Tout le monde a ses secrets … Mais dans ce que vous m’avez dit tout à l’heure, j’ai cru trouver une certaine résonance avec mes propres souvenirs. Peut-être me suis-je trompé … Peut-être ai-je fait fausse route … Dans ce cas, je vous prie d’excuser mon comportement … Vous me demandiez si j’aimais voyager …

L’humain s’était arrêté de parler, retenant l’imminence d’une suite qui tardait à venir.

_ Je dirai simplement que je n’ai pas encore trouvé de raison de me sédentariser. Peut-être que cela viendra un jour … Je n’en ai aucun doute, après tout mes rêves ne diffèrent pas de ceux de mes congénères, finit-il en souriant. J’aime bien l’idée d’avoir une famille un jour, une jolie épouse … du moins aussi belle que vous je l’espère, balança t-il avec banalité tout en s’assurant de ne rien louper de sa réaction.

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Dim 10 Fév 2019, 16:19

[XXXII | RP Célibataire] Un dîner sous les étoiles [Dahlia]  Gj07
Un dîner sous les étoiles

[Dahlia]


Mon corps avait frissonné à son approche. Mes sens s’étaient exacerbés. Mon inconscient voulait entendre ses mots, sentir son odeur ou même appréhender son contact à la perfection. Lorsque ses doigts s’étaient immobilisés au-dessus de mes poignets, le temps s’était figé. Je n’aimais pas que l’on effleure ma peau torturée. Je portais même ce contact en horreur. Pourtant, en cet instant, je voulais qu’il découvre ce secret gardé. Ses mots… Son histoire… J’avais l’impression d’avoir trouvé l’écho de mon passé. Je me sentais étrangement apaisée. « Le vide… » Je regardais mes poignets avant de lever les yeux sur l’homme qui me bouleversait en cet instant. Ses mots m’avaient ensorcelée si bien que je n’avais même pas rougi lorsqu’il m’avait complimenté en secret sur ma beauté. « Je n’en ai pas peur. » Je souriais doucement. Je voyais une partie de moi-même dans cet homme. « J’ai vécu dans le vide durant vingt ans. Je m’y suis habituée. Le silence ne m’effraie pas. Je pourrais y revivre. » Cette fois, ce fut moi qui me penchait doucement vers lui. Je posais mon verre sur la table à mes côtés sans le quitter des yeux. « Mais je n’y serais pas heureuse. Mes mots ont été trop longtemps enfermés pour que je les retienne. » J’entrouvris les lèvres. La chaleur des bougies, dispersées un peu partout sous la tente, réchauffait l’atmosphère. « Ma parole est libre désormais. » Je tendais la main vers son visage. Mon mouvement se stoppa dans le vide dans un bruissement de bracelets. « Oh Livaï… » Murmurais-je. « Nous nous sommes déjà rencontrés. Il ne peut en être autrement. » Je rabattais ma main contre mon buste. « Je suis l’un de vos reflets. Vous êtes l’un des miens. Nous sommes tous deux le résultat de notre histoire. De notre captivité. »

Pendant un bref instant, j’hésitais. Je prenais une décision qui bousculait tout ce que j’avais protégé. Dans un mouvement lent, j’abaissais le tissu qui recouvrait la peau de mes bras. Je mettais à nues les cicatrices qui m’avaient brisée et forgée. Je mettais à nue mon âme. « Vous m’avez fait part de votre passé. Il est temps que je vous partage le mien. » J’approchais l’une de mes mains de son avant-bras. Je posais doucement mon index sur le tatouage qui dissimulait son ancienne blessure. Le contact me parut électrique. Des frissons s'emparèrent de mon corps. Je traçais la forme de son tatouage dans une caresse douce. « J’ai été vendue à des esclavagistes à l’âge de neuf ans. Je suis restée captive jusqu’à mes vingt-trois ans. » Je levais mes yeux de sa peau pour me plonger dans les siens. La flamme d’une bougie s’y reflétait et y dansait. Le spectacle était captivant. « Durant ma captivité, je suis devenue la mère de trois enfants. » révélais-je enfin. Je souriais. Cette information était mon secret le plus important. « J’ai eu pour la première fois des jumeaux. Puis, j’ai eu un autre enfant par la suite. » Je levais les yeux au ciel. « Que l’Unique et les Divins le protègent. » Je baissais les yeux de nouveau vers sa peau, remontant doucement l’œuvre qui lui couvrait l’avant-bras. « Ma captivité a peint mon corps de multiples cicatrices. Pourtant, c’est ici que la plus atroce git. » Ma main quittait sa peau pour se poser sur sa poitrine, à l’emplacement de son cœur. « Mes jumeaux m’ont été enlevés dès leur premier cri. Cette cicatrice peine à se refermer car je ne vis que dans l’espoir de les retrouver. » Je levais les yeux vers son visage. « Pourtant… » J’avais le souffle court. Mes lèvres s'étaient entrouvertes. Pendant une seconde ou deux, je ne dis rien. Un sourire vint cependant éclairer mon visage. « Pourtant, ce soir, je me sens libérée. » Sans briser le contact, je glissais ma main vers la joue de mon bouleversant ami. Ma caresse était chaste, dénuée d’intentions malvenues. Je ressentais simplement le besoin de le toucher comme il avait touché mon âme. « Merci, Livaï. » La danse des chandelles créaient des ombres qui dansaient autour de nous. Pourtant, il était le seul qui m’importait. « Je n’avais jamais pu parler de mon histoire sans me briser. Vos mots m’ont libérée. Votre présence m'a libérée. Si j’avais avant tout décidé de vous rejoindre à ce rendez-vous, c’était pour combattre ma peur de l’homme. Je n’ai plus peur à présent. »

Je me redressais, brisant le contact et la proximité qui nous liaient. Je me tournais vers le repas qui nous attendait. Je finis par choisir un met qui n’était pas le plus élaboré mais dont la simplicité me plaisait. J’amenais le grain de raisin à ma bouche. Je le croquai à moitié. « Je me sédentariserais pour les mêmes raisons que vous. Pour ma famille. C’est un souhait puissant plus qu’une envie. » Je le regardais en coin. « Je veux offrir à mes enfants une vie que je n’ai pas eu. Une enfance avec une mère et… et peut-être un père. Qui sait ce que le destin nous réserve ? » Avec un sourire discret, je croquais le dernier morceau. Je ne sais pourquoi, je m'attendais à une réaction de sa part. « Et vous ? Je ne vous ai pas demandé, qu’est-ce qui vous amène ici, si vous n’êtes pas si pressé de vous sédentarisé ? La curiosité ? » Je me tournais entièrement vers lui. J'oubliais le buffet pour ne m'intéresser qu'à lui. « J’espère ne pas vous avoir fait peur avec mon histoire. » Je baissais les yeux vers le tatouage de son avant-bras. « En avez-vous beaucoup ? »

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Lun 18 Fév 2019, 18:09


Livaï ne savait plus trop par où prendre les choses. Les paroles de Dahlia l’avaient bercé un temps dans l’engourdissante illusion qu’il aurait pu se laisser aller à glisser à ses côtés dans un enivrant rapprochement charnel. Pourtant cet élan presque naturel s’était étouffé de lui-même, à l’instant où cette illustre inconnue avait fait vibrer une toute autre corde en lui.
Les traits tendus, la mâchoire contractée, Livaï s’était redressé en s’accoudant à ses genoux. Le bout de son nez dépassait à peine de ses doigts qu’il avait ramenés sur son visage. L’humain digérait péniblement les mots qui venaient d’être prononcés, jugeant silencieusement ce qu’ils avaient provoqué en lui. Cette confession l’avait submergé dans un tsunami d’émotions auxquelles il n’était pas préparé.
Dans un soupir las, son souffle s’éleva dans le silence avant qu’il ne laisse retomber lourdement ses paupières. Il n’avait plus vraiment faim et l’amoncellement de plats ne faisait que lui renvoyer au visage ce dont beaucoup des siens avaient été privés. La question qu’elle posa, après un long silence, arracha Livaï à ses pensées. Il l’observa d’abord du coin de l’oeil avant de tirer sur sa nuque pour se mettre à sa hauteur. Son regard charbonneux tremblait à peine, renvoyant à son interlocutrice un certain sérieux qu’il n’avait jusque-là jamais laissé paraître. Il était rare de voir l’humain sans son sourire d’apparat, sans cette once de malice qui le caractérise pourtant à l’accoutumée. Pourtant, face à elle, Livaï venait de faire tomber son masque. Elle n’en avait sûrement pas conscience, mais il n’y avait plus rien qu’il ne désirait pour cacher ses yeux de jade. L’humain se tenait parfaitement droit devant elle dans un juste équilibre des forces, estimant que, puisqu’elle s’était livrée humblement, il se devait d’être à son tour parfaitement honnête.

_ Beaucoup ? répéta t-il sans comprendre de quoi elle parlait avant de balayer sa question en fronçant les sourcils. Je peux pardonner bien des choses … J’ai appris à fuir le passé pour aller de l’avant. Je ne me cache pas du monde, je prends en pleine face chaque jour ses aberrations, ses injustices mais aussi ses moments de bonté et de grâce, car j’estime qu’une vie ne peut être appréciée humblement qu’en ayant connu le pire. Je vais et vient, cherchant vainement une raison qui me déciderait à prendre part aux momeries des nôtres. Je leur en voulais tellement, je ne pouvais leur pardonner mais en vous écoutant, en me questionnant, j’ai compris que j’agissais comme eux … Je me drape dans un voile qui m’aveugle, je ne veux plus voir ce qui m’insulte et me révolte, mais je ne fais rien … Par par couardise ou par déni … Il est temps que tout ceci s’arrête. Il est temps que je prenne mes responsabilités. On ne peut reprocher aux autres ce que l’on est incapable de faire par soi même …

Sans même donner davantage d’explications, Livaï se redressa légèrement sans quitter le pouf sur lequel il était assis. Il fixait l’abondance des richesses et le confort de la tente avec dégoût. Jamais encore il n’avait dit cela à personne, jamais encore il n’avait pris position aussi directement. Il avait simplement fallu qu’une inconnue lui rappelle qui il était vraiment pour s’éveiller enfin de longues années de somnolence.
Les poings serrés, la gorge légèrement nouée, il releva son regard vers la jeune femme qui se tenait toujours à ses côtés.
Elle n’avait encore rien dit et peut-être se sentait-elle coupable d’une quelconque manière, après tout rien ne prédestinait sa confession à un tel dénouement.
Motivé par l’envie de dissiper tout malaise, l’humain s’empressa de reprendre après une profonde inspiration.

_ Dahlia, vous me demandiez ce qui m’avait conduit ici. Je serais un fieffé menteur de ne pas dire la distraction, mais au-delà de ça, vous vous êtes hissée au-dessus du simple divertissement et pour cela je ne peux que vous remercier. Vous m’avez ouvert les yeux sur cette vérité que je me refusais de voir.

L’humain s’inclina humblement tout en ramenant sa main sur son coeur.

_ Permettez-moi de vous aider en retour pour illustrer ce chemin que vous m’avez inspiré. Dites-m’en plus sur vos enfants! Je les retrouverai, je n’aurai de cesse de chercher et de vous rendre, à vous et à ceux qui ont perdu les leurs, cette quiétude à laquelle nous aspirons tous.

Livaï se fit plus grave. Sa posture avait changé, lui conférant une aura conquérante.

_ Nul ne devrait vivre captif, nul ne devrait être privé de l’amour d’un foyer … Nul ne devrait être défait de sa liberté ! insista t-il en la dévisageant gravement.

Ce mot avait toute son importance, il était à l’origine même de cet élan qui avait motivé l’humain à se montrer sans aucun artifice. L’histoire de Dahlia avait su éveiller en lui une nouvelle vocation.

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Ven 08 Mar 2019, 01:00

[XXXII | RP Célibataire] Un dîner sous les étoiles [Dahlia]  Gj07
Un dîner sous les étoiles


Lorsqu’il s’était redressé, mon cœur s’était arrêté. Je restais muette durant sa prise de parole. Sa réaction m'avait surprise. Je ne m'étais en rien attendue à un tel discours. Mes mots avaient ébranlé son être. Avais-je eu tort de parler de mon passé ? La culpabilité commençait à grignoter ma conscience. Pourtant, je ne me murais pas dans les remords. Mes oreilles restaient attentives. Mon esprit lui était dévoué. Je l'écoutais patiemment. Je devais assumer le feu que mes paroles avaient allumé.

Je baissais enfin les yeux quand il se tut. Le silence faisait place. Mon rougissement trahissait la gêne que je ressentais. Avais-je réduit à néant cette soirée ? Avais-je tué la confiance qui s'était établie entre nous ? Non. Je levais les yeux lorsqu'il reprit. Ses paroles dissipèrent mes doutes. Un doux sourire étira les commissures de mes lèvres. Dire que je restais insensible à ses mots aurait été mentir. J’étais heureuse d’être devenue plus qu’une distraction car j’avais la sensation que nous vivions tous deux un moment véritable. Pourtant, sa dernière phrase me perdait dans la perplexité. J’avais peur de lui avoir fait entrevoir une vérité bien trop sombre. J’avais peur d’avoir empêché son cœur à battre au rythme de la légèreté. Lui qui avait un si beau sourire, allait-il renoncer à rire ? Je ne le permettrais pas. Je commençais à ouvrir la bouche pour éclairer son esprit et son cœur, pour lui faire entrevoir une vérité plus clémente. Mais déjà il s’inclinait et reprenait ses paroles. Je l’écoutais.

Pendant de brèves secondes, qui me paraissaient durer une éternité, mon cœur se mit à vibrer au rythme de l’espoir. Surprise par sa déclaration, mes pensées valsaient dans un tumulte sans queue ni tête. Mon cœur désirait croire ses mots mais mon esprit projetait une certaine distance. D’une certaine façon, je croyais Livaï de tout mon être. Il avait gagné ma confiance en respectant ma prudence. Pourtant, je savais que, s’il s’agissait d’une moquerie, mon cœur ne se relèverait pas. Pour moi qui, durant la majeure partie de ma vie, n'avais été qu’une esclave, j’avais la sensation que sa proposition était trop belle pour être vraie.

Je humectais mes lèvres, réalisant que j’étais restée bouche bée. Je plongeais mes yeux dans ceux de l’humain, recherchant ma propre vérité, recherchant le moindre signe de tromperie. Et soudain, je sus. Je me relevais doucement de mon assise. Puis, j’invitais Livaï à me rejoindre dans ma position debout en tendant délicatement la main. La situation me paraissait trop importante pour rester assise.

« Je ne saurais jamais comment vous remercier, Livaï. Jamais. » Mon cœur battait à tout rompre. « Votre geste est beaucoup trop bon. Vous voulez m’aider à obtenir ce que je désire le plus au monde. Je… Je… » Je ne savais quoi dire. Mes mots étaient filtrés par l’émotion trop intense que je ressentais. « Demandez-moi ce que vous souhaitez et je ferais tout pour que vous l’obteniez. Envoyez-moi un courrier et je me hisserais sur ma monture pour vous retrouver. Si vous m’aidez, je ne peux qu’essayer de vous imiter. Vous ne savez pas à quel point combien votre geste compte pour moi. » Je fermais brièvement les yeux pour essayer de contrôler la tornade d’émotions qui me balayait. « Malheureusement, je n’ai pas énormément d’informations à vous fournir sur mes enfants. Je n’ai même pas pu les voir à la naissance… Je ne sais même pas s’il s’agit de jumeaux ou de jumelles. » disais-je en rouvrant les yeux. Mon expression était légèrement défaite à présent. « Enfin… Une des autres esclaves, beaucoup plus vieille et expérimentée que moi, m’avait dit que la forme qu’avait pris mon ventre lui faisait penser à des filles. » Un sourire triste vint mûrir sur mes lèvres. « Enfin… Elle m’avait dit que ce n’était pas une vérité universelle mais j’avais tendance à la croire. Elle s’y connaissait tellement ! » J’avais beau regarder Livaï, je semblais me perdre dans mes souvenirs. « Vous savez, c’est elle qui m’a accouchée. Elle a pu voir mes enfants avant qu’ils ne me soient enlevés. Elle avait l’interdiction de m'informer du sexe de mes bébés. Pourtant, elle m’a chuchoté qu’ils avaient de magnifiques yeux gris et ma peau mate. » Mon sourire devint pur nostalgie. Finalement, même si je me sentais légèrement plus libérée de mon passé d’esclave, cette partie était trop sombre et importante pour que je ne m’en extrais. « Je crois que… » Je fronçais les sourcils, perdant par la même occasion mon sourire nostalgique. « Je crois qu’ils sont humains. Je sais que je n’ai pas un fort Ma’Ahid mais… Je crois que celui qui a abusé de moi était humain lui aussi. » Je frissonnais avant de reprendre contact avec la réalité. Je m’accrochais aux yeux ténébreux de Livaï pour ne plus me perdre dans le passé. « Mes jumeaux doivent avoir onze ans maintenant. Je ne sais pas grand-chose de plus à part que… Celui qui a emmené mes enfants était surnommé Le Coursier. C’était lui qui s’occupait d’amener et d’emmener les esclaves vendus ou à vendre. Il les a vendus à un couple stérile dont j’ignore le nom. J’ai bien entendu parler d’une certaine Alana Khershin mais je ne sais même pas si ce nom a un quelconque rapport avec mes enfants… » Je me mordis la lèvre inférieure, en proie au doute. « Je n’en sais guère plus… Est-ce que cela peut vous être utile ? »

Je frissonnais soudainement. L’air glacial et nocturne du désert avait encerclé l’oasis et nous avait enfermés dans notre tente. Mettre un pied dehors, quitter la protection de l’oasis contre le vent désertique et s’écarter du feu qui réchauffait l’endroit était trop risqué à présent. Je pivotais ma tête vers le brasier qui commençait à faiblir. Le bois qui était posé à ses côtés n’attendait que de flamber. Je quittais donc la proximité entre nos deux corps pour alimenter le feu. J’en profitais aussi pour jeter un œil aux deux couchettes qui étaient installés près de celui-ci. Enfin, je regardais Livaï et lui accordais un sourire. « La nuit va être longue. Nous reprendrons notre chemin demain. En attendant, il est temps de dormir. »

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