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 Soyez prêt(e)s pour le coup le plus génial [Pv Lucius]

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Mer 4 Oct 2017 - 13:45

Certains pensent que voler dans les airs sur une bête majestueuse est une chose aisée. Ils se trompent. La vitesse est un premier problème, dompter l’indomptable en est un autre. Cela faisait des Ères pourtant que Rauros et Edwina se connaissaient et s’apprivoisaient mutuellement. Néanmoins, monter un Dragon suppose des connaissances, un entraînement et, surtout, un équipement adapté. Les écailles de son dos pourraient fendre la jambe d’un orgueilleux prenant la chose à la légère en quelques mètres seulement. Les prises existent, certes, mais peuvent s’avérer dangereuses et instables. Lorsque la bête se meut, elle est la seule maîtresse des cieux. Celui qu’elle a accepté sur son dos n’est qu’un invité, un homme ou une femme qui peut très vite devenir une poupée de chiffon au funeste destin. L’Ultimage sourit à cette pensée. Elle savait que Rauros ne la laisserait jamais sombrer dans les méandres d’un vide mortel. Elle avait confiance en l’animal et cette confiance avait créé un lien entre eux qu’elle n’aurait su expliquer. Approcher le danger et le tenir en respect, l’aimer et s’en faire aimer en retour, voilà ce qui faisait battre son cœur un peu plus vite à cet instant. Aussi, dans un cri, elle proposa au Dragon de descendre vers la terre ferme. Il obéit, sachant que leur quête touchait à sa fin. Ils avaient annihilé des braconniers et sa cavalière devait se reposer. Aussi, lorsque la bête se posa, un courant d’air balaya l’herbe aux alentours. Edwina descendit de son dos et retira immédiatement le cuir attaché autour du buste de l’animal. L’équipement s’écrasa sur le sol en un bruit de sangles métalliques. Elle sourit, ses doigts parcourant le corps musclé de Rauros, remontant le long de ce dernier jusqu’à enfin arriver à sa gueule monstrueuse. Il aurait pu avaler entier un enfant en bas âge. « Merci » murmura-t-elle avant de s’écarter de lui pour qu’il puisse repartir. Elle le fixa s’éloigner un moment, jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon.

À présent, elle devait s’occuper d’elle. Malgré la hauteur du vol, elle avait transpiré à cause de l’effort. Tenir en place sur une bête de cette envergure était complexe et depuis qu’elle montait les Dragons, ses muscles avaient été mis à rude épreuve. Malgré la selle, elle devait serrer ses cuisses autour de la bête de la même façon qu’elle devait s’accrocher à la bride. Les premières fois, elle n’avait pas tenu et, de ses entraînements, elle avait écopé de nombreuses courbatures. En y repensant, la Reine se pinça la lèvre inférieure. Elle avait fait de nombreux progrès.

Après quelques pas au milieu de la plaine, la Rivière Éternité lui tendit enfin les bras. Edwina s’agenouilla près de l’eau après avoir enlevé ses bottes et une veste qui serrait son corps pour éviter que le vent ne soit un poids supplémentaire durant le voyage. Habillée de cuir et de peau, sa silhouette était moulée d’une façon qui lui déplaisait mais qu’elle savait obligatoire. Elle n’était pas très forte et s’octroyer des fantaisies à son niveau ne lui était pas permis. Elle tomberait à chaque vol. Elle avait donc fini par accepter la tenue. Aussi, après avoir fixé son reflet quelques secondes dans l’eau, elle y trempa ses mains afin d’éclabousser son visage. Elle inspira profondément et expira. Elle se sentait vivante. Quelque part, les Dragonniers l’avaient aidée à s’accepter. Elle n’était cependant pas encore assez à l’aise avec son corps pour se baigner à la vue de tous, bien que cela lui aurait plu en un sens. Sa pudeur l’en empêchait toujours. Visage découvert, elle doutait que quiconque puisse établir son identité. Cela faisait des années que l’Ultimage était voilée et personne n’aurait pu être certain de reconnaître ses traits. La chose était déjà arrivée mais elle avait assuré à l’inconnu qu’il faisait fausse route et ce dernier n’avait pas insisté, s'excusant de sa maladresse. Edwina aimait cette double vie, elle aimait laisser le Royaume entre les mains d’Eorane pour quelques heures voire quelques jours. Peut-être était-ce mal, inconscient, mais elle n’y pouvait rien. La charge des Anges qu’elle accueillait sur son territoire et des Humains de Haute-Terre qu’elle protégeait en cachette était une complication dont elle se serait bien passée. Elle ne pouvait le dire, elle ne pouvait les mettre dehors mais les extrémistes et ce Erwan Galathiel avaient le don de la mettre hors d’elle. Elle savait parfaitement qu’il lui suffirait d’un mot pour anéantir ceux qu’elle avait sauvé et ces derniers le savaient aussi. La position de puissance dans laquelle elle se trouvait l’effrayait en même temps qu’elle la grisait et il serait mentir de dire qu’elle ne nourrissait pas des projets qui décupleraient son autorité si elle les menait à bien. Pouvait-elle seulement faire autrement vu la conjoncture actuelle ? Elle se pinça les lèvres et amena l’une de ses mains à ses cheveux pour détacher la longue tresse qu’elle avait attaché en chignon le temps du vol. Oh oui, les Dragonniers avaient réveillé son ambition.

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Mer 11 Oct 2017 - 15:20


Comme chaque matin, son réveil se passait de commentaires. Il n’était pas aussi paisible et attendrissant que les autres enfants de son âge. Il ne récoltait ni l’affection de sa mère ni les louanges de son père. Cette carafe d’eau qu’il recevait chaque matin en pleine face en guise de branle-bas en était la preuve. Il notifiait qu’il devait se démener pour préparer le thé de son fichu paternel. Un thé qu’il devait mijoter sans la moindre erreur, avec une minutie scrupuleuse. Eh oui ! Aussi curieux que cela puisse paraître, cette manœuvre artificieuse figurait bel et bien sur la liste de son vieux qui lui avait assuré maintes et maintes fois que le goût de sa précieuse boisson devait contenter son palais divin. Un jour, le fils du diable en avait même profité pour verser du poison dans sa tasse fétiche. Hélas, Zane l’avait tout de suite remarqué en énonçant une nuance de couleur légèrement altérée. Depuis ce jour, il n’avait plus tenté de desservir son père avec des méthodes aussi simplistes. En vérité, il était traité de deux façons diamétralement opposées. D’un côté, il était un rat de laboratoire dans le sens où il devait accomplir de nombreux tests entremêlés d’épreuves produites sur mesure. Il était dressé comme un chien d’élite sur lequel étaient portés de grands espoirs pour l’avenir. Malgré son jeune âge, le diablotin avait effectivement hérité de quelques dons innés qu’on lui contraignait à aiguiser de jour en jour. D’un autre côté, il était aussi traité comme un prince percevant bon nombre de faveurs et d’avantages liés à son statut. Lucius avait accès à beaucoup de services. Il lui suffisait de demander pour recevoir. On lui refusait rarement quoi que ce soit. Quelques lieux lui étaient toutefois formellement condamnés, par exemple cette pièce qui était adjacente à la chambre de son père. Quoi qu’il en soit, interdire à un enfant de faire quelque chose équivaut à l’encourager à passer le cap. Il avait tenté, assurément, mais une fois de plus les représailles furent à la hauteur de la magnanimité de cet homme. La cicatrice qui sillonnait son torse étant là pour lui rappeler les conséquences de son insubordination.

Sa seule découverte durant toutes ces années fut on ne peut plus invraisemblable. Il se souviendra à jamais de ce visage imprimé sur ce miroir que tenait son daron. Une femme aux longs cheveux de jais qui semblaient étrangement constituer à la fois la force et la faiblesse de celui qu’il pensait invincible. Il ne connaissait la femme que de visu, mais était bien déterminé à la retrouver. Qu’importe le temps que cela pouvait lui prendre. Il avait cherché, cherché et encore cherché. Le monde était grand, bien trop vaste pour lui permettre de tomber dessus par hasard. Jusqu’au jour où cette déclaration lui faussa compagnie lorsque son père lui annonça sa prochaine mission.« Rends-toi immédiatement au continent naturel. Une cible de la plus haute importance t’y attends.» « Pourquoi si soudainement ? C’est… » « Garde tes questions pour toi. Contente-toi de suivre mes ordres. » Une fois de plus, Zane avait le chic pour subjuguer son admiration autant que son aversion. La meilleure chose à faire consistait à reproduire ses consignes à la lettre. Ainsi, il ne perdit pas un instant avant d’invoquer un portail démoniaque, ce dernier le dévorant la seconde qui suivit. C’est en longeant sagement le lac qu’il capta la silhouette d’une femme agenouillée à la courbe plantureuse et au faciès qui lui semblait étrangement familier. Depuis le temps qu’il cherchait, il avait peu à peu oublié cette image. Et puis, il venait d’un monde où le changement d’apparence constituait l’essence même de leurs activités, c’est pourquoi il ne se fiait plus à sa seule vue depuis longtemps. Pour en avoir le cœur net, il devait tenter une approche. Celle-ci pouvait certes lui coûter la vie, mais qu’importe.

Avant toute chose, l’adolescent rejoignit un point de repère duquel il tripota le sol avec ses mains satinées. Quand il eut terminé, le jeune homme ne dissimula pas sa présence, mais bien au contraire, la révéla sans ambiguïté en s’annonçant avec un naturel déconcertant. Son pied foula le sol en traçant un arc de cercle avec ce dernier alors qu’il fixa l’horizon. « C’est un endroit plutôt agréable. L’air y est pur en comparaison d’où je viens. Je devrais venir y pécher plus souvent afin d’y alléger mon âme. » Qu’importe qui elle était en réalité. Il ne savait rien de l’identité de sa cible, cependant il était au courant d’un fait évident ; son père ne traitait jamais avec les faibles. Il l’avait analysé suffisamment de fois pour en avoir la conviction. Quand quelqu’un n’était pas à sa hauteur, il ne daignait même pas lui lancer un regard. Plus il observait celle-ci, plus quelque chose l’appelait à reconsidérer sa position. Lucius était perspicace, c’est pourquoi il avait pris ses précautions en cachant un fumigène dans sa main droite. « Je ne vous ferais aucun mal si vous coopérez. Sachez juste qu’il serait absurde de votre part de me juger sur mon âge. J’ai sans doute tué plus que vous ne l’avez fait. J’ignore ce qu’il vous reproche et je préfère rester en dehors de vos querelles. C’est ce que j’aurais aimé vous dire… » C’était une nécessité en Enfer. Dans un ultime élan de bravoure, le garçon jeta son bras droit en avant en lâchant l'orbe qu'il tenait. Un poignard discret, mais vigoureusement acéré tenait solidement entre ses doigts alors que la fumée se manifesta autour d'eux. À droite de la jeune femme, un piège se déclencha dans un timing irréprochable. De fines aiguilles orientées sous des angles différents. Elle se ferait toucher ou parviendrait à esquiver les projectiles. Quelle que soit la réponse, elle le ferait progresser. Sous l'effet de l'adrénaline, les yeux qu'il avait hérité de son géniteur firent leur apparition.



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Ven 13 Oct 2017 - 17:09

La Reine tourna légèrement la tête lorsqu’elle entendit une voix masculine s’élever derrière son dos. Elle ne bougea néanmoins pas plus, ne le jugeant guère nécessaire. Cependant, quand ses yeux se posèrent sur celui qui n’était encore qu’un adolescent, elle tiqua. Cette vision était étonnante en ce sens qu’elle le connaissait mais qu’elle n’aurait jamais pensé voir sa silhouette se dessiner devant elle. Il était celui qui préparait le thé du Monarque Démoniaque de temps à autre. Elle s’en souvenait notamment parce qu’elle détestait cette boisson, peu importe la plante utilisée. Oh bien entendu, Lucius, puisque tel était son prénom, faisait bien d’autres travaux pour le Diable. Elle l’avait observé à plusieurs reprises, sans déterminer spécifiquement la relation qui l’unissait au Souverain. Edwina finit par se pincer les lèvres, se demandant pourquoi il était ici, car elle savait qu’il y avait une raison. Le fait qu’il croise sa route de cette façon ne pouvait découler d’un parfait hasard. La compréhension de la situation la plongea dans une perplexité qu’elle dut quitter afin de se défendre. Elle n’était pas de celles qui critiquaient les autres mais ce garçon était simplement fou s’il pensait pouvoir l’attaquer de cette manière. Aussi, la Belle disparut totalement, visitant momentanément le monde des Esprits le temps de se déplacer pour ne plus être la cible du Démon. Quand elle réapparut, un simple geste de la main suffit à faire se réunir un monticule de terre autour des jambes de son agresseur, l’empêchant ainsi de bouger. Elle aurait pu faire bien pire mais, en réalité, il l’intriguait depuis qu’elle avait perçu la réalité de ses yeux.

« Je ne vous ferai aucun mal si vous coopérez, Lucius. » commença-t-elle en répétant mot pour mot ce qu’il lui avait dit plus tôt. Elle s’approcha doucement de lui, maintenant sa maîtrise sur l’élément tout en exerçant une légère pression sur les vêtements de Lucius pour lui montrer qu’elle était bien plus dangereuse qu’elle n’y paraissait. Elle contrôlait. « Je l’ignore également mais je ne dois pas être la seule à qui il reproche quelque chose s’il vous a envoyé ici me tuer. ». Elle ignorait totalement s’il s’agissait de Zane ou non mais cette hypothèse lui paraissait la plus probable. Une fois proche de lui, elle se mit à l’observer. Il était plus petit qu’elle mais ses yeux… « Vous êtes son fils n’est-ce pas ? » demanda-t-elle d’un air étrange. C’était comme une évidence même si, là encore, elle ne pouvait en être certaine. La Reine avança lentement l’une de ses mains vers les cheveux de l’adolescent, passant ses doigts dedans sans en être troublée le moins du monde. Il ne l’impressionnait pas. Sa croissance devait être en cours et il avait gardé quelques traits enfantins. Il n’était pas encore un homme et la situation arrangeait bien Edwina. « Peu importe me direz-vous. Je devrais vous punir pour avoir tenté de me tuer mais sans doute s’en chargera-t-il dès que vous rentrerez. Cela dit… si c’est bien le Diable qui vous envoie ici, il devait savoir dès le début que vous échouerez. ». Elle sourit, sa main rejoignant la joue de Lucius avec une infinie douceur. Elle ne faisait que le frôler mais quelque chose d’étrange survint sans qu’elle ne l’ait demandé. Le visage du Démon se flouta pour laisser place à une vision du future, plusieurs scènes, parfois abstraites, parfois bien trop concrètes au goût de la Reine, se succédant en quelques secondes. La Belle s’était comme figée mais quand elle revint à elle, ses joues s’empourprèrent d’une façon bien visible. Elle retira vivement sa main comme si elle venait de mettre le doigt sur l’épine acérée d’une rose et recula d’un pas. « Vous… » commença-t-elle sans donner de suite à sa phrase.

Après quelques secondes, elle relâcha son emprise sur les vêtements du jeune homme et la terre qui le maintenait immobile se retira. « Vous devriez partir, je pense que cela vaudrait mieux pour nous deux, et ne jamais chercher à me revoir. » murmura Edwina à son attention. Elle ne pouvait nier qu’il l’intriguait encore plus même si ce qu’elle avait vu dépassait totalement ce qu’elle pouvait actuellement envisager. C’était impossible et elle avait beau chercher, elle ne comprenait même pas comment ces situations pourraient survenir un jour. La Souveraine pinça de nouveau ses lèvres, frissonnant légèrement en se remémorant un passage qu’elle préférait essayer d’oublier. « Partez sinon je vous réduis en cendres, tout de suite. » articula-t-elle d’une façon légèrement plus menaçante. Elle savait qu’elle ne le pourrait pas. Le futur devait s’accomplir et elle n’était qu’un pantin entre les mains des Divins. À moins que sa magie ne se trompe…

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Mar 17 Oct 2017 - 12:36


Elle avait réagi si fermement, si dignement. Aucun déplacement superflu, simplement une supériorité accablante qu’elle avait tournée en un rien de temps en sa faveur. Lucius ne disposait pas des capacités requises pour faire face. La cible que lui avait désignée son père ne pouvait pas avoir été élue par hasard, ça ne lui ressemblait pas. Elle correspondait davantage à une mise à mort en bonne et due forme. Une autre de ses manigances, sans le moindre doute. La situation dans laquelle il se trouva en si peu de temps n’était pas propice à l’étude. Ses jambes désormais encombrées par de l'humus, l’échec était cuisant. Il avait livré suffisamment de batailles sous plusieurs aspects distincts pour comprendre qu’il n’avait plus les bonnes armes en main pour inverser la tendance. Au-delà de cette dominance magique, son acuité était toute aussi distinguée. Il en avait à présent la conviction ; elle dirigeait aussi une nation. Le jeune démon aurait pu sortir de ses gonds, mais il ne le fit pas. Au contraire, il écoutait attentivement sa victime. Victime qui venait de revêtir l'uniforme d’exécutrice. Il n’en avait pas les moyens de toute façon. « Vous êtes… » La douleur qui l’oppressa à ce moment l’obligea à se taire. Elle s'engagea ainsi à l’examiner comme s’il n’était qu’un quelconque lièvre pris dans un collet.

La main qu’elle passa ensuite dans ses cheveux lui fit parcourir d’un léger frisson. Pas par peur, non. C’était différent. Voir nouveau. « Mon père ? Je ne m’en vanterais pas, mais c’est effectivement ainsi que les conventions nous déterminent. D'ordinaire, les gens ne sont pas rassurés de l'apprendre. » Toutefois, elle avait raison quant à la nature de son impératif. Son commanditaire espérait certainement à le voir faillir. Par conséquent, il s’attendait aussi à ce que la fausse proie désignée s’en rende compte. Agissait-il en tant que simple coursier sans autre valeur ? Une manière détournée d’exposer sa descendance, peut-être. Ça ne collait pas non plus. S’il procédait souvent évasivement, il ne le faisait jamais gracieusement. « Quelle relation entretenez-vous avec mon père ? Vous êtes la première. Non. Il serait plus exact de dire que vous êtes la seule. » Lucius restait volontairement vague sur le sens de tels propos. Malgré le lien du sang qu’il partageait avec le Monarque, c’était un inconnu à ses yeux. Mais alors qu’elle plaça sa main sur sa joue, un élément extérieur sembla se déclencher, comme si un signal venait de lui être transmis. « Un souci ? » Son changement d’attitude constitua un premier retour. Lorsque la constriction décidait de cesser, l’adolescent en profita pour masser doucement ses mollets engourdis, son regard se perdant sur les mains de la rédemptrice. Il devait saisir ses conseils et rebrousser chemin. C’était la voie de la raison. Un credo qu’il suivait fréquemment en dépit du caractère atypique de ses deux parents.

Toutefois, un sentiment plus fort encore le poussait à ne pas le faire. Lorsqu’il se redressa, le jeune homme lacéra une partie de la manche qui recouvrait son avant-bras. Il forma un angle droit pour lui révéler la position de son tatouage. Le motif se voulait vivant, variant régulièrement de forme et de taille. L’actuel représentait trois serpents se querellant autour d’un œil clos. « Ceci prouve effectivement que je suis son fils légitime. Je n’ai pas tous les détails, mais seuls certains de ses enfants ont les prédispositions génétiques pour en hériter. Je n’ai pas encore rencontré mes autres frères, je ne peux donc pas faire d’hypothèses sans fausser les données. » La manche se referma par des lianes tissulaires en quelques secondes. Il engagea ensuite ses doigts dans ses cheveux, cheminant dans sa direction sans penser aux conséquences. « Vous auriez pu me tuer à la seconde où je vous ai défié. Vous n’êtes pas assez corrompue pour prolonger le supplice d’un enfant. Je ne repartirai pas les mains vides… Edwina. » Il déplia ses doigts pour révéler la présence d’une petite sculpture à l’intérieur de sa paume, celle-ci étant à l’image de la reine. Si pour la stratégie il était autodidacte et pour le combat son père un grand professeur, la culture lui était inculquée par une autre personne qui lui était chère. Il avait quelques notions, encore très pauvres, quoique précieuses à son état embryonnaire. « J’ai réussi à mettre la main sur l’un de ses trésors. Je ne sais pas ce que vous lui avez fait et honnêtement je m’en fous. Tout ce dont j’ai besoin c’est de votre aide. Les alliés de votre grandeur ne seront pas de trop pour le mettre à genoux. Qu’en dites-vous ? Êtes-vous prête à l’abattre ? » Au même moment, dans un monde inaccessible pour le commun des mortels, cette même scène se projeta sur la surface polie d’un miroir. Le spectateur avait l’air ravi.



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Jeu 19 Oct 2017 - 16:04

Edwina plissa les yeux juste avant d’attraper la statuette qui la représentait. Une fois en sa possession, elle l’envoya au creux de la rivière sans plus de cérémonie. Croisant les bras sur son buste, elle reporta son attention sur l’adolescent qui se trouvait en face d’elle. « Je n’ai pas besoin que vous me montriez un tatouage pour savoir que vous êtes son fils. Vous êtes aussi têtu que lui. ». Elle était toujours troublée mais le fait qu’il la reconnaisse avait pris le pas sur le reste. Elle ferma un instant les yeux en inspirant, n’ayant visiblement pas peur de l’engeance qui la fixait. Elle réfléchissait à ce qu’il convenait de faire tout en essayant de calmer cette impression qui s’était emparée d’elle depuis qu’elle avait vu ces scènes qui lui semblaient sortir d’une œuvre de fiction. Il lui avait susurré des mots qui l’avaient marquée mais elle n’avait aucune idée de comment les interpréter. Malgré tout, elle ne lui faisait pas confiance et sa proposition lui apparaissait comme suspecte. « Et, visiblement, vous aimez trop le danger pour votre propre bien. ». Elle passa sa langue sur ses lèvres afin de les humidifier légèrement. « Vous semblez penser que je suis l’ennemie de votre père et que je suis disposée à vous aider à le faire tomber. ». Peut-être qu’elle était en effet son ennemie et que son souhait était de le voir plier genoux devant elle, se soumettre à une paix perpétuelle pour le bien de l’humanité. « Seulement, je vais vous dire un petit secret. ». Ou peut-être qu’elle ne l’était pas. Elle s’avança donc jusqu’à l’oreille droite de Lucius en prenant particulièrement garde, cette fois, à ne pas l’effleurer. Une fois ses lèvres suffisamment proches, elle murmura quelques mots. « Je l’ai aidé à s’asseoir sur le trône. ». Elle se recula, admirant le visage du Démon. Elle ne risquait rien à le lui dire, non seulement parce que personne ne le croirait s’il le racontait, mais également parce qu’il pouvait toujours penser qu’elle mentait. « Il sait être convainquant tout comme vous devrez apprendre à l’être si vous souhaitez le voir sombrer. ». Elle tourna un instant la tête vers le bois, s’assurant que nul être ne les espionnait. « Je me demande d’ailleurs pourquoi vous voudriez le voir disparaître. Ne me dîtes pas que vous défendez la cause angélique sinon je serai obligée de me moquer de vous. ». Elle sourit, se mordant la lèvre pour éviter de rire. Pourtant, cet instant fugace disparut quand elle repensa à ce qu’elle avait vu.

Elle se racla la gorge, reprenant tout son sérieux. Elle ne pouvait envisager d’être sympathique avec lui. Il devait la trouver particulièrement ennuyante et inintéressante. La Magicienne le fixa des pieds à la tête. « Je ne sais pas quelle est votre intention. Tuer votre père pour prendre sa place ? Si tel est le cas, personne ne vous prendra au sérieux, vous êtes bien trop jeune. ». Elle savait pertinemment qu’il lui avait dit expressément de ne pas le juger à son âge mais c’était tout de même un fait. « Si vous voulez être Roi, tâchez au moins de finir votre croissance. ». Et il la finirait, elle l’avait vu d’assez près pour le savoir. La Belle passa une main dans ses cheveux, ramenant sa tresse sur sa poitrine. « Et puis, je n’ai rien à y gagner. ». Ce qui était vrai aussi. « Vous ne m’avez rien proposé en échange de mon aide et sachez que c’est une grossière erreur dans une conversation diplomatique. ». Malgré ses dires, elle avait à présent bien du mal à le considérer comme un enfant. C’était assez étrange car ce qu’elle avait ressenti durant sa vision semblait persister. La chose la rendait mal à l’aise. « Quant à votre père, j’avoue ne pas vous suivre. Je ne lui ai rien fait. ». Elle pensa furtivement au fait qu’elle avait sauvé des Anges à son insu mais il ne pouvait pas être au courant. Elle avait pris toutes les dispositions nécessaires, malgré l’urgence de la situation, pour que l’aide apportée soit discrète. « Cela fait des années que nous ne nous sommes pas vus et je n’ai strictement aucune idée de ce qu’il complote en Enfer. J’imagine qu’il doit se plonger dans les vices avec délectation et étudier le terrain pour détruire un énième peuple ; le quotidien de tout Démon qui se respecte je dirai. ». En réalité, elle savait pertinemment ce que faisait Zane mais il valait mieux ne pas évoquer la question de son obsession pour la vie du Monarque.

Après un petit sourire, elle se détourna légèrement pour regarder l’eau et le paysage. Elle n’avait aucune idée de comment le faire la détester et, quelque part, elle n'était pas sûre que cette solution soit viable. « Puisque vous ne souhaitez pas vous en aller, tâchez au moins de ne pas me désirer à l’avenir. » fit-elle l’air de rien tout en détachant ses cheveux. Elle espérait qu’il partirait, la trouvant trop étrange pour continuer cette discussion.

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Mer 25 Oct 2017 - 14:32


L’adjectif qu’elle employa pour souligner le point commun avec son père ne l’étonnait pas. Effectivement, il était obstiné, mais pas à cause de la génétique. C’était là une caractéristique indispensable à tous Démons pour la pérennité en Enfer. Ne jamais lâcher l’affaire instaurait un critère de bonne volonté à gravir les échelons. « Et vous êtes aussi cinglante que lui… à votre façon. Il ne s'agit pas d'une simple marque de naissance. Vous ne me prenez pas au sérieux, mais je ne peux pas vous jeter la pierre. » C’est ainsi que tournait le monde des adultes. La société se basait davantage sur l’expérience et les faits que sur de vaines paroles lancées en l’air. Quand bien même il disposerait d’un talent incroyable, il devrait trimer deux fois plus pour qu’on lui accorde de l'intérêt, au moins jusqu'à maturation. Ce n’était pas un problème. Lucius préférait qu’on le sous-estime plutôt que l’inverse. Si la réputation qu’elle traînait derrière elle s’avérait fondée, il devait tout faire pour la rafler en tant que soutien. Un personnage de ce calibre entraînait généralement plus de bénéfices qu’il n’apportait d’inconvénients. Pour acquérir la confiance, encore fallait-il passer du temps avec la principale concernée. Les mots qu’elle murmura à son oreille avaient sans doute comme intention première de le surprendre, voir le rebuter. Or ce n’était pas le cas. L’adolescent resta stoïque, comme si cette révélation n’en était pas une.

Levant les yeux en direction du ciel, le prince laissa un bref silence s’entremettre au milieu de leur débat. « Incontestablement. Malgré sa toute-puissance, certains combats sont perdus d’avance sans un bon partenariat. Par ailleurs, détrompez-vous si vous me pensez misogyne. J’ai la conviction que votre espèce est bien plus à craindre que la nôtre, c’est pourquoi je me détache rapidement de vous. » Il parlait bien évidemment des femmes pour qui il éprouvait une véritable considération. Elles étaient bien supérieures à eux sur bien des plans. Il ne mentait pas en reconnaissant qu’il les appréhendait. Aussi singulier que cela puisse paraître, Lucius était honnête autant qu’il était cruel. Il frotta sa nuque, la mine embarrassée. « Désolé si je vous ai cassé l’effet de surprise. Ce n’était pas mon intention. » D’un air impassible, il scruta rapidement le paysage avant de retourner son attention sur son interlocutrice. Elle s’interrogeait sur ses convictions, et surtout ses motivations. Beaucoup lui auraient effectivement ri au nez, et ce pour diverses raisons. Toutefois, elle semblait sincèrement s’intéresser à son cas. « C’est purement personnel. Je ne crois pas avoir évoqué un seul instant vouloir prendre sa place. Mon père m’a élevé ainsi. Il m’a… façonné dans l’objectif final d’un régicide. Ne me demandez pas pourquoi, vous devez savoir à quel point il est tordu. Si j’avais en ma possession un traducteur, je ne serais pas paumé ici avec une femme qui me fait languir. » C’était en partie ce qui l’animait. Bien qu’il exagérât, Lucius avait beaucoup de désaccord avec lui. La façon dont il gérait le peuple des Démons était perfectible. Et puis d’une certaine manière, ils se repoussaient et s’attiraient comme les deux pôles d’un aimant.

Disposant sa main horizontalement devant lui, un papillon se posa sur son index. Une scène qui pouvait sembler inhabituelle, bien que compréhensible compte tenu de la disparition de leur aura maléfique. « Je suis de votre avis. Personne ne peut prendre au sérieux un nourrisson. Toutefois, c’est quand ils commencent à marcher qu’on doit être le plus vigilant. » L’insecte s’envola au même moment où un poisson frétilla dans l’eau, captivant par la même occasion son regard. Il écoutait la femme tel un élève discipliné, bien loin des préjugés qu’on pouvait avoir de son peuple. « Vous y perdriez moins qu’en l’état dans tous les cas. Qu’importe ce que vous prétendez, votre relation n’a rien qu’on puisse juger de saine. Je suis certes un morveux, mais “ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants” est une conclusion qu’on ne trouve que dans les contes. Seule la mort de l’un d’entre vous peut vous libérer. » Il disposait de deux choses qu’elle n’avait pas ou plus, le recul ainsi que ce lien très étroit avec Zane. De plus, il était né lors d’une ère nouvelle. Porteur de l’espoir d’une génération future, c’est eux qui conduiraient la prochaine, et ainsi de suite.

Le jeune homme avança jusqu’au rebord du lac, contemplant son reflet sur la surface de l’eau. « Ce n’est pas une vie aussi simple que vous le pensez. Le noir et le blanc sont des concepts abstraits qu’il vaut mieux laisser de côté pour les discours moralisateurs. Vous n’y avez jamais mis les pieds n’est-ce pas ? En fait, c’est bizarre. Quand je suis parti de chez ma mère, c’est car je savais que je n’étais pas à ma place. Je ressentais une sorte de manque. Maintenant que j’y vis, j’ai l’impression que ce vide a été comblé pour en ouvrir un autre. Surprenant, hein ? » Pour ne pas dire complètement curieux. Enfin bref, il n’était pas ici pour parler de sa vie. Elle avait sûrement mieux à faire. Pour autant, Lucius ne comptait pas partir sans profiter de l’eau. Il lui fallut quelques secondes pour abandonner le haut de sa tenue pour plonger le nez dans le lac, sa tête remontant à la surface en agitant sa belle crinière. « Sans vouloir vous vexer, vous êtes un peu trop vieille pour moi. Cela dit, je crois comprendre pourquoi il vous apprécie. En dépit de ses défauts, il a toujours eu bon goût. » Il maîtrisait au moins la flatterie aussi bien que lui. Et tandis qu’il s’amusait à propulser de l’eau avec ses lèvres en cœur, il pensa à lui adresser un dernier message. « Je ne vous demanderais jamais de me faire confiance. Au contraire. Toutefois, vous savez où me contacter en cas de besoin. Nous nous reverrons très prochainement, j’en suis sûr. N’oubliez pas qu’une graine bien entretenue peut donner naissance à une très belle fleur. » Il ne lisait pas en l’avenir. Il écrivait uniquement le sien.


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Mer 25 Oct 2017 - 16:08

Les yeux d’Edwina admiraient la surface de l’eau au moment où Lucius s’avança. Elle perçut son regard. Il ne regardait que lui alors qu’elle les fixait tous les deux. Elle était à présent convaincue qu’il ne partirait pas et qu’elle devait sérieusement considérer son offre. La réponse à la question qui se posait restait néanmoins à déterminer : aux côtés duquel devait-elle se trouver ? Et, surtout, eu égard à ce qu’elle avait vu, aux côtés duquel souhaitait-elle se placer ? Le futur probable pouvait s’avérer être un parfait menteur et elle n’était pas qu’une femme. Elle gouvernait tout un peuple qu’elle se devait de protéger au mieux. Les Démons étaient aujourd’hui dangereux et si cet adolescent pensait réellement à renverser son père, si Zane avait la folie de l’élever pour cela, alors il ne s’agissait pas simplement d’une lubie passagère dans l’esprit de Lucius. Elle pinça ses lèvres, se laissant aller à sourire devant les pitreries de l’engeance maléfique. Il était, de toute façon, trop tôt pour prendre une décision. Il y avait d’ailleurs sans aucun doute une nette différence entre ce qu’elle désirait au fond d’elle et ce que son devoir lui imposait.

Edwina fit un pas de plus vers l’eau l’air de rien, répondant à la dernière phrase du Démon. « Vous savez comme moi que les plus belles fleurs sont souvent les plus dangereuses. ». À l’image du jeu auquel il jouait. Le tout était de savoir si elle accepterait de valser avec lui pour renverser les pièces maîtresses qui se trouvaient déjà sur le plateau. Après quelques secondes de silence, elle s’avança de nouveau et disparut un temps, réapparaissant toute habillée en face de Lucius. La différence de température la fit frissonner. Proche de lui sans pour autant qu’aucun de leurs membres ne se touchent, elle l’observa un temps en silence avant qu’un petit sourire joueur n’apparaisse sur ses traits. « Désolée de vous décevoir mais en l’état actuel des choses, c’est à moi de décider de l’instant où cette entrevue se terminera. Quant aux règles entourant notre seconde rencontre, il me semble également pouvoir en disposer. ». Elle avait eu une idée afin de tester ses prétentions, quelque chose qui les mettrait, certes, tous les deux en difficultés, tout en lui conférant un avantage certain. « Si nous devions nous revoir à l’avenir alors je souhaite que notre rencontre ait lieu au cœur même d’Utopia. ». Elle pencha la tête en arrière afin de mouiller ses cheveux, laissant tranquillement l’idée du rendez-vous prendre place dans les pensées de Lucius. Quand ses yeux se posèrent de nouveau sur lui, elle précisa. « C’est un risque que vous devrez prendre si votre désir reste le même me concernant. Et ne tirez aucune conclusion hâtive de cette proposition. J’ai entendu vos propos et je vous les retourne : ne faites pas l’erreur de me faire confiance ou de me croire vôtre, sous aucun prétexte. Mes pieds ont foulé des terres bien plus sombres que l’Enfer, en des temps qui vous auraient anéanti avec une facilité déconcertante. Vous avez de la chance d’être né à une époque nouvelle où votre peuple jouit d’une certaine autorité et où le futur semble peu enclin à nous réserver une guerre totale. ». Elle était tout à fait sérieuse, ce qui changeait de l’image de la Reine ingénue qui lui collait à la peau. Elle essayait pourtant de ne pas penser à sa vision. Le comportement précédent du Démon l’y avait aidé, considérablement. « C’est vous qui me contacterez et non l’inverse ; uniquement lorsque vous commencerez à marcher. » fit-elle en réponse à l’image qu’il avait emprunté précédemment.

Se rendant compte qu’elle était un peu trop sérieuse, malgré toutes ses bonnes résolutions le concernant, elle finit par lui sourire. « J’espère que la vieille femme que je suis ne vous effraie pas trop. Je profite simplement du nourrisson que vous êtes pour asseoir mon autorité avant qu’il ne soit trop tard. » murmura-t-elle en plaisantant, tout en ayant parfaitement conscience qu’il y avait une part de vérité là-dedans. Une fois qu’il aurait grandi, les choses seraient différentes. « N’oubliez pas de me ramener mes affaires la prochaine fois que nous nous verrons » dit-elle en désignant les quelques vêtements qui traînaient sur la berge. « Sans les ensorceler bien sûr ; je compte sur votre bonté. » précisa-t-elle sur le ton de l’ironie. Après ces quelques mots, elle leva un bras en l’air, semblant attendre que quelque chose se produise. « Oh, encore une chose, ne restez pas trop longtemps dans l’eau. Des orages sont à prévoir… ». Le ciel était bleu, aucun nuage ne troublant l’horizon. La Reine, tout en riant, envoya de l’eau dans la face de Lucius alors que descendait vers eux une bête différente de celle qui l’avait amenée ici. Elle ne l’avait pas prévu de base mais, après tout, elle devait soigner ses sorties. Elle disparut et réapparut sur le dos du dragon venu la chercher et le ciel commença à se couvrir avec une étonnante facilité, de gros nuages noirs ne tardant pas à montrer leur mécontentement et à lancer des avertissements à ceux qui feraient l’erreur de les sous-estimer.

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Mar 7 Nov 2017 - 0:23


Les yeux écarquillés, il se fit surprendre par la Reine, qui en un battement de cils se positionna devant lui. Ce pouvoir en sa possession ne cessait de l’ébahir, mais il devait rester le plus austère possible pour garder le peu de contrôle qu’il disposait. Seulement voilà, pouvait-il simplement répliquer quoique ce soit en sachant qu’elle avait pertinemment raison ? Choisir Utopia comme prochain lieu de rendez-vous lui semblait toutefois quelque peu surprenant. Elle avait beau détenir une magie incommensurable, même la sienne serait troublée là-bas. Quant au fait de savoir si elle se débrouillait aussi bien dans le maniement de l’arme que tout le reste, il en doutait sincèrement. L’une de ses hypothèses exigeait qu’elle le fasse sciemment pour sa propre sécurité. Quoi qu’il en soit, il n’avait pas son mot à dire. Les conditions étant énumérées, il les accepta par manque d'options. « Je répondrais à vos désirs du moment que j’ai encore une chance d’obtenir ce que je souhaite. Il faudrait être fou pour hasarder de négocier avec quelqu’un tel que vous. Je ne suis pas de taille… pour l’instant. » Cette dernière remarque sonna davantage comme une prédiction tandis que son regard qui jusqu’alors évitait de croiser le sien osa l’affront de la défier.

Il ne se laisserait pas intimider aussi facilement, et ce même si tous les arguments qu’elle alignait ne pouvaient être contestés. Plongeant ses mains dans l’eau pour l’appliquer à son visage afin de se rafraîchir, le jeune homme agita frénétiquement la tête en effectuant quelques brasses arrière pour s’éloigner de la femme. Plus il était à distance, mieux il se portait, même si elle était en mesure de le rejoindre en un éclair. « Quel mal y’a-t-il à avoir de la chance ? Tout est relatif. L’important c’est de savoir saisir cette chance et de s’en servir avec parcimonie. Si nous étions tous nés sous la même étoile, l’équilibre en prendrait un sacré coup. Je compte bien jouir d’une telle aubaine, et ne vous en déplaise je devrais fournir le même travail que vous pour atteindre ma cible. » Et puis il n’avait que faire des guerres qui pouvaient ou non se déclencher. Ce monde était voué à vivre éternellement dans le chaos. La paix en tant qu’idéal utopique ne verrait jamais le jour. De toute façon, c’était mieux ainsi.

Après quelques conseils supplémentaires visant à le garder dans un enclos duquel il ne pourrait pas s’échapper sans prendre d’énormes risques, le visage de cette femme lui paraissait plus limpide que jamais. D’une certaine manière, elle parvenait parfois à l’effrayer autant que son père. Sauf que pour l’un des deux, il y était apprêté depuis la naissance. Elle… elle semblait jouer un rôle à la perfection. Son intuition lui recommandait fortement de ne pas manquer le coche, sans quoi il serait roussi sur place. L’adolescent chassa cette mauvaise impression de son esprit, la mâchoire serrée du fait qu’il était tendu par l’éclaboussure presque humiliante, mais à la fois soulagé de la voir s'éloigner sur le dos de son dragon. Lorsqu’il retourna sur le rivage pour sortir de l’eau, la chaleur qu’émit son corps vaporisa le liquide ruisselant en quelques secondes. Il se rhabilla lentement malgré la pluie qui s’effondrait sur lui. Il n’était pas dérangé par les changements de saisons aussi brusques. Avant d’emporter les vêtements avec lui, il les observa un instant, poussa un soupir et s’exécuta. Mais alors qu’il s’apprêtait à invoquer le portail de l’Enfer, il sentit une présence derrière lui. Ses sens d’assassins déclenchèrent immédiatement ses réflexes, expulsant une lame avec une précision redoutable. Ce fut un échec et une surprise quand il vit que la gueule de la bête l’avait intercepté sans peine. « Krog ?! Que fais-tu ici ? Ne me dis pas que mon père t’a envoyé me surveiller ? Certains de ses sujets sont plus… effacés pour ce job. » L’énorme loup renvoya machinalement l’arme vers son propriétaire. Sa fourrure humide formait une imposante crête.

Il s’avança à hauteur de l’enfant, lui faisant signe de grimper sur son dos. « Je dois faire un détour, et comme tu étais dans les parages, j’en ai profité. » Il chevaucha le colosse en empoignant ses poils, Krog engageant alors vivement la course. « Que sais-tu à propos d’elle ? » Il n’émit aucune réaction et modifia sa taille afin de prendre appui sur le tronc des arbres qui lui procurèrent davantage de vitesses. « Il y a quelque chose que tu dois savoir. Cette femme a… atteint ton père. D’une façon ou d’une autre. Son comportement parfois douteux quand certains sujets sont évoqués s’est manifesté après leur dernière rencontre. Il ne sait ni comment le rompre ni comment y échapper. » « Est-ce si difficile de lui poser directement la question ? Et j’aimerais bien savoir pourquoi tu me racontes ça. C’est pas mon problème. » « Car c’est toi qui vas devoir découvrir la vérité. Désolé, mon p’tit gars, mais tu es celui dont elle se méfiera le moins. J’ai entendu votre conversation et nous allons jouer de ça. » « Très bien, mais qu’est ce que j’y gagne si je réussis ? » « La liberté. » Ce mot évoquait une volonté longtemps désirée. « Qui d’autre est au courant ? » « Tu es le quatrième et le dernier à être dans la confidence. » « Qui… » « Nous sommes arrivés. » Une petite cabane aux couleurs mortes était boisée là au milieu de nulle part. Plein de questions lui venaient en tête. Un homme aux longs cheveux argentés pointa le bout de son nez pour les mettre de côté. « Seth ? » « Prêt pour ton apprentissage ? Ça ne va pas être de la tarte, je te préviens. » Comme toujours.


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Soyez prêt(e)s pour le coup le plus génial [Pv Lucius]

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