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 [IX ; XXVI ; XXXI] Un esprit sain dans un corps sain

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Ven 11 Jan 2019, 18:41

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L'apprentissage


Cela faisait des semaines que je harcelais mon père depuis qu'il avait retrouvé du poil de la bête pour m'entraîner à ses côtés. Il avait refusé à mainte reprise, repoussant mes assauts en me disant que je n'étais pas prêt, que ce n'était clairement pas le devoir d'un ange que d'aller sur le front et que j'avais pour ce faire mon ami Mur. Je ne voyais clairement pas la chose de cette façon.
Plus j'insistais, plus il me repoussait avec véhémence, tant et si bien que ce jour, j'avais juste décidé de ne plus lui adresser la parole. C'était la première fois de mon existence où je me trouvais en total contradiction avec les croyances de mon père. Enfin, en presque total désaccord. Sur le principe il n'avait pas tord, je n'avais rien à faire sur le front, j'étais piètre combattant MAIS justement, je devais me renforcer pour pouvoir y rester sans être une gêne et pouvoir prodiguer des soins ou ériger mes protections !
C'est convaincu par cette seule idée que je me lève en me passant une tunique beige sur le dos, la nouant à ma taille, en tentant de ne pas alerter mon compagnon. Mais, Dim ne dort jamais. Son regard sombre se pose sur moi et ses mots tranchent :

- Et tu compte aller où de si bon matin alors que tout le monde se trouve encore dans les bras de Morphée ?

C'est un peu penaud que je le regarde non sans rougir légèrement. Prenant une profonde inspiration je m'avance à ses côtés pour lui murmurer et éviter si possible de réveiller la maisonnée :

- Je vais aller m'entraîner un peu sous le vieil arbre. Je comprend que papa soit inquiet pour moi mais justement, en devenant plus fort il pourra me laisser aller l'esprit plus tranquille.
- Et en te laissant aussi faible il est certain de pouvoir garder la dernière chose qu'il lui reste de sa défunte épouse près de lui.

Sa réponse, froide, me tira un long frisson. Je sais bien que papa est anéanti depuis la mort de maman où lui-même a faillit y laisser la vie mais, il était hors de question que je reste les bras croisés, que je ne puisse pas apaiser le monde. Je voudrais tellement les voir tous sourire plutôt qu'être inquiets et perpétuellement aux aguets du moindre danger, animal ou... humanoïde.

- Amano... puisque je suis ton ami, j'aimerais autant te mettre en garde.

Je plongeais mes yeux dans les siens, me laissant happer sans pouvoir me retenir par leur noirceur et leur profondeur. Ses mains attrapèrent mes poignets vivement et je sentis mes muscles se tendre de la tête aux pieds.

- L'extérieur est dangereux. L'extérieur est un perpétuel apprentissage. L'extérieur c'est ce qui t'a enlevé le plaisir de voir le sourire de ta mère. L'extérieur c'est aussi les tiens, c'est aussi de la joie, c'est aussi la possibilité de grandir... mais... l'extérieur te fera souffrir, bien plus que tu ne peux te l'imaginer. Tu auras mal, tant physiquement que moralement. Tu seras loin des tiens et ne pourras pas toujours revenir, tu ne pourras pas veiller sur eux à l'extérieur. Tu apprendras à courber l'échine dehors...

Il fut un temps où sous ses mots j'aurais détourné vivement le regard. Etait-ce ses mains, chaudes, sur mes poignets, était-ce la douceur de sa voix ou la prestance dont il faisait preuve ? Mais cette fois-ci je ne bougeais pas. Je voulais grandir, je voulais apprendre, je voulais apporter mon aide au monde, quel qu'en soit le prix. D'un geste je tournais mes poignets entre ses doigts pour lui saisir les siens et rapprocher son corps du mien. Ce geste sembla le surprendre, la pression de sa peau sur la mienne s'amenuisa et je pu venir l'enserrer dans mes bras. D'une pression légère à l'arrière de sa tête, je l'invitais à la déposer contre mon épaule.

- J'ai peur de tout ce que je pourrais voir, mais je veux soigner ce monde à l'agonie. Dimrost... j'espère que tu seras de la partie et que jamais tu ne me quitteras. Ta présence m'est précieuse, tes conseils tout autant. Néanmoins, quoi que tu dise, j'irais de l'avant. J'aurais mal, eh bien, j'endurerais cette souffrance. S'il faut que je courbe le dos, je le ferais pour mieux me relever. Je veux être capable de soigner efficacement, je veux pouvoir servir à quelque chose...
- J'aimerais te voir briller autant, Amano...

Souffla-t-il. Sa respiration contre ma peau me fit frissonner et ma tante poussa la porte à ce moment là. Elle nous regarda tout sourire et je relâchais avec douceur mon ami.

- Haaaa, la jeunesse ! C'est tellement mignon !

Se moqua-t-elle avant de venir dans notre dos et nous pousser à l'extérieur de ma chambre, nous faire dévaler les escaliers sous le regard amusé de grand-père qui était déjà levé, et de nous entraîner à l'extérieur de la ferme familiale. Je ne savais pas bien ce qu'elle avait en tête, mais sa tenue était celle qu'elle portait lorsqu'elle partait en mission pour le village. Elle avait voué sa vie aux secrets, mais sur le terrain. Tuer froidement, dans le dos, pour s'assurer que personne ne nuirait au village, c'était ses compétences. Elle n'était pas la plus forte, ma tante, mais elle était d'une discrétion et d'une agilité exemplaire. Pour ne rien manquer, elle était doté d'une intelligence remarquable. Outre ces faits d'armes, elle était exceptionnelle en magie curative. C'était peut-être même la chose qu'elle maîtrisait le plus, enfin tout cela selon moi.
Son accoutrement sombre, semblable à une peau de dragon, lui donnait un air mystique qui lui allait comme un gant, malgré sa longue chevelure blonde comme les blés.

- Dame Maya, pouvons-nous savoir ce que nous vaut l'honneur de votre visite ?
- Ho, oui Dimy, tu peux. Je compte t'entraîner avec Amano.

Nous nous regardâmes puis j'offris un sourire à ma tante avant de venir la serrer dans mes bras. Elle me le rendit chaleureusement puis ne tarda pas.

- Dimy, tu vas devoir améliorer ton endurance. C'est important. Tu dois être capable de tenir un combat sur la longueur en laissant ta survit entre les mains d'Amano. Tu dois aussi être bien plus habile que tu ne l'es. Rebondir, courir, sauter, virevolter sans jamais faiblir et sans jamais trébucher. Amano... de ton côté tu vas devoir être réactif, trouver les bons moments pour apporter ton soutien sans le déranger tout en lui évitant une mort certaine. Améliorer ton endurance et ta magie seront primordiale. Vous devez réussir à faire un travail d'équipe. Une fois ces bases solides, j'ai une petite idée quant à la fin de votre journée d'entraînement. Et si tout se déroule selon mes plans, ça n'en sera que plus divertissant.

Nous buvions ses mots. Dimrost semblait prêt à commencer dès maintenant. De mon côté, j'étais malgré tout légèrement hésitant. Qu'il me confie sa vie ? Cette pression sur mes épaules m'étais désagréable.

- Amano !

La voix de ma tante me sortit de mes songes alors qu'elle déposait une main légère sur mon épaule.

- Apprendre à faire face à une situation qui mettra en péril vos vies, apprendre à réagir face à l'imprévu, c'est important. Tu dois faire preuve d'un sens analytique parfait. Tu dois pouvoir être celui sur qui on peut compter, Amano. Il ne doit pas pouvoir douter de toi, quand bien même ton sang te brûle, quand bien même ton corps te supplie d'arrêter, quand bien même ton esprit vacille, ne l'abandonne jamais. Tu m'entends ?

Son regard boisé plongea dans le mien, me mettant au défi de faire ce qu'elle attendait de moi. Je pris une longue inspiration et me recula avant de me hisser tant bien que mal sur l'une des branches de notre vénéré vieil arbre familiale.
De la fenêtre je vis la silhouette de mon père s'éclipser discrètement avant de réapparaître appuyé contre le mur de la ferme, nous observant avec beaucoup d'intérêt. Avait-il demandé, sous mes assauts incessants, cette faveur à sa sœur ?

- Dimy, considère moi comme ton ennemie à partir de maintenant. Je chercherais volontairement à viser tes points vitaux. S'il s'avère que ta vie est en danger, rassure-toi, je viendrais te soigner.
- Je n'ai pas peur Dame Maya et j'ai toute confiance en mon ami.

C'était, je crois, la première fois que devant ma famille il m'appelait ainsi : mon ami. D'ordinaire il n'utilisait que mon prénom et je devais avouer aisément que cela me fit chaud au cœur. C'était comme s'il avait aveuglément confiance en moi.
Je tentais de ne pas détourner mes yeux de ma tante et de Dimrost. Il allait être l'homme sur le front, il allait être mon bras armé. J'entrouvre les lèvres alors que je vois filer vers lui une dague. J'allais pour ériger un buoclier mais il dévia l'attaque d'un claquement de fouet. Il l'avait dénoué à sa ceinture sitôt le geste de ma tante esquissé. Il avait été plus prompte que moi à réagir. Pourtant je savais que ma tante se retenait. Elle n'était pas là pour nous tuer mais pour nous aider. Et si elle s'engageait à pleine puissance elle l'aurait écrasé depuis longtemps.

- Dimy, ne détourne pas les attaques, ça te demandera trop d'efforts. Garde tes bras saufs pour apporter le coup fatal. Esquive ou fais-lui confiance !
- Oui !

Je tremblais, ce n'était pas flagrant mais c'était suffisant. J'avais peur de le voir souffrir par ma faute. J'avais peur de ne pas pouvoir le défendre à temps. Une nouvelle arme de jet commença sa course pour aller tâter le poignet de Dimrost. C'était son point faible dans sa garde, je le savais bien. Oui... je le savais. Aurait-il le temps d'esquiver ou devais-je le défendre ? Cette seule interrogation lui valu de laisser son sang abreuver nos terres sous un grognement plaintif.

- Amano !

C'était la voix de mon père.

- Ne réfléchis pas, écoute ton instinct. On ne sera pas toujours là à tes côtés pour faire les choix pour toi. Prend des risques. Connais ton partenaire par cœur. Apprend ses forces et ses faiblesses et complète les. Depuis le temps que vous vous entraînez ou vous regardez vous entraîner l'un et l'autre... tu le connais. Fais le vide. Concentre-toi sur lui. Bas-toi à ses côtés pas à sa place.

Pas à sa place ? Je clignais doucement des yeux alors que Dimrost retira sèchement le petit couteau de son poignet douloureux. Son sang versé me faisait mal mais il ne demanda aucun soin, bien au contraire. Son corps se remis en position de combat. Il était prêt, bien plus que moi. Je n'étais clairement pas préparé à la violence d'un réel combat. Nos entraînements amicaux à Dim et moi à côté faisaient pâle figure par rapport à ce début d'affrontement entre Maya et lui.
Les yeux noirs corbeau se tournèrent sur moi et son sourire me glaça. Il avait autant, si ce n'est plus, confiance en moi qu'au début de cet échauffement. Je ne savais pas répondre, rien dire, rien faire je... je me sentais désemparé pourtant, je ne voulais clairement pas le laisser affronter cette douleur seul. Se battre avec lui. Je finis par descendre de mon perchoir et posa mes pieds nu sur la terre, notre terre. Ma respiration se fit plus fine et je soufflais lentement avant de planter mes orbes jaunes sur ma tante uniquement. Mes mains étaient prêtes. J'étais prêt... du moins le croyais-je.

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Dim 13 Jan 2019, 11:13


L'apprentissage


Maya eut un petit sourire satisfait en nous voyant et fit un petit geste à mon père dans son dos que seul eux comprirent. Je parvins à voir disparaître la silhouette de mon paternel mais restais focalisé sur mon ennemi du moment. Ma tante recommença son petit manège, doucement, laissant des chances à Dimrost d'esquiver alors qu'il tentait de s'approcher d'elle pour stopper ses lancers et moi je tentais de faire jaillir un bouclier de lumière autour de son corps lorsqu'il était vulnérable. Ca allait un peu mieux jusqu'à ce que des bras puissants enserrent mon corps et m'empêchent de bouger. Le souffle contre mon oreille et la voix aurait pu me détendre s'il n'avait pas prononcé ces mots :

- Il faut toujours supposer qu'un ennemi n'est jamais seul et savoir se défendre pour continuer à protéger son partenaire. Si tu es incapable de sentir venir un ennemi sur toi parce que trop concentré à protéger Dimrost, vous êtes déjà morts.

Il éloigna légèrement sa tête de mon oreille et reprit :

- Dimrost, pardonne-nous mon garçon !

A ces mots je vis une longue lame transpercer le cœur de mon ami. Mon sang ne fit qu'un tour mais mon père ne me lâchait pas. Je ne pouvais pas supporter ça, je ne voulais pas le perdre, je ne voulais pas me sentir désespéré. Il n'avait pas le droit de mourir maintenant et de m'abandonner. Dimrost n'avait pas crié et ses jambes le lâchaient, il tomba à genou et la lame se retira progressivement de son cœur puis il s'écroula sur le sol.
La colère aurait du monter en moi contre Maya mais il n'en fut rien. J'étais mort d'inquiétude pour mon ami, c'est tout. Inspirant profondément je poussais mes ailes à se déployer et parvint à rompre la prise de mon père sur moi pour voler maladroitement aux côtés du brun et venir relever son corps délicatement contre moi. Son souffle s'était tari, pourtant il semblait paisible. J'apposais mes mains sur son cœur et tentais en vain de refermer cette vilaine blessure.

- J...J...Je... s...s'il vous plaît... aidez-le... je... je ne... je ne supporterais pas de... le voir mourir...

Mon père déposa une main ferme sur mon épaule qu'il serra pour sans doute me donner du courage et enfin ma tante s'approcha pour éloigner mes mains et alors que ses lèvres mimèrent quelques mots, je sentis la chaleur de la vie revenir lentement dans le corps de mon ami qui reprit douloureusement conscience. Ses bras s'étendirent devant lui et je laissais entendre un petit soupir de soulagement. La douleur, il devait probablement encore la sentir au fond de lui, au fond de son âme. Je n'osais même pas imaginer à quel point ça pouvait être désagréable.
Ses yeux glissèrent sur moi et je lui adressais un de mes plus francs sourires, malgré ma peur. Ma voix, hésitante, se laissa pourtant entendre :

- Comment... comment te sens-tu Dim ?
- Comme quelqu'un qui vient de se faire transpercer le cœur j'imagine. Mais, je suis prêt à reprendre l'entraînement !

Son engouement fit plaisir à ma tante et à mon père qui nous aidèrent à nous relever. Dimrost se tourna ensuite vers moi et releva son bras où il s'était fait toucher au poignet. Volontairement, ma tante ne l'avait pas soigné. Il me sourit à ce geste et vint me parler au creux de l'oreille pour ne pas que nos aînés nous entendent :

- J'aimerais que tu ne te focalise que sur cette lacune. Il faut que je travaille le reste. Quant à moi, je veillerais à tes arrières.
- Il faudrait que j'arrive à...
- Amano, fais-moi confiance. Déploie ton bouclier, focalise-toi dessus, rend-le indestructible, rend-le léger, rend-le grand, laisse-le devenir imperceptible pour eux.
- Je vais essayer !


Il se recula et quelques mèches brunes se glissèrent devant ses yeux troublant d'aussi près.

- Alors les jeunes, vous avez mis au point votre stratégie ?
- Oui dame Maya. Nous pouvons y retourner.

L'entraînement continua. Maya ne faiblissait pas tandis que nos corps réclamaient grâce à chaque seconde supplémentaire. Il me devenait difficile de créer la protection dont avait besoin Dimrost pour ne pas sentir le froid du métal découper ses chairs et il devenait difficile pour mon ami de tenir le rythme imposé par ma tante sans risquer de glisser ou de se tordre les chevilles.
A midi tapante ce fut mon père qui frappa fort dans ses mains pour nous arrêter. Nous nous écroulions contre le sol, dos à même la terre, et tentions de reprendre notre souffle en de grandes et franches inspirations.
Le rire de ma tante me fit me redresser sur mes coudes pour pouvoir observer son visage. Elle semblait ravit de nous. Sa longue chevelure blonde vola sous une légère brise qui me fit sourire tendrement. Le vent sur mon corps brûlant de cet entraînement était plus que bienvenue. Nos vêtements étaient plutôt dans un sale état, et il allait falloir les repriser avant qu'ils ne finissent en lambeaux.
Mon torse se soulevait au rythme irrégulier de ma respiration et pourtant, je me sentais bien. Physiquement, je n'en pouvais plus, mais mentalement, malgré mes doutes et mes peurs pendant ces échanges, je me trouvais rassuré. Loin de me sentir capable d'affronter la violence du monde extérieur, j'étais déjà un peu plus familier avec le sang, la douleur et les petits aléas.

Mon père revint avec deux pichets d'eau ainsi que quatre verres. Il commença par en donner un à sa sœur puis s'approcha de nous et nous en tendit un chacun. Rapidement Dimrost finit le sien et se releva pour aller discuter avec ma tante. Mon père vint s'asseoir à mes côtés, laissant ses bras en arrière de lui pour le tenir, les jambes droites devant lui, un sourire étirait délicieusement ses lèvres. J'aimais à le voir ainsi, détendu, heureux. Je sais pourtant que la mort de ma mère l'affecte encore profondément. Il n'est pas rare de voir son regard briller en retenant quelques larmes de douleur.
C'est tranquillement en sa compagnie que je m'hydrate, me passe un léger coup d'eau dans la nuque et vient doucement poser ma tête contre son épaule. Ce geste, si insignifiant, le fit passer un bras autour de moi pour rabattre pleinement mon corps contre le sien avec fermeté.

- Mon fils... Tu as fais preuve de beaucoup de courage ce matin.

Il frotta légèrement sa main contre mon épaule et poursuivit d'une voix paisible, réconfortante :

- Admettre qu'on a besoin d'aide dans un moment critique, un moment de doute, c'est une preuve de force en soit. Celui qui connaît ses limites avancera bien plus vite que celui qui les ignore. Et... le doute, n'est pas une fatalité en soit... douter ce n'est pas incompatible avec le courage, au contraire.

- Papa... ?

Je sentais la tristesse étreindre doucement son cœur. Malgré ma fatigue, je me détachais doucement de lui, me levais et lui tendit mes mains qu'il saisit vivement pour se relever à son tour. De là, je déployais mes ailes et le prit dans mes bras, nichant mon visage dans le creux de son cou. Mon père était bien plus grand que moi, mais ce n'était pas important. J'appuyais doucement son visage à venir se cacher contre moi et nous cachait de mes ailes aux yeux du monde.

- Devant moi... papa... tu peux pleurer l'absence de maman tu sais.


Je sentis son tremblement, léger, sa surprise et son sourire se former contre la peau de mon cou. Il redressa son visage et le mien et posa son front à même le mien, souriant. Pourtant, la brillance humide le long de ses joues ne m'échappait pas.

- Ta... Ta mère serait tellement fière du petit homme que tu deviens...
- Je suis sûr qu'elle est fière de nous deux.

Son sourire s'évapora à mes mots et ses larmes redoublèrent, silencieuses. Je pleurais moi aussi souvent la mort de ma mère mais, aujourd'hui je n'avais aucune raison de le faire. Elle me manquait, tous les jours, et pour elle j'avançais. Pour elle je me battais sans relâcher mes efforts.

- Tu sais... que c'est elle qui a insisté pour que nous fassions un enfant... Elle m'a toujours convaincu du bien fondé des choses... Ta mère avait de ça ce petit côté exceptionnel... Le jour où pour la première fois nous avons parlé d'avoir un enfant elle m'avait dit : « Qu'il soit ange ou démon, nous l'aimerons tout autant. Il sera le fruit de notre amour et de notre chair. »
- Maman était un peu révolutionnaire dans son genre.
- Haha, oui, un peu. Elle voyait toujours le bon côté des choses... elle me tirait toujours vers le haut dans les moments les plus délicats. Elle avait ton genre de caractère. Au tout début qu'on s'est connu, ta mère était un peu comme toi, timide, incertaine et pourtant, c'est bien elle qui m'a abordé et fait la cours. Nous nous sommes longtemps tournés autour jusqu'à ce qu'elle refasse le premier pas et que je ne lui offre mon cœur. Ma sœur, ta mère et moi, étions les trois seuls à vouloir embrasser une carrière militaire. Ta tante était notre soutien, ta mère la magie et j'étais l'épée.
- Vous sortiez toujours tous les trois ?
- Non pas tout le temps, mais on tentait de le faire le plus possible. On se connaissait par cœur. Depuis tout petit je m'étais entraîné avec Maya au combat, un peu comme toi et Dimrost. Je pense que c'est pour ça qu'elle vous a pris en charge malgré mes refus. Je...
- Je ferais attention papa. Je n'ai pas envie de mourir, j'ai trop de chose à faire.
- Trop de chose à faire ? On croirait entendre ta mère.


Un sourire et je le voyais se redresser doucement. Ses larmes et sa tristesse s'étaient envolées. Il fit un petit pas en arrière et mes ailes revinrent dans mon dos sans que je ne les repli tout de suite. Son regard sur elles me faisait du bien. Il n'était pas émerveillé ; il avait dû en voir des anges ; non, il était protecteur. Une de ses mains s'avança et se glissa dans quelques unes de mes plumes, me tirant un long frisson et un petit soupir d'aise. Cette douceur là, celle d'un père envers son fils, je l'aimais.

- Papa ?
- Oui Amano ?

Je croisais son regard jaune et lui fit un immense sourire en laissant mes ailes disparaître de sa vue et en commençant à marcher vers Dimrost.

- Je t'aime papa.

Il resta sans voix, et je continuais ma route vers mon ami, sans chercher à savoir s'il s'était retourné vers moi pour me regarder grandir et devenir un homme. Je n'avais qu'un rêve pour l'heure, pouvoir quitter ces terres, devenir assez fort pour m'aventurer sur le monde et offrir rire et bonheur au monde. Je voulais redonner un peu d'espoir à ces terres assaillis par la corruption. Alors que je revenais auprès de ma tante et de mon ami, d'entendre leur rire me fit le plus grand bien.

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