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 Baby-sitting en forêt | Lûth

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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Miles Köerta
Mer 03 Fév 2016, 02:38

Baby-sitting en forêt
❧ Suite de Counter attack
« À la recherche d’un souvenir abandonné »

Les flammes s’étaient rapidement propagées, dévorant les feuilles et l’écorce écaillée des arbres aux alentours. Le rire empli de cruauté de l’Alfar résonna soudainement au cœur du bois, joignant son hymne au requiem paniqué des hommes en fuite. Le feu s’élevait dans le ciel, gonflé par l’oxygène de l’air et bien rapidement, le sol se mit à battre. Comme un cœur qui pompe le sang. Mais au lieu de battre au rythme des alvéoles, il tremblait à cause des pieds et des sabots de tous les fuyards voulant quitter le lieu en flamme. C’était la panique et la désolation. La panique et la peur. Aussitôt, je remontais le col de mon chandail sur mon nez, piquant une course dans la direction opposée à l’incendie. Je voyais à peine les gens autour de moi, essayant de sauver leur peau; je voyais à peine cet homme qui hurlait et criait à cause des flammes qui le léchaient, au point de le dévorer entier. J'avais trop peur pour voir quoi que ce soit; j’avais trop peur pour voir tout ça. Tout ce qui comptait, c’était fuir. Fuir et vivre. Loin de ce feu. Loin de toute cette horreur… Je fermais les yeux au désastre qui se profilait devant moi; je devenais sourd aux cris d’agonie de mes camarades ou des ennemis. Tout ce qui importait, c’était ma survie. Je voulais rapidement partir de cet endroit, quitte à les abandonner pour sauver ma propre peau. Je ne veux pas mourir… Je ne veux pas mourir… Me répétais-je, me convainquant de cette excuse pour ne pas tourner mon visage en direction du massacre, des flammes qui brûlaient tout sur leur passage.

« FRIED! Où vas-tu?! »

Instantanément, mon pas se figea en plein milieu de ma course. Je gardais les yeux fermés, la respiration haletante, sentant s’immiscer dans ma gorge la fumée noire et âcre du carbone. Mon corps, tout entier, tremblait de frayeur. Mais je passais mes bras autour de celui-ci pour l’empêcher de me trahir. J’étais terrorisé, et je ne saurais dire si c’était à cause de la soudaine vague de chaleur ou du stress, mais j’avais mal au cœur. Dans mon dos, je pouvais percevoir le pas de course de mon mentor qui se rapprochait de ma position; je pouvais percevoir sa respiration saccadée et tout l’effort qu’elle mettait dans son esprit pour ne pas se détourner et partir à la rescousse des hommes brûlés vif. Je ne savais pas comment elle faisait pour ressentir ça… Je ne comprenais pas son besoin de faire passer la vie des autres avant sa propre survie. C’était… incompréhensible.

« Fried! Qu’est-ce que tu fais?! Nous devons nous enfuir! »

Je redressais la tête, mes yeux s’ouvrant lentement, tournés vers la pointe de mes pieds.

« C’est ce que je fais… Je… Je fuis. »

Brutalement, une main se fracassa sur l’arrière de mon crâne et je poussais un gémissement au choc. Rapidement, je fis volte-face. Au tout début, je voulus affronter le regard de mon mentor, mais à la fureur qui dansait dans ses yeux, je préférais détourner le regard.

« C’est justement ça le problème! Tu fuyais SEUL! Qu’est-ce que tu comptais faire? Les abandonner? »

Je ne dis rien. À quoi bon argumenter? Je n’avais aucune excuse pour me défendre, sachant pertinemment que tout ce qu’elle venait de dire était la pure vérité. Je n’étais pas un héros. J’étais un lâche qui se croyait héroïque. Je fuyais à la première occasion pour sauver MA vie. Les autres, dans ces instants, ne représentaient absolument rien pour moi. Tout ce qui comptait c’était moi. Moi. Et moi seul. Devant mon comportement, Titania émit un grognement sourd avant de me tourner le dos.

« Friedrick… Tu me déçois. »

Et elle partit en courant, bravant la fumée et les flammes pour venir en aide aux plus démunis. Je la regardais disparaître à travers les arbres, mon cœur tambourinant férocement au creux de ma poitrine. Puis, je regardais l’épée qui ceinturait ma taille et les battements de mon cœur prirent plus de vitesse encore. Mais qu’est-ce que je suis en train de foutre? Pensais-je en serrant les poings, prêt à suivre Titania dans la gueule des flammes.

Mais mes jambes, paralysées par la peur, restèrent figées sur le sol, incapables d'esquisser ne serait-ce qu'un mouvement.


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Ezechyel
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Ezechyel
Jeu 03 Mar 2016, 23:58

Un rayon incandescent fendit l’air à vive allure. Il créa un courant d’air si puissant qu’il souleva les mèches sombres de Lûth, manquant de lui faire perdre l’équilibre. La magie destructrice explosa à quelques mètres devant son faciès masqué, abandonnant dans son sillage un large cratère que la Nelphennéen esquiva de justesse en contournant les bords sombres qui étaient apparus, s’étant quasiment formé sous la semelle de ses bottes. Le cœur de la femme se cognait contre sa poitrine à un rythme irrégulier, complètement à bout de souffle et d’énergie, alors qu’elle retournait la tête vers les statues géantes qui la talonnaient – de trop près – déglutissant péniblement la salive accumulée au fond de sa bouche sèche. Inconsciemment, ignorant les douleurs de ces muscles, l’Elfe noire agrandit la longueur de ses pas, accélérant la cadence de course en dépit de l’épuisement de son corps qui se faisait sentir de seconde en seconde, à chaque foulée qu’elle enjambait. L’air commençait à siffler au creux de ses oreilles, prenant peu à peu de l’ampleur. Ses tympans vibraient à une cadence démente. Une seule pensée subsistait dans sa tête normalement gorgée de réflexions : garder le plus de distance possible entre ces monstres de pierre et d’elle-même. Lûth haletait. La Vision Sensorielle se troublait. Mais sa peur, elle, ne cessait de grandir. Il empoisonnait le sang de ses veines, lui faisait perdre sa lucidité et sa sérénité habituelle, pompant son cœur d’une immense vague d’adrénaline qui la maintenait à la course – avec misère certes, mais ça la convenait parfaitement. La terreur la poussait à continuer, la frayeur la convainquait de ne pas s’arrêter : elle survivait à l’Enfer grâce à la peur qui l’étreignait. Cependant, le courage lui manquait. Il avait fui son esprit, évaporé en même temps que le discours qu’elle avait prononcé, envolé avec les mots qui avaient franchi ses lèvres. Elle était pitoyable.

Un deuxième rayon lumineux fusa. Les mastodontes de pierre la manquèrent, encore une fois, de près. Mais, cette fois-ci, le choc de leur violente offensive fut si brutal qu’il en secoua le sol où la Nelphennéen se mouvait. La terre en devint aussitôt instable et, comble de la malchance qui semblait toujours s’abattre contre elle, Lûth perdit pied et alla s’écraser dans la poussière. Le corps de l’Elfe Noire fit de nombreux tonneaux à travers les branches sèches, les feuilles mortes et la boue maculant le sol de la forêt. La jeune femme masquée stoppa sa dégringolade en plantant avec fermeté ses ongles dans la terre humide. Elle dégagea la boue prisonnière sur son masque bleuté, la respiration saccadée, coupée par l’impact de sa chute brutale. La Nelphennéen tenta de se remettre debout, mais elle eut à peine une seconde pour se relever qu’une lumière vive réapparut dans le champ de vision de son pouvoir, annihilant l’arbre à sa droite à l’état de cendres. La femme redressa instantanément la tête. Les battements de son cœur redoublèrent d’intensité et de force tandis que la peur se faisait plus forte, plus vive. La statue en pierre était si proche à présent que l’Elfe Noire pouvait observer chaque infime détail de ce corps de roc, toisant sans bouger les gravures grotesques qui inondaient cet instrument de destruction. Parfois épaisses et maladroites, parfois fines et soignées, ces indéchiffrables écritures – si c’en étaient vraiment – paraissaient danser devant les iris écarquillés, cachés sous son masque sombre, frappée de plein fouet par une nausée qui lui retournait l’estomac. Lentement – comme si le temps s’était lui-même figé – le mastodonte de pierre recula.

Le sang de Lûth se glaça dans ses veines. Au fond de sa tête, il n’y avait qu’une seule pensée claire qui était demeurée : si cette statue reculait davantage, elle était morte.

Foudroyée par une vague d’adrénaline et de désespoir, la Nelphennéen se jeta au socle du monstre de roc. Il y eut une nouvelle fois un rayon vif qui fusa. La femme s’agrippait à la statue, prête au choc qui s’en suivre dans son corps. Mais la magie ne la percuta pas : elle se cogna contre le mastodonte auquel elle se tenait avec la force d’une tempête. L’instrument des Alfars explosa en miettes, faisant voltiger le corps de la femme à plusieurs mètres plus loin. Lûth fut cueilli par un tas de feuilles mortes qui amortit son atterrissage, mais son crâne commençait à l’élancer. Sans compter toute cette fumée qui faisait davantage souffrir ses poumons. Se remettant immédiatement en marche, la Nelphennéen toussa à plusieurs reprises, n’ayant qu’une idée en tête : sortir de ce nuage de poussière le plus rapidement possible. Et quand elle s’en extirpa, sa Vision Sensorielle tomba sur la silhouette d’un deuxième monstre de pierre. Il fouillait parmi les décombres de son « camarade » – dans le but de la trouver elle, ça ne faisait aucun doute. L’Elfe Noire devait partir avant qu’il se rende compte de sa présence. Profitant de l’inattention de la statue, la Nelphennéen s’engouffra plus profondément parmi la végétation de la forêt en priant intérieurement que le couvert des arbres seraient suffisant pour la dissimuler au regard de ce mastodonte. « Hé, vous! » La jeune femme sursauta en pivotant sèchement vers la source de la voix. « No… nous faisons partie du Clan d’Icare, n-ne vous en faites pas. » Ils étaient au moins une dizaine, cachés parmi les fourrées épaisses. Lûth serra les dents.

« Qu’est-ce que vous faites là? On était censé garder le maximum de distance entre nous pour éviter de réunir les statues au même endroit! » Maintenant qu’elle avait une meilleure vision d’ensemble, la jeune femme reconnut le visage de quelques villageois du continent Dévasté. « Nous le savons bien…, chuchota le Bélua Girafe. Il paraissait nerveux. Mais avez-vous aperçu la fumée? Elle provient de l’endroit exact où nous avons laissé les autres. » Il marqua une pause. « Et… Et s’ils leur étaient arrivés quelque chose? » Il avait peur, c’était une évidence. La Nelphennéen leva la tête. Effectivement, il y avait bien une épaisse fumée – en dehors de celle causée par la destruction de la statue – qui se rapprochait à grands pas de leur position. Du feu?, songea-t-elle aussitôt. Un mauvais pressentiment commençait à l’assaillir : comme c’était aussi le cas pour ceux rassemblés ici. Que faire? Si le groupe qui se confrontait aux Alfars avait des problèmes… Lûth se mordit nerveusement la lèvre inférieure. Plus l’Elfe Noire y songeait, plus sa mauvaise impression se solidifiait. « D’accord. Voilà ce que je propose. » Elle lança un autre regard angoissé vers la statue au milieu des décombres avant de revenir vers les Béluas. « Je vais partir voir ce qui se passe avec des volontaires. Les autres, vous continuez à distraire les statues. » Il eut plusieurs plaintes qui s’élevèrent que la Nelphennéen tenta d’apaiser. « Si jamais l’autre groupe a effectivement des ennuis, la dernière chose que – je le pense que vous serez d’accord avec moi – je souhaite, c’est que ces monstres empirent davantage la situation. » Elle s’interrompit. « Je comprends vos sentiments, mais nous n’avons pas vraiment d’autres choix. » Des choix, à vrai dire, ils en avaient plusieurs. Mais très peu qui n’entraîneraient pas beaucoup de pertes si leur pressentiment, à tous, était bon. La Nelphennéen décida de prendre à ses côtés deux hommes en plus ou moins bonne condition. « Comme ça, nous aurons beaucoup moins de chance de se faire repérer que si nous agirions en grand troupeau. », termina-t-elle en justifiant sa décision.

Et ils s’élancèrent – tous – vers leur objectif qu’ils s’étaient donnés, ne pouvant qu’espérer que ceux qui avaient choisi de combattre n’étaient pas tombés sous les coups d’épées impitoyables de leur adversaire.

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Sam 05 Mar 2016, 03:47

Baby-sitting en forêt
« À la recherche d’un souvenir abandonné »

Pourquoi la peur était-elle si oppressante? Pourquoi n’étais-je pas en mesure de l’extraire et de m’en échapper? J’avais l’impression que mes jambes étaient du coton, qu’elles me lâcheraient dès que j’allongerais l’une d’entre elles pour esquisser un pas vers l’avant. Seule la peur m’avait permis de courir, de filer le plus loin possible des flammes et des hurlements de douleur; pourtant, elle était celle qui, à présent, me retenait si solidement au sol que je n’étais plus en mesure de faire ne serait-ce qu’un mouvement. Je voyais des silhouettes courir dans toutes les directions devant moi, aussi effrayées que je pouvais l’être moi-même. Ils tentaient de fuir les crocs de feu, de sauver leur peau, comme j’avais essayé de le faire un peu plus tôt… Titania ne comprenait-elle pas? Ne saisissait-elle pas à quel point l’homme était égoïste, toujours porté à se concentrer sur sa personne? Comme eux pouvaient l’être pour moi, je n’étais qu’un obstacle sur leur chemin, un décor qu’il fuyait le plus rapidement possible, sans vraiment s’accorder un peu de réflexions pour connaître si cet obstacle qu’ils venaient d’éviter était humain ou non; s’il méritait d’être sauvé ou non. Tout ce qui comptait, c’était sa propre survie. Après, lorsque cette dernière était menacée, plus rien n’importait plus à nos yeux que notre propre vie. Mais alors, comment fait-elle pour se détourner de cette peur? Comment Titania fait-elle pour ne pas penser à elle? J’avais honte et, la chaleur des flammes me caressant doucement les joues, je relevais la tête, embrassant les colonnes de feu qui s’élevait bien haut dans le ciel. Tu me déçois… Avait-elle dit. Une fois encore, je considérais rapidement l’épée que je tenais en main, et ce fut à cet instant précis qu’une nouvelle lueur s’alluma dans mon regard.

Titania avait eu foi en moi, en mon courage et en mes capacités; même que pour ainsi dire, les Aetheri eux-mêmes m’avaient cru suffisamment digne pour porter à ma taille l’une de leurs célèbres armes. Pour elle, pour eux, je ne pouvais pas me laisser guider par un sentiment si primitif que celle qui me contraignait. Je devais me projeter au-delà de cette peur; la combattre au lieu de la fuir; la contrôler au lieu de la laisser me dompter. Je pouvais le faire. J’étais capable de le faire, car je n’étais pas un perdant et encore moins un lâche. Je n’étais pas lâche, alors ça non! Les Aetheri m’avaient reconnu comme tel; j’étais en mesure d’accomplir ce qu’ils avaient espéré de moi: non pas un héros, mais un homme de foi et de confiance, un homme qui, sans connaître toutes ses limites, parvenait à se surpasser pour pouvoir embrasser l’excellence qu’il ambitionnait tant atteindre.

Enhardi par ces pensées, je frôlais doucement le manche de mon katana avant de m’élancer dans les flammes qui dévoraient les bois. Je n’avais plus peur, je pouvais le faire. Je pouvais me surpasser et la contrôler, ne plus la laisser m’étreindre et m’étouffer.

L’adrénaline battait dans mon sang. Je regardais autour de moi, et si je sentis mon courage flancher ridiculement, je m’obligeais à avance; à continuer d’avancer. Il y avait encore des gens dans cette tornade de feu. Je ne pouvais pas les laisser mourir comme leurs camarades, dont j’enjambais les corps calcinés et noircis par les flammes. Je perçus alors un hurlement sur ma droite et sans hésiter, je partis le plus vite que je le pouvais dans cette direction, me couvrant la bouche avec le col de mon chandail, histoire de ne pas avaler trop de fumée toxique et crever moi-même dans ma tentative de sauvetage.

« Où êtes-vous?! » Criais-je dans les plis de mon vêtement, mes yeux me piquant à cause de la chaleur et de la fumée noirâtre.

Aucune réponse ne me fut donnée, mais le hurlement persistait à résonner dans mes tympans. J’essayais d’accélérer le pas, contournant les flammes les plus affamées et les arbres les plus risqués. À tout instant, lorsqu’un brin d’oxygène parvenait à trouver passage dans toute cette fumée âcre, je prenais une grande inspiration avant d’alerter le blessé de ma présence. Ça ne prit que quelques secondes avant que je ne le trouve, le visage complètement carbonisé. Il se tenait la tête à deux mains, évitant le feu en pleurant; pleurs qui lui causaient aussitôt des douleurs vives à cause du sel contenu dans les larmes. Je m’approchais de lui, lui prenant le bras avec fermeté avant de le guider dans le bois enflammé.

« Suivez-moI! Et ne vous retournez pas!

- Mon visage! Il me brûle! Je ne vois rien de mon côté gauche!!

- CALMEZ-VOUS! NOUS DEVONS D’ABORD SORTIR DE CETTE FOURNAISE! »

J’avais, sans le vouloir, haussé le ton, mais ce n’était pas pour l’engueuler lui personnellement: j’étais tout aussi paniqué que lui. Mais nous devions faire face à cette panique pour avancer et ne pas s’arrêter. Il dû le comprendre, au regard que je lui lançais, et en fermant son œil du côté brûlé, il me suivit sans plus émettre aucun son, le bruit des flammes remplaçant rapidement ses quelques gémissements.

Le temps me semblait long, mais en seulement une minute à peine, nous parvînmes à nous soustraire des bois, la gorge en feu, toussant et crachant toute les toxines qui étaient parvenus à pénétrer dans notre trachée. J’entendis alors une voix m’interpeller et je redressais la tête, le visage barbouillée de cendres.

« Friedrick! »

C’était Titania, et elle courrait à toute vitesse dans notre direction.

« Fried, tu…

- Occupes-toi de lui! J’y retourne! »

Elle me considéra quelques secondes, notant rapidement l’intonation grave de ma voix ainsi que les halètements qui saccadaient ma respiration. Je n’étais pas au mieux de ma forme, mais j’avais cette étincelle dans les yeux qui brillait avec intensité dans mes prunelles argentés.

« Reviens ou sinon, tu auras affaire à moi.

- J’suis pas le genre à ne pas respecter mes promesses. »

Sans plus tarder, je me redressais, faisant demi-tour, partant au galop dans ce monde de flammes et de chaleur suffocante. Parce qu’à l’intérieur, il y avait encore des cris qui résonnaient, des pleurs qui se fracassaient dans l’ensemble du boisé. Purée, il y avait encore des gens vivants dans ces bois.


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Ezechyel
Dim 20 Mar 2016, 17:01

Au fur et à mesure qu’ils enjambaient les mètres, courant à une cadence si rapide qu’ils ne se souciaient plus des ronces et des branches qui s’agrippaient à leurs vêtements, l’opacité de la forêt s’accentuait, s’enveloppant de tons grisâtres étouffants. L’odeur de brûlé les frappait avec la force d’une gifle. Elle était si concentrée que, même en se couvrant le nez du col de sa veste, la Nelphennéen parvenait encore à sentir ce parfum écœurant s’infiltrer dans ses narines. Le souffle du vent soulevait de la cendre qui lui piquait les yeux en s’immisçant derrière la protection offerte par son masque, lui faisant déverser des milliers de larmes qui s’écrasaient contre ses joues foncées enduites de sueur et de suie. L’Elfe Noire n’en pouvait plus de toute cette fumée. Elle l’aveuglait, elle asséchait sa gorge et semblait lui carboniser chaque parcelle de peau au fil des mètres, tant ce nuage gris était chaud. Lûth avait cessé de donner des instructions depuis un long moment, en incapacité d’articuler un mot, manquant beaucoup trop d’oxygène parmi ce voile sombre pour produire un quelconque son. Le nuage de cendre devenait si épais, si dense, qu’il en annulait également l’efficacité de sa Vision Sensorielle, l’empêchant de correctement se diriger dans son propre environnement et apercevoir les plus petits obstacles qui se dressaient sur sa route. Trébuchant sans cesse sur de vieilles bûches ou des cailloux, les genoux de la jeune femme s’écorchaient. Le tissu de son pantalon ne ressemblait plus à rien, déchiré, immaculé de terre et de sang. Ses cuisses étaient recouvertes d’ecchymoses qui lui arrachaient une grimace à chacun de ses gestes et ses mains, en aussi piètre état que ses genoux, la démangeait atrocement, l’intérieur de ses plaies étant gorgés de détritus du sol de ces bois.

Alors que la Nelphennéen perdait son équilibre pour la énième fois, l’un des hommes accompagnant sa course la rattrapa juste avant la chute. Les muscles de ses bras soulevèrent l’Elfe Noire pour ensuite l’aider à se redresser sur ses jambes. Proche, Lûth parvint à voir les traits du visage de son sauveur, malgré le voile créée par la fumée, rencontrant son sourire fatigué et l’éclat terni de ses prunelles noisette – qui en disait long sur sa condition, autant physique que psychologique. Lui aussi était complètement épuisé, lui aussi s’inquiétait à s’en morfondre l’âme au sujet du deuxième groupe, lui aussi guettait avec impatience la fin de toute cette misère, la fin de tout ce désespoir qui les étreignait. « Merci. », chuchota la Nelphennéen en venant s’appuyer contre son épaule. Sa voix, affaiblie et rauque par la sécheresse de sa gorge, ne lui parut pas avoir été suffisamment forte pour que l’homme l’entende, mais celui-ci hochant de la tête, commença à se contorsionner pour offrir à la masquée une meilleure position d’appui : ainsi, il s’était rendu compte qu’elle avait de la misère à se déplacer seule. C’est très généreux de sa part. « Il y a du feu sur la bûche où vous avez failli tomber. », crut-elle entendre le Bélua expliquer. « Vous ne l’avez pas vu? » Honteuse, Lûth hocha négativement la tête. « Par Phoebe, je me demande ce qui a pu arri… » L’homme fut stoppé par une violente quinte de toux qui secoua son corps en entier. Levant, de sa main libre, les pans de son vêtement au-dessus de son nez, le Bélua reprit la marche, guidant habilement Lûth dans son sillage en dépit de sa propre fatigue.

Un grondement sourd et violent retentit soudainement à leur droite, rapidement accompagné de la plainte gémissante du bois. La Nelphennéen sursauta, avant de tressaillir, un nœud s’étant formé dans son estomac. Elle n’aimait pas ça. Pas du tout. Encourageant l’homme d’accélérer le rythme, Lûth songea, d’un seul coup, au deuxième homme les ayant accompagnés. Où avait-il pu disparaître? Était-il près d’eux ou non? C’était dur à dire, avec toute cette fumée noire qui les enveloppait de part en part. Son cœur se serra. Pourvu qu’il ne lui fût rien arrivé, pourvu qu’il parvienne à les rattraper – ou qu’ils réussissent à le faire. Lûth implorait les Aetheri pour que ce soit bien le cas. La respiration de l’Elfe Noire se faisait de plus en plus haletante. Elle suffoquait sous le poids de la chaleur des Flammes, suant à grosses gouttes sous son masque bleuté. C’était un véritable supplice, comme si l’Enfer s’était déployé autour d’eux, dévorant le reste de leur oxygène et de leur énergie. Respirer n’aurait jamais été aussi douloureux, aussi pesant, que maintenant. Légèrement, l’éclat lumineux du Feu dissipait la noirceur du nuage de cendres et de fumée, éclaircissant un peu plus la portée de sa magie sensorielle. Elle ne voyait encore pas très précisément son environnement, mais ce fut amplement suffisant pour avoir un aperçu du spectacle qui se donnait devant elle. Son sang se glaça. Il y avait encore des gens pris dans cette fournaise. Ils couraient, se bousculaient, se piétinaient, cherchant désespérément une sortie à ses Limbes de Flammes et de cendres. Le rugissement du Feu ayant masqué la majorité des bruits, tant il était violent et puissant, Lûth percevait pour la première fois les hurlements et les cris des membres du groupe d’attaque qui, s’époumonant comme une bande de déments, était possédé par la seule pensée qui dominait leur esprit : fuir. La Nelphennéen entendit le Bélua-Girafe la soutenant jurer dans sa langue maternelle, accélérant brutalement son pas. « Bon sang! » Une nouvelle voix avait résonné, mélangeant colère, désarroi et inquiétude : c’était le second homme, celui qu’ils avaient perdu de vue, qui accourait à leurs côtés. Comme eux, il avait redressé le col de son chandail sur son nez et sa bouche pour éviter de respirer de la fumée toxique. Il n’y avait plus que ses iris d’acier que l’on pouvait distinguer sur son visage, reluisant des mêmes sentiments qui avaient été perçu au fond de sa voix.

En temps normal, la Nelphennéen aurait été soulagée de le voir en vie, mais la panique et la détresse ambiante avait eu raison de toutes ses précédentes préoccupations. « Q-qu’est-ce qu’on fait maintenant? » - « On va les aider, c’est évident! », s’offusqua le nouvel arrivant. « Il faut les sortir de cet Enfer. » - « Ça ne sera pas aussi simple que ça. Ils sont terrorisés! » Comme elle l’était aussi en ce moment… L’odeur nauséabonde de chair calcinée qui flottait manqua la faire vomir tant elle était forte dans les airs. Combien de gens avaient-ils pu périr? Combien de gens avaient-ils pu être gravement blessés? Il ne nous est plus permis de douter à présent : le plan qui visait à combattre les Alfars a lamentablement échoué. Tout ce qu’ils pouvaient faire, désormais, c’était de les aider. Quittes à se lancer, eux-mêmes, encore plus profondément dans cette fournaise ardente.

« PAR ICI! IL Y A UNE SORTIE DE CE CÔTÉ! » … En espérant que, malgré la peur et le désespoir, ces gens les écouteraient.

1 153 mots.
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Miles Köerta
Dim 27 Mar 2016, 15:21

Baby-sitting en forêt
« À la recherche d’un souvenir abandonné »

Tout était gris, noir, oppressant. Je suffoquais à chaque pas que j’allongeais devant moi et pour cause, la fumée était partout autour de moi, âcre et brûlante, autant sur ma peau que dans ma gorge. Je tentais de me pencher le plus bas possible pour éviter une grande partie de la fumée, mais rien à faire, elle commençait à étendre sa présence jusqu’au sol. Une toux incontrôlable m’agita violemment, et je finis par m’effondrer sur mes genoux. Mon souffle était râpeux et saccadé et mes yeux me faisaient un mal de chien tant ils me brûlaient et me chauffaient la rétine. Avançant à quatre pattes dans les bois incendiés, je voulus me relever pour continuer à marcher, mais rien à faire, la fumée me possédait, étendant son Empire bien au-delà de l’atmosphère aérienne qui entourait cette forêt. Je sentais ses filaments nauséeux et toxiques s’infiltrer dans l’ensemble de mon être, amoindrissant mes réflexes, émoussant ma vigilance en y faisant régner une profonde faiblesse. Comment allais-je me sortir de là? Par les Aetheri, je ne voulais pas mourir ainsi…Je me suis surestimé… Songeais-je avec douleur, me traînant au sol pour chercher une zone d’air pur, une zone où ni la fumée, ni les cendres, ni le feu, pouvaient m’atteindre. Seulement, ils étaient présents tout autour de moi, sauvages et violents, menaçant ma vie à chaque seconde que je restais de trop dans cet espace. Mes mains arrachaient la terre pour avancer et je déployais mille efforts pour pousser mes jambes, mais elles peinaient à me déplacer à elles seules, se fatiguant ou bien se paralysant au beau milieu de mes efforts. Ça brûle… Ma gorge était un véritable désert, où un incendie ne cessait de s’étendre à l’intérieur, affamé et cruel. Je ne voyais plus le bout du chemin, la fin de tout ce calvaire. Les hurlements des survivants résonnaient encore dans l’air, mais ils commençaient progressivement à s’affaiblir, tant qu’après un certain moment, je ne percevais que le crépitement des flammes aux alentours.

« Eh oh… Vous êtes là? » Croassais-je avant de prendre une nouvelle inspiration dans mon chandail, que je comparerais facilement à un sifflement de serpent.

Mais j’étais seul dans ce monde gouverné par le feu et les cendres; seules les flammes répondaient à mon appel. Exténué, mes mains n’ayant même plus la force de s’accrocher à la terre pour me permettre d’avancer, je finis par m’écraser lourdement au sol, ne me préoccupant que de ma respiration. Ma main tremblait sur le col de mon chandail, que j’essayais de maintenir sur mon nez avec le peu d’énergie qu’il me restait. Mais je n’en pouvais décemment plus. La chaleur dégagée par les flammes me caressait le visage comme une invitation malsaine, alors que la fumée, elle, m’étouffait par son poids. J’étais complètement écrasé par sa présence, comme si deux mains s’étaient posées sur mes épaules et me forçais, sans cesse, à me recroqueviller, de plus en plus. Sauf que… Je dois continuer… J’ai dit à Titania que je reviendrai… Je dois continuer… Je n’étais pas le genre de mec à ne pas respecter mes promesses, n’est-ce pas? Et aujourd’hui n’allait pas faire exception à la règle. J’allais revenir, bon sang! J’allais revenir, même s’il fallait que j’en perde ma vie. Ces pensées, même si elles pouvaient paraître excessives, eurent l’effet escompté: il ne m’en fallu pas plus pour que je me remette à ramper au sol, aidé de mes jambes et de ma main qui raclait le sol. J’allais revenir, j’allais revenir, pas les abandonner, surtout pas les abandonner…

Soudainement, j’entendis un crépitement de flammes, tout près, et un craquement des plus sinistres résonna dans toute la forêt. Je me paralysais sur place, mon sang se glaçant dans mes veines, alors que du coin de l’œil, j’aperçus un tronc tomber juste à quelques centimètres de moi. Par chance, l’arbre ne m’atteignit pas, mais des étincelles, quelques flammèches, voire même des flammes toutes entières, rebondirent sur mon bras qui me traînait et, attaqué par la brûlure, je me mis à crier. Instinctivement, pour me protéger, je me recroquevillais sur moi-même, en boule, alors que je sentais ma chair crépiter, brûler, siffler, sous l’assaut des flammes. Bordel! m*rde! Ma mâchoire se contracta alors que je tentais d’étouffer les flammes à l’aide de mon veston. Seulement, alors que je m’appliquais à éteindre les flammes qui s’étaient mises à courir sur mon bras, je ne tenais plus mon col jusqu’à mon nez et bien assez vite, une quinte de toux vint me déchirer la trachée. Je me crispais sur moi-même, la douleur irradiant de chacun de mes pores. Cette toux me secouait le corps et les entrailles, c’était une véritable lutte qu’elle opposait à mon être, qui peinait à s’en soustraire. Je faiblissais, je ne savais plus quoi faire. La toux me déchirait les voies respiratoires et pour ce faire, j’essayais d’inhaler des bouffées d’air, mais cela n’arrangeait rien, car l’air était saturé de fumée. Après un instant, alors que ma tête tournait, que mon estomac remontait à mes lèvres, je finis par m’évanouir.


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Baby-sitting en forêt | Lûth Signat16
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Ezechyel
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Ezechyel
Sam 02 Avr 2016, 02:51

« C’est ça, suivez le son de ma voix! » L’homme avait placé ses mains en porte-voix et, malgré les cendres et la fumée s’infiltrant dans sa gorge, s’époumonait à guider les rescapés hors des Flammes de l’incendie. Inversement à ce que Lûth aurait cru, les gens se dévoilaient étonnamment dociles aux ordres criés par le Bélua, s’y laissant mené par leur instinct de survie les plus primaires. La terreur et la confusion étaient toujours bien présentes au fond des esprits et des cœurs – il n’y avait qu’à regarder la manière dont ils se bousculaient, encore, avec une violence inouïe sans cesser de pousser des hurlements de terreur – mais, au moins, ils prenaient chacun la bonne direction pour se sortir de cet Enfer de Feu et de poussières toxiques. « Allez, continuez! C’est par ici! » À plusieurs reprises, secoué par une quinte de toux, l’homme avait été contraint de s’interrompre pour reprendre son souffle. Il suait à grosses gouttes, peinait à respirer convenablement à force de continuer à hurler ainsi et des larmes coulaient en abondance sur ses joues salies de cendres. Et pourtant, il se reprenait presque aussitôt. Il descendit du minuscule promontoire où il s’était posté pour dominer les autres gens et se faire entendre par-dessus les plaintes du bois, poursuivant à donner ses instructions sans le moindre répit. « Je vais vous guider vers la sortie de cette fournaise! Nous allons nous en sortir, ne vous inquiétez pas! Essayez de rester le plus calme possible! » Il toussa une nouvelle fois, le corps plié en deux. « T-tâchez de ne pas me perdre de vue surtout! » Puis, le jeune homme se mit à courir, prenant la route qu’il n’avait pas arrêté de pointer, une dizaine – peut-être même une vingtaine? – de gens terrorisés sur ses talons.

La Nelphennéen en restait bouche bée. « Je n’arrive pas à croire que ça a marché… » - « Ce n’est pourtant pas terminé, répliqua le Bélua demeuré à ses côtés. Voyons s’il n’y a pas d’autres personnes un peu plus loin qui n’auraient pas entendu. » Le nuage de fumée se condensait de centimètre en centimètre, aussi noir que le charbon, tandis que les Flammes continuaient à dévorer inlassablement chaque parcelle de Nature qui s’exposait à leurs crocs meurtriers. L’idée de vouloir progresser davantage au cœur de cette cage enflammée ne lui plaisait guère : ça relevait de la folie ou de l’inconscience à ce stade, selon elle. Mais l’inquiétude de Lûth à la seule pensée qui puisse y avoir encore des gens pris au piège dans cette fournaise mortelle finit par avoir raison de cette prudence qu’elle avait eu l’habitude de suivre sans se poser de questions. Montant plus haut encore le col de sa veste sur son visage, l’Elfe Noire suivit le pas du Bélua-Girafe, balayant – inutilement, elle le savait – la fumée qui s’agglutinait devant sa bouche et son masque bleu nuit. La jeune femme avait chaud, si chaud dans les profondeurs de cette forêt incendiée que, peu à peu, elle commençait à regretter de ne pas avoir choisi de partir et respirer un air pur, ayant la désagréable sensation de rôtir vivante sous les couches de ses vêtements. La Nelphennéen ne parlait plus, désirant conserver le maximum d’oxygène dans ses poumons, déversant une pluie de larmes tant ses yeux, pourtant bien cachés derrière le masque qui lui barrait le visage, la piquaient et la faisait souffrir. Mis à part le son continu des crépitements du Feu et celui de leur propre respiration sifflante et saccadée, les bois étaient aussi muets qu’un cimetière, avec une odeur nauséabonde de brûlé en plus qui flottait.

Les minutes s’écroulèrent sans qu’ils parviennent à déceler une manifestation quelconque de vie indiquant qu’il restait bel et bien des gens ici, nourrissant la pointe de doute dans l’esprit de Lûth : Y avait-il un intérêt valable à poursuivre davantage leurs recherches? Son corps faiblissait, petit à petit, de même que sa motivation. À quoi bon continuer de se frayer un chemin au travers de ces Flammes et de cette fumée? Elle toussait désormais de plus en plus souvent, à un intervalle de plus en plus court, se forçant à progresser sur une paire de jambes tremblantes qui semblaient prêtes à la lâcher d’un moment à l’autre. Sa tête lui faisait mal, sa gorge était aussi sèche que le Désert et chacune de ses respirations éveillaient une vague de douleur aiguë dans ses poumons qui peinaient à trouver de l’oxygène, lui brûlant la poitrine. Ses yeux ne déversaient plus de larmes : ils étaient devenus si secs qu’il n’y avait, à présent, pas une seule goutte d’eau capable de les humidifier, s’étant entièrement évaporé de son corps. L’Elfe Noire toussa, se frottant encore les iris en-dessous de son masque pour tenter d’apaiser l’horrible sensation qui y demeurait. Cependant, Lûth manqua de s’effondrer à son pas suivant, tombant sur ses genoux douloureux et ses mains ensanglantées. « J-je n’en peux p-plus. », souffla-t-elle péniblement. Elle se redressa avec lenteur et misère en humectant ses lèvres craquelées. « P-personne n’est resté en arrière. C’est é-évident à présent, n-non? » Le Bélua parut hésitant, mais il finit par abdiquer. « Tu as raiso– » Un hurlement fendit à travers le silence de la forêt au moment où la plainte d’un arbre tombant sous les Flammes étouffa la voix du jeune homme.

Foudroyée par le cri, la Nelphennéen redressa sa posture d’un coup brutal, l’adrénaline explosant dans ses veines : sans hésiter, l’Elfe Noire se précipita vers la source de la voix, ignorant la fatigue de ses membres et de son esprit. Et, lorsque la jeune femme aperçut celui qui était couché au sol, ses propres lèvres laissèrent échapper un cri. « FRIED! » L’homme aux yeux gris avait le bras entier recouvert de Flammes qui, ayant déjà réduit ses vêtements en cendres, lui léchaient la peau et continuaient à se répandre, à une allure inquiétante, sur le reste de son corps. Le sang de l’Elfe Noire s’était complètement glacé. « RÉVEILLES-TOI! », hurlait-elle comme une démente en le secouant d’une pluie de coups violents. « RÉVEILLES-TOI BORDEL! FRIED! » Elle se mit à tousser, parcourue de tremblements. Elle étouffait. Le Bélua surgit enfin à leurs côtés, s’agenouillant près du Feu qui rongeait Friedrick et, sans un mot, tendit les paumes de sa main en direction du sol. Stimulée par la magie à l’action, une énorme plaque de Terre se souleva, venant aussitôt étouffé les Flammes dansant sur le membre supérieur de leur victime. « Nous ne pouvons pas le soigner ici. », lança le Bélua. Prenant Fried en-dessous des bras, il l’embarqua sur son dos. « Partons! » Il jeta un coup d’œil rapide vers le jeune homme. « Plus vite nous sortirons de cette fournaise, mieux ce sera pour lui et ses blessures. » Et là-dessus, la Nelphennéen n’en avait, absolument, rien à redire.

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Miles Köerta
Sam 23 Avr 2016, 23:23

Baby-sitting en forêt
« À la recherche d’un souvenir abandonné »

Tout s’était soudainement tut. Les flammes, le bois qui crépite, mes propres hurlements qui perçaient mes tympans… Tout s’était tut, arrêté, comme si l’on venait soudainement de mettre un frein au Temps en lui-même. Et ce phénomène, je ne saurais dire combien de temps il dura. Quelques secondes? Des minutes? Voir des heures ou bien des jours? Des jours, m*rde, ce serait bien ma veine: être resté ainsi, dans ce noir absolu, dans ce silence infini, pendant des jours. Ce serait vraiment inquiétant… Peut-être étais-je mort, finalement, la Faucheuse ayant libéré mon âme de mon corps, et que je flottais à présent dans un Au-delà sombre et silencieux; sombre et infini; sombre et particulièrement angoissant. Parce que je ne voulais pas mourir. Mais la mort, comme je la vivais présentement – évidemment, si c’en était bel et bien une – me semblait onirique, fait de rêves étranges et insolites, car dans ce noir qui m’apparaissait absolu et sans fin, je voyais certaines images s’imposer brutalement à ma vision. Des visages qui m’étaient complètement inconnus comme des visages qui m’étaient particulièrement familiers. Si, sur les uns, un sourire triste s’affichait, sur les autres, le regard exprimait clairement l’inquiétude dans laquelle leurs pensées baignaient. Mais inquiet pour qui? Pour moi? Peut-être… Parce qu’ils me regardaient pratiquement tous de cette manière-là. À certaines occasions même, je les voyais plus précisément et, apercevant Titania non loin, je désirais l’appeler, juste pour qu’elle cesse de s’inquiéter; juste pour qu’elle comprenne que je suis en vie et qu’elle n’avait pas besoin de veiller sur moi, mais ma voix restait bloquée dans ma gorge, comme coincée par une boule qui l’empêchait de filtrer à travers mes lèvres. J’étais incapable de lui faire part de ma présence; j’étais incapable d’adoucir les traits de son visage, constamment tiré par l’angoisse. Et puis, sans crier gare, le noir s’abattait de nouveau sur mes paupières. Je retournais à ce monde de chimères dans lequel seules mes pensées semblaient avoir de sens. Ma présence, ces espèces de « flashs » qui apparaissaient et disparaissaient aussi rapidement que l’éclair qui foudroie le sol, et même ce silence, qui aurait dû me paraître parfaitement naturel, était gorgé de mystères. Et le mystère, soit fait rêver les hommes, soit le terrorise.

Et pour l’instant, alors que j’en rêvais réellement – pitié, dîtes-moi que tout ceci n’est qu’un rêve – ce mystère me terrorisait plus qu’autre chose.

Et il se poursuivit ainsi, durant des secondes, des minutes, des heures, voire des jours, sans que je n’ai contrôle dessus. D’abord le noir et, pouf!, des images et, pouf!, le noir à nouveau et, pouf!, Titania qui se tenait devant mon visage, et pouf!, je retombais encore dans le noir. C’était discontinu, mais ça se poursuivait éternellement. Des fois, je pouvais sentir des sensations me revenir et un sentiment immense de soulagement balayait mon esprit. Si je « sentais » encore des choses sur ma peau, dans cette entité qu’était mon être, alors je devais forcément être vivant, pas vrai? Je m’accrochais intensément à ces sensations lorsqu’elles se manifestaient. Je ne voulais plus les quitter, qu’elles me fassent mal ou qu’elles me fassent sentir complètement frigorifié. Je ne voulais plus les quitter, car elles me disaient clairement: « Accroche-toi! Tu es encore en vie! » et je m’accrochais désespérément, sans relâche, croyant que je me réveillerais sûrement un jour de cet affreux cauchemar. Car oui, loin du rêve onirique dont je parlais, c’était bel et bien un cauchemar contre qui je combattais. C’est vrai quoi! Je ne pouvais pas mourir aussi vite, aussi tôt! Oui, il était trop tôt pour ça; trop tôt pour laisser derrière moi ce monde que j’appréciais malgré toutes les misères qu’elle tenait en son sein; malgré toutes les horreurs dont son Histoire était remplie; car il y avait de ces histoires, en effet, qui laissaient néanmoins le rêve d’un monde meilleur, d’un futur idéal qui pourrait bien renaître sur ces contrées continuellement déchirées par la guerre. Et je voulais les vivre pour encore bien longtemps, ces histoires, malgré tout ce que je venais de dire et qui assombrissait un peu le tableau de ce rêve utopiste. Mais dans une vive, il faut de la misère: on n’avait rien tout de tout cuit dans le bec. Il fallait se battre, ne pas lâcher, et ne pas abandonner simplement parce que nous n’avions plus de force ou d’énergie. J’aurais dû continuer d’avancer, malgré le feu qui avait rongé ma peau; j’aurais dû continuer, quitte à me relever malgré mon évanouissement. J’aurais dû, j’aurais dû, j’aurais tellement dû! Mais mon corps était faible; mon esprit vacillait devant difficulté trop grande à encaisser et, par conséquent, même si ma volonté me poussait à aller plus loin, me poussait à me dépasser, le reste, lui, peinait à suivre cette pensée, s’écroulant à la moindre difficulté. C’est pour ça que je voulais devenir plus fort, m’endurcir. Je ne voulais plus que de tels visages s’inquiètent pour moi: c’était à moi de les protéger après tout…

Tient… Une nouvelle image. Cette fois-ci, c’était la petite Elizabeth qui me fixait intensément de ses petits yeux d’enfant. Inlassablement, elle demandait à Francis, qu’elle ne quittait plus depuis les tragiques incidents, quand est-ce que je me réveillerais. Le jeune homme me regardait longuement, haussant simplement des épaules pour lui faire comprendre qu’il ignorait la réponse. « Tout dépend de lui » l’ais-je entendu marmonner, avant de se lever, la petite fille dans ses bras. Ils s’éloignaient et je ne voulais pas qu’ils s’en aillent. J’étais vivant, bordel! J’étais bel et bien vivant!

Par mille efforts, j’étirais mon bras vers l’avant, cherchant à m’agripper à ces deux-là comme un naufragé s’accrocherait à une bouée, et je me mis à les appeler, encore et encore et encore, mais ni l’un ni l’autre ne se retournait dans ma direction. Quand Elizabeth finit par me jeter un dernier regard et, soudainement, son visage s’éclaira et elle me pointa de son doigt fin. Aussitôt, un élan de joie emporta mon cœur. Elle me voyait… Elle voyait bien, elle, que j’étais en vie. Francis, attiré par la soudaine excitation de la gamine, tourna lui aussi la tête vers moi et son regard, presque instantanément, s’écarquilla. Il fila en quatrième vitesse hors de la pièce avec Elizabeth dans les bras, qui me souriait.

J’exhalais un soupir, heureux. Bordel… Être vivant, c’était le pied.


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