Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

Partagez
 

 [Événement] Démence fatale - Chapitre II

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5  Suivant
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Ven 13 Juil 2018, 15:13






D’un geste doux, les doigts de la brune relâchèrent la gorge gracile de sa victime pour y porter un tissu qui ne tarda pas à se nimber de rouge. Mieux valait éviter que l’hémorragie ne mène à une fin tragique ; elle avait été plus gourmande que nécessaire. Une pointe de déception démangeait ses canines. Il lui en fallait plus. Quelques secondes plus tard, le visage de Sayanel se redressa à son tour. Respectueusement, il déposa un baiser sur la main de l’innocente créature que son emprise faisait ployer. « Merci infiniment, Lina. Tu peux disposer. » Les joues rosies, la jeune femme noua un foulard autour de son cou et quitta la pièce sans rien ajouter. Apaisée par les récents événements, Callidora observa en silence son Créateur. Un sourire charmé vint flotter sur ses lèvres ; elle succombait toujours à l’insouciance. Grandiose, le souvenir des festivités de la veille la réconfortait. Il était rare que le calme règne en maître lorsqu’ils passaient du temps ensemble, et bien malgré elle, ces moments de détente lui réchauffaient le coeur. Que l’homme qui l’avait privée de sa vie s’emploie ainsi à l’égayer améliorait considérablement son humeur. Avec tendresse, elle approcha son pouce de la bouche de l’autre pour en chasser la dernière trace du repas.

Quelle ne fut pas sa surprise lorsque sa chair rencontra la courbure sèche d’un os ! Battant des cils, elle ramena son bras le long de son corps. Sans même qu’elle ne s’en aperçoive, tout autour d’elle avait changé. Où que se pose son regard, elle ne voyait que des roches noircies, et de rares touffes de végétations appeler à l’aide. Manifestement, elle se trouvait sur les pentes d’une montagne. Par chance, de massifs nuages dérobaient sa peau aux ravages de la lumière. Le paysage en contrebas murmurait les affres du chaos. Il ne s’agissait pas là d’un simple tour de son esprit malade. Que signifiait tout ceci ? La jeune femme fit quelques pas sur le sentier granuleux, à la recherche d’un quelconque signe de vie. Se téléporter lui aurait assuré de se retrouver en lieu sûr ; les détails qui assaillaient ses sens ne revêtaient cependant pas le manteau familier de l’illusion. Intriguée par la situation, elle recula et percuta quelque chose. Par réflexe, son couperet fendit les airs et arrêta sa course avant de trancher la chair. « Que... ? » Soudain privée de toute force, elle relâcha son étreinte. Sa main resta néanmoins en place. Dépourvu de toute compassion, c’était son propre regard qui la fixait, accordé à la dureté de sa voix dont quelques mots s’échappèrent. Les siens. C'était étrange. « Fais-tu de moi ? » Sans qu’elle ne puisse réagir, la lame dessina un sillon fatal ; le sang lui éclaboussa le visage.

Le corps s’effondra comme une poupée de chiffon, emporté par les flots rouges qu’il ne pouvait plus contenir. L’horreur ne touchait plus Callidora ; elle éclata de rire. Le torrent écarlate vint s’écraser contre elle. Sitôt que sa chair rencontrait le liquide, de légers picotements affleuraient à la surface. Affectueusement, elle releva son cadavre et le prit dans ses bras pour une valse funèbre. Jaillissant de la bouche de l’autre, le précieux liquide se répandait sur ses joues. À la fois avide et tendre, la brune embrassa son reflet. Était-elle morte ? Abandonnée toute entière à une extase libératrice, elle tournoyait en riant, couverte de rouge. Haletante, elle laissa ses lèvres se peindre de la substance carmine, celle-ci glissant à l’intérieur de sa gorge. Divine sensation. La Vampire se mit soudain à suffoquer. Quelque chose n’allait pas. Sa conscience s’alarma, lui laissant apercevoir la réalité une seconde. Le plat de son couperet s’abattit sur le crâne qui composait le totem. Avec rage, elle le jeta à terre et l’écrasa sans ménagement, réduisant les os en bouillie. Le calme était revenu. Agacée de s’être laissée prendre de la sorte, elle remarqua que des tâches écarlates parsemaient ses vêtements. La dangerosité de la montagne ne faisait aucun doute. Confuse, une silhouette familière attira son attention. Que faisait-il là ? Sans que la logique ne fasse son effet, elle se précipita vers lui sur le champ. « Lucius... » Son corps se colla à celui du jeune homme. Une touche de désir dans la voix, elle enfouit son visage dans le cou de son fils. Son parfum la hantait. « Je t’attends depuis si longtemps... » Malgré ses tentatives, il fallait se résoudre à l’évidence ; la raison n’était plus qu’un lointain mirage.

Résumé:





(c)LOKIA
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Ven 13 Juil 2018, 15:22

Les pieds dans le vide, l’eversha scrutait d’un oeil fatigué les irréelles poursuites de l’astre lunaire au travers du feuillage du Phoebe'Ara. Perchée à bonne hauteur, elle se laissait bercer par la tiédeur du soir, refusant de céder au poids du sommeil qui menaçait de l’étreindre. Dans le froissement des branches pliées par le vent, le chant des carillons de bois de Dhitys apaisait ses tourments dans une envoutante complainte.
Ses rêves éveillés vagabondaient dans un chaos infernal, faisant tournoyer ses pensées entre remords et regrets. Trop de choses endeuillaient son coeur, l’empêchant d’y trouver la paix, ressassant encore et toujours ses choix comme si certains demeuraient encore inassumés.
La tête appuyée sur une liane tressée, elle laissa ses paupières se fermer mêlant son soupir aux chuchotements du vent tout en s’abandonnant au vide derrière elle. Ses cheveux s’emmêlèrent dans les plis des planches de la passerelle, ne laissant plus qu'entrevoir de sa silhouette longiligne, qu'un mollet ballant, contrastant à peine avec la pâleur des rayons de la lune.

Il ne tenait qu’à elle de balayer ses furtives pensées, de les étouffer au plus profond de son être jusqu’à n’entendre plus que la voix de Phoebe raisonner dans les bruits du monde.
Des oiseaux s’envolèrent à tir d’ailes éveillant l’eversha léthargique. Funeste présage ou signe du destin, Helly sentit un lancinant frisson parcourir son corps, l’obligeant à tirer sur ses bras pour se soustraire à sa position. Ses sens s’étaient éveillés en réponse à cette inhabituelle agitation nocturne, sans pour autant y trouver une explication.
Alors qu’elle s’apprêtait à se relever, le vide l’avala brusquement tout entière, appelant son corps à une gravité qui ne faisait que présager d'une chute mortelle.
Incapable de se transformer, Helly passa au travers des feuillages, se crispant toujours plus face à l’appel du vide. Son corps se tendit douloureusement avant de se tordre dans l'engourdissante sensation d’être projetée « ailleurs » loin des bras de Pheobe.
Arrachée à son si précieux perchoir, l’eversha se retrouva propulsée sur plusieurs mètres sur un sol gravelé, terminant sa course aux pieds d’un arbre bien loin d’être ceux que l’on pouvait trouver sur le continent. Helly posa ses yeux cristallins sur ce décor étrangement familier, la hâtant à se redresser en prenant appui sur le tronc, dans un effarement qui déforma plus encore ses lèvres déjà entrouvertes. Dans la cohue désorganisée qui l’entourait à présent, les hurlements des tambours et les foyers incandescents, l’improbable vérité s’imposait d’elle-même. L’île maudite. Les Ætheris avaient un sens de l’humour particulier ou bien elle avait fait quelque chose d’impardonnable à leurs yeux pour la renvoyer sur ses terres dont elle gardait un souvenir amer. Par deux fois, elle s’y était trouvée et à chaque fois, il lui semblait avoir laissé plus que des plumes.
Elle esquiva de justesse un homme avec une hache, qui s’écroula lourdement au sol emporté par son élan dans une hilarité proche de la démence. Sans y prêter plus attention, la jeune femme l’enjamba, préférant la fuite à un affrontement direct avec un pauvre hère qui visiblement n’avait plus toute sa tête. Si ses quelques rencontres avec les chamans l’avaient habituée aux frasques délirantes de ce peuple, elle s’étonnait tout de même du désordre qui semblait animer les abords d’un campement.

C’était suffisamment éloquent pour lui faire craindre le pire et de lui faire hâter ses pas vers ceux qui semblaient encore sain d’esprit. Ses doigts accrochèrent les épaules d’une femme penchée au-dessus de son enfant. Si son élan se voulait altruiste, elle s’immobilisa en voyant le corps inerte de l’adolescent. Son coeur se serra, manquant de s’arrêter en lui renvoyant droit au visage son instinct de mère. C’était de loin, la perte la plus terrible qu’une femme pouvait ressentir, la poussant à s’agenouiller auprès de la femme gémissante. Prise dans les tourments larmoyants de cette scène cauchemardesque, Helly sombra lentement dans la compassion. Sa main étreignit le corps parsemait de spasmes sanglotants, tentant vainement d’apaiser l’inconsolable chagrin de la mère implorée. Alors que son regard se portait, dans une vaine hésitation sur le visage de l’enfant, son esprit s’embrouilla dans une cruelle vision. Le corps sans vie s’anima brusquement, soulevant les paupières du jeune homme et laissant apparaitre ses orbites transparentes.

_ Il le prendra lui aussi… Souffla-t-il d’une traite.

Helly sursauta, ravivant son courage dans un sursaut de bon sens. Cela ne pouvait-être réel, l’enfant était mort ou bien ne l’était-il pas…? La jeune femme commençait a douter.
Dans un regard suspicieux, elle fixa attentivement le sourire éloquent du jeune homme et plissa ses yeux en l'écoutant reprendre.

_ Il les prendra tous les deux… Réitéra t-il sa menace.

L’eversha était bien trop avisée pour ne pas prendre en considération ces paroles, l’obligeant à en tirer les conclusions qui s’imposaient d’elles-mêmes. Si on l’avait amenée sur cette île cela ne pouvait être que pour une seule raison.

_ Toble… Laissa-t-elle échapper ce nom tout en se redressant brusquement.
_ Stupide mortelle… Tu ne comprends rien… Il les prendra… Tu entends?

Helly ignora l'enfant comme s'il s'agissait d'une hallucination, se tournant vers le campement, tout en cherchant des yeux des repères familiers pour se guider sur l’île.

_ Tes deux enfants… Insista l’adolescent en refermant ses yeux. Oui… Les deux… Et tes prières n’y changeront rien.

Arrêtée dans son élan, l’eversha se retourna vers le corps qui semblait de nouveau sans vie. Les sourcils froncés, elle essayait de comprendre, tout en pressant son crâne entre ses mains. Etait-il mort ou seulement blessé, avait-elle bien vu ce qu’elle pensait avoir vu ou hallucinait-elle ? Et que voulait dire ses paroles
Helly voulait se raccrocher à une logique, mais elle fuyait son esprit, aliénant son jugement et engourdissant sa raison.

_ Un seul enfant… Je n’ai qu’un seul enfant… Et il est en sureté... Il est loin d’ici… Je rêve… Ce n’est pas réel, tenta-t-elle de s’apaiser. Toble… Oui Toble…

Il fallait qu’elle le trouve. Peut-être savait-il quelque chose? Peut-être était-il en danger?
Trop de questions, tant et tellement qu’Helly se sentit fléchir. À genoux sur le sol, la tête penchée, elle remarqua soudainement les pierres imbriquées les unes aux autres, formant un tout s’étendant sur plusieurs mètres dans d’interminables spirales. C’était bien trop peu commun pour ne pas le prendre en compte, bien trop régulier pour ne pas comprendre qu’il s’agissait de l’oeuvre d’une vie.

_ Un totem? Manqua-t-elle de s’étouffer.
_ Eoghan… Ait pitié de nous, implora la voix de la femme derrière elle.



1148 mots


Résumé:
Revenir en haut Aller en bas
Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11258
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Ven 13 Juil 2018, 17:17

La nuit était avancée depuis un long moment, mais Mancinia ne dormait pas encore. Elle observait les derniers sursauts d'agitation depuis la fenêtre de l'auberge où ils avaient choisi de passer la nuit. Neah dormait dans le second lit de la chambrée, un sourire aux lèvres. Il devait sans doute rêver de quelque chose de plaisant. L'idée la fit sourire à son tour alors qu'elle l'observait respirer calmement. Être à ses côtés était magique. Il lui apportait réconfort et stabilité, là où toutes ses certitudes et toutes ses bases avaient été balayées. Toujours vêtue de sa tenue, elle ne s'était pas effondrée comme lui dans le lit moelleux, mais l'idée n'était pas désagréable. S'asseyant sur le rebord de ce dernier, l'Humaine réfléchissait. Finalement, était-ce une bonne chose que de prétendre être ce qu'on n'est pas ? Elle craignait de perdre leur complicité s'ils allaient plus loin, pourtant, la Matasif n'était pas aveugle. Ils agissaient comme un couple même en prétendant ne pas en être un et qu'on ne vienne pas lui faire croire que c'était parfaitement normal pour un Gardien de faire cela avec sa Protégée. Dix ans s'était passé et leurs liens s'étaient renforcés plus que Mancinia n'aurait jamais pu croire. S'allongeant pour de bon, elle osait un dernier regard vers ce dernier avant de fermer les yeux. Finalement, ce n'était pas si mal de faire les étourdis encore un peu. À moins que le sommeil ne devienne son pire ennemi. Une fois de plus.

S'éveillant en sursaut en sentant le matelas de paille devenir de plus en plus et de plus en plus glacial, l'Humaine eu l'air confuse. De la mousse. De la pierre. De la neige. Mais comment ? Un froid mordant se rependait sur sa peau. Sa température corporelle baissant, une vapeur s'échappant de ses lèvres. Qu'est-ce qu'il se passait encore ? Elle se redressait. Aucune blessure, rien. Seulement la morsure glaciale des environs. La jeune femme ne pouvait pas rester ici, pieds nus, dans cette tenue inadaptée ou elle allait s'éteindre comme la chandelle d'une bougie. Bouger était la meilleure solution. Était-ce possible ? Était-elle en train de rêver ? Non. Mancinia était bel et bien perdue au milieu de monts enneigés. En levant son nez vers le ciel pour essayer de se repérer, elle ne vit pas spécialement les étoiles et constellations. Cependant, son regard fût attiré par une bâtisse de bois construite en altitude. Ce serait parfait pour se protéger du climat. L'Humaine prit sa direction en pressant le pas, sans armes pour se défendre, elle craignait la venue d'une bête quelconque et se sentait épié derrière les arbres nus et tordus. Comment oublier ? Cette ambiance, cette lourdeur mystique dans les airs. Cet endroit, elle le reconnaissait. C'était bien l'Île Maudite. Ce lieu où, durant la guerre, ils en avaient profités pour éliminer des adorateurs de l'Unique...

Ce n'était pas un rêve. Et, de ce fait, elle ne cherchait même pas à comprendre. C'était reparti. Ce temps paisible où elle croyait avoir le temps de se relever venait d'arriver à son terme. Tout allait, à nouveau, s'accumuler et sans doute, l'Humaine ne pourrait éviter les conséquences de cette lubie. Pourtant, avec son passé qui lui était si proche et les épreuves qu'elle avait déjà surmontées, la jeune femme s'était endurcie. Elle était devenue pugnace et la moindre occasion de trouver une solution ou de pouvoir se sortir des situations épineuses étaient toujours saisie. Malheureusement, elle ne savait rien. Mancinia n'était pas une optimiste convaincue, mais c'était une combattante aguerrie. Tant qu'elle pouvait se battre pour s'en sortir, les choses devraient bien aller. Sûrement. Sa progression était entrecoupée d'une chose qui la faisait voyager dans ses souvenirs. On aurait dit que quelqu'un cuisinait un met en vogue chez son peuple non loin de ses pas, mais c'était clairement impossible. Rien dans les alentours ne semblait vivant, il n'y avait même pas la moindre trace de feu, voire même de fumée. Qu'était-ce encore cet artifice ? N'avait-elle pas assez donnée ? Son agacement était à la hauteur de sa rancune. Foi d'Humain, rien ne s'oubliait. Elle avait la ferme intention de repartir d'ici en un seul morceau et reprendre sa vie. Peu importe le nombre de fois où des embûches se dresseraient sur son chemin.

À moins que...Mancinia s'arrêtait, s'appuyant sur un arbre et ne prenant pas garde aux bruits environnants. Seuls les cris stridents à certains endroits la rendaient nerveuse. Ce qu'elle ressentait sous son courage apparent ? De la peur. Oui, c'était bien ce qu'elle ressentait au plus profond de ses tripes. Ce malaise, cette impression de ne pas savoir quoi faire et, surtout, comment le faire. Confuse. Mancinia allait échouée dans cette épreuve, c'était évident. Pourquoi réussirait-elle après tout ? N'avait-elle pas soutenu le mauvais camp ? Sauver la mauvaise personne ? En quoi ses décisions avaient été bénéfiques ? ...Peut-être devait-elle seulement attendre que la Mort vienne la prendre et ne la délivre de sa culpabilité.

825 mots

Post I:


[Événement] Démence fatale - Chapitre II - Page 2 Chriss10
Art by Chrissabug

Meuh:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38147-mancinia-leenhardt-
Invité
Invité

avatar
Ven 13 Juil 2018, 19:32

Je lève le regard vers le capitaine en plissant les yeux. Il s’active sur le ponton de l’air ravi de ceux qui ont passé une bonne journée et agite le bras pour faire signe aux passagers de monter à bord du bateau. Moi, je ne sais pas si j’ai passé une bonne journée, et je n’ai pas non plus envie de monter tout de suite sur le navire. Je regarde le capitaine encore quelque temps. Je ne sais pas comment font les Magiciens pour avoir l’air si insouciants. Je pense qu’ils sont le seul peuple à être capable d’organiser des fêtes telles que Lux In Caelum et d’y inviter n’importe qui, sans arrière-pensée. À mes yeux, c’est la preuve d’une formidable niaiserie.
-Allez, montez vite ! me lance le capitaine sans se douter des pensées que je viens de formuler à son propos. Moi non plus, je n’ai pas envie de partir, mais il faut bien. Nous devons être de retour sur les côtes du Continent Naturel au plus vite !
Je ne prends pas la peine de répondre et me contente de poser un pied sur le ponton, entouré de marins pressés de le relever du quai.
Je n’ai fait qu’un pas que j’ai la sensation de basculer en arrière. Je ne peux retenir une exclamation. L’ensemble de mes muscles se crispe.
Je suis plongée dans l’obscurité. Mes yeux ne distinguent rien, pris par surprise après la lumière dorée de Cael.
Je ne suis plus à Cael. Où, comment, les questions primaires affluent dans mon esprit, avant d’être balayées par l’instinct de survie qui m’abandonne à mes sens.
Un grondement lointain. Des cris de terreur épars. De la roche sous mes pieds. Je suis en pente.
Je fais quoi je fais quoi je fais quoi je suis où. Mes halètements emplissent mes oreilles et surplombent les hurlements anonymes.
Mes yeux se réveillent enfin. Je vois. Le flanc noir d’une montagne sans sommet. Des rougeoiements épars, du feu peut-être ou je ne sais pas.
Des craquements dans mon dos. Je me retourne d’un sursaut, mon hoquet de peur laisse filtrer une voix bien trop aiguë, mon pied dérape sur des pierres instables et je manque de tomber en arrière. En contrebas, à quelques pas seulement de moi, il y a un homme dont les cheveux clairs semblent éclairer la nuit.
-Nikolaz ? je lâche, incrédule.
Les battements de mon cœur, qui étaient déjà rapides, s’accélèrent encore.
Nikolaz est là. Il est là. Il est revenu.
Un torrent de chaleur prend sa source dans ma poitrine. Une goutte s’en échappe mais je me rends soudain compte que Nikolaz tient quelque chose entre ses mains.
Quelqu’un.
Une poupée désarticulée dont le cou fendu arrose le sol d’un bouquet vermillon.
J’ouvre la bouche. Un cri étranglé s’élève non loin de moi. Ce n’est pas moi qui l’ai poussé, pas possible.
-Nikolaz… je répète, mais avec la sensation de m’étouffer, cette fois.
L’Ange lève un bras, et à son extrémité brille une lame. Il plante ses yeux bleus, familiers et froids dans les miens puis plante son couteau dans la poitrine de la femme déjà morte. Un bruit mat retentit. Cette fois, je sais que c’est bien moi qui ai poussé le cri. J’ai aussi fait un pas en avant. Ce pas est salvateur. Il me sort de ma léthargie d’un coup.
-Tu fous quoi ? je glapis, les poings serrés.
Il ne répond pas. Ses yeux sont toujours vissés sur les miens. Je connais ce bleu par cœur, qu’est-ce qu’il m’a manqué, mais je ne l’ai jamais vu aussi gelé. Implacable, Nikolaz lève une nouvelle fois son bras armé.
Tchac.
Non. Ce n’est pas bien. Nikolaz ne doit pas faire ça. Il ne doit pas faire ça. Ses ailes sont blanches, son cœur est blanc, il n’a pas le droit.
-Stop ! je m’écrie, cette fois de toute la puissance de ma voix. T’es un foutu Ange, t’as des foutues vertus, t’arrêtes tout de suite !
Je me jette sur lui et lui arrache le couteau des mains. Je n’entends pas l’arme tomber par terre, je ne remarque pas non plus le corps qui disparaît de mon champ de vision. Je suis juste contre Nikolaz et je lui attrape les poignets avec hargne.
-Toi… je commence.
Ma voix reste coincée dans ma gorge lorsque je croise une nouvelle fois son regard. Il est figé et me regarde avec la plus complète indifférence.
-Tu es qui ? demande alors Nikolaz d’une voix monocorde, une voix qui a son timbre mais qui n’est pas la sienne.
Je m’immobilise, foudroyée sur place. Un bourdonnement colonise ma tête. Ma vision se brouille et je suis à l’intérieur de moi.
T’es parti. Tu t’en fous.
Je te hais.
Le troisième cri que je pousse est de rage pure. Je me jette de tout le poids de mon corps contre Nikolaz. Je le frappe, de toute la puissance de mes poings. Je le blesse, de toute la force de ma colère.
Je le hais je le hais je le hais meurs meurs meurs.
Un mouvement, et il bascule dans le vide, le long de la pente à pic. Je m’immobilise. Je le vois tomber sans chercher à se retenir. Je le regarde chuter. Dans l’obscurité qui l’engloutit à toute vitesse, je crois voir sa silhouette se métamorphoser en quelque chose que je ne reconnais pas. Je ne cherche pas à savoir de quoi il s’agit.
Nikolaz a disparu. Un froid intense descend sur moi.
Est-ce que j’ai tué Nikolaz ?
Un étourdissement me prend.
Par les Zaahin.
Je suis parcourue de tremblements. Je respire difficilement. Est-ce que c’est ma voix qui sanglote comme ça ? D’un pas vacillant, je grimpe le long de la montagne. Je n’entends plus rien, je ne vois plus rien.
Jusqu’à ce que je prenne brutalement conscience de deux silhouettes qui se tiennent devant moi. Je ne sais pas combien de temps j’ai marché ni qui sont ces gens devant moi. C’est un homme brun et une femme à la peau pâle. Ils sont enlacés. Pourquoi s’enlacent-ils ici ? Un rire désarticulé m’échappe à cette vision. Ils s’enlacent sur une montagne. Ils s’enlacent alors que je viens de tuer Nikolaz.
J’ai tué Nikolaz j’ai tué Nikolaz meurs meurs meurs.
Mes rires se poursuivent et je ne m’arrête pas de marcher.

1 055 mots

Post I :
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Ven 13 Juil 2018, 22:39

La fête à Cael touchait à sa fin. À travers les ruelles encore éclairées par les lampions, Nikolaz regardait le soleil se coucher sur son lit étincelant de mer. Dans l’activité décroissante de la ville, le jeune homme sentait le silence descendre en lui. Cette journée avait été une bouffée d’air dans son quotidien, comme l’avait prédit Anita. Elle le rendait également songeur. La vie de fête et d’insouciance qu’il avait vue aujourd’hui lui paraissait à des années-lumière du quotidien qu’il connaissait depuis son arrivée aux Jardins de Jhën. C’était comme si, en traversant le portail de téléportation dans la matinée, il n’avait pas juste changé de continent, mais aussi de monde.
Le bonheur ambiant dans les rues de Cael était fabuleux.
Face à l’Océan, Nikolaz formula l’idée qu’il voulait le même bonheur dans l’avenir des Anges.
Le jeune homme demeura encore un temps à son observatoire, empli de nouvelles convictions et de détermination, puis il se résolut à retrouver le portail de téléportation pour les Jardins, au moment où le soleil embrasait l’horizon dans une mare de sang.
Nikolaz retrouva le chemin du portail, par lequel s’engouffraient en continu des invités sur le retour. L’Ange s’aligna dans la queue et profita des dernières vues que lui offraient la ville rose, avant de monter à son tour dans le portail de téléportation. Il ferma les yeux, comme à l’aller, anticipant la désagréable sensation que procurait le voyage.
Il ouvrit les yeux sur un lieu qui n’était pas les Jardins de Jhën.
C’était une pénombre éclairée par des lueurs sans origine. C’était un lac donc les reflets renvoyaient les hauts sapins qui le bordaient et dont les eaux étaient teintées d’un rouge qui n’avait rien à voir avec le soleil couchant.
Nikolaz n’eut pas le temps d’être pris de peur par cette téléportation qui n’avait pas bien tourné, car il fut d’abord effrayé par la scène qui se déroulait sous ses yeux, sur la rive opposée du lac.
Un homme armé d’une hache s’agitait comme une furie au milieu de cadavres, et c’était son instrument qui avait fait des victimes. Les yeux agrandis par l’horreur, Nikolaz demeura immobile quelques instants à regarder l’homme mener sa danse macabre avec une puissance dévastatrice comme Nikolaz n’en avait jamais vue. Ses jambes s’étaient chargées de plomb. Était-ce un Démon qu’il voyait à l’œuvre ?
Devait-il intervenir ?
Nikolaz hésita un instant de plus, puis il crut voir le regard de l’assassin se tourner vers lui. Électrifié par une peur soudaine, l’Ange sentit son corps reprendre vie et il obéit à son premier instinct : fuir. Il courut en direction du couvert des arbres non loin, sans parvenir à couvrir le bruit de ses souffles erratiques.
Peut-être l’homme ne l’avait-il pas vu. Peut-être son regard n’avait-il que glissé sur lui.
Au moment où il rejoignait la protection de la forêt, Nikolaz crut entendre un bruit étrange dans son dos. C’était de la pure folie de chercher à savoir de quoi il en retournait, il le savait. Mais ce qu’il avait vu hantait ses rétines et il était en était attiré comme par un aimant. Sans pouvoir s’en empêcher, il s’arrêta et, à bout de souffle, se retourna vers la scène du lac.
Une femme s’était matérialisée non loin du tueur à la hache. Nikolaz plissa les yeux. La nouvelle venue lui semblait vaguement familière ; il ne savait pas en quoi, mais il l’associait aux Jardins de Jhën.
Involontairement, le regard de l’Ange glissa de la femme au champ de cadavres dont le sang venait épaissir la couleur carmin des eaux du lac. Un violent frisson le parcourut. Brutalement, il réalisa que tout cela n’était pas un cauchemar et qu’il était bien en train de vivre cela. Des individus assassinés gisaient aux pieds de leur tueur, juste sous ses yeux. Ses intestins se tordirent et il fut pris d’un haut-le-cœur qui le plia en deux.
Lorsqu’il se redressa en tremblant, il n’osa pas porter tout de suite son regard sur le lac. Que devait-il faire ? Il ne pouvait simplement laisser des innocents se faire tuer par cet homme. Peut-être la femme qui venait d’arriver était-elle en danger. Nikolaz ne pouvait la laisser se faire tuer sous ses yeux, sans qu’il bouge le petit doigt. Mais que pesait le jeune homme, faible et désarmé, face à ce guerrier entraîné ? Il se ferait tuer en un instant. Était-ce de la couardise que de vouloir sauver sa peau ?
Mais alors, fuir ? Oui. Il fallait qu’il fuie, maintenant. Le couvert des arbres ne le protègerait pas longtemps de l’homme à la hache.
Mais il ne pouvait pas laisser la femme seule.
Qui était-elle, d’ailleurs ? Que faisait-elle ici ? Cette silhouette, il l’avait déjà vue quelque part…
Nikolaz frissonna une nouvelle fois. Ce n’était pas le moment de perdre du temps. Il fallait qu’il s’en aille.
Il le fallait.
Ses pieds demeurèrent ancrés dans le sol. Il inspira profondément et leva les yeux vers la scène du lac écarlate.

834 mots

Post I :
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Sam 14 Juil 2018, 14:42



« Aerchise Song ? » La fraîcheur du vent caressait ma peau diaphane. Mes cheveux, lâchés et tombant jusqu’aux creux de mes reins, dansaient sous son souffle violent. Les yeux fermés, j’écoutais les vagues s’écraser contre le sable. L’ambiance sonore me berçait et me rendait sereine. « Aerchise ? » Je soupirais avant d’ouvrir les yeux. Au loin, de lourds nuages avançaient, menaçants. « Qu’y a-t-il, Karsath ? » Je me retournais vers mon Mur. Il semblait inquiet. « Nous devrions rentrer. Avant qu’un orage n’éclate. » Un faible rire s’échappa de mes lèvres rosées. « Karsath… Le mensonge se lit sur ton visage. Ce n’est guère l’orage qui t’inquiète. » Je plongeais mes mires turquoise dans les siennes. « Dis-moi tout. » Il hocha la tête, gravement. « Vous avez un rendez-vous important dans quelques heures. Cependant, votre état de santé me rend soucieux. » Je fronçais les sourcils tandis que mon expression se fit interrogatrice. “Mon état de santé ? Je ne suis pas certaine de comprendre. Veux-tu bien être moins énigmatique ? » Mon ton était sévère. « Je suis certain que, à l’heure actuelle, vous êtes en parfaite forme. Cependant, je le serais peut-être moins, d’ici quelques minutes. Avec le vent qui s’est levé, je doute que votre tenue légère ne vous protège efficacement du froid. » Je baissais la tête pour observer mon habit. « Ce peignoir rose vous va à ravir mais je maintiens qu’il n’aidera pas votre corps à lutter contre le vent. » Il n’avait pas tort. Je sentais déjà mes bras se teinter de frissons. Ma tenue matinale, que je revêtais dès que je sortais mon corps nu de mes draps, avait une soie tellement fine qu’elle moulait mon corps sans ne rien omettre. « Flatteur. » Il était temps de rentrer. Je fermais les yeux et inspira une grande bouffée d’air. Je voulais sentir l’air marin une dernière fois.

Au lieu de cela, ce n’est qu’une odeur de mort, de terre et d’humidité qui s'engouffrait dans mes narines. Rapidement, ma main se plaça devant ma bouche et mon nez pour essayer de filtrer l’odeur. J’ouvrais mes paupières mais ne fut accueillie que par l’obscurité. Mes yeux habitués à la luminosité de la plage ne comprenaient pas ce changement d’environnement. Je n’en menais pas très large non plus. Ma vision ne s’étendait pas à plus de deux mètres. Cependant, c’était suffisant pour que je me rende compte que je me trouvais dans une sorte de tunnel. Par quelle diablerie avais-je fini par atterrir ici… C’était à ne rien comprendre. Mon esprit logique cherchait à trouver une explication, sans y parvenir.

« Il y a quelqu’un ? » Seul l’écho de ma propre voix me répondait. J’étais, pour le moment, complètement seule. Je me rapprochais d’une des parois rocheuses et y posa ma main. Je devais m’en sortir par mes propres moyens. Derrière moi, un corbeau croassa. Malgré le bruit lointain, je sursautais. Le volatile n’était, généralement, pas signe de bon présage. Si j’allais vers son croassement, je pouvais tout aussi bien me diriger vers l'extérieur de ce souterrain, tout comme vers ma propre mort. Je décidais de l’éviter et partis à son opposé, ma main caressant la paroi pour me guider.

Je marchais, pieds nus, depuis, ce qui me semblait, de longues minutes. Aucune sortie ne se profilait à l’horizon et l’obscurité m’enveloppait de plus en plus à chaque pas. Peut-être m’enfonçais-je dans les profondeurs au lieu de m’en extraire. Peut-être aurais-je du suivre le croassement du corbeau. Je regardais derrière moi, était-il trop tard pour faire demi-tour ?

Alors que la pensée de rebrousser chemin m’effleurait l’esprit, un petit amas de pierres, superposées de manière bien étrange, se mit à briller. Je m’arrêtais de marcher pour le regarder. Un sentiment étrange s'empara alors de moi. Je me sentais lasse. Lasse d’avoir tant marché. Lasse d’être plongée dans l’obscurité depuis trop longtemps. Lasse de vouloir faire demi-tour. Lasse de ce mystère qui m’avait amené ici. Je m’appuyai contre la paroi rocailleuse et m’y laissa glisser pour m’asseoir par terre. Je soupirais. Je n’avais plus envie de rien. Je voulais seulement attendre ici. Attendre quoi ? Je ne le savais pas. Je n’avais simplement plus envie de marcher. A quoi bon ? J’étais totalement perdue. La mort pouvait aussi bien me prendre toute entière, je ne me sentais pas la force de continuer. La vie avait soudain perdu tout son sens. Je me complaisais dans la soudaine paresse qui s’était insinuée dans mon esprit. Je soupirais une seconde fois. Le faible souffle du vent se glissa jusqu’à moi. Je frissonnais. Je regrettais presque m’être habillée si légèrement. Presque. Cependant, ce frisson eut l’effet de me sortir de ma torpeur. Mais qu’est-ce que je faisais exactement ?

Je me relevais doucement, tout en prenant le temps de dépoussiérer ma tenue avant de reprendre ma route. Je ne savais pas d’où m'était venue cette paresse mais je voulais m’éloigner le plus vite possible de l’endroit où j’y avais succombé. Avais-je réellement l’intention d’attendre simplement que la mort m’enlace sans même me défendre ? C’était insensé. Ça ne me ressemblait pas. J’avais tellement de projets sur le feu que je n’avais pas de temps à perdre avec ses bêtises. Non, je n’avais vraiment pas le temps. Il fallait que je retrouve Karsath.

Je déambulais dans le souterrain, suivant le courant d’air qui m’était parvenu. Emplis d’embranchements, des choix s’imposaient alors que j’espérais que ceux-ci ne me menaient pas à ma fin. Je ne connaissais rien à l’endroit où je me trouvais. Je devais donc partir du principe que je risquais ma vie à chaque pas, à chaque souffle. La prudence devait être la maîtresse de mon esprit. Soudain, la lumière emplit mon champ de vision. Je plissais les yeux tout en mettant ma main devant moi pour me protéger de son aura. J’avais enfin trouvé la sortie. Doucement, j’avançais vers elle, tout en m’accoutumant à sa forte lueur.

Je venais de sortir d’une grotte pour arriver dans une petite vallée. Un lac d’une couleur qui n’était aucunement bleue me faisait face. A l’horizon, un volcan surplombait la vallée. Cette dernière était encerclée par la jungle et par une chaîne montagneuse. Je ne connaissais nullement l’endroit. Au loin, des cris humains parvenaient à mes oreilles, guidés par la brise du vent. Il fallait que je m’en aille, que je quitte cette terre qui avait l’air de sombrer dans la folie.

Mes yeux se posèrent enfin sur un groupe de personnes. Bien que je n’aimais aucunement me mêler à des inconnus, je décidais qu’il ne serait pas judicieux de rester seule. Aussi, je m’approchais de ce groupe assez nombreux. Je relevais légèrement mon peignoir qui m’arrivait à mi-mollet pour marcher dans l’herbe de la vallée. Quand enfin j’arrivais à portée de voix, j’ouvrais mes lèvres tout en continuant d’avancer vers eux. « Excusez-moi ? » Sur mon visage, un sourire se peignait. Intérieurement, la situation dans laquelle je me trouvais ne me plaisait absolument pas. Je m’arrêtais enfin à leur hauteur. D’un œil calculateur, j’observais les personnes que j’avais rejointes : un homme à la chevelure bouclée, un réprouvé aux ailes d’un rouge sanglant et une femme de petite taille mais qui éveillait, cependant, une jalousie malvenue face à sa beauté. La présence d’un hibou attira aussi mon attention. L’animal avait une certaine prestance pour un volatile. « Excusez-moi, pourriez-vous me renseigner quant à l’endroit où nous nous trouvons ? » De nouveau, un cri parvenait à mon ouïe plus fine que la normale. Je me retournais vers la jungle et plissais les yeux alors que j’avais la sensation dérangeante qu’un bout de bois nous observait. Ce qui était forcément impossible.

1280 mots
Résumé:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Sam 14 Juil 2018, 15:15


Les plus faibles en premier. Tel était l'ordre que Devaraj avait fait passer aux chamans encore en état de se défendre. Lorsqu'il ne resta plus une âme vivante dans le campement royal, le chaman s'autorisa une pause. Qu'elle ne fût pas sa surprise en apercevant le monarque démoniaque perché sur un totem... Il crût à une illusion et se mit à rire. "Oh, nous n'avons pas besoin d'aide, Zane. Pas besoin d'aide..." Les mots qui sortaient de sa bouche n'étaient pas réellement les siens. Il se sentait comme sous l'emprise d'une drogue extraordinairement puissante, incapable de discerner le vrai du faux, le bien du mal. Alors qu'il se noyait dans son propre esprit, le chaman ne pouvait que s'accrocher à la seule idée qu'il lui restait : sauver en tuant, échapper à Nidalu, l'empêcher de prendre possession de la race entière. Ne voulant pas perdre de temps, il se téléporta sur les berges et s'avança vers le prochain campement.

Alors qu'il entrait dans le village, une présence derrière lui l'arrêta brusquement. Dans un frisson, il se retourna lentement, retenant sa respiration. Il dévisagea de long en large celle qu'il prenait pour une autre illusion de Nidalu, fasciné. Qu'elle soit réelle ou non ne l'intéressait peu et il n'avait d'ailleurs aucun moyen de le déterminer. La magie de l'Aether transformait l'île entière en théâtre illusoire. Devaraj grinça des dents en contemplant ce qu'elle faisait des corps de ses homologues. Les cadavres n'avaient aucune valeur aux yeux des chamans mais l'idée qu'elle puisse les contrôler l'exécrait tout de même. Zane, puis elle, puis un homme qui se cachait non loin... Voir des inconnus s'insinuer sans raison valable dans leur quotidien déjà suffisamment chaotique ne faisait qu'agrandir sa rage. Il agrippa plus fortement le manche de l'arme, s'occupant à réduire à néant tout ce qui l'entourait. Il ne supportait plus ni le sourire moqueur des totems, ni les corps désarticulés de ses chamans, qui semblaient lui rappeler par leurs grimaces quelle était la profondeur de son échec à les aider. Pour couronner le tout, ressentir une telle puissance magique à proximité ne lui donnait sans surprise qu'une seule envie : celle de jalousement lui arracher tout son pouvoir pour le faire sien. Sous les affres de la folie et la violence qui le traversait, il n'était définitivement plus lui-même. Dans un geste de pure rage, il lança la hache en visant la tête de la jeune femme. Le geste serait inefficace, mais il ne pouvait contenir plus longtemps la tornade qui hurlait en lui.  

Le chaman était encore en vie par un mystère ironique et pourrait bien finir en poussière dans les prochaines secondes. Tout ceci n'avait aucune importance à ses yeux. En laissant la raison et le jour de sa mort entre les mains des Aetheri, il se trouvait libérer d'émotions inutiles telles que la peur et l'appréhension. A la place, une folle excitation l'envahissait. "Oh, bien tenté ! Bien !"  Sous un tonnerre d’applaudissements, il la félicita tout en vacillant sur l'une puis l'autre de ses jambes, formant un mouvement de balancier particulièrement étrange. Traversant d'un pas vif les quelques mètres qui les séparaient, il se colla brutalement à elle, lui empoignant momentanément les bras avant de les relâcher comme s'il s'était brûlé. Elle était extrêmement belle, dans sa folie. Il ne connaissait pas son identité. Il s'en fichait. Elle était magnifique et puissante. Il se retint de l'embrasser. Son corps lui faisait si mal qu'il ne sentait plus rien... Ou peut-être était-ce son esprit qui avait définitivement cessé de s'en soucier. Les yeux écarquillés baignant dans une lueur fantomatique, il lui chuchota "Qu'espères-tu ? M'envoyer dans les bras d'Ezechyel ?" Un rire nerveux lui échappa. Il ne savait pas s'il s'adressait directement à elle ou à Nidalu. "Mais dans ce cas dépêche-toi donc ! J'ai toujours eu hâte de ce jour. Mourir avant que les Parasites me tuent... Ce sera amusant !" Avoir peur de son trépas était ridicule, quant à la douleur que cela pouvait provoquer... Il pensait avoir subit bien pire. Sa vie n'était qu'une torture permanente et chaque inspiration n'était qu'une aiguille de plus dans sa chair. Puisque le suicide n'était pas une solution, il attendait que les Aetheri décident de l'achever et patiemment, tentait de régner sur ce peuple si étrange. Peut-être que son Destin était de finir ainsi, à se débattre sous le regard de Nidalu ? Pourtant l'Oracle ne lui avait pas prédit cela et la magie Lien Divin ne lui avait pas fait ressentir une telle fatalité.

Un liquide chaud dégoulinait le long de son arcade, jusque dans son cou. Peut-être qu'elle l'avait blessé. Elle pourrait lui couper un bras qu'il ne s'en rendrait pas compte, tant les murs de la folie qui emprisonnaient son esprit étaient épais. D'un souffle hagard, il essayait de continuer à respirer, enserrant de ses doigts nerveux ce qu'il trouvait à sa portée. Dans sa paranoïa, il crut comprendre quel était son but et se fendit d'un rire macabre. "Mais s'il s'agit de se débarrasser de moi en pensant prendre ma place, il s'agit d'une bien grossière erreur. Seuls les Aetheri ont le droit de décider qui est l'élu de ces terres. Tue-moi donc. La frontière entre la Vie et la Mort n'existe pas. Je n'aurai qu'à devenir l'un d'entre eux et revenir ici." dit-il en désignant la foule de Parasites qui les entouraient. Ses mains recouvertes de sang se plaquèrent soudainement sur le visage de la belle, ses doigts y traçant le symbole de Nidalu en griffant la peau. "J'aimerai bien savoir ce qui te permets toi et les autres de venir commettre des sacrilèges sur nos terres sacrées. Ce qu'il se passe à Awaku No Hi ne concerne que les enfants d'Edel et d'Ezechyel. Alors tue-moi, rentre dans ton misérable pays et ne reviens jamais... ici." Plus il parlait, plus le ton de sa voix montait. "Tue-moi !" hurla-t-il tout en essayant de l'étrangler, ayant complétement oublié que tracer le signe de Nidalu sur les corps et les totems était la solution que l'Aether lui avait donné pour annuler la folie.




Gideon était inquiet de voir sa proie succomber une bonne fois pour toute, tout comme il se réjouissait de voir l'esprit du chaman réduit en morceaux. Il ne sera ainsi que plus facile pour lui de le tuer... L'attention du Parasite avait cependant été déviée. Il pouvait sentir de la terreur à quelques mètres de là et son regard se porta sur l'Ange qui se cachait non loin. Pauvre chose. Que faisait-elle sur cette île ? Ce n'était pas un endroit convenable pour quelqu'un de sa race. Étendant sa main qui devint tangible, l'esprit la posa sur l'épaule du jeune homme. "Laisse donc les monstres s''entre-tuer. Cette femme serait capable de tuer du regard si elle le voulait." Une pointe de mépris perlait dans sa voix lorsqu'il désignait les deux personnes. Il était vrai qu'il ne s'intéressait à Devaraj que pour lui voler son corps et sa magie, sans quoi les chamans n'étaient que des sauvages bons à mourir.

mots : 1272
résumé:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 15 Juil 2018, 01:54

Le garçon commença à courir, tant bien que mal, dans la neige qui lui montait jusqu’aux genoux. Jamais il n’avait connu de froid aussi intense ; en fait, il n’avait quitté le Lac Bleu que pour le climat tempéré de Basphel, c’était à peine s’il avait déjà vu des flocons auparavant. Cette fois-ci, il jugeait en avoir assez vu pour tout une vie. En réalité, il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il se souvenait clairement d’une nuit blanche à travailler dans son atelier, il se souvenait du son des ciseaux fendant le bois, de l’odeur de sciure et de la chaleur du foyer, mais l’instant d’après, plus rien, plus que le froid, l’obscurité et l’humidité. Une grotte exigüe, terrifiante, avait remplacé le confort – certes discutable, mais cher à son cœur – de son antre ; au-dessus de lui, les bruits angoissants de dizaines d’insectes et de créatures nocturnes, qui, sans qu’il ne puisse les voir, lui semblaient tous prêts à lui sauter dessus. La stupeur passée, il avait pris ses jambes à son cou, sans réfléchir, sans regarder en arrière. Il n’était pas habitué à ce genre d’effort : bientôt, ses poumons le brûlèrent, et ses chevilles se firent douloureuses. Un peu plus loin, une lueur, et la fin de la grotte ! Le froid avait suffisamment engourdi ses membres pour qu’il ne sente pas la douleur immédiatement, lorsqu’il percuta du genou une stalagmite qui dépassait à peine du manteau neigeux. Le Magicien tomba au sol, tête la première, et s’assomma à moitié ; il sentit quelque chose de chaud à la base de sa nuque. Priant pour ne pas y sentir le contact poisseux du sang, il porta sa main à sa tête, et hurla de panique en touchant la peau membraneuse d’une énorme chauve-souris. D’un coup d’épaule désespéré, il se roula au sol, parvint tant bien que mal à faire se décrocher le mammifère, tout aussi troublé que lui, et repris à cloche pied sa course. La sortie était juste là, toute proche ; la lumière s’intensifiait à chaque pas un peu plus.

Nim jaillit de la grotte, haletant, les larmes aux yeux et le genou en sang, pour venir s’affaler dans l’herbe glacée d’un petit monticule qui s’élevait à quelques mètres de l’entrée béante. Tant bien que mal, il reprit sa respiration, lentement, à grands coups d’inspirations erratiques. Le soleil se levait. Il ne reconnaissait rien ; ni la couleur du ciel, ni les arbres, ni l’odeur du vent, ni même la texture de la terre. Lorsqu’il se fut enfin calmé, il se rendit compte du silence de plomb qui régnait. Aucun oiseau pour piailler son mécontentement, aucun ruisseau pour rompre la monotonie du vent. Le jeune homme se redressa doucement, frissonnant. S’était-il endormi sur son établi, ou tout cela était-il bien réel ? Son corps lui criait, tous ses sens en alerte, que le doute n’était pas permis, mais la logique, elle, voulait qu’il soit en train de délirer. Il ferma les yeux avec force, quelques longues secondes. Non, rien n’avait changé. Il soupira, et lorgna sur les grandes feuilles caoutchouteuses des arbres au-dessus de lui. Il en agrippa plusieurs, et les étala au sol, avant de poser ses paumes dessus. La magie afflua jusqu’à ses mains, et l’assemblage muta en un veston qui aiderai à le maintenir au chaud – en théorie. Ça n’allait pas lui permettre de survivre à long terme, mais ça aiderait au moins à se concentrer sur autre chose que le froid glacial qui l’étreignait. Son œuvre terminée, caricature de tunique mal taillée, mais qui remplissait toutefois son œuvre, il se redressa pour observer les environs. Les bois s’étendaient loin sous lui, pour finir par verdir et se dégarnir à l’approche de l’océan. Au-dessus, la grotte s’ouvrait dans une butte dominée par un bâtiment en bois. Son regard alterna entre la forêt glacée, dont les chemins se perdaient dans les ombres imperméables que la canopée recouverte de neige jetait à perte de vue, et le sentier abrupt qui le mènerait jusqu’à son seul espoir de survie, et il n’hésita pas longtemps. Tout en tâchant de rester à distance de la grotte, il pressa le pas en direction de l’abri.

Longeant quelques arbres isolés, le Magicien ne cessait de jeter des regards angoissés autour de lui. Il ne s’était pas réveillé, n’était pas retourné au Lac Bleu, et tout semblait indiquer que ce n’était pas prévu pour de sitôt. La perspective de rester bloquer ici, dans ce lieu si inhospitalier, lui mettait les larmes aux yeux de désespoir. Il n’avait rien fait de particulier pour mériter ça, si ? Est-ce qu’il pourrait un jour revoir son établi, et sa petite amie du moment ? Et s’il ne revoyait jamais les reflets du Lac ? Il était mu par ses pensées moroses lorsqu’il redressa la tête pour apercevoir une jeune femme appuyée contre un arbre. Son cœur se mit à battre la chamade, partagé entre une peur irrationnelle et un intérêt adolescent pour le corps gracieux mis en valeur par une tenue qui, à la réflexion, lui rappelait étrangement l’Impératrice Blanche. Sa gorge s’assécha, mais un instant, il fut frappé par l’idée effrayante qu’il s’agissait peut-être d’un piège ; fébrile, il tomba à genoux pour tracer dans la neige un pentacle de défense. Elle ne semblait pas encore l’avoir vu, il lui restait encore quelques instants pour terminer le schéma ; il mit un point final à son cercle, et avec une motivation qu’il n’avait jamais trouvée auparavant, il fit appel à toute sa magie pour l’injecter dans le pentacle, qui… Resta inerte. Incrédule, et apeuré, Nim essaya à nouveau, sans succès. Il tenta de repousser l’inconnue via la télékinésie, sans succès ; il tâcha de transmuter de la terre pour s’en faire un rempart, mais ni la terre ni sa magie ne repondèrent à son appel. Impossible de penser clairement et de constater ce qu’il avait déjà appris : qu’il se trouvait face à une Humaine, le jeune Magicien recula de quelques pas, et sortit l’un de ses ciseaux à bois de son tablier, ses jointures blanchies sur le manche.

— « Qui êtes-vous ?! Et pourquoi est-ce que je suis ici ?! »

Résumé :
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 15 Juil 2018, 12:33

Une bordée de jurons et d'insanités s'élevait dans la grange derrière l'auberge, au milieu du soupir des chevaux et du raclement de la fourche sur le sol. Le propriétaire de l'établissement avait appris depuis longtemps à en faire abstraction. Les débuts n'avaient pas toujours été faciles avec son employé, mais à présent, les choses étaient tassées. Et puis, il s'était rendu compte que cela servait d'exutoire au Colérique et qu'il piquait ainsi beaucoup moins de crise. Ignis, quant à lui, ne se posait pas autant de question. En fait, il maugréait sans réellement s'en rendre compte. Certains chantonnaient et fredonnaient quant ils travaillaient, lui râlait, pestait et grognait après la moindre des choses. De toute façon, il n'y avait personne pour se plaindre et étrangement, les chevaux semblaient bien aimer le son de sa voix. L'alezan avec une tâche blanche en forme étoile sur le chanfrein, arrrivé la veille au soir en même temps que son propriétaire, le regardait curieusement, ses grands yeux suivant ses mouvements, les oreilles s'agitant vers l'avant comme pour capter un peu plus ce qui était dit.

Par la barbe des nains, vous avez décidé de m'ensevelir sous vos déjections ? !

Le Déchu venait d'ouvrir la porte du dernier box, celui du cheval alezan. A en croire le monticule de crottins qu'elle avait fait, la bête était bien nourris. Le cramé entra, poussa gentiment le canasson d'un moouvement d'épaule et grogna, donnant le premier coup de fourche … qui frappa dans le vide. Au lieu de paille, de crottin, de fumier, de chevaux et de mouches, il avait à présent du sable qui s'infiltrait dans ses chaussures, le grattant désagréablement. Le bruit des équidés avait été remplacé par celui des vagues venant lécher le bord de la plage sur laquelle Ignis avait atteri. Il avait beau regarder autour de lui, il avait beau retourner la situation dans tous les sens, l'observer sous tous les angles, il ne comprenait absolument pas comment il s'était retrouvé ici. Enfin si, il savait que c'était par magie qu'une telle chose était arrivée mais pourquoi ? Cela restait encore un mystère pour lui.

Une voix à ses côtés le fit sursauter et il se retourna, les pointes de la fourche pointées en avant. La voix qu'il avait entendu provenait de derrière un rocher. Il s'approcha précautionneusement.


Qui est là ? Qui êtes-vous ? Sortez de votre cachette.

Il n'était nullement rassuré par tout ceci. Et généralement, quant il avait peur, il transformait ça en colère. Il sentait ce sentiment qui commençait gentiment à lui picoter le bout du nez. Il fallait qu'il se contrôe tant qu'il ne savait qu'est ce qui se tramait exactement ici, où que soit situé cet ici d'ailleurs. Il n'aimait pas ici. Il voulait retourner chez lui, continuer à s'occuper des chevaux, revoir Lemon. Cet endroit lui fillait la chair de poule. Il ne savait pas pourquoi mais il sentait que tout ceci finirait mal s'il restait plus longtemps. D'ailleurs, les cris qu'il entendait plus loin ne faisait évidemment rien pour le rassurer. Peut être serait-il judicieux de trouver des alliers, ou bien d'autres personnes qui pourraient lui venir en aide et avec qui ils pourraient s'aider mutuellement en cas de problème. Il abaissa sensiblement sa fourche.

Ecoutez, je ne vous veux pas de mal … Vous m'avez juste surpris ! Bordel, j'comprends rien à tout ceci ! J'étais en train d'curer les stabules des chevaux des clients et voilà que j'me retrouve sur une p*tain de plage je ne sais où, avec des gens qui hurlent en arrière plan.

Il était en train de se laisser emporter et il s'en rendait compte. Etrangement, son contrôle était plus précaire qu'habituellement. Il se tut, prenant une profonde inspiration pour réfréner les battements de son cœur et se calmer.

Pardon. C'est tout ceci …

Il fit un geste vague de la tête pour englober les lieux, répugnant toujours à baisser totalement sa fourche. Il s'y accrochait comme si c'était son radeau de sauvetage. Et puis de toute manière, s'il ne la ramenait pas à son patron, celui-ci allait la retenir sur sa paie. Il devait donc en prendre soin comme à la prunelle de ses yeux, jusqu'à son retour à l'auberge.


760 mots

résumé:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Dim 15 Juil 2018, 13:39


« Il est un peu tard pour regretter. » - « Mais je … » Elle posa délicatement son index sur les lèvres de la jeune femme. « Chut. » murmura-t-elle tout bas. Vanille n’avait pas de temps à perdre. Il n’était pas question d’écouter les longues suppliques et les lamentations d’une personne dont elle avait déjà scellé le sort. « Je suis navrée. » souffla-t-elle sur un ton affligé. Pourtant, elle affichait un sourire froid et ses iris étaient acérées comme des lames. Elle appuya doucement sur les épaules de la jeune femme, déjà en équilibre douteux sur le bord de la falaise. Elle avait tout fait pour échapper à son destin, sans comprendre que le combat était perdu d’avance. Elle tomba, un éclat incrédule au fond des yeux. Vanille contempla la scène, la mine lasse. La chute fut de courte durée. Cependant, la fille ne se brisa pas sur les récifs escarpés du rivage. Elle aurait certainement préféré. A la place, elle termina dans la gueule d’un Dragon, immense au point qu’il n’en fit qu’une bouchée. Il s’attarda un instant à la hauteur de la Khæleesi. « Nehemiel. » Elle glissa sa main sur la gueule de la bête, qui finit par reprendre le chemin de la mer. Un navire approchait et il était affamé. « Qui était-ce ? » s’enquit Galaad, sans décrocher le regard de son courrier. Il tendit d’ailleurs quelques lettres à sa mère. « Une petite aristocrate de Lebhonvan. » répondit-elle en s’emparant des enveloppes. « Et ? » insista-t-il, désireux de connaître son crime. « Je n’avais rien à lui reprocher. Son Créateur, par contre … » - « Darla ? » Elle acquiesça puis soupira. « J’aurai dû garder sa tête. Je lui aurai fais livrer avec un joli ruban dans les cheveux. C’était sa petite favorite. » Galaad arqua les sourcils. « Tu sembles … » Il réfléchit un instant, incapable de trouver le mot juste. « Contrariée … ? » - « Vaguement irritée, en réalité. » - « Puis-je faire quelque chose ? » - « Non. Hum … Si. Il faut chercher une nouvelle gouvernante pour Alhena et Zackaël. » - « Je m’en occupe. Qu’est-il arrivé à la dernière ? » - « Elle est simplement partie sans prévenir. D’ailleurs, j’aimerai que tu la trouves pour lui demander les raisons de son départ précipitée et lui faire comprendre que son comportement est inacceptable. » - « Je parie qu’ils se sont associés pour la tourmenter. » - « C’est évident. Mais elle connaissait les risques en signant son contrat. » Ils venaient de traverser les jardins et approchaient de l’entrée. « Vanille … » commença l’une des répliques de la Reine. Elle se leva du banc où elle était assise pour poser une question à l’Impératrice. « La ferme, Cælys. » Elle ne s’arrêta pas et n’accorda pas un coup d’œil à son clone. La Dame Bleue fut surprise par cette réaction et interrogea Galaad par une œillade. Il se contenta de faire un geste, indiquant qu’il ne valait mieux pas insister. « Envoie une invitation au Sin Luxinreïs. » continua Vanille. « Je veux qu’il vienne dîner. J’ai des choses à dire à ce fou. » - « Avec sa famille ? » - « Il refusera et viendra seul. Tant mieux. Envoie quelqu’un chercher du … Hum. »

Le Totem approchait lentement de la Khæleesi, partagée entre des sentiments contraires. C’était forcément une plaisanterie, orchestrée par un esprit déviant doté d’un humour très particulier. Vanille était curieuse, mais reculait par prudence. Elle ignorait comment elle était arrivée sur les Terres de l’Île Maudite mais nourrissait quelques pistes à l’égard de la nature du responsable. Un chaos esthétique semblait noyer les environs, et quelques éclats larmoyants lui chatouillaient les oreilles. Vanille soupira à nouveau. Elle n’était pas d’humeur pour les jeux macabres mais doutait de l’importance de son consentement aux yeux de l’organisateur. Elle n’avait toutefois aucun désir de faire plus ample connaissance avec le Totem, et déploya ses ailes – blanches et immaculées comme celles des Anges, un comble – pour prendre un peu de hauteur et s’éloigner de tout ce désordre. Elle aperçue deux ou trois visages familiers, mais se bornait à les observer pour le moment. Il n’était pas indispensable de se jeter dans la gueule du loup par fierté ou par orgueil. D’autres têtes couronnées flânaient dans les parages et cela ne signifiait rien de bon. « Bonjour, Zane. » souffla-t-elle, puisqu’elle ne pouvait décemment pas ignorer la présence du Monarque Démoniaque. Son Totem ne semblait pas en avoir fini avec elle, et continuait à la poursuivre. « C’est plutôt ironique. » commenta-t-elle, un vague sourire aux lèvres. Personne ne pourrait comprendre les raisons de son amusement mais ce n’était pas important. Elle tâchait d’ignorer les voix qui résonnaient dans un coin de sa tête, et baissa les yeux vers Edwina.

Spoiler:


Premier tour fini
Pertes dans l'équipe A : Anshû ; Anwen ; Etincelle ; Vylker
Pertes dans l'équipe B : Atheria ; Rheyasaen
Du coup, votre personnage a bien été envoyé sur l'Île Maudite. Vous pouvez participer à ce rp si vous le désirez ou faire une quête pour vous sortir de là ^^ Vous êtes élimés du rp dirigé cela dit.
Pour les survivants, vous avez jusqu'au samedi 21, minuit heure française, pour poster =) Bonne chance !
Revenir en haut Aller en bas
Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

~ Réprouvé ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 2030
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2016
Sól
Lun 16 Juil 2018, 22:41


Pendant un instant, le temps sembla se figer. Elijah vit l'inconnu s'élancer. Étrangement, son esprit eut le temps de remarquer des détails sans importance : l'étrange marque qu'il avait sur le torse, mélange d'arabesques tracées sur sa peau, dans des couleurs hétéroclites comme du vert ou du rouge sang. Ses yeux marrons étaient cernés, comme s'il n'avait pas dormi depuis très longtemps, et écarquillés de façon anormale. Sa bouche béante abritait deux rangées des dents mal alignées, déformées par deux trous indiquant qu'il avait perdu des dents. Tandis que son esprit était occupé à identifier ces informations, l'ange fut incapable d'esquiver l'attaque. Il eut néanmoins le réflexe de lever ses bras devant lui, dans un geste défensif, essayant de faire barrage à l'assaut. Les résultats furent décevants et il se fit emporter par l'élan de son assaillant, tombant lourdement au sol. Les choses s'accélérèrent alors soudainement. Le chaos s'immisça tout autour de lui. Le monde ne devint qu'un mélange confus de sons et de sensations. L'air expulsé violement de ses poumons qui lui arracha un grognement plaintif. Le poids de l'homme qui s'était assis sur lui, bloquant toute retraite pour sa proie. La chaleur du sol, sa dureté qui irritait sa peau. Les dents aiguisées qui claquaient à quelques centimètres de son visage. Les ongles qui s'enfonçaient dans sa chaire, le griffaient. Elijah ne parvenait plus à comprendre ce qu'il se passait. Tout ce qu'il savait, c'était que ce dingue voulait le bouffer. Alors, tendant les bras, il essayait de repousser le plus loin possible son assaillant. L'homme nu mordit l'une des mains qui le repoussaient, arrachant un cri à l'ange. Ils se débattirent ainsi pendant plusieurs minutes, le fou gagnant peu à peu du terrain, se rapprochant de sa cible, avant que quelque chose ne vienne bouleverser les choses. On les percuta violement. Une fois de plus, Elijah fut emporté par le courant, roulant peu à peu le long du flan de la colline. Finalement, le monde arrêta de tournoyer. Allongé face contre le sol, immobile sur la surface plane, le brun n'osa bouger, essayant de reprendre peu à peu ses esprits. Au travers des idées confuses - tuer, fracasser, trancher, briser - une seule parvenait à émerger : il était en danger. Il devait se défendre. Il était en guerre. Avec cette idée en tête, il se releva, alerte, observant tout autour de lui ce qui l'entourait. A droite, un femme - il devrait la briser en morceaux, elle aussi. Mais elle n'était pas la priorité. A gauche, la bête qui l'avait attaqué. Vite. Il devait lui fracasser le crâne. Le déchiqueter. Lentement, Elijah sentit son corps lui échapper. Comme dans un état second, il sentit son corps bouger, comme si une conscience supérieure animait ses membres. Massacrer. Il ne savait plus dire s'il s'agissait de ses propres désirs ou si un maléfice se jouait de lui. Grognant, il attrapa une roche qui était posée à quelques centimètres de son visage. Sur la pointe du gros caillou, du sang luisait à la lueur macabre du jour. Cela expliquait sans doute la douleur qui lacérait son crâne. Mais ce n'était pas important. Seul comptait le massacre. Un sourire carnassier aux lèvres, le jeune homme se redressa. Il ignora la voix de la jeune fille et, boitillant, il se dirigea vers le corps affaissé. Il leva haut le caillou, puis l'abattit le plus fort possible sur la tête biscornue. Du sang gicla. L'ange répéta l'opération. Une fois. Deux fois. Trois. C'était chaud et visqueux. Il aimait ça. Il avait envie de sentir la chaleur. Alors il plongea les mains dans le liquide. Il trifouilla, dessina des formes avec le sang qui se mélangeait à la terre sèche. Il plongea les droits dans le crâne. Il y avait quelque chose de gluant qui s'ajoutait au sang. De la cervelle. Alors Elijah prit la cervelle, et la leva au-dessus de son visage. C'était drôle. C'était comme une petite maison. Une maison pour les idées. Peut-être que s'il mangeait la maison, lui aussi il aurait des idées. Alors il croqua à pleine dents. Avant de recracher. « Pouah ! Dégueulasse ! Infâme ! Puanteur ! Salop ! » Frapper. Il frappait le corps sans vie avec sa propre cervelle.

Un bruit lui rappela la présence de la femme. Il se retourna pour lui faire face. « Les jardins de Jhen. » Il lui semblait qu'elle en avait parler. D'où lui venait cette idée ? C'était absurde. Il perdait la raison. Pourquoi lui parlerait elle de cet endroit, à lui ? Et puis c'était où déjà ? Elijah sentit sa gorge lui chatouiller. Ça gonflait, petit à petit, jusqu'à exploser. « Haha... Ha... Héhéhéhé. HAHAHA ! AH AH AH !!! » Les cris se mélangeaient aux rires et aux larmes qui avaient commencé à couler le long de ses joues. Il se tenait la tête à deux mains, tout en faisant un pas vers la demoiselle. « Tu viens avec moi ? » La croquer. « Et puis il fait tout chaud là-bas. C'est parce qu'il est mort. » Lui arracher les bras. Les yeux écarquillés, il tendit les bras et se mit à courir. Il sauta sur la silhouette et la plaqua contre le sol. Lui attrapant les mains pour bloquer ses mouvements, il plaqua son visage contre ses cheveux et inspira à plein poumons. Son rire recommença. « Tu veux mourir ? Tu vas mourir. Je vais te croqueeeer. Miam ! » Il fit claquer ses dents à quelques centimètres de son oreille. Soudain des étoiles dansèrent devant se yeux. Et puis ce fut tout.


Post II
950mots mots
Résumé:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t37253-davina
Mitsu
♚ Fondatrice ♔

◈ Parchemins usagés : 36408
◈ YinYanisé(e) le : 07/07/2005
Mitsu
Lun 16 Juil 2018, 23:43

Elle n’était pas certaine d’aller bien. Il se passait ici des événements qui dépassaient largement ses capacités. Oh, Ezechyel ne la dérangeait pas tant que ça. Elle était convaincue qu’il serait bien incapable de la tuer. Il la ferait souffrir, la torturerait durant des lunes pour la réduire à peau de chagrin, mais il ne l’éliminerait jamais car il voulait qu’elle le rejoigne. Seulement, Jun ne semblait pas être derrière tout ceci. Ça l’effrayait. Elle avait été elle-même Æther. Elle connaissait leur puissance et, surtout, leur folie. Tant d’opportunités, tant de pouvoirs, il n’y avait décidément que ceux qui, comme elle, jadis, s’ennuyaient de tout posséder, pour ne pas profiter de l’occasion de faire trembler les Mortels. « Hum… » fit-elle, légèrement ailleurs, ses yeux s’arrêtant un instant sur la chevelure bouclée de l’Humain. Elle leur en voulait de n’avoir pas suivi Sympan. En tant qu’ancienne Déesse protectrice, elle n’était pas contente et, à cause de la Couronne, elle ne pouvait repousser ce sentiment de déception qui hantait son cœur.

Sa jambe lui rappela soudain qu’elle était blessée mais sans doute n’était-ce pas le plus grand danger. L’Île Maudite était normalement équilibrée. Le fait que les Chamans soient l’une des races les plus croyantes contribuait à l’apaisement des Divins. Certains étaient dominants par rapport à d’autres mais chacun trouvait son compte dans les nombreuses prières et les divers sacrifices qui avaient lieu au cœur du territoire chamanique. Alors pourquoi le chaos semblait-il régner en maître, tout à coup, sans que le peuple ne contrôle rien ? Où était le Suprême de l’Au-Delà ? Une irritation grandissante commença à l’étreindre sans qu’elle ne la contrôlât aucunement, suspendue un instant par l’arrivée d’un hibou qu’elle reconnut sans trop de difficulté. Elle n’avait fait don de la vue qu’à un seul Mortel du temps de sa divine grandeur et les yeux d’Eerah se démarquaient de ceux de la plèbe. Elle sourit, imaginant une dizaine de scénarios qui pouvaient justifier la chose. « Cela vous va bien. J’ai toujours trouvé que vous ressembliez à un vieil hibou grincheux, à vrai dire. » fit-elle pour plaisanter, au risque de passer pour une démente devant l’Humain. En réalité, elle n’avait jamais cessé de réfléchir à la situation. Un Dieu, ou plusieurs, était derrière tout ceci. Lequel ? Lesquels ? « Il vaut mieux ne pas rester ici. » dit-elle d’un ton ferme. Contre le plus puissant des Hommes, la partie pouvait être intéressante, car les Mortels avaient tous des faiblesses à exploiter. Contre le plus faible des Dieux, le jeu était terminé avant même d’avoir commencé ; du moins, si l’Æther en question le décidait ainsi. Elle n’était pas certaine que celui qui saccageait l’Île Maudite actuellement aimât particulièrement les duels, ni même donner la moindre chance à ses adversaires. Ce qui l’énervait, à vrai dire, c’est le manque de réaction des autres Divinités. Si elle n’avait pas perdu son statut divin, autant préciser qu’elle aurait fait passer l’envie à cet avorton de semer la zizanie. D’où la question cruciale : Qu’attendaient Ezechyel et Edel pour intervenir ? Le problème semblait manquer de logique. Et c’était bien ce qui l’inquiétait. On ne raisonne pas sur ce qui échappe au bon sens.

Alors qu’elle allait se mettre à marcher, un Réprouvé fit son entrée, essoufflé, suivi, à quelques longues secondes d’intervalle, d'une jeune femme. « L’Île Maudite. » dit-elle avant de se tourner vers le Réprouvé pour lui susurrer à peu de chose près la même chose. « Mu los hen ney Hon'hadrim. ». Elle avait appris leur langue avec une déconcertante facilité jadis. Cela étant, en tant qu’épouse de Zel’Eph et Zaahin, elle ne pouvait ignorer les us et coutumes de ce peuple, bien que très éloignés de son propre mode de vie. Son regard manqua de se poser sur le dessus de sa main, à la recherche du signe du mariage Réprouvé. Elle ne le fit pas, sachant pertinemment que le symbole avait disparu. « Nous devons trouver un moyen de quitter cette île. » dit-elle en langage commun avant de traduire en Zul’Dov. Elle ignorait comment. La mer qui bordait la terre n’était pas la plus clémente qui soit. Aussi, elle redoutait l’impossibilité de fuir. Si, comme elle le pensait, un Æther les avait conviés ici, il ne les laisserait pas partir si facilement. Alors quoi ? Prier ? Elle n’était pas encore prête pour cela. Avant qu’elle ne s’élève, le Monde n’était pas croyant, ou si peu. Jamais elle ne s’était agenouillée pour chercher le réconfort auprès d’une entité supérieure. Elle devrait s’y résoudre, sans doute, mais elle préférait retarder la chose autant qu’elle le pourrait. Elle n’aimait pas l’idée de n’être qu’une faible créature ; tout comme, paradoxalement, elle n’aimait pas celle d’être si puissante qu’aucun jeu n’était plus excitant. Alors qu’elle allait ajouter quelque chose, la Couronne fit de nouveau des siennes. De nombreux points noirs obscurcirent le paysage et elle eut tout juste le temps de comprendre qu’un Totem se rapprochait d’eux avant de s’évanouir.

799 mots

Résumation:
Revenir en haut Aller en bas
Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11258
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Mar 17 Juil 2018, 00:17

Rester les pieds nus dans la neige et attendre que conclusion douce à son existence. Il lui suffisait d'attendre. Petit à petit, le froid grignoterait ses forces. Peut-être que quelque chose achèverait sa raison avant ? Mancinia ne repartirait pas d'ici vivante, c'était évident. Peu importe la méthode qu'elle choisirait pour s'échapper, il était prévisible que ses actions seraient des échecs. Ravalant difficilement sa salive, tremblante contre l'arbre, la jeune femme était à deux doigts se laisser aller. C'est alors qu'il y eu une exclamation derrière elle. Des interrogations couinés qui la faisaient à peine réagir. Que cette personne agisse au lieu d'attendre. Ce serait plus difficile pour lui après d'abattre cette proie. Elle tournait la tête vers lui, les yeux dans le vague, pour voir qui serait celui qui la tuerait. C'est en voyant les signes dessinés au sol qu'elle comprit qu'il ne pouvait pas être un ennemi. C'était la marque des Magiciens. Toujours prêts à aider les autres en cas de besoin. Assez sans doute, pour créer l'illusion d'une mort brave ? Qu'attendait-elle pour se précipiter sur lui ? Avec ce ciseau à bois, il pourrait lui trancher la gorge, même avec maladresse, prétextant une agression quelconque. Ce serait douloureux, mais son départ vers l'Au-Delà serait plus rapide. Ou alors, le tuer serait tellement bénéfique. Ça lui ferait sûrement du bien. Elle devait...

Tais-toi, souffla-t-elle entre ses dents. Tu divagues.

L'Humaine se destinait cette réflexion à voix haute. Se laissant aller sous la stupeur de se retrouver dans cet endroit, loin de tout ce qu'elle venait à peine de retrouver. Un instant de faiblesse qui l'avait égarée un moment. Reprenant peu à peu conscience de ce qui l'entourait malgré le fait que son coeur tambourinait dans sa poitrine, elle fronçait les sourcils en observant l'adolescent qui lui faisait face. Qui était-il ? Pourquoi l'importunait-il ? Croyait-il réellement lui faire peur avec cet arme ridicule ? Il n'était même pas certain de ce qu'il faisait, visiblement. La Matasif pourrait aisément le désarmé et le mettre hors d'état de nuire s'il décidait de réellement s'en prendre à elle.

Je me posais les mêmes questions.

La demoiselle devait bien ouvrir la bouche à un moment ou un autre, mais une question demeurait. Pourquoi ? Quel était ce malaise qui lui tordait les tripes ? Cette crainte tapie dans l'âme ? Cette confusion dans son esprit ? Mancinia devait rassembler ce qu'elle savait sur cet endroit pour y être venue autrefois, dans des temps aussi confus que maintenant. Ne pas rester là à attendre que sa température ne se dégrade, car elle ressentait à peine ses pieds. Ça ne ferait que l'entraîner vers une mort lente et douloureuse. Non. Elle n'allait pas abandonner.

Je crois qu'on nous a fait un sale tour, c'est aussi simple que ça.

Dans son cas, elle aurait certainement pu dire que c'était la énième fois qu'on l'engageait contre son gré dans des lubies douteuses. Et il était rare que la jeune femme ne découvre qui était réellement derrière tout ceci. Que c'était-il produit lorsqu'ils avaient tous accoster sur cet île au milieu de l'océan, peu de temps avant que celle-ci ne sombre dans un cataclysme effroyable. Est-ce que cela allait recommencer ? Non, sûrement pas. Cet île était le territoire des Chamans. Ils vénéraient les Aetheri plus que quiconque. Avaient-ils user de magie pour les rassembler ici ? Sans doute...Est-ce que c'était important là tout de suite ? Mancinia se dirigeait vers l'adolescent. Elle allait essayer d'être ce qu'elle avait toujours été, mettant sa main devant elle pour le calmer.

Ça ne sert à rien contre moi. Tu peux l'abaisser.

Son ton était ferme. Elle n'allait pas se laisser impressionner pour si peu.

Je suis Mancinia. Quel est ton nom ?

Engager la conversation était sans doute le moyen de briser la glace entre eux. Remarque ironique compte tenu de l'environnement aux alentours, mais l'Humaine n'était pas certaine que cela suffise. Dans le doute, elle choisi de rajouter une information plus intéressante.

Je suis une alliée des Magiciens.

Et plus encore, en vérité, mais une Humaine proche des Magiciens, c'était suffisant pour l'instant. Regardant les alentours, elle ne vit personne d'autre dans les parages.

Une chose est certaine, on ne doit pas rester dans cet endroit. Quelque chose remue dans l'obscurité...

Il était évident qu'un abri serait plus sûr. Elle se dirigeait vers le Temple, mieux valait encore suivre cette piste ou prendre un autre chemin ? ...Mancinia pourrait seulement y réfléchir si cette sale voix dans sa tête se taisait et que les bruits environnants cessent d'être si forts.

Il y a un temple non loin, ou alors, on suit les cris...

Ça s'annonçait encourageant.

780 mots

Post II:


[Événement] Démence fatale - Chapitre II - Page 2 Chriss10
Art by Chrissabug

Meuh:
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t38147-mancinia-leenhardt-
Invité
Invité

avatar
Mar 17 Juil 2018, 13:41


« Oswalt ? » appela l’Ange une deuxième fois. Comme il ne répondait pas, elle le contourna. Ses yeux étaient aussi blancs que la marque qu’il avait sur le front. Le cœur de Lilith rata un battement. Était-il possédé ? « C’est Nīḍalu. » murmura-t-il, avant de préciser : « Ma mère va arriver… ». La jeune femme ne savait pas quoi faire. Le corps de son fils semblait mou et, pourtant, il lui était presque impossible de le faire bouger. « Je suis là Oswalt ! » lui dit-elle, ne comprenant pas où il voulait en venir pour le moment. Il ne dit plus rien, fixant le vide de ses yeux qui semblaient aveugles. Les mains de la Reine vinrent rejoindre les joues du garçon, essayant de le ramener à la raison. « Ta sœur t’attend, viens avec moi ! ». Il ne l’écoutait pas, plongé dans un délire qui, en réalité, n’en était pas un. La Bienfaitrice de Maübee leva les yeux pour contempler Devaraj. Elle tressaillit. Les choses avaient évolué. Il ne semblait plus être le seul maître de la situation et une femme à la longue chevelure flamboyante se tenait là, menaçante. La brune ressentait l’effroi la saisir petit à petit. Elle connaissait la folie de son mari, ses comportements violents et souvent dénués de raison. À vrai dire, elle trouvait que les coutumes chamaniques étaient semblables et sans doute le peuple avait-il le Roi qu’il méritait. Elle essayait de ne point faire de l’ethnocentrisme, de comprendre, mais depuis qu’elle devait s’occuper de trois enfants, elle était beaucoup plus critique. Elle avait pris le parti de ne pas se mêler de ce qui ne la regardait pas, d’agir uniquement pour le bien de Thor, d’Oswalt et d’Hestia mais, actuellement, quelque chose la poussait vers l’épicentre de ce qui semblait pouvoir devenir un cataclysme. Elle n’aimait pas savoir Devaraj en danger. Elle ne pouvait cependant pas laisser son fils seul.

Alors qu’elle réfléchissait à un moyen d’agir, elle vit arriver un homme. L’Ange sortit sa dague, prête à défendre Oswalt en cas d’attaque. Elle fixa l’inconnu quelques secondes avant de le reconnaître. « Vous êtes Raeden Liddell, le Délaissé ? » demanda-t-elle alors. À vrai dire, elle ne connaissait que très peu d’Ailes Blanches, notamment parce qu’elle ne vivait pas souvent avec eux. Cependant, il y en avait des plus célèbres que d’autres. Elle baissa son arme. Il ne ferait rien à son fils. « Que faites-vous ici ? » questionna-t-elle. Un étranger sur l’Île Maudite avait de quoi perturber. Cela faisait deux non-Chamans qu’elle apercevait. Ce n’était pas normal. « Je… ». Son regard venait de faire un aller-retour en direction du Maître des Esprits. « Je hum… Je reviens, gardez un œil sur lui s’il vous plaît… ». Oswalt ne bougeait toujours pas, se contentant de regarder un point fixement. Elle ne pouvait pas laisser Devaraj tout seul. Plongeant ses yeux dans ceux de l’Ange, elle répéta. « S’il vous plaît. » avant de faire demi-tour, courant dans l’objectif de s’interposer entre son mari et l’inconnue.

Lilith se rendit bien vite compte que les puissances en présence dépassaient de beaucoup la sienne. Peu importe. Elle ne pouvait ni laisser le Roi étrangler cette femme, ni laisser cette dernière tuer le Hǫfðingi. Devaraj n’avait sans doute jamais été aussi dément et plus elle s’approchait, plus ses paroles lui semblaient dénuées de sens. Il voulait mourir ? Non. Elle ne laisserait pas son vœu être exaucé. Avec toute la force dont elle disposait, elle vint glisser son bras autour de la gorge du Chaman et le tira en arrière dans l'objectif de l’éloigner de la rousse. « Devaraj ! Arrête ! » hurla-t-elle, les cheveux de l’homme se glissant sur la peau de son visage tant ils étaient proches. Il lui semblait qu’un liquide poisseux se collait à son bras et à ses vêtements. Elle était incapable de savoir s’il s’agissait de sang, de peinture ou de toute autre substance visqueuse que le peuple pouvait utiliser parfois. « Personne ne va te tuer, Devaraj ! » fit-elle en cherchant à se convaincre elle-même. Elle essayait de ne pas flancher mais elle sentait son propre corps trembler comme une feuille qui se serait trouvée à la merci d’une violente tempête. Lilith activa sa magie pour tenter de soigner le corps de son époux, au cas où. Elle ignorait l’étendue de ses blessures, s’il en avait, ni même si la chose serait efficace. « Devaraj ! Ressaisis-toi ! Ton peuple a besoin de toi ! » dit-elle, essayant de trouver un levier qui le ferait réagir. S’il continuait, il risquait de tomber de nouveau dans le coma, ou bien pire. Elle savait que la mort n’était pas un problème pour les Chamans. S’en était un pour elle.

761 mots

La la la:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 18 Juil 2018, 05:28


Je regardais plus en détail ce hibou. Malgré l’environnement inhospitalier de l’île, les plumes de l’animal brillaient d’un éclat et semblait émaner une étrange aura. Étrange. C’était la voix de la femme blonde portant qu’un drap blanc qui me fait sortir de ma torpeur. Je ne comprenais pas un seul mot de ce qu’elle disait, mais j’avais remarqué qu’elle était blessée à la jambe. Je ne faisais rien, ne sachant pas si tous ces gens étaient des ennemis ou alliés. Les membres de ma race étaient les seules personnes que je pouvais considérer comme allié, mais loin d’eux, sans aucun support … Cette courte pensée avait été coupée par des mots en Zul’dov.  J’ouvrais grand les yeux. Une personne qui connaissait ma langue natale ? Est-ce que c’était un signe des Zaahin ? Je ne faisais pas confiance en cette femme, mais la difficulté de la situation et les voix multiples dans mon esprit qui m’attaquaient brisaient tranquillement mon mental. Je tentais de mon mieux pour garder toute ma tête. Je rangeais mon glaive dans son fourreau, pour libérer mes mains.

Hon’hadrim ? N’étaient-ils pas juste une histoire ? À Lumnaar’Yuvon, des histoires avaient été rencontrées sur des gens se peinturant le corps pour danser et sacrifier pour des raisons inconnues. J’avais toujours cru que  ce n’était que des histoires pour faire peur aux jeunes réprouvés. Était-ce dont un chaman que j’avais tué plutôt ? Je n’arrivais simplement pas à assimiler toute cette information. C’était trop pour mon esprit.

Qu’est-ce que c’était au final la folie ? Entendre des voix ? Voir des choses irréelles ? Agir de façon irréfléchie sans faire preuve de raison ? Cela était très dur à décrire, car c’était un concept dont je n’ai jamais pris la peine de réfléchir puisque j’avais déjà mon panier bien plein avec la dualité qui me caractérise mes confrères, consœurs et moi-même en tant que réprouvé. Peut-être que les gens de l’extérieur nous voyaient comme des gens fous ? Ma vision se brouillait et je ne me rendais pas compte que j’avais commencé à dire ces mots « Qeth, Peyt, Ofan, Od » sans m’en rendre compte. Je ne voyais pas qu’un bout de bois nous observait non loin, influençant mes cinq sens. Un moment, je voyais des vibrations aux multiples couleurs et d’autres fois, j’entendais le bruit des moulins à Bouton d’or ou l’odeur du pain chaud suivi de l’odeur d’œufs pourris. C’est sa voix, celle qui parlait Zul’dov, qui m’avait permis de me concentrer sur la réalité. Une nouvelle personne était parmi nous et je n’avais pas remarqué qu’elle était là avec nous depuis un moment.

Quitter l’île. Bonne idée. « Elhen halv » disais-je à voix haute pour montrer que j’avais bien compris. Je n’osais pas perdre cette femme de vu, elle qui était un peu mon ancre dans cette situation. Je ne pouvais pas croire mes sens ou ma rationalité, mais mon cœur me disait une chose : cette femme était forte et dans cette situation, se ranger auprès d’un puissant pouvait toujours mieux valoir le coup. Cette puissante qui était de s’effondrer sous mes yeux. J’étais assez proche, donc j’avais pu l’attraper à temps. J’avais le dos tourné, donc je ne pouvais pas voir que le bout de bois s’approchait et son influence s’attaquait encore plus à mes sens. J’observais la femme de plus près maintenant et ses traits me rappelaient de plus en plus quelqu’un. Les cheveux blonds et elle parlait Zul’dov. L'influence des événements de cette île semblait suffisante pour manipuler mon esprit.

« Dovahkiin ! » disais-je en écartillant les yeux. Que faisait-elle sur cette île ? Cela n'avait aucun sens. En répartissant son poids sur mes deux bras, je la portais en m’assurant que je la tenais solidement. J’observais les autres gens, reculant pour pouvoir tous les observer, même le hibou. Cet animal était étrange. En faisant cela, je pouvais même voir le bout de bois s’approcher et par réflexe, j’avais déployé mes ailes écarlates pour recouvrir la femme blonde, le seigneur des deux rives. Les voix dans ma tête s’élevaient de plus en forte dans ma tête, me disant de tuer et de fuir. De tous les attaquer. De protéger à tout prix la Dovahkiin. Je devais faire coûte que coûte quitter cet endroit démoniaque afin de protéger le titan de cette île maléfique. La paranoïa attaquait le peu de santé mental qui me restait et à moins qu'une autre personne sache parlé le Zul'dov, il allait être très difficile de me convaincre d'agir autrement.

751 mots - Post 2

Résumé:

Traduction:
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

[Événement] Démence fatale - Chapitre II

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 2 sur 5Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5  Suivant

 Sujets similaires

-
» [Événement] Démence fatale - Chapitre I
» [Événement] - La Coupe des Nations - Chapitre I : L'économie
» [Evènement] - Un Bon Bol d'Air Pur
» [Événement] - La Galette
» [Évènement] - Le projet
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Mers :: Mers - Ouest :: Mer Maudite :: Awaku No Hi-