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 [IX - XVII] - On est là pour boire un coup | Livaï and co & Toupinou

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Lun 27 Aoû 2018, 18:51


Catégorie de quête : IX. Apprentissage [Toupinou] & XVII. Négociation [Livaï]
Partenaire(s) : Livaï
Intrigue/Objectif : Toupinou croise dans une auberge Lyod, le frère de Livaï. Cette rencontre chamboule les principes ancrés dans l'éducation de la sorcière qui n'a jamais vu d'humains, autres que les esclaves de l'école. Elle se rend compte que les humains ne méritent pas forcément leur sort. De son côté, Livaï doit faire affaire pour vendre sa nouvelle marchandise. Il essaie de convaincre la tenancière d'acheter quelques litres d'alcool fait maison.
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La fin de la semaine est arrivée. Je peux enfin me mettre sérieusement à ranger la maison de Akira. J’ai fait le tri dans ses affaires et j’ai décidé d’en garder la plupart pour diverses raisons mais le caractère sentimental des lieux à eu raison de moi et mon tri sélectif. J’aurais toujours le temps, dans les années futures, de refaire le vide. On verra bien. Pour le moment, c’est l’heure du ménage ! Ainsi, je me balade de pièce en pièce – heureusement qu’il n’y en a que deux ! - un plumeau à la main afin de dépoussiérer au maximum l’habitat. Je suis tellement prise dans l’exécution de ma tâche que je ne me rends même pas compte que je chantonne de plus en plus fort. C’est à l’arrivée de trois chauve-souris que je prends conscience de mon excès. Mes petites amies s’installent confortablement sur les poutres et me regardent à présent passer le balai sur le sol, leur tête à l’envers.

« Je ne pourrais pas rester les filles, ce soir ! » Leur annonçais-je.
« J’ai rendez-vous avec des camarades de l’École. »

Devant leur frimousse incrédule, je me sens obligée de rajouter : « Des Disciples des années supérieures nous ont donnés rendez-vous, à toute la classe, sur la place de Amestris. Ils voulaient qu’on sorte tous ensemble ce soir pour nouer des liens entre nous. Je n’avais pas prévu de venir… » Fais-je en haussant les épaules, toujours mon balai à la main. « Mais, je pense qu’étendre mon réseau ne peut pas me faire de mal. »

Je ramène tous les débris de poussières dans un seul gros tas. J’attrape, une petite pelle et une balayette et ramasse le tout que je vais jeter dans la petite poubelle de la cuisine.

« Et puis, je pense qu’il est temps que je me fasse des amis. »

Les chauve-souris me regardent, maintenant avec un air renfrogné.

« Des amis, autres que des chauve-souris » Suis-je alors obligée de rajouter. « J’apprécie votre présence le filles, mais ce n’est pas avec vous que je pourrais faire fructifier mes affaires futures. Mais ne vous inquiétez pas, vous resterez mes amies préférées. Les autres, ce sera seulement pour les affaires ! »

Je devrai passer la serpillière mais je suis déjà fatiguée et j’aimerai avoir encore un peu d’énergie pour cette soirée. Il est d’ailleurs bientôt l’heure du rendez-vous.

Je dis au revoir à mes amies, et sors de la maison. Je prend ensuite un raccourci pour arriver quelques minutes plus tard sur la place de la ville. Mes camarades sont presque tous arrivés. Je me dirige vers eux et me demande comment je vais bien amorcer la conversation. N’étant pas d’humeur très loquace habituellement, je n’ai pas tissé des liens très solides avec les autres Disciples, voire aucun lien du tout pour la plupart. Il y a bien Langtrost, un grand bonhomme boutonneux et Gauyl, une belle sorcière aux tresses brunes que je reconnais, mais ils sont très loin d'être mes écoliers préférés … Je scrute les figures des élèves, cherchant des yeux un visage amical. Pourquoi faut-il que ce soit toujours aussi compliqué ?

La chance n’ayant pas portée ses fruits, je me place à côté de Langtrost. Je n’ose même pas le regarder dans les yeux. Mais je sens son regard inquisiteur sur moi.

« Qu’est-ce que tu as prévu ce soir Toupe ? » Me lance-t-il. « Ne me dis pas que tu t’intéresse aux sorciers, autres que toi-même ? »

J’avoue que c’est de bonne guerre.

« Je viens juste voir si vous allez faire quelque chose qui sorte un peu de l’ordinaire, c’est tout. » Répondais-je. « Mais je n’ai pas beaucoup d’espoir, vu qui il y a ce soir ... » Finis-je en le regardant de haut en bas.

Il n’a pas le temps de répondre, qu’un Disciple plus âgé s’avance vers nous. Il est gigantesque ! Enfin, pour moi. Il a des cheveux longs et blonds qu’il a attachés avec un cardigan bleu-nuit. Il doit avoir seize ou dix-sept ans. Si j’étais plus grande, je pense qu’il me plairait, mais bon, j’ai bien d’autres projets plus importants que de m’amouracher de quelqu’un.

« Alors les punaises !! » Nous lance-t-il en ouvrant les bras vers l’assemblée. « Vous allez adorer ce qu’on a prévu pour vous ce soir ?  Allez, suivez-moi, mes petits géraniums ! »

Nous avançons donc à sa suite et le Disciple – Jérémy qu’il s’appelle – nous interpelle les uns après les autres, en nous affublant de surnoms tous plus ridicules les uns que les autres. Il a d’ailleurs eu l’audace de me prénommer « mon petit lapin » ! Non, mais c’est qui ce gars ? A y réfléchir, je ne pourrai pas le supporter longtemps celui-là.

Et puis où nous emmène-t-il d’ailleurs ? C’est sûr, il a perdu le peu de crédibilité que je lui avait accordé en l’apercevant plus tôt.

Cela fait au moins cinq bonnes minutes que nous marchons et la nuit commence à tomber. Nous nous enfonçons un peu plus dans la ville, et j’ai honte de me l’avouer mais je commence à avoir peur de ce qu’il se trame.

Tout à coup, nous débouchons sur une porte en bois où au-dessus vacille un panneau annonçant « Au Chaudron Écarlate ». Ainsi, nous nous rendons dans une taverne. Et si j’en crois les rumeurs de mes camarades, il s’agit d’une taverne assez réputée, rendant le lieu très fréquenté.

Jérémy ouvre la porte et entre dans la brasserie. Quelques Disciples le suivent également. D’autres attendent encore dehors afin de se concerter sur les risques que nous encourons si nous nous faisons prendre à errer dans une taverne, essayant de choper une pinte de quelque alcool proposé par le commerce. J’entends des « punitions terribles » et même des « prisons » mais je me dis qu’à part subir un sermon de nos Mages Noirs, je ne crois pas que cela ira plus loin – J’espère du moins éviter la prison … Je croise tout de même les doigts, par simple précaution.

Je décide de rentrer à mon tour.
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Mer 05 Déc 2018, 00:37


[IX - XVII] - On est là pour boire un coup | Livaï and co & Toupinou Assemb10

Dans les tréfonds des recoins poisseux du Chaudron écarlate, à l’abri des regards des curieux,  LivaI avait étalé sa marchandise. Son large sourire béat et ses yeux facétieux renvoyaient un état d’ébriété avancé à sa charmante interlocutrice qui agitait du bout des doigts la chope qui trônait en bout de table.

_ C’est parfaitement infect ! trancha t-elle dans un sourire qui se voulait honnête.

L’humain passa lentement sa main dans ses cheveux, le temps de trouver un argument, avant d’étirer ses lèvres dans un franc sourire.  

_ Tu as parfaitement raison Lavinia, mais ça se laisse boire et tu verras que ce n’est pas le seul avantage de ce surprenant nectar.

La femme se laissa doucement tomber sur le dossier de sa chaise. Elle avait étiré son bras face à lui pour se donner le temps de réfléchir. Tout ce qu’elle retenait de ces longues négociations dénuées de sens était le sourire de Livaï et son air faussement candide. Il avait du culot de venir ici, en territoire hostile et de lui présenter pareille mixture. Elle aurait pu facilement lui jouer de bien vilains tours, en faire un esclave ou même l’empailler, mais cette boisson brumeuse, amère et brûlante, consumait maintenant son jugement, la laissant quelque peu hésitante quant à son intention à son égard.

_ Le seul avantage que j’y vois serait son atout inflammable… ou bien… désinfectant. Nul doute que certains mages y trouverait un usage particulier… pour leurs latrines, finit-elle par pouffer.

Assis en bout de table, Bélor avait suivi le débat, l’air détaché. Bien qu’il trouvait cette boisson parfaitement impropre à la consommation, il n’était pas encore parvenu à décourager Livaï de son entêtante nouvelle lubie. Il l’encourageait, à tort ou à raison, espérant qu’il se rende compte par lui-même que cette entreprise était vouée à l’échec.

_ Et toi Bélor? Tu n’en bois pas? demanda finalement Lavinia en s’accoudant à la table.

Son petit air intéressé amusa le jeune homme aux mains teintées de gris, qu’il s’empressa de placer de la même manière que la tenancière dans un curieux jeu de miroir.

_ Je tiens à garder mes dents! souffla t-il dans un petit rictus.

Lavinia se recula contre le dossier de sa chaise tout en passant sa langue sur sa dentition. Elle s’était laissée convaincre d’en boire trois verres et il lui semblait déjà ressentir des effets plutôt inhabituels.
Penché au-dessus des verres, Livaï l’interpella en chuchotant.

_ C’est le deuxième effet surprise, annonça t-il en agitant son index sur un ton malicieux.

Décontenancée par cette nouvelle, Lavinia se raidit brusquement. Méfiante, elle s’empressa d’attraper l’humain par le col de sa chemise et de le ramener vers elle.

_ Donne-moi une seule bonne raison de ne pas te tuer sourire facile !!!!  Si tu essaies de m’empoisonner, je…
_ Du calme Lavinia,
pouffa t-il en glissant ses doigts sur les siens pour l’obliger à décrocher sa main de son haut. C’est que de l’alcool. Le premier effet te donne l’impression que ça brûle ta bouche, puis après le troisième verre tu es complètement anesthésiée.
_ Anesthésiée?
_ Parfaitement!
Confirma Livaï en levant un de ses sourcils. Tu pourrais manger n’importe quoi que tu n'en sentirais même pas le goût!
_ Je préfère ne pas dire ce que cet homme a mangé sous l’effet de cette boisson,
précisa Bélor en s’accoudant au dossier de sa chaise.
_ Monsieur fait le malin… mais monsieur est allé jusqu’au quatrième effet !!! rétorqua aussi sec Livaï en agitant de nouveau son index.

Lavinia assistait à cette conversation d’ivrognes sans en saisir vraiment le sens. Elle s’empressa de clarifier les données qui lui paraissaient de plus en plus troubles. Une main sur le front, la tenancière dévisageait d’un regard inquisiteur l’arrogant jeune homme au sourire indéfectible.

_ Quatrième… Il y a combien d’effets à ta gnôle surprise?

Avec une certaine fierté, Livaï se redressa sur sa chaise. Il se contenta de la regarder, ravi de la voir s’intéresser à son breuvage et reprit avec empressement.

_ Nous en avons dénombré cinq… Tous identiques sur les divers sujets qui ont bravement surmonté le premier effet.
_ Qui n’ont pas tout recraché à sa figure,
se moqua Belor dans un clin d’oeil.
_ Je vois… Cinq… Le goût infect qui brûle la bouche, l’anesthésie… et quoi d’autre?
_ Ce n’est pas une potion,
s’empressa de clarifier Belor. Je dis ça…

Lavinia éclata de rire si fort que certains clients se retournèrent vers la tablée cachée par l’obscurité des lanternes.
Les sourcils froncés, Livaï la dévisagea avant d’afficher de nouveau son sourire charmeur.

_ Des humains qui feraient de la magie… Sans te vexer Bélor… j’aime beaucoup tes petits tours de passe-passe et j’aime bien ton ami au sourire charmant, mais ça là… ça, je me doute que ce n’est pas une potion! Mais ce n’est pas non plus de l’alcool classique… C’est bien plus fort… Ça me rend…

Lavinia s’arrêta de parler en s’étonnant elle même de la confession qu’elle s’apprêtait à faire.

_ Ouais, ricana bêtement Livaï, c’est un des effets. Cette petite boisson est sans doute infâme mais son degré d’alcool est si élevé qu’un verre est l’équivalent d’une bouteille de ta meilleure cuvée. Ça ne met pas longtemps à agir… Pratique si tu veux rendre ivre quelqu’un, le désinhiber un peu, lui faire cracher le morceau…
_ D’ailleurs c’est le dernier effet ça… Tu craches le morceau.. Enfin tous les morceaux… dans le désordre
, précisa Bélor d’un large sourire… Et crois-moi, tu le sens passer. Ça brûle autant quand ça rentre que quand ça sort !

Les yeux écarquillés, Lavinia repoussa du bout des doigts la chope devant elle. Elle fit légèrement pencher sa tête sur le côté avant de sentir un frisson parcourir son corps. Il n’y avait pas grand chose qui pouvait faire peur à cette sorcière mais la simple idée que cette mixture passe par une extrémité de son corps dans des brûlures semblables aux flammes des enfers avait suffit à la dissuader de poursuivre la « dégustation ». Elle aurait pu démembrer les humains pour leur petit tour mais, passée cette première envie d’épancher la blessure de son orgueil dans un bain d’hémoglobine, elle sombra dans une profonde réflexion.
Bélor et Livaï se regardaient silencieusement, scrutant du coin de l’oeil la réaction de la tavernière qui tapait à présent ses ongles noirs sur la table.

_ Je vais t’en prendre une caisse, souffla t-elle contre toute attente. Je connais certains sorciers qui pourraient y trouver… leur compte. Je te tiendrai au courant. Acheva t-elle les négociations en se relevant. Tu sais… si tu rajoutais quelque chose… pour rendre moins brûlant ou amer cette boisson, cela passerait mieux! Ça me connaît les potions… Quand tu veux faire passer un poison, tu le caches avec quelque chose de plus doux… Du miel… Des fraises…

Livaï papillonna des paupières, la bouche légèrement ouverte avant de tirer un calepin d’une de ses poches.

_ C’est une idée de génie…
_ De sorcière!
précisa Lavinia en tapant son épaule. Bélor, cela ne change rien à notre accord. Tu pourras dire à ton père que je suis d’accord pour lui présenter mon fournisseur.

Bélor se redressa pour la saluer d’un bref hochement de tête, avant de frapper le pied de la chaise de Livaï pour l’obliger à faire de même.
Comme un diable sorti de sa boîte, il se mit debout en se penchant plusieurs fois en avant.

_ Votre obscure papesse noire! souffla t-il dans un large sourire.

Bélor le frappa derrière la tête, obligeant Livaï à le pousser du bras.

_ Quoi?
_ Tu veux pas lui baiser les pieds?

_ Vil flatteur, rigola Lavinia. Profitez de votre soirée… Si jamais ce truc ne me tue pas, je repasserai vous voir, Sinon, craignez mon courroux !!! termina t-elle en s’éclipsant.

Plutôt ravi, Livaï frotta ses mains longuement avant de reprendre ses annotations dans son calepin, sans mêmee s’occuper de son avertissement.

_ Tu es content, demanda Bélor en se laissant tomber sur sa chaise.
_ Bien sûr… Ma première vraie cliente… et une muse des plus intéressantes… Du miel… pourquoi pas…

Bélor secoua sa tête avant de reporter son attention vers une silhouette près du comptoir.

_ Ton frère a trouvé une occupation on dirait…
_ Ah?
reprit Livaï sans lever le nez de ses notes.
_ Une gamine qui doit avoir six ans…
_ Une quoi? Six ans?
s’étonna Livaï en cherchant son frère dans la foule.

Non loin derrière les épaules et les têtes des clients, la bouille de Loyd affichait ce même sourire familier qui ne pouvait mentir sur les liens qui unissaient les deux humains.
Les mains chargées de trois chopes de bière, Loyd venait tout bonnement de manquer de les renverser sur une jeune fille.

_ Désolé, s’excusa t-il dans un regard espiègle. Je ne t’avais pas vu…

Non loin de s’offusquer de trouver une enfant en ces lieux, il se contenta de reprendre le plus innocemment du monde.

_ Tu es une sorcière?

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Ven 07 Déc 2018, 19:09


Le bois de la porte est froid et dur lorsque je la pousse. Je débouche alors sur un énorme vacarme. Le bruit est tel que je n’arrive pas à y discerner un moindre mot qui soit cohérent. Je parcours des yeux l’intérieur de la taverne afin d’y retrouver les étudiants avec lesquels je suis supposée passer la soirée.

Le bar est bondé. Devant moi, il y a plusieurs groupes tous plus bruyants les uns que les autres. A droite, à gauche, il y a des hommes et des femmes qui discutent, rient, boivent ou jouent à des jeux de hasard. Lorsque je passe à côté d'eux, je ne peux m’empêcher de les regarder de plus près, m’imaginant les raisons de leur visite dans ce lieu.

Cet homme-là, blond, la quarantaine, l’œil vitreux qui boit un énième verre, pourquoi est-il ici ? Je vois une petite dizaine de minuscules verres vides devant lui. Il semble perdu dans ses pensées. A quoi pense-t-il ? Réfléchit-il à sa vie ? A ces erreurs ? Ou pense-t-il simplement au moment où il franchira le seuil de sa maison pour rejoindre sa famille ? A-t-il seulement une famille ? Une femme ? Des enfants ? Mon avis est qu’il doit être seul. Peut-être s’agit-il d’un fugitif, prenant un dernier verre avant de s’enfuir dans la nuit pour se perdre dans les marais et sauver sa vie ?

Et cette femme-ci ? Une rouquine, d’une vingtaine d’année. Que fait-elle ici ? Elle est attablée avec quatre autres hommes. Ils jouent ensemble à un jeux de carte. Elle semble gagner en raison de l'air rayonnant qu'elle possède. N’a-t-elle pas peur ? Peur que ces hommes se révoltent contre elle ? Ou même peur de croiser l’Empereur Noir ? Si je portais une telle couleur de cheveux, je n’oserais même pas sortir dehors ! D’ailleurs, j’aurais déjà trouvé un sort - ou n'importe quoi d'autre - pour retirer cette affreuse couleur.

A ma gauche, j’observe un homme, qui ronfle assis à côté du feu. Celui-là n’a pas peur de se faire vider les poches. Ou alors était-il trop épuisé pour penser à ce genre de choses en entrant dans la taverne ? Peut-être vient-il d’arriver d’une longue traversée maritime où il a dû combattre des pirates ou même des monstres marins ! Si ça se trouve, j’ai devant moi un héros, dont les éloges ont traversés les continents ! Est-ce que cela ne serait-il pas magnifique ?

Et ces gens-là ? Des amis, je présume, en les voyant rire à gorge déployée. Et c’est deux-là ? On dirait qu’ils sont bien éméchés. Ils boivent avec une dame. La tenancière je dirais, si j’en crois les serveuses qui viennent demander leurs instructions de temps en temps. Devant eux, sont étalés toutes sortes de bouteilles. Des marchands d’alcool, sûrement.

Je tourne le regard et voit dans l’arrière salle le groupe le plus sonore de la taverne. Oui, pas de doute, ce sont bien les étudiants et Jérémy se trouve au centre de la petite assemblée, composée d’une vingtaine de têtes tout de même. Je prend mon courage à deux mains et j’avance vers eux.

A peine suis-je arrivée à leur niveau que Jérémy ne peut se retenir d’acclamer : « La petite hirondelle est venue, les gars ! »

J’ai le cœur au bord des lèvres. Me voilà au centre de l’attention générale. Plus discret, ce n’est pas possible.

« Bon, on va pas attendre les autres froussards qui attendent encore dehors que leur mère vienne leur tenir la main. On va commencer tout de suite. »

A ces mots, le groupe devient silencieux comme si quelqu’un leur avait jeter un sort de mutisme. Tout comme eux, pas un son ne sort de ma bouche. Nous sommes tous en attente des prochains mots de Jérémy, notre maître de cérémonie.

« Ce soir, les nouveaux, vous allez faire partie de notre confrérie. Une fois votre test réussi, vous serez des nôtres jusqu'à la fin de votre vie. Si vous échouez … et bien ... »

Jérémy se passe le pousse sur la gorge en traçant une ligne horizontale.

Non mais c’est une blague ? Je voulais juste me faire des contacts moi ? Pff. Je suis sûre que tout ça, ce n’est que de l’esbroufe. Comme si des étudiants tuaient d’autres étudiants. Ça se saurait non ? Et puis, si cela avait un jour existé, des autorités auraient fait arrêter ce genre de événements, hein ? Non ? Je suis sûre que c'est encore ce Jérémy qui ne sait pas faire dans la modération … Hein ?

« Les nouveaux, au centre » ordonne Jérémy.

Cette fois, c’est sûr. Je ne l’aime pas du tout celui-là.

Avec moi, nous somme quatre à s’avancer. Il y a Gauyl, Langtrost et une autre fille dont j’ai oublié le nom – un truc du genre Epine ou Eglantine. Aucun de nous n’en mène large.

« Vous aurez, chacun un mission différente. » continue Jérémy. « Vous aurez la soirée pour la réaliser. Évidemment, le plus tôt vous la réalisez, et moins vous aurez de pénalités. »

« Des pénalités ? » fait Gauyl.

« Ouais, on reviendra sur ce point, plus tard … Allez, on leur donne les papiers. »

Une grande fille brune, les cheveux filasses, s’approche de nous et nous tend une petite bourse en tissu où nous y tirons chacun un papier.

Par les Dieux, qu’est-ce que je vais bien devoir faire ? Je sens la peur qui commence à s’immiscer en moi, tendant les muscles de mes doigts. Je dois m’y prendre à plusieurs fois avant de réussir à ouvrir mon papier pour y lire … le néant. Mon morceau de papier est vide, sans aucun écriture dessus. Puis tout à coup, des lignes noires s’affichent doucement en s’entrelaçant et formant des mots puis une phrase : Ramener de l’alcool.

Quoi ? C’est tout ? Je m’attendais à tellement … tellement pire !

Soulagée, je relève les yeux et essaie de voir ce que les autres doivent faire. Mais déjà, chacun est parti de son côté.

« T’es à la bourre, mon croissant ! »

Je vais lui en faire bouffer des croissants, moi, jusqu'à ce qu'il s'étouffe avec !

Je me dirige vers le bar. Il y a au moins une dizaine de personnes autour. Difficile de l’atteindre. J’essaie de jouer des coudes, mais je n’avance que de quelques centimètres. Bon, plan B.

Je vois la tenancière qui est revenue derrière le bar. Elle a dû terminer ses affaires avec les deux autres. J’essaie alors d’attirer son attention, mais je suis trop petite par rapport aux autres clients qui m’englobent. Et puis, je me dis qu’il ne serait peut-être pas judicieux de faire appel à la tenancière : parce que je n’ai pas assez d’argent sur moi pour ne serait-ce qu’acheter un verre de jus de fruit et parce que cela m’étonnerait grandement que la tenancière me serve une boisson alcoolisée, à moi !

Il va donc falloir que je trouve une autre solution. Je me demande où en sont les autres ? Ont-il déjà fini ? Si c’est le cas, qu’est-ce que j’aurais comme pénalités ? Est-ce qu’il vont me faire du mal ? Me tuer ? Me couper un bras ? Un doigt ? Ma langue ? Oh mes Dieux ! Est-ce qu’ils vont faire de moi leur pantin ? Me maudire, ainsi que toutes les générations après moi ?

Je suis tellement absorbée dans ces pensées lugubres que je ne vois pas le garçon qui me bouscule. Je manque de tomber, mais me rattrape de justesse. C’est un adolescent qui portent trois chopes de bière dans ses mains. Il a les cheveux châtains et porte un regard espiègle au-dessus d’un sourire éclatant. Après s’être excusé, il me demande si je suis une sorcière. Ce qui laisserait donc supposer que, lui, n’est pas d’ici. Si ce n’est pas un sorcier alors qui est-ce ? J’essaie de deviner, mais aucun de ses traits ne me permet d’identifier sa race.

Je réalise que c’est la première fois que je croise quelqu’un d’une autre race que la mienne ici à Amestris ! Qu’est-ce que c’est excitant !  Je me demande ce qu’il vient faire ici ? Il est jeune et déjà il parcourt le monde ! Qu’est-ce qu’il est chanceux ! Peut-être a-t-il déjà vu plusieurs villes, peut-être même plusieurs continents ? Il a sûrement des tas d’histoire incroyables à raconter ? Est-ce qu’il voudrait me les raconter ? Est-ce qu’il …

Il a de l’alcool dans les mains ! Je dois en ramener à mon groupe d’étudiants ! Sur le papier, il n’y avait rien d’écrit sur la manière de procéder. Si je m’arrange pour que le garçon vienne avec moi au milieu du cercle, ça sera bon ! J’aurais réussi ma mission !

Je réalise alors que le jeune homme attend toujours une réponse de ma part, moi qui est toujours les yeux rivés sur ses bras chargés.

« Une sorcière ? » je lui demande. « Oui, je suis une sorcière. Et si tu veux, je connais pleins d’autres sorciers qui seraient trop contents de parler avec toi. Ils sont là-bas. » je fais en pointant du doigt mon groupe de sorciers. « Tu veux venir avec nous ? Juste quelques minutes ? »
1517 mots.
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Ven 14 Déc 2018, 23:37


Accoudé à la table, Bélor suivait des yeux la silhouette de Loyd.
A peine visible derrière les épaules des clients amassés autour du comptoir, le gamin semblait pourtant se débrouiller plutôt bien sans leur aide. Son visage goguenard lui renvoyait une image qu’il connaissait bien. Tantôt fièrement affiché, parfois dissimulé ou bien étiré sur un côté, son sourire n’avait rien à envier à celui de Livaï. C’était un simple trait physique, un détail dans leur anatomie, et pourtant personne ne pouvait l’ignorer lorsqu’il se retrouvait face à eux. Comme une pustule au milieu du nez ou une cicatrice entaillant la longueur d’une joue, les Grímr le maniaient comme une arme redoutable, lui conférant mille et une nuances, plus évocatrices encore que les paroles qu’ils pouvaient échanger avec leurs interlocuteurs.  Qui pouvait dire avec exactitude ce qui se cachait derrière l’outrageante extension de leur zygomatiques ? Bélor avait toujours su que ces deux là partageaient cette même passion pour les eaux troubles. Ce qui leur plaisait n’était pas forcément de nager à contre-courant, ni même de se laisser porter par celui-ci, non, leur plaisir était tout autre ; Les Grímr aimaient sentir cette force qui portait toute chose en ce monde et dans une incompréhensible volonté qui échappait encore à la raison de Belor, ils les voyaient jouer innocemment au mépris du danger.

_ Un vrai petite anguille, soupira Belor dans une certaine hilarité.

Les bras croisés, Livaï observait lui aussi la scène. Sa petite moue revêche et son regard noir laissaient paraître une certaine inquiétude, pourtant Livaï n’était pas vraiment du genre à se tourmenter pour une simple altercation. Son frère avait pour habitude d’accoster bon nombre de personnes depuis son réveil de la grande Pyramide. Il ne se lassait pas de s’enquérir des nouvelles du monde, se gorgeant, à chacune des étapes de leurs périples, de toutes sortes de rencontres, faisant preuve le plus souvent d’une déconcertante innocence concernant un potentiel danger.

_ Cet enfant est stupide …
_ Vraiment ?
pouffa Bélor en mettant le nez dans sa chopine.

Il avala plusieurs gorgées avant de manquer de tout recracher en entendant la réponse de Livaï.

_ Il n’a aucune conscience du danger …
_ Et ça ne te rappelle pas quelqu’un? souffla Belor indigné.
_ Que fera t-il s'il se retrouve à l’état d’esclave ? Il n’a jamais connu la captivité.
_ Je ne sais pas ce qui est le plus inquiétant … Te voir étrangement sérieux ou bien cette manie que tu as de trop vouloir interférer dans ses affaires. Tu n’aurais pas aimé cela ! Laisse-le donc expérimenter
.
_ Il est tout ce qui me reste …

Livaï avait soufflé ces mots d’une telle manière que Bélor ne trouva rien à redire. L’ambiance festive était retombée de leur côté, mais pour Loyd elle battait encore à un rythme enivrant, emplissant ses veines, à chaque seconde un peu plus, d’une folle envie de se gorger des présents que la vie lui offrait.


Devant le comptoir Loyd dévisageait la petite blonde avec un intérêt grandissant. Il avait suivi du regard la direction que la jeune fille avait indiquée du doigt, avant de se concentrer sur elle. Il la sondait silencieusement d’un regard presque perçant, lui laissant pour seul indice du contenu de ses pensées, cet indéfectible sourire qui n’en finissait plus de grandir.
Le jeune humain finit par reprendre la parole tandis que son attention se reportait vers la tablée bruyante.

_ Vraiment ? Quelques minutes …?

Il avait remarqué le petit groupe un peu plus tôt, alors qu’il s’ennuyait mortellement aux côtés de son frère qui vantait les mérites de son infâme gnôle. Bien qu’il avait eu le temps de dévisager chaque membre de la joyeuse tablée, il s’étonnait d’avoir manqué le visage blafard de la petite blonde. Elle devait être bien cachée ou bien était-elle apparue par enchantement sans qu’il ne la remarque. Après tout elle était douée de magie, un bien mystérieux don de la nature qu'il ne se lassait pas d’étudier.
Loyd leva juste assez ses bras pour frôler le bout de son nez avec le dessus de sa main. Ce n’était pas une simple démangeaison qui avait éveillé son flair endormi, mais la sensation étrange qu’il était aux frontières d’un monde dont il ignorait les règles et dans lequel il valait mieux se montrer prudent.
Sans même s'en rendre compte son regard s’était porté vers le bout de la salle, vers cette silhouette qu’il n’avait pas envie de voir débarquer et vers laquelle pourtant inconsciemment il se tournait à l’évocation d’un éventuel danger.

Livaï plissa ses yeux en croisant le regard de son frère. Un peu plus raide sur sa chaise il crispa ses doigts autour de son verre avant de le voir s’arrêter devant la tablée de sorciers.

_ Ce gosse est en train de me tester, grimaça Livaï en s’adressant froidement à Belor.
_ Miroir-miroir, chanta l’humain à ses côtés. Laisse-le donc se démerder … Au pire nous interviendrons.


Statufié aux côtés de la petite blonde Loyd fixait à présent sa bouille angélique avec intérêt.

_ A une condition, énonça t-il dans un large sourire.

Ses yeux se mirent à pétiller de malice avant qu'il ne se penche vers elle pour mieux lui chuchoter à l’oreille

_ Je veux tout savoir de votre monde ! Tu me racontes et je te suis à la table de tes amis !

Dans une extension outrancière de ses lèvres, Loyd se redressa face au visage de son interlocutrice. Il joua de ses sourcils dans une série de mimiques destinées à faire disparaitre le sérieux de sa proposition, avant de souffler innocemment.

_ Marché conclu ?

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Jeu 20 Déc 2018, 19:42


Le regard perçant du jeune homme me met légèrement mal à l’aise. C’est comme s’il avait une longueur d’avance sur moi et mes intentions. Vraiment déplaisant. En même temps … intrigant.

« Vraiment ? Quelques minutes … ? » je l’entends me demander en guise de réponse.

Je suppose qu’il a l’air intéressé et je suis on-ne-peut-plus fière de moi d’avoir choisi la bonne cible. En plus, le voilà qui se dirige vers notre tablée ! Que diraient mes professeurs s’ils étaient ici ? Me féliciteraient-il ? Ou me diraient-ils que je peux toujours m’améliorer ?

Mon engouement légèrement redescendu, je détaille le garçon qui vient de s’arrêter sur sa lancée. Il est brun et immense. Je dois carrément me dévisser le cou pour bien le regarder. Il arbore sous ses airs juvéniles un sourire énigmatique dont je ne sais quelle histoire est cachée derrière. Je le vois se frotter le nez avec le paume de sa main et détourner les yeux vers un coin de la taverne. Je suis alors son regard et tombe sur un renfoncement sombre où sont attablés deux hommes, aussi grands que le garçon, si ce n’est plus. Ils sont l’air cependant plus âgés et les frôler du regard me fait frissonner. Je dois avouer qu’ils ne font un peu peur. Moi qui pensait avoir trouver une cible facile, voilà que je me retrouve au milieu de trois grands gaillards. Si j’emmène le premier au centre de mon groupe de sorciers, je suis prête à parier que les deux autres vont rappliquer et seule la puissance Ethelba sait ce que cela occasionnera…

Je ne sais pas si c’est le fait qu’ils soient cachés dans l’ombre, mais les deux géants n’ont pas l’air très commodes. Si cela se trouve ce sont des tueurs de sorciers ! Et me voilà qui me dirige droit vers leur gueules ouvertes. Je n’avais pas prévu que cela soit moi la cible ce soir …

Bon,  maintenant, qu’est-ce que je fais?

Alors que je suis en pleine réflexion sur la suite des évènements, le jeune brun déclare : « A une condition. »

Et voilà ! Je peux dire adieu à mon alcool … Pourquoi a-t-il changé d’avis ? Il était si bien parti ! Mince !

Je le regarde dans les yeux et leur éclat ne me dit rien qui vaille. Je ne sais pas encore dans quoi je me suis embarquée mais je commence presque à regretter mon choix. J’aurais peut-être dû tenter ma chance avec la tenancière en fin de compte ?

Sans prévenir, le garçon se penche vers à moi, et s'arrête à quelques centimètres de mon oreille. Involontairement, je sens tous mes muscles se crisper. J’attends que le coup tombe, mais je n’entends que ces quelques mots du jeune homme : « Je veux tout savoir de votre monde ! Tu me racontes et je te suis à la table de tes amis ! ». Il s’éloigne alors de moi et je me remets à respirer. Je n’ai pas l’habitude qu’une personne soit si proche de ma peau … sans bien sûr avoir un funeste dessein à mon propos, comme c’est généralement le cas lors de nos cours de pratique à l’école.

J’attends que les battements de mon cœur retrouvent un semblant de régularité avant de lui répondre. Seulement je ne sais pas quoi lui dire. J’avais juste besoin de ses verres au début, et me voilà en train de marchander des secrets de ma race… Je lève les yeux vers lui en recherche d’inspiration et je le vois jouer avec ses sourcils. Légèrement impressionnée par le nombres de cascades qu’il arrive à réaliser avec eux, je me demande tout de même s’il cherche à me dire quelque chose avec. S’agit-il d’un langage secret que seuls les gens de sa race comprennent ? Ou peut-être est-il simplement malade ?

Je suis face à un dilemme. Dois-je ou non aller dans son sens ? J’aurais dû rester avec mes chauve-souris … Elles ne me mettent pas dans ces situations, elles. C’est toujours plus facile avec elles, à vrai dire. Pas besoin de faire semblant. Elles savent, sans que j’ai besoin de prononcer le moindre mot, ce qu’il y a dans ma tête, ce qui est beaucoup plus pratique. Ce n’est qu’avec les personnes qu’il faut s’obliger à parler pour essayer de se faire comprendre … Ah, si j’étais une chauve-souris … Ou si je n’avais pas ces problèmes de communication, ça irait beaucoup mieux, c’est certain !

Tout cela ne m’aide pas vraiment à faire mon choix… Mais je ne vois pas comment faire pour lui extirper ses verres sans alerter les deux gaillards qui nous observent, comme s’ils attendaient un faux pas de ma part… J’imagine que je peux bien lui dire un ou deux petits détails sur notre façon de vivre. Peut-être même qu’il me donnera aussi des informations sur lui, sa race, sa manière de vivre – est-ce qu’il tue des sorciers pour vivre ??

« Il y a beaucoup trop des choses à dire pour que j’arrive à tout t’expliquer en une soirée ! Et même si ce n’était pas ce que j’avais prévu en arrivant ici, je peux peut-être t’apprendre quelques petites choses.» fais-je me laissant gagner par la curiosité. « Seulement, j’ai un problème, et je pense que toi seul peut m’aider. »

En effet, je ne peux pas oublier mon défi. Quelque chose me dit que les petits papiers de tout à l’heure étaient ensorcelés. Ainsi, je ne souhaite pas prendre le risque de devoir subir une stupide malédiction à cause d’un abandon.

De tout mon être, j’essaie de l’amadouer un peu plus. Pour cela, je prends une attitude plus vulnérable, ce qui est assez facile avec mon petit corps maigrelet. Je croise les doigts pour que mes airs de poupées aient raison de lui.

« Tu vois, en entrant ici, on m’a donné pour mission de rapporter de l’alcool à mes pairs, qui sont là-bas. » énonçais-je en désignant du menton mes camarades. « Je sais que c’est un jeu stupide, mais tu apprendras bien assez tôt, si restes dans le coin quelques temps, qu’il ne faut jamais jouer avec des sorciers si tu n’as pas l’intention d’aller jusqu’au bout … »

J’arbore à présent un air grave, qui j’espère est assez convaincant pour qu’il me suive dans ma folie.

« Et comme tu peux le constater, ce n’est pas à moi qu’on permettra de commander à boire ici – même chez les sorciers. »  je reprends. « Tout ça pour dire, que, peut-être, tu accepterais de m’aider … Et une fois que j’aurais ramené l’alcool, je ferais en sorte de m’éclipser de mon groupe et je te dirais ce que tu veux savoir. J’ai moi-même quelques questions … Mais je pense qu’il ne faut pas qu’on nous entende discuter de ça. Je risquerais d’avoir vraiment de gros ennuis … voire pire ! »

Je fais une pause théâtrale : ce n’est pas que je lui ai raconté des mensonges, mais il faut vraiment qu’il comprenne la gravité de la situation. Je n’ai pas envie d’être maudite à cause d’un stupide défi étudiant !

« Alors tu veux bien m’aider ? »

Je croise les doigts pour qu’il veuille bien me tendre la main. Après tout, il aura ce qu’il désire. Et moi aussi. Tout le monde sera gagnant !

J’espère juste que ce n’est vraiment pas un tueur de sorciers !
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Mer 02 Jan 2019, 23:08


Un brin bougon, Loyd s’était redressé dans un regard sombre. La jeune fille semblait osciller entre hésitation et méfiance, le laissant légèrement interloqué. Il se demandait à présent si il n’était pas allé un peu loin en provocation. Alors qu’il réfléchissait à un moyen de changer cette situation devenue déplaisante en quelque chose d’un peu moins formel, elle reprit brusquement la parole dans une inattendue confession.
Décontenancé par cette réponse juste en raisonnement, Loyd roula des yeux avant de soupirer nerveusement.

_ Ne t’inquiète pas je…

Il ravisa ses paroles en l’entendant poursuive à l’évocation d’un problème. Il écouta assidûment la suite de son long monologue et suivit des yeux la direction qu’elle lui montrait en étayant ses propos de détails éloquents. Le jeune humain comprenait très bien ce qu’était l’intimidation et son interlocutrice avait beau être une sorcière, une créature dépeinte le plus communément comme un être vile et fourbe, il ne pu se résigner à ne pas prendre en considération sa détresse. Il y avait chez elle, cette pointe de candeur, ce petit quelque chose qui le laissait penser qu’elle pouvait très bien être la parfaite victime de ses détestables pairs qui avait jugé bon de l’envoyer au charbon dans le seul but de lui nuire. C’était tout ce qu’il fallait à l’incorrigible défenseur d’opprimés qu’il était pour se complaire dans l’idée, qu’il était à présent son sauveur.
Bien loin d’être totalement aveuglé par l’innocence de son joli faciès et l’abondance de mésaventure dont elle semblait être la victime, il ravisa son air renfrogné pour un large sourire qu’il s’empressa détendre jusqu’à la naissance de ses oreilles.

_ Je comprends, avoua t-il sur un ton affable. Dans ce cas… Il ne nous reste plus qu’à t’acquitter de ta dette! Mieux vaux ne pas les faire attendre… Plus vite nous en aurons terminé, plus vite tu me parleras de toi!

Il avait ponctué sa tirade d’un clin d’oeil, un simple geste qui en disait long sur sa bonne volonté.

A l’opposé de la grande salle baignée d’une certaine clarté, Livaï observait la scène tapis dans l’ombre. Sa bouche se déforma dans une infâme grimace, tandis que le poids de son corps l’entrainait à s’affaler toujours plus contre le dossier de sa chaise.

_ Je suis certain qu’elle est en train de le baratiner, maugréa t-il en croisant les bras.

Accoudé à la table, Bélor jouait de ses doigts sur la pointe de son menton, non sans afficher une certaine inquiétude à l’égare de Loyd. Cet enfant était fait du même bois que son ami et par la force des choses se retrouvait tout aussi aisément dans d’improbable situation.

_ Ce n’est qu’une enfant… Tu veux vraiment intervenir? Demanda t-il finalement en lorgnant du coin de l’oeil le visage anguleux de son ami.
_ Je vais surtout le laisser se foutre dedans jusqu’au cou et attendre qu’il cri à l’aide pour lui asséner un bon « je te l’avais dit »… Bon sang, ce gosse n’a rien dans la tête. Il devrait se méfier des femmes… Même jeunes, elles sont redoutables…

Après un bref étonnement qui souleva un de ses sourcils, Bélor explosa de rire.

_ Il faudra un jour que tu me racontes comment t’es venu ce semblant de défiance envers le sexe opposé, c’est assez troublant je dois dire.
_ Oui, oui… Grommela t-il tout en suivant des yeux la progression de son frère dans la foule.

Loyd était arrivé devant la table des joyeux sorciers. Sans qu’ils ne prête attention à sa présence et celle de sa nouvelle complice, ce petit laps de temps, lui avait permis de les observer badiner allègrement entre eux, dans un déballage de rires et blagues qui n’était pas désagréable à regarder. Cela lui donnait même l’envie de participer et de voir où tout cela pouvait mener cette rencontre. Après tout, ils étaient des adolescents tout comme lui, à un détail prés peut-être. Une broutille qui pouvait s’annoncer comme un cheveux dans la soupe auprès de ces si attrayants hôtes; Il était humain et possédé de surcroit un petit inconvénient majeur, l’anti-magie.
Dans un long soupir, qu'il étouffa en baissant sa tête, Loyd redressa sa posture. Son regard croisa celui de la petite blonde avant qu'il ne se penche à son oreille pour lui chuchoter:

_ C'est à toi de jouer maintenant!

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Sam 05 Jan 2019, 14:11


Quand je comprends qu’il veut bien me suivre dans ma folie, je suis ravie. Il m’est même difficile de cacher un sourire sincère. Décidément, cette soirée est truffée d’évènements qui me sont inédits.

Lorsque je croise son regard, le jeune homme me fait un clin d’œil, ce qui me laisse perplexe. Je n’ai pas l’habitude d’autant de démonstrations amicales. Ce n’est pas à l’école que j’arrive à me lier aux autres, et Akira n’était pas, non plus, du genre à être très expressive. Ne sachant donc pas comment réagir, j’essaie de lui rendre son geste un peu maladroitement. Je ne sais pas ce que veut dire ce genre de clin d’œil mais je suppose que cela devrait suffire.

Nous nous dirigeons donc vers la tablée des mes camarades sorciers. J’ai une boule au creux de mon ventre et je me demande comment vont réagir les plus anciens me voyant accompagner d’un humain – possiblement chasseur de sorcier !

Peut-être vont-ils se  liguer contre nous deux ? Vont-ils nous maudire tous les deux ? Nous lancer des sorts mortels ? Et alors, comment réagirais-je ?  Est-ce que j’essaierais de sauver ma peau ? La sienne aussi ? Ou le laisserais-je se débrouiller seul ? Est-ce que son Anti-magie serait suffisant ? M’en voudrait-il ? Deviendra-t-il alors mon ennemi ?

Au milieu de toutes ces questions silencieuses, je me rends compte alors que j’aimerais acquérir son amitié afin d’avoir – enfin – un ami sur qui compter. C’est vrai que je ne le connais pas depuis longtemps … mais il a accepté de m’aider sans vraiment se demander dans quel pétrin il allait se mettre. A part Akira – et peut-être aussi le Mage Noir Alarik – jamais un inconnu n’avait été aussi prévenant avec moi.

Je le regarde alors et je l’entends me dire que c’est à moi de jouer. Mais je ne sais vraiment pas quoi faire.


« Tu devrais rester ici. » je lui dis. « Je n’en ai pas pour longtemps. » En tout cas je l’espère.

Je n’ai toujours aucune idée de ce que je dois faire maintenant. Mais l’idée que mon ami inconnu soit en sécurité me redonne un peu de courage. Est-ce que je devrais assommer Jérémy avec les pintes d’alcool et partir en courant ? Aurais-je le temps de m’éclipser assez rapidement avant que les autres ne réagissent ? Peut-être pas. Quoiqu’il en soit, avant de me diriger vers Jérémy, je demande les pintes à mon nouvel ami.

Une fois les verres entre mes mains, je me dirige doucement vers le sorcier. J’ai les mains qui tremblent. Un peu de liquide alcoolisé s’échappe des récipients et glisse sur mes doigts. Je pose ensuite les verres devant Jérémy et essuie mes mains sur mon pantalon noir. Je vois le sorcier qui regarde les verres puis mon visage. J’ai l’impression que le temps est suspendu. J’attends sa sentence. Je m’imagine le pire. Que va-t-il me faire ?

Puis soudain, il émet un grand éclat de rire. Je ne m’y attendais tellement pas que le son me vrille les tympans et me fait sursauter. Il prend une des verres à plein main et boit le contenu en deux ou trois longues gorgées. Une fois son verre fini, je vois des traces d’alcool laissés sur les commissures de ces lèvres.

« Vas-y mon p’tit lapin ! Prends en une ! Tu l’as bien méritée ! » s’exclame-t-il alors.

Interdite, je ne sais pas quoi faire. Je me retourne et cherche du regard mon ami humain, mais à travers la foule, je n’arrive pas à le trouver.

« Tu es la deuxième à avoir réussi ton gage ! Les autres sont encore en train de chercher. » ricane-t-il. « Ils ne savent pas encore ce que je leur réserve … mais toi, tu as réussi ! Ce qui veut dire que tu es l’une des nôtres ! »

Il plaque une lourde main sur mon épaule. Sous l’impact, mes genoux vacillent, et tout à coup, je sens comme une vague d’eau glacée qui parcourt mon corps de haut en bas, puis disparaît aussi soudainement qu’elle était apparue. Je suppose que c’est le sort qui me liait au pari qui se brise. Soulagée, je laisse échapper un petit rire niais. Ce n’était pas si terrible au final !

Jérémy me lâche l’épaule et se désintéresse totalement de mon sort. J’en profite alors pour retourner à l’endroit où j’ai laissé mon jeune ami. Je suppose que je peux payer ma dette maintenant pour le remercier. Je me demande ce qu’il veut savoir ?

Sur ma route, je remarque de nouveau les deux humains que mon ami regardait plus tôt. Ils ne nous ont pas lâchés des yeux depuis tout à l’heure. Ou peut-être qu’ils ne regardaient que moi. J’essaie de repousser l’image qui harcèle mon crâne depuis que j’ai percuté le jeune homme : celle où je finis encerclée par ces trois hommes, prêts à me tuer. Il faudra que je sache une bonne fois pour toutes s’ils sont ou non des tueurs de sorciers ! Sinon je vais devenir folle !
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Lun 07 Jan 2019, 23:28


Loyd s’était assis près de la cheminée. Il n’avait pas quitté des yeux la petite blondinette affairée avec ses pairs. Nul doute qu’en cas de représailles douteuses il serait intervenu, mais pour l’heure, il lui semblait qu’elle menait plutôt bien sa barque, notamment avec celui qui paraissait être le chef de cette farandole d’agitateurs.
Il réajusta sa posture avec empressement, en la voyant se détourner des sorciers et s’avancer vers lui. Il avait, bien involontairement, suivi son regard en direction de la tablée d’où son frère et Bélor les observaient et il s’était figé sans trop savoir pourquoi. Ce fut lorsque ses yeux entrèrent en contact avec le sombre reflet des prunelles de son frère, dans un jeu de miroir un peu trop familier, que Loyd sentit ses tripes se retourner. Cette agaçante surveillance dont il faisait l’objet commençait à devenir pesante. Le jeune humain n’était pas habitué à tant d’attention, et surtout après des années d’errance en solitaire, à devoir rendre des comptes. Dans un élan peut-être un peu trop leste, Loyd attrapa fermement le poignet de sa nouvelle amie pour l’obliger à s’assoir à ses côtés. Les sourcils froncés, il fixait à présent l’injurieux regard fraternel sur un air de défi.

_ Ne fais pas attention à mon frère, insista t-il avec un peu trop de conviction.

Il ravisa son approche en libérant la blondinette de l’étau oppressant de ses phalanges et passa longuement sa main derrière sa nuque en cherchant une explication à lui donner.

_ Il est toujours sur mon dos … Et ce soir je n’ai pas envie qu’il s’implique dans mes affaires, avoua t-il en soupirant.

Le feu revigorait ses membres tendus par ses propos acerbes. Le ton qu’il avait employé et ses gestes irréfléchis avaient pu paraître hostiles, pourtant il n’en était rien. Lloyd vacillait entre deux états aux extrêmes opposés, dans un embarras plus que visible qui n’en finissait plus de tordre ses lèvres dans de petites grimaces. Il hésitait encore entre se confier ou jouer les parfaits idiots pour éviter le sujet. C’était suffisamment embarrassant pour qu’il se mette à sourire nerveusement.

_ Je ne me suis pas présenté, finit-il par conclure en la toisant d’un petit regard de côté.

Son sourire débonnaire s’étira un peu plus sur ses lèvres, alors que, d’un geste de la main, il tournait ses bracelets sur ses poignets dans un semblant de désinvolture.

_ Je m’appelle Loyd, je viens d’Uto … de Qaixopia ! Je suis donc humain … Autant que tu le saches …

Le regard de Loyd se perdit un instant dans la lueur des flammes du foyer qui crépitaient devant eux, avant de joindre ses mains l’une contre l’autre en les frictionnant vigoureusement. Le petit humain cherchait un réconfort dans cet aveu spontané qu’il venait de faire bien involontairement. Il n’ignorait pas le sort réservé aux humains dans cette terrible contrée. S'il avait entendu parler des histoires sordides contées autour des feux pour effrayer les enfants, il ne pouvait que s’imaginer ce qu’étaient la version narrée par les sorciers …
Sans un mot de plus Loyd souffla sur ses doigts. Ses pensées le faisaient à présent frissonner dans l’affligeant constat qu’il ne savait pas tenir sa langue. Il espérait au fond de lui qu’elle n’était pas aussi détestable que le portrait de ses terribles pairs et qu’elle ne lui tiendrait pas rigueur de cette maladresse. 

A l’autre bout de la salle, Livaï s’impatientait. Depuis que Loyd avait subtilisé à son regard la petite blonde, son instinct s’agitait dans un tumultueux mauvais présage.
Bélor soupira en posant sa main sur l’épaule de son ami.

_ Sans audace, le monde serait rempli d’infranchissables clivages. Laisse agir Loyd à sa guise … Ce n’était pas ce que tu prônais comme devise il n’y a pas si longtemps encore ?
_ Certes … reconnut Livaï dans un grincement de dents, en portant son verre à ses lèvres.

Bélor leva un sourcil dubitatif. Il observa son ami avaler des goulées du breuvage avant de secouer la tête.

_ Tu bois encore cette horreur ? Chercherais-tu à te punir ?
Livaï recracha la boisson, dans un curieux spectacle qui attira les regards des plus curieux, avant que d’un revers du bras, il ne tente d’essuyer la brûlure qui imprégnait ses lèvres.

_ Par Drejt’ ! Faut-il être sourd pour ne pas entendre pareilles conneries, grimaça Livaï en se renfrognant.
_ Tu blasphèmes ! Tu blasphèmes TA déesse …
_ Arrête …
_ Elle ne va pas être contente si tu déformes son illustre nom, que tu évoques pourtant si souvent,
poursuivit Bélor en murmurant à l’oreille de son ami de viles provocations. Ô majestueuse Drejtësi …
_ Arrête …
_ Pourquoi ne me réponds-tu pas ? ma « bienveillante » et « clémente » Drejtësi. Entends-tu ton humble serviteur prier … tous les soirs …
_ Arrête …
_ en secret …


Livaï attrapa d’un geste vif le col de Bélor, dans un sourire sombre.

_ Tu vas trop loin … articula t-il avec difficulté tant sa mâchoire était serrée. C’est toi qui blasphèmes … Et tu sais comme je n’aime pas qu’on parle … de ma libido, finit-il en ricanant bêtement.

Libéré de la poigne de Livaï, Bélor se laissa retomber sur sa chaise. Cette petite pirouette, plus que douteuse, n’avait fait que prouver à Bélor que Livaï avait des limites. L’humain aux mains parsemées d’aplat anthracite ne s’était jamais risqué à les franchir et Livaï n’avait jamais jugé bon de lui laisser l’opportunité de le faire. Drejtësi était un sujet sensible mais Bélor ignorait si c’était une question de foi ou bien si c’était bien plus profond que cela. 
Bien décidé à éclaircir ce point un jour, il replaça sa chemise à la hâte et s’accouda sur la table avec nonchalance en secouant sa tête.

_ Livaï, Livaï, Livaï, soupira Bélor dans un sourire tendre. Même Drejtësi ne doit plus savoir quoi faire de toi … Tu es sans doute le pire de ses adeptes …
_ Tant que moi je sais quoi faire …
_ Ce sont là les paroles d’un dément ou bien d’un simplet qui …

_ Qui va aller pisser … rectifia Livaï en se levant de sa chaise. Garde l’oeil vif sur qui tu sais ! précisa t-il en bougeant deux de ses doigts dans de rapides va-et-vient entre ses orbites et la direction de Bélor. Qui peut savoir quelle horrible créature pourrait s’approcher de ses innocents enfants !
_ Tu es bourré ! soupira Bélor dans un petit sourire. 
_ Parfaitement ! Ça serait malheureux que ma petite cuvée ne porte que de nom… Cette absolue … et majestueuse … Enfin, qu’elle ne fasse pas effet ! clarifia Livaï non sans mal en manquant de perdre l’équilibre entre deux tables.

Bélor l’observa se frayer un passage dans la masse de quidams, avant de reporter son attention sur la cheminée centrale.
Assis sur un petit muret, dos au foyer circulaire qui inondait de clarté la pièce centrale, les deux bambins semblaient parler calmement. Ils étaient légèrement à l’écart des « autres », à l’abri des regards et hors de portée de toutes « infâmes créatures » dont Livaï avait si sévèrement fait mention.

Alors que cette conclusion s’imposait d’elle-même, une vieille femme s’avança vers Loyd et la petite blonde. Vêtue d’un capuchon sombre, appuyée sur une canne faite à même une branche de bouleau, elle incarnait, avec son dos vouté et ses longues mèches cendrées, le parfait portrait de la sordide sorcière sortie tout droit de l’imaginaire collectif.
Loyd leva ses yeux vers cette intrigante apparition, fronçant involontairement ses sourcils lorsque sa voix nasillarde les interpella.

_ Êtes vous seuls au monde mes enfants ? Perdus et sans foyer ?

Le jeune humain lança un regard interrogateur vers sa voisine avant d’écouter la suite des propos de la vieille dame.

_ Venez avec moi !!! J’ai plein de bonnes choses à manger, vous pourrez prendre tout ce qui vous plaira. J’ai allumé un feu et il fait bien chaud à l’intérieur.

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Sam 19 Jan 2019, 17:05


Quand je sens les doigts fermes du jeune homme sur mon poignet, mon cœur manque plusieurs battements. J’essaie en vain de déglutir. Est-ce que je vais mourir ce soir ? Comment va-t-il me tuer ? Cela sera-t-il sanglant ? Va-t-il me tuer ici, au milieu de tout ce monde ? Comment va-t-il s’y prendre ?

Je ferme les yeux attendant le coup de grâce, mais quand il ouvre la bouche, il n’y aucune haine dans son ton. Surprise, je réouvre les yeux. Je ne comprends pas tout de suite de quoi il me parle, j’essaie plutôt de reprendre ma respiration que j’avais arrêté sans le vouloir. Les sourcils froncés, il m’évoque son frère en lançant un regard dans sa direction. Il s’agit d’un des deux hommes que j’avais remarqué plus tôt. Je ne sais pas lequel des deux est son fraternel, mais qu’importe, ma respiration n’a toujours pas retrouvée un rythme normal.

Ce n’est que lorsqu’il me lâche le poignet que je me rends compte qu’il m’a obligée à m’asseoir à ses côtés, à l’abri des regards des deux hommes. Je comprend ensuite que mon jeune ami ne souhaite pas que son frère se mêle de ses histoires ce soir. C’est compréhensible. Bon, je sais que je n’ai pas de frère ; donc je ne peux pas vraiment savoir ce que cela fait de l’avoir dans les pattes ; mais je pense que cela me serait extrêmement désagréable.

Devant mon mutisme, il continu et se présente. Il s’appelle Lyod. Il vient de Uto, de Quaixopia.

« Je ne connais pas Quaixopia ! » Dis-je d’une petite voix. « Je ne suis jamais allée chez les humains. » Je continue d’une voix plus forte. « Mais j’ai lu de nombreux livres sur l’histoire des Humains et l’impact des Sorciers sur votre civilisation. Cependant, je ne crois pas qu’il y avait quoique ce soit sur cette ville. Comment fait-on pour s’y rendre ? Est-ce loin ? Etes-vous nombreux ? Y-a-t-il des Sorciers aussi ? »

Malheureusement le prénommé Lyod ne me répond pas tout de suite. Il regarde les flammes du feu de cheminée visiblement embarrassé. Est-ce à cause de moi ? De mes questions ?

« Tu sais, je côtoie des humains aussi à l’école. Ils n’ont pas vraiment le droit de parler, parce que ce sont des esclaves. Mais bon, ça ne me fait ni chaud ni froid que tu en sois un … d’humain je veux dire. » Je lui dis un peu maladroitement. « On nous apprend très tôt à utiliser les tiens pour … plusieurs choses … mais je te promets que je n’en ferais rien avec toi. Après tout, tu m’as aidé tout à l’heure. Et puis, tu ne ressembles pas aux esclaves de mon école. Tu as l’air plus … intelligent si on peut dire. Des fois j’ai l’impression que nos esclaves n’arrivent pas à réfléchir par eux mêmes. Enfin c’est ce qu’on nous dit … Peut-être qu’avant ils étaient comme toi … peut-être que non … A vrai dire, les esclaves ne sont pas notre sujet d'étude favori. »

Gênée par mon enthousiasme et ma langue trop bien pendue, je m’oblige à me taire. Je n’ai pas pour habitude de me laisser embarquer dans ce genre de discussion et encore moins avec une personne que je connais à peine – un humain qui plus est – mais le jeune Lyod m’est sympathique sans que je sache vraiment pourquoi.

Soudain, nous sommes interrompus par une vieille mégère encapuchonnée sous une sorte de cape sombre. Sa simple présence me rend mal à l’aise et lorsqu’elle nous lance quelques mots, je n’ai que l'envie de lui rabattre le caquet. Que croit-elle ? Que nous sommes assez bêtes pour la suivre ? Même si nous étions réellement seuls, perdus ou que sais-je, il ne faut jamais suivre une vieille sorcière ! En plus, elle est laide !

Cette dernière nous invite à manger. Elle a allumé un feu pour nous chez elle. Ne sommes nous pas déjà bien au chaud ici ? Décidément, il faudrait être vraiment demeuré pour la suivre dans ces filets.

Je regarde Lyod du coin de l’œil et une idée me vient. Si j’ai bien compris son allusion à son frère il y a quelques minutes, le jeune homme veut s’amuser un peu … Pourquoi ne pas suivre la vieille mégère et lui jouer un petit tour. Après tout, nous ne sommes pas dupes et nous sommes plus nombreux qu'elle puisque nous somme deux – sans compter sur son frère et le deuxième homme qui ne sont pas loin si jamais nous avions besoin d’aide.

« Nous n’avons pas faim la vieille ! »  Je lance. « Mais peut-être que tu peux nous aider à retrouver Simon, le chat de la voisine. »

J’envoie un clin d’œil discret à Lyod. Espérons qu’il comprenne.

« La dernière fois que la voisine l’a vu, il était en train de roder vers les poubelles de la taverne. Alors, que fait-on ? » Je termine plus à l’intention de Lyod qu’à la sorcière.  

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Lun 28 Jan 2019, 16:44


Loyd s’était contenté de hausser un sourcil en entendant sa nouvelle amie formuler une étrange répartie.

_ Simon ? bafouilla t-il avec un air ahuri.

La vieille femme étira ses lippes ridées dans un sombre sourire. Ses doigts crochus se resserrèrent sur sa canne, avant qu’elle ne frappe le sol et ne fasse sursauter les épaules du jeune humain.
Un bref instant Loyd avait cru voir une onde froisser les vieilles fripes de la sorcière, avant que son regard ne se fige dans la contemplation d’un minois angélique au dessus de son visage. Il ne comprenait pas très bien comment il avait pu confondre cette créature avec une vieille femme, à la vue de la beauté qui émanait de la créature qui se tenait à présent face à eux. Ses yeux d’émeraudes et son sourire éclatant captivaient son regard dans une langoureuse sensation qui l’obligea à se lever dans un sourire conquis.

_ Un chat ? Bonne idée … souffla t-il. Nous allons vous accompagner, poursuivit-il, complètement sous le charme de son interlocutrice qui se baissait vers la jeune demoiselle à ses côtés pour étendre son sort.
_ Oui, sortons, chanta sa voix dans un timbre aliénant. Allons chercher … le chat de la voisine, s’étouffa t-elle dans une apparente hilarité.

Loyd suivait ses boucles brunes à la manière d’un métronome, battant le rythme enivrant de la cadence de ses formes enjôleuses qui dansaient devant son nez tendu. Il était sous le charme, sous l’emprise d’un sort vilement mené à des fins qui n’effleuraient qu’à peine son esprit déjà engourdi par l’obsédant désir de ne faire que ce qu’elle lui ordonnerait.

Plus loin dans la taverne, Bélor s’était levé aux premières paroles échangées. Lorsqu’il avait vu le frère de Livaï se lever avec un air parfaitement stupide, ses pas l’avaient instinctivement porté à fendre la foule des fêtards. Immobilisé dans sa course par Lavinia, il la dévisagea gravement tandis que celle-ci claquait ses doigts devant sa moue boudeuse.

_ Merrie, je te laisse les enfants, celui là est à moi ! Je dois encore régler quelques affaires avec lui …

La vile créature, divinement grimée derrière une apparence enchanteresse, ne fit qu’acquiescer aux dires de la propriétaire des lieux. Elle avait déjà bien à faire avec ces deux là ; un esclave et peut-être une nouvelle apprentie.
Elle jaugea la tête blonde et son jeune âge, sondant son esprit obscur sur d’éventuelles capacités qui pourraient contrecarrer ses plans. Sans perdre de temps, elle frappa le sol une nouvelle fois de sa canne, amorçant le départ des enfants qui l’accompagnaient vers la sortie.

_ Bélor, souffla Lavinia en l’entraînant vers une table prés d’une fenêtre. Reprenons nos négociations là où nous étions arrêtés.
_ Mais …
bredouilla l’humain manquant de se dévisser la tête en direction de la sortie.

La sorcière pressa ses doigts sous le menton de l’humain, l’obligeant à lui faire face dans un sourire machiavélique.

_ Ils ne risquent rien ! Tu pourras les rejoindre quand nous en aurons terminé. Nul humain ne devrait fouler le sol des sorciers sans prétendre s’en sortir, sans y laisser quelque chose … Sa liberté … sa vie… ou ses biens, finit-elle en fermant les yeux dans un soupir d’extase.

Bélor fronça ses sourcils en se dégageant de la main profanatrice de sa rivale.

_ Trés bien … Ce sont des parts de marché que tu veux ? Donne-moi ton prix ! trancha t-il en croisant ses bras.

La sorcière face à lui tapota la table de ses ongles noirs, avant d’étendre le plat de sa main sur la surface lisse du bois.

_ Tu es plus doué que Livaï … Très bien, je veux tous vos comptoirs à Babelsha … Il se dit que les démons font affaires avec vous … Je veux également être sur le territoire humain !

Dubitatif, Bélor sonda longuement la femme devant lui avant de grimacer.

Dehors, sous les lueurs blafardes de l’astre lunaire, Livaï se soulageait allègrement. Sa silhouette tanguait comme le balancier d’une horloge, tant et si bien qu’il se retrouva obligé de faire quelques mouvements de côté pour garder un semblant de décence. Il se rhabilla à la hâte et amorça quelques pas pour s’éloigner de l’obscurité de la ruelle dans laquelle il s’était tapi pour vaquer à des besognes naturelles. Il s’étonna de voir passer quelqu’un dans l’encadrement des devantures sordides avant de s’immobiliser en reconnaissant son frère.

_ Mais … qu’est-ce … s’étouffa Livaï dans une moue exagérée.

Sa première tentative à aligner un pas le mena à percuter un tonneau duquel il se détacha en trois pas de côté, avant de redresser sa posture.

_ SSale gosse … Toujours à n’en faire qu’à sa tête ! baraguigna t-il. Tu m’as dit de veiller sur lui … Regarde papa … Il n’écoute rien, cette tête de mule … On dirait moi !

Il finit par sourire en s’accrochant à un lampadaire. Dans le même élan qui le fit tourner autour du poteau, il s’élança à la suite de la scandaleuse procession et les interpella vigoureusement en ramenant une de ses mains à sa bouche.

_ Hey là … La … la chose là ! Où crois-tu aller !

La sorcière se retourna d’instinct. Elle dévisagea rapidement l’humain avant de juger qu’il n’était pas vraiment une menace. Elle usa de sa magie pour arrêter les enfants et s’avança, en ondulant des hanches, droit vers l’ivrogne qui la menaçait toujours avec son bras tendu et son index levé.

_ Nous cherchons un chat ! souffla t-elle innocemment. Peut-être pourriez-vous …

Alors qu’elle approchait, l’humain l’écarta du bras sans considérer sa présence, son attention n'était que portée vers un seul être; son frère.

_ Hey, face de pet ! Looooooyd ! Insista t-il lourdement sur ce nom en le vomissant presque. Je te cause ! Tu veux que je t’étripe ou quoi ? On avait dit plus d’escapade nocturne avec des inconnus.

Face à la mine alcoolisée de son frère qui s’était rapproché de lui dans une démarche ubuesque, Loyd se contenta d’afficher un sourire innocent.

_ Elle est jolie ! avoua t-il en se perdant dans une contemplation ridicule.

Livaï se retourna vers la dite personne, plissant ses yeux avant de se tourner vers son cadet.

_ Quoi, la vieille ?

La sorcière roula des yeux, prenant le temps de croiser les bras pour renvoyer à son interlocuteur ce même regard chargé de suspicion.
Ils se dévisagèrent un long moment avant que Livaï ne lève un sourcil en reculant son visage.

_ Elle est .. vieille ! Par Drej’ tu as des goûts déplorables mon cher frère.

La sorcière perdit brusquement patience en frappant Livaï entre ses jambes. Elle l’enjamba sans considération et entraîna les enfants plus hors du chemin éclairé.

_ Mau … maudite … sorcière … Je hais ces … Ces …

L’humain expirait avec difficulté ses reproches tout en roulant sur lui-même sur le pavé. Les mains entre ses jambes ne parvenaient pas à amoindrir la sensation qui avait faillit lui couper le souffle. Tout en se retrouvant face contre sol, Livaï s'empressa de redresser son regard vers la créature sournoise qui menaçait de fuir.
Il se contorsionna presque pour l'interpeller, usant de sa plus belle voix pour la faire arrêter.

_ Hey ! La rombière mal dégrossie, j’en n'ai pas terminé avec toi !

La sorcière ferma ses paupières dans un grand soupir qui en disait long sur son manque de patience. Elle leva son bras face à l’humain, l’envoyant valdinguer contre une fenêtre. Sa tête heurta le carreau, déformant ses traits tandis que Bélor sursautait derrière la cloison vitrée.

_ Alors ? demanda Lavinia.
_ Je t’en donne trente pour cent. Reprit-il la parole en rectifiant sa posture face au regard de son ami.
_ Quarante ! insista Lavinia sans prêter attention à Livaï.

Par delà la fenêtre embuée, Livaï se redressait non sans mal. Il affichait pourtant un sombre sourire, bien different de celui que la plus part des gens connaissait.

_ Hey ! C’est tout ce que tu peux faire ? balança t-il en faisant un mouvement de tête pour faire craquer sa nuque.

Au bord de perdre patience, la sorcière ferma ses yeux. Ses bras s’élevèrent dans la nuit, laissant Livaï complètement dubitatif fac à pareille initiative.

_ C’est pas le moment de prier, mamie … Se moqua t-il avant de voir l’obscurité du sol s’étendre jusqu'à ses pieds.

A vrai dire, il "grouillait", comme un tapis vivant qui menaçait brusquement de le submerger si il ne reculait pas tout de suite. Décontenancé, l’humain eut un geste de recul, avant de chuter sur le pavé. Des rats par centaines venaient droit sur lui dans une abominable vision cauchemardesque.

_ Pas ça … souffla t-il en penchant la tête sur le côté. Je hais les rats !!

Tandis que la horde de rongeurs s’abattait sur lui, Livaï se redressa, prêt à se défendre.
Dans cette bataille presque folle, il percuta une nouvelle fois la fenêtre derrière laquelle Belor était toujours en négociation.
Lavinia avait cette fois levé un sourcil en voyant Livaï saisir un rongeur à même la main, le frapper de son poing, le jeter à terre et se laisser tomber dessus dans une prise improbable. Il se redressa presque aussitôt, tentant d'arracher de son pantalon, le rat qui s'y était engouffrait mais s'immobilisa en hurlant lorsqu'un rongeur se hissa sur le sommet de son crâne.. Aveuglé par le corps répugant qui pendait le long de son nez, l'humain se mit à gesticuler dans le vide avant de rebondir une nouvelle fois contre la fenêtre.
Lavinia secoua la tête décontenancée, reprenant avec méfiance les négociations.

_ Trente cinq pour cent !
_ Vingt cinq,
sourit Bélor.

Livaï plaqua un rat sur la vitre, avant d’interpeller son ami.

_ Un peu d’aide ?
_ Je suis en négociations !
hurla Bélor pour que l’humain cesse ses pitreries.

Livaï se dégagea de la surface vitrée, tirant enfin son épée de son fourreau.

_ J’ai pas pour habitude de frapper les femmes, mais toi la vieille, tu l’as bien cherché. Libère mon frère et sa copine !

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Mer 30 Jan 2019, 08:30


Je ne me rappelle pas d’être sortie de la taverne. L’air frais du soir s’engouffre dans mes cheveux faisant onduler quelques mèches folles. J’ai l’impression d’avoir le crâne enfoui sous un oreiller duveteux et un peu lourd. C’est une sensation étrange mais pas inconfortable. C’en est presque agréable. Les bruits me sont étouffés et je n’ai même pas l’impression de toucher le sol, comme si je survolais les pavés de la ruelle de quelques centimètres. Je dois me concentrer tout de même pour apercevoir les formes autour de moi. Je fais un effort surhumain pour tourner la tête et chercher du regard mon nouvel ami. Je le vois bouger ses lèvres mais ses paroles ne me parviennent pas aux oreilles. Il est devant une autre personne, un homme peut-être. Ce dernier le domine de sa taille et j’ai l’étrange sentiment qu’il est en colère. Contre qui ? Contre Lyod ? Va-t-il lui faire du mal ? Cette simple pensée me fait perdre tout contrôle de moi-même et je crois que je perds conscience quelques secondes. Ou peut-être n’est-ce que quelques minutes ? Car quand je lève les yeux de nouveau vers lui, je n’arrive pas à le voir. Je ne vois que des ombres filantes qui se dirigent vers l’homme en colère. Un éclair de lucidité me frappe alors et je me rend compte qu’il s’agit d’un des deux hommes du bar. Peut-être est-ce le frère de Loyd. Mais dans ce cas, pourquoi essaye-t-il de tuer ses ombres filantes ? Ne voit-il pas que ce sont des chats ? Et ne sait-il pas que nous devons retrouver Simon ! Il pourrait tuer Simon !

Je concentre mon énergie à mettre mes mains dans ma besace. Je croise les doigts pour trouver ce que je cherche. Quand mes mains touchent l’objet, je ne peux retenir un éclat de voix triomphant. Je tire alors hors de mon sac en bandoulière une guirlande. Je sais que celle-ci peut changer de couleur. Je crois que ce soir elle est de couleur verte. Qu’importe.

Je me rapproche de l’homme en colère le plus discrètement possible. A vrai dire, dans la nonchalance dans laquelle je suis tombée, je ne sais pas si mes pas sont très agiles. Peut-être que je titube car, j’ai l’impression d’avoir des lourds sacs de farines attachés au pieds, et quelques fois, je crois que le sol se dérobe sous mes pieds. Je commence à me demander si tout cela est bien normal.

Une fois assez proche de lui – du moins, je pense l’être – j’envoie ma guirlande autour de ses pieds. Je crois que je manque ma cible, alors je recommence, et recommence, encore et encore. J’ai l’impression d’y passer des heures. Peut-être est-ce seulement quelques minutes ? Ou juste quelques secondes ? Je ne sais pas très bien. Mais cette fois, je crois que c’est bon. Je serre la guirlande pour éviter à ma prise de trop bouger et fait le double-nœud le plus résistant que j’ai jamais fait – enfin, je crois.

Fière d’avoir pu sauver Simon, je lance un rire machiavélique vers ma cible. Elle n’a pas l’air de trop résister. C’est bien. Je vais pouvoir chercher Simon tranquillement.

J’essaie de me rappeler comment est Simon, mais cela me demande beaucoup trop d’effort. Je suis fatiguée. Vraiment fatiguée.

Je regarde mes pieds en espérant qu’ils bougent d’eux-mêmes, mais j’ai l’horreur de voir les pavés de la ruelle se mouvoir sous mon corps. On dirait que le sol fait des vagues tout autour de moi. Comment je vais faire pour me sortir de là ? Comment je vais réussir à trouver Simon si les pavés m’engloutissent ? Est-ce qu’on peut mourir noyé par des pavés ?

Une ombre passe près de moi. Décidément, il y a beaucoup d’ombres ici. Je devrais peut-être prévenir la tenancière. Il me semble que lors de mes cours à l’école, on nous a dit un jour : « Les ombres : c’est pas bon signe. » Enfin, je crois. Ce n’était peut-être pas la phrase employée mot pour mot, mais c’était l’idée. Enfin, je pense.

Mais où est Simon ? Je m’accroupis au sol, peut-être même que je finis à quatre pattes pour éviter de me faire avaler par les pavés. Je ne sais pas. Mais j’avance comme je peux pour trouver ce satané Simon. Je crois qu’il est tigré ? Ou bien roux ? Oui ! Avec un gros nez et des grosses joues ! Ah non ! Ça c’est le professeur Higgings. Je m’imagine alors le professeur Higgings me voir dans cette situation : à quatre pattes en train de chercher un chat dans une ruelle où les ombres défilent. J’éclate de rire. C’est complètement absurde. Je n’arrive même pas à me souvenir comment j’ai fini par chercher ce maudit chat ! Je devais simplement aller à une soirée étudiante. On a fini dans un bar. J’ai croiser un humain : Loyd. J’ai cru que c’était un tueur de sorcier. On était près du feu. On discutait. Et puis … Ah oui la vieille sorcière ! Je voulais lui faire une blague ! Chercher Simon ! Voilà qui explique pourquoi je suis là !

Il y a qu’une petite chose qui me tracasse quand même l’esprit.

Simon n’existe pas.

Tout à coup, j’ai la sensation qu’un bulle dans mon cerveau éclate. C’est comme si de la vapeur s’en allait de mon corps. Et puis soudain, je sens mon corps devenir plus léger et j’arrive à le bouger avec plus de facilité. Et ma vue se fait plus nette. Les pavés du sol s’immobilisent et je peux enfin regarder clairement autour de moi : le spectacle est affligeant …

938 mots.
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Mer 06 Fév 2019, 03:58


Si l’humain avait pris le temps de prévenir la sorcière quant à ses intentions, celle-ci n’avait pas jugé bon de faire de même. Sa magie avait opéré sur la jeune fille qui accompagnait Loyd, l’amenant à s’approcher de Livaï dans une bien curieuse démarche.
L’humain avait beau avoir des principes, face à une créature aux obscurs desseins, quelque soit son âge, il n’hésiterait pas à la pourfendre si elle s’avérait hostile. Tandis que ses mains brandissaient son épée, prêt à anticiper une attaque, il vit Loyd s’élancer à son tour vers lui. En réalité les deux gamins fondaient droit dans sa direction dans deux approches différentes qui l’obligèrent à se montrer inventif ; Alors que Livaï était obligé de sauter en arrière pour éviter une guirlande, il manqua de peu de chuter en voulant esquiver les bras un peu trop envahissants de son frère qui menaçaient de se refermer sur lui.
L’humain peinait à mener un combat sur deux fronts sans risquer de blesser l’un et l’autre des gamins.
Las de tout ça, il interpella avec force la sorcière tout en repoussant les assauts combinés des enfant esseulés.

_ Hey la vieille … Tu préfères envoyer des gamins plutôt que de régler ça entre adultes ? Où est ton honneur sorcière ?

La mégère finit par afficher un sombre sourire. La situation semblait être à son avantage, tandis que la petite blonde s’essayait encore à attraper l’humain avec cet étrange lien coloré et que le gringalet qui l’accompagnait faisait de même en ceinturant fermement son frère par le cou.
C’était un joyeux bazar, qui ne manqua pas d’interpeller Bélor lorsqu’il franchit le seuil de la taverne.
Dans une asymétrie sourcilleuse, il regarda passer son ami aux prises avec son frère, tandis qu’il tirait sur une guirlande fermement nouée à une de ses jambes.

_ Tu gères ou tu as besoin d’aide ? finit par s’inquiéter Belor.
_ C’est cette sorcière !!!! cracha Livaï à bout de patience. Débarrasse-moi du gosse !
_ Lequel ? Ton frère ou la blonde ?
insista Bélor.
_ Loyd !!!!! s’époumona Livaï en sentant l’avant-bras de son frère écraser sa glotte.

Bélor attrapa au vol la silhouette de Loyd qui se tenait encore fermement cramponné à Livaï. Il tira dessus de toutes ses forces et finit par le déloger des épaules de son ami. Immobilisé au sol, Loyd souriait à présent comme un dément, dans la curieuse impression qu’il était sous l’emprise de quelque chose qui les dépassait tous.
Inquiet, Bélor chercha des yeux son ami, l’interpellant avec insistance.

_ Livaï … Il faut faire vite … Nous devons partir … avant d’attirer plus que ça l’attention sur nous. Lavinia m’a assuré un sauf-conduit jusqu’aux frontières …

Un peu plus loin, le principal intéressé tentait de se défaire des liens qui entravaient son pied. Il s’apprêtait à glisser la lame de son épée entre sa botte et cette diabolique guirlande, lorsqu’il entendit les propos de Bélor.

_ Que lui as-tu promis en échange ? s’inquiéta t-il.
_ Trois fois rien

Livaï fronça ses sourcils dans un regard accusateur.

_ Pas la peine de mentir, je le vois bien à ta tête que tu as négocié quelque chose et si tu refuses de me dire quoi, c’est que ça concerne mes intérêts aussi ! Je te conseille de parler, Bélor, menaça t-il dans un sourire mauvais en brandissant son épée dans sa direction.
_ Ce n’est pas le moment, je t’expliquerai en chemin … Partons !

Tandis que Belor arrachait au pavé le corps goguenard de Loyd, Livaï observait du coin de l’oeil la petite blonde marcher à quatre pattes dans la ruelle.
Ce fut ce moment précis que la sorciére choisit pour bondir sur le dos de Livaï. Ses ongles s’enfoncèrent dans sa chair, tandis qu’elle hurlait comme une furie. Dans un geste un peu leste, l’humain l’empoigna par le bras, la projetant à bonne distance dans l’obscurité. Totalement noyée dans l’ombre, il ne la vit pas se réceptionner. Seul son rire macabre raisonna dans une succession d’échos, dans la curieuse impression qu’elle s’éloignait dans la nuit.

_ Saleté de sorcière … grimaça Livaï en passant ses doigts sur les marques de griffures qui s’étendaient sur son cou.

Son regard se porta sur Bélor et Loyd, avant de s’arrêter sur la petite blonde devant lui.

_ Ça va ? demanda t-il en levant un de ses sourcils.

Loyd semblait être revenu à lui. Il s’inquiéta de ne pas attendre tout de suite de réponse de sa nouvelle amie, le motivant à rejoindre son frère en l’interrogeant à son tour.

_ Est-ce que ça va ?

Livaï se recula tout en poursuivant les frictions sur ses blessures. Celles-ci commençaient à bruler sa peau dans un auguste présage.

_ Tu en fais une drôle de tête, finit par se moquer gentiment Loyd en s’adressant à la petite blonde.

Face à cet échange des plus affligeants, et à la désagréable morsure qui imprégnait de plus en plus sa chair entamée, Livaï se sentit dans l’obligation d’écourter leurs retrouvailles.

_ Bien, dis au revoir à ta nouvelle amie, il ne faut pas qu’on traine plus longtemps ici ...

Loyd releva son nez vers son frère dans une grimace dédaigneuse. Il n’avait pas envie de partir mais il comprenait que s'ils restaient, ils n’étaient pas certain de s’en sortir indemnes.
Avec empressement le petit humain fouilla ses poches, en sortant finalement un morceau de bois gravé qu’il tendit à la petite blonde.

_ C’est une croix du sud … Les nôtres s’en servent pour se diriger dans le désert ! Ici, insista t-il en montrant les encoches, c’est l’emplacement de l’étoile du sud, si tu la places devant toi et que l’étoile la plus brillante du ciel brille entre ces deux symboles, alors tu n’as plus qu’à suivre le chemin qu’indique la ligne discontinue pour trouver le nord. Avec ça, tu ne seras jamais perdue !!!

Livaï roula des yeux, tandis que Bélor poussait du bras son ami dans un sourire moqueur. C’était le truc de Loyd, chaque fois qu’il croisait un gamin un peu paumé, il ne pouvait s’empêcher de lui offrir un cadeau.

_ C’est bon ? insista Livaï.

Loyd n’avait pas envie de partir, du moins pas tout de suite. Il attendait encore qu’elle réponde dans un sourire débordant d’altruisme.

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Jeu 14 Fév 2019, 15:40


J’ai mal à la tête. J’ai l’impression d’être passée sous un chariot ambulant. Je regarde mes mains et j’ai l’horreur de constater qu’elles tremblent. J’ai la sensation d’avoir été utilisée à mes dépends. Je n’aurai peut-être pas dû proposer d’aller chercher ce chat imaginaire. La vieille sorcière était plus coriace que prévu. A vrai dire, je ne sais pas vraiment ce qui m’était passé par la tête à ce moment précis. J’aurais mieux fait de me taire.

Je lève les yeux sur Lyod à mes côtés. Je crois voir ses lèvres bouger mais je suis encore sous le choc pour véritablement entendre ce qu’il me dit. Je me sens vraiment diminuée. Et j’ai honte. J’aurais mieux fait de ne pas venir ce soir. J’aurais dû rester dans la maison de Akira, finir le ménage, terminer l’arrangement des pièces, et aller me coucher tôt. Les chauve-souris m’auraient tenu compagnie et j’aurai pu passer une excellent soirée. Je suis tellement déçue. Déçue de moi, de ne pas avoir pu me sortir des griffes de la vieille sorcière et de ne pas avoir pu aider mon nouvel ami. Qu’est-ce qu’il doit penser de moi ?

Mes sens me reviennent encore un peu plus, et je ressens une douleur à mes genoux. Ils sont égratignés, sûrement dû à mon parcours à quatre pattes. Je devais être tellement ridicule. J’enfonce ma tête entre mes épaules pour me cacher et j’entends une voix inconnue me demander si je vais bien. Il s’agit d’un des hommes de l’auberge. Je suppose qu’il s’agit du frère de Lyod, car il n’attend pas ma réponse et concentre son attention vers le jeune homme. Un deuxième homme se tient non loin de nous. Il semble pressé, comme s’il voulait partir sur le champ. En même temps, je me dis que c’est sûrement la meilleure des choses à faire à présent : la vieille sorcière est toujours dans le coin, et il n’est pas rare que certains humains disparaissent de la circulation pour réapparaître plus tard, s’ils sont chanceux, en tant qu’esclave.

Au creux de mon ventre, je sens une boule se former. Je n’ai pas envie que cela leur arrive. Je ne peux, vraisemblablement pas les aider – l’épisode de la ruelle en est la parfaite démonstration – mais j’aimerais faire quelque chose, n’importe quoi qui pourrait leur permettre de rejoindre la frontière sans autres surprises.

Lyod me dit que j’ai une drôle de tête. Il semble inquiet et je sens ma boule au ventre se dissiper presque instantanément.

« T’as pas une meilleure tête, crois-moi ! » je lui répond en laissant échapper un gloussement nerveux.

En effet, il a les yeux encore un peu hagards. Et les deux hommes qui nous accompagnent ne sont pas, non plus sous leurs meilleurs jours : le premier présente de vilaines griffures sur le cou, qui semblent gonfler à vue d’œil, tandis que le deuxième est essoufflé et semble vouloir être partout ailleurs sauf dans cette ruelle.

Lorsque le premier intervient pour nous annoncer qu’il est temps de partir, je comprend l’urgence de la situation. Je commence à faire un pas de côté pour les suivre, mais Lyod me retient et sort d’une de ses poches un morceau de bois. Il m’explique qu’il s’agit d’une croix du sud qui permet de se diriger vers l’étoile du sud afin de ne jamais se perdre. Quand il me le tend, j’ai un temps d’arrêt. Chez moi, un cadeau n’est jamais gratuit. Mais devant le regard innocent de Lyod, je prend délicatement entre mes doigt l’objet comme si c’était un article rare et très fragile. Je suis tellement étonnée et flattée que je ne sais pas quoi dire à part un « merci » que je souffle d’un air qui me semble presque stupide. Peut-être attendait-il mieux comme remerciement ? Qu’aurais-je dû faire ? Lui sauter au coup ? Non, ce n’est clairement pas mon genre et je me serais sentie encore plus stupide que maintenant.

J’aimerais à mon tour lui donner quelque chose, mais je n’ai aucune idée et surtout pas grand-chose sur moi. Cependant, je peux peut-être faire quelque chose pour les aider un peu.

« Je possède une maison à l’extérieur du centre ville. » je déclare tout haut pour que les trois hommes m’entendent. « Ce n’est pas très grand, mais je ne pense pas qu’on ne viendra pas nous chercher des noises là-bas. »

Avant qu'ils ne rejettent ma proposition, je rajoute : « Ça vous rapprochera un peu de la frontière, et vous pourrez y passer tranquillement la nuit. Je peux vous y amener, si vous voulez. »

En attendant leur réponse, je caresse d’un doigt léger la croix du sud avant de la poser avec soin dans ma petite besace.
786 mots.
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Lun 18 Fév 2019, 18:13


Loyd attendait toujours sa réponse. Il observait sans se lasser cette petite jeune femme avec la plus grande attention. Elle semblait légèrement décontenancée par son offrande, affichant tour à tour un panel d’émotions qui finit par le faire sourire plus que de raison. Elle était attendrissante.
A quelque pas de là, Livaï et Belor ne prêtaient déjà plus attention à la scène. Ils discutaient du meilleur chemin à prendre pour se rendre le plus vite possible à la frontière avant que l’un d’eux ne change subitement de sujet.

_ Et quel genre de sauf-conduit ta tavernière t’a t-elle promis ? argua Livaï en rangeant son épée.
_ Ne le prends pas comme ça … Tu es fâché car tu es persuadé que j’ai négocié quelque chose qui n’est pas dans notre intérêt.

Livaï arqua un sourcil. Son apparente méfiance se mua bien vite dans la certitude qu’il n’était pas dans le faux concernant les tenants et les aboutissants de l’accord que son ami avait passé avec la sorcière.

_ Ne me regarde pas comme ça, insista Belor en croisant les bras. De nous deux, je suis le fils d’une longue lignée de marchands. Je sais négocier.
_ Sûrement, mais tu es aussi celui de nous deux qui ne tient pas vraiment face à la magie de son illustre papesse
, se moqua Livaï. Un petit coup de poudre de perlimpinpin et boum, tu signes où elle veut. Continue comme ça et tu finiras marié à une horrible mégère.
_ Voyez-vous ça,
piailla Belor. De nous deux tu es sûrement celui qui …
_ De vous deux, vous êtes sûrement tout aussi barbant et immature l’un que l’autre
, trancha froidement Loyd en se tournant vers eux. Vous ne voyez pas que vous perdez votre temps … en gamineries …

Les deux intéressés se dévisagèrent brièvement avant de soupirer.

_ Il n’empêche que tu ne m’as toujours pas dit ce que tu lui a promis … Et ça, ça montre que tu as fait une connerie, insista Livaï dans un élan de taquinerie.
_ Je ne t’ai rien dit parce que tu passes ton temps à jacter au lieu d’organiser notre départ. Il faut partir maintenant … C’est là l’urgence !

Tandis que Loyd levait les yeux au ciel, la petite voix de son amie s’éleva discrètement par-dessus le brouhaha des humains.
Surpris, Loyd la dévisagea longuement avant d’interroger son frère du regard, dans l’incertitude de ce que pourrait être sa réaction. A quelque pas de là, celui-ci s’était figé après avoir levé son bras en direction de Belor pour le faire taire. La proposition avancée par la gamine les avait tout autant surpris qu’intrigués. Bien loin d’afficher une quelconque méfiance à son égard, ils échangèrent brièvement un regard, avant que Livaï ne se dirige vers elle. L’humain s’immobilisa face à l’enfant et se pencha au-dessus de son corps avec nonchalance, comme s'il voulait sonder ses intentions à l’image d’un père prudent.

_ Et elle est en pain d’épice cette maison ? finit-il par balancer sur un air faussement sérieux.

Belor ferma ses yeux dans une expression frôlant la consternation. Sans même laisser une chance à Livaï de poursuivre, il s’avança à son tour et s’imposa face à la petite blonde pour clarifier les choses.

_ Non pas que nous ne sommes pas touchés de ton hospitalité, petite sorcière, mais nous devons quitter au plus vite Amestris. J’ai passé un accord …
_ Nous pourrions au moins la raccompagner chez elle
, s’imposa Loyd avec insistance.

Toujours penché au-dessus de la petite blonde, Livaï interrogea silencieusement son frère, avant de contorsionner son cou vers son ami.

_ Belor où sont tes manières ? Raccompagnons boucle d’or jusqu’à sa chaumière. Elle est jeune et il est tard …

Loyd se contenta de sourire. Il savait au fond de lui que Belor ne pouvait plus rien dire. Lorsque Livaï avait une idée en tête, il ne servait à rien de tenter de lui résister. Il était aussi têtu qu’une mule, intransigeant et buté, presque autant qu’il l’était. C’était un caractère de famille, une tare ou une qualité, tout dépendait de la raison et de la situation.
Sans même attendre la validation de Belor, Loyd s’empressa de s’adresser à la petite sorcière.

_ Allons-y ! On te suit.

Livaï observa les gamins les devancer, avant de se tourner vers Belor dans un regain d’énergie.

_ Tu vas me dire ce que tu as négocié ?
_ Encore
? pesta Belor. Cela ne peut pas attendre d’être sorti de cette horrible cité ?
_ Si, bien sûr
, soupira Livaï en grattant sa nuque. Mais si jamais cela ne me plaît pas …
_ Pitié,
grimaça Belor en invoquant la clémence des dieux.

En tête de la procession, Loyd ne portait déjà plus d’attention aux chamailleries de ses aînés. Il avait autre chose en tête, comme s’assurer que cette fois ci la petite blondinette ne pourrait une fois de plus échapper aux présentations.

_ Tu ne m’as pas dit ton nom ? Y a t-il une règle chez les sorciers qui empêcherait à l’un d’entre vous de révéler son identité ? demanda Loyd avec candeur. Non pas que ce soit d'une grande importance, mais j’aimerais bien le connaître ! Qui sait, peut-être serons-nous un jour amenés à nous rencontrer de nouveau.

Son sourire s’étira lentement tandis que, les mains dans les poches, il avançait dans la noirceur des ruelles d’Amestris.

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Mer 20 Fév 2019, 15:59


J’observe les deux adultes se chamailler et je suis amusée par les échanges. Je suis même agréablement surprise lorsqu’ils me taquinent. Je dois dire que c’est bien la première fois qu’un humain se permet de tel propos à mon égard. Ceux que je connais se contentent de baisser les yeux lorsqu’ils me croisent. Ils ont appris après des expériences douloureuses à ne pas énerver les sorciers. Ici, les humains ne sont que des esclaves. Rien de plus. Ils sont là, c’est tout. Ils font ce que nous leur demandons. Ils n’ont aucun avenir. Ils vivent pour nous servir. De toutes les façons qu’ils nous plaisent.

Quand ils m’annoncent qu’ils m’accompagnent jusqu’à chez moi, mes sentiments sont mélangés. D’un côté, je suis déçue qu’ils ne veuillent pas mon aide pour aller jusqu'à la frontière et légèrement piquée au vif par le fait qu’ils s’imaginent que je ne sois pas capable de rentrer seule par mes propres moyens. Ceci dit, d’un autre côté, je suis soulagée de faire quelques pas avec eux. Ainsi je profiterais un peu plus de leur compagnie et m’amuserais avec eux.

Tandis que je leur montre le chemin, Lyod me rattrape et me demande de nouveau mon prénom. Je comprends en faisant une grimace que je ne le lui avais pas encore annoncé. J’étais pourtant sûre de m’être présentée !

« Je m’appelle Toupinou. Mais tu peux m’appeler Toupe ! J’préfère ! » lui répondis-je d’une voix claire. « Y’a pas vraiment de règles. C’est vrai que chez nous, on s’méfie de donner notre nom à tout va. On veut pas de faire avoir par une malédiction lancée à cause d’un autre sorcier qui voudrait simplement s’entraîner et voir les effets que ça peut faire … M’enfin. J’étais presque sûre de t’avoir dit mon nom dans la taverne. J’imagine que cette vieille sorcière m’a un peu plus chamboulée la tête que j’pensais. »

Et je me rends compte qu’elle était plus que chamboulée ma tête ! Et pas seulement à cause de la sorcière. C’était assez étrange de se dire que je suis entrain de me balader dans les rues de Amestris avec trois humains libres. Si jamais cela se savait, je risquais d’en entendre parler pendant quelques temps… Mieux valait éviter ça. Cependant, je ne pouvais pas arrêter de comparer ces humains avec les esclaves que je rencontrais souvent à l’école. Etaient-ils si différents ? Il est vrai que je n’avais jamais été vraiment très à l’aise avec l’idée de devoir se servir des esclaves pour nos expériences, mais je ne m’étais jamais arrêtée sur le fait qu’ils n’étaient peut-être pas si différent de moi. Comme c’était le cas pour Lyod et ses amis.

Pour éviter de trop penser, je devins d’humeur loquace et curieuse pendant je reste du trajet, si bien que je ne tarissais pas de questions que je soumettais à Lyod et ses compagnons : Comment ils s’appelaient ? Pourquoi sont-ils venus ici ? Qu’est-ce qu’ils venaient faire dans cette taverne ? Quel âge avait Lyod ? Est-ce qu’il avait aimé leur séjour ici ? Est-ce qu’ils avaient vu d’autres continent ? D’autres races ? Qu’est-ce que Lyod voulait faire plus tard ? … J’avais du mal à contenir mon flots de paroles et bafouillais parfois sur certains mots tellement je voulais tout savoir, ne laissant pas toujours le temps à mes nouveaux amis de répondre.

J’essayais de prendre des routes à l’abri des regards afin qu’il ne nous arrive plus de mauvaises aventures et nous débouchons enfin sur ma petite maison. Elle n’est vraiment pas très grande. Mais j’en suis très fière. Et encore plus du petit jardin que j’essaie de remettre en état.

« C’était la maison d’une sorcière qui m’a accueillie quand j’étais plus jeune. C’est elle qui m’a appris presque tout ce que je sais aujourd’hui ... »  dis-je le regard dans le vide. « Enfin, bref. Voilà, on est arrivé ! Je suppose que c’est ici qu’on se dit au revoir, non ?»

Je prends Lyod à part et lui demande de m’attendre quelques instants. Je cours dans la maison et en ressort triomphante quelques secondes plus tard. Je tends ma main vers Lyod et lui donne mon petit cadeau.

« Pour te remercier de ton présent, je voulais t’offrir ce petit bracelet en cuir. Il n’est pas magique et tout, mais il appartenait à l’ancienne propriétaire de ma maison. J’ai jamais voulu le porter, mais je pense qu’il tirait bien, alors voilà ! Vaut mieux que tu l'ai au lieu qu'il prenne la poussière chez moi ! »

Ce n’est pas grand-chose, mais j’avoue que de voir partir un des biens de ma vieille Akira me fait quelque chose. Mais, savoir qu’il est maintenant entre les mains de Lyod me réconforte.

Je regarde les deux autres et les remercie pour la balade.

« J’espère qu’on s’reverra un jour … mais on évitera les vieilles biques la prochaine fois ! » leur lançais-je en guise d’adieu.
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[IX - XVII] - On est là pour boire un coup | Livaï and co & Toupinou

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