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 [XV] | Le parrain des bâtards

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Lun 12 Mar 2018, 00:18

Catégorie de quête : XV - Vol
Partenaire : Seul
Intrigue/Objectif :  Affamée, Mavis dérobera de l'argent à des étrangers de la cité. Son action sera remarquée par une certaine pègre locale dont la proposition sera on ne peut plus alléchante.

Le soleil se levait sur l’estuaire, appelant mouettes et goélands à s’envoler dans les cieux pour accueillir les marins et les pêcheurs de bon matin. Certains bateaux arrivaient, tandis que des petites embarcations partaient, sans doute pour récupérer près des côtes les quelques paniers à crabes, à moules ou à crevettes qui se vendaient plus tard sur le marché. Mavis s’éveilla à côté d’une mouette qui déjeunait. Le mouvement qu’entreprit la jeune fille effraya l’animal qui ne l’avait pas vu sous sa toile de chute, abandonnant de ce fait une partie de son butin. Les yeux fatigués, elle regarda ce qu’il y avait à terre et tendit la main pour capturer un peu de chair entre ses doigts. Elle ne se leva pas, l'action était épuisante. Le baluchon sur lequel elle dormait contenait des formes dures, qui lui avaient fait mal à la tête, cependant c'était toujours mieux que de dormir à même le sol. Elle n’avait pas vraiment le choix. Elle prit une bouchée de la sardine, affamée de si bon matin. Il fallait dire que tous ses repas dépendaient du hasard et des bonnes rencontres, lorsqu’il y en avait. Sinon, elle se débrouillait. Elle aidait de temps en temps les marins du coin contre victuailles, parfois elle passait à la taverne pour mendier mal gré bon gré mais on l’en chassait le plus souvent. Mavis n’arrivait plus à dissocier sa propre odeur à celle des caisses à poissons derrière les cuisines des auberges. Autant dire qu’elle y traînait beaucoup. Elle se rêvait parfois à échanger une conversation sur les aliments qu’elle appréciait le plus, parlant fort pour se familiariser à une voix humaine ou du moins, ce qu’il en restait. Elle ne prenait plus vraiment le temps d’articuler ni de prononcer correctement les mots, que ce soit en zul’dov ou en langage commun. Parler était une action fatigante. Le plus important est qu'elle se comprenait très bien. « J’aime bien le thon. » Elle huma une odeur chaude qui venait d'un autre endroit. Le vent tourna et le parfum de pain disparut. « Ah oui ? » Elle regarda le mur en face d’elle, avec un sourire, avant de se remettre à fouiller. « Oui, j’aime bien. Surtout les jeunes thons. Ou bien, les crevettes. C’est salé et ça a du goût. » Elle plongea sa main au fond d’une caisse, choppant quelque chose de dur qu’elle tira. C’était une tête de bar. Elle passa quelques doigts à l’intérieur pour apprivoiser la forme de la mâchoire et s’amusa à bouger le cadavre. « Non, ne me mange pas ! » La réprouvée tourna la tête. « Tu n’as rien sur la peau, je ne risque pas de t’avaler. » Puis elle regarda son bras, son propre bras qu’elle attaqua, mais elle se fit mal, alors elle arrêta de se mordre. Qu’est-ce qu’elle avait faim. Ça lui tenaillait les entrailles, brûlant l’intérieur comme si elle avait avalé toute la nuit un brasier vivant dont les flammes lui léchaient avidement les parois du ventre. Elle abandonna la tête et se redressa, essuyant sa main contre son vêtement. Elle reprit le baluchon qu’elle avait laissé par terre et le traîna avec elle. On pouvait clairement voir quelques marques de morsures sur chacun de ses avant-bras remontant jusqu'aux tendons, qu’elle s’était infligée pour palier l’ennui, la soif ou la faim quand les heures devenaient sombres et sordides pour la clocharde.

Elle se mit alors à la recherche de quelque chose de plus sophistiqué, de plus solide. Mavis n’avait qu’une chose en tête toute la journée : manger. Manger était l’action la plus importante que son corps réclamait. Elle regrettait que les prostituées de l'Etoile des Merveilles ne lui aient pas appris à pêcher, chasser, à faire quelque chose d'utile. Elle ne savait pas nager. Tomber dans l'eau pour chasser les poissons paraissaient être une terrible idée, qui lui traversa pourtant l'esprit à de nombreuses occasions. De toute façon elle éviterait même si elle le pouvait car on lui avait dit de craindre les rivages de Sceptelinôst au détour d’une blague, qui n’en était pas vraiment une. Requins, murènes et autres saletés parcouraient les eaux des quais, à la recherche de festin abandonné par les marins. Un soir alors qu’elle somnolait, elle avait cru voir une ombre sous l’eau, un long corps qui ondulait proche d'un ponton. Cette « apparition » avait éveillé chez la réprouvée une peur certaine ; non, elle ne chercherait pas le poisson elle-même, bien qu’elle en mourrait d’envie à chaque fois qu'elle apercevait ces bouches béantes et affamées becter les mouches à la surface.

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Lun 12 Mar 2018, 16:03


La réprouvée déambula sur le chemin qu’elle empruntait toujours, passant sur les larges quais près d'un grand port pour apercevoir l’animation du matin. Poissonniers et maraîchers criaient. Des enfants se battaient avec des bâtons. Quelques marins étaient attablés, soupant. Tandis que pêcheurs et flibustiers déchargeaient leur fraîche cargaison. Un tonnerre gronda dans son propre estomac, elle s’approcha de la table de deux hommes qui déjeunaient. Ils la regardèrent, l’un poussant un grognement en direction du second en parlant dans une langue qu’elle ne comprenait pas. Elle montra quelque chose dans l’assiette, qui semblait être du pain et tendit la main. Ce geste était suffisant pour leur faire comprendre qu'elle souhaitait quelque chose, alors que son autre main valide caressait le tissu de la jambe de l'homme à sa droite. « Qu’est-ce que tu as dans ton sac, petite ? » dit finalement l’un, dans un zul’dov suffisant. « Toute nourriture mérite d’être payé. » Mavis regarda le sac en toile qu’elle se trimbalait sur le côté de la taille, puis elle plongea ses yeux quartz dans ceux de son interlocuteur. Sa jambe bougea, elle s'adapta. « Des vêtements. » - « Si tu nous donnes tes vêtements, tu auras ce pain. » Le baluchon qu’elle avait ne contenait pas n’importe quel habit. Une robe de princesse et des bijoux qu’un pirate l’avait forcé à parer. Elle considéra un instant la proposition de l'étranger d'un air bête et dit non avec sa tête.  « Nous ne pouvons rien faire pour toi alors. Dégage. » L'atmosphère était emplie d'une odeur vaseuse, ce pourquoi ils n'avaient pas remarqué le fumet tenace qu'elle portait constamment sur elle. C'est en souhaitant la pousser que l'homme qui lui parlait se rendit compte de la crasse. Il eut une mine dégoûtée, s'essuyant la main sur ce qu'il pouvait. Mavis profita du rire de son compagnon pour ranger la main qu'elle baladait. La victime, celui qui se tenait à sa droite vit le mouvement de retrait qu’elle venait de faire et se refera directement à sa taille. La seconde d’après, Mavis courrait à en perdre l’haleine. Son cœur pompait ardemment le sang dans chacune de ses artères, nourrit par l'adrénaline croissante qu'elle ressentit. Si elle était attrapée, c'en était fini. Elle perdit la coupe qu’elle avait adopté, les cheveux au vent. Ils crièrent quelque chose dans son dos qu’elle ne comprit pas. Un travailleur s’abaissa soudainement pour la chopper, solidaire à l'action. Il avait des bras larges qui l’auraient emprisonné longtemps si elle ne s’était pas débattue à temps. Il ne fit qu’arracher un pan de vêtement de la réprouvée qui s'échappa. Le journalier ne la poursuivit pas, il avait bien d'autres chats à fouetter.

La kiir’sahqon était en pleine course, puisant dans le fond de ses réserves. Visiblement, elle connaissait plus la ville qu’eux. Alors qu’elle prenait son parcours habituel, elle les perdit. Elle ne s’en rendit compte que lorsqu’elle eut un goût métallique s’insinuant le long de sa gorge. Elle s’arrêta, essoufflée. Ses lèvres gercées étaient en sang, la peau avait craqué. Une soif terrible ravagea sa gorge. Elle se pencha en avant pour vomir une bile qui n’arriva jamais jusqu’au bout. De là où elle était, elle pouvait encore entendre les marchands crier pour vendre leurs produits. Elle s’avança dans une ruelle qui déboucha sur une autre partie du port, où cordages et drisses battaient le mât de chaque rafiot. Puis elle s’arrêta, fesses contre sol, dévoilant deux pièces asymétriques de couleur brune. Elle leva son bras pour comparer la taille au soleil. Alors qu’elle songeait à ce qu’elle allait en faire, elle entendit quelques voix d’enfants derrière elle. Assise au sol, elle redressa la tête, ses jambes ne voulant plus bouger. Les enfants l’épiaient. L’un d’eux rit, tandis qu’un autre lança à l'agitateur un « chut » sec. Mavis se mit à quatre pattes pour se redresser et se retourna pour les accueillir. Ils sortirent un à un de leur cachette. Ils n’étaient que trois, de toute petite taille. Elle fit un pas en avant, comme pour les chasser, les épaules en arrière le buste bombé. Ce n’était pas eux dont il fallait se méfier, mais du blond qui se dressa derrière elle. Aussi agile qu’un chat, elle n’eut pas le temps ni de le sentir, ni de le prévoir. Elle se retourna, effrayée. Tel un oiseau apeuré, des ailes rouges déchirèrent le reste du tissu dans le dos. L’adolescent parut un bref instant étonné, mais cet étonnement se mua rapidement en intérêt. Il appela à coup de sifflement les garnements derrière elle, qui lui agrippèrent les plumes et les appendices volant. Mavis se débattit, sans que rien ne change. « Tu ne voleras plus sur les quais. C’est compris ? » tonna-t-il dans un langage clair et limpide. Il coinça une mèche rose entre son index et son majeur puis il la tira, ce qui pencha la tête de la réprouvée qui couina. Il s’en contenta. « Lâchez-la, on y va. » cingla le petit chef. Mavis les regarda partir, rétractant ce qu’elle avait dans le dos. Quand elle ouvrit la main, elle découvrit les traces des pièces incrustées. Elle les avait tellement serrées contre elle qu’on distinguait l’écriture inconnue dans le creux de sa paume.


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Mar 13 Mar 2018, 00:20


Le zénith offrait au port une lumière éclairant les recoins les plus sombres. Des rats passèrent derrière des tonneaux, ils zigzaguèrent jusqu’à rencontrer la forme accroupie de la kiir’sahqon qui méditait là. Quelque chose clochait depuis qu’ils étaient partis. Elle avait l’impression d’être plus légère, ce qui était bizarre car elle avait pourtant le cœur très lourd. La faim la rappela, son estomac gronda. Le mal était constant dans ses entrailles, elle commençait à en avoir l’habitude. Rien, cependant, ne la ferait aller au bordel. Elle ne voulait plus les revoir. Elle se leva, époussetant comme pour rattraper un peu de dignité et se mit en marche. Plus tôt dans la matinée, elle avait senti ce pain d’une rue qu’elle connaissait bien. Elle lorgnait souvent sur les morceaux qui trônaient, rêvant à mordre le moelleux de la mie. Elle passa à côté d’un endroit qui fut un jour l’emplacement d’une maison aujourd’hui rasée par les flammes, entourée par deux bâtiments de pierres qui avaient survécus à l’incendie, quelques jours plus tôt. Elle resta là un instant, comme si elle regardait un spectacle, sans éprouver ni pitié ni curiosité particulière. Mavis pouvait distinguer quelques objets ayant survécu au feu ici et là, bien trop lourds pour servir aux charognards et peu esthétiques pour plaire aux ouvriers du coin. Une poutre menaçait encore de tomber, rongée et noirâtre. Elle continua sa route, une main sur le ventre, soutenant sa propre chair. Elle avait l’impression que tout son corps était prêt à se décomposer pour fuir dans tous les sens, à la recherche de liquide frais ou d’aliments sains.

Elle prit à cœur une montée dans une rue et eut un malaise à la fin, se forçant à s’asseoir pour éviter de sombrer. Le monde autour d’elle voguait. Elle avait l’impression d’être sur l’océan comme quand elle se trouvait sur Faal Faasnu, le bateau qui l’avait accueillie quelques mois à son bord avant de la lâcher dans un bordel. Pourtant, elle n’avait jamais eu le mal de mer mais lorsqu’elle avait vu un des marins vomir par-dessus bord et qu’un autre lui avait expliqué la sensation, elle avait à cet instant précis l’impression d’être dans la description. Elle leva son bras, s’appuya contre le pavé et s’étira pour gagner la fin de la rue. Mavis pouvait enfin voir la boulangère qui vendait assez facilement ses petits pains. La kiir’sahqon s’approcha, traînant des pieds. Elle n’eut pas à faire la queue longtemps. « Je ne donne pas de pain. » dit la boulangère. Mavis lui montra les quelques sous qu’elle avait en main et pointa du doigt un gros pain doré, fourni en fruits secs. « Ça. » La femme jugea les deux pièces brunes que la jeune réprouvée venait de lui donner. Elle prit une seconde de plus pour regarder la petite maigrelette qui se présentait à elle. « Où tu les as eues ? » - « Je les ai prises. » dit-elle. « Attends deux secondes, je reviens. » Mavis attendit, l’eau à la bouche. Elle songeait déjà aux crocs qu’elle allait prendre, elle prendrait tout son temps. Chaque miette serait dégustée. La boulangère revint. « Remonte-moi ta main, s’il te plaît. » Face à la bienveillance du ton, la réprouvée tendit la main, les yeux braqués sur le pain. La travailleuse lui attrapa le poignet et le posa contre l’établi, dévoilant un couteau si épais qu’il pouvait aisément trancher le frêle poignet tendu. La kiir’sahqon n’eut pas le temps de réagir, quand elle lui dit « Tu ne voleras plus. » que la boulangère abattit le fer. Mavis lâcha un cri muet, les yeux écarquillés, prête à tourner de l’œil.

La lame caressa de son côté coupant la peau sale de la petite réprouvée, qui sentit contre sa cuisse un liquide chaud. La boulangère avait stoppé son mouvement, le regard certain. « Ce sont les gens comme toi qui font fuir la clientèle du coin. La prochaine fois, tu perdras ta main. Que je ne t’y reprenne plus. » Elle garda les pièces et chassa la gamine. « Va-t-en désormais. » Mavis resta coite de longues minutes alors qu’elle s’éloignait doucement, toute penaude. Elle n’alla pas très loin dans la ruelle et s’assit contre une gouttière. L’odeur du pain volait encore jusqu’à elle, lui donnant l’impression qu’à chaque respiration elle mangeait un bout. Elle caressa son poignet meurtri par une fine coupure et s’appuya contre son baluchon. Puis elle songea à ce qui il y avait à l’intérieur et décida d’y jeter un coup d’œil. La robe de princesse de couleur bleu clair était toujours là, néanmoins elle eut beau fouillé elle ne trouva pas les bijoux.



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Mar 13 Mar 2018, 01:45


« Es-tu une bâtarde ? » souffla la voix masculine juste au-dessus d’elle. Le blond était revenu. Elle n’avait pas assez force ni pour fuir, ni pour se défendre. Elle rêvait pourtant de lui sauter à la gorge pour lui arracher la glotte. Puisqu’elle semblait focaliser sur autre chose, et pas très bien dans son assiette, le garçon lui tendit un morceau. « Je l’ai volé. » prévint-il, comme si elle allait épouser le choléra. Mavis n’attendit rien de plus qu’elle sauta sur la mie, mangeant presque à sa main. Les premières bouchées furent salvatrices, jusqu’à ce qu’elle manque de s’étouffer. Sa gorge était si sèche qu’elle peinait à avaler. Il s’accroupit, tapotant l’épaule fine. Il s’étonna de rencontrer peu de matière, alors que le tissu était gonflé. Lorsqu’elle reprit sa respiration et ses esprits, Mavis lui attrapa le col, sans force. « Vous me les avez piqués. » - « Je ne vois pas de quoi tu parles, je viens juste te rapporter un bout de pain de l’autre grognasse et voilà comment tu me remercies. Pas de quoi, ce fut un plaisir ! » La kiir’sahqon ouvrit la bouche. Ne trouvant rien à redire, elle le lâcha. « C’est à moi. » - « Pourquoi tu ne les as pas vendus pour t’acheter de la nourriture ? » La question parut idiote aux oreilles de la vagabonde, qui ne trouvait aucun sens à ses mots. « C’étaient mes souvenirs, pas à vendre. » - « Une princesse à la rue, je vois. » - « Non. » Elle se redressa. « Je les ai pris à un pirate, c’est à moi et c’est tout. » - « Plus maintenant. Celui qui trouve les prend. » - « Mais vous ne les avez pas trouvé ! » Elle ne comprenait pas la loi la plus primaire. « Tu sais que si tu penses comme ça, tu crèveras demain ? Je me demande comment tu as fait pour survivre jusque-là. » Elle était enfin redressée, tenant fermement le baluchon. « Tu me suis ? J’ai quelqu’un à te présenter. » Il n’en fallut pas davantage pour qu’elle accepte. Quelqu’un qui donne est quelqu'un de bon.

Les sentiers qu’ils traversèrent étaient nouveaux pour elle. Le gamin, plus grand qu’elle, prit son temps, s’apercevant du rythme qu’elle avait. Il était dans la fleur de l’âge et il la distançait facilement. Mavis était essoufflée à chaque pas. Le pain qu’elle avait mangé une dizaine de minutes auparavant n’était pas suffisant. Son ventre en demandait davantage. « Et il y a du pain où on va ? » - « Oui, beaucoup de pains. » La réponse lui plut. Le dédale qu’ils empruntèrent les mena à une voie sans issu. « Il faut grimper. » Face à l'ascension, la kiir’sahqon était réticente. Le garçon dévoila de magnifiques ailes d’un noir uni. Un bond le porta de l’autre côté. Elle regarda son dos et agita sa croupe, comme pour appeler une magie enfouie. Deux ailes d’un rouge pourpre apparurent mais traînaient au sol. Elle voulut faire la même chose mais se rata littéralement, agrippée aux briques comme si sa vie en dépendait. « Peux pas, peux pas ! » cria-t-elle d’une toute petite voix. Elle agita les ailes qui pesaient plus qu’elles ne l’aidaient. Le blond réapparut dans une grâce qui aurait figé les prostitués et vit l’oiseau se débattre pour s’en sortir. « Place ton poids. » Il avisa de passer derrière elle pour lui soutenir la taille. Elle bougeait tellement qu'il lui fut difficile de l’aider. Quelques petites têtes apparurent ici et là, certains rirent. « Un perroquet qui ne sait pas voler ! » Mavis était tellement prise dans l’effort qu’elle ne fit attention à rien. Une fois de l’autre côté, l’adolescent la déposa à bout de bras. Chaque fenêtre était occupée par des enfants. « C’est un orphelinat ? » demanda la réprouvée. « Non. C’est la maison du Parrain. Viens, il veut te voir. »

« Merci Boziik. Ferme derrière toi. » Le bruit d’une bande d’enfants agités s'estompa à la seconde où le blondinet ferma la porte. Le Parrain était un homme grand, rappelant à la réprouvée les marins fort d’expérience. Il portait sur ses épaulières des plumes, allant du noir au blanc. Autour de son cou, un bec jaune pendait. Quand il se leva, elle crut y voir une montagne. « Mavis, la gamine qui s’est échappée du bordel de Llela ? » Mavis resta muette, bien trop impressionnée pour répondre à quoique ce soit. Elle vit cependant qu’il portait une main en bois. « Un souvenir. » Son sourire attira la sympathie de la kiir’sahqon. « Tu ne veux pas retourner au bordel, ce pourquoi tu es à la rue ? Et ... » Il ouvrit un petit coffret. Les yeux effarés, Mavis y vit ses bijoux. « C’est à moi ! » Ses premiers mots depuis qu’elle était arrivée au sein du bâtiment. La mine du Parrain changea en quelques chose de plus sérieux. « Boziik me les a rapportés, crois-moi, cela m’a convaincu de ne rien faire à la clocharde du ponton. Je n’apprécie pas particulièrement quand une vermine vole sans discrétion. » Un frisson parcourut l’échine de la réprouvée. « Toutefois, j’y vois du potentiel et sous mon toit, le potentiel vaut son pesant d’or. Voler un pirate est débile, mais tu l’as fait. Tu t’en es sortie vivante. Voler sur le quai, de bon matin, est encore plus stupide. Tu l’as encore fait. » Le ventre de Mavis gronda, cela fit rire l’homme qui tapa son bureau en bois massif. « Je me demande, maintenant, jusqu’où ce tas de chair – il pointa du doigt le corps de la jeune femme en remontant jusqu’à la tête – serait prêt à aller ? Vois-tu, j’ai des projets pour toi, pour chacun d’entre nous ici. Comme toi, ce sont tous des bâtards que j’ai recueilli, élevé, éduqué. Je suis un homme généreux, j'ai à cœur de vous offrir un avenir radieux. » D’un pas véloce, il fut devant Mavis. Il la surplombait. L’odeur ne sembla pas le contrarier. Il passa son index, un énorme doigt, sous le menton de la jeune qu’il releva. Sa voix était hypnotisante, elle calmait quiconque, rassurant grâce aux tons chauds. « Je t’apprendrais tout ce que tu dois savoir pour réussir. Tu deviendras une voleuse aguerrie. Nourrie, logée, blanchie. » La tête de la réprouvée disait ‘Oui’, ces mots résonnaient chez elle comme de l'or liquide. « C’est vrai que sous ces airs de clocharde tu aurais pu faire une bonne femme de chambre. Llela m’a dit que tu n’as jamais grandi chez elle.  » Mavis ne savait pas quoi répondre puisqu’elle ne savait pas ce que ‘grandir’ était. « C’est un bon point. Mavis Sahqon. Llela est une blagueuse mais au moins, quand on couche avec l’une d’entre elles, on retient leur nom. Elle est douée en affaire et a bon goût. » Il la quitta pour aller se rasseoir du côté de son bureau, fouillant dans sa paperasse. Le Parrain griffonna quelque chose. « Tu donneras ça à Boziik quand tu le reverras. Tu peux disposer. » Elle quitta sa position, traînant son baluchon derrière elle. « Bienvenue dans ta nouvelle maison, Mavis Sahqon. »


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