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 Du chaos naît une étoile. [Mission de niveau 4]

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Mar 08 Déc 2015, 12:39

Le monde n'était que silence. Ouvrir les yeux sur l'obscurité. S'offrir la sensation d'appartenir encore pour quelques heures au royaume déraisonné du sommeil. Lorsque la réalité ne tend plus ses bras d'or vers ceux qui la peuplent, il n'existe qu'un seul refuge. Et qui aurait pu tracer une frontière entre le songe et sa sœur ? D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, la brune avait toujours vécu à la limite de ces deux conceptions terriblement étranges. L'absurdité de leur séparation lui paraissait évidente même si elle imaginait difficilement qu'ils puissent vivre l'un sans l'autre. Le miroir et son cadre, voilà ce qu'ils étaient. Des amoureux inséparables qui ne pouvaient reposer sur rien d'autre qu'eux-mêmes. Une vérité bien difficile à avaler pour celle qui avait l'impression de perdre celui pour qui son coeur pâlissait. Dessiner les contours de son visage sur le ciel ravagé d'étoiles restait pour le moment l'unique moyen de le voir. En observant la voûte céleste, un déclic se produisit. Comment avait-elle pu oublier les astres de lumière ?

Sitôt qu'elle prit conscience de leur présence divine, elle sentit quelque chose basculer en elle. Le cocon de mousse dans lequel elle s'était assoupie la délivra. Se relevant avec douceur, elle arracha son regard au ciel nocturne. Sans savoir où elle se dirigeait, elle se mit pourtant à marcher d'un pas décidé, ses orteils nus glissant sur l'herbe fraîche. Seulement vêtue d'une robe légère et immaculée comme un nuage d'été, elle se mouvait avec aisance à travers la plaine, ne s'arrêtant qu'à de rares instants pour contempler la somptueuse voûte céleste. Ce soir, plus que jamais, elle lui révélait son peuple merveilleux pour que leurs murmures l'accompagnent dans son périple. Toujours incapable cependant de les comprendre, la brune se contentait de les écouter, profondément rassérénée par leur simple présence. Appréciant la brise délicate qui effleurait son visage, elle laissait ses pensées vagabonder au gré du vent aussi sûrement que son corps s'égarait.

Une immense colline recouverte de rouge. Voilà où elle se trouvait à présent. Partout où se posait son regard, elle ne voyait que des rivières de coquelicots qui s'étendaient à perte de vue. S'agenouillant, elle contempla l'un d'entre eux d'un air songeur avant de l'arracher avec délicatesse, murmurant au passage quelques remerciements à la terre qui fournissait de telles merveilles. D'un geste vif, elle se releva et reprit sa marche. Elle aurait voulu se perdre pour toujours dans cet océan de fleurs ensanglantées, avec les étoiles pour seul horizon. Pendant de longues minutes, ce fut ce qui arriva, et la Rehla imagina presque qu'elle n'était qu'une plante parmi les autres, liée à elles par une étrange et ancienne magie qui lui permettait de voyager à travers ses consoeurs. Cependant, la sensation impitoyable qu'un autre cœur que le sien battait en ces lieux lui fit monter le rose aux joues. Bien que ce ne fut pas le cas, elle sentait qu'elle n'avait guère sa place ici, qu'elle n'était rien qu'une étrangère, une intruse qui perturbait la paix somptueuse de l'endroit. Aussi accéléra-t-elle légèrement le pas.

Baissant la tête pour nouer le coquelicot à l'une de ses mèches brunes, elle ne remarqua pas immédiatement les colossales statues qui se dressaient devant elle, ouvrant sur une obscurité béante. Un sursaut la saisit lorsqu'elle le remarqua enfin. À en juger par l'allure du bâtiment que gardaient les êtres de pierre, Callidora songea qu'il devait s'agir d'un temple, hypothèse qui se confirmait à mesure qu'elle s'approchait. Sans que la raison d'une telle impression lui soit révélée, elle se disait que ce lieu lui était merveilleusement familier. Peu importait en fin de compte la destination qu'elle avait voulu rejoindre, la conviction qu'elle ne pouvait qu'arriver ici grandissait en elle. Les rayons de lune dansaient joyeusement avec l'ombre des nuages sur les énormes blocs d'une blancheur surprenante. Un silence sacré régnait aux alentours. La Rehla regarda une dernière fois en arrière, gravant dans sa mémoire le magnifique tableau des coquelicots bercés par le vent et la lune et s'enfonça à l'intérieur.

Au début, il n'y avait rien, rien que les ténèbres coupées du bruit de sa respiration sereine. Aucune lumière ne guidait la brune. Un sentiment d'oppression commença à s'emparer d'elle alors qu'elle progressait dans le temple sans voir quoi que ce soit. Ignorant où ses jambes la menaient, elle ne rencontrait pourtant pas le moindre obstacle. À moins que l'endroit soit désespérément vide, quelque chose lui indiquait le chemin à suivre. Le Temps semblait suspendu, et les lois qui régissaient le monde ne paraissaient avoir aucune prise en ces lieux. Soudain, une lumière déchira l'obscurité et disparut presque instantanément. Intriguée, la Rehla avança davantage et heurta un rocher. Avec prudence, elle le contourna. L'atmosphère se chargea d'une senteur délicate, l'odeur de l'herbe coupée et d'une brise fraîche, le parfum d'un premier amour retrouvé.

C'est alors que les étoiles apparurent. Une par une, avec une lenteur touchante, elles s'éveillèrent de leur sommeil de glace pour illuminer ce qui s'avérait être une caverne. Fascinée par le spectacle qui s'offrait à elle, Callidora resta silencieuse, son regard de soleil rivé sur le sol. Une surface étrangement lisse, comme du verre translucide, maintenant les créatures de l'univers captives. La brune pencha la tête sur le côté, observant chacune des constellations qui prenaient place. Nul besoin pour elle de réfléchir, elle les connaissait par cœur. À droite se trouvait l'amas du cerf, que Téméris et elle avaient passé de nombreuses nuits à contempler, ravies de leur partenaire nocturne. Ce n'était pas son nom usuel, mais les deux petites ne s'en souciaient guère à l'époque. Dérobant ses iris dorés à la vision féérique, elle prit une seconde pour apprécier la magnificence d'un tel tableau. Les blessures du passé semblaient avoir disparu, laissant la place à de nouvelles possibilités que la Rehla savait infinies. Jamais de sa vie elle ne s'était sentie aussi heureuse, aussi entière. Et pourtant, l'insidieuse sensation que quelque chose manquait lui fit rouvrir les yeux. Des sanglots déchirants perçaient le silence. Quelles larmes pouvaient receler une tristesse aussi profonde ? À mesure qu'elle contemplait le miroir des astres, elle crut distinguer celle dont la détresse traversait le ciel pour venir jusqu'à la fragile jeune femme qu'était la brune. Un sourire triste aux lèvres, elle s'approcha, osant à peine effleurer de ses doigts blancs la surface lumineuse.


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Mer 09 Déc 2015, 07:49

Les lamentations du petit être se perdaient à travers la mélodie enjouée qui s'élevait de la caverne. Guidée par l'instinct, la Rehla avait cependant entendu son appel à l'instant même où celui-ci avait pris forme. Bien qu'elle ignorât tout des raisons qui pouvaient pousser une pareille merveille à offrir un chant aussi triste, elle avait la ferme intention de le découvrir et d'exécuter tout ce qui était en son pouvoir pour dissiper ce désespoir qui rongeait la minuscule lumière. Ce n'était qu'un éclat dans l'obscurité de velours, qu'un éclat blanc parmi les autres. Et pourtant, inexorablement, Callidora se sentait touchée par sa détresse. Une irrépressible envie d'hurler la saisit à la gorge. Qui pouvait rendre une créature de l'univers aussi malheureuse sans que la colère des cieux ne s'abatte ? À mesure qu'une colère sourde montait en elle, les pleurs de l'étoile redoublaient. « Pourquoi refuses-tu d'écouter ? » Un idiome plus vieux encore que le monde, qui remontait à l'époque où les souffles des Aetheri ne donnaient pas encore naissance à de mystérieux peuples. Un langage que, par un miracle inconcevable, elle comprenait comme s'il s'agissait de sa langue maternelle, malgré les difficultés qu'elle éprouvait quelquefois à le parler.

Les mots qui cherchaient à s'échapper de sa bouche ne franchissaient cependant pas la barrière des ses lèvres mortelles. Les larmes trouvaient le chemin de ses yeux dorés avec une vitesse fulgurante. Quand avait-elle cessé de s'exprimer sincèrement ? Si elle ne connaissait que de loin le mensonge et la tromperie lorsqu'il s'agissait des autres, elle possédait un talent démesuré pour refuser toute réalité la concernant. Ignorer ses propres failles plutôt que de s'y plonger, voilà ce qu'elle faisait depuis toutes ces années. « J'écoute. » Elle ne formulait qu'une simple pensée, toutes ses capacités d'interlocutrice à l'affût. Un rire désolé noya un instant l'harmonie des étoiles. « À moi tu ne peux mentir. Les secrets m'appartiennent comme je leur appartiens. Qu'as-tu oublié ? » Les paroles de l'astre semblaient dépourvues de sens. Un frisson glacé parcourut la peau de la brune alors qu'elle tentait d'interpréter la déclaration mystérieuse. Se fier à la raison représentait le meilleur moyen d'y trouver une signification. La logique, froide et implacable, finissait toujours par trouver une solution aux énigmes, quelles qu'elles soient.

Non. Elle se trompait. Se fourvoyer en imaginant qu'un simple raisonnement était à même de déployer la vérité. Alors, s'allongeant contre la surface glacée, Callidora se mit à caresser avec tendresse l'emplacement de l'étoile. "J'ai peur." Enfin. La fatale conclusion tombait, tel un couperet tranchant qui faisait valser chacune de ses certitudes. Les horreurs du monde la terrifiaient, et elle savait qu'elle n'en avait pas même découvert la moitié. "Je suis là. Depuis toujours." La voix millénaire résonnait à travers la moindre cellule de son corps, rassurante comme une berceuse maternelle. L'espoir d'une terre dépourvue de folie lui traversa l'esprit. Un tel endroit pouvait-il seulement exister dans ses rêves ? Un léger sourire fleurit son visage lorsqu'elle imagina une contrée paradisiaque. Ce n'était rien qu'un vague murmure qui s'échappait des tréfonds de son âme, se parant des désirs du cœur. Et soudain, tout disparut.

Le noir complet. Une respiration saccadée, consciente du terrible danger qui l'attendait si elle ne sortait pas de la caverne. Le rêve se transformant en cauchemar, l'odieuse vérité du monde réel. D'un bond, la brune se releva, brusquement agitée de frissons qui dévoraient la chaleur de sa chair. En quelques secondes, elle se retrouva à grelotter dans une obscurité totale. La mélodie des lumières s'était évanouie. Seule face à ses propres démons et à ceux de son peuple, la Rehla s'appuya au mur rocheux pour reprendre ses esprits. Aussitôt, elle se sentit basculer en arrière, happée par quelque chose qu'elle ne voyait pas mais qui n'hésiterait pas à lui ôter la vie. Un bourdonnement continu sifflait à l'intérieur de ses oreilles, annihilant ses autres perceptions. L'urgence se frayait un chemin à travers chacune de ses veines, pulsant comme un cœur immonde. S'échapper ou mourir. Le bruit étouffé de pierres qui s'effondrent la fit subitement réagir.

Courant à perdre haleine dans les souterrains, elle paraissait toujours revenir sur ses pas sans trouver d'échappatoire. Profondément inquiète, elle enfonça ses ongles dans la peau de son bras, cherchant un moyen de faire disparaître l'effroi qui l'envahissait. Son pouls retrouva un rythme décent, le sang cessa de rugir à ses tempes. Alors, elle entendit. Rien qu'un murmure à peine éclos qui s'aventurait jusqu'à elle. Reconnaissante du merveilleux présent qui lui était accordé, la brune accepta de suivre la moindre instruction délivrée par la voix céleste. Il lui sembla ne pas prendre le même sentier que lors de son arrivée, mais peu lui importait. Sa mémoire enregistrait les plus infimes détails qu'elle parvenait à distinguer d'une manière parfaitement automatique, à moins que ce ne fût la certitude de l'importance d'un tel événement. Un pieu de fer apparut à quelques centimètres de sa joue tandis qu'elle prenait sur la gauche. Une réprimande enfla à l'intérieur de son crâne avant de laisser place à de nouvelles instructions.

Désormais, elle voyait presque la sortie. Un escalier de pierre, visiblement dégagé. C'était tout ce qui la séparait de la sortie, de la délivrance. La liberté l'attendait de l'autre côté. Prenant une inspiration douloureuse, elle s'avança avec appréhension sur la première marche. Rien ne bougea. Un deuxième pas suivit, encore davantage prudent que le précédent. C'était d'une absurdité navrante. Les ténèbres ne dissimulaient aucune menace, elle l'avait appris depuis bien longtemps. Dans un élan de courage, Callidora s'élança sur les marches, sans un regard en arrière. Une fois qu'elle sentit la caresse du vent sur son visage, elle sut que tout était fini. Se tenant sur le seuil du temple, un rayon de lune vint l'envelopper affectueusement. Ce soir, elle avait remporté la plus belle de ses victoires. Ce soir, elle avait vaincu la peur elle-même. Mais au lieu de ressentir une profonde fierté, elle ne sentait qu'un désespoir innommable s'emparer de tout son être. "La Voûte..." La Vérité éclata alors que la Rehla tendait la main vers le ciel embrasé de lumières..


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