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 Nomade's land

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Mar 14 Nov 2017, 22:28


- Est-ce bien utile ?
- Nécessaire.
- Je ne partage pas votre ...
- Faites au lieu d'infléchir en vain ma décision, l'éternité ne nous dispense pas d'être efficaces.

Le silence se fit de nouveau dans la salle aux quelques lumières blanches vacillantes. Aucun crépitement, rien qui puisse laisser supposer à une source naturelle. Tout ici transpirait la magie.
Après quelques secondes, l'une des formes brumeuses disparut laissant son congénère au milieu de la pièce, seul avec à ses propres démons.. L'obéissance était la clef de voûte de l'empire secret qu'il se devait de diriger. Tant à faire même si l'organisation était bien huilée depuis des ères et des ères.
La forme brumeuse reprit contenance, comme si attraper son visage de sa main décharnée rendait son mal de crâne plus réel. La faute à cette mémoire disparate qui le faisait souffrir plus que n'importe quel tourment. Il savait, il savait que ce qui lui avait été enlevé revêtait une importance suffisamment concrète pour la lui cacher. Une importance pour qui, pour quoi ?...

A l'image d'un mot qu'on n'arrive pas à retrouver alors qu'il est sur le bout de la langue, voilà ce qu'il vivait quotidiennement depuis qu'il avait été couronné, dans l'anonymat le plus complet, Esprit de la Mort. Nulle rancœur, nulle satisfaction personnelle, juste le sentiment d'un Destin à accomplir là où les circonstances avaient décidé de le mener. De la hampe d'un drapeau ensanglanté à la tête de la race qui avait droit de vie et de mort sur tous les vivants, sans que personne ou presque ne le sache.

Qu'attendait-on de lui ? Sa puissance était aussi grande que sa marge de manœuvre limitée. L'Équilibre. La sacro-sainte neutralité qui nimbait ses faits et gestes était un poids supplémentaire à la lourde charge qui lui incombait. Comment parvenir à dépassionner, à désincarner tout ce qui pouvait graviter autour de lui et continuer son immuable chemin.

Il repensait à cette victoire du Dieu Unique sur les Aetheri. À y réfléchir de plus près, ils n'avaient rien gagné au change. Prendre position en faveur de Sympan avait indéniablement fait pencher la balance en Sa faveur. La Mort ne choisit jamais de camp mais finit toujours par décider l'issue d'un conflit. Le vainqueur est celui qui aura su attirer ses bonnes grâces.
Pourtant, la récompense donnait l'ironique sensation d'un cadeau toujours empoisonné mais au goût et à l'apparence plus appétissants. De sa position, ressentir de nouveau était une miette jetée à ses plus faibles congénères. Repaissez-vous des sentiments et allégez le poids de votre innommable acte. Vous ne ressentirez que plus lourdement la chute vers la triste réalité.

Curiosité, curiosité.

Oeuvre aux rouages bien huilées, la tyrannie secrète des Ombres ne souffrait d'aucune dissidence et il entendait bien qu'il en soit toujours ainsi. Ezechyel ne le permettrait de toute façon pas. Probablement comme tous les puissants, il ne devait pas aimer qu'on touche à ses jouets et les abîme. Tâchons alors de ne pas casser les fils guidant nos pantins mouvements.

Mascarade et illusion.

Il avait missionné des Passeurs loyaux et fidèles, ayant fait leurs preuves à de nombreuses reprises. Efficaces et soumis, parfait pour cette mission particulière. Voilà des mois qu'il s'interrogeait sur les propriétés de cet objet et les raisons qui avaient fait de lui son propriétaire. Il devenait inerte au contact d'un autre et ne s'activait qu'à son contact. Le reflet de sa propre apparence s'effaçait et devenait alors celle floue d'une femme à l'apparence changeante, tantôt rousse, brune, dans des environnements qu'une fois encore il était persuadé de reconnaître sans mettre le doigt dessus. Son visage restait invisible, grimé sans qu'il ne sache pourquoi. Une ombre inconnue pour une Ombre, cela en deviendrait presque amusant. Presque.

Il sentit une entité se téléporter là où il se trouvait et eut le temps de redevenir brume. Son aura dégageait un profond désespoir qui ne faisait qu'empirer l'état des siens.

- Alors ? se contenta-t-il d'énoncer d'une voix atone.
- Malgré nos recherches, rien de nouveau. Aucune piste, elle échappe à notre vision. Je ne comprends pas.
- Qui vous a demandé de comprendre ? Contentez vous de chercher.

Comme une histoire se répétant sans fin, l'Ombre disparut à son tour quelques secondes après cet ordre concis.

L'Esprit de la Mort se matérialisa de nouveau et fit tourner entre ses mains le miroir qui l'intriguait plus encore que la Couronne le transformant en Ondin. C'était la première fois qu'un mortel échappe à sa vision et il ne se l'expliquait pas. Était-ce une mise en garde, une quête que lui seul pouvait déchiffrer ?...
Un douleur lui vrilla instantanément le crâne et il fut à deux doigts de laisser tomber cet artefact. Grimaçant de douleur, il fut tenté de le briser en mille morceaux contre le mur inerte.

Curiosité et illusion. L'Ombre suprême se téléporta jusqu'à ses appartements privés, si tant est que l'on puisse appeler cela ainsi. "Endroit inviolé" aurait été plus approprié. Il posa le miroir sur un meuble aussi noir que le jais, juste à côté de la Couronne des Profondeurs.

Deux mystères, deux énigmes.

Deux ?...
Un univers nouveau s'offrit à lui alors qu'un enchevêtrement d'hypothèses se tissaient entre ces deux objets. L'excitation vint se mêler sans crier gare à la déferlante d'idées qui lui venaient à l'esprit. Serait-il possible que ?..
938 mots.
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Mer 15 Nov 2017, 23:32


Miroir, mon beau miroir, dis moi qui est la plus belle ?

Il trônait fièrement sur l'un des murs de mon sanctuaire, celui qu'aucune autre Ombre n'était autorisée à violer de sa présence. Non que je complaisais dans la solitude, elle faisait seulement partie intégrante de mon éternel quotidien.

Je me dressais face à lui, me modelant sous des traits humanoïdes indistincts. Comme mû par une gravité surnaturelle, mon corps entier semblait fondre sur lui-même, mon visage ruisselant sans jamais tout à fait se décomposer. Les apparences s'alternaient chaotiquement, tantôt homme tantôt femme, Ange ou Démon, toutes les notions dichotomiques n'avaient aucune prise sur moi. J'étais tout et rien à la fois. Seul mon regard restait rivé sur cette surface qui réfléchissait un autre Moi. Je ne savais pas trop ce que j'attendais de cette confrontation introspective mais je n'aurai pas été surpris que plusieurs heures se soient écoulées depuis que j'avais croisé pour la première fois mon reflet.

Combat perdu d'avance, je finis par me défaire de cette illusion pour m'approcher des deux objets entrés par je ne sais quel mystère en ma possession. Les Ombres que j'avais missionnées étaient toutes rentrées bredouille, aussi l'hypothèse que je sois le seul à être victime d'un mystérieux maléfice ne tenait plus. Cela ne m'arrangeait pas, la silhouette qui se dessinaient sur ce petit miroir magique pouvait être tout aussi métaphorique que les réflexions d'un Rehla sur l'avenir d'un mourant.

J'avais l'innocente naïveté de croire que cette femme était bien réelle mais qu'elle se faisait un malin plaisir à s'échapper à mon emprise. Pourquoi et comment par contre, j'étais bien en peine de le savoir.

Ma quête était impossible, vaine, futile assurément. Je n'avais aucune piste, aucun soupçon d'once d'esquisse d'indice me permettant d'en savoir plus sur cette femme. J'exagérais : Je savais qu'il s'agissait d'une femme et qu'une magie lui permettait de se cacher à ma vision d'Ombre. Elle me faisait penser aux Gardiens des Sceaux oubliés : se pourrait-il qu'elle en soit une ? L'idée méritait que je m'y attarde : tout en étant le seul à connaître leur existence, je n'arrivais pas à déterminer qui ils étaient. En y repensant, il y avait chez les Ombres des êtres aussi secrets que l'Esprit de la Mort, peut-être même plus. Des mortels pouvaient connaître mon existence, voire même m'invoquer, mais pas les Gardiens des Sceaux oubliés. Aucune mémoire à part la mienne et celles d'Edel et Ezechyel ne soupçonnait leur existence. Comme quoi il fallait toujours relativiser, nous sommes toujours le pion d'un plus puissant que nous.

Je chassais ces idées parasites de mon esprit, elles m'embrouillaient alors que j'avais un besoin impérieux d'y voir plus clair. Je me saisis lentement de la Couronne et la fit tourner autour de mon index. Je finirai par percer ton mystère, j'ai l'éternité devant moi, me fis-je la promesse muette.

Reprenant ma forme éthérée, je me déliais de tout élément perturbateur pour me concentrer sur un endroit, une sensation, un instant, une intuition ou tout ce qui pourrait marquer un commencement d'investigation. Il m'était déjà arrivé par le passé d'user de cette magie pour localiser un objet ou une personne. Maintenant que je disposais de nouveaux pouvoirs et d'une puissance accrue, je pouvais au moins tenter le coup par ce biais là.

Deux êtres discutent.
Le sang coule, des cris déchirent le silence.
Odeur iodée, langage inconnu.
Conflit, meurtre, perversion, furtivité.


La douleur qui tambourine mon être se fait de plus en plus oppressante, insoutenable mais il me faut résister, un petit peu plus, juste quelques instants encore. Un poids m'écrase comme un misérable moucheron, mes os craqueraient et je me viderai de mon sang si j'avais été un quelconque être vivant.

Un rire franc, une lueur de folie.
Un collier qui disparaît, le feu qui crépite.
Petits clapotis dans la fraîcheur de la nuit.
Le silence et l'odeur de la Mort.


Ma concentration s'aiguise au point que j'en perds le sens des réalités. Ma magie semble drainée dans un puits sans fond, comme un enfant à qui on demanderait de nager à contre courant dans les cataractes d'une rivière en furie.
Ayant franchi le point de non-retour, je lâche mes dernières forces pour laisser mon instinct guider mes visions.

Je me sens quitter le territoire des Ombres pour une destination dont j'ignore le point final. L'atterrissage se fait sans douceur, tombant brutalement sur le sol complètement exténué par la débauche de magie que j'ai dépensé comme un imbécile.

Je tourne mon visage dans toutes les directions, cherchant une quelconque indication sur l'endroit où j'avais atterri.
Seule la sensation de la terre et du sable entre mes doigts m'indiqua qu'un lac continuait paisiblement à poursuivre son immuable existence.
848 mots.

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Dim 19 Nov 2017, 02:58


Je n'aurai su dire combien de temps je restai planté au sol, à reprendre un souffle illusoire après la débauche d'énergie qui m'avait comme vidé toute substance. Quel pouvoir pouvait ainsi contrecarrer mes efforts à découvrir ce qui s'approchait de moi sans jamais être accessible ? Nous n'avions tous nos faiblesses et j'étais mon pire ennemi.

Je réajustais ma magie pour donner l'apparence d'un parfait individu lambda qui ne cherche pas les ennuis. A en croire l'horizon et la végétation environnante, je me trouvais bien loin du Royaume des Abîmes. Ce lac m'induisait un picotement mental qu'il m'était impossible pour l'instant de préciser. Tournant sur moi-même, je finis par reconnaître au bout de quelques minutes les contrées alentours de Caelum. Je me demandais bien pourquoi je m'étais téléporté aussi loin mais mes théories farfelues convergeaient à présent sur la race des Magiciens. Je n'avais jamais parlé à l'Ultimage, même si la voir planter un poignard dans le cœur de celui venu la sauver au sein même de l'Enfer avait été un moment inoubliable. Le Destin réserve parfois des surprises inédites pour satisfaire les caprices de la Vie. La voilà jouant un jeu dangereux, le voilà revenu aux sources angéliques.

Quoi qu'il en soit, si l'Ultimage était mêlé à mon problème - j'en doutais au fond de moi à dire vrai - je ne me serai pas retrouvé ici au milieu de nulle part. Aucune trace de vie dans un périmètre proche, aussi me penchais-je sur d'éventuels indices laissés sur mon point de chute.

Un chemin de terre, régulièrement emprunté sans être une route correctement entretenue, longeait à quelques dizaines de mètres le paisible lac. Celui-ci devait bien mesurer une bonne centaine de mètres de rayon, un bon point d'eau pour la population et faune locales. De l'autre côté, l'endroit avait été désherbé en cercle de dix mètres de diamètre environ avec en son centre les vestiges d'un foyer éteint de longue date. Campement de fortune ? Probablement. Rien de transcendant cependant sur ce que j'étais censé chercher et trouver. Je marchais d'un pas lent les yeux rivés au sol, en quête d'un objet tombé, d'une trace de pas, d'une originalité dans le décor sur lequel je pourrai me raccrocher.

Rien, absolument rien. Sortant de ma poche le miroir de vision, celui-ci continuait de dispenser dans un brouillard une silhouette approximative dans une salle qui ne me disait rien de particulier. Alors que je rivais mon visage sur la surface magique, un mouvement rapide traversa la périphérie de mon champ de vision. Le temps de tourner la tête et il avait déjà disparu. Fronçant les sourcils, je rangeai lentement le miroir dans la poche et retraçai des yeux le probable parcours de mon fugace invité en avançant dans cette direction. Je n'étais certes pas un pisteur dans l'âme, mes cibles étant de base visibles comme un feu dans une forêt, mais je ne décelais aucune trace au sol. J'étais persuadé avoir vu quelque chose mais après les efforts que j'avais déployés, mon esprit ne me jouait-il des tours ? De nouveau cette sensation derrière moi cette fois, parcourant rapidement une courte distance avant de disparaître.

Je n'avais pas l'impression qu'il s'agisse d'une entité vivante, ne voyant aucune âme à l'intérieur. Un animal n'aurait pas non plus ce genre de comportement, sauf à être apprivoisé pour une bonne raison. Que signifiait tout ceci ?...

Je me rappelais alors que j'avais emmené avec moi la Couronne des Profondeurs. Je ne voyais pas trop en tant que tel à quoi elle pourrait bien me servir ici mais ça ne me coûtait rien d'essayer, juste par acquis de conscience. A peine l'avais-je posé sur le sommet du crâne que la transformation s'opéra en même temps que la disparition de l'artefact. Je sentais les organes se constituer à l'intérieur, le sang se mettre à circuler dans une enveloppe charnelle faite réellement de chair et d'os. Mon cœur se mit à palpiter de plus en plus vite alors que j'étais sujet à des nausées et une perte d'équilibre.

Cette sensation me déplaisait, me rendait faible et vulnérable. Mais c'était une sensation, réelle, pas le fruit d'une illusion propre à ma race. En cela elle était irremplaçable.
Quelques minutes furent nécessaires pour reprendre contenance. Je ne m'attendais pas à grand chose mais la silhouette que je voyais si souvent dans le miroir semblait désormais se mouvoir à quelques mètres de moi, plus lentement. Elle était complètement noire, une ombre qui avait pris son indépendance et répétait encore et encore une scène avec d'autres intervenants.
Je ne savais pas quel rôle j'allais jouer dans cette pièce de théâtre mais indéniablement j'avais mis la main sur quelque chose.
834 mots.
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Dim 26 Nov 2017, 14:16


Ce ballet d'ombres sans âme m'intriguait car il m'était aussi familier qu'inconnu. C'était la première fois que j'assistais à pareil spectacle et pourtant .... j'avais l'impression de le revivre. Si tant est que chacune de ces créatures possédait une intelligence propre, j'étais totalement ignoré de leur équation.
Dans un premier temps, je détaillais leurs mouvements mais n'ai détecté que leur répétition. Selon l'endroit où je me trouvais, la scène s'accélérait, s'arrêtait ou poursuivait son histoire. Je devais rester dans le champ de vision de l'action. Je ne pouvais pas interagir avec le reflet principal et ceux gravitant autour d'elle. De ce que je comprenais, deux .... je n'arrivais pas à leur trouver un nom défini .... entités arrivaient par le chemin et s'arrêtaient sur le bas-côté, non loin de ce qui était un foyer pour un feu de camp. Si aucun son n'émanait d'eux, tout laissait penser à une discussion entre les deux. Évoquait-il la pluie et le beau temps ou au contraire d'un sujet qu'il m'était indispensable d'entendre pour comprendre ma présence ici, j'étais bien impuissant.

En reprenant ma marche des alentours, l'ombre se trouvait immergée jusqu'aux épaules dans le lac. Alors que j'avançais dans sa direction, elle s'éloignait, gardant toujours une distance raisonnable. Je finis par entrer mes pieds dans l'eau pour ne pas la perdre et voir sa réaction et alors que j'allais amorcer le pas suivant, je perdis soudainement l'équilibre, me vautrant de tout mon long sur les quelques centimètres aquatiques du bord. Mes jambes étaient comme collées entre elles, impossible de me redresser et me remettre debout. Tournant la tête avec difficulté en torsadant mon bassin, je vis avec effroi une queue d'Ondin, d'un bleu électrique aux reflets nacrés de rouge. Était-ce un héritage de mes yeux aux mêmes tonalités ? Difficile de ne pas saisir la coïncidence.

Si quelqu'un m'observait en cet instant, l'horreur et l'effroi que je suscitais en tant qu'Esprit de la Mort était facilement annihilé par le ridicule que mes gestes désordonnés créaient. Je pataugeais comme un enfant barbotant dans une mare, faisant pire que mieux alors que je reculais inexorablement de la terre ferme. L'ombre elle ne faisait toujours pas attention à moi, continuant ses gestes fluides et délicats en opposition totale avec ma désynchronisation gestuelle. Je finis par ne plus avoir pied - queue ? - et redoutait très stupidement boire la tasse et me noyer. Comment avec un minimum de jugeote pouvait-on risquer la noyade quand on était une Ombre transformée en Ondin ?..

Une fois cette peur disproportionnée calmée, je m'adaptais à cet autre élément sous ma nouvelle forme. La dernière fois je m'étais risqué à porter la Couronne sur la terre ferme, acclimatation en douceur malgré la rudesse du Berceau Cristallin. Ici, j'étais là où je devais être si l'on pouvait considérer un lac comme un océan à taille réduite. Mouais, pas de quoi se vanter en somme. Je plongeais la tête dans l'eau presque transparente et sentit mon système respiratoire évoluer pour nager indéfiniment dans les profondeurs marines. Mes mouvements étaient maladroits et pas synchronisés pour deux sous, mais je goûtais à une nouvelle forme de liberté. Porté par les eaux, mon corps léger se mouvait à l'envi entouré de la faune et flore aquatiques. Je me surpris à rire silencieusement dans l'eau, faisant tourner mon corps sur lui-même, enchaînant demi-tours , loopings et sprint avant de revenir à mon point de départ. Ce ne fut qu'après plusieurs dizaines de minutes que je me remémorai la raison de ma trempette dans le lac : l'entité ombragée s'y trouvant également.

Je sortais la tête jusqu'aux narines hors de l'eau et ajustais ma vision à l'environnement "bipède". Tout était plus lumineux, plus net et je ne mis pas longtemps avant de retrouver à l'endroit exact où j'avais laissé l'ombre barboteuse. Je tentais de la rejoindre par quelques battements de queue, vaine entreprise alors qu'elle me distançait ou disparaissait ailleurs quand il ne restait que quelques mètres entre elle et moi.

Voilà ce que je n'arrivais pas à comprendre : aucune interaction, aucune parole échangée, totalement ignoré et pourtant je n'arrivais pas à m'approcher d'elle quel que soit la vitesse que j'usais. Même en me téléportant, le constat était identique : la solution ne résidait pas là. Je décidai alors de la suivre sans me risquer à trop m'approcher et finit par découvrir une autre silhouette s'approcher d'elle. Elle se mit juste à côté d'elle, avant de l'enlacer par derrière. La première ombre restait immobile sans se débattre avant de se retourner et de l'étreindre un peu plus.

Pour la première fois depuis que j'avais atterri ici, un phénomène un peu plus insolite se produisit, si tant est que tout ce qui se passait ici ne l'était pas déjà suffisamment. Les deux entités se mirent à fusionner et alors que leur transformation fut presque complète, ils tournèrent tous deux la tête dans ma direction. Ils n'avaient toujours aucun visage mais je sentis clairement qu'ils me fixaient pour la première fois.

D'un claquement de doigts, ils disparurent, me laissant seul non loin de la berge du lac, seul avec mes dizaines de questions se bousculant dans ma petite tête d'écervelé. J'attendis un certain temps au cas où il ne s'agissait que du préambule à de nouveaux indices, mais plus rien à part les clapotis de l'eau ça et là.

Sortant de l'eau, je me retrouvais toujours avec cette queue désormais handicapante. Ne me souvenant pas de la façon que les Ondins avaient de retrouver des jambes "terrestres", je préférai la solution rapide d'enlever ma Couronne, prononçant les mots me faisant retrouver mon état d'Ombre. J'avais beau être l'Esprit de la Mort, à chaque fois quelque chose se tuait de nouveau en moi : mes sentiments, mes rêves, mon avenir, l'implacable Destin écrasait tout pour ne laisser que ruines et cadavres. Rangeant en silence ma Couronne, je regagnai par la voie des ombres mon Royaume. J'avais la Vie - celle des autres - à superviser.

1 070 mots.

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