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Raphaël était assis à l’ombre d’un rocher, observant les terres devant lui. Ce n’était pas comme le désert de sable qu’il avait déjà traversé. Le terrain, bien que plus accidenté, était plus praticable, et beaucoup moins fatiguant. Le soleil tapait fort également, mais de manière plus faible. Cet endroit aurait sûrement plu à Nathaniel, bien qu’un peu trop dénué de proies. Dans tous les cas, le dragon aimait toujours les endroits chauds. Mais il n’était pas venu. L’Elémental avait décidé de voyager un peu seul. Il voulait s’éclaircir les idées, et prendre du recul par rapport aux changements et responsabilités qu’il prenait petit à petit. Il voulait sincèrement être un Maître du temps, mais les conséquences que cela engendrait dépassaient de loin ce à quoi il s’attendait. Il savait qu’il allait devoir s’affranchir de sa race, mais il devait prendre son temps, ne pas se précipiter, devenir plus fort. Et puis, il y avait autre chose. Depuis quelques temps il marquait ses mémoires dans un carnet, et essayait de décrire ses sentiments, même s’il avait beaucoup de mal. Le problème c’était Halynor. Il ne se souvenait pas d’elle, mais ce qu’il avait marqué lui montrait qu’elle signifiait beaucoup pour lui. Plus qu’il ne le pensait. Et donc, pour mettre ses sentiments à plat, il était seul depuis quelques jours, errant au hasard des chemins, et avaient terminé dans les terres arides.

Soupirant, Raphaël se releva, et remit son écharpe autour de son nez et sa tête. Sa peau était tannée par le soleil à force d’avoir voyagé, mais ses yeux étaient très sensibles à la lumière, il tentait donc de se protéger un maximum du soleil. Il se remit à marcher. Au bout d’un moment, l’Elémental s’arrêta, sans raison apparente, mais son instinct lui souffalit que quelque chose n’allait pas dans cet endroit, et il suivait son instinct. A priori, le lieu n’avait rien de particulier, une terre sèche, quelques rochers. Mais ses yeux experts tombèrent sur quelques détails. Des bouts de tissus déchirés coincés entre deux pierres, ainsi qu’un peu de sang. Rien d’alarmant en soit. Des rares voyageurs qui passaient dans ces terres, beaucoup devaient se blessés et faire de mauvaises rencontre. Mais le sang était encore frais, à peine quelques heures. La personne n’était donc pas gravement blessée. Pourtant, il sentait que quelque chose clochait. Suivant son impression, il activa son pouvoir de vision dans le passé, qu’il maitrisait de mieux en mieux. Aussitôt, il sentit que son esprit était projeté de quelques heures en arrière.

Un homme se faisait agresser par deux autres qui l’assommèrent. Se félicitant mutuellement avec quelle facilité ils avaient réussi à capturer  l’homme. Il s’était à peine défendu. Puis ils se turent et le ligotèrent rapidement, d’une main de maître. Ce n’était sûrement pas la première fois qu’ils attaquaient, et capturaient des gens, leurs gestes beaucoup trop précis pour être du travail d’amateur. Quand ils eurent finirent leur ligotage, les deux agresseurs le couvrir d’une cagoule, et le placèrent sur l’une de leur monture. Ils montèrent sur les autres, et partirent au galop. Raphaël faillit arrêter la vision, mais, juste avant qu’il ne le fasse, une jeune femme apparut, manquant de s’écraser par terre. Elle semblait vouloir aider l’homme, mais trop tard. L’Elémental se plaça devant elle, et l’observa. Une peau claire, un visage harmonieux, avec des yeux bleus orages, brillant de colère. Ses cheveux bouclés tombaient en cascade le long de son dos. La jeune femme partit, et il arrêta la vision.

Raphaël resta debout un moment, le soleil se couchant petit à petit. Pourquoi aiderait-il cet homme ? Il n’en tirait rien. Ca n’avait sûrement aucun intérêt, ni aventure. Risqué sa vie pour les autres, ce n’était pas son truc. Il aimait le danger, certes, mais pas se sacrifier pour les autres. A quoi ça servait donc ? Alors qu’il allait partir, ses yeux tombèrent sur la chevalière noire à son majeur droit. Chevalière où l’on pouvait voir un sablier à l’intérieur. Il la fit tourner quelques secondes, puis changea d’avis. Le soleil étant presque couché, Raphaël décida de rester sur le lieu, prenant un peu de distance. Il mangea de la viande séchée, ainsi que quelques fruits secs qu’il lui restait. Repas frugale, mais suffisant. Il pouvait manger comme quatre, mais quand c’était nécessaire, il pouvait se retreindre très facilement. L’Elémental sortit ensuite une couverture de son sac, appuya son dos contre un rocher, et la mit sur ses jambes et ses épaules. Il ferma les yeux, s’endormant petit à petit. Il ne dormit pas profondément, il le faisait rarement, toujours à l’affut du moindre bruit. C’était la vie d’un vagabond, même lorsqu’il était avec Nathaniel. Il n’arrivait jamais à se relâcher complètement, jamais à faire confiance.

Le lendemain, Raphaël se réveilla quelques heures après l’aube. Il mangea rapidement, puis rangea ses affaires. Passant la sangle de sa besace par-dessus sa tête, il se releva, observant les alentours. A ce moment, il aperçut du monde. Il se jeta derrière le rocher, et sortit légèrement la tête, son écharpe dissimulant toujours son visage. L’Elémental vit un groupe de personne s’approcher de l’endroit où l’homme c’était fait agresser. Ce n’était pas le même groupe, trop différent, ceux-ci n’enlevait pas les gens, il en était sûr. « Ne bouge plus ! ». S’écria une vois derrière lui. Se figeant, Raphaël tourna lentement la tête. Un homme se tenait derrière lui, un arc à la main, le tenant en joue. « Lâche ton arme et lève-toi lentement ! » « Et toi évite de tirer alors ». Rétoraqua Raphaël.Il aurait pu rapidement s’échapper en se téléportant, mais il n’en fit rien. Il poussa son bâton plus loin et se leva, ses gestes lents et posés. « Avance » lui ordonna-t-il. Suivant les ordres, il marcha jusqu’au lieu de l’agression, tandis que l’autre groupe arrivait. Celui qui l’avait arrêté était sûrement un éclaireur. « Qu’est-ce qu’on a là ? ». Demanda un homme, celui qui semblait être le chef. « Je l’ai trouvé plus loin, en train de nous espionner, il projetait sûrement de prévenir ensuite son groupe pour pouvoir nous attaquer » « J’espionnai personne, en plus je suis seul ». Dit Raphaël, sa voix étouffé par le tissu de son écharpe. « Ferme-là ». Dit l’archer en lui donnant un coup dans la tempe assez fort, faisant perdre l’équilibre à l’Elémental, qui tomba à genou, la vue brouillée. « T’es sûrement avec ceux qui ont enlevé Théophile ! » « Calme-toi, Lucas. Ne fait pas de conclusion trop hâtive que tu pourrais regretter ». Dit le chef en arrêtant un autre poing de l’archer.

Lorsqu'elle sentit les premiers rayons du soleil s'étendre sur son visage, Raven s'éveilla lentement. Il était encore tôt, mais elle n'était pas du genre à rester des heures dans son cocon de sommeil. Le camp, lui, était encore partiellement endormie. On pouvait entendre ça et là quelques bruits de pas feutrés, l'entrechoquement de deux casseroles ou des murmures emportés par le vent. Elle épousseta le sable qui s'était accumulé sur ses vêtement pendant la nuit. Bien qu'il ne s'agissait que du petit matin, il faisait déjà chaud, et Raven attacha ses cheveux en une queue de cheval grossière pour mieux profiter de la faible brise qui s'était levée. Comme son estomac quémandait quelque chose pour le sustenter, elle grignota un peu de pain sec et de baies qu'elle gardait dans son sac. Nyx était partie chasser dans la nuit et revint auprès de la magicienne, un mulot entre les serres.

- T'es presque plus douée que moi pour trouver de la nourriture, plaisanta Raven lorsque l'oiseau se posa sur la terre brune.

Une demi-heure passa. La vie reprenait son cours, quelques enfants courraient entre les tentes. Le chef était en train d’affûter son épée lorsque la magicienne l'apostropha.

- Je pense que cela serait bien de retourner à l'endroit où votre homme a été enlevé, dit-elle. Peut-être qu'il y a quelque chose que j'ai manqué lorsque j'y étais.

- Comme tu le sens, répondit-il, la mine toujours inquiète. Tu es celle qui les as vus partir, le plus judicieux serait donc te de suivre.

Raven hésita. Elle s'était rappelé de quelque chose, mais elle avait peur de créer de faux espoirs sur un souvenir flou, peut-être erroné.

- Je ne suis pas certaine, mais il me semble que ces hommes étaient vêtus de façon... Disons qu'ils avaient l'air du coin. Je pense que si ils avaient un camp, ou une planque, avec un peu de chance cela se trouverait dans les terres arides.

- Ce serait une aubaine. Si jamais ce n'est pas le cas, je ne sais pas comment nous pourrions retrouver Théophile dans l'immensité de ce continent.

Une fois que le groupe fut prêt à partir, les adieux fait aux femmes et enfants, on entama la longue marche. Raven se tenait devant avec le chef et un autre homme, qui devait sûrement être son bras droit. Derrière, un pèlerinage d'une dizaine d'hommes armés les suivaient. Elle était la seule femme. Le paysage se ressemblait tellement que la brune avait parfois du mal à se rappeler le chemin qu'elle avait emprunté la veille. Rien ne ressemble plus à une petite colline brunâtre qu'une autre petite colline brunâtre. Le soleil montait dans le ciel, prenait ses aises. Pas un nuage à l'horizon. Ils ne firent aucune pause, le chef ne voulant point retarder les retrouvailles avec Théophile; qui au vu des moyens qu'on employait pour le retrouver, devait être plutôt aimé de la communauté.

Un gros cailloux, une petite colline triste. Raven crut sauter de joie lorsqu'elle reconnu l'endroit où on avait enlevé l'homme.

- C'est ici, s'écria-t-elle. C'est là où ils l'ont enlevé, j'en suis certaine! Ensuite, ils sont partit par là.

Elle désigna du doigt l'étendu infini de ces terres désolées. Le chef semblait retrouver un peu d'espoir. Il envoya quelques hommes fouiller les alentours. Des cris. Ils semblaient avoir trouver quelque chose. Raven écouta distraitement ce qu'il se passait, puis elle décida d'aller voir de plus près. Ils avaient trouvé un homme, qui était maintenant à genoux. Lorsqu'elle se rapprocha, elle manqua de défaillir. Ce n'était pas possible, ça ne pouvait pas être lui. Elle s'avança lentement vers le groupe, les yeux grands ouverts, incrédules.

Raven ne se souvenait plus de son nom, elle n'avait pas cherché à le retenir. Mais elle se rappelait de son visage très clairement. Alors qu'elle était plus jeune, lorsqu'elle appartenait à une petite compagnie de vagabonds qui avait pour but de maintenir la paix dans certaines villes qui en étaient démunies, elle l'avait rencontré. Pas dans de très bonnes circonstances. Il avait tenté d'agresser quelqu'un, elle l'avait arrêté. Mais elle l'avait laissé partir. Sans qu'elle ne sache pourquoi, à l'époque  quelque chose avait éveillé son attention et elle s'était convaincu qu'il n'était pas vraiment ce qu'il laissait paraître Qu'il avait le droit à une deuxième chance. Il aurait sûrement finit par croupir dans un donjon sombre pendant de nombreuses années sans elle, les sanctions qui étaient misent en place étaient assez stricte en vue du nombre in-considérable de délits qui étaient commis. Il avait donc saisit sa seconde chance. Mais cette fois-ci, il était allé plus loin. Il avait tué. Raven avait été jugé entièrement coupable pour ne pas avoir l'avoir arrêté plus tôt, et on l'avait banni, elle qui avait enfin trouvé sa place au sein d'un groupe. Elle s'était retrouvé de nouveau seule.

Elle lui avait donné sa confiance, et il l'avait salement piétiné.

Raven se mit à accélérer et poussa avec force tous ceux qui se trouvaient sur son chemin.

- Toi, hurla-t-elle lorsqu'elle fut en face du garçon.

Sans attendre, elle lui donna une violente claque. Le chef posa sa main sur l'épaule de Raven, le regard légèrement interrogateur.

- Il fait parti de ceux qui ont enlevé Théophile ? Demanda-t-il avec empressement.

La magicienne se frotta les mains, bouillante de colère.

- Oui, dit-elle simplement.

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Raphaël cligna des yeux, essayant de se remettre les idées en place, son crâne douloureux. Il leva la tête vers le groupe, la vue encore trouble. Son écharpe avait glissé de son nez et sa tête, se retrouvant simplement enroulé autour de son cou. Il n’eut pas le temps de se remettre totalement du coup qu’il venait de subir, qu’il vit une forme s’approché rapidement de lui, bien qu’il la distingue mal. Cette personne s’arrêta devant lui, et, à son plus grand étonnement, se mit à lui hurler dessus, sans qu'il ne comprenne pourquoi. Il voulut lui répondre, mais il n’en eut pas le temps, elle lui mit une claque violente, où il eut l’impression que sa tête allait se dévisser, le forçant à pivoter sur le côté. Il fit jouer sa mâchoire, vérifiant que ses dents étaient toujours en place, et sentit du sang coulé dans sa bouche. Elle avait frappé sacrément fort. Il finit par recouvré une vue claire, et découvrit la jeune femme qu’il l’avait frappé. C’était la femme d’hier, qui avait vue l’enlèvement. Mais pourquoi est-ce qu’elle l’avait frappé ? Il n’avait rien fait ! Elle ne l’avait même jamais vue. Il écarquilla les yeux, la tête baissée, en essayant de comprendre la situation. Est-ce qu’elle le connaissait avant ? Mais avec une telle réaction, il devait l’avoir fait souffrir… Bon, il se doutait déjà que son passé n’avait rien de glorieux, ni d’amical. Mais alors…

Soudain l’Elémental saisit les paroles ques le chef et la jeune femme venait de s’échanger. Sans crier garde il bondit sur ses pieds, mais sentit le sol tangué, avec sa joue en feu. Il prit ses appuis, et se mit à parler très vite, comme à son habitude. « Eh doucement là ! D’une j’ai enlevé personne. De deux, j’ai peut-être l’air d’un imbécile, mais pas assez pour revenir sur les lieux d’une personne que j’aurais soit disant enlevé. De trois, pourquoi tu m’accuses de ça ? Tu sais très bien que j’y étais pas ! ». Au moment où il disait ces derniers mots, Raphaël comprit l’illogisme pour eux. « Et comment tu sais ça si tu n’y étais pas ? ». Lança le chef. « Je… J’ai des visions ». Répondit Raphaël, sachant très bien que ça ne serait pas crédible. Ses doutes se confirmèrent rapidement lorsque tout le monde explosa de rire. Ignorant les moqueries, il réfléchit rapidement à comment se sortir de là. Evidemment, il pourrait se téléporter loin d’eux, mais ça n’aurait pas d’intérêt pour l’objectif qu’il s’était fixé. Sauver cet homme, dont il ignorait tout, à part qu’il s’appelait Théophile.

Il sentit alors la pointe d’une dague contre sa gorge. C’était Lucas, l’archer. « Bon, maintenant tu vas nous dire où tu l’as emmener ». Raphaël jeta un rapide regard derrière lui, nullement effrayé par la menace de mourir, puis il revint vers le chef. Comment allait-il se sortir de cette situation ? « Bon, attachez-le, le temps qu’on éclaircisse la situation ». Un des hommes sortit du rang, une corde à la main, et l’enroula autour des poignets de l’Elémental, les serrant assez fort pour lui tirer une grimace. Même sans preuve, tous lui jetaient des regards haineux. L’archer retira la dague de sa gorge, et lui attrapa le bras fermement. Le chef emmena la jeune femme un peu plus loin pour lui parler. Apparemment, il ne lui faisait pas entièrement confiance, mais c’était logique, il venait de la rencontrer. « Vous êtes sûr qu’il était un des kidnappeurs, il n’a pas vraiment la tête de l’emploi, ni même l’air d’être du coin. On dirait plutôt qu’il est paumé ». Termina-t-il en lançant un regard à Raphaël. L’Elémental lui, avait le regard dans le vide, plongé dans une de ses visions, ce qui le faisait passer pour quelqu’un d’encore plus perdu. Il essayait de trouver l’endroit où se trouvaient les kidnappeurs, ça lui laisserait une chance de s’en sortir, et une chance de trouver Théophile. Mais, avant qu’il ne trouve la cachette, on le bouscula, et il manqua de tomber par terre. Il se redressa, et se tourna vers le fautifs. Ca risquait d’être plus compliqué que ce qu’il pensait, heureusement que les humiliations ne le touchaient pas. « Bon, comme ça risque de prendre du temps… ». Commença-t-il, il s’assit par terre, les jambes croisées, et bougea légèrement les poignets pour essayer d’avoir un semblant de circulation sanguine dans les mains.

Raven tentait de faire taire cette colère longtemps enfouie, qui s'était réveillée dès lors qu'elle avait aperçut le garçon à la chevelure sombre. Ses poings se serraient malgré eux, son cœur battait si fort dans sa poitrine que ça en était douloureux. Cette vision soudaine du passé, ce retour en arrière sur des événements qu'elle aurait préféré oublier, l'avait complètement chamboulé. Finalement, ce n'était pas le personnage en lui même qu'elle maudissait, mais toute cette période de sa vie qui était étrangement liée à lui. Le sentiment d'impuissance qu'elle ressentait contre cette tempête soudaine ne faisait que l'irriter d'avantage. Elle inspira profondément, et se dirigea de nouveau vers le petit groupe qui entourait le soit-disant malfrat. Elle resta tout de même à l'écart, juste assez près pour entendre ce qu'il se disait.

Le garçon semblait perdu. Ce qui était louable, ce n'est pas tous les jours qu'on vous accuse à tort d'avoir enlevé quelqu'un. Il n'avait pas beaucoup changé, du moins physiquement. Après tout, la mémoire de Raven n'était pas son fort, et les noms et visages s'y mélangeaient souvent.
Il plaida non coupable, forcément. La satisfaction que la magicienne croyait tirer de cette situation était bien mince, et plus les secondes passaient, plus elle regrettait son geste. A quoi pensait-elle avec cette tentative impulsive et idiote ? Elle connaissait les vrais coupables, et elle n'avait pas l'intention de les laisser filer sous prétexte qu'elle avait trouvé un remplaçant. Elle allait devoir imaginer un nouveau mensonge, laisser croire qu'elle l'avait mal regardé, mal reconnu. Tout cela était stupide.

Il y avait une chose, cependant, qui continuait à la déranger. Le jeune homme en question ne semblait absolument pas la reconnaître. Ce n'était pas comme si ils avaient passé des jours et des jours ensemble, mais suffisamment de temps pour qu'il puisse garder son visage en mémoire. Elle avait bien remarqué que, dans son regard, la surprise de la claque inattendu avait été dépassée par l'incompréhension vis à vis de cette personne qu'il ne semblait pas connaître. Peut-être qu'elle se trompait, qu'elle se faisait des idées, mais elle trouvait cela étrange.

Après avoir échangé quelques mots avec lui, le chef ordonna de l'attacher solidement en attendant de savoir ce qu'il en était. Puis il se tourna vers Raven, en quête de réponse. Pour lui, il y avait peu de chance qu'il s'agisse vraiment d'une des personnes qui avaient enlevé Théophile avec l'air désorienté qu'il affichait. De plus il avait marqué en point en soutenant qu'il ne se trouverait pas sur les lieu de l'enlèvement si c'était vraiment lui. La magicienne sentait que le doute était plus que présent face à son affirmation éclaire.

- Je... Je ne sais plus, dit-elle en soupirant. À bien le regarder, je me demande si je ne l'aurais peut-être pas confondu avec quelqu'un d'autre.. Laisser moi aller lui parler, reprendre mes esprits... Je vous promets, on va le retrouver.

L'homme la regarda, incrédule. Il hocha néanmoins la tête, lentement.

- D'accord, mais ne prend pas trop de temps. Si ce n'est pas lui, je n'ai pas envie de perdre encore plus de temps.

Raven acquiesça. Elle se dirigea avec une certaine réserve vers le prisonnier. La plus part des curieux avaient finis par partir, ne restait que le bras droit, un homme méfiant qui ne cessait de jeter des regard furtifs vers le garçon attaché.

- Qu'est-ce que tu veux ? Demanda-t-il férocement.

- Juste lui parler. C'est moi qui l'ai reconnu, j'ai quand même le droit non? Répondit Raven sur le même ton, sans se laisser impressionner. Dans tous les cas, je ne te demande pas ton avis.

Elle continua d'avancer jusqu'à ce qu'elle se retrouve en face de... C'est marrant, son nom lui revenait tout à coup en mémoire. Il s'appelait Raphaël. Raven s'assit dans la poussière pour être à sa hauteur. Elle avait tant de choses à dire, pourtant, aucun mot ne semblait vouloir sortir.

- Pourquoi tu as fait ça ? Murmura-t-elle simplement, sa voix devenue rauque à cause de la sécheresse de l'air ambiant. Quand je dis «ça» je ne parle pas de ce qu'il se passe en ce moment, je.. Je sais très bien que ce n'est pas toi. Je parle de quelque choses qui s'est passé il y a quelques années... Je veux juste comprendre ton geste.

Bien que sa colère fut encore présente, elle se radoucit étrangement. Un sentiment de nostalgie s'empara d'elle, et elle réalisa ce qu'elle voulait vraiment. Ce n'était pas de l'humilier, ou bien de le faire condamner. C'était juste de comprendre.

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Tout en bougeant les mains, Raphaël testait la solidité des cordes. Il savait qu’il pouvait s’enfuir en se téléportant, plutôt génial comme pouvoir sachant qu'il se retrouvait souvent dans ce genre de situation, mais il n’en avait pas spécialement envie. Il leva la tête, cherchant des yeux la jeune femme qui l'avait giflé. Il voulait savoir pourquoi elle avait fait ça, pourquoi elle semblait si en colère contre lui. Il finit par la repérer, se tenant un peu à l’écart. Son regard semblait encore en colère, bien qu’elle s’était adoucit depuis le coup. Enfin, il supposait cela. Le chef se mit à la questionner, ce qui arrangeait l’Elémental, car cela voulait dire qu’il doutait des dire de la jeune femme, et qu'il avait plus de chance de rester en vie. Trop loin pour entendre ce qui se disait, et fut obliger d’attendre. Il tourna légèrement la tête sur le côté, remarquant que seul le bras droit ne s’était pas encore en allé. L’homme était très méfiant, et s’était tout à son honneur. Son ami avait été enlevé, et voilà qu’ils avaient peut-être capturé un potentiel kidnappeur. Enfin, c’est ce que Raphaël imaginait, car il n’avait jamais eu de réel lien aussi fort que l’amitié, même s’il aurait pu s’en souvenir. Et avec sa peur de se lier à quelqu’un, pas étonnant qu’il n’ait jamais eu de véritable relation.

L’Elémental plia les mains pour toucher les nœuds, et voir quelles formes ils avaient. Ils étaient solides, et très bien ficelé. Les détachés seraient bien plus compliqués qu’il ne le pensait. Donc, même s’il se téléportait, il aurait besoin d’une lame à ce niveau. Non loin de sa vision il vit des bottes, et une voix qu’il reconnut. C’était celle de la jeune femme. Il releva la tête, et l’observa. Elle essayait de négocier avec le bras droit pour venir lui parler. Il finit par céder, et elle s’assit devant lui. L’Elémental la regardait dans les yeux, attendant qu’elle commence à parler. Elle ne tarda pas à lui demander ce qu’elle voulait savoir. Il fronça les sourcils. De quoi est-ce qu’elle parlait ? Que voulait-elle dire par « ça » ? Le bras droit les surveillait, mais il ne pouvait pas entendre ce qu’elle venait de dire, et ce qu’il allait lui répondre.

Raphaël venait de comprendre que ça avait avoir avec son passé. Ou plutôt, leur passé commun. Il bougea légèrement les mains, essayant de réfléchir rapidement. Qu’est-ce qu’il pouvait bien lui répondre. Il prit une inspiration, et se décida. Il ne voulait pas lui mentir, surtout qu’il semblait lui avoir fait quelque chose de mal apparemment. « Ecoute… Tu vas sûrement pas me croire mais… Je me souviens de rien ». Il baissa la tête, cherchant une bonne façon d’expliquer. Mais il n’y en avait pas vraiment, et il s’en doutait. C’était difficile à dire et à comprendre. « Je sais que c’est compliqué à comprendre mais… Tous les souvenirs qui datent de plus d’un mois je les oublie ». Il n’arrivait pas à lui expliquer d’une meilleure façon.

L’Elémental redressa la tête, et chercha à la regarder dans les yeux, essayant de paraître aussi sincère que possible. Action compliqué pour quelqu’un qui passait son temps à dissimuler ses sentiments. « J’ignore ce que je t’ai fait, est-ce que tu pourrais m’éclairer un peu ? ». D’un côté il avait peur d’apprendre ce qu’elle avait à lui dire. D’un autre, il venait de rencontrer quelqu’un qui le connaissait avant. C’était si rare. Mais ce n’était pas non plus excellent, car il lui avait fait beaucoup de mal. C’était écrit sur son visage. Raphaël entendit quelques bruits de pas se rapprochant d’eux. Il tourna la tête, la levant. C’était le bras droit qui s’était rapproché. Apparemment, ne pas  avoir accès à leur discussion ne lui plaisait pas. Il regarda Raven. « Bon alors, t’as fini ou pas ? On est pressé ». Ne sachant si elle était réellement en état de répondre, Raphaël fit le choix de le faire lui-même. « Eh ! On est en train de discuter, tu pourrais nous laisser cinq minutes. On va le retrouver votre ami ». L’Elémental n’avait pas peur de se faire frapper. Il voulait simplement éviter que quelqu’un brusque trop la jeune femme. Et le comportement gestuel de Lucas lui indiquait qu’il était au bord des nerfs, et qu’il était un sanguin. Il n’allait peut-être pas tarder à lui donner un coup.

L'incompréhension. C'est ce qui frappa d'abord Raven lorsque le jeune homme lui apprit qu'il ne se souvenait de rien. Elle poussa un rire nerveux, mais en voyant son air sérieux, elle se figea. Ça ne pouvait pas être possible, pensa-t-elle. Ce genre de chose, ça n'arrive à personne ! Pourtant, Raphaël ne semblait pas faire une blague de mauvais goût, ou ne tentait pas de sauver sa peau par un mensonge peu croyable. Son visage émanait tant la sincérité que Raven prit sa tête entre ses deux mains, en proie à une profonde réflexion. Pourquoi ?  Pourquoi n'était-il pas tout simplement coupable ? Pourquoi ne pouvait-il pas se souvenir, avouer, qu'on en finisse ! Raven déglutit lentement, et se releva, les jambes engourdies. Elle attrapa dans son sac sa flasque d'alcool, et en but plusieurs gorgées.

- Je.. commença-t-elle. Je suis perdue là.

Elle inspira l'air poussiéreux, puis elle se plaça derrière le garçon attaché. A l'aide de l'un de ses couteaux, elle sectionna les liens qui l’emprisonnaient.

- Je ne sais même pas pourquoi je fais ça. Crois moi, aider les gens qui m'ont trahis, c'est pas une de mes passions.

L'homme qui les surveillait de loin se leva et se mit à courir vers eux lorsqu'il comprit ce que Raven était en train de faire.

- Hé hé hé, qu'est ce que tu fais toi ? Cria-t-il. Je t'ai jamais dis que tu pouvais le libérer comme ça.

- Ça va, c'est bon, je me suis trompé, il n'a rien à voir avec ceux qui ont enlevés votre pote.

- Tu crois quand même pas que je vais gober ça ? Pourquoi tu le couvre ? T'es sa complice ?

- Ce que tu dis n'a aucune sens, répondit-elle en levant les yeux au ciel. Le soleil est puissant en plein journée, j'ai du avoir une insolation, ce qui m'a perturbé dans mon jugement. De toute façon, c'est pas à toi que la décision reviens.

Raven attrapa Raphaël par le bras, plus fermement qu'elle ne l'aurais voulu, et l’entraîna vers le chef du groupe. Elle se doutait que le jeune homme brûlait d'impatience de savoir ce qu'il avait fait par le passé, ce pourquoi elle se montrait si hostile envers lui. Attendre ne servait à rien, elle allait devoir lui dire un moment ou un autre de toute façon.

- T'as tué quelqu'un, dit-elle soudainement pendant qu'ils marchaient. Alors que je t'avais déjà sauvé la peau une première fois, pour quelque chose de moins grave, et que tu m'avais juré que tu ne ferais plus rien de ce genre. À cause de ça, j'ai perdu la confiance de plusieurs personnes qui comptaient sur moi. J'avais cru voir en toi quelqu'un de bien au fond, mais je m'étais trompé. Voilà l'histoire.

Elle n'attendit pas qu'il réponde, elle pressa le pas afin qu'ils arrivent plus vite auprès de l'homme qui saurait quoi faire de lui. Lorsque ce fut le cas, elle le lâcha, et jeta la corde tranchée par terre.

- C'est pas lui. J'en suis certaine.

Le chef la regarda, incrédule. Il ne comprenait pas comment elle faisait pour changer d'avis aussi rapidement.

- Tu en es sûre ? C'est quand même curieux de dire oui, puis non quelques minutes plus tard.

- Je sais mais... J'avais pas toute ma tête. Je vous assure, il a rien fait. Du moins, rien à Théophile. Je pense même qu'il pourrait nous aider à le retrouver. Il m'a dit qu'il avait une piste.
- C'est vrai ? Dit-il en reprenant espoir. Dans ce cas d'accord. Mai je pense que Lucas va tout de même garder un œil sur lui au cas où.

- D'accord, merci.

Une fois ce problème réglé, l'homme demanda à tout le groupe de plier bagage le plus vite possible. Il ne fallait pas tarder, chaque minute que l'on passait à attendre était une minute de plus où il pouvait arriver quelque chose de grave à Théophile. Raven se plaça au devant de la chenille humaine qui commençait à déambuler. Lucas avait les yeux constamment fixé sur Raphaël, et son arc bandé au moindre geste suspect de ce dernier. Lorsqu'il decida de le laisser un peu tranquille, la magicienne se dirigea vers lui.

- C'est arrivé comment, demanda-t-elle, cette amnésie d'un mois ?

Elle n'avait aucune idée si cela était quelque chose de privé et elle s'en fichait, elle avait l'esprit trop embrouillé pour être polie. De toute façon elle ne l'était pas souvent.

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Raphaël pouvait lire l’incompréhension dans le regard de Raven. Elle ne le crut pas au début, ce qui semblait parfaitement logique. Qui pourrait croire ce genre d’histoire ? Surtout qu’il semblait lui avoir fait beaucoup de mal. Il la vit se lever, et boire dans une flasque, ce qui ne semblait pas être de l’eau à l’intérieur. Il se retint de faire une grimace. Il ne supportait pas du tout l’alcool, et finissait soul au bout de quelques gorgées. Il était déjà ridicule en temps normal, mais en étant imbibé de boisson, il était encore pire. Elle lui dit son ressentit, ce qui ne l’étonna pas du tout. Etre perdu était ce qui lui semblait le plus normal dans cette situation. Elle avait l’air persuadé qu’il aurait dû la reconnaitre, ce qui signifiait qu’ils avaient sûrement passé assez de temps ensemble pour retenir son visage. Ou alors que l’événement avait été assez marquant pour cela. Cela devait être dur pour elle. Mais lui aussi avait du mal. Il avait toujours peur de découvrir son passé, de connaître le mal qu’il avait bien put faire aux autres. Raven était, en quelque sorte, l’incarnation de sa peur. Il faisait simplement en sorte de l’enterrer au fond de lui. Elle n’avait pas besoin qu’il lui dise qu’il avait peur de ce qu’elle pourrait lui dire, mais, qu’en même temps, il voulait savoir.

La jeune femme passa derrière lui, et coupa ses liens. Ramenant ses mains devant lui, il se frotta les poignets, refaisant circuler le sang, puis se remit debout. Il voulut lui répondre, mais Lucas l’interrompit en criant sur elle, et elle lui donna une explication peu croyable, et qui laissa l’homme dubitatif. Mais, avant qu’il ne puisse réagir, elle lui attrapa le bras, le serrant assez fort pour lui tirer une grimace, et l’entraina vers le chef. Elle lui expliqua en même temps ce qu’il lui avait fait. Il baissa la tête, et serra les dents. Il ne savait pas quoi lui répondre, un simple « je suis désolé » n’était sûrement pas suffisant. L’Elémental garda la tête baissé pendant un temps, n’écoutant que d’une oreille distraite ce qu’ils se disaient. Il avait compris qu’il était plus ou moins libre, mais quand même sur surveillance, et qu’il devait les guider. Lucas ne se fit pas prier pour le surveiller, une flèche encoché, prêt à lui tirer dessus s’il faisait un mauvais geste.

Le groupe se mit en route, de manière assez lente. Raphaël savait qu’il aurait été bien plus vite seul. Qu’il aurait pu trouver cet homme beaucoup plus vite. Mais il n’avait pas l’intention de partir, car il voulait parler avec Raven. Et si possible, se racheter auprès d’elle. Un minimum. Il voulait lui montrer qu’il n’était plus un assassin. Enfin, il n’était pas devenu quelqu’un de bon, mais il n’était plus quelqu’un de mauvais. Il avait déjà montré par où aller, et la file suivait. Pourtant, il gardait la tête baissée, essayant de se remettre les idées en ordres, essayé trouver quoi dire à la jeune femme. Le problème c’est qu’il était réellement nul en termes de relation sociale, et il ne savait jamais quoi dire lorsque c’était nécessaire. Une des rares choses qu’il n’arrivait pas à apprendre. Soudain, il vit des chaussures entrer dans son champ de vision, et reconnut celle de Raven. Il leva la tête, et décida de jouer franc jeu pour une fois. Il regarda devant lui, essayant de trouver les bons mots. « J’ai un pouvoir qui me permet de tout retenir, de tout apprendre en ayant vu, ou lu, quelque chose une fois. Et je peux réappliquer tout de suite après. Mais les effets secondaires sont… Problématiques ». Il lui avait déjà expliqué de quelle sorte ils étaient.

« Je sais que ça ne changeras rien mais je… ». Il se tut. Il y avait vu un éclat au loin. Il plissa les yeux, essayant de voir ce que c’était. « On dirait… Fait chier, des sentinelles ». Il n’avait pas récupéré ses affaires, mais il pouvait s’en occuper. Raphaël accéléra, il devait voir l’endroit où elles se trouvaient pour les atteindre. Soudain, il sentit quelque chose lui frôler le bras gauche, déchirant son haut, et le coupant. La flèche continua son chemin, et partit se planter plus loin. L’Eélemental se retourna brusquement, et vit que Lucas le visait, cette fois-ci, à la tête. « Tu bouges, et celle-là finit dans ton crâne ». Nullement apeuré par la menace, et son éventuel mort, Raphaël voulut répliquer, mais le chef intervint. « Eh ! Qu’est-ce qui se passe ? ». Leur demanda-t-il. L’Elémental, ne laissant pas Lucas parler, lui répondit. « Il y a des sentinelles là-bas, enfin au moins une, et si on l’attrape pas, elle va donner l’alerte et s’approcher de leur camps pour sauver votre ami va devenir particulièrement compliqué ». Leur expliqua-t-il calmement. Le chef le regarda pendant quelques secondes, puis il désigna trois personnes, et leur dit d’y aller. « Tu ne vas pas croire ce type ». S’insurgea l’archer. « Mieux vaut être prudent »


Le groupe attendit quelques temps, puis revinrent, forçant une personne à avancer. Ils le poussèrent, et la sentinelle s’effondra par terre. « Vous traitez toujours vos prisonniers comme ça ? ». Dit Raphaël ironique. Il croisa les bras, tandis qu’ils parlaient tous entre eux. Il aurait voulu continuer sa conversation avec Raven, réfléchissant toujours autant à ce qu’elle lui avait dit. Il n’était plus tout à fait concentré sur le fait de trouver Théophile. Mais il devait à tout prix se reconcentrer s’il voulait le sauver. Il s’éloigna un peu, Lucas sur les talons. Raphaël se doutait que la sentinelle ne dirait rien. Il chercha des marques, et trouva ce qu’il cherchait, des traces de chevaux. Qui semblait être beaucoup plus nombreux que deux. « Ils sont nombreux ». Grommela Lucas. « Non ». Rétorqua Raphaël, puis il désigna plusieurs marques. « Toutes ses marques sont plus ou moins les mêmes. Je dirais qu’il y a les deux chevaux avec votre pote, et que deux autres ont dû les rejoindre après. Les autres marques ce sont justes des allers-retours qu’ils ont fait pour faire croire à leur nombre ». L’Elémental était assez bon dans le fait de décrypter des marques. Il se releva, regardant un peu plus loin. Les marques avaient plusieurs heures. Le groupe de kidnappeur devait déjà être de retour à leur base. Eux étant à pied, ils allaient mettre un moment avant de les trouver. Se déplacer en groupe n’aidait pas à leur vitesse.

Le jeune homme se dirigea vers le chef, se moquant des avertissements de Lucas. « Ecoutez-moi. Il faut qu’on se dépêche, et voyager en groupe n’aide pas » « Et que propose-tu ? Y aller seul ? ». Dit l’archer amer. « J’aurais bien dit oui, mais vous le permettriez pas. Le problème c’est qu’on ne capture pas un homme sans raison. Donc je sais pas ce qu’ils lui veulent, mais ils vont sûrement le torturer, d’où le fait de ce dépêcher. De plus, ce genre de type sont organisées, et ont sûrement établi leur base dans une des grottes avec des tas de tunnels qu’ils connaissent par cœur. Vous allez faire quoi ? Attaquez en force en espérant réussir ? Vous allez juste envoyez vos hommes à l’abattoir. Montez une opération de quelques personne et envoyez les là-bas ». Leur dit-il. « Ce serait du suicide ». Fit remarquer Lucas. « Je sais, et c’est pour cela que comme je propose ce plan, je compte y aller aussi »

On y était presque. Raven sentait que le groupe se rapprochait peu à peu du malheureux, qui passait sûrement un très mauvais moment entre les mains de personnes mal intentionnées. Son pressentiment se confirma lorsque quelque chose bougea dans le lointain. Raphaël se braqua et accéléra dans le but d'aller voir ce dont il s'agissait. Seulement, Lucas ne détachait pas ses yeux de lui, et son geste brusque lui fit décocher une flèche. Cette dernière effleura le bras du jeune homme, emportant un peu de tissus au passage. Raven soupira et jeta un regard noir à l'archer. Le chef se dirigea vers eux, tout en essayant de calmer le climat de tension qui planait.

D'après Raphaël, la forme qu'il avait vu était sans doute une sentinelle. Ils étaient beaucoup plus près du camps des malfrats que ce que pensait la magicienne, et cela la rassurait un peu. Au départ, elle n'avait pas réfléchie au temps qu'ils allaient mettre à retrouver ne serait-ce qu'une trace de Théophile. Il aurait très bien pu être à des kilomètres d'ici, un voyage à cheval est bien plus rapide qu'une lente procession comme la leur. Néanmoins, elle avait peur de ce qu'ils pouvaient trouver. Si jamais il ne s'agissait pas des bonnes personnes, le groupe allait avoir du mal à repartir. Pire encore, si il était arrivé malheur à celui qu'ils cherchaient, la bonne ambiance serait au rendez-vous. La seule chose qui donnait envie à Raven de continuer était une part de culpabilité qu'elle n'arrivait pas à faire disparaître. Peut-être que si elle était arrivé quelques minutes plus tôt sur les lieux de l'enlèvement, tout cela ne ce serait pas passé, elle aurait pu l'empêcher.

Elle fut tiré de ses réflexions lorsqu''ils partirent à la rencontre de la sentinelle. Ils revinrent un moment plus tard, traînant une personne à leur côté, visiblement celle concernée. Raphaël proposa d'y aller en un petit nombre, et Raven acquiesça par un hochement de tête. En étant moins nombreux ils seraient bien plus rapide, moins bruyants. De plus, elle se doutait qu'à l'intérieur du groupe, certaines personnes ne se rendaient pas vraiment compte du danger potentiel que présentait cette mission. Elle voyait que seul quelques membres étaient réellement prêt à se battre. Évidemment, elle s'incluait dans cette minorité.

- Il a raison, finit-elle par déclarer une fois qu'ils s'étaient tous tus. Si on y va tous, là ça sera du suicide. Avec un peu de chance, la sentinelle que vous avez attrapé est la seule personne de leur camp à nous avoir vu. On a une longueur d'avance, et on va tout rater si on s'organise mal.

- Mais on a aucune idée de combien ils sont, rétorqua Lucas, en s'emportant. Et... Et si jamais ils étaient trois fois plus nombreux, on fait comment ? Même si on prend seulement des personnes performantes, ça ne suffira pas.

- Il marque quand même un point, Lucas, dit le chef en posant une main sur son épaule. Nous allons dès à présent former un plus petit groupe qui partira en premier, puis un deuxième qui restera en retrait et n'agira que si le premier a besoin d'aide. Comme ça, on reste tout de même prudent. L'un de vous aurait un moyen de signalement ?

- Je peux envoyer mon corbeau. C'est le seul qui vole sur ces terres en ce moment, vos hommes n'auront pas de mal à le reconnaître. Ils sauront alors qu'ils doivent nous porter secours, que ça a mal tourné.

- «Nous»? Demanda Lucas. Elle va quand même pas venir avec nous?

- Bien sur que si, répondit Raven un grand sourire au lèvre. J'en suis sur que ça ne gêne personne.

En un temps record, le chef choisi parmi ses hommes deux soldats, prépara des vivres et expliqua le plan au reste du groupe. Raven, quand à elle, aiguisa ses couteaux, et pris de nouvelles gorgées d'alcool. Étrangement, depuis qu'elle avait revue Raphaël, une grande part de son passé avait ressurgit, et pas mal de mauvaise habitude avec. Elle avait été pas mal addicte à la boisson avant, et il semblait que cette passion se soit réveillé. Pas forcément au bon moment.

La troupe, celle qui était censé se rendre en premier dans le camp adverse, était composé de Raphaël, Raven, Lucas, le chef ainsi que les deux hommes que ce dernier avait désigné. La magicienne n'avait aucune envie que l'archer vienne lui aussi, mais elle devait avouer que ses compétences allaient être utiles. Une fois tous les préparatifs terminé, ils partirent enfin en direction du tant espéré repaire des kidnappeurs. La journée était passé très vite, le soleil déclinait déjà dans le ciel marbré de nuages bas. Cela ne gênait pas Raven qui pouvait se repérer aussi bien de jour comme de nuit, cependant quelque chose lui disait que cela n'allait pas être aussi facile pour tout le monde et que l'obscurité pouvait très vite être un désavantage.

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En attendant le choix du chef, Raphaël observa leur troupe. A part Raven, il n’y avait que des hommes, mais il pouvait distinguer dans leur regard le manque de motivation à se battre. Ils avaient peut-être envie de sauver leur ami, mais ça ne devait pas être une raison suffisante pour sacrifier leur vie. C’était assez étrange de se dire que lui-même était prêt à prendre des risques pour aller sauver un inconnu. Evidemment, il pouvait s’échapper assez facilement compte tenu de ses pouvoirs, mais il n’aimait pas prendre la fuite lorsqu’une vie, autre que la sienne était en danger. De toute façon, de ce qu’il pouvait voir, et déduire, la plupart avait un certain niveau de combat, mais aucun, ou presque, ne lui semblait entraîner pour une infiltration. Ca n’était jamais aussi facile qu’on pouvait le croire. Raven semblait être un peu plus habitué à ce genre de situation, et sûrement leur chef, et Lucas, bien que son caractère impulsif ne l’aide pas beaucoup en ce sens. Pour les autres, il n’avait pas pu les jauger, trop occupé à discuter avec Raven, et essayer de ne pas se faire transpercer par une flèche.

Contre toute attente, la première personne à parler, et lui donner son appuie fut la jeune femme. L’Elémental lui jeta un regard légèrement surpris, puis il comprit. Elle avait assez de lucidité pour mettre sa colère contre lui de côté, et réfléchir en fonction des paroles, plus ou moins, censé qu’il disait. Aussitôt, l’archer les contra avec véhémence, mais son chef le fit taire. L’homme était quelqu’un de réfléchi, avec qui Raphaël risquait de bien plus s’entendre. Mais s’il ne réglait pas rapidement son problème avec le bras droit, leur opération risquait de mal tourner. Le souci c’est qu’il ne savait pas vraiment comment faire. Et ses propos que Raphaël trouva un peu trop misogyne à son goût ne l’aidaient pas beaucoup dans le sens de bien s’entendre. Ou alors c’était parce qu’il n’avait tout simplement pas confiance en Raven. Pas étonnant, puisqu’il venait de la rencontrer. Même sans ses propos, Raphaël allait se confronter à un problème de relation, et, même si en apparence il semblait très sociable, il ne savait pas vraiment gérer les relations, alors réglé les problèmes qu’elles engendraient. Il en avait déjà bien assez avec Raven, où il essayait encore d’intégrer les  informations qu’elle lui avait donné sur leur passé commun.

Rapidement, le chef rassembla deux autres hommes, leur expliquant le plan. Il rendit son bâton à Raphaël, ne voyant pas tellement pourquoi ce dernier insistait tellement pour une arme aussi peu efficace. Il lui demanda même s’il ne voulait pas une épée, mais l’intéressé refusa. Les gens le sous-estimaient souvent à cause de son apparence maigrichonne, son comportement fou, et son arme. Il avait bien l’intention de garder cet avantage. Au moment de partir, le soleil commençait déjà à se coucher. Ceci ne posa aucun problème à Raphaël, qui avait appris à s’orienter grâce à ses autres sens, et ses yeux bleus capable de mieux voir dans le noir, mais serait-ce le cas de tout le monde ? Si la lune n’était pas trop brillante, ils pourraient se servir de l’obscurité comme un avantage, mais le ciel était découvert, ce qui n’allait pas les aider. Sauf si, comme il le pensait, ils avaient à faire à des habitants de cet endroit. Dans ce cas, il avait une idée qui pouvait éviter de les faire repérer trop rapidement.

Au bout d’un moment, ils finirent par arriver non loin de la planque des hommes. Raphaël et Lucas partirent en éclaireurs, se séparant du groupe, et se planquant derrière un rocher. L’Elémental dissimula un léger sourire en observant les gardes à l’entrer. Ils étaient un peu trop nombreux, et s’était trop flagrant s’ils les attaquaient maintenant. Par contre, leurs vêtements et leur comportement ne trompait pas. C’était des habitués, et pas seulement des « passager » de ces terres. Le duo retourna rapidement auprès des autres. « Il y a trois gardes à l’entrée, et deux sentinelles un peu plus loin, qui font des rondes. Passé risque d’être compliqué » « Si on passe par l’entrée principale. Mais si ces types ont choisi cet endroit, c’est pour une raison. En dessous ce sont des galeries, et des grottes. Et il y a forcément plusieurs sorties de secours, et sûrement moins bien gardé pour ne pas que des personnes extérieurs soupçonnent leur existence. Il suffit qu’on en trouve une, et rentrée sera déjà plus facile ». Leur expliqua Raphaël. « Et comment peux-tu savoir ça ? ». Lui demanda le chef, méfiant de ses informations. « En grande partie grâce à de l’observation, et quelques connaissances. Le reste c’est de la déduction logique ». Répondit l’Elémental en le regardant dans les yeux. Il ne mentait pas, mais, en se mettant à la place des autres, il devait effectivement être assez difficile de le croire. Les liens, et les quelques explications qu’il donnait, ne devaient pas forcément paraître pertinent pour d’autres que lui. Il aurait pu tenter d’expliquer sa démarche, mais il n’avait pas vraiment le temps de faire ça. Le chef réfléchit quelques secondes à la proposition de Raphaël. « Ca ne coûte rien d’essayer. Mais les trouver ne sera pas facile… Dépêchons-nous »