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 [XVIII] - Quand il y a de la vie, il y a de l’espoir | Solo

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Isiode et Isley
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◈ Parchemins usagés : 1066
◈ YinYanisé(e) le : 04/01/2016
◈ Activité : Soldats
Isiode et Isley
Sam 16 Juin 2018, 22:38




Quand il y a de la vie, il y a de l’espoir

# Le silence peut être le plus puissant de tous les cris



Catégorie de quête : XVIII | Persuasion
Partenaire(s) : Solo
Intrigue/Objectif : Isley est dans un état critique à la suite de la Chasse aux Anges et, depuis qu’il s’est réveillé, Isiode passe le plus clair de son temps à son chevet, à le veiller. Cependant, il n’est pas le seul à ressentir de la peine et de l’angoisse : Hemmiel, écrasé par les remords, se juge violemment et cruellement d’être le responsable de tant de maux au sein de leur Troupe. Isiode tentera de lui faire comprendre que tout n’était pas de sa faute et qu’on ne peut rester sourd aux cris de notre cœur.


J’étais encore étourdi par la fatigue, par le poids de l’inquiétude et ce, peu importe le nombre d’heures de sommeil que j’additionnais jour après jour, nuit après nuit, depuis bientôt quatre jours. Néanmoins, ce n’est pas comme si je dormais énormément ces derniers temps, l’angoisse me tirant toujours de mon sommeil lorsque je le sentais poindre et m’emporter dans les bras d’Harabella. Elle était là, à l’affut de la moindre opportunité pour me happer et ne plus me lâcher, empêchant ainsi le revers de mes paupières de se teinter de noir pour que je puisse m’abandonner définitivement au repos récupérateur de ceux et celles qui combattent la peur. Puis, l’angoisse me traînait péniblement jusqu’à la chambre de convalescence de mon frère. J’avais beau craindre cette vision, je me laissais guider à travers les couloirs de la demeure à la manière d’un spectre égaré qui recherche une lumière éteinte depuis des millénaires : je ne me débattais aucunement, je faisais simplement suivre l’angoisse qui me tirait inlassablement jusqu’à cette chambre. Et enfin, je repoussais doucement le battant de la porte et il était là, sous mes yeux, endormis comme un chérubin à qui la Vie venait d’être insufflé. Pour autant, Isley, lui, ne s’éveillait pas de cette longue – trop longue – sieste. Il dormait profondément, inconscient des troubles qui agitaient désormais l’union fragile de notre Troupe, mais au moins, au contraire des diagnostics d’il y a plus d’une semaine, il était définitivement tiré d’affaire. Il avait repris quelques couleurs par ailleurs et ses blessures avaient été méticuleusement soigné et pansé par les soignants qui l’ont traité. Qu’Edel soit louée, elle lui avait donné la force nécessaire pour survivre. Combien de fois l’avais-je remercié d’avoir répondu à mes appels? Combien de fois ais-je remercié Ezechyel de l’avoir épargné? Peut-être un peu trop pour que le décompte de toutes mes prières soit fidèle à la réalité. Quoi qu’il en soit, l’important, c’est qu’il soit vivant.

Isley et moi n’étions pas en très bons termes ces derniers temps et, plus d’une fois, nous nous sommes confrontés en raison d’une stupide divergence d’opinions. Ces querelles nous épuisent et malgré toute notre volonté à vouloir faire la paix, nous ne pouvions accepter ce que l’autre devenait sous nos yeux, sans que l’on ne puisse y changer quoi que ce soit. Nous n’étions pas prêts à nous observer prendre des chemins différents. Que nous arrivait-il? Qu’avions-nous fait pour nous éloigner de la sorte? C’était les questions qui nous traversaient constamment l’esprit dès que nous nous examinions. Nous étions pourtant inséparables depuis la naissance. Nous avions tout affronté ensemble, la vie comme la mort, et nos moments de joie, nos instants de peine, nous les avions partagés ensemble, parce que c’était cela, être frères. S’épauler, se consoler, se battre de temps en temps, certes, mais être auprès de l’autre en tout temps… Depuis la mort de Maman, ce devoir me semblait encore plus limpide, encore plus important, et c’est pourquoi je m’étais juré de veiller sur la famille pour qu’elle puisse vivre au-delà de ce qui l’a initialement brisé en éclat. J’étais jeune et songer qu’un gamin de mon âge pouvait porter sur ses épaules tous les démons qui hantaient la famille Kaesra pouvait paraître pénible et sincèrement utopique. Pourtant, aujourd’hui encore, je me bats farouchement pour le bien-être de cette famille fracturée. Les morceaux sont difficiles à retrouver et à ressouder, mais tant qu’ils existent et tant que mon cœur battra au fond de ma poitrine, je serais là pour préserver leurs souvenirs et m’assurer qu’ils vivent le plus longtemps possible.

« Isley, c’est encore moi… » Murmurais-je doucement en traversant le seuil de la porte, refermant cette dernière dans mon dos d’un geste mécanique.

À chaque fois, j’espérais que son visage se retourne dans ma direction et qu’il m’adresse un sourire rassurant, mais comme à chaque fois, il ne bougeait pas, simplement étendu sur le matelas, à respirer, les yeux fermés, brisant ainsi toutes mes expectations, ravivant ainsi le désespoir qui noircissait mon âme. Un soupir s’échappa de mes lèvres. Déception et anxiété… Cela étant dit, à quoi m’attendais-je? Cela faisait quatre jours que je le veillais, étant donné qu’il semblerait que je n’ai pas droit au sommeil du juste, et j’avais beau lui parler, j’avais beau le secouer, le supplier de se réveiller, il s’était complètement refermé à mes appels – ou peut-être que sa léthargie le rendait sourd à ceux-ci. Peu importe… De toutes les personnes qu’il aurait pu écouter, je croyais que j’étais celui qui aurait pu le remuer, le tirer de son inertie apathique, mais rien à faire, il restait amorphe dans son lit, complètement détaché de tout ce qui s’animait à l’extérieur de son esprit. M’avançant de quelques pas, j’attrapais l’une des chaises de la chambre avant de la rapprocher du lit de mon frère.

« Je sais, c’est la sixième fois que je te rends visite aujourd’hui, mais je ne trouve pas le sommeil. Tu m’inquiètes beaucoup, tu le sais ça? »

Bien sûr qu’il le savait, même s’il n’était pas en mesure de me répondre, voire même de me comprendre. Après tout, Isley et notre père étaient les personnes les plus importantes dans ma vie et j’étais prêt à tout, absolument tout, pour les protéger. Le regard fixe mais tremblant, le visage impassible mais impatient, j’essayais de mon mieux de ne pas afficher un quelconque sentiment à travers mes yeux et mes traits, en vain. Dès qu’il s’agissait de mon frère, j’étais rarement en mesure de faire semblant. C’est pourquoi, dans un besoin grandissant de réconfort, je tendis l’une de mes mains vers mon jumeau, caressant doucement les filaments diaphanes de ses cheveux.

« Je t’en prie, réveille-toi. Nous avons besoin de toi… »

Silence. J’expirais un nouveau soupir, reculant ma main.

« Tu peux entrer. Les visites ne sont pas limitées.

- Je ne voulais pas te déranger…

- Et tu ne me déranges pas. Aller, entre, Hemmiel. »

D’une démarche incertaine, l’aspirant finit par abdiquer et pénétrer dans la chambre.

« Il ne s’est toujours pas réveillé… » Constata l’Ange après avoir jeté une brève œillade vers mon frère.

Même si c’était évident, je me devais de faire quelque chose, n’importe quoi : d’un mouvement lent, je secouais la tête en signe de négation.

« J-Je voulais te parler, Isiode… »

Je restais silencieux, me concentrant davantage sur Isley que sur l’Immaculé.

« Je comprendrais que tu m’en veuilles pour ton frère. Après tout, c’est de ma faute si Acram, Isley et toi soyez revenus aussi amochés. Je… J’ai agi sans réfléchir. Je croyais pouvoir faire cela tout seul et je… je n’ai même pas songé aux conséquences que mes actions allaient engendrer. Tout ce à quoi je pensais, c’était de sauver ma grande sœur… Je voulais la sortir du guêpier dans lequel je l’ai envoyé. »

Lentement, je relevais la tête dans sa direction, le considérant d’un œil vif et attentif.

« Désires-tu m’en parler? Lui proposais-je tranquillement, conscient que ses secrets le torturaient de l’intérieur.

- N-Non… Refusa-t-il. C’est compliqué…

- … Je vois. Cependant, je te conseille d’en parler à quelqu’un, n’importe qui : Skye, Nora, Travis, Faith… Nous sommes à ton écoute et t’aiderons du mieux que nous le pourrons, si tu en as besoin. »

L’aspirant se mit à fixer la pointe de ses bottes.

« Malgré tout ce que j’ai fait, Isiode…

- Ce qui est fait est fait et nous savions que partir aux Terres Arides n’allait pas être une partie de plaisir. J’ai déjà tourné la page.

- Mais à cause de moi, vous… »

Je le regardais droit dans les yeux désormais, coupant court à ses jérémiades.

« Que veux-tu, Hemmiel? Que je te crie dessus? Que je me fâche? Que je te frappe? Cela, c’est le rôle du capitaine. »

L’Immaculé resta muet, paralysé dans ses remords et ses tourments.

« Je ne peux pas en vouloir à un homme qui a simplement écouté les cris de son cœur. Il te demandait de retrouver Elsa et c’est ce que tu as fait. Ne t’en fais pas, si j’étais à ta place, si Isley se serait retrouvé entre les griffes des Démons, crois-moi, j’aurais fait dix fois pire que toi. »

Tentant d’esquisser un sourire pour apaiser l'atmosphère, je poursuivis :

« Nous sommes simplement humains. Nous avons un cœur, nous éprouvons des sentiments et serions prêts à tout pour les personnes qui comptent le plus pour nous, même des pires folies. L’important, c’est de comprendre notre erreur et d’en tirer des leçons. »

L’invitant à s’asseoir, je lui adressais un vague signe de la main pour lui indiquer de tirer la seconde chaise qui se trouvait au bout de la chambre. Hemmiel accouru aussitôt, plaçant la chaise de l’autre côté du lit.

« Elsa comptait pour toi?

- Oui. Elle et Skye comptent plus que ma propre vie.

- Bien. Alors ne te tracasse pas. Les autres et moi connaissions les risques. Nous avons simplement fait notre travail en tant que soldat. Et en tant qu’amis. »

Hemmiel m’adressa alors un drôle de regard, que je ne pris pas la peine de croiser. Puis, le jeune homme pencha de nouveau la tête, gêné.

« I-Il ouvrira bientôt les yeux, n’est-ce pas? »

Je me tournais également vers mon frère. J’aurais aimé lui répondre, mais je ne connaissais pas moi-même la réponse. À l’heure actuelle, seul Isley avait suffisamment de pouvoir pour décider de ce qu’il adviendra plus tard. Ouvrirait-il les yeux dans quelques heures, dans une semaine, dans un mois? Tout reposait sur ses épaules désormais. Tout reposait sur ses épaules et cela me terrorisait, parce que je ne pouvais rien faire pour l’aider et alléger le poids de son fardeau. J’étais impuissant alors que, peut-être, il se mourrait lentement. Non… Pensais-je aussitôt en portant l’une de mes mains jusqu’à ma poitrine. Je peux le sentir, il n’est pas en train de mourir. Mais alors pourquoi n’ouvrait-il pas les yeux?

« Isiode, je suis sincèrement désolé », répéta Hemmiel.

Je pouvais sentir son regard m’examiner. Instinctivement, mes doigts se serrèrent en poing, froissant le tissu de mon haut, et, doucement, je relevais la tête vers l’aspirant, me forçant à lui adresser un sourire réconfortant. Toutefois, malgré mes bonnes intentions, mes lèvres finirent par tirer une sorte d’hideuse grimace, la lassitude et la fatigue labourant le peu de sérénité et de consolation que j’étais parvenu à imprimer sur mon visage.

« Je sais. Mais ces blessures ne sont pas de ton dû. Nous sommes des soldats et nous savons qu’une fois partis en mission, il se peut que nous ne revenions pas. Nous sommes préparés à cela. »

Et en contemplant brièvement le visage de mon frère, je me sentis obliger de rajouter :

« Enfin, c’est ce que nous aimerions croire. »


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Isiode et Isley
Lun 09 Juil 2018, 04:27

Quelques fois, je me surprenais à penser que sans un cœur, sans une émotion qui viendrait s’opposer à notre discernement, ce genre d’événements ne se produirait pas. Après tout, il n’y a plus d’actions irréfléchies et inconsidérées lorsque nous sommes meut par une seule intelligence : celle de la raison. Je scrutais Hemmiel en une discrète attention tout en veillant sur mon frère, gratifiant ce dernier d’un regard empli d’une indicible affection. Pourtant, ma pensée voguait bien au-delà de nos trois êtres confinés dans cette petite pièce à la lumière crépusculaire, puisqu’elle parcourait plus attentivement les paroles que j’avais offertes au jeune aspirant afin d’apaiser les tourments de sa conscience. Je lui avais assuré que tout ce qui s’était produit sur les Terres Arides n’était pas entièrement due à son acte aliéné – un mauvais jugement, un élan irréfléchi, un manque de discernement, cela nous arrivait à tous, surtout lorsqu’il était question de porter secours aux êtres aimés – et pourtant, en mon for intérieur, je ne pouvais m’empêcher de songer que tout cela ne serait jamais arrivé sans cette recrudescence émotionnelle qui avait brusquement jailli de son cœur, ce même cœur qui l’avait poussé à agir aussi inconsciemment au point d’en négliger sa vie et celle d’autrui. En effet, je ne pouvais pas en vouloir à Hemmiel d’avoir simplement suivi ce que lui dictait son cœur, mais suivre son cœur avait été le mauvais jugement de l’aspirant – et celui de bien d’autres personnes avant lui; s’il croyait être le premier à avoir succombé à l’appel des sentiments. Cela étant dit, cet événement me replongeait dans cette réflexion et je me demandais s’il était véritablement nécessaire que nous ayons un cœur qui réfléchi et opère différemment de ce que la raison nous insuffle d’accomplir. Était-ce si bon d’avoir des sentiments, finalement, sachant qu’à leur réveil, nous réagissions promptement, avec imprudence et insouciance? Combien de guerriers s’étaient perdus à cause de la fierté et de l’orgueil qui n’avaient eu de cesse de gonfler leur égocentricité? Combien de couples se sont déchirés parce qu’ils croyaient en la trahison de leur aimé? Combien d’inconscients se sont détruits lorsqu’ils furent envahis par les remords, par le chagrin, voire même par l’amour, sachant que ce n’est pas uniquement des plus sombres sentiments que naissent les actes les plus fous? Cette machine qu’était le cœur était un poison en soi, mais en même temps, je ne pouvais le rendre coupable de tous les tourments qui s’abattaient sur ce monde, même s’il était la cause de biens des maux. Après tout, il était également source des plus grands bonheurs qui puissent nous faire vibrer et respirer. Il était celui qui nous permettait de nous soulager par l’entente d’un rire; il était celui qui nous permettait de profiter au maximum du précieux bonheur qui nous était permis de bénéficier. Il était salvateur et destructeur, bon et mauvais à la fois, l’opposition de son essence reflétant parfaitement l’ambigüité de notre nature humaine et mortelle… Peut-être étais-je un peu trop pessimiste, peut-être essayais-je de trouver un ennemi là où il n’y avait point d’adversaire, mais je ne pouvais m’extirper de ce courant de pensées, persuadé que le meilleur des hommes n’est pas celui qui aime, qui est le plus fort ou qui prêche avec ferveur le culte des Dieux, mais plutôt celui qui ne s’entrave d’aucune émotion qui puisse brouiller le jugement du bon sens et de la logique : le meilleur des hommes était celui qui créait un barrage entre les émotions et la raison.

Les heures passèrent alors qu’Hemmiel et moi-même veillions sur mon frère. Nous n’étions pas très bavards, mais les quelques conversations qui se forcèrent un passage dans ce silence pesant nous permit de détendre peu à peu l’atmosphère, des rires et des sourires fusant brièvement de nos gorges ou s’esquissant sur le bord de nos lèvres. Cependant, une surprise vint brusquement éclater la bulle intemporelle dans laquelle nous nous étions plongés, coupant net notre discussion à propos d’Asriel Heylik, notre souveraine, et des différentes inquiétudes que nourrissaient les membres de notre peuple à son sujet, notamment des tensions qui s’étaient soudainement enflammées entre elle, les Ailes Noires et les Réprouvés, ainsi que bien d’autres racontars qui s’élevaient, ici et là, à travers les échanges de réflexion, les bruits qui courraient plus vite encore que les guépards dans leur jungle et les rumeurs avec ou sans fondement – comment les différencier? – que la communauté dévorait à la manière de petit pain.

« Hemmiel! » Lança soudainement une voix dans mon dos au même moment que le battant de la porte s’ouvrait brutalement sur notre pièce.

Étonnés par l’arrivée fracassante, l’aspirant et moi tournâmes nos regards vers l’ouverture de la porte, distinguant, à son seuil, une silhouette fine et grande, dont le visage légèrement angulaire présentait de magnifiques yeux saphir ainsi qu’une chevelure aussi froide que la neige et l’hiver. Elle ressemblait énormément à Hemmiel physiquement, mais il y avait une expérience plus grande, plus mûre, dans son regard que dans celui de l’apprenti-guerrier. Cependant, à l’heure actuelle, ses pupilles reflétaient de la colère mêlée à une inquiétude profonde au lieu de la sagesse.

« Bon sang, qu’est-ce qu’il t’a pris de faire ça?!

- S-Skye… »

Hemmiel détourna vivement le regard, ses joues prenant violemment une couleur rosée. Sans même se soucier du piteux état dans lequel le jeune Ange venait de se replonger, la prénommée Skye entra comme une tempête dans la chambre de convalescence de mon frère, se postant tout près d’Hemmiel pour lui prendre le menton à pleine main et le forcer à la regarder droit dans les yeux.

« Je reviens à peine de mission que mon capitaine demande à me voir et devine ce que j’apprends? Poursuivait-elle d’une voix un peu plus basse mais non sans perdre le tranchant de son énervement. Que mon petit frère est parti, seul, sans avertir qui que ce soit, aux Terres Arides alors que les Démons y festoient comme des bêtes en organisant une chasse aux Anges! »

Elle lui lança des éclairs par l’intermédiaire de ses yeux.

« À quoi as-tu pensé? Tu voulais te tuer dans ce bordel?!

- Non, Skye! Je voulais simplement sauver Elsa, parce que… parce que… »

Elle ne lui laissa pas le loisir de continuer sa plaidoirie, des larmes chaudes se déversant en torrent de ses yeux enflammés. Si la colère défigurait toujours ses traits, le chagrin, pourtant, pris les devants et humidifia son faciès. Face à face avec ce visage en pleurs, Hemmiel s’était tout de suite tut, bouleversé.

« Vous êtes sous ma protection. Je suis l’aînée et c’est mon rôle de vous protéger. »

Doucement, elle tira son frère auprès d’elle pour l’enlacer.

« Nous avons déjà perdu Elsa… S’il-te-plaît, je ne veux pas te perdre toi aussi…

- Skye… Elsa est… elle est… Essaya Hemmiel d’une voix tremblante et désespérée, la tristesse de sa grande sœur l’ayant giflé de plein fouet.

- Je sais. Mon capitaine m’en a aussi glissé un mot… » Assura-t-elle en lui caressant tendrement la racine des cheveux.

De l’autre côté du lit où reposait mon frère, je les observais en silence, hésitant à les interrompre ou à m’en aller de la chambre, quand bien même elle était celle de mon frère. Toutefois, Skye mit fin à leur accolade en se tournant dans ma direction. Pleinement consciente que la scène à laquelle je venais d’assister concernait uniquement son frère et elle, la Patrouilleuse proposa à Hemmiel de sortir pour qu’ils puissent se parler de tout cela en privé.

« Je reviendrais voir Isley, me confia-t-il. Et… Merci, Isiode. Je me rachèterai. »

Doucement, je lui fis signe que ce n’était pas nécessaire. Cela étant dit, je le remerciais pour mon frère avant qu’il disparaisse de l’autre côté de la porte avec sa sœur qui me jeta une dernière œillade avant de fermer le battant. Le silence, dès cet instant, fut total et écrasant.

De nouveau, je me retrouvais seul, seul face à mon frère inconscient et seul dans mes raisonnements. Après le départ de l’aspirant et de la Patrouilleuse, je n’ai plus compté les heures que j’ai passé dans cette pièce, à jongler entre le désespoir et le détachement. Les soignants qui s’étaient penchés sur le cas de mon frère ne s’inquiétaient plus pour son état et pourtant, ils ne s’expliquaient pas sur le pourquoi Isley était encore si profondément attaché à son état léthargique. L’un des médecins m’avait avoué qu’il pouvait s’agir de la propre volonté d’Isley à ne pas vouloir s’éveiller, mais encore une fois, ce n’était qu’une hypothèse parmi tant d’autres. Qu’est-ce qui peut bien t’arriver? Ne cessais-je de me questionner tandis que les minutes et les heures continuaient de suivre le flot normal du temps, mais ce dernier fut brutalement interrompu par des coups à la porte de la chambre. Sursautant, je me retournais vivement en direction de la porte. Croyant qu’il s’agissait d’Hemmiel qui revenait veiller mon frère à mes côtés, j’invitais la personne à entrer.

« Ah! Isiode, tu te cachais donc ici! »

D’un pas sûr, Travis traversa la chambre, m’incitant à me lever.

« Toutes les unités ont été appelées au bâtiment principal pour une importante annonce. Les Consuls ont décrété que toutes les personnes pouvant se déplacer pour la réunion devraient se présenter.

- Qu’est-ce qui se passe? Vont-ils nous parler des Terres Arides?

- Ils n’ont rien voulu dire. Nous le serons uniquement si nous allons au rassemblement. »

Durant quelques secondes, je tournais mon visage vers celui de mon frère. Puis, j’expirais un soupir, me soulevant pour quitter l’assise peu confortable de ma chaise.

« D’accord. Je te suis. Voyons voir ce que les Consuls ont à nous dire… »

Hochant de la tête, Travis fila aussitôt hors de la chambre, m’attendant au seuil de la porte, sachant pertinemment que j’allais profiter de quelques secondes pour faire mes au revoir à mon frère. Mais à sa grande surprise, je le suivis sans tarder, refermant avec mille délicatesses le battant. De toute façon, peu importe les paroles que je lui soufflerais, il ne s’éveillerait pas aujourd’hui…


La salle était comble et pourtant, certains membres de la Compagnie, voire même des unités entières, n’étaient pas présentes aujourd’hui pour le rassemblement. Je me rendais compte uniquement maintenant de la petitesse de cet espace.

« Bonsoir, aspirants, Fantassins, Patrouilleurs, capitaines. Merci de nous avoir rejoint, ce soir, pour ce rassemblement. Nous savons que nous avons tiré plusieurs d’entre vous à vos activités et c’est pourquoi nous ne prendrons que quelques minutes de votre temps pour vous communiquer une grande nouvelle. »

La voix du premier Consul de Yüerell, l’Ànjọnú Michkaël Luthosia, retentit à travers la salle, sereine et forte. À ses côtés, légèrement en retrait auprès d’un troisième homme, le second Consul, l’Ànjọnú Amaël Nortamion, avait le dos droit et ne prononçait pas un seul mot. Pour autant, ce n’était pas les dirigeants de la Compagnie qui attirèrent si violemment mon attention, c’était ce troisième homme qui, à la droite du Consul Nortamion, conservait un silence solennel et balayait l’assemblé d’un œil aiguisé et scintillant, comme s’il prenait part à un examen minutieux de chacun des visages qui apparaissaient devant ses yeux. Et lorsque nos regards se croisèrent, je fus surpris de constater qu’un sourire se dessina, dans le même temps, sur son faciès. Travis, dont mon trouble avait piqué la curiosité, me demanda d’un ton fortement intéressé :

« Tu le connais?

- O-Oui… Enfin, non. Pas vraiment. Nous avons simplement joué ensemble un morceau, au Lac Bleu.

- Euh… Quoi? »

Mais je n’eus pas le temps de clarifier mes propos, Michkaël reprenant aussitôt la parole.

« Tout d’abord, je tiens à vous présenter notre invité, Nathanaël Ivanhnoé, qui a été envoyé auprès de nous par l’Élue des Cieux pour nous partager ce fameux message. »

Le troisième homme s’avança à l’entente de son nom, ses yeux d’une pâleur inhumaine se posant au-dessus de l’assemblé. Lorsqu’il effectua le salut militaire de la Compagnie, Michkaël lui laissa la scène en s’éclipsant pour arriver à la hauteur du deuxième Consul. Face à l’assemblé, Nathanaël présentait un sourire énigmatique, l’opalescence de son regard semblant en intriguer plusieurs.

« Bonsoir, mesdames, messieurs. Comme l’a souligné votre Consul, je me nomme Nathanaël Ivanhnoé et je suis un Archange de la Reine, Asriel Heylik. Comme vous le savez tous, depuis le jour du Grand Recueillement, l’Élue des Cieux a décrété qu’elle organisera, bientôt, des expéditions à travers les continents afin d’annexer de nouveaux territoires pour notre peuple. »

À ce rappel, un léger brouhaha s’éleva doucement de nos rangs, Nathanaël conservant respectueusement le silence jusqu’à ce que les murmures s’estompent.

« Je comprends que cela vous inquiète. Certains ont peur pour leur protection, d’autres pour l’inconnu que nous devrons certainement affronter, d’autres, encore, de nos ennemis qui nous attendent à l’entrée de notre terrier. Je ne peux vous assurer que ce projet se déroulera sans incident. Je ne peux vous assurer que ces expéditions ne coûteront pas la vie de certains d’entre vous, mais nous ne pouvons pas nous terrer et nous morfondre sur notre sort pour le restant de nos jours. Cela, c’est notre réalité. Nous vivons dans une époque où il faut chasser ou être chassé. »

L’inflexion de sa voix était calme et pourtant, ses paroles hachaient notre esprit comme mille lames aiguisées.

« Et la Reine a choisi de devenir le chasseur afin que nous puissions recouvrir notre autonomie et notre indépendance, afin que nous puissions nous relever et renaître de nos cendres comme le Phénix à la fin de son existence. Les Magiciens nous protègent pour l’heure et, à jamais, nous leur serons reconnaissants pour tout ce qu’ils ont fait pour nous. Cependant, ne croyez-vous pas qu’il est temps de quitter le nid parental pour voler de nos propres ailes? Ne croyez-vous pas qu’il est temps de nous reconstruire afin d’élever notre nation au sommet de sa gloire, comme autrefois, et cesser de trembler, cesser d’avoir peur? Le feriez-vous, soldats? »

Tout cela me rappelait vaguement la dispute qui avait éclaté entre Hiddleston et Acram, plusieurs lunes plus tôt…

« Membres de la Compagnie de Yüerell, je vous demande donc de songer à ma proposition. Avec l'accord de la Reine, accepterez-vous de m’accompagner au-delà des Océans afin de construire un nouveau futur pour les nôtres? »

L’assemblée était songeuse, surprise, profondément troublée, déchirée entre deux réalités.

« D’ici la prochaine pleine lune, ajouta Nathanaël en balayant, une dernière fois, la foule des yeux, je reviendrai afin de connaître votre réponse. »

Il recula de quelques pas avant de se pencher vers l’avant, un poing sur son cœur.

« Que la sagesse des Ætheri vous porte conseil, mes chers amis. »


2 456 mots | Post II


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