Le deal à ne pas rater :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot 6 Boosters Mascarade ...
Voir le deal

Partagez
 

 Rencontre autour d'un monstre [Harald]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Dim 07 Jan 2018, 19:52

Il avait été signalé qu'une bête monstrueuse rôdait dans un coin reculé des Terres du Lac Bleu et s'en prenait aux voyageurs un peu trop aventureux et imprudents. Une prime était offerte pour qui débarrasserait les villageois de ce problème et apporterait la preuve de la mort de l'animal. L'information avait été relayée de taverne en taverne, de comptoir en comptoir jusqu'à parvenir aux oreilles de la Chamane. C'était un travail fait pour elle. Si elle en avait entendu parler, c'était que les Aetheri souhaitaient qu'elle s'en occupe. Elle s'était donc fait connaître, avait fait part de sa décision de répondre présente à ce contrat. Cela avait provoqué des rires chez les commanditaires. Eclats qui s'étaient bien vite tus lorsqu'ils avaient fait un peu plus attention à son physique particulier et à cet impression de danger et de sauvagerie qu'elle dégageait. Certainement qu'ils l'avaient prise pour une femme du peuple des Hommes-Bêtes et elle ne les en avait dissuadé. Ils lui avaient donné toutes les informations nécessaires à son travail avant de lui indiquer le dernier endroit où avait été aperçu le monstre.

Cela faisait à présent plusieurs jours que Dazia se trouvait sur le territoire des Magiciens. Elle avait étudié les marques qu'avait laissé sa proie, recoupé les informations avec ce qu'elle savait déjà, aidée dans ses idées par son Hozro, Tel. Ils pensaient avoir plus ou moins réussi à cerner l'animal ou tout du moins, son comportement. D'un commun accord, ils avaient décidé qu'il était plus prudent qu'ils fusionnent. Kah'Tellus'Am possédait des capacités qui pouvaient s'avérer utile dans la traque. Et puis, il pourrait ainsi plus facilement guider la jeune femme et être à même de réagir si la situation tournait mal. Ils se mirent donc en route, silencieusement. La chasse était réellement ouverte. Il n'était plus maintenant temps de la réflexion mais bien celui de l'action. La bête avait du sentir d'une façon ou d'une autre qu'aujourd'hui était différent car elle semblait s'être encore plus éloignée des sentiers battus et des zones de vie. Ils accélèrent l'allure. Il était hors de question qu'ils la perdent. Les pensées des deux êtres se mélangeaient sous le crâne de la Mior, dirigées dans une même direction.

Le paysage autour d'eux devenu flou, tant ils étaient concentré sur un seul objectif, la bête monstrueuse qu'ils devaient chasser. C'était aussi dû au fait qu'ils avaient activé la vitesse accrue pour la rattraper plus rapidement. L'excitation battait dans leur veine, l'adrénaline faisant pomper plus rapidement le cœur. Ils n'étaient plus très loin, ils le sentaient tous les deux. Ils ralentirent donc la cadence pour se mouvoir plus silencieusement. Surprendre la proie serait à leur avantage et éviterait des désagréments. Enfin, c'était ce qu'ils avaient prévu. Mais le Destin aimait jouer des tours. Des bêlements effrayés retentirent, accompagné d'un rugissement – assurément celui de l'animal qu'ils chassaient – suivi d'un cri. Ce dernier était tout ce qu'il y avait de plus humain. Ils n'étaient visiblement pas si éloigné que cela de la civilisation, ou alors, il devait en être ainsi, pour rajouter du piment à la situation. Quoiqu'il en soit, la Chamane et son Hozro se devaient d'agir vite. Ils se rapprochèrent aussi vite et silencieusement que possible pour avoir une meilleure vue sur ce qui se passait.

Un homme roux faisait face au monstre. Les caprinés éparses qui fuyaient, paniqués, l'identifiaient comme un éleveur de chèvres. Que venait-il donc faire dans ce coin reculé ? Mais ce n'était pas le moment de ce poser ce genre de question. La bête avait déjà fait des dégâts, comme en témoignait quelques corps de chèvres éparpillés autour d'elle. Cela avait du la distraire quelque peu pour qu'elle ne s'en soit pas encore prise au berger. Sauf qu'à présent, son regard sombre était focalisé sur lui. De la taille d'un petit poney, elle avait la morphologie d'un félin. Sauf qu'au lieu d'avoir un pelage, sa peau semblait être constituée de plaques écailleuses. Ses pattes étaient terminées par des griffes acérées et sa queue fouettait l'air violemment, finie en une genre de boule épineuse. Sa gueule était bien pourvu en croc, certains encore tâchés du sang des caprins. La couleur de son corps paraissait danser en fonction de la lumière, mais toujours dans des teintes foncées, oscillant entre bleu marine et le noir. Elle tourna brusquement la tête vers Dazia, lorsque celle-ci surgit d'où elle était, lui décochant une flèche en direction de la tête.


Post I
806 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 08 Jan 2018, 00:49




L’herbe la plus verte et la plus grasse pour les bêtes était celle en lisière de forêt, éloignée du paysage urbain et des sentiers battus. Il fallait pour cela marcher plusieurs heures loin de Vervallée. Partir tôt le matin pour revenir tard le soir. Quelques bergers avaient construit d’un commun accord des cabanons ici-et-là, pour s’abriter le temps d’une nuit d’un coup de vent ou de pluie. Harald savait où il allait, il l’avait toujours fait avec son père depuis qu’il était tout petit. Lorsque la saison des neiges fondait et laissait à la vue de tous les touffes d’herbes encore fraîches pour les chèvres, ils prenaient les routes une fois par semaine pour dégourdir les dames bêlant et l'unique bouc d’un hiver à l’abri. Aujourd’hui, Harald était seul. Son père ne pouvait pas l’accompagner cette fois, il avait une commande de fromages à livrer. En temps normal, Harald s’en serait chargé mais son père avait insisté pour qu’il sorte les bêtes. Il ne se sentait pas à la tâche de parcourir de longue distance en ces jours de grisailles. Avant de partir, Haröl débarqua. Il était sou comme un pot. « Le soleil n’est même pas levé et tu pars déjà. Une demoiselle t’attend ? » Il sentait l’alcool de riz à plein nez. Harald se débarrassa des derniers habits de la nuit pour revêtir de lourds et chauds vêtements de laine. « Ha ha, c’est vrai, tes demoiselles barbues. » Le berger ne se sentait pas d’attaque pour répondre à un poivrot, il mit ses gants duveteux et s'encapuchonna. Appelant Neige, le chien, il sortit, laissant une petite brise rentrer, de quoi rappeler au rouquin saoule la température de l’extérieur. « Brrrrr. »

Accompagné de son ami à quatre pattes, Harald se mit sur la voie. Le soleil n’était pas encore levé et les étoiles dardaient le ciel de leur lumière vive. C’était une nuit sans lune. Il prit une torche qu’il alluma et se mit en marche. Neige, un chien de berger, se mit lui aussi au travail. Il chiquait les chèvres quand elles s’écartaient trop du groupe et n’hésitait pas à rappeler aux plus têtues le chemin à suivre. Son père l’avait éduqué de telle façon que lorsqu’il sifflait d’une manière particulière, le chien répondait aussitôt à l’ordre reçu. Le berger pouvait ainsi partir l’esprit tranquille car son vaillant compagnon était là pour assuré la bonne suite. Même tôt le matin, les routes étaient empruntées. Il salua un autre berger qui rentrait d’une longue marche, dut écarter le troupeau sur les bas-côtés quand une calèche passa en trombe et aider une femme en mauvaise posture à force d’avoir trop bu dans l'auberge du coin. Il n’était pas loin de la ville et il lui indiqua le chemin à prendre pour ne pas se perdre. « Suivez le Grimoire dans le ciel et vous arriverez à destination. » Il finit par quitter la route quand il vit les premières aurores et s’aventura dans un bosquet. Neige savait où ils allaient exactement, ce qui permettait à Harald d’être en tête de troupeau avec sa torche et son bâton. De temps en temps, il regardait en arrière pour s’apercevoir du bon travail du chien noir aux chaussettes blanches.

Quand ils arrivèrent là où le berger souhaitait être, c’était le zénith. Il s’installa paisiblement sur une pierre moussue, mangeant ce qu’il avait apporté dans sa besace et servit l’ami canin qu’il gratifia d’un bout de viande sec. La clairière était à l’orée d’un bois. Ici, le pâturage était non seulement important, mais fourni en mauvaises herbes. Les demoiselles barbues, comme disait Haröl, en raffolaient. Orties, herbes à puce et compagnie, il ne suffisait plus qu’aux chèvres de se pencher. Les plus hardies grimpaient sur les jeunes arbres aux branches basses pour dévorer les pousses, les moins aventurières se laissaient aller au festin qui leur était offert. Ça les changeait de la paille habituelle et de la préparation de grains. Galède, le père d'Harald, prétendait que cela les rendait plus fortes et plus résistantes et que ces qualités se retrouvaient dans leur viande et dans leur lait. Il se laissa aller dans les songes, rêvant d'une matinée plus ensoleillée ou d'une soirée moins monotone, pensant aux futures conversations qu'il entretiendrait avec son père au sujet de l'avenir.

Le berger ne s'aperçut pas de lui-même de la première disparition. Ce fut Neige qui aboya et qui vint l'interrompre dans le cours de ses pensées. Il se redressa pour accueillir l'animal excité, caressant le haut de son crâne. Le chien l'en chassa d'un coup de museau, ce n'est pas ce qu'il voulait. Il s'abaissa et se redressa, sa queue était folle. « Qu’est-ce qu’il y a Neige ? » Harald ne voyait pas trop où le chien voulait en venir, ce qui n’arrêta pas le compère à quatre pattes. Il vint attraper la manche du maître et le tira. Le magicien se redressa, ne comprenant toujours pas. Il prit son bâton de berger et regarda ses chèvres. « Tu veux jouer ? » Il sortit un bout de viande et le lança dans la plaine. Le chien n’y accourut pas, regardant toujours le rouquin de ses yeux d’ambre. Il aboya une nouvelle fois, quand soudain, le berger vit ses chèvres affoler. Elles étaient tombées sur un nid de guêpe ? Même tôt dans la saison, ces insectes n’hésitaient pas à pointer le bout de leur dard pour assouvir une faim tangible. Ce n’est pas à des guêpes qu’Harald avait à faire, mais à une bête cachée dans les fourrées. Il ne s’en rendit compte que lorsque l’animal sortit de sa cachette pour attraper une chèvre malheureuse, ayant eu l’audace d’aller plus loin pour récupérer sa consœur. Harald siffla. Deux coups. Neige se mit de suite au travail et rappatria au berger le reste du troupeau éparpillé. Il fallait partir. Ses chèvres n’étaient pas malades, ni petites. Un prédateur qui pouvait prendre d’assaut un animal de cette taille et la trainer sans difficulté était sans aucun doute plus grande que cette dernière. Ce n’était donc pas un renard anodin. Peut-être un lupin solitaire, affamé. Quoiqu’il en soit, il fallait partir. Comme pour se rassurer, il sortit le couteau qu’il utilisait pour couper du fromage de sa poche. Une ridicule petite lame, pas plus longue que deux phalanges. Il n’avait pas réellement le temps de rallumer le feu de sa torche qu’il était déjà en train de trotter loin de la clairière. Les chèvres le suivaient et son chien veillait toujours à leur bonne conduite. Harald siffla une fois de plus, mais le timbre était plus aigu. Neige chiqua quelques chèvres pour que leur course soit plus rythmée.

Ils n’arrivèrent pas à semer la bête au grand dam du berger. Le troupeau s’éparpilla quand le prédateur bondit, bousculant l’unique bouc présent. Le mâle ne tomba pas et se retourna, cornes en avant, tête rentrée, prêt à foncer sur l’adversaire. La proie que le félin visait était coriace et cornue. Le bouc qu’on appelait Borris avait deux longues cornes semblables à de courtes épées. Nulle doute qu’il pouvait embrocher grâce à sa tête dure et blesser si on le sous-estimait de trop. La créature n’était pas dénuée de raison, il y avait une dizaine de chèvres bien plus fragiles que le mâle aux alentours. Il se rabattit sur l’une d’elle qu’il attrapa à la mâchoire et traîna sur une courte distance. Borris, apeuré, recula et partit. La chèvre beugla avant que l’animal lui assène un violent coup de patte sur la mâchoire, qui lui tordit la nuque. Harald siffla. Neige aboyait face à la créature hostile qui dégustait le sang de la chèvre. Il revint sur ses pas. Le magicien était comme figé par la peur mais devait néanmoins faire face à l’animal. Les échos d’une leçon donnée par sa mère lui revint en mémoire. « La chasse est un jeu. Plus tu cours, plus t’es chassé. » Il osa lever le bras porteur du bâton et fit un seul pas en arrière, doucement, mais surement. La créature avait plus les traits d’un félin que d’un lupin mais Harald n’aurait su réellement définir ce qu’il voyait là. Tout était bien trop rapide. Les chèvres étaient bien trop hésitantes, elles connaissaient le chemin mais leur hardiesse et leur intelligence s’atténuaient au fil de leur échappée. Certaines revenaient sur leur pas pour rejoindre machinalement Harald. « Non non non ! Partez !!! » cria Harald en direction des chèvres, à l'aide de son bâton de berger. Les cris attirèrent le regard sombre du dévoreur de chèvres qui recula prestement. Une flèche que le berger ne perçut pas de suite se planta dans le sol. L’animal feula et surpris par l’assaillant, s’abaissa pour se mettre à l’abri d’une éventuelle attaque aérienne. Dans l’air, une odeur de sucs de pin, d'humus et de métal flottaient. La pestilence de fer était immanquable puisqu’elle provenait des bêtes égorgées.

Harald n’avait pas le courage de l’inconnu mais eut l’idée de prendre une pierre et de la lancer dans la direction du félin. Il était soutenu par son chien, qui continuait d’aboyer. Il s'abaissa pour prendre d'autres pierres de taille conséquente, prêt à les envoyer de si tôt.


Mots # 1 554
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mar 09 Jan 2018, 22:00

Comme a flèche qui vibre et se fiche loin du cœur. Tel avait été le résultat du tir de la Chamane. Mais ce n'était pas grave. Elle savait qu'elle se devait de perfectionner encore cet art qu'était le tir à l'arc. Elle n'était qu'à ses débuts au sein des chasseurs. A force de persévérance et d'entraînement, ses coups feraient mouche dès le premier tir. Elle aurait peut être mieux réussis sa première attaque si elle avait prit le temps de viser posément. Mais d'un commun accord, elle et son hozro avaient choisi l'option de la vitesse et du mouvement. Même si aucun dégât n'avait été causé à la bête, son action avait au moins eu le mérite de stopper sa possible attaque vis-à-vis du berger. Cependant, ils étaient loin d'être sorti d'affaire. Le monstre était sauvage, fort et probablement plus puissant qu'eux. Un coup de patte de sa part suffirait probablement pour leur broyer les os s'ils ne faisaient pas attention.

Le temps de la réflexion n'était plus. Ils chargeaient et advienne que pourra. Car après tout, que la volonté des Aetheri soit faite. La présence de l'homme roux était passée au second plan, tout comme tout ce qui ne concernait pas directement le monstre. Les aboiements du chien résonnaient dans l'air, lointain, étouffés par la concentration de la jeune femme sur sa tâche. Abandonnant l'arc par terre, Dazia dégaina sa dague et activa sa vitesse accrue. Elle aurait pu prendre son épée bâtarde mais cela faisait peu de temps qu'elle l'avait acquise et elle ne savait pas encore assez bien s'en servir pour l'utiliser en combat contre une telle bête. Elle préférait opter pour la tactique de la mouche agaçante. Celle du harcèlement incessant. Des petites attaques, se porter en avant juste pour asséner un coup avant de tout de suite sauter en replis. Telle était la voie qu'elle voulait privilégier pour aujourd'hui. Cela serait certainement long et fastidieux mais avec ses compétences, c'était certainement le plus sain.

Une pierre fusa, comme surgit de nulle part pour venir percuter le félidé à l'épaule. Une partie du cerveau de la chamane, celle qui était encore ouverte sur le monde extérieur, enregistra cette nouvelle information. Le berger n'avait pas fui. Etait-ce du courage ou de la folie ? La réponse n'était pas là, mais quoiqu'il en soit, il semblait prendre son courage à deux mains, ou en tout cas, une partie, en décidant de participer lui aussi à l'affrontement, à son niveau. Cela était certain que ce n'était pas en lapidant la bête que celle-ci trépasserait, mais au moins, ses lancés pouvaient offrir une diversion plus que bien accueillie. Il fallait juste espérer que son premier tir n'était pas simplement un coup de chance et qu'il toucherait sa cible à chaque fois et pas la jeune femme. Il ne restait plus qu'à mettre à profit cette aide. Et ça, c'était le travail de la Mior. Personne ne viendrait à son aide plus que ça et de toute façon, ce n'était nullement ce qu'elle souhaitait.

Dazia avait reprit son balet incessant. Le danseur, généralement, c'était Toble, mais là, c'était elle qui tentait de mener la chorégraphie. Elle n'essayait point d'atteindre le cœur. Pas encore. L'animal avait pour le moment trop de vigueur pour cela. Non. Son but, c'était de lui infliger une multitude de blessures, au moins juste assez profonde pour qu'elles laissent s'écouler le sang. Si la perte du flux vital devenait assez importante, la partie pouvait être gagnée. Car assurément, cela le ralentirait, l'affaiblirait. Et à ce moment là seulement, les attaques mortelles pourraient avoir lieu. Le seul problème dans ce plan si bien rôdé, c'était que Dazia était loin d'être une puissante guerrière. Son corps commençait à peine à se développer comme il fallait pour la vie qu'elle menait. Elle ne possédait pas encore la force et l'endurance qu'il aurait fallu pour cette activité. La fatigue commençait à faire son œuvre sur ses muscles. Malgré sa vitesse, ses mouvements se faisaient beaucoup moins fluides et précis.

Le tueur de chèvres, malgré le sang qu'il perdait, n'en restait pas moins alerte et agressif. Les attaques incessantes décuplaient sa colère. S'il n'avait pas encore réussi à choper la jeune femme entre ses crocs ou ses griffes, ce n'était qu'une question de temps. Il n'était peut être pas assez rapide face à la magie mais il ne lui laissait pas non plus beaucoup de secondes pour porter ses coups. Il était un prédateur. Il savait se mouvoir avec agilité, utiliser son environnement pour mettre à mort sa proie ou son adversaire. Ses réflexes étaient affûtés comme la lame d'un couteau. Il repéra immédiatement le moment où la Chamane commença à ralentir, à ressentir la fatigue. C'était un animal, il ne le percevait pas comme nous mais il le ressentait. Son instinct de chasseur savait ce que les signes qu'il lisait dans la façon de se mouvoir de son adversaire signifiait. Ses assauts redoublèrent donc de vigueur, se faisant plus avides, plus hargneux, plus rapides. L'appel du sang et de la mort résonnait en lui.

La tétanie s'empara momentanément du muscle de la cuisse droite de la Hunkor, faisant fléchir sa jambe sous son poids. Le monstre en profita pour donner un violent coup de patte, toutes griffes dehors. Daz créa un bouclier un urgence. Ce fut certainement ce qui lui sauva la vie. Cependant, cela n'empêcha pas qu'elle valdingua plusieurs mètres plus loin, au pied du berger, le bras en charpie. Là, ils étaient dans le pétrin. Car la bête n'allait certainement pas abandonner maintenant alors que la situation s'était retournée en sa faveur. Peut être que l'éleveur avait de la ressource et qu'il pourrait les sortir de ce mauvais pas. Mais si c'était ça, et qu'ils gagnaient le combat, la Chamane aurait quand même perdu. Cet affrontement n'était valide que si c'était elle qui menait à bien le tout et surtout la mise à mort. Les Aetheri en étaient témoin. Mais si ce n'était pas celui-là, ça en serait un autre. Elle n'était qu'au début de sa vie dans la tribu. Chaque lutte, même perdue, était une leçon à retenir.

Mais quoiqu'il en soit, s'ils devaient mourir aujourd'hui, ça serait debout. L'ex-Hessha attrapa la jambe de l'homme roux pour s'aider à se redresser, grimaçant. Si tout ceci ne se terminait pas rapidement, elle risquait fort probablement de tourner de l'oeil.


Vous devriez fuir …

Le Félidé chargeait.

Post II
1163 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Sam 13 Jan 2018, 21:50



Bien sûr qu’il devait fuir. S’en aller le plus vite, les jambes au cou. Qu’importe les leçons données par sa mère, qu’importe la nature de l’animal en face de lui. Comme les chèvres, le berger se devait de bouger et ce, rapidement. Sauf que la hardiesse qui avait empoigné son cœur l’agrippait comme une sangsue et il continuait, à son allure, d’envoyer des pierres qui ne faisaient pas toute mouche. Certaines se perdirent dans l’humus de la forêt, d’autres ricochèrent sur les troncs. Neige aboyait. L’inconnu avait attaqué l’animal au plus près et s’était risqué à maintes reprises de subir les coups de griffe de l’animal enragé. Le corps fatigué tomba près du berger. Il n’eut pas le temps de s’abaisser ni de l’aider à se relever, il la laissa prendre sa jambe sans faire davantage. Il resta debout, face à la créature. Le félin se décrivait peu à peu, on entendait un grognement grave, presque muet. C’en était fini de prendre les cailloux et de les lui envoyer, il mit en avant le bâton sans trop savoir quoi en faire et le tout petit couteau qui lui servait à couper le fromage. Il tremblait, ses doigts peinaient à rester sur les deux instruments. Son chien avait la queue entre les jambes et il montrait les crocs, ne sachant pas s’il devait grogner et effrayer l’humain aux côtés d’Harald ou le félin. Le monstre s’avançait et s’arrêta. Il sembla juger ses adversaires un instant. Quelque chose clochait dans sa démarche. Dans la danse qui avait eu lieu plus tôt, l’inconnu l’avait peut-être blessé. Harald n’en savait décidément rien et ne bougea pas, ses membres inférieurs étaient de toute façon tétanisés. Il était si crispé par l’adrénaline qui coulait à flot dans son corps qu’il ne pouvait réagir. Si l’animal bondissait, Edel seule pouvait les sauver.

Quand soudain, Borris chargea. Le félin fut assez réactif pour éviter les cornes du bouc dans la chair molle, mais trop en retard pour désamorcer la charge. Il fut secoué et certes il ne fut pas renversé, mais il tangua. Assez pour que le bouc prenne confiance et s’apprête à charger de nouveau. Il était plus petit que le félin, mais assez gros et fort pour impressionner s’il touchait la tête ou une partie plus sensible de l’animal. Harald fut surpris, assez pour baisser sa garde, perdant du coup un sentiment fort qui jusqu’ici le tétanisait. Il regarda son bâton, puis le félin. Le félin, le bouc et le bâton. L’animal noir s’intéressa à Borris qui chargeait. Le magicien intervint. Il lui asséna un coup sur le corps puis un deuxième. Lancé par son maître, Neige vint chiquer la queue fouettant l’air du gros chat. Sa force n’était pas comparable au prédateur, mais les coups rappelèrent à l’ennemi animal ô combien ils étaient encore prêts. Cela ne vallait pas le coup qu’il s’attarde dans les parages davantage puisque le félin partit. Il y avait des chèvres mortes un peu partout, au grand dam du berger, qui nourrirait l’appétit et la férocité du prédateur. Ce n’était pas une fuite auquel Harald avait assisté, mais à une retraite temporaire. Le bouc était fier et la tête haute. Il n’hésita pas à donner des coups de tête dans les airs, rappelant la dangerosité de ses cornes à quiconque le défierait.

Harald se souvint qu’il y avait quelqu’un derrière lui, il alla à sa rencontre. « Vous allez b... » Il eut un petit sursaut, l’apparence le prit de cours. Il n’avait jamais vu un tel faciès mais ne s’y arrêta pas, car d’une plaie béante coulait du sang, imprégnant les vêtements et les tissus de la chasseuse aux yeux rouges de chouette. « Vous saignez ! » Le constat était simple mais n’étant ni guérisseur ni médecin, le pauvre bougre ne pouvait pas faire grand-chose. Il bégaya, ne sachant pas trop quoi faire. Il releva la tête brusquement pour voir si le félin n’était pas revenu, puis se remit à la tâche de trouver quelque chose d’utile pour la femme. « Je- euh… Tissus, eau. Tenez. » Le magicien tendit le peu qu’il possédait : une serviette où il avait rangé plus tôt son repas et sa gourde d’eau. Il mouilla le tissus et lui tendit, n’osant point la toucher. « Nous devrions aller dans le village de Valazur, c’est pas loin d’ici… Car Vervallée est à une demi-journée de marche. J’suis certain que quelqu’un pourra vous y aider... Il faut que je récupère mes chèvres. » Neige, qui s'attardait trop à côté d'une chèvre ensanglantée fut rappelé. Harald siffla trois fois. Il était temps que le chien fasse le tour pour rassembler les chèvres semer dans le paysage.


Mots # 740
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 15 Jan 2018, 22:44

Les secondes semblaient s'égrener comme si le temps avait été ralenti, qu'un grain de sable bloquait le rouage du sablier temporel. Etait-ce parce que la tension battait son comble dans l'air, presque étouffante, que la fin était proche ou encore qu'elle perdait son sang ? Dazia n'était pas assez réfléchie pour le savoir. Elle se tenait à la jambe du berger comme s'il s'agissait d'un radeau de sauvetage, un pillier innébranlable. Sauf qu'elle le sentait trembler de tout son être sous ses doigts. Malgré ce qu'il paraissait ressentir et ce qu'elle lui avait soufflé, il restait là. Etait-ce de la bravoure, de la stupidité ou bien encore simplement la tétanie de la peur qui l'empêchait de faire un tel acte ? Peut être que la Chamane aurait pu le savoir si elle avait tourné la tête et observer le visage de l'homme, mais elle préférait garder le regard rivé sur la bête qui se rapprochait. Le chien grognait et personne ne bougeait. La tension devenait irritante pour les nerfs.

L'homme leva son bâton, comme pour menacer la bête qui avançait vers eux. Seulement, cette dernière s'arrêta, n'allant pas plus loin. Il y avait peu de chance que ça soit le geste du Magicien qui en soit la cause. Se mouvoir paraissait devenir quelque peu malaisé pour le monstre. La technique de la Mior commençait – elle à porter ses fruits ? Ca arrivait un peu tard, comme résultat. C'était certainement encore à améliorer comme procédé. Mais comme disait l'adage, mieux valait tard que jamais. Comme si la balance était en train de pencher dans l'autre sens, les choses prirent une tournure différente. Le petit bouc noir entra dans la danse et fonça sur le félin. La nature animal surprendrait toujours l'ancienne Eversha. Le Capriné n'avait en soit aucune chance face au Carnivore qui était face à lui. Et pourtant, il chargeait tête bêche, sans en douter un seul instant, comme s'il était le roi ici et qu'il était tout à fait dans son bon droit de défendre les lieux et les personnes. Oh, il ne raisonnait certainement pas ainsi, aussi clairement. Mais sa determination et sa conviction rayonnaient autour de lui.

Comme si l'assault de son animal réveilla quelque chose chez le berger, ce dernier s mit à son tour à s'en prendre à la bête en lui assenait des coups de bâton. Même le chien s'y mettait de sa vaillance en s'attaquant à la queue du prédateur. Il ne manquait plus que les chèvres se rajoutent et tout le monde viendrait à donner son coup. Enfin presque. Parce que Dazia était toujours par terre, à l'arrière de toute cette scène. Elle s'était redressée en position assise, ramenant son bras droit contre elle. Elle crut un instant qu'elle allait de nouveau s'affaler par terre sous le coup de la douleur. Qutre sillons tranchaient son membre, témoin du passage des griffes de l'animal dans sa chair. La présence de Tellus en elle se faisait quelque peu flou, rendue ainsi par la brume de souffrance qui l'habitait. Elle savait que son hozro ressentait lui aussi la même chose et elle aurait souhaité l'en libérer, malheureusement, elle savait que si elle mettait fin à la fusion, ce serait elle et non lui qui serait ejecté du corps et tout ceci n'aurait servi à rien car il prendrait de plein fouet le mal qui coulait présentement dans ses veines.

Son attention se concentra quelque peu sur la situation lorsqu'elle vit la bête faire demi-tour et disparaître dans les fourrés. Il partait, pour le moment, mais elle savait qu'il reviendrait. Il allait juste reprendre des forces. Il fallait qu'elle en fasse de même. Dans son état, aucun nouvel affrontement n'était possible. Elle devait donc se soigner pour mieux repartir à la chasse et ne pas refaire les mêmes erreurs. Mettre ce temps à profit pour mieux préparer la chose et ne pas rater la prochaine fois. L'homme revenait vers elle. Il n'avait du prendre le temps de bien la regarder jusqu'à présent, trop focalisé sur la bête. Mais maintenant, il venait de le faire. Elle le vit au sursaut qu'il eut lorsqu'il se rendit compte de l'apparence qu'elle avait. Quant il remarqua qu'elle saignait, il parut quelque peu chamboulé. Tout ceci, en plus de ce qui venait de se passer, était peut être trop pour lui. Il bégayait, sous le choc, mais continuait quand même à s'afférer. Elle, elle gardait les yeux rivés vers l'endroit où avait disparu la bête. Elle tourna la tête vers lui quant il lui tendit un tissu imbibé et l'écouta tout en pressant les plaies avec.


Merci … Je ne sais pas où c'est mais si vous m'y menez, ça sera bon.

Elle fronça légèrement les sourcils lorsqu'il parla de rassembler les chèvres restantes. Il ne fallait qu'ils restent trop longtemps ici.

Prudence … Il est toujours là.

Elle pouvait l'entendre avec l'ouïe animale acquise grâce à Tellus, plus loin, dans les fourrés. Puis son regard tomba sur la carcasse d'un des caprins morts. Difficilement, elle se remit debout, tanguant sur ses jambes, avant de se diriger vers l'une de bêtes décédées. Même si ce n'était pas elle qui les avait tué, il fallait qu'il prit pour l'âme de la dépouille, comme le lui avait enseigné les Miors. D'une chèvre à l'autre, pour celles qui étaient mortes dans le coin. Le temps qu'elle en fasse le tour, le chien paraissait avoir rassemblé le troupeau. La Chamane se retourna vers le Magicien. Son visage était pâle et le tissu était imbibé de sang.

Le village est-il loin ? … Moi, c'est Dazia.

Post III
1004 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 18 Jan 2018, 23:30



Il n’avait ni le temps de compter, ni l’envie mais il le fit car c’était son travail. Elles n’étaient plus que neuf, en plus du bouc. Les rares survivantes ou celles qui n’avaient pas fui trop loin furent rassemblées, Borris en tête du cortège qui se profilait. Neige revint aux côtés de son maître pour vérifier si tout allait bien et reprit son travail, allant chiquer les chèvres si elles s’écartaient trop du groupe. Harald aida la chasseuse à se remettre d’aplomb sur ses deux jambes. Il fallait être un idiot pour ne pas remarquer sa pâle mine et son air dégarni, à croire qu’elle pouvait tourner de l’oeil à tout moment. Il proposa son épaule, bien plus pratique que s’il lui proposait son bâton de berger. En effet, si elle venait à s’affaisser sur le sol, le bâton ne la retiendrait pas, alors que lui, il le pouvait. Pas longtemps certes, mais assez de temps pour lui éviter de se fracasser la figure sur un éventuel sol dur ou des cailloux. Ses yeux rivèrent une dernière fois dans la direction où le monstre était parti. Elle avait raison et il ne souhaitait pas être présent quand l’animal serait assez repu. « Nous y allons. Neige, droit devant. » Il siffla une fois et le troupeau se mit sur le chemin des cités, quittant le terrain boisé pour traverser une plaine balayée par un vent léger. Harald, cette fois, était en queue de fil. Il aida Dazia comme il le pouvait, à un rythme relativement lent. « Harald. Faites attention, ne trainez pas vos pieds, cela compliquerait la marche. Valazur est à deux heures d’ici, derrière les collines et les vastes plaines. Dès que nous retournerons sur un sentier battu, vous pouvez être certaine que nous ne serons plus très loin alors. » Les routes étaient rares dans la région, il y avait en revanche un réseau de sentiers assez importants, facilitant les voyageurs et les travailleurs dans leur déplacement. Quand on est berger, il faut se plier aux autres, les laisser passer, avancer. Harald faisait régulièrement des arrêts pour empêcher ses bêtes d’être écrasées ou bien pour laisser aux aventuriers une occasion de leur passer devant, sans mettre les pieds dans les orties jonchant le bord des chemins. « Cette créature vous a attaqué ? Je n’en avais jamais vu. » Peut-être que si, mais le berger n’avait pas en mémoire ses livres de zoologie. Il connaissait principalement les animaux de la région, en particulier ceux des fermes. Les animaux sauvages, quant à eux, restaient éloigner de la civilisation. Sa mère un jour lui avait dit qu’un animal affamé peut s’aventurer au-delà de son territoire et bien plus encore pour trouver de quoi se repaître. « Êtes-vous une chanteuse ? Euh, je veux dire, une chasseuse ? » Il était bien sûr incertain de la réponse, cependant, Dazia ou la femme à l’allure sauvageonne lui avait semblé déterminer à abattre l’animal. Lui ne se serait jamais donné à l’idée de s’approcher autant de l’animal, bien qu’il en eut brièvement l’occasion au cours d’un pic d’adrénaline, quand l’instinct l’avait guidé à abattre son bâton de berger sur l’animal, ce qui avait fait mouche d’ailleurs, pensait-il.

Mots # 530
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 22 Jan 2018, 21:29

Lorsque le Berger lui proposa son épaule pour l'aider à avancer, Dazia ne refusa pas. Après tout, elle n'était pas bête au point de jouer la fière n'acceptant aucun soutien. Avant même de s'être retrouvée blessée, elle était à bout de force … C'était d'ailleurs bien pour cela qu'elle avait un bras en écharpe. Cela aurait été idiot d'essayer de faire croire le contraire alors qu'elle ne pouvait certainement pas faire les deux heures de marche toute seule. Elle profitait du chemin pour observer autour d'elle et par la même occasion, la hiérarchie qui semblait établie lorsque l'on empruntait les sentiers. Bien que cela ne soit pas forcément pratique de gérer un troupeau de chèvres, tous les autres usagers de la voie donnaient l'impression d'avoir la priorité, sans faire vraiment attention aux caprinés. A croire qu'il n'y avait pas de considération pour les personnes travaillant avec les bêtes. La Chamane avait bien envie de leur gueuler dessus pour leur faire montre qu'ils n'étaient pas les seuls à sillonner ses axes et surtout, qu'ils n'en n'étaient pas les rois. Mais en fait, elle était trop épuisée pour cela. Son attention, qui au départ, vadrouillait sur tout ce qui les entourait, ne se focalisait plus maintenant que sur mettre un pied devant l'autre. Faire attention à ne pas les laisser traîner, comme avait préconiser Harald. Peut être fallait-il qu'elle se concentre sur les paroles et les questions du Magicien pour oublier la douleur de son bras. Elle resserra les tissus pour comprimer un peu plus le tout et limiter l'évacuation sanguine. Kah'Tellus'Am se faisait plutôt silencieux dans son esprit, lui octroyant de temps en temps quelques paroles d'encouragements, partageant avec elle ses forces le plus possible.

Une chasseuse … Oui … Et je chassais ce monstre. Un appel à aventurier dans les tavernes … Devait être encore plus dans la forêt avant là où personne ne va … Plus assez de nourriture peut être … Ou alors, maintenant, l'est devenu grand, à quitter sa mère et cherche à s'établir un nouveau territoire, un nouveau chez lui.

La jeune femme ahanait quelque peu en parlant, ses paroles étant hachées. Elle avait du mal à focaliser la route et sa vision devenait flou tandis que la main sur l'épaule du Magicien se tenait avec beaucoup moins de vigueur. Ses pieds s'étaient remis à traîner sur le sol, à se prendre dans les cailloux.

Je … S'arrêter …

Elle prononça à peine ses mots que ses genoux flanchèrent et qu'elle s'écroula contre Harald. S'il n'avait pas été là, assurément qu'elle se serait écrasé la figure par terre et pour un peu, peut être que les gens autour l'auraient piétiné au vu de comment ils faisaient attention aux chèvres. Ils venaient de rejoindre un sentier battu. Certainement que bientôt, au détour d'une colline ou d'un vallon, se trouvait Valazur, leur destination final, leur but et que là, il y aurait quelqu'un pour la soigner. Mais, malheureusement, elle n'avait pas la force d'aller plus loin. D'ailleurs, sans l'aide du manipulateur de Magie Bleue, il était peu probable qu'elle soit arrivée jusqu'ici. Peut être qu'il pourrait finir le trajet tout seul pour aller chercher de l'aide et revenir la chercher ensuite … Ou bien l'un des voyageurs qui les doublait serait assez magnanime pour leur prêter main forte.

Vous …. continuez …

Elle battit des cils une ou deux fois, ses yeux de chouette cherchant à se focaliser quelque part, à faire le point sur la vision et ce qui l'entourait avant qu'ils ne déclarent forfait, jugeant la tâche trop difficile dans l'état actuel des choses et ne se ferment totalement. La pas très belle s'en était allé au pays de l'inconscience, s'en remettant entièrement à son compagnon de rencontre fortuite. Elle ressemblait à un sac à patate déguenillé à l'apparence douteuse. Le bandage de fortune à son bras était couvert de sang et de poussière, rendant le tout d'une couleur brunâtre guère accueillante. Sa peau était moite et chaude au touché, pâle à la vue. En gros, elle n'était pas bien.

Post IV
740 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 25 Jan 2018, 23:00




Le paysage ne défilait pas aussi vite qu’il l’escomptait. Dozia – Dizia - Dazia, il n’avait pas eu l’occasion de bien l’entendre et il sentait qu’il ne l’aurait pu pour très longtemps. Sa charge sur ses épaules s’affaissait au fur et à mesure, il pouvait palper à pleine main les forces qui quittaient la jeune chasseuse. Ils avançaient pourtant, car le Magicien avait l’intime conviction que c’était qu’ainsi qu’elle lutterait. Il l’écouta qu’à moitié, il devait surveiller ses bêtes, l’aider dans sa démarche et dans la sienne. Si il lâchait la poigne qu’il avait sur l'avant-bras de la femme, elle tomberait. C’était certain. Déjà qu’il avait l’impression de la porter du bout du bras, son épaule tirait douloureusement. La tension qui s’était accumulée depuis qu’il les avait rencontrées, elle et la bête, n’était pas partie et ses muscles pâtissaient toujours de cette raideur, lui flanquant d’affreux points de côté s’il oubliait de respirer correctement. « Nous y sommes bientôt, ne vous -… » Il mentait mais sa phrase arriva trop tard. La chasseuse lâcha prise, laissant son corps à la merci de la force dérisoire du berger. Elle ne s’étala pas au sol grâce à Harald, mais les deux manquèrent de peu de s’affaler. Il siffla deux fois, le chien aboya, stoppant le troupeau. Borris, fier de sa représentation d’avant, balança ses cornes. Il semblait vouloir décider aujourd’hui. Face à la situation, Harald s’agenouilla. Il ne pourrait pas continuer ainsi, de plus, le berger ne pouvait abandonner son troupeau. Il lui fallait trouver une solution et ce vite, avant qu’elle ne perde totalement les esprits. « Dozia… Dazie… Dizie, hé ! Ho ! Ne vous laissez pas aller ! Ne tournez pas de l’oeil ! » Il lui donna quelques petites claques désespéramment, n’osant pas y aller trop fort, pour la secouer. Sans succès. Il se redressa, Neige était en pleine ‘ discussion ‘ avec le bouc. Harald soupira. « Bon. Neige ! » Il siffla, son chien n’arriva pas. Il dut aller à la rencontre du canidé et de son concurrent direct. Il ne choppa pas le chien au collier car il ne voulut pas montrer au bouc qu’il le « punissait », alors qu’il en était rien. Neige allait rester avec l’inconsciente tandis qu’il guiderait son troupeau jusqu’à chez lui. Il ne pouvait en faire autrement. Il déplaça la chasseuse comme il le put près de la bruyère et ordonna au chien tacheté de s’asseoir. « Neige, tu vas rester ici. Assis. » Le chien s’assit sagement. Son maître vint caresser son museau et il lui montra la femme. « Tu restes et tu la surveilles. Je viens d’ici quelques heures, avec la carriole. » Il s’accroupit, releva la tête étrange de l’inconnue et la força à boire quelques gorgées, lui laissant sa gourde. « Bon, à tout à l’heure. Sois tranquille. » Intelligent, le chien tira la langue, secouant la queue. Il se mit en route. Sans son chien, le berger se sentit presque nu avec les bêtes.

Il la regardait, épongeant son front d’un tissu imbibé d’eau. Elle était étendue sur un lit de paille, au-rez-de-chaussée de leur maison, près de Vervallée. Galède, son père, l’avait aidé à la ramener jusqu’ici, ce qui avait demandé quelques heures en plus. Neige s’était montré patient, digne. De temps en temps, le père du jeune Magicien revenait pour voir l’état des deux jeunes gens. Il ordonna à partir d’une certaine heure à son fils d’aller se reposer et prit la relève quelques heures, veillant au rétablissement de celle qu’Harald venait de sauver. La nuit était déjà bien tombée lorsqu’il décida d’aller lui aussi se coucher, estimant qu’il n’y aurait aucune bête à craindre durant la nuit, si ce n’est Neige. Mais le bougre était trop épuisé de sa journée pour songer à aller embêter l’invitée, qui connaissait d’ores et déjà. La chasseuse logeait pas loin de l’âtre principal de la maison, dans un petit salon ouvert sur la cuisine et l’entrée. Ses bandages étaient propres, Galède les avait changées. Ses plaies avaient été désinfectées grâce à de l’alcool pur distillé que le vieux Berger gardait toujours, à cause de la mère d’Harald. Néanmoins, elles étaient bien trop profondes pour se résorber d’elles-même, ce pourquoi Harald était chargé d'aller chercher guérisseur au petit matin. Ils étaient tous arrivés bien tard la veille. Galède savait soigner ses bêtes mais il ne préférait toutefois pas se heurter à guérir des plaies ouvertes. Il les couvrit en les protégeant simplement. Quand l’aurore fit signe, le père d’Harald était déjà levé. Le feu de l’âtre vivait toujours et servit à plusieurs manipulations, notamment lorsqu'il cuisinait un bouillon de lait de chèvre. Si elle ouvrait les yeux à cet instant, elle pouvait voir à la tâche cet homme de dos. Dans le lait, il ajouta de l’avoine et en prépara quelques portions. Harald ne tarda pas, d’un air profondément endormi, à se montrer, prenant trois bols. Un pour la chasseuse, qu’il déposa à côté d’elle, un pour lui et un pour sa mère à l’étage. La basse-cour était encore endormie, même le chien, qui sommeillait les quatre fers en l’air. L'heure avança et le seul prince de la cour, un coq blanc, se mit à chanter.


Mots # 860
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 12 Fév 2018, 18:13

Pendant un instant, seule au bord de la route, ou presque, car après tout, le berger avait laissé son chien à ses côtés et les voyageurs continuaient de défiler, la chamane avait reprit conscience. Harald n'était plus là. Assurément qu'il avait suivi son conseil et continuait son chemin. Au vu du fait que le canidé était resté avec elle, c'était certain qu'il reviendrait la chercher dès qu'il le pourrait. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle avait perdu connaissance et elle sentait qu'elle était prête à y retomber d'un instant à l'autre. D'un commun accord avec Kah'Tellus'Am, ils choisirent de mettre fin à la fusion maintenant. C'était au tour de Dazia d'être éjectée de son corps et de ne pouvoir revenir qu'à la nuit tombée. Au moins, en agissant maintenant, elle pourrait revenir assez tôt et pas perdre une autre journée. Et au moins, elle pourrait mettre à profit ce temps pour aller faire son rapport à son mentor. Et lui raconter comment ça avait foiré en beauté. Ce n'était assurément pas sa partie préférée.

La nuit tomba et avec elle, revint l'esprit de la Mior. Le décor avait changé. Elle n'était plus au bord de la route mais dans une maisonnée, probablement celle du Berger. D'ailleurs, elle avait du se taper toutes les maisons sous forme spectrale pour enfin trouver la bonne. Fallait vraiment trouver un autre moyen. Quoiqu'il en soit, du bruit la fit revenir à la surface. Elle distingua la présence de son hozro à ses côtés, qui veillait. Mais ce n'était pas lui qui l'avait réveillé. C'était l'homme qu'elle distinguait de dos, devant l'âtre, en train de faire elle ne savait pas quoi. Un instant, elle crut que c'était Harald, mais même si la carrure pouvait avoir un air de ressemblance au premier regard, elle se rendit rapidement compte que ce n'était pas lui. Tel dit lire l'interrogation dans son regard, car il prit la parole.


C'est le père du Berger … Lui et son fils ont alterné leur présence auprès de nous pendant la nuit.

La jeune femme hocha la tête. A cet instant, si quelqu'un l'observer, il pouvait certainement la prendre pour folle à regarder dans le vide et à acquiescer comme si elle s'adressait à quelqu'un. Et encore, elle n'avait pas parlé à haute voix. Son nez capta l'odeur de quelque chose en train de chauffer et comme si son estomac n'attendait que cela pour se réveiller, il se mit à gargouiller. Elle remua quelque peu, tentant de se redresser. Dehors, un coq se mit à chanter tandis qu'à l'étage, des bruits de pas se faisaient entendre sur le plancher. Son bras était entouré de bandages propres mais elle sentait qu'en dessous, les plaies étaient encore à vif. Il faudrait qu'elle règle ce problème avant de retourner à la chasse au monstre. Elle ne pouvait pas rester sur cette défaite. Elle avait commencé un travail, c'était imposée une mission, il fallait qu'elle la termine, d'une façon ou d'une autre. Elle ne pouvait pas laisser cette action inachevée. Ca aurait été une insulte et un sacrilège envers les Dieux.

Votre fils a du courage … Et votre bouc du caractère.

Elle n'avait rien trouvé de mieux à dire. En fait, les discussions avec les gens, ça n'avait jamais été son truc. Elle préférait mille fois mieux combattre un monstre que tenir une conversation. Elle n'avait d'ailleurs à présent, absolument plus rien à dire. Avisant un bol de nourriture à ses côtés, elle l'attrapa et commença à piocher dedans d'une main, la valide. Kah'Tellus'Am leva les yeux au ciel et grogna. Même s'il n'était pas le plus fervent des convenances, il essayait quand même d'inculquer un minimum de savoir vivre à la Chamane et on pouvait dire que c'était loin d'être chose aisée. Elle lui fit les gros yeux – encore plus gros qu'elle ne les avait déjà, si c'était possible – et continua à manger comme elle le faisait. Après tout, elle honorait quand même la pitance que l'on avait mise à sa disposition. Elle souleva le tissu qui recouvrait son bras blessé et observa les blessures. Le tout avait été nettoyé mais aucune action pour refermer les plaies n'avait été entreprise. Assurément, cela ferait de nouvelles cicatrices sur son corps.

Vous savez où on peut trouver quelqu'un qui peut recoudre ça ?

Elle présumait que si cela n'avait pas était fait, c'était que personne dans la maison était apte, sinon, elle ne voyait pas pourquoi cela n'aurait pas été fait avant. Quant à s'hasarder à le faire soi-même, c'était risqué, surtout à une main. Bon, s'il n'y avait personne, elle s'y attellerait mais ça ne serait pas de gaieté de cœur.

Post V
857 mots
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Rencontre autour d'un monstre [Harald]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Une histoire de fromage | Harald
» L'Homme est-il un Monstre ou le Monstre un Homme ? | Zane
» Autour d'un Thé
» Monsieur et Madame Monstre
» Le monstre du conte | Dorian
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Océan :: Continent Naturel - Ouest :: Terres du Lac Bleu-