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 Le bain de Sang - Mission 4 - II

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Dim 22 Mai 2016, 21:17



Le bain de Sang - Mission 4 - II Asbeel10
Le bain de Sang




Servir son peuple pour le bien et la survie de tous, en voilà une occupation honorable, qui procure une satisfaction personnelle et un accomplissement de soi trouvables nulle part ailleurs. Voilà de quoi réussir à combler le vide des cœurs, voilà de quoi s'élever un peu et oublier combien son existence est misérable. Mais alors, qu'en était-il de ceux qui trahissaient, qui abandonnaient leurs frères et sœurs pour entrer dans le parjure et tourner le dos à toutes leurs croyances ? Quelles sensations pouvait apporter un acte aussi abject ? Où était la satisfaction quand on trahissait sa famille et faisait de la peine à son entourage ? Quel intérêt ? L'incompréhension envahissait le cœur du chaman. Il secouait la tête en repensant une dernière fois à la raison de sa venue ici. Qui aurait pu deviner qu'un si beau lieu abritait des âmes aussi puantes ? Les vagues allaient et venaient le long de la plage, se noyant dans le sable dans un mouvement répété à l'infini. L'horizon était bleu profond, comme l'espoir. Espoir de quoi ? Une rédemption était-elle possible pour ces hommes perdus dans leurs idées mauvaises ? La lettre qu'il avait reçu de son souverain ne parlait pas de pardon. Elle parlait de se débarrasser de ceux qui n'avaient pas les mêmes idées, allaient à l'encontre de toute la race entière et risquaient d'en dévoiler le plus grand secret pour la mettre à mal. Au bout de l'océan, il y avait l'horizon, une ligne noire, comme la Mort. Le cœur du chaman se serra. Il avait déjà tué d'autres chamans dans sa vie, deux fois. La première ne comptait pas vraiment car elle avait eut lieu lors d'un combat à mort dans une fête Raoni, la deuxième ne compati pas non plus, car il avait simplement exterminé des traîtres hérétiques ayant abandonné Ezechyel et Ede. Alors cette fois-ci c'était quoi ? Pouvait-il se persuader que ces personnes étaient elles aussi des hérétiques ? Pourtant elles n'avaient pas perdu foi et respectaient toujours les Aetheri. Quelle excuse pouvait-il trouver pour se rassurer et se réconforter dans sa violence maintenant habituelle ? Aucune. Il s'agissait simplement d'un assassinat. C’était une élimination pour le bien de tous, un acte et une décision logique quand il s'agissait de faire survivre la race et de la mener vers le haut. Il s'agissait de ne pas se faire marcher les pieds par des rebelles ou se faire poignarder de l'intérieur. L'union était une force qu'ils se devaient de garder. Le chaman le savait bien, mais alors pourquoi avait-il si peur, pourquoi son cœur était-il si lourd ? Au fond de lui, il aurait voulu trouver une autre solution plus pratique, il aurait voulu pouvoir leur faire retrouver le droit chemin pour qu'ils puissent fêter la pleine lune ensemble à nouveau. Quel beau rêve n'est-ce-pas ? Un songe, invisible et irréalisable.

En soit la Mort ne lui faisait pas peur car il connaissait ce qu'il se trouvait après, mais l'acte de frapper et de faire souffrir restait le même et la pensée de perdre un des leurs était toujours aussi lourde. Ils étaient comme sa grande famille à lui, comme la chose chère à ses yeux qu'il ne pouvait se permettre de perdre. Il se pinça les lèvres, l'air grave et s'avança lentement le long de la plage, suivant des yeux la fumée qui s’élevait des les airs, grise, comme le deuil. Peut-être que dans leurs futures vies d'esprits, ces chamans-là se rendront compte de leurs erreurs et pourront à nouveau essayer de servir leur peuple à travers leurs nouvelles forme éthérée ? C'était un maigre espoir. La fumée provenait d'une série de hutte en bois, installées les unes contre les autres un peu plus haut sur la plage, là où le sable se transformait en cailloux puis en herbe. Ces gens devaient être paysans ou pécheurs, de pauvres ères installées ici pour avoir la paix. Il ne sera certainement pas le bienvenu et ne s'en sortira pas indemne, mais peu importe, il voulait à tout prix leurs poser une question, une seule question qui tournait dans sa tête depuis son départ.

"Pourquoi vouloir révéler le secret du Cycle ? Vous savez pourtant que c'est interdis et que c'est une promesse que nous avons fait aux Ombres pour qu'en échange elles améliorent la condition de vie des esprits. Vous savez que les vivants n'en ont que faire, car il ne peuvent de toute façon pas voir les mêmes choses que nous." Devaraj dévisageait la famille, du grand-père au gamin de cinq ans. Ils dévisageait tous d'un air méfiant cet étranger qui venait chez eux à l'improviste, mettant sur la table un sujet sensible censé rester secret, cet homme étrange qui ne se présentait même pas avant d'ouvrir les hostilités. "Qu'en sait-tu ? Peut-être que s'ils savaient que la Mort n'est pas ce qu'ils pensent être, certain arrêteraient d'avoir peur et de tuer pour survivre, d'autres arrêteraient de s'en servir pour faire du chantage ou menacer autrui. Ils arrêteront d'avoir peur, de trembler. Ils arrêteront d'être triste, dévasté par le chagrin." Le chaman se renfrognât, fixant le chef de famille qui venait de s'exprimer à la place des autres. La mère fit rentrer les gamins et se réfugia à l'intérieur. "C'est moi qui suit très triste, de constater que vous êtes près à mettre en danger notre race pour soulager une poignée de malheureux. Il y aura toujours des injustices, avec ou sans connaissance du Cycle, oh crois-moi, je le sens, je le sais." Un frisson parcourut son échine, froid et piquant. Une douleur inconnue ressurgissait à flot, coulant dans ses os, dans ses veines, dans sa tête. Elle engourdissait ses membres, lui mélangeait les pensées, faisait monter une colère sourde en lui. Il trembla fortement, respira rapidement pour essayer de rester calme et civilisé. "On a pas besoin de mourir pour souffrir. Penses-tu pouvoir les aider en leur disant qu'il n'y a pas rien après la mort, que le corps abritera une nouvelle âme et que leur esprit pourra aller à Zterbiuh'Oshi vivre pour l'éternité ?! Et que se passe-t-il si on les empêche de mourir, maintenant qu'ils savent que c'est une libération ?" Ses yeux s'écarquillèrent brutalement, comme ceux qu'un animal fou de rage. "Répond-moi !" hurla-t-il, attrapant l'homme par le col.

Le flot de parole s'était déversé de lui-même hors de sa bouche. Il se sentait incapable de décrire d'où venaient ces mots, ces pensées soudaines. Il savait simplement qu'ils étaient sincères, effroyablement vrais, comme une réalité dure et cruelle qui tombait tel un couperet pour décapiter des têtes. C'était son ressenti, enfouit au plus profond de lui. Ses mains se resserrèrent sur le cou de l'homme, écrasant et étranglant sans vergogne. "Pourquoi vouloir ainsi abandonner son propre peuple et aller prophétiser les autres races pour les instruire ? Les Aetheri ont-ils parlés d'un tel acte ? Comment oses-tu embarquer ta famille dans la rébellion ?!" Il souffla, mécontent, nerveux, mal à l'aise. Quelque chose n'allait pas. Quelque chose ne tournait pas rond dans sa tête, et dans celle de cet homme aussi d'ailleurs.  Ses doigts devinrent blancs à forcer d'appuyer. Sa tête lui faisait incroyablement mal. "Est-ce-que si l'on te torture pendant des mois entiers, tu souffrirais moins en sachant qu'un jour la Mort viendra et que tu seras enfin soulagé ?" murmura-t-il tristement. Il relâcha ses mains, baissa la tête, comme un enfant perdu, changeant brutalement de posture et d'attitude. "Non." Il releva la tête et resserra ses doigts aussi vite qu'il les avait enlevé. "Non... non et non ! " répéta-t-il plus doucement. Il le savait, pour l'avoir vécu. Des cauchemars s'emparaient de ses nuits, des souvenirs revenaient, était-ce vraiment les siens, était-ce bien sa réalité, son histoire ? Le chaman n'en savait trop rien. Il se calma brutalement et relâcha son interlocuteur, reculant de quelques pas dans un équilibre douteux. "Vous avez tord, par pitié reconnaissez-le. Je veux vous laisser une dernière chance de nous rejoindre." souffla-t-il. Ce n'était pas ce qui était stipulé dans la lettre. Très loin de lui l'idée de vouloir désobéir au Suprême de l'Au-Delà, mais un sombre espoir, seul et torturé se débattait en lui.

Ce espoir, on l'écrasa, le piétina, le réduit en poussière. "Venir me menacer sous mon toit n'était pas une bonne idée. On ne t'as pas apprit les bonnes manières ?" C'était une famille de paysans, ils ne savaient pas se battre. Mais ils savaient se défendre contre les intrus. L'homme recula, s'empara d'une fourche à portée de main. Devaraj ne répondit pas tout de suite. Il resta silencieux puis se mit à rire. C'était un rire étrange, qu'il avait déjà entendu, qui résonnait lourdement dans sa tête et qu'il avait envie de reproduire. "Oh. Un jour on m'a demandé quel était mon avis sur la torture et la mutilation." Son regard s'affola. "A l'époque, je n'ai rien répondu mais maintenant je sais." Un sourire mauvais déchira ses lèvres. "Oh, je sais." Les mots se répétèrent. Il savait à quel point ça faisait mal d'être blessé, il savait à quel point c'était parfois jouissif et amusant de blesser. Sa main s'ouvrit brutalement, il déplia les lames de son shuriken et le lança. Il visa les doigts de sa victime pour lui faire lâcher son arme improvisée et s'élança, fusionnant avec Khaal pour le faire tomber à terre. Il l’assomma, fit de même avec l'ancien, les deux gosses et la femme. Alors il les traina à l'intérieur de leur habitation principale et attacha tous, chacun à un coin de la hutte. Prit d'une frénésie et d'une envie débordante, il les tortura un par un pendant des heures.

La Mort s'installa dans la hutte, étendant ses longues ailes noires et sinistres. Devaraj s'allongea sur le sol, ses membres baignant dans le sang, le cœur vide, comme une poupée sans vie. Qu'avait-il fait ? Il ne savait plus. Qui était-il ? Il ne savait plus. "Les rebelles ne voulaient pas comprendre leur erreur." Sa main écrivit quelques mots rapides sur le papier. "Du coup, je les ai mangé." La missive repartie vers son souverain au gré des ailes d'un corbeau. Sa main retomba mollement dans la flaque rouge, il ne bougea plus.



Mots :  1822

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