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 Le Kraken [Pv: Létouille][-18]

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Jeu 05 Mai 2016, 21:01


Le chahut des deux enfants avait depuis peu fui la maison. Il ne restait que le silence pesant d’une absence à laquelle je ne m’habituais plus. Léto était également parti, emportant avec elle le reste d’une famille sombrant dans le trouble. Si je n’avais pas été un bon père, j’étais aujourd’hui totalement manquant dans leur vie, trop dangereux pour rester seul avec elles. La bête sortait dorénavant plus souvent, contrôlait des gestes qui part le passé ne posait aucun problème… ma soif de sang était désormais excessive à vouloir tout dévorer sur mon passage, à vouloir voir souffrir le monde, les broyer de ma main. La bête avait pris le pas sur l’homme, et pourtant, je m’évertuais à me contrôler à chaque fois qu’une frustration survenait, qu’un désir voulait me contraindre aux actes, un contrôle qui m’épuisait jusqu’à laisser la place au monstre.

Malheureusement, les choses s’enchaînaient et rendait la situation plus compliquée, la pente plus glissante. Númendil était mon nom et ce qui l’incombe l’était aussi. Chacun avait une place dans la secte et vraisemblablement, j’en été celui qui m’occupait des enfants ayant ressentis la naissance du monstre, ou encore ces adolescents que les monstres détruisaient par manque de contrôle. Dernièrement, un enfant avait tué son maître par pulsion de cette bête, tandis que certains s’étaient attelés pour ne pas que cela s’ébruite et ternisse la réputation de la bâtisse, je m’étais arrangé pour prendre cet enfant avec moi. Jonchant le sol de la cellule, qui fut jadis celle de Naraë, le garçon avait crus bon de se défendre de mon emprise, en prise à ses pulsions. Cependant, je lui avais fait comprendre qu’il n’avait pas le choix. Ensanglanté, il s’était relevé, ignorant la douleur, pour se poster tel un chien éperdu dans un coin de sa cellule. Mes pas dans le sombre couloir lui avait fait froncer des sourcils et lorsque l’une de mes mains s'était posée sur le barreau, ses muscles s'étaient contractés. Je connaissais la crainte et la colère qu’il ressentait à présent, cependant, il y avait aussi ce sentiment de soumission, plus fort que n’importe lequel de nos sentiments. « Je ne te ferai rien. » fis-je simplement en faisant glisser son repas sous les barreaux. Son regard sombre était celui d’un animal. « Tu peux parler. » Lui intimais-je, accroupie à quelques pas de lui. Il ne dit rien, de peur de dire quelques vérités qui lui vaudraient maintes punitions. « Tu n’étais pas prêt pour sortir… tu es encore trop sentimentale. » « Qu’en savez-vous ? » lança-t-il agressivement avant de resserrer les bras autour de ses jambes. Je montrai ma main au jeune garçon qui ne comprit pas tout de suite comment un Vedelea pouvait être aussi libre que je ne l’étais. « Demain nous prendrons un navire pour t'emmener dans un autre endroit. Un lieu plus approprié. » La discussion s’arrêta ici et je me détournai de lui.

Dès l’aube, nous partîmes. L’enfant n’opposa aucune résistance, restant près de moi jusqu’à ce que nous arrivions à bon port. Le temps de soudoyer le capitaine pour y déposer l’enfant dans la cale, à l’abri des regards, attaché pour qu’il ne puisse fuir avec une chaîne au cou. Tandis que je refermais le collier, l’enfant murmura : « Si tu es un Vedelea libre, pourquoi fais-tu ça ? » Je lui souris avant de répondre : « Parce que je suis surement aussi sentimental que tu ne l’es. » À quelques détails près, j’avais repris contact avec la secte pour mettre à l’abri mes filles, pour ne pas qu’elle se retrouve à sa place. S’il y avait un fond de vengeance dans mes actes, il y avait aussi ce désir de protéger ce qui était à moi. « Est-ce que je serai libre un jour ? » Accroupi, je contemplai l’espoir de l’enfant. « De qui es-tu le fils ? » « De personne. » Je souris d’un air triste. « On t’a appris à n’être personne, mais, te rappelles-tu tes débuts ? » « Je ne peux pas m’en rappeler… Je suis le fils de personne. »   J’acquiesçai, l’enfant avait l’esprit trop brisé pour pouvoir se souvenir de ses racines. « Très bien. Alors la réponse est non. Si tu n’es personne, tu ne seras jamais libre. » Me relevant, je quittai la cale.  

La mer était calme, tandis que le navire s’abaissait à chaque passager qui mettait un pied dessus. Je savais pertinemment ce que je faisais, je savais que Léto était en mesure de tout savoir… de tout entendre et de tout voir. Je savais ses idéaux, et je savais que je les piétinais avec tout de même la peur qu’elle ne décide de tout abandonner ici et maintenant. De me laisser derrière et de continuer à avancer, de m’enlever également mes filles afin de les protéger du monstre qu’était leur père. Pourtant, Mozaga était une Alfar, une enfant trop sentimentale, certes, mais elle se devait de vivre à Drosera, pas à Megido. Elle devait apprendre à usurper les gens avant d’être détruite par le monde. Perdu dans la contemplation du bleue, je me mis à souffler, impuissant. Si mes piliers s’effondraient un à un, il en était fini de l’homme, car la bête n’attendait que ça pour m’engouffrer tout entier. Mon existence prenait une tournure qui pourrait mal finir.

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Latone
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Latone
Ven 06 Mai 2016, 18:11

Léto était essoufflée, totalement épuisée par la cascade de péripéties qu'elle a dû subir pour arriver jusqu'ici. Au cours de ce périple, elle avait dû se casser le bras au moins deux fois et sa lame n'aura jamais été aussi sale de toute son existence, autant gorgée de poussière et de sang. Mais au moins, elle était enfin parvenue à localiser l'objet de sa quête. La description qu'on lui en avait faite collait parfaitement, puis il suffisait qu'elle le touche pour confirmer son essence. Il ne lui restait plus qu'à rentrer au bercail avec, l'escorter jusqu'au continent Dévasté. Désolée.

Le duo chamane et esprit-compagnon se présenta au capitaine, elle n'eut guère de peine à payer le trajet, on avait de toute manière tout mis en œuvre pour qu'elle ne rencontre aucun obstacle aussi futile. En supplément, elle rajouta quelques pièces pour se réserver une cabine plus copieuse ; ce n'était pas uniquement pour son confort à elle, mais surtout pour celui de sa "proie". La blonde avait, de toute façon, besoin de se rafistoler au calme, de faire le point sur toute cette histoire, par quelques séances de méditation, peut-être un rituel chamanique pour égayer le tout. Elle monta donc sur le pont et rejoignit les cabanes, elle referma la porte derrière elle et déposa son paquetage au pied du lit. Ce lieu à huit clos ne payait pas de mine, le navigateur ne s'était pas moqué d'elle. Sinon, je l'aurai jeté par-dessus bord et pris son insigne de capitaine. Ce ne serait pas la première fois que Latone aborde un navire à elle toute seule. Mais bon, toutes deux savaient qu'il fallait jouer la carte de la sécurité. A ce sujet, Latone sortit de la cabine pour faire le tour du bateau, histoire d'avoir une certaine vue d'ensemble avant qu'on ne lève l'ancre.

Léto s'assit près du bureau et alluma une bougie. Elle retira son plastron et une partie de son haut, la chaîne qui serpentait son bras droit tomba mollement par terre dans un léger fracas de cliquetis successifs. Ses yeux vairons dardèrent le médaillon serti au bout de la longue chaîne d'argent. Rien qu'au touché, elle ressentait encore l'âme qui y trônait. Avec délicatesse, elle déposa l'habitacle sur le bureau ; elle espérait de tout cœur que la génie qui y avait élue domicile n'en ressorte jamais, du moins pas avant qu'elles n'arrivent à destination. Pour l'heure, Léto préféra rester là pour surveiller, en plus de se refaire une santé. Elle fouilla son sac et en extirpa quelques onguents pour traiter ses plaies. Il n'y a pas à dire, cette mission lui en aura fait voir de toutes les couleurs. Bien que sa cible n'avait pas d'alliés à proprement parler pour la protéger, les traquenards furent nombreux sur le chemin, et les rapaces d'autant plus nombreux ; à croire que ceux et celles liés de près ou de loin à la Dévoreuse continuaient d'être chassés, si ce n'est plus. Il y a des jours où Léto bénissait sa mère de ne pas l'avoir fait naître rousse. D'ailleurs, la chamane se demandait à quoi ressemblait la personne à l'intérieur du médaillon. Je me demande si elle boude… Elle lui rappelait un peu Lime, quand elle restait cachée dans son habitacle pratiquement toute la semaine. Enfin, il lui fallait prier qu'elle soit dans la même veine, qu'elle ne lui apporte pas autant de malheurs que la veille et les jours précédents. La chamane était ravie de pouvoir enfin souffler un peu, de prendre soin de son corps meurtri, cerné de ses symboles colorés et de ses blessures de toute provenance, de tout type.

Pendant ce temps, Latone prenait à cœur son rôle d'éclaireuse. Auprès ou au loin de Léto, elle était leurs yeux, leurs oreilles et leur bouche. S'adresser à l'esprit ou à la chamane revenait au même, elles partageaient les mêmes opinions, les mêmes goûts ; en soi, une réponse de sa part ou de l'autre restera la même dans l'idée, seule la manière de le dire sera différente. Et autant dire que la bleue était celle qui gardait le moins ses pensées en poche, surtout depuis que Léto s'était renfermée sur elle-même. L'esprit vagabonda tel un fantôme dans la cale, il y eut quelques sursauts à son passage mais rien de bien méchant. Malgré le fait qu'elle soit en partie fade – à cause de son essence spectrale – la teinte bleutée ressortait beaucoup, ce qui lui donnait un certain air chatoyant. Quoi de plus normal, d'ordinaire ses apparitions étaient censées être synonymes d'espoir, elle restait donc fidèle à elle-même. En tout cas, elle était loin d'être discrète et s'en moquait éperdument : elle n'était pas là pour jouer les espions, seulement observer, interagir, et peut-être découvrir. En l'occurrence, en remontant sur le pont, Latone ne s'était pas attendue à tomber sur un homme qui comptait beaucoup à ses yeux, pour elles. Avec la grâce dont elle était capable, l'esprit se rapprocha de l'alfar. Elle ne pouvait pas le toucher, elle se contenta alors d'accaparer son attention par les mots.

" Tiens, tiens… Léto aurait eu de l'appréhension à aller à sa rencontre, surtout en cette situation, mais Latone était celle qui incarnait l'envie de renouer avec lui, de lui faire comprendre de manière très directe qu'il comptait toujours à ses yeux. J'aurai un excellent compagnon pour la croisière, et pas des moindres : mon Juishi ! Elle dévoila ses dents en un sourire provocateur, elle était l'incarnation de son assurance en toute circonstance. Elle s'approcha et s'arrêta à quelques centimètres de lui, de ses lèvres qu'elle ne pouvait saisir sous cette forme ; elle le darda de ses pupilles céruléennes, ce regard un brin trop confiant. Alors, Aglakh, que fais-tu, à ramper par ici ? " Question rhétorique, elle le saura tôt ou tard, et il le savait.


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Ven 06 Mai 2016, 19:39


Les vagues se brisaient sur la coque du bateau, le faisant légèrement tanguer. Le poids des hommes, qui marchaient sur le pont, faisait craquer le vieux bois. L’enfant entendait tout d’en bas, bousculé par les flots, bien plus que nous ne l’étions en haut. Il ne savait pas où je l’emmenais, ne savait pas ce qui allait advenir de lui… cependant, la perspective de sa mort ne l’effrayait pas. Il avait pour habitude de la côtoyer de près, de trop près pour qu’elle ne lui fasse peur aujourd’hui. Je frottai maladroitement ce V encré dans ma peau. Il était le signe d’un asservissement sans fin ni limite, même si les marches furent gravies depuis qu’elle fut faite, je n’en restais pas moins un prisonnier, épié de toute part. Si mon collier de fer n’était pas visible, il était tout de même présent.

Je n’eus pas à me retourner pour comprendre que la situation devenait de plus en plus délicate. Si j’avais un enfant à surveiller pour éviter toute évasion ou toute émanation de sang, je devais à présent faire en sorte que Léto et sa comparse ne découvrent pas ce Vedelea attaché dans la cale. Je me retournai enfin, le faciès feintant l’innocence, pour me retrouver le visage à quelques centimètres de celui de la bleue. Ses mots étaient épris de provocation comme à son habitude, des mots éveillaient une certaine malice qui pouvait être aperçue dans mon regard. « Latone… » Fis-je simplement en jetant un coup d’œil derrière elle. Il était impératif de garder Latone à l’œil, qui avait surement tendance à plus fureter que Léto, cependant, j’aurai été plus rassuré de voir les deux femmes ici. Je ne pouvais décidément pas quitter la bleue sans que cela ne paraisse suspicieux. « Je te retournerai bien la question, mais je suis à peu près certain que tu ne me dirais rien et c’est peut-être mieux ainsi. » En réalité, il me suffisait d’aller voir Léto pour avoir la réponse à cette question, quelques charmes suffiraient à la faire faillir, cependant, tout était plus compliqué avec la femme qui se tenait devant moi. Nos lèvres étaient toujours aussi proches, immobiles, tandis que la brise marine faisait claquer les voiles. Le départ venait d’être annoncé et quelques passagers s’amassèrent pour dire adieu à ceux qui restaient au port. Si elle avait été Léto, sans doute m’en serais-je saisi à l’instant même où mon regard aurait croisé le sien. Cela faisait bien longtemps que nous nous étions perdus de vu ou bien était-ce mon impatience qui se faisait ressentir à ce moment présent. La situation devenant compliquée face aux pulsions de mort d’Aglakh, l’amour n’étant qu’un terrain de dévoration pour lui, je détournais enfin le visage dans un souffle, m’accoudant aux rambardes de bois. Aucun mot ne vint de prime abord, avant que la question fatidique ne sorte comme un cheveu dans la soupe : « La situation n’est pas trop compliquée pour les filles ? » Tout était un sujet sensible, comme remuer le couteau dans la plait une énième fois. « Comment gérez vous ? »  Des interrogations qui depuis le début me brulaient les lèvres. La séparation avait été compliquée, cependant, je la remerciais de s’être éloigné de moi un moment, d’avoir pris les enfants et d’être tout simplement partie. Les blessures narcissiques se rouvraient lentement face à ce constat édifiant : sans Léto, sans cette famille que nous avions construite, je n’avais personne autour de moi. Peut-être était-ce mieux ainsi, une certaine armure s’était mise en place afin de ne pas être atteint par le monde extérieur, afin de ne pas tout détruire, mais surtout de ne pas me détruire.

Les rayons du soleil tapaient l’eau turquoise, mais au loin nous pouvions voir des nuages gris clair, signe que la mer serait agitée, mais praticable. Je me retins de soupirer, me contentant de fermer les yeux un bref instant. Notre couple était sur le point d’exploser et je savais au fond de moi qu’elle était au courant de beaucoup de choses, des choses qui seraient difficiles d’expliquer. « Latone ? » fis-je en ne lui adressant aucun regard. « Vous êtes au courant, n’est-ce pas ? » Une question qui ne visait aucun but, si ce n’était me convaincre qu’il n’y avait peut-être plus rien à sauver. La culpabilité n’était pas un sentiment envahissant, parfois je la sentais me frôler, mais jamais elle ne s’était saisie de moi. Je n’avais pas de grands remords, simplement, j’avais ce sentiment gravé sur la peau, celui de devoir la rendre heureuse, malheureusement c’était un contrat que je ne pouvais mettre en pratique dans cette réalité qu’était la nôtre.  

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Latone
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Ven 06 Mai 2016, 22:57

Elle reconnaitrait ce visage entre mille, cette expression, aussi riche au fond que vide en apparence. Ironique dans le sens qu'elles souriaient très souvent sans raison apparente. A croire que les couches de masques ne s'étaient toujours pas effritées depuis les années. Succinctement, Latone jeta un regard aux "bagues" dorées qu'ils portaient ; même elle, en tant qu'esprit, l'annulaire était cerné de ce cercle brillant de mille feux passionnels. Les bagues d'Olympe étaient censées les lier en terme d'empathie, pourtant Léto ne s'était jamais sentie aussi détachée psychiquement d'Aëran qu'en ces temps-ci. Les deux partis n'aidaient pas vraiment de toute façon, puisque l'alfar éludait forcément sa question. Latone avait peut-être trahie un peu trop tôt ses intentions, tant pis, c'était bien son style.

" Retourner la question ? En voilà une bien bonne idée ! Dit-elle en étirant les bras de chaque côté. Et moi qui pensait, naïvement, qu'on allait se lancer dans une belle discussion, sous ce joli coucher de soleil, face à l'horizon des eaux tourmentées. Elle baissa les bras et accentua son sourire. Mais non, autant se taire des deux côtés. Ce n'est pas plus mal, pas vrai ? "

Elle a toujours détesté ça, les cachotteries d'Aëran, surtout quand ça la concernait de près ou de loin. Léto rongeait son frein dans son coin, compréhensive au possible, mais Latone était son côté impatient, celle qui n'attendait pas pour obtenir ce qu'elle souhaitait. D'une certaine manière, au fil des années, le couple avait pris pour acquis de régler leurs affaires chacun de leur côté. Mais aujourd'hui, et ce depuis la mort de Kohei, ce n'était guère plus possible d'être satisfait de cette situation. Latone croisa les bras, son sourire était davantage amer qu'ordinaire. Elle fixa le dos d'Aëran, se demandant à quoi il pouvait bien penser. Elle se retint de lui reprocher quoi que ce soit à propos des filles, il était après tout en droit de savoir.

" Mozaga est intenable comme jamais, j'ai dû la ramener deux fois à la maison ; pas parce que je voulais l'en empêcher, mais parce qu'elle s'était perdue. Quant à Prune, elle ne comprend pas plus, mais tu la connais : elle ne pipe mot et se contente d'observer. Ses prunelles bleutées s'attardèrent sur le crépuscule naissant, l'ancre commençait tout juste à être levée et les voiles à se dresser. La bête de Mozaga est sortie une fois, de toute évidence elle ne m'apprécie guère. Elle fronça légèrement les sourcils, cela n'avait pas été bien agréable de s'en prendre à Yazgash, elle était après tout une partie de sa fille. A l'époque, même Léto n'avait osé lever sa lame sur Aglakh. Et Prune fait des cauchemars, où elle voit un monstre. Le souci étant que le sien risquait de s'éveiller plus tôt que prévu. L'esprit se plaça près de la rambarde, de telle manière à être dans le champ de vision de l'alfar. Je gère. Assura-t-elle en gonflant son biceps. Elles ne manquent de rien, si ce n'est d'un père. "

En soi, Latone était l'incarnation d'une assurance sans faille de Léto. Après tout, sa condition d'esprit la rendait intouchable, et de son point de vue invincible lorsqu'elle foulait le plan des morts, sa puissance léguée à la chamane lors de la fusion. Mais elle le savait que la situation était catastrophique, c'était déjà assez tendu de faire en sorte que les filles ne s'en prennent pas aux parents de Léto. Cela lui avait bien traversé l'esprit une fois de les emmener à Ciel-Ouvert, où elles seront encore mieux surveillées, mais ce n'était pas une si bonne idée que cela ; en témoignait l'attaque des tribus chamaniques sur la cité. Il était hors de question de placer les petites au devant du danger, que ce soit envers n'importe quel envahisseur ou envers leur paternel instable. D'autant plus un père qui flirte beaucoup trop avec le danger incarné.

" Aaah… Soupira-t-elle, elle le fixa dans les yeux. On y vient. Son sourire était malsain, ils savaient tout deux que ce ne serait pas joyeux. Je suis au courant. Et c'est tout, s'il tenait tant que ça à se justifier, il n'aura qu'à le faire lui-même. Tu as dû finir par comprendre, étant donné ta question, que les esprits sont de nature très curieuse. Je discute avec beaucoup d'entre eux, pour écouter leurs malheurs ou leurs plaintes. Mais plus encore, vu que je me targue d'être une libératrice, il m'arrive très souvent de me faire aborder par une catégorie d'esprits en particulier : des esclaves, morts enchaînés, torturés, brisés. Ils aiment me rapporter leurs histoires, c'est une manière pour eux de se libérer enfin, comprends-tu ? Elle se dégagea de la rambarde, le vent soufflait et les guidait loin de la côte. Enfin bon, ce qui est dommage, c'est que le bouche à oreille a tendance à déformer la vérité. Des fantômes voient un voleur accourir une pomme à la main, et petit à petit, au fil des commérages, la pomme se transforme en poire. Du coup, qu'est-ce qu'il a volé : une pomme ou une poire ? Elle pivota sur elle-même pour faire face à lui. Qui a-t-on aperçu papoter avec le vilain Haut Parti : mon tendre fiancé ou un alfar anonyme ? Elle étira son sourire. Troisième cabine de l'entrepont, sur la droite. Je t'y attends, si tu désires parler, ou un lit chaud ; voire les deux, qui sait. Elle ricana. Ne me fixe pas comme ça : je retourne à la cabine. Je ne vais pas fureter dans tes petites affaires. Pas tout de suite. " Et elle s'éclipsa.


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Sam 07 Mai 2016, 12:34


Si mon regard s’était souscrit au sien, il fut bien vite rappelé par l’incitation de la bleue à soutenir l’incandescent de ses pupilles. Des prunelles emplies de provocation, semblant excités de quasiment toucher du doigt la vérité et prête à la confrontation. Je soupirai en détournant le visage du sien. Même si les deux parties étaient unies à n’en faire qu’une, nous savions tous deux que ce n’était pas ce côté impétueux de sa personnalité qui allait pâtir de cet orage qui planait au-dessus de nos têtes. « Je vois. » Lui fis-je sans une once d’émotion. Les Vedelea venaient donc se plaindre à en révéler les secrets de la secte… c’était bien pratique, mais bien dangereux pour la bâtisse. Me relevant, je dépassais Latone pour rejoindre Léto.

Je ne voulais pas m’expliquer de quoi que ce soit, je n’étais pas un coupable à qui il fallait faire procès. Le bois craqua sous mes pieds et la porte fut poussée pour dévoiler la blonde. Elle semblait parsemée de blessure et d’ecchymoses en tout genre, pensant ses plaies après une journée qui avait sans doute été difficile. La porte fut délicatement fermée, entrant sans un mot dans la pièce alors que la bleue était dans un coin. M’asseyant sur le bord du lit afin de prendre le relais, un silence s’était installé sans que quiconque ne le brise. Quelques minutes passèrent et je décidai de prendre la parole, des mots quelque peu abrupts qui ne faisait que montrer une armure qui n’était pas encore assez amochée pour se briser : « En te trompant de route tu es tombé sur moi, tu savais pertinemment qu’en acceptant cette histoire, en acceptant d’aller plus loin, tu serais contrainte à te confronter à quelque chose qui n'allait pas dans ton sens. Cette pitié, cette empathie… ce sont des choses qui me sont difficiles et tu le sais, tu l’as toujours su, mais tu es resté. » Je soufflais en finissant le bandage de son bras. « Je ne tiens pas particulièrement à m’expliquer sur mes agissements, surtout qu’il semblerait que tu en connaisses les tenants et les aboutissants… mais quelque chose me dit que si l’on ne se confronte pas maintenant, le gouffre qui ne cesse de nous séparer s’agrandira encore. » En réalité, je connaissais l’empathie, mais elle n’était limitée qu’à peu de personnes. Je n’en avais pas pour les Vedelea, parce que si la secte ne les avait pas faits prisonniers, quelqu’un d’autre l’aurait fait, quelle qu’en soit la manière. Ils avaient ainsi la possibilité de se libérer de leur chaîne, de devenir plus forts, de devenir un problème pour ceux qui les avaient formé. « Jamais je ne me soumettrai aux Númendil. » La phrase fut lancée, soutenant le regard de la blonde. « Protéger ce que nous avons construit m’est important, je suis prêt à sacrifier des enfants pour ça, à tuer et à éliminer pour eux. Cependant, je ne fais que rester auprès de mon ennemie, de notre ennemie. Je ne les détruirais pas au nom de la Liberté, comme tu serais tenté de le faire, mais je les anéantirai en rendant les Vedelea plus forts et plus indomptables, au nom d’une vengeance inassouvie. » Je laissais un court silence, rassemblant mes idées. « Je ne les hais pas réellement, ils m’ont forgé, mieux que quiconque ne l’aurait fait. Si je n’avais pas été un Vedelea, j’aurai sans doute été le bourreau de ceux-ci, un Haut Membre qui acquiescerait aux idées de cette famille. Malheureusement pour eux, mes parents étaient trop sensibles et moi trop friand de liberté. » Je pensais un bref instant à ce père, Orisha de son état, sans doute ce côté-ci de mon sang m’appelait à cette Liberté indescriptible. « Hlavora avait raison, la seule chose qui change dans cette histoire, c’est le rôle que je n’ai pas joué. » Un instrument passant de main en main, n’ayant aucune emprise sur sa vie. « Le problème étant qu’ils sont allés plus loin que m’atteindre. Ils s’en sont pris à toi, ont menacé nos filles. Ils n’attendaient qu’une chose, qu’Aglakh prenne place, qu’ils matent la bête par la force afin de la contrôler. A la… mort de Kohei, ils se sont saisis de cette chance en prenant contact avec moi. Je ne sais pas comment, mais ils savaient ce que j’avais fait, ils savaient qu’Aglakh était dorénavant plus puissant que je ne l’étais. » Un bref silence prit place. « J’ai mis du temps à venir vers elle, mais je ne suis pas naïf. Si elle m’a élevé au rang de Haut Membre, c’est qu’elle était incapable de me contrôler au rang de Vedelea. Pour elle, c’est une grande réussite, une illusion de plus. Elle pense posséder l’homme et la bête. Néanmoins, elle doute de mes convictions, elle sait au fond que je suis là pour une raison que je ne lui ai pas encore révélée. J’estomperai ses craintes, je les ferai toutes taires afin d’être à ses côtés et de la voir sombrer. » Je me saisis de la main de Léto, contraint d’admettre que sa peau m’avait rudement manqué. « Cela prendra du temps et je ferai couler encore beaucoup de sang. » La vérité était dite et je n’étais pas prêt à tout laisser tomber maintenant. Je voulais aller au bout de cette quête que je m’étais donnée, même si sa découverte risquait de signer ma perte.

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Petite précision...:

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Latone
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Latone
Sam 07 Mai 2016, 18:52

Le grincement de la porte la tenta de lever le regard vers l'invité, mais Léto n'osa affronter tout de suite son regard. Elle focalisa toute son attention sur le soin de son corps – qui en avait quand même bien besoin – avant que la main ne revienne à Aëran, médecin de son état. La chamane retint un soupire et braqua ses pupilles vaironnes sur l'alfar, l'expression neutre. Elle attendait. Latone patientait dans son coin, les bras croisés, elle aussi le fixait. De tout son être, la femme qu'était devenue la simple paysanne d'antan souhaitait mettre, une bonne fois pour toute, cartes sur table. Elle l'écouta, ne fit flancher son regard qu'au moment où il se saisit de sa main. Ce contact l'avait tellement manquée, il n'était comparable à nul autre. Néanmoins, Léto savait que la meilleure chose à faire, pour le moment, était de réprimer ses pulsions, ses envies de le baffer et de l'embrasser. Au terme de ses explications, la chamane soutint à nouveau son regard.

" Très bien. Elle dégagea sa main de la sienne, plus brusquement qu'elle ne l'escomptait. Elle étira un maigre sourire. Je savais déjà que tu ne t'allierais pas à eux, du moins pas complètement. Mais te l'entendre dire est quelque peu rassurant. Un silence s'installa quelques secondes, elle n'était pas douée pour débattre, d'autant plus que Latone était la moins bien placée pour apaiser les tensions. Cependant… Elle fixa l'esprit avant de reporter son regard sur l'alfar. Je ne peux plus te faire confiance. La blonde joignit ses propres mains entre elles, jouant avec ses doigts. Ce n'était pas ainsi qu'elle s'était figuré ses retrouvailles depuis qu'elle avait éloigné les filles, et cela la chagrinait. Concrètement, on ne s'est jamais battu pour la même cause. Tu as tes buts, j'ai les miens. Mais nous avions tout fait pour protéger ce lien qui nous unit, pour préserver l'équilibre de notre famille ; quitte à faire couler le sang. Elle continua de soutenir son regard, ce qui n'était guère aisé et parfaitement visible. En ce sens, je ne t'en veux pas, c'est notre propre vision de la Liberté, et je la respecte. On a toujours fait ainsi. Sauf que je ne peux pas tolérer le fait que tu…
- Que tu me prennes pour une imbécile. Léto ne broncha pas, c'était sa pensée, l'idée.
- J'assume de bout en bout cette histoire que j'ai tissée avec toi. J'ai accepté de la continuer malgré les risques, tes avertissements. Pourtant en t'écoutant, tu me donnes l'impression que c'est de ma faute, que je ne peux m'en prendre qu'à moi-même si ce que tu fais ne me plait pas. Un léger froncement de sourcils était perceptible. Alors je te le dis : ce que tu fais ne me plait pas. Ça ne me plait pas et on aurait continué malgré tout. Mais je ne peux plus faire ça, parce que toi-même tu ne me fais pas confiance.
- Tu penses vraiment que ça m'amuse, de me sentir obligée de vérifier tous les on-dit à ton sujet, de devoir jauger leur véracité et m'en mordre les doigts dans mon coin, lorsque ça nous concerne, toi, moi, et les filles ?
- Alors qu'il suffirait que tu m'en parles avant, pour me prévenir, pour que peut-être on agisse même ensemble.
- Pour que tu n'ais pas à te faire engueuler !
- Par ta promise ! "

Léto haleta, serra des poings sur ses jambes. Son sang bouillonnait légèrement et ce n'était pas bon pour ses plaies à présent traiter. Elle soupira et passa une main dans ses mèches cendrées, le fait qu'il ait tenu à ce qu'ils se confrontent l'avait mise dans tous ses états intérieurement. La chamane ignorait jusqu'où ça pourrait aller, mais elle n'appréciait pas d'en arriver là, avec l'homme qu'elle avait toujours aimé ; puisqu'il était question des confessions, elle ne pouvait que se sentir obligée d'en faire de même.

" Tu ne m'as jamais rien dit. Et encore aujourd'hui, tu ne comptais rien me dire. Elle le regarda, davantage de colère que de tristesse émanait de ses yeux. Enfin, tu as fait un effort, alors je vais faire de même : toutes ces années ont forgé un monstre en moi. Pas uniquement à cause de la torture qu'Elina m'a infligée et pas simplement une bête comme Aglakh. Crois-moi, j'aimerais tant t'en dire plus, mais je ne me sens plus aussi proche de toi que je ne l'étais. Elle s'empara de nouveau de sa main. Le monstre que je suis détruira la secte, tôt ou tard. Pas de l'intérieur, pas en côtoyant la souffrance d'enfants rendus bestiaux. Je raserai ces murs de face pour préserver le futur de mes filles et de beaucoup d'autres. Et ce jour-là… Elle serra un peu plus l'étreinte, sans chercher à forcer pour faire mal. J'espère de tout cœur que tu ne seras pas sur mon chemin. Elle laissa planer un silence singulier, après tout ils avaient le même but mais la méthode divergeait obligatoirement. Chacun de leur côté, ils devaient mûrir les perspectives, notamment l'une d'entre elle. Si jamais… ton œuvre, au sein du Haut Parti, atteint d'une manière ou d'une autre l'une de mes filles, tu ne seras plus que Númendil à mes yeux. Elle serra plus fort. La rencontre qu'ils avaient eu à Drosera l'avait transformé, petit à petit, en ce qu'elle était aujourd'hui. Une énorme mutation qu'elle souhaitait bien faire noter à Aëran, une bonne fois pour toute.
- Des mots, des mots ! Ronchonna soudainement Latone en longeant le bureau, en allers-retours. Je parle trop mais j'ai juste envie de te frapper. Si tu ne prends pas l'initiative, je vais le faire. "


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Sam 07 Mai 2016, 20:41


Ses mots raisonnaient comme des accusations qui ne voulaient plus se taire. Mon sang bouillait à en réveiller Aglakh afin qu’il ne souhaite qu’une chose : la dévorer, faire en sorte que plus rien ne s'immisce entre nous. Léto était à moi, ma promise, mon objet, ma chose. Qu’elle désire ou refuse cette association m’était égale, il m’était tout simplement impossible d’accepter une séparation, même partielle. Au fil des phrases, au fil de ses allégations, mon aura se métamorphosa en bête, une sauvagerie visible par-delà le bleue de mes prunelles. L’homme tentait en vain de se battre contre ses pulsions dévastatrices, cependant, tout se mélangeait à ne créer qu’un amas de bestialité simulant la civilité. Mon regard s’intensifia, la chaleur de mon corps augmenta d’un cran, la haine et la colère refaisaient surface. Léto aurait un aperçu du déséquilibre de son promis… et si elle s’était forgé un monstre au fil des blessures, il était temps de voir si celui-ci était à la hauteur.

Un faux sourire étira mes lèvres et je tirai Léto à moi. Plus près, encore plus près, mes lèvres frôlant sa joue jusqu’à être à quelques millimètres de son oreille. Cette odeur que j’avais sentie d’innombrables fois vint titiller mes narines, ravivant les souvenirs d’un couple plus paisible. L’une de mes mains vint alors s'immicer dans ses cheveux blonds, réprimant ce désir de les lui arracher. Un souffle, un murmure empli de magie sortie d’entre mes lèvres : « J’espère que ce monstre dont tu me parles est à la hauteur, car tu vas enfin me rencontrer. » La perte était totale, Aglakh venait de tout prendre, jusqu’au désir de protéger la Chamane. En réalité, Il était moi et j’étais lui, au même titre que Léto était Latone… cependant, nos avis et nos convictions divergeaient. Si Aglakh voulait la destruction de Léto afin qu’elle ne soit à personne d’autre que nous, je ne désirai en aucun cas mettre sa vie en danger… et pourtant, à cet instant précis, Aglakh faisait en sorte que nos désirs concordent. Je ne laissai aucun silence en suspens, continuant : « Je t’interdis de bouger. » L’ordre était lancé, le timbre de voix sous-entendant qu’aucune protestation n’était admise. Me reculant afin de percer de part en part son regard, je saisis son visage d’une main, pressant ses joues afin de la ramener brutalement à moi. « Tu ne sais pas ce que tu réveilles en rejetant ce que je t’offre. » Ses mots raisonnaient une nouvelle fois, elle ne se sentait plus assez proche de moi et seuls eux s’étaient encrés afin d’en tirer la conclusion suivante : il y avait un risque qu’elle décide de mettre fin à notre histoire, qu’elle parte. « Jamais je n’accepterai que tu t’éloignes de moi. » Ma main libre vint écraser de son pouce la blessure au bras de Léto. « La confiance que tu demandes, aller vérifier mes faits et gestes à chaque fois qu’un de ces chiens vient te voir la queue entre les jambes, les menaces que tu prolifères à mon encontre comme si j’étais un traitre à notre famille, sont tout autant de choses qui ont la particularité de m’agacer. Il semblerait que nous ne soyons pas égaux sur certains points et il ne me semble pas t’avoir un jour demandé de te justifier. Même si je n’ai pas le don d’aller fureter dans chacune de tes escapades, m’as-tu entendu te poser des questions sur le pourquoi du comment tu te retrouves sur ce navire, couverte de blessures ? Ne t’es-tu pas demandé que peut être à chaque fois que tu t’éloignais de moi, je pouvais en être inquiet, te dire que peut être à chaque séparation je pouvais me demander où tu étais ? Ce que tu y faisais ? Si tu n’avais pas besoin de moi à cet instant, ou même si je te manquais, ne serait-ce qu’un peu ? » Mes mains se serrèrent un peu plus sur ses joues et mon pouce s’enfonça un peu plus dans la blessure, le bandage se souillant un peu plus de son sang : « Et tu oses me parler de Liberté et de confiance ? Ai-je la liberté de t’aimer comme je le souhaite ? Suis-je réellement libre à être traqué comme tu le fais ? Et si je n’avais que pour désir de t’éloigner de tout ce qui rythme ma vie afin de t’en préserver, y as-tu un instant songé ? Nous savons tous deux qu’il n’est pas bon de faire ressurgir mon passé, au risque de se voir enchainé à celui-ci. » Mes muscles restèrent contractés, tandis que mon regard s’était encore intensifié. « J’aimerai te marquer, te posséder pour que tu ne voies plus que moi. Tu es bien plus qu’une promise, tu es mienne et si quelqu’un venait à te soustraire à ma vue, je le tuerai de mes propres mains avec toute la violence que je suis capable de donner. » Un silence prit place, avant qu’un autre murmure au creux de son oreille ne lui parvienne : « Je t’interdis de crier. »  Mes lèvres se rapprochèrent alors des siennes avant de glisser le long de son cou. Lâchant le bras meurtri de la jeune femme, j’écartai le tissu de ses vêtements pour dévoiler son épaule. Un baisé y fut déposé avec toute la douceur qu’il m’était possible de donner dans cet état, avant de planter toutes mes dents dans sa chair. Ce n’était pas l’une de ses morsures à ne laisser que de vaines cicatrices, c’était l’une de celle qui visait à en déchirer la peau. Profonde et douloureuse, celle dont le but était de marquer. Je retins les pulsions qui m’incitaient à arracher le tout, le sang coulant sur les draps, sa peau et dans ma bouche. Quelques secondes suffirent et je retirai à contrecœur mes dents. Ma respiration était devenue plus intense, mon corps demandant plus que cet acte symbolique. Mes lèvres ensanglantées vinrent saisirent les siennes, violemment, sans aucune douceur. « Quitte-moi, Léto, et je deviendrai fou. »

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Sam 07 Mai 2016, 22:11

Les dés furent lancés, le résultat ne risquait pas d'être plaisant à vue d'œil, mais Léto voyait au-delà des apparences. Le regard de la chamane transcendait le monde physique pour entrapercevoir les courbes de celui invisible, l'inatteignable pour la majorité des vivants. Et alors, elle était capable de voir la bête à travers son fiancé. Les gestes de l'alfar trahissaient sa déchéance totale, il n'était plus l'homme qui se manifeste d'ordinaire. Quoi de plus normal, elle avait lancé malgré elle l'ultimatum, il n'y aura pas de retour possible. Léto était prête, du moins elle aurait voulu l'être en de meilleures conditions – notamment en étant pas blessée et éreintée par la journée – mais tant pis, elle était une guerrière, elle savait s'adapter.

Léto ne quitta plus des yeux Aëran, ou plutôt Aglakh, pour la suite. Elle l'écouta jusqu'au bout et subit ses gestes sans broncher. De toute façon, il usait déjà de magie pour la soumettre, ce à quoi elle ne répliqua rien du tout ; pour l'instant. La chamane était enfin ravie qu'il ose dire son ressenti sur leur relation, ce n'était plus de simples avertissements, uniquement des faits. Léto appartenait à Aëran et ce dernier ne la lâchera pour rien au monde. La jeune femme jeta un regard vif sur sa main s'écrasant sur sa blessure à peine traitée, avant de le fixer à nouveau, ses tympans toujours à l'affût du moindre souffle de l'alfar. Elle l'avait sorti de ses gonds, ce qui était bien trop rare pour ne pas être souligné. Cela la faisait rire, elle voulait lui éclater au nez mais hypnose oblige, elle se retint. L'emprise d'Aëran était de plus en plus intense, il avait depuis lors dépassé l'intensité dont il avait été capable d'atteindre lors de leur première fois, cette même flamme qu'il avait étouffée par la suite. Léto la retrouvait enfin, cette dangerosité, et plus puissante que jamais. Elle devait être décidemment folle, ou tout simplement aussi monstrueuse qu'elle le soutenait. Son corps tressaillis lorsqu'il l'interdit de hurler : c'était le moment. Elle n'avait le droit de rien faire, pourtant son envie de répliquer était tenace. Elle entrouvrit la bouche lorsque les dents allèrent à la rencontre de ses muscles ; là encore, c'était bien plus intense que la première fois. D'une certaine manière, Aëran renouait avec ses racines en sa compagnie. Un manque qui l'avait tiraillée durant des années, qui lui avait fait un sang d'encre constant, qui se comblait enfin. Le sang ruissela sur lui et elle, sur les draps, tel un pacte signé, consenti. Léto ne répondit pas de suite au violent baiser qu'il lui offrit, pas tout de suite. Elle lui laissa quelques secondes pour en profiter, avant qu'elle ne porte sa main sur le cou de l'alfar, le bout de ses doigts caressait les cheveux immaculés du bestial. Un sourire s'étira au même moment sur les lèvres tâchées de sang.

" Ravie de te rencontrer. " Ponctua-t-elle en terminant la fusion sous les yeux d'Aëran.

Elle resserra sa main sur lui et l'envoya valdinguer de l'autre côté de la pièce. Avec la puissance de Latone, la magie de Léto rivalisait avec celle d'Aëran. Plus de sorts, plus de tours de passe-passe, seuls leur corps respectif signeront la différence. Il était peut-être plus souple qu'elle, mais elle était forte ; il aura besoin de s'acharner sur elle pour la faire vaciller, si tant est qu'elle pose un genou à la terre. Ce qui, au vu de son expression résolue et de son propre sourire narquois, était loin d'être prit pour acquis. La chamane à la crinière à présent bleutée se leva du lit et s'avança d'un pas assuré vers la bête, elle le toisa d'une posture dominante.

" Tu es déjà fou, mon Juishi. Elle se pencha et le prit par le col. Des deux mains, elle le souleva à quelques centimètres du sol. Je t'interdis de t'évanouir. Puis le plaqua sur le bureau, le médaillon qu'elle était censée protéger comme la prunelle de ses yeux alla se réfugier sous des débris de l'autre côté de la pièce. Ni de lambiner ! " Dit-elle en retournant les coups.

Sous l'influence de cette fusion, Léto était éprise d'une envie combattive quasiment insatiable, aussi forte que le désir de possession d'Aëran. Comme elle l'avait dit, elle était un monstre, avec lui et – ils l'espéraient tous deux – pour toujours. Aussi effroyable qu'une furie, la chamane usa sans sommation de ses poings, de ses pieds, de sa tête s'il le fallait, coudes, genoux, tout y passait pour mater la bête. Sa bête. Pas le serpent ! Ses instincts refoulés d'ondine refaisaient également surface. En réalité, elle n'aurait pas voulu se dévoiler ainsi, mais il était certain qu'il saura un jour sa véritable nature. Le monstre qu'elle était en partie. Pas à la secte, corrompant ! La bagarre mit la cabine sans dessus-dessous, sans doute entendait-on leur boucan jusqu'à l'extérieur, mais ils s'en fichaient complètement, puis la porte était verrouillée. Ses propres affaires se firent renverser, le sol était jonché de vêtements, d'outils en tout genre, et surtout – malheureusement pour elle – de ses pigments soigneusement classés. Notamment le rose se mêla au parterre, dilué par les quelques gouttes de sang. Léto offrit un grand sourire de pleines dents, ensanglantées. Elle n'était guère essoufflée, ce n'était que le commencement. Rapidement, elle se pencha pour ramasser quelque peu du rose et se l'étala sur le visage, en vagues et en larmes, des teintes de rouge se rajoutèrent à la peinture corporelle. Appétit incoercible ! Dans un élan, elle profita de l'occasion pour arracher un pan du haut d'Aëran et y planta ses crocs. La morsure n'était point aussi forte, mais elle avait le mérite de trahir sa nature de sirène. Il ne comprendrait pas, mais il saura. Elle se dégagea sous ses répliques et ne put réprimer un ricanement tout bas, elle passa le dos de sa main sur ses lèvres. Œuvre de chair, irréversible !

" Le monstre est à la hauteur ?! Léto voulait l'entendre dire. Je suis à la hauteur ou pas ?! " Et elle se jeta sur lui, pour l'emmener avec elle dans le lit tacheté de leur sauvagerie.


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Dim 08 Mai 2016, 00:05


Mes prunelles ne se détournèrent jamais des yeux de Léto. Sa main encerclait mon cou et mes lippes s’étirèrent en un sourire carnassier. Il ne suffit que d’une seconde pour que mon dos ne se brise sur le mur et que mon corps jonche le sol de la cabine. Portant la main à mon cou, je regardai Léto s’approcher de moi avec détermination. Cette bête dont elle m’avait brièvement parlé, elle était devant moi, éprise d’une violence que je ne lui connaissais pas et qui réveillait mes instincts les plus bestiaux. Contrairement à la perversion d’Aglakh, Léto était, elle, plus brute et violente, elle laissait parler sa force physique, brisant les os, tandis qu’Aglakh brisait les esprits pour ne tuer qu’après qu’on le lui ait supplié. Les mots de la bleue me firent une nouvelle fois sourire, avant de serrer des dents quand mes pieds ne touchèrent plus le sol. Une chose était sûre, Aglakh se satisfaisait pleinement de cette femme, même si celui-ci n’était pas prêt à se laisser dominer de la sorte.

Les coups fusèrent, pleins de fureur, de revendications silencieuses et de colère. Les ecchymoses occasionnées étaient pourtant inefficaces pour briser l’armure, Léto aurait beau frapper, c’était mon corps qu’elle meurtrissait et Aglakh qu’elle satisfaisait. Il se repaissait de cette décharge de violence qu’il avait lui-même occasionnée et si ce n’était maintenant, il la materait plus tard lorsqu’il en jugera le moment adéquat. Chaque coup provoquait une décharge d’adrénaline qui faisait que le suivant était moins douloureux, cependant, c’était aussi un retour aux sources, à cette secte et à ses tortures dont celui de se faire frapper jusqu’à évanouissement faisait partie. Ainsi, je n’étais pas prêt à défaillir de sitôt, trop bien entraîné à supporter la douleur, et surtout, à l’apprécier. Un bref répit me fut offert, tandis que ma respiration était douloureuse, en complète opposition avec ses sourires qui ne cessaient de s’étirer sur mon visage. Ces couleurs choisies, ce rose symbole de l’érotisme, étalé de la sorte, ne faisait que décrire la suite des événements. Une proposition qui fut silencieusement acceptée. Un déchirement se fit alors entendre et mon corps fut emmené dans se violent geste, avant d’être une nouvelle fois plaqué contre le bureau, les dents de Léto enfoncé dans mon épaule. J’étouffai un grognement de douleur, saisissant instinctivement les cheveux de la bleue pour plaquer ses lèvres contre ma peau meurtrie. Un geste sortant tout droit de la secte lorsque nous ne voulions pas que notre peau soit arraché d’un coup sec. Cependant, la morsure, l’association de l’endroit choisi ainsi que les dessins sur sa peau, eut pour effet, outre la douleur, d’éveiller mes plus bas instincts.

Aglakh s’agitait tandis que Léto m’emmenait sur le lit ensanglanté. La lèvre ouverte, l’arcade en sang, et le corps meurtri, j’étais partagé par l’envie de la marteler de coups ou de me saisir d’elle ici et maintenant. Glissant l’une de mes mains dans ses cheveux tandis que mon autre main glissait sur ses reins, je la retournais. Ma respiration peinait à être régulière, ma joue contre la sienne, récupérant l’énergie qui m’avait était enlevé. « As-tu réellement besoin d’avoir une réponse ? » Mes dents se saisirent de son lobe, plus violemment qu’à la normale. Ma main tira sa tête en arrière afin de dévoilé le sillon de son cou et de m’en emparer à son tour. Les mordillements étaient plus bruts, moins contrôlés. Mes mains étaient avides de ce corps, essayant d’enlever maladroitement ce haut gênant, avant d’entailler un morceau avec les dents et de finir de le déchirer avec les mains. Les gestes étaient moins précis, plus centrés sur les pulsions qui m’assaillaient que sur le plaisir de ma partenaire. Tout bandage retenant sa poitrine fut lancé sans ménagement, tout fut gouté sans délicatesse. Humé à en perdre la raison, caressant sa peau d’une avidité qu’elle ne me connaissait certainement pas. La douleur qui irradié mon corps accroissait ce désir de possession. Mes mains glissèrent vers ce bas trop serré, dénouant cette ceinture qui rendait prisonnier ce corps, mon corps. Je fis alors glisser ce pantalon en me relevant, le lâchant en épiant la moindre parcelle de peau, cette peau qui était mienne à jamais. Mes mains glissèrent sur ses cuisses afin de m’en saisir à en enfoncer mes ongles, à la faire saigner. Ramené dangereusement sur le rebord du lit, je la fis tomber sur le sol dur et froid, nous ramenant aux limites qu’il y avait entre cette civilité apparente et cette bête qui nous possédait présentement. Voracement, ses lèvres furent goutées, mordues et savourées. Il n’y avait plus de fin à cette histoire, si ce n’était un éternel recommencement. J’avais l’impression de la redécouvrir et Aglakh savourait autant l’instant que moi, déployant ce désir indescriptible. Ma main droite se saisit de son cou, tandis que je plongeais mon regard dans le sien, mordillant une dernière fois ses lèvres avant de faire passer mon haut par-dessus ma tête. Mon torse nu contre sa peau fit bouillir une seconde fois mon sang et je goutais ce liquide rouge sortant de sa plaie, étant conscient que jamais je ne pourrai entièrement consumer Léto.

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Dim 08 Mai 2016, 19:03

Léto poussa sur ses bras pour braquer son regard dans celui de l'alfar. Ce combat – si on pouvait le qualifier ainsi – revigorait son esprit, elle souhaitait que ce carnaval des émotions s'éternise jusqu'aux confins de la nuit. Par moments, elle abaissa volontairement ses défenses pour permettre à Aëran de répliquer, le but étant forcément de ne pas l'abattre non plus. Elle se laissa retourner sur le lit qui devait peiner à les supporter, tandis que leurs corps étaient accolés comme jamais. Son unique question la fit sourire. Il avait toujours raison, même si elle était quelque peu frustrée qu'il ne cède pas à son interrogation. La chamane ferma les yeux alors que la bête s'emparait de sa chair, qu'elle se débarrasse de ses dernières protections qu'étaient ses vêtements. Elle se retourna sur le dos quand Aëran profita de la nudité de son buste pour y goûter chaque parcelle, découvrir et redécouvrir à la fois. Riposter, pas tout de suite. C'était définitivement plus intense qu'auparavant, Aëran ne se retenait plus pour elle, car elle-même était capable de se protéger s'il le fallait. La tentation de rester inactive la titillait, mais elle n'était pas là que pour faire plaisir à son partenaire. Elle savoura ses caresses sur ses cuisses elles aussi dénudées, les filets de sang serpentaient ses jambes, les idées toujours aussi focalisées sur sa propre "victoire". Un moment d'inattention qui la fit tombée à terre, ils retournaient en ce monde qui était le leur. Le bois des planches était aussi froid que leurs corps étaient bouillants. L'attraction, la poursuite ! Aussi affamée que le possédé, elle répondit férocement à ses baisers, sa langue se mêlant au sang – le sien, le leur – ses lèvres épousant les siennes et ses dents mordant à la moindre occasion. Léto était enserrée par ses instincts, son envie combattive se mua peu à peu en érotisme pure et simple. Elle rouvrit les yeux quand il saisit son cou, une illusion de domination pour lui. A travers son regard, elle sut qu'il l'acceptait, qu'il la voulait. Une impulsion la fit abattre ses mains sur le dos de l'alfar pour l'aider à se dévêtir. La chamane se releva pour se coller à lui, toujours assis sur le sol. Elle voulut soudainement l'imiter et elle enfouit donc ses dents dans la marque qu'elle avait apposé tantôt sur son épaule ; elle n'atteignit pas le nectar vital mais n'en apprécia pas moins de se vider pour lui et d'accentuer davantage son emprise sur lui. Le couple semblait fusionnel dans cette étreinte où leur baiser n'était synonyme que de passion bestiale. Sous l'emprise de cette dernière, Léto mordit plus fort et lacéra d'autant plus le dos de l'être aimé. Au bout d'un moment, la chamane se retira et baisa le cou de l'alfar, avant de remonter ses lèvres jusqu'à son oreille.

" Je n'ai pas besoin d'une réponse : je la veux. Elle tira ses cheveux pour le dégager et le fit vaciller en arrière pour qu'il se retrouve adossé par terre, elle se rapprocha de son visage à quatre pattes, telle une bête, sans le quitter du regard. Dis-le ! "

Elle était forte, plus forte que lui, elle refusait de le laisser davantage croire qu'il pouvait mener la danse de bout en bout. Un sourire malicieux se dessina sur son visage tandis qu'elle fit glisser sa main gauche le long du poitrail d'Aëran, jusqu'à atteindre la ceinture. Son autre main plaquait le front de celui-ci, elle accentua par ailleurs la force pour relever son menton et s'emparer de son cou. Avec le poids de son propre corps sur lui, il aurait bien du mal à se défaire d'elle. Léto adorait cette perspective. Domine, domine ! Durant cette prise de force, elle saisit le bas pour le descendre à son tour, afin qu'ils se retrouvent au même niveau de défense. Il ne restait de chaque côté plus qu'un dernier obstacle. Avec sa soif de réussite, Léto ne pouvait absolument pas le laisser prendre l'initiative. C'était à elle. Gloutonnerie carmine. Elle remonta son visage au niveau du sien, ses pupilles brillaient autant de plaisir que de la magie de Latone.

" Dis-le, dis-le. " Répéta-t-elle, capricieuse, insatiable.

Fuyez, pauvres fous !:


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Dim 08 Mai 2016, 20:54

Rp Erotique ♥:
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Mar 10 Mai 2016, 14:26

Fermez les yeux ♪:

" Ouh là là, c'était chaud, ouh là là ! " S'exclama Latone en quittant le corps de Léto, lorsque cette dernière rendit son dernier râle en compagnie de son partenaire.

L'esprit sortit précipitamment de la pièce, très emportée par l'expérience dont elle devait se remettre, psychiquement parlant. L'à présent blonde se retrouva seule avec l'alfar, vidée mais pas moins satisfaite. Elle se laissa écrasée sur le sol, un peu abattue par le propre poids de son amoureux, le temps de calmer son souffle saccadé. Quelque part, Léto était toujours préoccupée par le sujet de leur prise de bec, mais la dispute musclée en elle-même aura eu le don d'apaiser son esprit. En silence, la chamane se releva et offrit son bras pour aider Aëran à en faire de même, tous les deux amochés par leur échange de coups, de griffures et de morsures en tout genre. Elle évita instinctivement son regard : il n'y avait plus rien à rajouter. Elle l'accompagna donc au lit où ils durent s'accoler l'un à l'autre pour y rentrer à deux. Une certaine séance de rafistolage ne serait pas de refus, mais ils étaient trop épuisés dans l'immédiat, puis le bain de sang de Léto aura le mérite de guérir leurs blessures durant la nuit. C'est bien tout ce qu'elle avait envie là maintenant, dormir, avec lui, sans dire un mot, les pensées totalement mises à l'écart.

Le lendemain, les premiers rayons dévoilèrent une cabine sens dessus dessous, où sang séché et affaires égarées se mêlèrent en un capharnaüm, symbolique de leur confrontation de la veille. Le sommeil de Léto fut d'ailleurs ponctué de quelques pensées à cet égard, notamment le fait que c'était un "beau combat" à ses yeux ; elle avait eu des réserves de s'en prendre ainsi à son Juishi, mais ce ne fut pas si mal, et l'idée de recommencer à l'occasion ne manqua pas de lui traverser l'esprit. Après tout, Aëran était un vil provocateur et Léto ne ratait plus une occasion de rebondir là-dessus si cela lui permettait de se défouler, d'exprimer en quelque sorte son ressenti. C'était leur manière de communiquer, à ces monstres possessifs. Par ailleurs, cette soirée lui aura permis de révéler indirectement ses nouvelles pulsions, aussi carnassières qu'Aglakh. L'ersatz d'ondine n'était pas totalement rentré dans les détails, mais au moins il n'y aura plus de risque de morsure surprise et involontaire. Cette histoire lui fit également repenser à la raison première de sa présence sur ce navire.

" Hmm… Elle s'extirpa doucement de son sommeil, sans mettre fin le câlin qu'elle offrait continuellement à son amoureux. Son visage était lové contre le torse de l'alfar, elle huma brièvement son odeur, entachée par l'âpreté du sang. Médaillon… Bredouilla-t-elle, le temps que l'information remonte jusqu'au cerveau, et qu'elle ouvre subitement les yeux. LE MÉDAILLON ! " Elle se releva en vrac, tellement maladroitement qu'elle manqua de se viander par terre.

Dans sa hâte, Léto fouilla de fond en comble le bureau complètement cabossé par leur échange serré, elle balaya les débris pour localiser l'objet de sa quête. Elle ne mit même pas une minute à retrouver le fameux habitacle, auquel elle murmura mille et une excuse pour le dérangement occasionné ; elle ne reçut comme toujours aucune réponse, c'était soit une bonne chose, soit une bien inquiétante. Quoi qu'il en soit, il était intact. La chamane se retourna vers Aëran, tout en balayant une vue d'ensemble sur la pièce. C'était un bordel sans nom, elle pouvait presque répéter dans sa tête chaque attaque qui avait causé tel dégât. D'autant plus qu'ils étaient nus comme des vers, qu'ils s'étaient arrachés et déchirés mutuellement les habits, et qu'il y avait du sang un peu partout. Léto déposa le médaillon dans un coin plus tranquille et plus stable, alors qu'elle se mit à réfléchir à quoi dire ; elle ignorait si elle devait rebondir sur les propos de la veille ou juste passer outre. Cela lui semblait étrange, la blonde avait l'impression d'être retournée dans le passé, à une époque où elle se sentait incapable d'être à l'aise le lendemain d'une nuit passée en sa compagnie. Comme si elle redécouvrait tout.

" Bien dormi ? C'était ridicule et ce n'était pas son sourire gêné qui allait arranger la donne, elle en était pleinement consciente. Enfin, leurs plaies s'étaient au moins refermées, seuls substituaient les marques les plus persistantes, notamment les plus importantes. Elle se massa l'épaule, là où il l'avait mordu avec passion, puis un brouhaha extérieur brisèrent ce moment de contemplation. Ces bruits… Latone rentra par l'un des murs adjacents, le regard braqué sur l'alfar.
- Aëran, il y a du boucan là-haut. " En guise de plan, la bleue comptait rester ici, à veiller sur le médaillon, tandis que la chamane se rhabilla pour accompagner Aëran sur le pont, sujet d'un levé de rideau sur un théâtre bientôt morbide.


1176 mots ~



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Mar 24 Mai 2016, 16:54


La paume de ma main se perdait sur mon épaule, sentant les boursouflures de la morsure faite tantôt et fermée par ce don que Léto possédait. La douleur de la cote brisée ne s’était pas tue durant la nuit, bien au contraire, les gestes tendres de la Chamane ne faisant qu’appuyer continuellement sur celle-ci, sa joue posée dessus. Un petit gonflement pouvait être perçu, ainsi que des ecchymoses mauves sur une partie du thorax. Le regard perdu sur la contemplation du plafond, j’entendis Léto marmonné avant de se lever en trombe, m’arrachant un énième grognement agacé face à cette cote qu’elle ne cessait de malmener. Cherchant dans toute la pièce, ce Médaillon semblait accaparait toute son attention et me fit hausser un sourcil. Aucune question ne fut posée à son sujet, peut être une autre fois lorsque nous serons remis sur pied et qu’Aglakh aurait envie de se confronter une nouvelle fois à elle.  

Mes prunelles scrutèrent Léto qui semblait confuse. Un regard carnassier s’éveilla tandis que je me débarrassais des couvertures. Il était inutile de répondre à cette question, elle était vide de tout, le signe de sa gaucherie et nous le savions tous les deux. Le trouble de Léto était quelque chose qu’Aglakh appréciait, la démonstration d’une certaine docilité, renflouant ce sentiment de pouvoir. C’était une partie de Léto qui me plaisait, soumise et insoumise à la fois, presque insaisissable, principalement grâce à Latone… elle s’était endurcie depuis le temps, mais ce serait surement une erreur de croire que l’ancienne Léto avait disparu sous les traits de l’esprit. Quoi qu’elle dise, je voyais toujours en elle cette Orisha que j’avais aimée en première, celle qui ne prétendait pas être à la hauteur d’Aglakh, être à la sublimité d’un monstre.

Latone fit son apparition tandis que j’enfilais mon bas et mes bottes. La douleur aux moindres mouvements fut tue, tandis que je cherchais dans les vêtements de Léto un haut adéquat. L’avantage d’être avec une guerrière androgyne, c’était d’avoir des habits plus typés masculins que féminins, toutefois un peu grands au vu de la différence de la masse musculaire. « Allons-y », fis-je en faisant virevolter de mon pied quelques morceaux de tissus qui se trouvaient sur mon trajet. Une chose était sûre, il faudra payer pour le bordel que nous avions mis dans cette cabine.

La porte fut à peine franchie que le brouhaha  de l’équipage et des voyageurs se fit entendre. Des sons étouffés, de plus en plus précis arrivés sur le pont. Instinctivement, je me plaçais à l’abri des regards, ne me confrontant pas à cette foule en furie qui avait les yeux rivés vers le ciel ou qui paniquait en ne désirant pas voir la marque sur le mât. « C’est impossible, impossible… » Marmonna l’un d’eux. « Elle est en face de toi ! La marque est là, c’est le signe qu’il vient… pour nous tous ! » « J’en ai déjà entendu parler. On va tous crever avant même qu’on s’en aperçoive. » L’homme poussa de l’épaule certains sur son passage, s’avançant vers les bateaux visant à nous échapper dans le cas où le navire sombrerait. « Où vas-tu  ? » Un autre l’attrapa par l’avant-bras : « Tu ne peux pas partir comme ça ! » Le coup partit d’instinct, son poing s’écrasant de toute sa force sur son visage. « Et pourquoi pas ? Je ne veux pas crever, surtout comme ça ! » Les tensions surgirent d’elle-même, alimentées par la peur ambiante. « Calmez-vous ! » cria alors un homme, montant sur un baril pour être vu de tous. « Nous sommes tous enserrés dans la peur à cet instant, mais il faut garder son calme ! Cette marque… » Il la pointa d’un doigt tremblant. « Cette marque n’a qu’un but : nous faire comprendre que le navire est sous l’emprise du Mal, ce mal qui ronge tout sur son passage ! Ces personnes qui souillent notre monde… Regardez ! » Il se tourna vers l’homme qui avait asséné un coup. « Regardez cette énergumène qui est prête à tout pour sauver sa peau, à abandonner enfants et femmes à bord, à frapper nos semblables, qui nous dit qu’il n’est pas prêt à nous tuer pour pouvoir s’enfuir ? Prendre l’une des barques qui pourraient nous sauver ? » Sa voix se fit plus profonde, accaparant toute l’attention. « C’est ceci que veux le Kraken, à n’en point douté ! Des fils et filles du Mal ! De Xaraxus lui-même ! » La peur rendait toutes paroles crédibles à leurs yeux, l’énonciation de cette Aether vénérée par les plus fourbes eut raison d’eux. « Jetons-le à l’eau ! » Cria quelqu’un. « Il a raison ! Le Kraken se repaitra de leur cadavre ! Des sacrifices doivent être faits pour la Bête ! » Tandis qu’ils tentaient de se saisir de l’homme, je me glissais rapidement dans un endroit à l’abri de tous, attrapant Léto à la volée. Les bénéfiques étaient agaçants pour une chose : ils légitimaient leur meurtre et pensaient qu’ils étaient dans leur droit. Éradiquer le Mal, se battre pour le Bien, des notions si floues qu’elles se sembleraient s’entremêler l’une l’autre pour ne former qu’un tout. « Avec les derniers événements, je suis persuadé qu’à ma simple vue, ils se jetteront sur moi sans hésiter. » Un bref coup d’œil me fit constater que l’homme s’accrochait vainement au rebord de la rambarde. « Ils vont sans doute nous aligner sur le pont ou fouiller tous les recoins du navire… » Il faudrait donc les affronter à un moment donné, la question étant quand et comment ?  
 

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Latone
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Latone
Lun 27 Juin 2016, 17:25

L'âpreté de l'air marin s'ajouta à l'augure qui se dressait fièrement, au gré du vent, sous leurs regards ébahis et incongrus. Depuis l'entrepont, Léto entendait la stupeur, elle percevait la détresse des passagers ; de simples personnes lambdas, qui ne désiraient que traverser ces eaux troubles pour atteindre la côte. Latone n'avait que pu entendre, mais pas voir. Si elle l'avait fait, la blonde serait déjà en train de se ronger les ongles à sang. Malgré tout, il fallut attendre qu'elle passe la trappe pour river ses yeux en parallèle d'autrui. Les voiles blanchâtres du navire arboraient à présent la Marque, la fameuse dont tout navigateur était au courant de son existence. C'était un folklore qu'on ne pouvait réchapper, tant sa véracité faisait trembler tout autant les adultes que les morveux récalcitrant à l'idée de s'endormir la nuit tombée. Elle le lui avait dit, elle le savait pertinemment, et pourtant…

Au début, la chamane peinait à y croire, elle était tout aussi confuse que le reste de l'assemblée. Néanmoins, la suite des évènements eut tôt fait de la faire revenir à la réalité : le Kraken veillait sur leur navire. Pire encore : Le Kraken Noir. Celui de Vanille caël Deslyce. Pour être elle-même une Deslyce, pour avoir été envoyée par cette même Khæleesi jusqu'ici, Léto savait que ce territoire, ces lointaines étendues d'eaux salées appartenaient au fameux monstre dont sa grand-mère tenait toujours la laisse. C'était bien pour cela que la chamane avait choisie cette itinéraire d'ailleurs, pour être sûre que la génie enfermée dans l'habitacle ne lui échappe pas : si elle échouait, le "toutou" de la Dévoreuse s'en chargera. Mais l'apparition de cette Marque était inconcevable, tout se passait très bien jusque-là ! Est-ce que Léto s'était trompée ? Le Kraken venait pour elle, pour la punir d'avoir négligé le médaillon durant quelques instants ? La guerrière était confuse, ce ne devait pas se passer ainsi. C'était impossible.

Alors qu'elle en tremblait littéralement comme une feuille, une main l'entraîna à l'abri des sacrificateurs. Aëran lui lança quelques évidences sensées, mais Léto était toujours autant angoissée à l'idée qu'elle avait – peut-être – provoqué toute cette folie. Latone surveillait Rosalie Deslyce, le médaillon n'avait littéralement aucune faille apparente. La Marque n'était pas un signe qu'il venait s'enquérir d'elle, oh non, c'était clairement un malédiction. Alors pourquoi le Kraken les attaquerait ? Qu'ai-je fait ?! Elle se perdit dans les prunelles de son fiancé. C'était le seul à qui elle pouvait s'exprimer dans l'immédiat, le seul qui comprendrait, un tant soit peu. En l'espace d'un instant, tout son monde était devenu son ennemi, tant qu'elle ne saura pas pourquoi Vanille lâcherait sa bête sur eux en tout cas.

" C'est impossible… Lui murmura-t-elle, un peu plus calme. Le sang froid de l'alfar avait quelque peu étouffé sa panique. On est sur le territoire du Kraken Noir, il n'est pas censé nous attaquer, c'est… impossible… Elle regarda brièvement le pauvre homme se faire livrer en pâture à l'océan, ils avaient réussi à le faire virer par-dessus bord ; à présent, ce sont ses cris de détresse qui hantaient ses pensées. Ils sont devenus fous… Elle aurait pu les prévenir, les faire changer d'avis, leur faire comprendre que la petite-fille de la Dame des Abysses était à bord et qu'il n'y avait, dès lors, aucune chance que ce Kraken s'en prenne à eux. Mais cela ne ferait qu'empirer les choses, le premier raisonnement d'Aëran le lui avait fait comprendre. On doit se battre, hein ? Léto aurait très bien pu le sortir en haussant les épaules que cela aurait eu le même effet : le ton monotone retranscrit parfaitement son ennui face à toute cette pagaille sans logique apparente. Ses yeux vairons retournèrent sur l'alfar, c'était lui le cerveau du couple, mais vu que cela la concernait aussi… Cache-toi. Elle le tira par le bras. Ils ne doivent pas te voir, ni la cabine pleine de sang, retournes-y, je te guiderai. Via Latone, c'était sous-entendu. Je vais essayer de les retenir, va ! " Elle ne lui laissait guère le choix, ils ne leur restaient que très peu de temps avant qu'ils ne décident de fouiller de fond en comble le bateau pour sacrifier toute la mauvaise graine, à leurs yeux.

Une fois la trappe refermée, la chamane leva de nouveau son regard disparate vers les voiles. La Marque du Kraken était toujours présente, plus persistante que jamais. Auparavant, ce simple évènement l'aurait mise dans tous ses états, elle se serait peut-être même livrée, malgré elle, aux malheureux sacrifiés, aussi désemparée que l'homme qui venait tout juste de se noyer. Cependant, ce temps était révolu : elle avait une famille à protéger, et plutôt deux fois qu'une. Léto était forte, elle pouvait surmonter tout cela. Elle inspira un bon coup, les esprits farceurs étaient nombreux autour d'eux, à se languir de ce spectacle moribonde. Une fois qu'elle souffla, elle s'avança vers l'espèce de conseil que tenaient les passagers aux airs apparemment lucides. La blonde était tellement grande qu'elle les dominait tous et qu'elle se fit bien vite remarquer. Par un simple regard, son empathie sondait ces âmes troublées, perdues dans une insanité dont elle peinera à les faire sortir. En réalité, elle ne se faisait aucune illusion : elle n'y arrivera pas, la concentration de mauvais spectres était trop importante pour les sauver, leurs maudits murmures transcendaient le voile qui les séparait du plan physique, et cette Marque continuera de les assaillir tant qu'elle perdurera. La médiatrice des défunts comptait gagner du temps, afin que son amoureux se synchronise avec Latone ; après quoi, Léto devra malgré elle guider ces esprits égarés, dans un diabolique jeu de Xaraxus. Attendre le bon moment pour retourner sa veste et démystifier une bonne fois pour toute ce navire…

" Ce n'est pas au Kraken qu'il faut faire des sacrifices ! Elle leva ses bras, parsemés de peintures chamaniques en tout genre. Mais aux Ætheri ! "


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By Jil ♪
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Sam 02 Juil 2016, 20:23


Le brouhaha de cette audience improvisé grandissait au fil du temps, happant tout sur son passage. Si le danger était dans les profondeurs des océans, il l’était aussi au sein de ce navire qui ne tarderait pas à devenir fantôme si les angoisses ne se dissipaient pas. Les races les plus perfides allaient s’accaparer la situation pour la retourner à leur avantage, tandis que certains seront certains de faire le Bien, de sauver leur vie ou ceux de ceux qu’ils considèrent purs. Certains feraient tout pour être ce héros qui a fait ce qui devait être fait pour que le Bien triomphe malgré la morosité de la situation. Les paroles de Léto furent entendues d’une oreille distraite, mais néanmoins relevées. Mon regard l’interrogeant dorénavant silencieusement. Léto et moi étions entourés de secret l’un pour l’autre, toutefois j’étais prêt à parié qu’elle en savait plus sur ma personne qu’elle ne déniait le dire. J’étais quant à moi contraint d’écouter chacune de ses paroles et de les garder précieusement en mémoire afin que, plus tard, il me soit possible de les mettre dans un contexte précis. Car si nous étions sur le territoire du Kraken, il était alors fort probable qu’une attaque puisse avoir lieu… et pourtant, la Chamane semblait persuadée que ce n’était pas un cas envisageable.

La poigne de Léto me fit brutalement sortir de mes pensées. La Chamane devint plus directive, plus précipitée par les circonstances. Sans plus attendre, je la laissais sur le pont, marchant vers la cabine saccagée du navire. Je devais impérativement trouver une solution pour ne pas me faire voir, mais surtout pour qu’il ne trouve pas la marchandise au fin fond de la cale. Ouvrant la porte en grand, il suffit d’un claquement de doigts pour nettoyer l’endroit par la magie, cependant, je me retrouvais dorénavant face à Latone. « J’aimerai que tu ne me suives pas, que tu ailles aider Léto, mais je pressens que tu vas tout simplement ignorer mes paroles. Au vu de la situation, je vais me contenter de faire ce que j’ai à faire. » Quittant la pièce, je me mis à descendre les escaliers de bois qui se mirent à craquer sous mon poids. Les yeux de l’enfant se posèrent sur moi, m’interrogeant. « J’aimerai que tu te fasses passer pour mon fils. » Mes mains passèrent sur le collier en fer qui rongeait la peau de l’enfant. Le détachant, je sentis ses interrogations peser sur moi. « Je n’ai pas le temps. On va en haut, tu essayes d’être présentable et tu ne parles pas. » Le retour à la cabine se fit dans la précipitation, et tandis que je débarbouillais l’enfant, cherchant des vêtements moins salle, le grabuge d’en haut ne fit que s’intensifier.

« Aux Aetheri ? » s’insurgea l’une des femmes du groupe. « C’est Sympan l’unique, les Aetheri ne sont que de vulgaires traitres qui n’ont jamais été là pour nous ! Si nous devons sacrifier des vies, c’est pour lui ! » Une autre femme poussa des coudes pour se frayer un chemin, plus petite que la précédente. « La Religion n’a rien à faire dans cette histoire ! Le Kraken n’a pas attendu que Sympan se déclare pour attaquer les navires de cet océan ! Et qu’importe où vont vos prières, elles n’ont jamais été entendues dans un moment pareil ! Que les perfides et les immoraux se présentent plutôt à nous ! Que leurs âmes se repentissent dans ce sacrifice afin de sauver les plus pures d’entre nous ! » Son regard se posa sur toutes les personnes alentour, jugeant chacun d’entre eux. « Si aucun ne se montre, vos affaires seront fouillées ! Vos vies dévoilées ! Personne ne pourra vous protéger des secrets que vous vous évertuez à cacher ! » Très vite, les tons montèrent, les pas se pressèrent, certains furent fouillés, d’autres présentèrent leurs affaires promptement.  Une femme fut mise à l’eau à la suite de la découverte d’un journal relatant moult faits non tolérés par l’assemblé. Une partie du groupe se mit alors en marche afin de trouver des indices de ceux faisant part du Mal, tandis qu’un autre groupe retenait ceux contre cette violation de la vie privée.  

Les pas se firent plus pressés, plus distincts. L’enfant était désormais près, assis sur le lit à jouer un rôle où le moindre faux pas nous couterait la vie. Je priais pour que personne ne lise ses pensées, mais le garçon semblait confiant, comme si le masque qu’il portait dorénavant était un rôle qu’il avait déjà joué auparavant. La porte s’ouvrit dans un fracas assourdissant, faisant sursauter l’enfant qui se réfugia dans mes bras. Je ne sus réellement dire si cela faisait partie du jeu auquel nous jouions, mais sa frayeur était la bienvenue afin d’apitoyer l’audimat. « Que ce passe-t-il ? » fis-je dans un semblant d’innocence. « Qu’êtes-vous ? » « Quoi ?... Un elfe ! Cela a-t-il une quelconque importance ? » M’esclaffais-je ahurie tandis qu’ils vidaient les tiroirs et les renversèrent le matelas à terre. « Qu’est-ce qu’ils vous prend ? »  Là où je n’aurai probablement rien dit, où j’aurai attendu le bon moment afin  de planter un objet quelconque dans le corps de chacun d’eux, le visage vide de tout ou plein de haine, je restais à serrer cette enfant dans mes bras, à jacasser dans tous les sens. « Ce n’est pas à vous que j’ai donné cette cabine ! » s’esclaffa le capitaine. « Effectivement, c’est à ma femme. » fis-je dans un semblant d’exaspération. Afin que Léto sache au moins le nom de son fils fictif, je serai un peu plus l’enfant, toujours dans un semblant de paternité. « Calme-toi Alanil, ça va aller… »

Le pire était sans doute à venir, Léto avait dorénavant un fils et qu’elle le veuille ou non, elle jouera la comédie au risque de tous nous sacrifier. La présence d'un enfant était également un atout non négligeable, puisque capable de réfréner les intentions des plus purs par apitoiement ou même sympathie. Dans tout les cas, il était plus difficile de tuer lorsqu'un enfant était là, du moins avec cette assemblée pavé de bonnes intentions.

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Le Kraken [Pv: Létouille][-18]

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