Edwina fut soulagée lorsqu'elle entendit l'ours lui dire qu'elle pourrait rester ici pour la nuit. A vrai dire, elle ne savait pas si elle devait le lui avouer mais elle avait envie de rester à la Forge. Ce n'était pas uniquement pour discuter avec Raeden. Simplement, elle désirait être tranquille, loin de la foule envahissante, loin de ses fonctions, loin de ces êtres qui se pressaient autour d'elle pour telle ou telle raison. Elle aspirait à un peu de calme et bien que le printemps n'avait pas eu lieu, que les événements avaient été catastrophiques, elle souhaitait simplement... se reposer. Le calme de la Montagne lui ferait le plus grand bien. Ils pourraient apprendre à mieux se connaître également. Après tout, que savait-elle de lui au juste ? Elle souhaitait se rendre chez lui, rester avec lui mais... finalement, elle ne connaissait que peu de choses de sa personne. Elle finit tout de même par lui sourire, s'exécutant lorsqu'il lui demanda d'ajouter une bûche au brasier. C'est vrai que l'air froid des lieux devait vite devenir insupportable sans un bon moyen de se chauffer. Prenant le morceau de bois avec quelques difficultés, elle s'y reprit à deux fois et s'aida de ses deux mains pour le porter jusqu'à l'âtre. « Ne vous inquiétez pas, si je souhaitais être servie, je serai retournée à Caelum. ». fit-elle doucement. Regardant soudain dans la même direction que lui, elle acquiesça silencieusement. Quelque chose lui disait que les temps à venir seraient bien sombres. « Je pense que personne n'oserait attaquer un ours. Vous devez être capable de tuer un homme d'un coup de griffe... ». Elle avait parcouru quelques ouvrages sur les animaux jadis. Ce n'était pas franchement des livres qu'elle aurait pu lire en tant qu'Ultimage mais quand elle pensait encore être une Sirène, elle s'était renseignée sur la vie sur Terre. « Enfin... je ne vous crois pas capable d'une chose pareille... » murmura-t-elle alors. Légèrement gênée, elle se demandait de quoi ils allaient bien pouvoir discuter. Ils n'étaient que tous les deux ici...

S'éclaircissant la gorge, elle se mit à jouer avec ses doigts, cherchant quelque chose à dire. « Vous euh... En fait, j'aimerai rester ici quelques... jours. Ou juste jusqu'à demain. Je ne sais pas vraiment à vrai dire. J'aimerai simplement rester quelque part où l'on me demandera pas d'être Reine... juste moi. Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas exercé mon métier... J'aimerai juste un peu de temps pour moi et puis... je suis curieuse à votre sujet. ». Elle parcourut la pièce du regard, essayant d'en savoir un peu plus en contemplant l'environnement dans lequel il vivait. « Vous ne me connaissez pas réellement et pourtant vous êtes gentil avec moi... ». Peut-être faisait-il cela uniquement parce qu'elle était Reine. Elle voyait beaucoup d'individus graviter autour d'elle fréquemment et ces derniers ne l'auraient peut-être même pas regardée si elle n'était qu'une paysanne. Elle n'avait pas toujours eu un haut rang. Elle savait ce que l'anonymat entraînait et, parfois, pour tout avouer, elle le regrettait un peu. De temps à autre, elle ne se sentait pas à la hauteur de sa fonction. « Vous hum... ». Elle avait peur de lui poser les mauvaises questions, de le gêner ou de l'agacer. « Vous allez rester sous cette forme animale longtemps ? Pas que cela me dérange, au contraire... ». En tant que bête, il lui faisait moins peur qu'en tant qu'homme. L'hologramme, lui, ne la gênait pas. Il n'était pas matériel. « Enfin, ne le prenez pas mal. Simplement que cela me plaît de converser avec un ours... ». Elle rit brièvement, se disant que d'un point de vue extérieur, la scène devait être réellement cocasse. « Je ne fais pas ça tous les jours. Vous... vous dormez où quand vous êtes sous cette forme là ? Je suppose qu'un lit ne vous convient plus... ». Elle pinça ses lèvres soudainement. « Hum... j'espère vraiment que je ne vous dérange pas et que vous avez de quoi m'accueillir. Sinon je rentre... et puis, en réalité, peut-être est-ce là une mauvaise idée. S'il me fallait rester plusieurs jours je n'ai pas de quoi me changer et... enfin, vous devez avoir des occupations à la forge. J'aurai aimé terminer mon arme la dernière fois mais... ». Se rendant compte qu'elle parlait trop, elle finit par se taire totalement, baissant doucement les yeux au sol.

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Décidemment, cette femme avait toujours de quoi le surprendre. Que cela soit dans sa façon d'être ou dans ses paroles, régulièrement, elle faisait quelque chose qui l'étonnait, le surprenait. Et on ne pouvait pas dire que c'était pour lui déplaire, pour le moment. Elle n'avait pas tort quand elle lui répondit que si elle avait voulu être servi, elle aurait pu retourner à Caelum ou bien demander à ce que l'envoyé ou un autre magicien reste avec elle pour s'occuper d'elle. Et c'était ce qui faisait partie de son charme. Malgré sa position, malgré sa puissance, elle était au fond une femme simple qui ne demandait pas forcément midi à quatorze heures. Enfin, c'était comme cela que lui même la percevait. Peut être que le fait que sa propre fille soit aussi une souveraine l'aidait à comprendre certaines choses et à voir au delà de ce titre. Il n'aurait su précisément le dire. Il estimait généralement être quelqu'un qui ne se focalisait pas que les apparences pour juger quelqu'un et le pouvoir ne l'attirait pas plus que cela en réalité. Quant il côtoyait des personnes, c'était tout simplement parce qu'il appréciait être en leur compagnie.

Il laissa passer quelques secondes quant elle souleva le fait de ses capacités mortelles en tant qu'ours. Il était vrai qu'un coup de griffe bien placé pouvait rapidement et définitivement résoudre un affrontement. Mais c'était tout autant vrai pour quelqu'un sachant bien manier une arme ou utilisant la magie. Il suffisait des fois de pas grand chose. Le regard de l'ours se posa une nouvelle fois sur elle quant elle rajouta une petite phrase. Ce qu'elle venait de dire le touchait, malheureusement, d'une certaine façon, elle se trompait. Et il ne pouvait pas la laisser croire cela. S'il ne disait rien, ça revenait à la tromper sur ce qu'il était réellement. Et ça, il s'y refusait. Il souhaitait qu'elle le connaisse en tout état de cause.

Détrompez vous … J'en serai capable. Ce ne serait pas de gaieté de cœur, mais si la situation en arrivait là, oui … Je pourrai tuer pour protéger et sauver votre vie, celle des gens que j'aime, des autres que je ne connais pas, la mienne. Je suis avant tout un guerrier, un protecteur, même si j'aspire à la paix.

Il ne savait pas s'il avait bien fait de dire tout cela, mais bon. Au moins, il avait été honnête et c'était l'important. De toute façon, ses doutes s'en allèrent rapidement, éclipsés par la surprise des paroles de la Magicienne. Bien plus que simplement finir la soirée ici, elle aurait aimé quelques jours ou au moins, tout le temps qu'elle pouvait et qu'elle souhaitait. Il ne se serait certainement pas attendu à cela. Et pendant quelques secondes, même, sa stupéfaction fut lisible sur son faciès d'ursidé, la gueule ouverte. Bien rapidement, cependant, il se reprit en un raclement de gorge. Heureusement, elle ne le regardait pas à ce moment là. Ca lui évita d'être encore plus gêné. Déjà que son cœur battait la chamade comme cela d'un adolescent enamouré. Bon, d'accord, d'une certaine façon, c'était un peu ce qu'il était. Sauf pour le côté adolescent. Mais cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas ressenti de telles émotions pour une femme qu'il ne savait plus trop comment y faire face. Gardant le silence, il l'écouta, la laissant continuer à parler. Elle paraissait curieuse de beaucoup de chose, même si un malaise semblait l'habiter. Il essayait de ne pas empiéter sur son intimité mais il ne pouvait s'empêcher de ressentir certaines de ses émotions. Ce fut pour cela qu'il ne laissa pas réellement le silence s'installer une fois qu'elle se fut tut.

V[/size]ous pouvez rester autant de temps que vous le souhaitez. A part les quelques personnes qui s'occupent de la forge, des lieux ou de l'école avec moi et de ma fille qui passe de temps en temps, j'habite seul ici. La maison est bien assez grande pour vous accueillir en plus, ne vous en faites pas. Il y a plusieurs chambres à l'étage, et on vous trouvera bien des affaires à vous mettre parmi les vêtements de .. Faline ou d'Alice.

Bien évidemment, il ne voulait pas non plus la forcer à rester. Elle était libre de faire ce qu'elle voulait. Il lui faisait juste comprendre qu'il n'y aucun problème de son côté pour qu'elle prolonge son séjour. Evidemment, cette histoire de lui prêter des habits de sa défunte femme ne pouvait le laisser indifférent. Il se souvenait parfaitement de comment il avait réagit quand il lui avait simplement mis à disposition un manteau, lors de l'ouverture de la Forge. Mais il fallait qu'il passe peu à peu à autre chose, quand même, au bout de cinq cents ans.

Je vais rester sous cette forme encore quelques jours. Deux environ. Inconvénient d'être devenu Bélua par l'intermédiaire d'un génie. Et puis, si cela vous plaît, alors le problème est résolu.

L'animal et l'homme sourirent chacun à leur manière tandis que la bête se couchait par terre, roulant sur le flanc, devant l'âtre.

Voila où je dors quand je suis ours. Si je dormais dans un lit, il faudrait que je change les draps à chaque fois, ses derniers ne faisant pas réellement bon ménage avec mes griffes … Ni même avec mes poils.

Il fit une pause, la regardant sur le dos, cligna des yeux avant de se remettre droit.

Quant à la forge, quand je suis comme ça, je ne peux pas faire grand chose. C'est Haimric qui prend les commandes. Mais si vous n'avez pas peur de travailler … Toute seule, si on peut dire, on pourra toujours trouver une solution pour que vous puissiez continuer. … Votre arme n'a pas bougé.

Il avait secrètement espéré qu'elle reviendrait un jour ou l'autre et que peut être cela lui plairait de continuer ce qu'elle avait entrepris avec lui. Maintenant qu'il se tenait devant le fait accompli, il se sentait un peu idiot, mais tant pis. De toute façon, ce n'était jamais réellement perdu. Puis une phrase qu'elle avait dite plus tôt lui revint en mémoire et il se redressa légèrement.

Ce ne sera pas du matériel extraordinaire mais … Je pense qu'il y a encore tout le nécessaire de couture de ma femme à l'étage si cela vous intéresse. On ne peut pas dire que je sois très doué avec, d'ailleurs.

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