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 Vérité, vice, vengeance [Libre - PV Thémis | Léto]

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Sam 05 Nov 2016, 21:22


Jadis un manoir, aujourd'hui des ruines. Empreinte des troubles mortifères caractéristiques de notre ère, la demeure de Tatiana Schwarzen revêtait l'apparat d'un mausolée dépossédé de ses biens. Du vestibule aux chambres, les pièces autrefois imposantes et soigneusement ornementées incarnaient à présent vide et désolation. La bibliothèque avait été spoliée de son essence, le jardin laissé à l'abandon. Ce que Kiyuri et moi-même n'avions pu récupérer avait été pillé ; toute valeur avait été destituée de ces lieux. Le triste devenir des possessions de sa maîtresse chagrina la Mur, contrastant avec son stoïcisme ordinaire. L'exception sentimental ne dura point, mais n'en demeurait guère moins surprenante. Rares étaient les expressions faciales de ma dévouée servante tant son visage se caractérisait usuellement par l'hermétisme. La mort suintait de ces murs et rompait son imperméabilité. Nul doute : l'heure était à la justice… ou à la vengeance.

L'affaire nous concernait tous deux ; nous coopérions main dans la main. Aucun mensonge ne devait être énoncée lorsque Thémis se présenterait. Il était vital que nous dépeignassions les faits sous un angle favorable. Subséquemment, nous révisâmes les lignes de nos discours respectifs, envisageâmes les détours éventuels. Je n'avais rien à me reprocher moralement, et doutai que la Mord'th n'entrât en désaccord avec la globalité de mes actes et du récital que je planifiais. Une exception persistait, cependant, dans la course-poursuite d'un des assassins. J'étais parvenu à le capturer, le maîtriser, l'interroger. Puis, j'avais prononcé ma sentence et procédé à l'exécution sans autre forme de procès. Je savais que cette dernière décision détenait un potentiel préjudiciable à ne point négliger, et m'étais accordé, de ce fait, avec Kiyuri sur un exposé habilement épuré. La culpabilité d'Alexender, établie au cours de l'interrogatoire de l'exécuté, pouvait notamment se justifier par une méthode alternative non mensongère. Je m'en remettais pleinement à ma domestique pour ce faire.

 « Décris-moi la scène. »  « Ils étaient quatre, nous ont pris par surprise. Je m'occupais des plantes et me suis cachée derrière un arbre dans la précipitation. Ils se sont directement rués et ont attaqué ma maîtresse. »  « Qu'ont-ils dit ? »  « Qu'une embarcation les attendait, le soir, qu'ils devaient rejoindre leur commanditaire. » « Comment sais-tu qu'il s'agit d'Alexander ? » « Eh bien tout d'abord... » Kiyuri tira la liste de noms, pièce à conviction cruciale appartenant à la défunte. Toutes ses réponses m'apparurent raisonnablement spontanées tout en gardant une composante naturelle essentielle pour qu'on ne suspectât ni une hésitation bancale ni un exercice inlassablement répété. Je doutai qu'on nous reprochât d'avoir mis les faits au clair, d'avoir ressassé l'étendue de nos connaissances dans l'optique de notre entrevue, et donc d'afficher une certaine assurance dans l'énonciation du récit. L'important était d'apparaître convaincant, sinon sincère.

Ce petit jeu nous permit notamment d'écouler le temps nécessaire à la venue de la Mord'th. Les souvenirs de ma jeunesse humaine avaient beau m'apparaître nébuleux et distants, je reconnus sa chevelure immaculée et son faciès impénétrable. Il ne pouvait y avoir erreur. Je m'avançai dans sa direction, présentant une révérence solennel.  « Dame Thémis, je présume ? Je suis honoré de vous recevoir et vous prie d'excuser le cadre lugubre que je vous présente. J'ose espérer que votre voyage s'est convenablement déroulé. » Quelques chaises ignorées par les vandales avaient été rassemblées par Kiyuri. J'invitai la vassale de la Justice à prendre place, usant mécaniquement de formules de politesses.  « Je suis navré de ne point disposer de rafraîchissement à vous offrir. Voici Kiyuri, domestique de feu Dame Schwarzen. Elle est témoin de l'assassinat. » La Mur demeura impassible, se contenta de hocher la tête en guise de salutations timides. Nous nous doutions que ces fioritures verbales n'étaient guère destinées à durer, que l'heure serait bientôt à l'interrogatoire. Nous y étions parés, n'attendions plus que son émergence.

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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Latone
Dim 13 Nov 2016, 17:53

Les émeraudes draconiques observèrent la biomasse du fameux pôle commercial évoqué dans la lettre du Von Wyvernzern. Le chahut des marins piétina la patience lancinante de la Mord’th, alors que son escorte peinait à terminer les préparatifs pour ce qu’il semblerait être un trajet difficile à supporter. Cela faisait bien des années que Thémis se méfiait des Marcheurs, depuis la toute première fois que son amie lui en est parlée ; puis ses interactions répétées avec eux jusqu’aux prairies givrées de l’Edelweiss enneigé accentuèrent ses craintes à leur égard. Pourtant, elle devait bien admettre qu’ils étaient efficaces dans ce qu’ils entreprenaient, notamment lorsqu’il était question de diriger une caravane toute entière, gorgée de vivres et autres richesses marchandes. Pour aujourd’hui, ils n’avaient besoin que d’une modeste diligence pour amener la Mord’th à bon port.

" M'dame… Elle posa un regard un brin trop dédaigneux sur le rustre montagnard, qui maugréa dans sa barbe quelques basses remontrances avant de continuer. On est prêt à partir.
- Bien. " D'aucuns diront qu'elle tenait son nouveau rôle beaucoup trop à cœur, mais en réalité elle était retournée à son essence primaire, sa véritable facette : Thémis Colechæ, Mord'th de son état.

La demoiselle se retint d'adresser le moindre regard au reste de son escorte. Ce n'était pas de leur faute au final, c'était elle qui était – et qui avait toujours été – si impassible envers son entourage. Le plus ironique, c'était qu'ils n'auront même pas le loisir de s'y habituer, mais ceci était une autre histoire. Pour le moment, la Mord'th profitait pleinement de leur service pour se rendre jusqu'à leur prochaine destination : le val du Bois Chantant.

En son for intérieur, Thémis regrettait la nouvelle condition du jeune Reddas. Outre le fait que son peuple actuel était dans une situation des plus précaires, elle aurait voulu renouer avec cette famille sous ses plus beaux jours. Se rendre de nouveau à Varda ne lui aurait pas déplu, voire même s'enfoncer davantage dans les dunes désertiques pour rejoindre Utopia. Elle connaissait les Von Wyvernzern comme des Humains, et la voilà à revoir le descendant en tant que buveur de sang… Thémis ne se voilait guère la face : elle se méfiait de Reddas, car il n'était plus le garçon qu'elle avait connu auparavant, durant sa vie de misérable à peine plus propre qu'une gouvernante. Maintenant c'était un homme fait et au sein d'une société floue aux yeux de la justicière. Quasiment tout était à recommencer entre eux, c'était une certitude, et les circonstances n'étaient point propices aux mondanités.

La diligence prit un violent virage à mi-chemin. La cabine étant cernée par des rideaux de velours, Thémis en conclut que les Marcheurs avaient dû prendre la direction de l'Ouest, et qu'ils étaient donc bientôt arriver. La blanche n'osa pas jeter un œil dehors tout le long du trajet, le paysage – lugubre selon certaines sources – ne l'intéressait clairement pas. D'autant plus qu'elle aura son lot d'épouvante une fois arrivée, puisqu'ils cherchaient à atteindre un manoir abandonné, fraîchement dépouillé de ses biens et de ses propriétaires. Ses poils s'hérissèrent lorsque la température chuta drastiquement, ils empruntaient à présent les hauteurs ; et c'était là que Thémis espérait se servir de l'expertise des Marcheurs. Habitués à sinuer les routes bancales des montagnes, ces guerriers n'en étaient pas à leur première expédition. Ainsi, ils localisèrent rapidement la fameuse demeure, dépourvu de lumière et quasiment ensevelie sous le courroux hivernal. Avant de sortir, l'inquisitrice revêtit son épais manteau de fourrure blanche, parfaitement accordé avec le reste de son apparat immaculé.

" Nous y sommes. Lui signifia le balourd une fois qu'elle descendit de son piédestal. Un autre les prévint qu'il y avait apparemment deux personnes à l'intérieur ; c'était dans leurs habitudes de s'adonner à la reconnaissance en terrain si inhospitalier.
- Je vous remercie pour vos efforts. Et vous prie de ne pas m'accompagner. " Ils acquiescèrent silencieusement, l'austérité dans leur regard prouvait qu'ils se seraient bien passés de la suivre davantage.

La porte principale se referma derrière elle sous la force du blizzard naissant. Cela lui faisait toujours aussi drôle de porter cette rapière avec sa longue robe, mais elle n'était plus une déchue qui tentait de se cacher derrière de futiles noblesses : elle était une Mord'th, aussi charismatique qu'impitoyable. Thémis ne fit qu'à peine quelques pas au sein des ruines avant de tomber sur ses hôtes. La demoiselle qui tenait compagnie au Vampire lui était inconnue, mais ce dernier portait bel et bien les traits enfouis dans sa mémoire. Il a bien grandi. Sans vraiment le vouloir, la blanche sourit lorsque son regard croisa celui de Reddas, son imagination ayant superposé un bref instant la silhouette de l'enfant de jadis sur l'adulte d'aujourd'hui.

" Je suis ravie de vous revoir, sire Reddas, bien que les circonstances de nos retrouvailles soient dramatiques. Elle accompagna sa révérence et le remercia pour la chaise, même si celle-ci était harmonieuse avec le cadre morbide. Elle prit place et écouta attentivement la suite de son discours, sans jamais les lâcher du regard. Ne vous faites pas un sang d'encre pour les boissons, d'autant plus que nous ne sirotons pas le même type de vin. Avec cette simple phrase, elle espérait bien que Reddas se souvint du franc-parler si propre à la Mord'th. Malgré tout, le faciès de cette dernière reprit une teinte neutre et ses pupilles verdoyantes s'attardèrent sur la fameuse Kiyuri. C'est un plaisir de vous rencontrer. Elle laissa planer un léger silence, le temps de jauger brièvement la domestique. Faites-moi part de votre témoignage, je vous prie. Et par la suite, j'aimerais que vous me parliez de Dame Schwarzen. Elle lança un bref regard à l'attention du Vampire. Vous aussi. " Thémis voulait connaître la victime sous la plus grande partie de ses facettes, deux points de vue différents étaient toujours bons à prendre pour les besoins d'une enquête.

980 mots ~



By Jil ♪
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Mar 15 Nov 2016, 01:05

Implacabilité et impartialité constituaient de maîtres mots chez les dévots de la justice. Cet apophtegme, rappelé par la réplique de Thémis, se matérialisa dans la froideur qu'elle afficha dans un désir de concordance avec sa neutralité. Rhétorique pugnace et formules grandiloquentes représentaient de désuets recours. Seul l'argumentaire rationnel primait, fût-il empli de conjectures. Conformément à l'exercice, j'écartais le levier de la persuasion sentimentale. Une conviction authentique, basée sur un énoncé limpide des faits, m'assurerait le soutien de la Mord'th. Tout autre modus operandi serait vain, sinon pernicieux.

Kiyuri le savait tout autant que moi. Sa nature la prémunissait cependant de toute tentation. Régie par l'apanage de la discrétion, elle hocha légèrement la tête et s'enquit d'une réponse brève.  « C'est un honneur. » Elle m'adressa ensuite un regard, en attente d'un signal suite aux directives de notre invitée. D'un signe de la main, je conviai ma domestique à entamer le récit.  « Je t'en prie Kiyuri, commence donc. » L’œil attentif de notre convive ne m'échappa guère. En accord avec nos expectations, la prudence dicterait la mesure de la narration. La hâte était à proscrire, consigne davantage valable pour ma personne qu'envers la Mur. Cette dernière prendrait son temps, je n'en avais doute. Elle inspira et entreprit de relater les faits d'un air constant et terne, doucement empreint de tristesse.

 « Le meurtre remonte à une lune et demie. Je m'occupais de mes tâches usuelles, du jardinage plus précisément pendant que Dame Schwarzen m'observait. Elle attendait l'arrivée de sire Reddas, qui ne devait tarder. En entendant du bruit à proximité du parvis, ma maîtresse s'y dirigea, en m'indiquant de poursuivre mes tâches. Ce fut à ce moment-là qu'ils surgirent. Ils étaient quatre, nous ont pris par surprise. Je m'occupais des plantes et me suis cachée derrière un arbre dans la précipitation. Ils se sont directement rués et ont attaqué ma maîtresse... » Une pause, impérieuse au deuil. Du regard de Kiyuri, bien que vague, suintait l'ire et la culpabilité.  « J'ai été faible, prise au dépourvue, incapable d'agir. Je savais qu'il était trop tard et je suis restée cachée. J'aurais dû la protéger... » L'écart bref s'estompa aussitôt. Elle se ressaisit, laissant le flot morne de l'énonciation reprendre son cours.  « Je suis désolée, j'ai digressé. Les assassins sont entrés dans le manoir et l'ont brûlé. Ils ont eu une brève discussion avant de se disperser. Sire Reddas est arrivé ensuite. » Je gageai que le flambeau me revenait. Le portrait de Dame Schwarzen patienterait.  « Ruines et désolation marquèrent mon arrivée tardive. Je ne pus constater, à mon désarroi, que le trépas de mon hôte ; les meurtriers s'étant déjà éclipsés. Kiyuri me remit une liste de noms, précieusement conservée par ordre de ma Dame. Cette pièce à conviction constitua le ciment de notre investigation. Il s'agit d'un précurseur à l'établissement de la culpabilité d'Alexander. Kiyuri, je te prie... » Occultant stratégiquement le détail de mes actes après mon arrivée, j'esquivai la course-poursuite et surtout sa funeste et fâcheuse conclusion. J'escomptai que l'habile détour ne nous valût point d'injonction à la précision, qu'elle fût noyée par les apports d'intérêt subséquents, nommément la preuve et l'accusation. Ma domestique présenta la liste des suspects qu'il fallait exécuter selon les prérogatives du coup d’État de Silas. Le patronyme que j'avançais était souligné vivement.  « Dame Schwarzen l'a remise à Kiyuri quelques jours précédant sa mort. Elle recense des mécréants, ennemis du royaume. Je devais entrer en sa possession si « le pire venait à lui arriver ». Nous suspectons qu'Alexander se savait recherché. »

L'heure était venue de dépeindre la Lasombra. Mon alliée rajouta une précision relative à la liste.  « Elle est telle que Dame Schwarzen me l'a passée. », enchaîna avec le portrait.  « Ma défunte maîtresse chassait, par ordre de sa hiérarchie, ceux qui pouvaient troubler l'ordre légitime en place. Elle comptait faire de Sire Reddas un bras exécutif, car elle estimait que ses pérégrinations sur le continent l'avaient rendu prêt à servir les Lasombra. Elle a toujours été respectueuse de son clan, et opérait discrètement, tant ses fonctions l'imposaient. Son implication n'était pas forcément notoire, mais avec le coup d’État, certains de ses « alliés » auraient pu retourner leur veste et divulguer ses activités. » Un nouveau silence, permettant à la Mord'th d'assimiler le flux d'informations. J'apportai ma propre vision.  « Ses occupations m'étaient également inconnues. Dame Schwarzen scandait disposer de « projets » à ma mesure, sans qu'elle ne me précisât le contenu. »

Pause finale. Les faits avaient été décrits, la victime présentée. La circonspection nous conviait à ne point nous imposer dans l'échange, de patienter selon le bon vouloir de la juge. Seule une modeste suggestion brisa la règle.  « Nous pouvons, si vous le souhaitez, vous présenter d'autres éléments corroborant notre hypothèse. » Cette proposition n'était point exempte de stratégie. En nous positionnant activement sur l'exposé des indices plutôt qu'en y répondant défensivement, nous pouvions davantage nous permettre d'occulter les éléments potentiellement gênants aux yeux de Thémis. Jusqu'alors, nous avions tous deux énoncé des faits véridiques. Il serait regrettable de s'écarter à cette prouesse.

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Vérité, vice, vengeance [Libre - PV Thémis | Léto]

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