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 ➤ Quête - Le marchand de sable [Avec Callidora]

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Jeu 30 Juin 2016, 01:10


Les sabots frappaient le sol dans un tapis poussiéreux s’élevant haut au-dessus de la forêt. Rapide comme le vent, le déploiement de la garde Dhitys battait les chemins du territoire des béluas dans une procession tapageuse écartant sans ménagement les autochtones de leur chemin. Ecumes au vent, les chevaux entrainaient les gardiens dans une course folle, longeant le labyrinthe verdoyant des abords du rocher aux claires de lune pour déboucher sur une plaine baignait de quiétude. Leurs armures scintillaient aux reflets du soleil dans des cliquetis sonnant leur arrivée triomphale. Ils étaient la lueur d’espoir dans les ténèbres qui avait envahi depuis quelques jours le petit village dans lequel ils se rendaient. Étendards hauts , clairon raisonnant contre les remparts, les habitants s’empressèrent d’ouvrir les portes dans des cris galvanisants.
Perché sur les hauteurs d’un chemin de ronde Helly observait cette mascarade d’un oeil désintéressé. Le bruit des disparitions successives semblait être enfin prises  au sérieux. Depuis quelques jours, la bélua observait sans comprendre quelle malédiction frappait ce village. Les enfants disparaissaient, emportés un à un durant la nuit, sans trace et sans cri, ne laissant rien comme piste que le triste constat de leur absence et les larmes des parents éplorés. Si Helly pensait qu’en restant transformée, elle aurait plus de recul et pourrait démêler les fils de ses mystères, elle comprit bien vite que l’affaire était bien plus sérieuse qu’il n’y paraissait. Les gardes dépêchés sur place passèrent la nuit à monter la garde, fouillant chaque maison, cherchant des traces de sort, étudiant la moindre variation de magie qui pouvait être à l’origine de ce fléau. Les habitants furent tous rassemblés au centre du village pour une surveillance accrue. Un système parfaitement légitime que tous comprirent, se refusant même à dormir pour mieux comprendre ce qui endeuillait leur village. De son perchoir, Helly avait une vision dégagée des lieux. Rien ne pouvait se dérober à son regard de faucon et si quelque chose lui échappait jusqu’à présent, avec le piège mis en place par la garde Dhitys, elle était certaine de trouver ce qui se passait durant la nuit. La lune s’éleva haut dans le ciel éclairant les toitures et faisant disparaitre les ombres des recoins du village. Entourés par des flambeaux, les habitants somnolaient les uns contre les autres, serrant leurs progénitures de peur de les perdre alors que les gardes veillaient armes au poing, prêts à toutes éventualités. L’attention d’Helly était à son apogée, consciente de chaque bruit de la nuit, chaque mouvement, confiante en leur réussite lorsqu'un cri résonna faisant s’envoler tout espoir. Deux mères s'étaient redressées en hurlant. Leurs enfants venaient de disparaitre de leurs bras sous le regard médusé des habitants. Des gardes rompirent leur position pour contenir les femmes et les maris en état de choc. Helly n’avait rien vu. Des cris s’élevèrent à l’opposé de l’attroupement. « D’autres disparus… » Une hécatombe qui força Helly à s’envoler, survolant cette scène de désolation. Elle se mua en humaine au détour d’une ruelle dans le chaos et le désespoir de chacun. Les gardes n’avaient rien pu faire et l’incompréhension et l’amertume se lisaient dans leur regards défaits. La bélua s’arrêta devant une mère à genoux sur le sol. Les yeux dans le vague, ses bras étreignaient la couverture encore tiède de son enfant. Helly sentit son coeur se serrer. Sa gorge se noua douloureusement alors qu’elle posait un genou sur le sol pour se pencher vers la femme immobile. Si Helly ne compris pas tout de suite les murmures de la femme dans la cohue ambiante et les cris de lamentation, elle s’aperçut bien vite qu’il s’agissait d’un prénom répété en boucle, comme une incantation tentant vainement de garder ce qui restait de l’enfant. Les yeux de la bélua se troublèrent alors qu’elle retenait son souffle. Une silhouette s’avança vers elle pour s’arrêter au-dessus d’elle. Une femme l’observait dans un regard rempli de détresse.

- Je vous ai vu… Vous êtes le faucon perché depuis trois jours sur la tour de guet. Ma fille… Ma fille vous a apporté à manger…

Helly baissa sa tête se rappelant de l’enfant et de ses fruits. Son sourire lui revint en mémoire avant de la faire douloureusement déglutir.

- Vous êtes une bélua… souffla la femme d’un voix tremblante.

Helly acquiesça sans un mot. Son corps devenu lourd de culpabilité peina à se redresser pour faire face à la mère larmoyante.

- Vous avez vu ce qu'il s’est passé? De là où vous étiez…

Helly ferma les yeux. Elle avait été tout aussi impuissante que les gardes Dhitys. Il n’y avait rien à voir dans ce monde, c’était comme si les enfants disparaissaient par magie… Sans aucune trace. Un sort bien plus fort que tout ce que l’on pouvait imaginer et que même les gardiens ne pouvaient expliquer. Helly serra sa mâchoire et ses poings. La vision du chaos et du désespoir de ces familles lui soulevait le coeur. Une petite main se glissa dans la sienne la faisant frissonner. Le regard de l’enfant implorant à ses pieds transperça son coeur qui sembla déverser en elle une onde brulante qui irradia son corps d’un secret espoir. La bélua serra ses doigts sur cette main fragile. Elle descendit lentement vers lui tandis que ses lèvres s’étiraient dans un léger sourire.

- Je ne vois qu’une solution… Accepterais-tu que je partage ta chambre pour cette nuit? Demanda-t-elle au petit garçon.

L’enfant lui répondit d’un sourire alors que la mère hésitait à reprendre.

- Nous pensions l’amener loin du village… si lui venait à disparaitre comme sa soeur…

Helly aquiéça en se redressant.

- S'il y a un moyen de ramener votre enfant… Je le ferai.

Des pas derrière elle attirent l’attention de la bélua qui se retourna pour découvrir le regard sombre d’une inconnue aux cheveux noirs.
Statufiée dans l’ombre vacillante des torches, elle semblait avoir assisté à toute la conversation faisant sourciller Helly qui se questionnait à présent sur ses intentions. Son regard dégageait une certaine mélancolie qui finit par la rassurer lorsqu’elle reporta son attention sur l’enfant.
Visiblement elle n'était pas insensible à la détresse de ces familles.

- Peut-être même que nous serons deux à tenir cette promesse? Fini par sourire Helly en entrainant l’enfant à l’écart des gardiens qui commençaient à se rassembler. Hâtons-nous… Avant qu’ils ne décident de fermer ou brûler le village.

Son regard se reporta sur la jeune femme avant qu'elle ne lui adresse une sourire d'encouragement.

-Tu en est?


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Jeu 30 Juin 2016, 18:51

Errer à travers des terres qu'elle ne voyait plus des jours et des jours entiers sans que rien n'arrête jamais son regard. La brune s'éloignait du monde en silence, insensible au fracas des étoiles et aux cris de rage des dieux. Prisonnière d'un long rêve qu'elle ne voulait pas fuir, elle laissait simplement ses pas la guider où sa place se trouvait peut-être. N'hésitant jamais et toujours incertaine, elle cherchait ce qu'elle n'avait plus. Une seule envie éclairait les reflets dorés de son regard, et cette envie la dévorait pour effacer tout ce qui avait compté dans sa vie. L'indifférence se creusait sur les sillons de ses joues, et à la voir ainsi, elle ressemblait à s'y méprendre à un fantôme. Peu à peu, sa curiosité s'émoussait, et les rares instants où elle sentait que son coeur battait encore, elle vivait ses propres souvenirs, se nourrissant de sa mémoire comme d'un subtil poison seul en mesure de la délivrer. Des mots dénués de sens avaient réussi à parvenir jusqu'à elle, d'immondes lettres qui venaient la hanter aux heures où le Spleen faisait rugir le désespoir. La solitude, cette compagne amère, elle refusait de la quitter. Un village se dessinait sous ses yeux embrumés par l'illusion sans qu'elle ne le reconnaisse. Tout ce qu'elle désirait, c'était son obsession. Saisir ce visage méprisable et royal entre ses doigts amaigris pour ne plus jamais le lâcher et faire taire les voix qui s'agitaient sous son crâne.

Et puis, les pleurs des petites filles avaient tiré Callidora de sa torpeur. Sans même s'en apercevoir, la jeune femme avait pénétré dans le fameux village et semblait inspirer suffisamment confiance aux habitants des environs pour la laisser aller et venir à sa guise. Sortie d'un étrange sommeil à la durée incertaine, elle avait regardé les larmes aux accents de perle qui chutaient fatalement sur les pavés. Leur mère s'était approchée pour les prendre entre ses bras d'une étreinte réconfortante. « Ne vous en faites pas, mes anges. Cette femme a promis de nous aider. Elle va retrouver Maddie, n'est-ce pas ? » L'inconnue jeta ses prunelles verdoyantes vers la Rehla qui se contenta de hausser un sourcil. De quoi parlait-elle ? Ne gardant aucun souvenir d'une pareille promesse, elle fronça les sourcils. Dès qu'elle avait été en âge de comprendre ce qu'ils représentaient, elle avait commencé à haïr les enfants, pour tout ce qu'ils pouvaient être et qu'ils ne seraient jamais. « Non. » S'excuser ne lui vint même pas à l'esprit. Retrouver sa tranquillité coûte que coûte et être emportée sur les rivages du Spleen, voilà ce qu'elle voulait. La réalité déchirait son coeur avec une telle violence qu'elle la refusait sitôt qu'elle y mettait un pied. Il fallait qu'elle se mette à dériver vers un mensonge d'une beauté sans égale. Comment pouvait-il ne plus être de ce monde ? Réprimant un sanglot qui affluait à sa gorge, elle s'éloigna à pas vifs de la scène déchirante qui ne l'affectait pas.

Malheureusement, le Destin paraissait décidé à lui jouer un tour. Empruntant plusieurs ruelles au hasard, elle se retrouva face au même spectacle. Une mère en larmes implorant l'aide d'une inconnue. Alors, Callidora se souvint. Chaque jour, des enfants disparaissaient, et ce, depuis quelques semaines. Désespérée, la garde de la ville voisine se révélait cruellement impuissante, et aucune solution ne semblait en mesure de résoudre le problème. Venir à la rescousse d'âmes en peine ne faisait pas partie de ses envies ou de ses habitudes, et pourtant, elle n'avait bougé de cet endroit, espérant secrètement que quelque viendrait l'enlever au monde, elle aussi. Espérance vaine puisque le ravisseur ne s'en prenait qu'aux bambins. C'est alors que la brune remarqua une jeune femme qui ne vivait manifestement pas dans le village et qui lui parlait de promesse. Une fois encore. Se retenant de lever les yeux au ciel, la Rehla fit l'effort de s'approcher et vit que l'inconnue tenait la main de l'enfant comme pour la protéger. Un soupir léger lui échappa. Fallait-il sauver ces créatures dont l'ingénuité folâtrait avec les nuages d'autre chose que d'elles-mêmes ? Pour de sombres motifs, le gamin lui renvoyait son propre reflet. Quelques années auparavant, elle aurait voulu que quelqu'un lui tende la main pour l'aider à retrouver sa sœur, elle aussi. « Je suis des vôtres. » L'instant d'après, la Rehla ébouriffait les cheveux de l'enfant d'un air presque attendri. « Ta sœur ne doit pas être loin, petit. Mais pour le moment, allons dormir. » Sans un regard pour la mère rongée par l'angoisse, elle saisit les doigts encore libres de l'enfant qui les dirigea avec enthousiasme vers sa maison. Avant de passer la porte, la brune observa la nouvelle venue et lui fit une légère révérence. Une Bélua. « Mon nom est Callidora. Et je pense que les gens ne devraient pas avoir d'enfants. » Pouvaient-elles seulement se faire confiance ?


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Jeu 07 Juil 2016, 02:57

La jeune femme flattait la chevelure de l’enfant dans un débordement de compassion qui conforta la bélua dans l’idée qu’elle devait être une bonne personne. Sa tête se pencha sur le côté pour mieux examiner l’inconnue alors que celle-ci venait de confirmer son aide. Si elle avait affirmé vouloir prendre part aux recherches, elle semblait toutefois « ailleurs ». Il se dégageait d’elle une aura particulière, baignait tout autant de clarté que d’ombre. Un contraste pour le moins saisissant qui incita Helly à les rejoindre devant la porte sans attendre. Elle c’était retournée plusieurs fois pour vérifier que les gardes n’avaient en rien remarqué leur aparté. Au centre du village, les cris résonnaient encore dans de sombres lamentations ne laissant que présager du temps qui jouait contre elles. La bélua s’immobilisa sur le seuil de la petite chaumière et croisa le regard énigmatique de l’inconnue. Elle papillonna des paupières en l’entendant reprendre la parole et s’étonna quelque peu de cette présentation. La confession qui s'était ensuivie, était tout aussi amusante que grave, laissant à penser qu’elle devait sûrement avoir de bonnes raisons de penser cela. Helly baissa sa tête dans un spasme d’hilarité en pinçant ses lèvres pour contenir sa surprise.

- S'il n’y avait pas d’enfant, il n’y aurait aucun être vivant sur cette terre, étaya-t-elle plutôt conquise par la spontanéité de Callidora.
Elle l’examina dans un regard espiègle et effaça toute fausseté pour ne laisser qu’un sourire franc et débonnaire sur ses lèvres.

- Je suis Helly… Et bien que nous semblons partager l’appréhension de ces innocentes créatures… Je suis ravie que tu te joignes à moi…
Seuls les dieux savaient ce qui les attendait si elles réussissaient là où tous avaient échoué.
Helly jeta un rapide coup d’oeil vers l’entrée par-dessus son épaule, en direction de la mère et de son enfant affairés à rassembler des affaires. Elle soupira discrètement en reprenant avec inquiétude.

- Il y a fort à parier que la garde Dhitys fasse évacuer le village… Le temps joue contre nous.
Elle fit bouger ses lèvres dans une petite moue avant d’inspirer profondément. Elle avait retrouvé l’attention de son interlocutrice, dans un léger rictus qu’elle rectifia en passant sa main sur son front.

- Si tu veux mon avis… Je pense que les enfants ne sont plus de ce monde…
Elle ravisa ses paroles en reprenant tout aussi vite pour s’expliquer dans une longue tirade.

- Il y a bien des façons d’enlever des personnes et j’ai déjà pu assister à des téléportations… J’ai pensé à cela tout de suite mais les gardien Dhitys ont infirmé cette hypothèse. Je reste sceptique. S'ils disparaissent, ils réapparaissent bien quelque part… Et je pense que ce n’est pas dans notre monde. Il doit y avoir une sorte de pont, un passage, précisa-t-elle. Et les gosses sont le point d’ancrage.
Son regard s’éloigna de Callidora pour se poser sur l’enfant entrain de courir autour d’une table.
Cette théorie tenait la route. Elle avait eu tout le loisir d’étayer cette voie, ne laissant place qu’à une poignée d’hypothèses qui se bousculaient dans sa tête. Bien sûr elles étaient discutables mais pour le moment, l’heure était à la théorie.
Helly reprit sa respiration en s’avançant dans la maison. Elle promena son regard sur le décor et pencha sa tête vers la jeune femme pour chuchoter.

- Si la logique voudrait qu’il faille un point A et un point B pour se téléporter… Il faut également un vecteur… Et il y a fort à parier que dans ce cas présent cela soit le sommeil.
L’enfant fit tomber un pichet en faïence sur le sol provoquant la colère de la mère. La bélua arqua un sourcil dans un mouvement de recul et soupira de nouveau en secouant la tête.

- J’ai peur qu’en te disant qu’il s’agissait du sommeil, nous nous trouvions dans une impasse. Cet enfant a le diable au corps… Jamais il ne dormira.
Alors qu’elle terminait sa phrase la mère leur adressa un regard désespéré qui fit grimacer la bélua. La désarmante spontanéité enfantine avait le don d’éroder sa patience et bien qu’il ne s'agisse que de créature sans défense, Helly n’allait pas hésiter à utiliser des méthodes plus que discutables. Elle se dirigea d’un pas rapide vers le pichet, fouillant discrètement dans son sac.

- Ne vous en fait pas… Souffla-t-elle en ramassant les dégâts.
Ses yeux trouvèrent la bouille malicieuse au sourire candide, l’incitant à reprendre.

- Il faut aller au lit maintenant.
- Je ne veux pas, bouda l’enfant en croisant les bras.
La mère de l’enfant ferma les yeux dans un soupir plaintif qui amusa Helly.
L’enfant pouvait discuter autant qu’il le voulait, avec ce qu’elle s’apprêtait à lui administrer, cela ne serait plus un problème dans quelques minutes. Discrètement, d’un simple mouvement du poignet, alors que l’enfant trépignait encore, Helly avait déplié un petit papier contenant une poudre cendrée qui recouvra la surface du fond d’eau encore présent dans le pichet. Elle l’agita brièvement, pour diluer la médecine et se retourna pour attraper un verre sur la table.
L’enfant s’agitait toujours, tandis que sa mère le prenait à part pour lui expliquer toute l’importance de son rôle. Il devait retrouver sa soeur, aider les deux jeunes femmes qui veilleraient sur sa sécurité. Helly détourna la tête en direction de Callidora lui renvoyant un regard interrogateur. Elle ne doutait pas que la jeune femme ait dû voir son méfait et qu’importait son jugement. « Aux grands maux, les grands remèdes » Helly assumaient ses actes. Cela l’assommerait, rien de plus, le temps de se servir de lui pour se faufiler dans le passage. La bélua versa la totalité de l’eau dans un verre et le tendit à l’enfant dans un sourire tendre.C’est une mission que seul les plus courageux peuvent mener.

- Tiens, bois un peu d’eau… La nuit sera longue.
L’enfant observa le verre dans une moue de dégoût et soupira rageusement en tapant du pied.

- Je ne veux pas de l’eau.
La mère s’exaspéra en s’éloignant légèrement alors qu’Helly se penchait au-dessus de lui.

- Tu as tort… C’est de l’eau magique. Je vais la boire à ta place… Moi j’aime beaucoup l’eau magique…
- Ce n’est pas de l’eau magique…
L’enfant fronça les sourcils en dévisageant la bélua qui portait ses lèvres sur le verre. Elle leva son coude et mima une longue gorgée qui força l’enfant à lui attraper le bras.

-Non… Ne boit pas tout… J’en veux aussi…
Il se jeta sur le verre en avalant d’une traite le contenu tandis qu’Helly s’essuyait les lèvres d’un revers de la manche.
« Candide créature facile à berner » au moins maintenant, il dormirait. La mère embrassa son enfant qui se dirigeait à la hâte vers sa chambre, suivit d’Helly qui se retourna vers Callidora dans un sourire amusé. Les mains derrière le dos, elle marchait à reculons vers le couloir.

- Le marchand de sable va passer, on dirait…

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Ven 29 Juil 2016, 10:13

De temps à autre, la surprise que l'on s'attendait à découvrir sur le visage d'un autre ne venait jamais et plongeait l'esprit dans une curieuse position. Son interlocutrice ne semblait pas le moins du monde déstabilisée par sa déclaration. Réagissant à l'inverse de ce que la Rehla attendait, cette dernière battit des cils un instant, se demandant sur quelle étonnante créature elle venait de tomber. L'inconnue paraissait avaler l'air et le transformer en mots instantanément. Callidora ne disait rien, restant silencieuse et indécise en ce qui concernait l'attitude qu'elle devait adopter. Les contacts humains ne représentaient jamais sa partie préférée lors d'une aventure, et même si elle comprenait leur fonctionnement dans les grandes lignes, elle préférait rester à l'écart et n'intervenir que très peu. La maîtresse de maison semblait accorder une confiance totale à la dénommée Helly, regardant la Rehla avec un air nettement moins avenant et ne prêtait pas réellement attention aux paroles de la Bélua, manifestement inquiète pour sa fille. Cela dit, la brune devait avouer que sa partenaire de sauvetage faisait preuve d'une perspicacité surprenante. « Tu parles… Beaucoup. » Difficile de savoir s'il s'agissait d'un compliment ou non, à vrai dire. En voyant s'approcher la jeune femme, elle eut un léger mouvement de recul, réflexe acquis depuis peu. Un sursaut la surprit au moment même où le pichet éclata sur le sol. « Il existe de nombreuses manières de faire dormir les gens, tu sais... » Un sourire étrange flottant sur ses lèvres, elle observa Helly se diriger vers son sac. La brune se pencha pour rassembler les débris de faïence, ne tardant pas à être rejointe. Se tournant vers l'enfant, l'inconnue glissa une poudre à la couleur étrange dans ce qui restait du fameux récipient et versa le tout dans un verre.

De son côté, Callidora restait à l'écart de la petite scène sans la quitter des yeux. Parfois, les créatures qui croisaient son chemin avaient le don de la surprendre, et la jeune femme qui tentait de faire ingurgiter l'eau au petit garçon semblait être de celles-ci. Avec une aisance déconcertante, elle le persuada de boire l'intégralité du verre. Se précipitant vers sa chambre, le bambin disparut sans plus de tapage, bientôt suivi par Helly. Prenant un instant pour réfléchir à la situation, la brune sentait le regard courroucé de la mère planer sur elle. D'un geste imprévu, elle saisit le pichet, espérant que le liquide y reposant serait suffisant pour deux. En arrivant dans la chambre, elle constata que l'enfant s'endormait sagement, caché sous une pile impressionnante de couvertures. Au moins devait-il être confortablement installé pour la nuit. Refermant la porte doucement, elle s'approcha de la Bélua, s'efforçant de rester discrète. « Je ne voudrais pas porter atteinte à ton raisonnement, mais la logique voudrait qu'il soit impossible d'arriver au point B sans passer par le sommeil. Par conséquent... » Agitant doucement le pichet sous les yeux de la jeune femme, elle s'en servit une petite gorgée, comptant sur l'efficacité de la poudre avant de le déposer entre les mains de cette dernière. « Le fait est que le coupable n'enlève que les enfants. Il suffit de donc de devenir un peu plus jeune. » Faisant appel  à sa magie, elle se laisse envelopper par cette dernière, irradiant d'une curieuse lumière bleue. Lorsque la lueur cessa, Callidora avait perdu une quarantaine de centimètres et peignait sur son visage l'air innocent de l'enfance. Bien entendu, elle ne toucha pas à la Bélua, ignorant les effets capricieux que sa magie risquait de provoquer à tout instant. Une autre idée lui était venue à l'esprit. « J'ai un plan pour que tu ne sois pas laissée sur le carreau. Vois-tu, un point d'ancrage n'est pas réduit à une certaine taille. Il suffit de l'élargir sans demander l'avis de celui qui s'en sert. » Se penchant à l'oreille de la jeune femme pour éviter de devoir élever la voix, elle lui fit de son projet pour le moins farfelu. Il ne fallait qu'un point de contact suffisamment étendu pour que son intuition puisse fonctionner, et elles disposaient d'un moyen tout trouvé pour cela. Attendant que la Bélua se décide à aller dormir dans le lit de la petite disparue, Callidora se glissa à ses côtés et l'enserra de ses bras. Sensation étrange que de dormir avec une parfaite inconnue, de savoir leurs corps aussi proches. La situation l'amusait terriblement. « Bonne nuit, Helly. » S'efforçant de ne pas enfouir sa tête vers la poitrine de la jeune femme pour éviter de passer pour une perverse finie, elle se blottit contre elle en riant. Une telle aventure promettait d'être passionnante. Retrouver les gosses serait un jeu d'enfant une fois qu'elles seraient toutes deux envoyées vers le royaume des rêves. Avec une infinie précaution, la Rehla souffla la chandelle qui projetait ses ombres inquiétantes sur le mur à l'aide de sa magie pour s'abandonner au sommeil.


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Dim 31 Juil 2016, 15:04


Helly s'était assise sur le lit. Les jambes ramenées en tailleur, elle observait discrètement le rituel du coucher de l'enfant. Cela la renvoyait des années en arrière, lorsqu'elle était elle-même une enfant. Tout comme l'innocente créature au visage angélique, elle avait eu ce genre de gestes réconfortants qui lui permettaient de s'abandonner au sommeil. Aujourd'hui ses petits rituels ne suffisaient plus pour apaiser son esprit tourmenté. 
Sa gorge se noua dans un trémolo qu'elle tenta de minimiser en baissant la tête et frottant son crâne pour emmêler ses cheveux. Le sommeil n'était pas loin. Tous ses jours à surveiller le village, à chercher le moindre indice concernant ses disparitions l'avaient passablement usée.
Elle bailla à s'en décrocher la mâchoire alors que Callidora s'avançait vers elle avec des arguments non moins pertinents.
La bélua avait pensé à cela. Elle avait de nombreuses idées en tête concernant l'établissement d'un lien entre elles et l'enfant, mais puisque la jeune femme semblait avoir une idée autant l'étudier avec considération. Son regard se détourna un instant de son interlocutrice pour s'assurer que l'enfant commençait à somnoler. Si le sommeil était l'élément déclencheur de ce passage mieux ne valait pas trainer et prendre le risque de louper le coche.
Elle pencha sa tête sur le côté pour regarder s'exécuter l'ensorcelante créature aux reflets de jais. Son petit tour arracha un sourire en coin à la bélua qui s'accouda pour mieux admirer l'étendue des lueurs bleutées dessiner des spectres lumineux sur les murs de la chambre. Un frisson remonta toute sa colonne dans une piqure d'adrénaline qui anima ses veines dans un afflux sanguin brulant. Ce spectacle non moins étonnant, avait redonné à Callidora un âge plus tendre, transformant la beauté lunaire de son visage en quelque chose plus rond et coloré. Ces allures enfantines, lui siéent bien au teint, laissant entrevoir comme un écho du passé, ce qu'avait été cette jeune femme dans d'autres temps. Etonnante transformation qui n'en demeurait pas moins un excellent plan, prouvant la dextérité de Callidora. 
Toujours accoudée sur son genou, Helly soupira discrètement en quittant des yeux l'enfant qui n'en était pas une. Ses capacités à elle, étaient tout autres. Elle se garda bien de montrer quoi que ce soit de ses intentions se retranchant derrière un sourire bienveillant. Lentement elle laissa tomber une à une ses bottes sur le sol et se glissa dans les draps du deuxième lit. Elle attrapa le restant de mélange de poudre dissous dans l'eau et l'avala d'une traite. Une infime gorgée qui lui laissa la bouche pâteuse et un sentiment mitigé sur son efficacité. Qu'importait si les effets étaient moindres, la fatigue accumulée l'emporterait rapidement malgré tout. L'étroitesse de la couche entraîna le corps de Callidora contre le sien, dans une soudaine proximité presque incongrue qui la fit rougir. Ce genre de contact, en d'autres lieux, d'autres circonstances et surtout sous sa véritable apparence, auraient suscité des intérêts plus que discutables.
Dans un réflexe, non moins intéressé, la bélua passa sa main dans les cheveux de Callidora en fermant ses yeux. Prise dans ses gestes répétitifs, elle se laissa lentement prendre dans les filets du monde des rêves tout murmurant "Bonne nuit Calli.."
La morsure du sommeil, alourdit lentement mais sûrement les paupières d'Helly qui se sentit happer dans la lourdeur de ses songes. Succomber à l'appel du repos n'avait pas été difficile, par contre se retrouver confronter à l'enchevêtrement de ses tortueuses pensées sans pouvoirs s'y soustraire était plus périlleux. Des images et des scènes s'enchaînèrent dans un tourbillon de non sens jusqu'à l'éveiller brusquement en sursaut. Des sueurs froides coulèrent le long de sa nuque dans un désagréable frisson. Si elle avait d'abord cru qu'elle ne parvenait pas à ouvrir ses yeux, elle constata bientôt que l'obscurité régnait tout autour d'elle. Elle tâta le sol tout en cherchant la trace de Callidora. Elle ignorait si le lien avait fonctionné où si elle s'était retrouvée prisonnière entre deux points. Ses doigts reconnurent la consistance d'un sol rugueux, lui laissant à penser qu'elle n'était peut-être pas dans un entre deux, mais bien « quelque part » perdue dans les ténèbres d'un lieu inconnu. Elle se redressa lentement tendant ses bras devant elle pour se guider dans ce décor opaque. Son coeur battait vite sans qu'elle ne puisse parvenir à le calmer, lui donnant la curieuse impression d'autre au bord du malaise. Un cri retentit brusquement derrière elle, l'obligeant à se retourner. Le décor avait changé, la ramenant dans un endroit extrêmement lumineux qui l'aveugla momentanément. La main collée à son front, elle peinait à s'habituer à cette clarté. Ce ne fut ni les lieux, ni le contour flou des objets autour d'elle qui la figèrent dans l'effroi, mais la familiarité de la voix qui glaça son corps. Le souffle court, elle avança plus encore dans la lumière faisant soudainement basculer le décor dans une clarté plus intimiste. Elle avait remonté le temps ou bien c'était un cauchemar. Helly était en pleine scène macabre, les pieds dans les marres sanglantes encore tièdes et les corps encore gémissants des siens. C'était inimaginable la tétanisant dans un effroi indescriptible. Cela recommençait encore?

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Dim 16 Oct 2016, 16:37

La brune contemplait l’immensité obscure sans esquisser le moindre geste. Allongée dans l’herbe, elle ne savait où elle se trouvait ni depuis combien de temps elle demeurait là, observatrice muette d’une réalité qu’on lui interdisait encore. Les lumières célestes piquetaient la voûte de lueurs opalescentes dont ses prunelles dorées ne se lassaient pas. Aux alentours, tout était calme. Seul le bruissement des feuilles accompagnait sa rêverie admirative. Où était-elle ? L’impression de flotter au-dessus des nuages ne la quittait pas, et la mélodie enchanteresse qui résonnait à ses oreilles la poussait vers un paradis inexploré. Soudain, un parfum imprévu se mêla aux effluves de rosée : elle sentit les cendres froides et amères. Quelque chose en elle changea, et ses muscles inertes s’activèrent pour l’aider à se redresser peu à peu. Jetant un coup d’oeil de tous côtés, elle ne distingua rien d’autre qu’un champ verdoyant à perte de vue et la somptueuse lisière d’une sylve quelconque. Cela ne ressemblait à rien de connu, et pourtant, une sensation incongrue de familiarité s’emparait d’elle. Dans le plus grand des calmes, elle laissa ses pieds nus s’enfoncer dans l’humus encore humide et commença à marcher. Sans la moindre idée de l’endroit où elle se rendait, son corps semblait se mouvoir de lui-même, et elle n’opposait aucune résistance, curieuse de voir où ses propres pas la mèneraient. C’était une expérience étrange que de se livrer entièrement à soi-même en demeurant incapable de comprendre les élans imprévisibles de sa volonté.

Après plusieurs minutes de marche _ ou peut-être des heures avaient-elle passées, elle n’avait plus la notion du Temps _, elle arriva finalement en face d’un bâtiment à la hauteur impressionnante et dont les fenêtres carrées à moitié brisées jetaient d’inquiétantes lueurs sur l’extérieur. Une lumière inconnue éclairait l’intérieur, donnant à l’édifice des allures d’hôpital fantôme. La jeune femme ne comprenait pas très bien ce qu’elle faisait en ces lieux, et son incompréhension devait se résoudre, sans quoi elle ne pourrait trouver le repos. Dénuée de toute méfiance, elle poussa la porte entrouverte pour jeter un oeil. « Il y a quelqu’un ? » La seule réponse qu’elle reçut fut le craquement caractéristique des planches de l’entrée lorsqu’elle entra et l’écho d’un rire qu’elle avait dû inventer de toutes pièces. Les endroits effrayants emballaient toujours l’imagination, et il ne fallait pas grand-chose à la sienne pour échafauder d’invraisemblables scénarios qui semblaient ne jamais prendre fin. Manifestement, personne ne vivait dans les parages, et à en juger par le déplorable état des murs et des rares meubles qu’elle trouva, cela faisait des années que l’abandon flirtait avec les lieux. Rassérénée par la perspective de sa solitude, elle se livra à une exploration plus en profondeur, cherchant ce qui avait bien pu faire fuir les habitants, allant même jusqu’à emprunter des escaliers à la solidité douteuse pour descendre vers une apparente cave qui dégageait une désagréable odeur de renfermé.

Sans même qu’elle n’en donne l’ordre à sa magie, cette dernière illumina la pièce. Callidora porta une main à sa bouche en reculant de quelques pas. Jamais elle n’aurait cru tomber sur un spectacle aussi macabre. La sérénité du rez-de-chaussée et des environs paraissait avoir été balayée par un ouragan. Des corps immobiles s’étalaient sur le sol, et aucun signe de vie ne les animait. Le rouge régnait en maître, et ses multiples éclaboussures entachaient les murs avec une frénésie presque touchante. L’escalier grinça sous le poids de la brune qui s’assura de garder l’unique survivante bien en vue. Une arme dont le tranchant ne faisait aucun doute gisait à ses pieds. « Helly… Qu’est-ce que tu as fait ? » Ce n’était pas ce qu’elle avait voulu dire. Les traits de son visage se déformèrent sous la surprise. Que se passait-il donc ici ? La détresse qu’elle lisait dans les yeux de la Bélua la forcèrent à s’approcher malgré les cris d’urgence qui résonnaient en elle. D’un geste doux, elle releva les cheveux qui s’emmêlaient devant ses yeux et posa une main sur sa joue. « Ce n’est rien. Ce n’est pas ta faute. Il faut croire que ce n'est pas ta faute. » Un contact frais entre ses doigts la fit froncer les sourcils. S’efforçant de conserver un air consolateur, elle ne put retenir son bras de s’élever vers le ventre de son interlocutrice au visage rongé de larmes.

Soumise à une envie irrépressible, la Rehla prit conscience de l’horreur qui frétillait sous ses phalanges. Caressant la lame d’une dague qu’elle connaissait par coeur, elle inspira longuement. En temps normal, elle aurait tremblé à la simple pensée de tenir un instrument mortel. Les choses changeaient. Sa victime ne pouvait se dérober à son étreinte. Son bras se coula dans le dos de la jeune femme pour la soutenir. Elle frappa. Sans la moindre hésitation, le métal s’enfonça dans la chair pour en déchirer la subtile surface et endommager les organes chauds qui reposaient dessous. Le corps fut saisi d’un spasme. Une rivière rouge s’écoula par les lèvres de la créature. Seulement, ce n’était plus Helly qui la fixait. Callidora venait de mettre un terme à l’existence de son propre reflet. Les étincelles dorées du regard de sa jumelle semblèrent s’éteindre peu à peu. Le sang tâchait irrémédiablement la pâleur de sa peau rendue plus blanche que jamais par la fin approchante. L’arme tomba sur le sol. Téméris s’effondra en douceur, un éclair accusateur franchissant sa bouche carmine. « Pourquoi, Callie ? Pourquoi vouloir me tuer encore ? » Les iris de la Rehla s’écarquillèrent. Ses doigts tremblants se promenèrent sur le visage adoré. C’était impossible. Sa sœur ne pouvait mourir entre ses bras. La brune se réveilla de nouveau sous les étoiles. Qu’était-ce donc que ce maudit cauchemar ?


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Dim 30 Oct 2016, 21:10



Helly avait beau tenter de se relever, elle glissait indéfiniment dans cette mare aux reflets sanglants. Les regards figés des siens n’en finissaient plus de la juger…
Elle ignorait comment elle s’était retrouvé de nouveau là et si même elle pouvait une nouvelle fois échapper à la tuerie?
Elle fouilla le décor sombre à la recherche de la cachette qu’elle avait su trouver des années en arrière. Des pas lourds firent craquer le sol, dans un compte à rebours qui amena la bélua à ramper parmi les cadavres. C’était si réel que cela en devenait complètement fou. Elle revivait tout, dans les moindres détails même ceux que son esprit avait pu oublier… Tout était en place dans ce décor macabre. Helly se demandait si elle n’avait pas perdu l’esprit, elle peinait à établir un semblant de raisonnement dans les méandres de ce cauchemar qu’elle revivait contre sa volonté. Ses doigts se crispèrent sur une latte du plancher pour lui permettre de s’extirper du charnier glissant.
Dans un effort qui avait anéanti toute rationalité, la bélua avait atteint la table, se recroquevillant en dessous comme une enfant apeurée, tremblant au son grandissant des pas qui venaient vers elle. C’était ainsi que tout avait fini et que tout avait commencé…
Son coeur raisonnait dans sa poitrine à en faire exploser sa poitrine. Même si au fond d’elle son désir était de bouger, elle ne pouvait se défaire du poids qui lestait ses muscles, la condamnant à une lente et interminable attente.
Les pas se figèrent, lui donnant l’impression que les battements de son coeur cessaient dans une délivrance étrange.
Rien n’avait changé, elle était toujours l’enfant apeurée face au redoutable monstre qui hantait ses plus terribles pensées et une nouvelle fois encore, son bras sombre s’avançait vers elle prêt à l’emporter… Helly ferma les yeux. Elle ne pouvait qu’espérer que l’histoire se répète, qu’elle trouve en elle le courage de se transformer et de s’envoler loin de tout ceci.
La pression sur sa cheville lui signifia que le responsable de cette tuerie avait refermé ses doigts sur elle. Elle glissa vers lui avec une facilité déconcertante figeant ses pensées sur cet étrange apparition.
Les yeux grands ouverts, la bélua fixait ce visage qu’elle avait tant de fois imaginé. Rien ne s’était passé comme elle l’avait prévu. Elle ne s’était pas transformée, au lieu de cela, elle s’était retrouvé face à l’identité du seul coupable, le responsable de ce cauchemar, son propre double.
Helly écarquilla ses yeux dans un effroi qui glaça son corps. Incapable de comprendre, elle contemplait, impuissante, son propre reflet étêté dans la rétine de cette étrange jumelle.
Face à face, dans un jeu de miroirs sordides, leurs silhouettes se détachèrent lentement du décor qui se consumait tout autour d’elles, dans volutes montantes de cendres.
Captive de ce étrange duel, Helly trouva tout de même la force de se redresser, lui permettant de faire face à son reflet qui agissait en tout point comme elle, répétant les gestes comme si elle se trouvait devant un miroir.
La bélua ignorait ce que cela voulait dire, devait elle comprendre qu’elle était elle-même la responsable de la mort de ses proches ou quelque chose tentait-il de se jouer de ses plus grandes frayeurs?
Si tel était le cas, ça seule erreur avait été de la confronter à elle-même. Helly vivait avec cette culpabilité depuis longtemps, elle avait appris à l’accepter, se retrouver face à elle-même lui confirmait que tout ceci n’était pas réel.
Elle se leva lentement, incitant le double à faire de même.
Si elle avait compris les enjeux de tout ce qui se déroulait ici bas, elle n’en avait pas pour autant la moindre idée de comment réagir pour se défaire de ce reflet un peu trop envahissant. Elle recula, faisant s’éloigner la pâle copie, mais lorsqu’elle se retourna pour lui échapper, elle se retrouva une nouvelle fois confrontée à elle-même, multipliant les reflets comme dans un labyrinthe de miroirs. Helly tourna sur elle-même désemparée, totalement perdue face à pareil piège.

Les mains tremblantes, le souffle court, Helly tenta de se frayer un passage dans la multitude de reflets qui la submergèrent la faisant disparaitre dans la noirceur des ténèbres.
« Qui suis-je? Elle? Ou elle? Moi… »
Ses pensées raisonnaient tout autour d’elle, lui donnant la curieuse impression d’être dans tous ses doubles, d’être une partie de chacun de ses reflets et de n’être plus rien à la fois.
Était-ce cela ça plus grande peur? N’être rien… Ni personne… N’avoir personne à qui se retenir...?
Alors qu’Helly sentait le chagrin submerger ses émotions et que ses pensées lui revenaient comme un écho infini, elle se laissa tomber sur le sol poussiéreux du néant. Plus rien n’avait d’importance, elle n’avait plus la force de lutter contre elle-même.
Les yeux inondés de larmes, elle les ferma progressivement jusqu’à ne plus rien voir.
Seule dans l’obscurité, elle figea ses pensées sur une chose presque imperceptible sur le moment, mais qui gagnait en puissance au fur et à mesure qu’elle se focalisait dessus. Une chaleur qui irradiait une partie de son avant-bras, douce et à la fois forte pour lui permettre de se ressaisir.
« Quelqu’un? »
Helly ouvrit ses yeux, tirant sur sa nuque pour observer son corps. Dans les brouhahas des pensées chaotiques de ses doubles et leurs visages déformés par les lamentations, elle se rappela enfin. « Callidora »
Le nom de son amie d’infortune fit exploser les visions la laissant totalement seule face à elle même. Non loin d’elle, le corps de la brunette gisait dans d’étranges spasmes, lui faisant penser qu’elle devait être tout aussi perdue dans des illusions cauchemardesques.
Helly s’approcha vers elle, défaisant les doigts que Callidora avaient enroulés autour de son avant-bras. Sans cet inopiné réflexe, la bélua serait sans doute encore prisonnière de ses horribles pensées. Elle releva ses yeux vers l’obscurité et se demanda si elle avait réellement bougé depuis son arrivée? Peut-être que tout n’avait été que cauchemar? Une vision orchestrée par un esprit magique des plus redoutables. Mais comment s’assurer que tout ceci était la réalité et non pas une suite à cette folie?
Helly grimaça sortant une dague du fourneau pendue à sa taille. La lame brilla comme un éclat de cristal avant qu’elle ne se la plante dans la cuisse dans une douleur qui éveilla son esprit.
Callidora était bien toujours à ses côtés. Rien n’avait bougé, il ne s’agissait pas d’un rêve éveillé mais belle et bien la réalité.
Un rire macabre raisonna dans l’obscurité faisant redouter le pire à la bélua qui s’empressa de se baisser au niveau de la brune encore endormie.
Elle pressa sa main sur la sienne de toutes ses forces espérant que cette même pression agirait tout comme avec elle.

- Calli… Callidora… Réveilles-toi… C’est un cauchemar.

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Dim 18 Déc 2016, 11:50

Sa panique disparut sans crier gare. Hystérique une seconde auparavant, le corps ensanglanté de sa sœur entre les mains, Callidora se retrouva seule face au silence. L’obscurité semblait tout dévorer, et elle se demanda si elle-même n’en faisait pas partie, en fin de compte. Là-haut, très haut, des points lumineux orchestraient une valse immobile. Rassurée par une présence qu’elle aimait, elle ne bougea pas et prit une grande inspiration. Sans doute cette aventure n’avait-elle été qu’un cauchemar. Helly n’existait peut-être même pas. Le doute s’emparait d’elle, déposant son voile d’incertitude sur ses pensées comme une mère remonte une couverture sur son enfant. La jeune femme balaya ces idées insensées et s’abandonna toute entière à sa contemplation. Seulement, l’inquiétude ne tarda pas à percer son coeur. Les sphères célestes ne parlaient pas et ne chantaient pas, muettes à ses appels répétées. Ce n’était pas normal. La Rehla eut la sensation qu’elle n’appartenait plus au monde. Un froid mortel s’invita sur sa peau qu’elle laissa venir. Les yeux grands ouverts sur la voûte silencieuse, elle attendit. Ne plus être lui semblait l’unique alternative à cette douleur qui la dévorait. Que pouvait-elle être sans la mélodie qui chaque jour la faisait naître ? Des heures passèrent, peut-être des jours. Ses pensées défilaient avec une lenteur réconfortante. Son corps se recroquevillait sur lui-même pour trouver un peu de chaleur qui n’existait plus. Et soudain, quelqu’un l’arracha à sa léthargie volontaire.

Ce fut le visage d’Helly qui remplaça les sphères de lumière. D’un air légèrement perdu, elle se massa les tempes pour reprendre ses esprits avant de se redresser. Autour d’elle, elle ne voyait rien d’autre que la jeune femme et l’obscurité. La Bélua ne pouvait être à l’origine de toutes ces horreurs. Malgré sa réticence à reconnaître que les autres possédaient le pouvoir de l’aider, elle desserra les dents. « Merci de m’avoir tirée de cette… Foutue illusion. Je n'aime pas trop qu'on joue avec ma tête. » L’individu qui s'amusait ainsi avec elles risquait d’avoir une petite surprise d’ici peu. La brune n’appréciait pas qu’un parfait inconnu s’amuse à pénétrer son cerveau sans son autorisation pour la plonger dans des scènes de cauchemar. Callidora remarqua qu’elle n’arborait plus son apparence enfantine. Intéressant. « Si l’on veut sortir de là, il va falloir trouver une faille. Seulement, la vraie question est : veut-on vraiment s’en aller ? Celui qui est derrière ces charmantes manipulations a sans doute enlevé les enfants. Le sommeil a l’air d’être son terrain de chasse. Un Génie, peut-être ? Rien n’est moins sûr. Cela dit, partir signifierait renoncer à notre mission, et je n’ai pas envie d’affronter le regard plein d’espoir et de larmes de cette mère sans lui ramener ses enfants. Et il semblerait que seule la magie du maître des lieux fonctionne. Bien. Il suffit donc de s’approprier les règles de son petit manège et de les plier à notre volonté. Quoi de plus simple ? » La jeune femme ignorait si Helly avait pu suivre les détours de son raisonnement à première vue chaotique. Parfois, elle oubliait que ce qui lui semblait logique et cerclé de cohérence ne revêtait aucun sens pour les autres.

La brune faisait les cent pas tout en réfléchissant. À dire vrai, elle ne s’était jamais retrouvée prisonnière d’une telle situation, et elle regrettait de ne pas avoir lu davantage d’ouvrages sur les rêves. Cela restait à ses yeux un domaine envahi par le mystère, et il ne s’agissait pour elle que d’images insaisissables qui accompagnaient ses nuits. Se retrouver prise au piège dans le monde des songes était quelque chose de profondément troublant, et elle se doutait que rien ne se déroulait de la même manière que dans la réalité. Sans se soucier réellement de l’état d’Helly, elle laissait ses idées vagabonder, à la recherche d’un sursaut farfelu qui lui permettrait de sortir de leur position délicate. Aller à l’encontre de sa propre logique ne tarderait pas à lui donner une migraine, et pourtant, elle n’avait pas vraiment le choix. L’obscurité paraissait ne pas avoir de fin. Soudain, elle fit volte-face et se précipita vers la Bélua pour lui attraper les mains. « Mais bien sûr ! Helly, pourriez-vous me raconter un cauchemar d’enfant ? Pas l’un de ceux que vous faisiez lorsque vous étiez petite, mais quelque chose qui effraie tous les enfants, quels qu’ils soient, et qui a de fortes chances de pouvoir tous les réunir. Décrivez-le avec autant de précision que vous pouvez, s’il vous plaît. Comme si vous y étiez vraiment. Je crois que ça pourrait nous faire sortir d’ici. » La jeune femme n’était pas certaine de ce qu’elle avançait, mais elle préférait essuyer un échec plutôt que de rester là à ne rien faire. Jusque-là, elle ne l’avait pas senti, mais la magie embaumait les lieux. Peut-être suffisait-il d’imaginer pour que le rêve s’ouvre.


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