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 [XIX] - Jalousies et impostures [Lilith]

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Mar 19 Juin 2018, 22:29


Jalousies et impostures
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Catégorie de quête : XIX - Enquête
Partenaire : Lilith
Intrigue : Suite aux ordres de Jun Taiji, Devaraj doit chercher une femme répondant au nom d'Ostara Stark. Ses esprits lui ayant reporté qu'elle se trouvait sur les Terres du Lac Bleu, il s'y rend en entraînant de force Lilith et ayant pour but de trouver qui est cette personne, que fait-elle, où se habite-t-elle et quand a-t-elle été vue pour la dernière fois, le tout en gardant son identité secrète.



"Je suis ravi de constater que vous avez honoré mon invitation." Le Fumeur Macabre contemplait son reflet dans le verre de vin qu'il tenait entre ses doigts. Amusant, ce qu'un simple faciès pouvait changer. Il ne s'était jamais intéressé à la métamorphose avant d'y être diplomatiquement obligé... S'il avait su que cela lui permettrait d'avoir ce que Devaraj Säalm Taiji ne pouvait pas toucher du doigt -sa femme-, il n'aurait pas attendu si longtemps. Son regard vira sur la Lilith, assise en face de lui. Il ne prenait aucun plaisir à ce double-jeu. Les illusions lui étaient plaisantes lorsqu'elles provoquaient horreurs et monstruosités. Ici le résultat n'était que jalousie de sa part envers un personnage fictif qu'il venait d'inventer. Il brûlait toutefois de savoir si elle serait réellement capable d'aimer quelqu'un d'autre à Sa place et tenait bien à aller jusqu'au bout du mensonge. La fidélité n'était-elle pas une vertu angélique ? Pour une fois, il ne se serait pas plaint de la voir faire une croix sur les pratiques matrimoniales chamaniques. Le Chaman caressa le bout du verre, pensif. "Mes affaires ici ne dépasseront pas quelques jours. Je suis à la recherche d'une vieille connaissance, je ne sais pas encore si je vais avoir l'occasion de la retrouver. En attendant, je trouvais cela dommage de ne pas faire profiter mon séjour au peu de personnes qui acceptent de me tenir compagnie..."

Le Manoir du comte Worth lui avait ouvert ses portes avec grand plaisir, une entrée facilitée par le don d'une somme non modique. Jeremiah Stark louait la plus grande suite du château, participait aux soirées intimes avec plaisir et racontait à qui voulait bien l'entendre qu'il restait de passage sur les Terres du Lac Bleu afin de reprendre contact avec une de ses lointaines cousines. Ce soir, il se trouvait accompagné dans son repas pour la première fois depuis son apparition, autrement malgré ses chaleureuses relations avec l'ensemble de ses voisins, Jeremiah était un être mystérieux et solitaire qui ne ramenait jamais personne dans ses appartements.

Se concentrer sur ce que le Prince des Cauchemars lui avait ordonné était déjà fastidieux... Il n'avait pas prévu de s'encombrer d'une compagne et pourtant, il n'avait pas pu résister à la tentation de profiter de l'opportunité unique qui s'offrait à lui. Depuis qu'ils s'étaient croisés dans cette taverne réprouvée -où il s'était rendu en secret pour surveiller les actions de Lilith et entretenir sa paranoïa-, Devaraj n'avait pas oublié la lueur que son pantin avait provoqué dans les pupilles de son épouse. Grave erreur, car tout ce qui lui venait maintenant en tête était l'envie de dévoiler sa véritable identité pour pouvoir observer sa réaction.

Alors que la salle feutrée se vidait de ses convives, le Chaman écouta la musique qui parvenait à leurs oreilles depuis la salle de bal. Ecoeurant et sans aucun rythme. "M’accorderiez-vous une danse ? Je n'ai pas eu l'occasion de vous demander... la dernière fois." Il se leva et jeta un coup d’œil en direction de la piste de danse, que le comte venait d'ouvrir en compagnie de ses concubines. Ce personnage était si exubérant et particulièrement niais qu'il l'aurait volontiers sacrifié tout de suite sur les murs de son manoir scintillant. La présence de Gideon au sein de son âme n'arrangeait en rien sa capacité de patience. "J'aimerais beaucoup que vous vous joigniez à moi demain." lacha-t-il, de but en blanc, observant d'un œil brillant sa réaction. Un tango. Il avait envie d'un tango serré et langoureux, où le désir se mouverait entre leurs corps et où il pourrait éventuellement l'étrangler pour oser danser avec quelqu'un d'autre que lui. Jeremiah se contenta d'une valse idiote, n'en profitant pas moins pour dévorer possessivement du regard sa partenaire et ne la relâchant qu'à contrecœur. Leur danse fût certainement plus endiablée que celle des couples alentours. "Excusez-moi." souffla-t-il à son oreille. Il devait glisser quelques mots au comte avant la fin de la soirée. "Je vous retrouve sur la terrasse."

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Sam 21 Juil 2018, 17:04

Lilith but une dernière gorgée dans son verre de vin avant de se lever pour danser. Comment aurait-elle pu refuser ? De venir ici d’abord puis de valser, ensuite. Elle se sentait étrangement heureuse d’être en sa compagnie. Il y avait quelque chose chez lui qui éveillait des frissons qu’elle n’avait plus ressentie depuis longtemps. Bien sûr, elle entretenait toujours son corps mais, ce soir, elle avait fait bien plus d’efforts que d’habitude. L’Ange s’était même regardée longuement dans un grand miroir, apprenant de nouveau à observer sa silhouette. Elle ne pensait pas forcément à ça mais elle voulait lui plaire. Habillée d’une robe vert émeraude, elle avait laissé ses cheveux encadrer son visage dans de longues ondulations légères. C’était idiot. Elle ne connaissait rien de lui, ou si peu. Juste son prénom et son nom. Pourtant, le moindre contact physique électrisait sa peau. La jeune femme avait l’impression de le connaître mais ne ressentait aucune suspicion quant à sa réelle identité. Elle se laissait simplement porter par les feux de l’instant, bien consciente qu’il s’agissait sans doute d’une erreur. Oh elle ne disait pas tout à son mari. Elle avait appris à être discrète et à ne pas le laisser avoir une trop grande emprise sur sa vie, du moins lorsqu’elle n’était pas sur l’Île Maudite. Puisqu’ils avaient convenu qu’elle pouvait y entrer et en sortir comme elle le souhaitait, elle ne s’en privait pas. S’habituer aux mœurs chamaniques était bien plus complexe que ce qu’elle avait cru et puis… avant de le rencontrer, elle était déjà libre et indépendante. Elle sourit. Longtemps elle avait remisé son amour pour les bals et les dorures au fond d’un tiroir. Pourtant, ce monde brillant, fait de paillettes et de musiques enivrantes faisait partie de ceux qu’elle aimait côtoyer. Contre lui, elle se demanda si ce statut angélique qui lui collait à la peau était bien réel. Il y avait du bon en elle mais il y avait également ce côté plus espiègle et sauvage. Tel un chat, elle pouvait ronronner sous les caresses d’un inconnu tout comme griffer sans ménagement la main tendue. Était-elle un souci pour son peuple ? Elle en doutait. En période de paix et de calme, peut-être aurait-elle déjà été convoquée. Aujourd’hui, elle devait être le dernier problème de sa hiérarchie.

Ses yeux contemplèrent la peau de l’homme et remontèrent vers son visage. Elle se surprit à baisser un moment le regard. Il la fixait d’une façon si intense qu’elle en ressentit un trouble profond. Lilith reprit néanmoins contenance rapidement, le vert bleuté de ses iris soutenant à présent ceux de Jeremiah. Elle n’avait pas répondu à sa question plus tôt, se contentant d’en éprouver une surprise qui l’avait rendue confuse. Le voir ce soir avait déjà un goût exquis. Seulement, elle avait eu besoin d’y réfléchir. Devait-elle ? Et, surtout, le mettait-elle en danger en acceptant ? Elle ne savait pas si c’était la danse ou autre chose mais elle se persuada qu’ils ne faisaient rien de mal. Que pourrait dire Devaraj ? Qu’elle avait dîné et dansé avec un homme ? Qu’elle l’avait aidé à chercher l’une de ses connaissances ? Il n’oserait pas tant la chose paraissait ridicule. Le Suprême de l’Au-Delà possédait un harem plus grand que celui du Monarque Démoniaque, elle en était persuadée. Le jour où il l’accuserait de prendre du bon temps en tout bien tout honneur, elle pourrait toujours lui répliquer que malgré leur différence de mœurs, elle ne s’était jamais mêlée de ses maîtresses ou de ses coucheries de manière générale. Peut-être ne s’en mêlait-elle pas assez puisqu’ils ne faisaient que partager le même lit, sans jamais se toucher. Son époux était effrayant tant la folie le gagnait. Plus le temps passait, plus elle s’en méfiait. Bientôt, elle dormirait certainement avec une dague sous l’oreiller. S’apercevant soudain qu’elle pensait depuis trop longtemps, tout en le fixant toujours, elle sourit. « Excusez-moi, je songeais aux raisons qui auraient pu me pousser à refuser votre proposition. Nous nous connaissons à peine mais j’aimerais vous aider alors j’accepte. Ce sera même avec plaisir. » ajouta-t-elle. Elle aurait pu mettre son comportement altruiste sur les épaules déjà bien chargées de son statut angélique mais non. Elle avait envie de l’aider, lui, et, surtout, d’être en sa compagnie. Cette danse suffisait déjà à provoquer chez elle des sensations disproportionnées. Heureusement qu’elle essayait de garder les pieds sur terre et que l’ombre de son mari planait au-dessus de sa tête pour l’empêcher de sombrer davantage sinon, il ne faisait aucun doute que ses lèvres auraient rejoint les siennes à un moment ou à un autre.

Elle resta un moment immobile, perturbée par l’effet de son souffle, proche de son oreille. Elle attendit qu’il ne soit plus dans son champ de vision pour se promener entre les convives, observant les peintures et les dorures. Où qu’elle aille, elle avait toujours cette pensée, celle de savoir ce qui serait le plus évident et intéressant à chaparder. Jeremiah Stark avait beaucoup de chance qu’elle n’ait pas essayé de lui dérober quelque chose durant la valse. Elle sourit, frôlant les tentures avant de sortir sur la véranda, admirer les jardins. Elle s’approcha de la balustrade et y posa ses avant-bras.

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Lun 05 Nov 2018, 23:03


Jalousies et impostures
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"Merci de m'avoir accordé cet entretien. Je ne vais pas vous retenir plus longtemps, mon ami." Par Ezechyel, il avait une chance inouïe de pouvoir profiter des capacités de Gideon en matière de mensonges. Seul, le chaman aurait eut bien du mal à articuler ce qu'il venait de souffler au jeune comte Worth. La scène aurait été sanglante et extrêmement malsaine, du point de vue d'un pauvre magicien. Tout lui hurlait de retourner se purifier sur son Île, loin de ces idiots. D'ailleurs l'utilité de ce déplacement lui échappait particulièrement. Il avait à sa solde un nombre infini d'espions éthérés capable de trouver tout et n'importe quoi, mais non, il avait fallu qu'il vienne en personne jouer au détective -chose qu'il réussissait plus mal pour le moment... Il avait un millier de méthodes plus efficaces pour répondre à la demande de Jun. S'il était honnête avec lui-même, il saurait que venir ici n'était qu'un prétexte pour jouer avec sa femme. Où était-elle, cette putain ?

Les doigts fluets de Jeremiah Stark touchèrent les teintures vieillies, ses ongles s'enfonçant dans le tissu. L'homme parcourut la moitié du couloir ainsi. Il fallait qu'il trouve un moyen de se contenir, et ensorceler les peintures piteuses et ridicules du manoir en était un. Le chaman déguisé ne tarda pas à retrouver son épouse, après avoir nerveusement avalé la moitié d'un plateau de friandises salées sous le regard outrée d'une invitée. Heureusement que ces sous-merdes étaient capables de cuisiner quelque chose de potable. Devaraj lança une œillade orageuse à son observatrice. Les manières non reliées aux divins n'étaient qu'hypocrisies et encombrements à ses yeux.

"Hum." Préférant prévenir de son arrivée, il s'avança lentement dans le dos de sa partenaire, plaçant ses bras sur ses hanches. Rien de bien osé, mais Devaraj n'aurait jamais eu le droit de faire un tel geste. Parce-que Devaraj aurait risqué de l'étrangler sans prévenir, sa femme avait appris à l'éviter physiquement pour sa survie. Mais ce soir, il n'était pas Devaraj, il était un crétin dont s'était entichée Lilith pour une raison tout à fait obscure. Pffr. Qu'elle fasse attention, ou bien elle finira peut-être par recevoir la tête de son Jeremiah en cadeau au petit déjeuner. Tiens, il pourrait même en inventer des dizaines de personnalités, une fois qu'il aura cerné quel genre d'hommes attirait la belle. Si les tuer un à un pouvait lui faire passer l'envie de regarder ailleurs, l'effort en vaudrait la peine... Seulement, il doutait que la psychologie de sa femme soit aussi simple. L'idée de la faire souffrir lui plaisait autant qu'elle le dégoutait. L'idée de la voir amoureuse en face de lui le réjouissait autant qu'elle agrandissait sa détresse intérieure quant il se rappelait qu'il portait un masque. Indécis, il était resté immobile, les yeux perdus dans le vague. C'est la musique criarde du bal qui le fit revenir à la réalité. Sur le moment, cela lui parut si moche qu'il ne put s'empêcher d'avoir l'air attristé. "Dans l'hypothèse où vous manqueriez d'idée, vous pourriez aussi vous servir sur la bijouterie de cette vieille dame, là-bas... C'est une revanche personnelle." Il sourit, ne révélant pas d'où il tenait son information. Si le nombre de personnes au courant des occupations secondaires de l'Ange se résumaient au Suprême de l'Au-Delà, alors il venait de se trahir tout seul... Tant pis. Il était plus occupé à s'imaginer lui faire des choses obscènes plutôt qu'à surveiller la sureté de sa couverture. "Si vous avez peur du noir, je vous rappelle que ma chambre est extrêmement lumineuse."

Il disparut ainsi parmi la foule, se demandant combien de mauvaises idées était-il encore capable de mettre en place pour la soirée. La métamorphose ne tiendra jamais toute la nuit et il aurait l'air malin à devoir dormir à ses côtés. De plus, il se demandait s'il avait vraiment envie de savoir comment tout ceci allait finir. Il venait tout de même de proposer à sa femme de le tromper avec lui-même, ce que son intelligence avait encore du mal à concevoir. Préférant miser sur le fait qu'elle n'oserait jamais un tel acte, le chaman s'enferma dans la petite pièce qu'il louait. Il brisa la fusion avec un soupir de soulagement. La tension continue était éreintante. Ne gardant que sa tunique bleue, Devaraj s'affala sur le lit, fixant d'un air morne le plafond brillant. Ostara Stark était une veuve noire. Mis à part son lieu d'habitation, une description extrêmement éloquente de son physique apparemment envoutant et le nom de son ancien mari -suicidé, rien de bien intéressant avait été trouvé. Il avait envoyé deux des parasites confiés par Jun sur les lieux, avec la vague impression de suivre des traces bien trop vieilles à son goût. Reprenant prudemment l’apparence de Jeremiah, le chaman s'autorisa à plonger dans un hébétement proche du sommeil.

Post II - mots : 860


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Mar 06 Nov 2018, 12:05

Le corps de Lilith se tendit sous les mains de l’homme. C’était étrange. Outre le plaisir qu’un tel geste lui procurait, éveillant ses sens comme s’ils dormaient depuis des siècles, elle ressentait une impression diffuse de malaise. Elle crut déceler un risque, comme un appel silencieux de son corps à ne pas s’enfoncer dans ce chemin. Elle ne savait pas ce qu’il contenait et son instinct muet lui dictait qu’un vilain monstre l’y attendait. Pourtant, elle n’écouta pas le cri inaudible, misant sa seconde de mal être sur du remord mal placé. Elle essaya de se rassurer. Après tout, elle n’avait rien fait. C’était Jeremiah qui avait agi. Le fait que son geste l’électrise était hors de sa volonté.

Heureusement, la remarque de l’homme la tira de ses pensées. Son regard courut se réfugier sur une vieille Magicienne qui croulait presque littéralement sous l’or et les pierres précieuses. L’esprit de l’Ange se mit automatiquement à évaluer ce que tout ceci pourrait lui rapporter si elle le vendait ou le troquait contre d’autres biens. Sans aucun doute, elle aurait de quoi nourrir plusieurs personnes pendant quelques lunes, voire même d’acheter de nouvelles couvertures pour les lits de Liluvel. En réalité, elle n’avait plus besoin de voler depuis de nombreuses années grâce notamment à une visite nocturne qu’elle avait réalisé d’une main de maître. Personne n’en avait entendu parler à cause de l’identité des propriétaires bafoués qui n’avaient pas tenu à ce que le monde sache qu’ils s’étaient fait dépouiller comme de vulgaires mendiants. Depuis, elle était riche, chose qu’elle ne montrait pas et qui n’était pas tout à fait vraie. Elle était riche, oui, mais l’argent qu’elle possédait ne servait pas ses intérêts. Cependant, elle avait pris un goût certain au fait d’ôter à ceux qui avaient trop. Lilith était convaincue que le bonheur n’était jamais proportionnel aux pièces d’or que possédait un individu mais plutôt à sa capacité de façonner son propre bonheur. Après tout, elle était elle-même riche - riche, mère et reine - et elle n’était pas certaine d’être heureuse. Quant à savoir comment Jeremiah Stark connaissait son petit travers… Cet homme en savait trop pour lui faire croire qu’il n’avait pas un certain prestige et une certaine importance au sein de son peuple. À vrai dire, elle ne le connaissait pas tant que cela. Il lui avait parlé de ses « affaires » qui le retenaient ici quelques jours mais elle n’en savait pas beaucoup plus. Néanmoins, l’Ange avait trop côtoyé les grands de ce monde pour croire encore que n’importe qui pouvait garder un secret enfoui. Tout finissait par se savoir et si elle devait parier sur une chose concernant son interlocuteur, elle parierait sur son influence. Dans quel domaine ? Elle l’ignorait, mais plus elle était à son côté, plus elle se rendait compte qu’il se dégageait de lui quelque chose de fascinant. Pourtant, elle n’avait jamais eu autant l’impression de jouer avec le feu.

« Je garde vraiment tous les cadeaux qu’il m’a offert sur moi. » précisa la vieille dame. Lilith était allée à sa rencontre après le départ de Jeremiah afin de se changer les idées. La phrase qu’il lui avait laissée en cadeau de bonne nuit la hantait. Elle se demandait si elle avait bien entendu ou si c’était son imagination qui lui jouait des tours. Quoi qu’il en soit, il s’avérait que son interlocutrice, bien qu’aisée, n’avait pas tant de possessions que cela. Elle donnait à de nombreuses associations et gardait uniquement les présents de son époux défunt qu’elle continuait d’aimer malgré le fait que la mort les ait séparés. L’Ange lui avait soufflée qu’elle ferait mieux d’être prudente, qu’un esprit mal intentionné pourrait être tenté de lui dérober ses biens mais elle n’avait rien voulu entendre, avançant que si quelqu’un était assez déséquilibré pour s’attaquer à une vieille femme alors les Ætheri finiraient forcément par le punir. La jeune femme avait ri, prenant par la suite congé. Elle avait pris sa décision.

Elle referma la porte derrière elle, repérant non sans mal Jeremiah. « Sachez que je n’ai pas peur du noir. » souffla-t-elle. Elle essayait de garder son calme mais cet homme avait le chic pour la faire retomber à l’adolescence. Elle se sentait toute chose et trouvait les réactions de son corps ridicules. Seulement, elle n’était pas idiote. « Puisque vous connaissez quelques-uns de mes secrets, je suppose que vous savez aussi que je suis mariée. En vue des risques encourus, je me questionne sur votre invitation et ai du mal à trouver une réponse adaptée. ». Elle s’approcha lentement. « M’avez-vous conviée ici pour jouer à un jeu de société en tout bien tout honneur ? Est-ce l’un de mes maris qui vous envoie dans le but de me faire fauter pour je ne sais quelle raison stupide ? Ou bien êtes-vous complètement fou ? ». À vrai dire, elle doutait sincèrement de la deuxième solution. Rak et elle se connaissaient depuis des siècles et leur mariage ressemblait plus à une mauvaise farce entre enfants. Ils s’étaient perdus de vue longtemps, l’homme ayant épousé bien d’autres femmes entre temps, avant qu’il ne la rappelle à lui pour elle ne savait quelle raison obscure. Il avait besoin d’elle mais ne l’aimait pas au point de la faire suivre. Quant à Devaraj, il n’avait pas besoin d’envoyer un être fait de chair et de sang pour la surveiller. Elle le pensait même incapable de demander à un homme de la tenter volontairement. Cependant, elle ne pouvait en être certaine tant son mari entretenait sa folie avec brio. Et puis, sa rencontre avec Jeremiah était bien plus le fruit du hasard qu’autre chose à ses yeux. Restaient les deux autres solutions : soit elle avait vu en sa phrase une proposition qu’il n’avait pas voulu formuler et il souhaitait simplement la convier à prendre le thé, soit il y avait réellement une proposition.

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Jeu 06 Déc 2018, 23:47


Jalousies et impostures
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"Vos maris ?" n'avait-il pas pu s'empêcher de souffler, réprimant un sourire extrêmement malsain qui l'aurait sans doute rapidement trahi. Il répondit sans avoir besoin de réfléchir. "Oh, je suis complétement fou." C'était une banalité. "Je ne savais pas que vous étiez mariée deux fois..." articula-t-il en s'étonnant lui-même de son sang-froid. Le choc avait cédé sa place à un ouragan de colère, mais pas que. La tromperie lui donna une forte impression de dégoût. Il devait être le seul chaman à connaître la définition du mot cocu. La possessivité et la monogamie étaient des concepts étrangers à son peuple, mais seulement, son égoïsme à lui n'avait pas de fin. Par ailleurs il venait brusquement de se rappeler qu'il ne connaissait pas grand chose de sa femme. Le mariage ne les avait pas rapproché et il n'avait rien appris de plus que lors de leur toute première rencontre... Il savait qu'elle était bien plus vieille et devait avoir connu d'autres compagnons par le passé, mais il se trouva bien bête de s'être construit tout seul la petite illusion qu'elle avait été sincère et qu'elle ne lui appartenait qu'à lui depuis ces dernières années.  

"Je dois avouer que ça me refroidit." glissa-t-il d'un ton glacial. Peut-être était-ce Gideon à l'intérieur de lui qui influençait le sentiment de trahison qui le traversait. L'ange était réputé pour être devenu très frigide... Bien sûr il ressentait toujours la même attirance, mais il réalisait qu'il n'avait pas envie qu'elle s'offre à lui sous cette forme. C'était une occasion en or mais une fois le plaisir passé ce choix l'énerverait plus qu'autre chose et ne ferait que lui rappeler qu'il avait échoué à la garder à sa portée. Son regard détailla longuement Lilith. Il l'aimait -à sa propre façon- surtout pour la stabilité et la paix qu'elle pouvait représenter. Ce n'était de toute évidence pas son destin d'avoir la paix à portée de main. Il s'était débattu pour l'avoir, se faire apprécier, et ne pas la tuer -un ensemble de tâches extrêmement difficiles lorsque l'on connaissait son état mental- mais les Aetheri ne semblaient pas être en accord avec ses intentions... D'un autre côté, il commençait à la haïr pour tout ce qu'elle n'était pas et pour tout ce qu'elle lui avait refusé. Ainsi que pour tout ce qu'elle lui cachait... Elle était une chaîne qui le retenait loin de la Folie lors de leurs rares moment d'entente. Le reste du temps, il était simplement hanté par sa pensée et malade à l'idée qu'elle puisse partir. C'était une chaîne qui pouvait être un baume un jour et mille couteaux empoisonnés le lendemain. "Et vous avez des enfants ? " susurra-t-il alors que le fil de sa pensée remontait vers Thor et les jumeaux. "Vous les laissez sans surveillance ?" Oh, il ne leur ferait jamais de mal car il avait appris à les apprécier. Malheureusement pour elle, il n'avait pas besoin de le faire dans la réalité du monde pour qu'elle y croie tout pareil. Après un long silence, il déclara : "Vous êtes détestable. Sortez de ma chambre."

Le lendemain matin, Jeremiah descendit dans la salle commune pour se faire servir son petit déjeuner. Il avait un air sombre qui lui attirait des regards curieux. Peut-être était-ce l'aura qu'il dégageait et qu'il avait du mal à contenir... Il n'avait pas dormi. Il avait déjà réfléchi à une vengeance et ne s'était senti bien qu'après avoir trouvé une idée suffisamment amusante... Une sorte de peine l'avait aussi envahi, mais il n'y prêtait pas attention. Il s'était concentré sur sa nouvelle résolution d'oublier l'existence de cette femme : elle n'avait plus de place dans la Folie qui lui tendait les bras. Le sentiment d'être en chute libre dans un néant dangereux n'était pas si nouveau au final, il s'était déjà habitué à la présence de Nidalu. Ce qui avait changé était qu'il acceptait désormais les intentions et demandes de l'Aether. Sans se soucier des possibles remous diplomatiques, Devaraj reprit sa véritable apparence devant les yeux de tous -y compris son épouse- et quitta tranquillement les lieux, non sans avoir déclenché un incendie dans la chambre qu'il avait loué. Les esprits avaient fait leur rapport dans la nuit et il n'avait plus envie de jouer aux détectives pour le moment.

Post III - mots : 792


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Ven 07 Déc 2018, 23:55

Lilith avait déguerpi sans essayer de se justifier. Les mots et le ton qu’il avait employé l’avaient profondément choquée, dans un premier temps, puis blessée. Sur l’instant, elle avait eu l’impression qu’il avait transpercé son corps de mille aiguilles. Elle en avait eu le souffle coupé. À présent allongée dans son lit, elle fixait le plafond dans l’obscurité, se repassant en boucle la scène qui s’était déroulée plus tôt. Elle avait beau réfléchir, elle ne comprenait pas cette réaction et la menace à peine voilée concernant ses enfants. Il devait se douter qu’elle n’était pas libre. S’il avait été honnête, sans doute le lui aurait-il demandé avant de chercher à l’attirer dans sa chambre. Elle n’avait pas rêvé… c’était ce qu’il avait fait. Son erreur, à elle, avait été de s’y rendre. À quoi pensait-elle ? Elle ne le connaissait pas. D’un revers de la main elle essuya ses joues, bien trop humides à son goût. Elle avait pourtant été Djinn quelques siècles. Elle aurait dû apprendre, étant donné ce qu’elle avait elle-même fait subir aux autres, que les faux-semblants et les illusions sont monnaie courante. Était-elle la fautive ? Aurait-elle dû évoquer sa situation plus tôt ? S’il était un homme pieu, elle pouvait comprendre qu’il ait été étonné de la nouvelle. Pourtant, un homme pieu ne l’aurait jamais conviée dans ses appartements durant la soirée, ni proféré des menaces. Les paradoxes tournaient en boucle dans son esprit et elle avait du mal à comprendre la cohérence de l’ensemble. Elle se condamnait parfois. D’autres fois, c’était à lui qu’elle en voulait. Durant quelques minutes, elle cherchait une solution qui pourrait apaiser la situation. Durant les minutes suivantes, elle se prenait à désirer dire ses quatre vérités à cet homme. Elle hésita plus d’une fois à retourner dans la chambre de ce dernier mais s’abstint. En réalité, il lui avait simplement brisé le cœur. Elle se trouvait aussi risible que pathétique et pleurait par intermittence, chose qui finit par la fatiguer et la faire sombrer dans un sommeil sans rêve.

Le lendemain matin, l’Ange resta de longues minutes devant le miroir qui habillait élégamment l’armoire de sa chambre. Peu importe les raisons qui la poussaient à rester ici, elle ne le pouvait pas. Elle devait descendre pour déjeuner. Alors, elle replaça l’une de ses mèches de cheveux et quitta la pièce pour une beaucoup plus lumineuse. Il ne faisait aucun doute que ce serait la dernière fois qu’elle verrait Jeremiah. Néanmoins, comme elle doutait qu’il souhaitât sa compagnie, elle choisit de se placer à quelques tables de lui, lui jetant des coups d’œil à la dérobée de temps en temps. Il paraissait sombre. Il était différent de celui qui, la veille, s’était montré charmant, avant le drame. Elle soupira, se forçant à manger quelque chose alors même que l’appétit lui était étranger. Seulement, alors qu’elle s’apprêtait à retrouver le visage de l’homme, qu’elle avait appris en très peu de temps à connaître par cœur, ce fut celui d’un tout autre être qui se dessina à la place. Lilith se figea, ayant du mal à déglutir. Elle resta interdite jusqu’à ce qu’il quitte la pièce. Des voix avaient commencé à s’élever dans un tout autre coin de l’habitation mais l’Ange n’en tint pas compte. Elle se leva, sa serviette de table heurtant le bois fermement.

Une fois hors de la demeure, elle le chercha des yeux. Un coup d’ailes puissant la fit le rattraper sans aucune difficulté. Elle s’était placée de façon à lui barrer le chemin. Ses sourcils connurent un frémissement presque imperceptible avant que son poing fermé ne s’abatte dans le nez du concerné. « C’est toi qui es détestable ! » fit-elle. Elle pointa un doigt accusateur sur lui. « Ne t’avise plus jamais de menacer mes enfants, Devaraj ! Ne t’avise plus jamais de me traiter comme une putain ! Je suis ta femme et je ne mérite pas que tu joues ainsi avec moi ! ». Elle était presque collée à lui, mesurant parfaitement l’étendue de sa supériorité par rapport à elle. Seulement, elle avait presque tout quitté pour vivre avec lui et ce choix l’avait conduite à éprouver de nombreuses difficultés. « Qu’as-tu fait pour moi, Devaraj ? Qu'as-tu cherché à savoir au juste, pendant tout ce temps ? » demanda-t-elle d’un ton accusateur. Elle mesurait pleinement le risque. Il était Roi et elle n’était rien. Elle savait qu’il pouvait lui tordre le cou et, de ce fait, elle fit apparaître sa dague dans sa main, la pointant sur elle, au niveau de sa propre gorge. « Quoi ? Tu vas me tuer d’être tombée amoureuse d’une fausse identité que tu t’ais créé pour m’amadouer ? Par jalousie envers toi-même ? Mais vas-y ! De toute façon, c'est ça que tu veux depuis le début : ma perte ! Seulement, je te garantie qu’une fois que je serai morte, Gidéon sera le cadet de tes soucis. ». Elle prit une inspiration plus puissante que les autres. Depuis quelques longues secondes, sa poitrine se soulevait sans cesse, à un rythme effréné. Maintenant qu’elle lui avait jeté au visage ce qu’elle avait à lui dire et que le silence régnait de nouveau, elle prenait conscience qu’ils étaient loin d’être seuls.

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Sam 08 Déc 2018, 01:07


Jalousies et impostures
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Détestable ? Certes, il ne s'en cachait pas vraiment. "Hmm." Un sourire presque joyeux s'afficha sur son visage. "Gideon est déjà le cadet de mes soucis." avoua-t-il sans aucun filtre. Ses yeux se fermèrent. Il avait envie de lui montrer la réalité, celle qui avait échappé à eux deux. Au fond de lui, il déverrouilla un à un les cadenas mentaux qu'il s'imposait quotidiennement pour ne pas mourir. Inutile de cacher la sombre magie que Nidalu avait implanté en lui et qu'il avait lui-même cherché à refouler longuement car il en était extrêmement effrayé. Cette masse lugubre qui grondait en lui ne pouvait être contrôlée. Elle était là, comme un instinct profond, une voix qui lui murmurait exactement quoi faire en réaction à l'Emprise. Désormais sa magie était égale à cette du parasite et ce dernier, sentant la balance bouger du mauvais côté, se débattait avec une violence inouïe. Le choc de leurs forces respectives détruisait l'un comme l'autre, si bien que Devaraj n'était pas le seul à voir son esprit se déchirer en morceaux. "Je ne vais pas te tuer, je n'en ai pas besoin et Ragnar serait triste." Lorsqu'il perdait ainsi le contrôle, c'était son identité même qui devenait instable. Deux voix se superposaient, deux visages, deux corps. La fusion était imparfaite et inutilisable. Elle produisait un monstre, un ouragan de flux contraires. "Ma femme, ma femme... N'exagère pas, tu pouvais certainement te douter de ton quotidien avant de dire oui. Un mariage jamais consommé et ce n'est pas moi qui tombait endormi pile au mauvais moment..." Plutôt satisfait d'avoir mit le doigt sur une plaie qui faisait mal, il plissa les yeux. Avec une moue, il rajouta en hochant la tête. "Je suis plutôt d'accord avec tes accusations tu sais, je les trouve même plutôt légères. Tu as peur de moi à ce point ?" Oui, il était jaloux et possessif, il avait déjà essayé de la tuer pendant une crise de démence, sa paranoïa le poussait à l'espionner et il était actuellement extrêmement vexé d'apprendre ses aventures. Pourquoi ? A cela il n'y avait qu'une réponse. Il déclara simplement : "Tu t'es mariée à un fou. C'est un peu étrange de venir s'en plaindre après coup."

Les spectateurs s'étaient rapidement écartés. Non seulement la magie du chaman devenait incontrôlable mais la présence visible de Gideon était elle-aussi dangereuse. Devaraj réalisait que plus il s'autorisait à perdre pied, plus sa magie grandissait. Son adversaire lui, réalisait que contrairement à ce qu'il avait prévu, plus sa proie devenait folle, plus elle lui échappait. Le chaman rajouta. "Je t'ai gardé pour que tu m'évites de mourir. Ah oui, c'est mal barré mais peu importe, je me suis fait à l'idée. Sois honnête, tu es restée pour être proche de nos enfants, pas pour être chamane, pas pour être mon épouse." Pourtant il n'avait certainement pas manqué d'attention pour l'intégrer à son peuple... Lui présenter les tribus, lui trouver les coutumes les moins violentes, lui donner un lieu rien que pour elle et lui redemander un bon millier de fois si elle ne voulait toujours pas se faire définitivement transformer. "J'ai excessivement mal réagi hier soir et je ne le regrette pas. Tu aimais garder ta part de mystères sur tes absences mais je comprend mieux pourquoi maintenant." Comme il voyait toujours de la colère dans le regard de son épouse, il se mit à rire. "Rho, il était bien mon Jeremiah hein ? Mon existence même est une contradiction. Tu ne t'attendais tout de même pas à ce que je justifie tout les paradoxes que j'ai laissé sur notre chemin ? Je t'ai aimé, je t'ai haïs pour tout ce que tu m'as refusé et demain je t'aimerais sûrement encore." Sa tête se pencha sur le côté. "Ou peut-être que je t'oublierais. Il ne faut pas m'en vouloir, j'ai du mal à prévoir en ce moment." Profitant de leur proximité, le chaman se rapprocha un peu plus afin de l'embrasser. "Tiens, moi aussi je peux te donner des baisers à des moments incongrus pour une raison qui n'a aucun sens." Il faisait allusion au comportement de l'Ange après les derniers événements sur l'Île, comportement qu'il avait arrêté de chercher à comprendre. Caressant longuement les mèches brunes de Lilith, il chuchota finalement. "Tout ceci... Ce n'est pas grave. Je n'ai plus besoin de garde-fou." Se téléportant dans le lieu qui lui appartenait corps et âme, le Fumeur Macabre s'évanouit dans une fumée sulfureuse et disparut des Terres du Lac Bleu.


Post IV - mots : 812


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Dim 09 Déc 2018, 20:58



Lilith essaya de reculer mais ses jambes ne lui obéirent pas. Les yeux fixés sur le visage du Hǫfðingi, elle était à la fois effrayée et étonnée. Elle n’aurait su définir ce qu’il se passait à l’intérieur du corps de Devaraj. Il lui avait déjà expliqué le mal qui le rongeait et elle avait essayé comme elle avait pu de le contenir mais ce qu’elle voyait lui demeurait inexplicable. Elle se sentait prise entre deux envies contradictoires : celle de continuer à se quereller avec lui et celle d’essayer de trouver une solution. Pourtant, elle savait que la deuxième possibilité serait une erreur. Il venait de la suivre, sous une autre identité. Il l’avait séduite, il l’avait éconduite et, finalement, il l’avait manipulée au nom de ses petites lubies passagères. Souvent, elle s’était demandé s’il ne faisait pas exprès, s’il n’était pas simplement cruel, cruel au point de s’inventer quelques folies pour qu’elle cherche à le soigner, en vain. Elle se l’était déjà imaginé ricanant sous cape de l’emprise qu’il avait acquis sur elle avec les années. Elle essayait de rester libre mais la chose était délicate. Et puis, qui lui disait qu’il n’avait pas joué à ce jeu-là par le passé ? Qui lui disait qu’il n’avait pas pris l’identité de ses amis, qu’il ne l’avait pas approchée sans se dévoiler à de multiples reprises ? Elle se sentait à la fois trahie et idiote. La situation était en train de dégénérer et malgré le flot de magie qui les entourait, elle ne pouvait s’empêcher d’analyser les mots qu’il choisissait. Il l’avait gardée, comme on garde un objet. Elle fronça les sourcils, essayant de canaliser la puissance de Devaraj avec sa propre magie, en vain. Il était beaucoup plus puissant qu’elle et, quand bien même essayait-elle d’instaurer un climat apaisant, elle n’y parvenait pas. Ce qu’elle ressentait, au fond d’elle, devait jouer sur sa capacité à utiliser la magie angélique. Il lui semblait qu’il s’agissait là de la plus violente dispute qu’ils n’avaient jamais eu. Pourtant, leur couple avait vécu des moments houleux. Elle avait toujours essayé de ramener les différentes situations à la raison, même lorsqu’il avait essayé de la tuer. Seulement, là, elle n’était pas certaine d’en avoir envie. Elle s’y efforçait mais sa magie devait avoir conscience que c’était bien plus par habitude que par désir. « Je doute que tu comprennes quoi que ce soit ! » fit-elle d’une voix sèche. Il était dément et une partie d’elle-même se demandait encore pourquoi elle lui répondait. Elle aurait pu simplement lui tourner le dos, partir, décider qu’ils parleraient lorsqu’ils seraient tous les deux dans de meilleures conditions. Cependant, elle avait également ses limites. Elle n’avait qu’à se rappeler les mots que son mari lui avait susurré à l’oreille en tant que Jeremiah, tout ce jeu de dupe, jusqu’à aller à inventer une histoire cohérente, pour qu’elle oublie l’idée même de faire la paix.

Seulement, comme si le Destin lui-même avait voulu faire taire sa rancœur, elle fut ramenée à une réalité bien plus physique lorsqu’elle le vit s’approcher d’elle. Encore une fois, elle souhaita reculer mais ses jambes refusèrent de répondre. Ses lèvres sur les siennes étaient presque douloureuses, douloureuses à cause de ce que le baiser généra chez elle. Depuis toujours, elle savait qu’elle le désirait. Ce désir était malsain tant l'homme pouvait se montrer atroce, violent, cruel et instable. Il existait pourtant. Ce qui la rendait malade était l’absence d’amour qu’elle ressentait pour lui. Elle l’avait cru, elle le croyait encore, mais le fait est qu’il avait raison : à chaque fois qu’il s’approchait un peu trop près, que ses caresses devenaient plus profondes, elle tombait dans l’inconscience. Elle ne l’aimait pas, malgré cette impression qui la tenaillait. Il n’y avait pas d’autres explications car, sinon, leur mariage aurait été consommé depuis le premier jour. Elle sentait cette envie de lui, même maintenant, alors qu'il l'avait fourvoyée, alors qu'elle voulait rester ferme. Finalement, peut-être avait-ce été la même chose avec Jeremiah : une impression totalement fausse, une impression due au magnétisme de son époux, à sa folie, à son aura ? Elle le fixa, le laissant caresser ses cheveux en silence. Lorsqu’il disparut, elle s’écria : « Espèce de lâche ! » avant de tourner prestement les talons. Elle tremblait légèrement, habitée par des sentiments contradictoires. Elle devait réfléchir, réfléchir à l’avenir. Peu importe ce qu’elle ressentait, finalement, elle devait prendre une décision. Tout ceci ne pouvait pas continuer ainsi.

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[XIX] - Jalousies et impostures [Lilith]

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